Cujus à morte, hic tertius & tricesimus est annus. […] Il y a trente-trois ans qu’il est mort : à morte, depuis sa mort. […] Dans les propositions dont nous parlons, nul & aucun étant adjectifs du sujet, doivent être accompagnés d’une négation : nul homme n’est exemt de la nécessité de mourir.
L’idée générale, une fois formée, peut s’accroître par l’adjonction de faits nouveaux ; elle peut croître ou décroître en intensité selon la fréquence des remémorations et le degré de l’attention ; mais, si elle meurt, elle meurt tout entière, elle ne saurait être décomposée.
Et lorsqu’elle mourait, en 1764, ne fallait-il pas bien que quelqu’un la remplaçât aussitôt dans ce rôle de protectrice, puisque les dix derniers volumes de l’Encyclopédie se distribuaient librement dans Paris, 1765 ? […] En second lieu, si le classicisme — on l’a vu, ou du moins nous avons essayé de le faire voir — ne s’était déterminé dans sa forme que pour des raisons sociales autant que littéraires, il était inévitable qu’il mourût de l’exagération de son propre principe, ou, en d’autres termes, qu’il suivît la fortune de la société dont il avait été l’expression. […] Et si enfin le classicisme français, dans ses chefs-d’œuvre, n’avait été, pour ainsi parler, qu’une projection de l’esprit français sur le plan de la littérature générale, on ne conçoit pas comment il eût pu éviter d’être refoulé dans ses propres frontières par le progrès même de cette littérature, et ainsi de mourir de son propre triomphe.
Il y a au fond du cœur des hommes nés sensibles une passion ou une maladie de plus que dans les autres hommes : c’est la passion ou la maladie des lieux qui les ont vus naître et dont le nom, le site, le ciel, les montagnes, les mers, les arbres, les images, évoqués tout à coup par un puissant souvenir, se lèvent devant leur imagination avec une telle réalité et une telle attraction du cœur, qu’il faut mourir ou les revoir.
Musset, qui voit la lune au bout d’un clocher comme un point sur un i ; ce ne sera pas non plus l’infortuné Dovalle qui vient de mourir tout exprès pour tromper les grandes espérances qu’on fondait sur lui ; un poète s’élèvera, plus étonnant que tout cela : M.
« Je me sentais vivre, dit-il, — il avait alors quarante ans, — et, me tâtant avec autant de soin qu’un riche vieillard, je m’imaginais presque être plus loin de la mort que je n’avais été en ma jeunesse. » Il mourait pourtant-moins de quinze ans après, ne causant pas moins de surprise que de deuil à ses amis, qui ne pouvaient comprendre qu’il fût mort sans l’avoir prédit.
morte après Wagner — leurs curiosités : ils espèrent et recherchent les progrès de l’art wagnérien dans les œuvres des littérateurs, des poêles, des peintres.
Depuis la seconde représentation, Hunding vient mourir au fond du ravin et M.
Fait essentiel, qui ne s’était point vu au théâtre, avec une netteté pareille, depuis les pieux mystères du moyen âge………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………… Peut-être, après des catastrophes qui semblent inévitables, un apaisement se fera-t-il, et notre pauvre humanité aura-t-elle le renouveau de cette jeunesse qui lui fut donnée il y a près de deux mille ans, en ce matin de Pâques où mourut le vieux monde.
Platon et ses disciples auront beau répondre que la sensation meurt en naissant, qu’elle n’a pas même le temps de se nommer, de se distinguer du reste : cela n’est vrai qu’à moitié ; en tout cas, jusque dans l’instantanéité il y a pourtant une réalité, et comme cette réalité se sent elle-même, il y a une vérité : un éclair est encore une lumière.
C’est là une plaie douloureuse de notre littérature : chassée des journaux par les circonstances, la critique se meurt dans les Revues par l’insouciance des rédacteurs.
Chiffe et feuille morte ta déesse d’idolâtre.
Et Bahis, dans l’Amour médecin : « Il vaut mieux mourir selon les règles que de réchapper contre les règles. » « Il faut toujours garder les formalités, quoi qu’il puisse arriver », disait déjà Desfonandrès dans la même comédie.
