Il reçut en naissant « un esprit juste, une imagination belle, mais réglée, un bon cœur, des inclinations droites » ; et comme l’a dit un autre de ses biographes, il reçut du ciel « ce naturel heureux que le sage met au rang des plus grands biens, et qui tient peu du funeste héritage de notre premier père.
Ce pape, plus athénien que romain, était le Périclès naturel de cet autre Phidias.
Et comme ce poète n’exprime ses idées et ses impressions que pour lui, par un vocabulaire et une musique à lui, sans doute, quand ces idées et ces impressions sont compliquées et troubles pour lui-même, elles nous deviennent à nous, incompréhensibles ; mais quand, par bonheur, elles sont simples et unies, il nous ravit par une grâce naturelle à laquelle nous ne sommes plus guère habitués, et la poésie de ce prétendu « déliquescent » ressemble alors beaucoup à la poésie populaire : Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur Ou bien : J’ai peur d’un baiser Comme d’une abeille ; Je souffre et je veille Sans me reposer J’ai peur d’un baiser Finissons sur ces riens, qui sont exquis, et disons : M.
Tout cela était gâté par son mauvais goût ; mais elle n’aurait pas été reçue trente années à l’hôtel de Rambouillet, si le mauvais goût n’avait laissé habituellement percer en elle un bon naturel.
Eux les naturels et les simples, pour qui aucune grandeur n’excédait la stature humaine, et qui, dans l’âge même de leurs monarchies héroïques, voyaient les rois d’Homère traités par leurs guerriers comme des compagnons couronnés.
On l’accepte pourtant comme un châtiment naturel, au bout de ces cinq actes voués à toutes les joies et à tous les excès de l’adultère.
Ceux qui sont curieux de voir les hommes au naturel, et que les détails de la vie commune ne rebutent pas, peuvent lire cet appendice.
Elle détermine les choses, les scènes, les âmes, les plans, les théories et les idées Toute la configuration de l’île de Tsalal dans les Aventures est inventée, l’eau opaque, veinée, chatoyante et teintée qui coule dans ses ruisseaux, l’absence de blanc dans tout ce que touchent les naturels et l’horreur que leur inspire cette couleur, la stratification des roches et le plan des vallées.
On le contesta, puis on le persécuta, progression naturelle.
Désormais divorcée d’avec l’enseignement historique, philosophique et scientifique, la poésie se trouve ramenée à sa fonction naturelle et directe, qui est de réaliser pour nous la vie complémentaire du rêve, du souvenir, de l’espérance, du désir ; de donner un corps à ce qu’il y a d’insaisissable dans nos pensées et de secret dans le mouvement de nos âmes ; de nous consoler ou de nous châtier par l’expression de l’idéal ou par le spectacle de nos vices.
La présentation est donc toute naturelle de la part de Jannart.
Pour l’expliquer en deux mots, c’est l’assimilation de l’Histoire aux sciences naturelles, rien de plus.
Les Jésuites, chassés jusque de Parme, terre vassale du Saint-Siège, — injure cruelle à la personne même du Pape et qui avait comblé l’amer calice de son agonie, — s’étaient repliés vers Rome comme vers leur corps d’armée naturel.
Après la génération des simples, des gens naturels, qui est bien certainement la nôtre, et qui a succédé à la génération des romantiques, qui étaient un peu des cabotins, des gens de théâtre dans la vie privée, voici que recommence chez les décadents une génération de chercheurs d’effets, de poseurs, d’étonneurs de bourgeois. […] Dans son lit, avec sa figure à l’ovale maigre et allongé, ses mains exsangues au-dessus des draps, d’une voix du fond de la gorge, Daudet dit : « Je divise les livres en deux : les livres naturels, les livres d’une inspiration spontanée, et les livres voulus. » Et il se livre à une classification curieuse, dans ces deux divisions, des livres célèbres du moment.
En vain, je tâchais de lui faire comprendre combien était admirable la patience de Darwin à l’affût d’une loi naturelle, en vain j’essayais de l’intéresser à ce sublime espionnage de la vie : la science, lui grognait, déclarant abominable la réalité et réclamant l’absolu. […] Quiconque se croit assez robuste pour vivre sans attaches avec autrui, quiconque s’imagine trouver en soi-même exclusivement la force nécessaire à son triomphe sur les fatalités naturelles se leurre, car la lutte et l’amour en dehors de soi sont exigés par la vie afin que l’individu se développe en beauté à son propre bénéfice et au bénéfice de l’espèce. […] Toutefois, il est naturel qu’il se tienne sur ses gardes.
M. de Marcellus n’hésita pas un moment entre sa passion naturelle, l’ambition, et son honneur de famille : il se retira, triste mais résolu, dans la campagne et dans les lettres ; il passa les quinze plus belles années de sa vie dans ces loisirs occupés qui lui tenaient lieu de tout, cariatide de sa bibliothèque à Audour et à Paris.
IV Après les avoir poliment reçues, je les priai non pas d’entrer, il faisait trop chaud, et l’ombre légèrement ventilée de ces grands arbres était le salon le plus naturel et le plus rafraîchissant de la saison, mais de s’asseoir sur le banc où je les avais surprises ; j’en pris un moi-même en face d’elles et, m’adressant à la mère, je lui demandai à quoi je pouvais lui être agréable, pensant que quelque intérêt de famille avait pu seul les amener à une pareille heure. — Oserai-je vous demander, dis-je à la mère, à qui j’ai l’honneur de parler et le motif de votre visite ?
Nous conseillons à nos lecteurs d’observer, à l’Opéra, les mouvements de bras d’un chanteur quelconque : ils s’apercevront combien cette coutume qui est transmise dans l’enseignement du Conservatoire par les anciens acteurs aux nouveaux23, est contraire à toute vérité et à tout naturel.
La satisfaction de Flaubert éclate dans des violences de paroles, sous lesquelles la gentille Mme Daudet paraît peureusement rapetisser, la satisfaction de Zola s’expansionne dans le bonheur, bien naturel, de voir la fortune et l’argent prendre le chemin de son intérieur.
Le pathétique de Jésus fut naturel, alors que les stoïciens mettaient de l’orgueil à celer les larmes : lui, ne cachait jamais, les siennes.
Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu perdue par les hommes au xvie siècle ; car c’est presque une loi de l’Histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les Causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les Causes triomphantes, et soient plus belles à raconter !
J’avoue qu’en la lisant, cette correspondance, le cœur m’a failli une minute… Il y a là-dedans une honnêteté si naturelle et si foncière, une telle santé d’instinct, une telle naïveté de noblesse, une si forte simplicité de mœurs, que j’ai été touché et aurais été entraîné vers l’homme de cœur, si l’homme de l’idée fausse, — de l’inoubliable idée fausse, — ne m’avait raffermi dans mon horreur première.
L’histoire de Cléopâtre étant très romanesque, il est naturel que beaucoup d’écrivains aient voulu faire de cette aventure un roman historique. […] Filon ne s’offensera pas de cette réserve) la Chronique du règne de Charles IX, confirme une vérité qui sera la conclusion naturelle de cette étude : c’est que, pour raconter une chose, il ne suffit pas de la savoir par cœur, il faut encore l’avoir vue avec ses yeux. […] Or, s’il faut en croire son respectable biographe, le père de La Rivière, « il estoit, en son adolescence, incomparablement beau : il avoit le visage gracieux à merveille, les yeux colombins, le regard amoureux ; son petit maintien estoit si modeste que rien plus : il sembloit un petit ange… Ce qui est plus admirable est que, petit à petit, par une spéciale faveur de la divine Bonté, les dons naturels qui estoient en lui se convertissoient en vertus ». […] Il évitera dorénavant une certaine tendance aux généralisations vagues, résultat d’une ivresse d’esprit assez naturelle chez un polytechnicien nourri de philosophie et de lettres. […] Jean Jaurès a lancé un jour, du haut de la tribune du Parlement, quelques belles phrases, que les faiseurs de morceaux choisis ont sans doute saisies au vol et qui mériteront une place dans les Conciones futurs : « Vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine, et la misère humaine s’est réveillée avec des cris ; elle s’est dressée devant vous, et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli.
La lumière naturelle était allumée en lui.
. — Nos craintes se sont profondément fixées sur Banquo, et dans ce naturel empreint de souveraineté domine ce qu’il y a de plus à craindre.
On peut dire que celle-ci est le type du genre : par une idée naturelle, et pourtant nouvelle, Bossuet fait de l’éloge des morts une méditation sur la mort.
Pour tous ceux qui considèrent l’œuvre comme un agrégat naturel, dont l’origine et les propriétés, pareilles à celles d’une fleur ou d’un cristal, sont soumises aux conditions de force, de temps et d’espace qui régissent tout mode de la matière, cette sorte de critique est la seule légitime.
L’obsession de l’indéterminé nous est devenue naturelle par ce fait que nous avons besoin d’être relativement indéterminés, ou plutôt non déterminés en présence des choses extérieures ; mais transporter cette indétermination au sein de nous-mêmes et jusque dans notre intelligence, sous prétexte de nous rendre libres, voilà l’erreur vulgaire.
Au plafond et sur les murs un affreux et triste papier imitant — tout est imitation ici — un cuir naturel, gaufré de petits trèfles, et sur le mur chocolat, dans un cadre une affiche jaune des Enfants d’Édouard, pour la quarante-et-unième soirée littéraire, et à côté une grande et mélancolique aquarelle, représentant Fleuret dans le rôle de Marcasse, offert par le peintre à l’acteur.