Et quand il aurait réussi, son mérite ne laisserait pas d’être quelque peu diminué par l’espèce d’impossibilité où il était de ne pas l’avoir : — par lui ou par un autre, il fallait bien, pour pouvoir se développer librement, que le drame se dégageât du lyrisme, ou qu’il mourût en naissant. […] Mais, sans exiger qu’il eût lui-même lu, analysé, et jugé tout ce que le xviie siècle a vu naître et mourir de romans — puisque aussi bien un Allemand, M. […] Maintenant, Il pourrait voir mourir frère, enfants, mère et femme Qu’il s’en soucierait bien autant que de cela, dit-il en faisant claquer son ongle sur ses dents ; et Tartufe a seul accompli cet ouvrage, non pas, bien entendu, le Tartufe qui convoite sa femme en épousant sa fille, mais le Tartufe qu’on ne voit qu’à peine, celui dont les leçons n’enseignent, selon le langage chrétien, que détachement du monde, abnégation de soi-même, et pur amour de Dieu. […] Il fallut en venir à une séparation, et, de 1666 à 1671, Molière et sa femme ne se revirent plus qu’au théâtre… Enfin, la maladie vint s’ajouter à toutes les raisons qu’il avait d’être mécontent des autres et de lui-même, et, si l’on ne peut pas dire qu’à dater de cette même année 1666, il commença lentement de mourir, du moins est-il vrai que, dès cette époque, il perdit, pour ne la plus jamais retrouver, la bonne humeur allègre des années d’autrefois.
Platon est un Athénien bien doué qui a vu mourir Socrate et que la mort de Socrate a poursuivi et hanté jusqu’au tombeau et que la mort de Socrate a fait sentir et a fait penser toute sa vie et à qui la mort de Socrate a inspiré tous ses sentiments, toutes ses passions et toutes ses idées, et qui n’a presque rien vu dans le monde des idées morales, des idées philosophiques et des idées politiques qu’à travers la mort de Socrate. […] Enfin ils reçoivent des parents ou des ennemis du malade un salaire et le font mourir. […] Qui, au moment même où Socrate mourait, n’était au moins partagé entre l’horreur naturelle qu’on a pour la mort et ce sentiment que le sort de Socrate était plus enviable que celui de ses meurtriers ? […] Ainsi vécut et mourut Socrate.
Mais, à la limite, nous entrevoyons une existence faite d’un présent qui recommencerait sans cesse, plus de durée réelle, rien que de l’instantané qui meurt et renaît indéfiniment. […] A côté des mondes qui meurent, il y a sans doute des mondes qui naissent.
Elle est trop fraîche, elle ne peut durer ; rien n’est arrêté, stable et ferme ici, comme dans les pays du Midi ; tout est coulant, en train de naître et de mourir, suspendu entre les pleurs et la joie.
Mais quand les religions meurent, les hommes les plus religieux, loin d’être consolés dans le sentiment de l’infini, sont écrasés par lui.
La violence de ses efforts, ses angoisses, ses doutes qui l’épuisent sans le vaincre, parce qu’il sait que, pour l’objet qu’il poursuit, hors de la religion il n’y a qu’impuissance et désespoir, et qu’il faut croire ou mourir ; l’audace même de cette entreprise, qui le mène à rechercher si cette lutte de dix-sept siècles, entre la foi et la raison, ne vient pas de ce que la raison n’a pas été assez haute, ou la foi assez raisonnée, et si la foi n’est pas la perfection même de la raison ; qui donc connaît un emploi plus noble des facultés humaines ?
On comprend les luttes continuelles qui s’engagent, les associations qui se font et se défont, les synthèses qui naissent, se divisent, se développent, se désagrègent, meurent, cependant que leurs éléments s’engagent, plus ou moins transformés, en de nouvelles combinaisons.
Ils se voient, longuement ; et tous deux veulent mourir ; et ce philtre de mort, — leur regard, — devient, soudainement, un filtre d’amour.
L’ensemble des connaissances humaines ressemble ainsi à un grand fleuve coulant à pleins bords, sous un ciel resplendissant de lumière, mais dont on ignore la source et l’embouchure, qui naît et meurt dans les nuages.
Aucun physiologiste ne peut expliquer dans le menu détail pourquoi et comment tel homme meurt, ni réduire tous les facteurs de cette mort en équation complète ; est-ce une raison pour qu’il attribue la mort soit à un acte de libre arbitre, soit à un hasard, soit à un miracle ?
− Je me suis permis, lui dis-je en balbutiant, de faire un article sur Darwin qui vient de mourir… rai pensé que vous n’en aviez peut-être pas… − Darwin ?
Il naît plus d’individus qu’il n’en peut vivre : un grain dans la balance peut déterminer quel individu vivra et lequel mourra, quelle variété ou quelle espèce s’accroîtra en nombre, et laquelle diminuera ou sera finalement éteinte.
N’est-ce pas une espèce d’endurcissement professionnel que celui de Tartuffe, s’exprimant, il est vrai, par la bouche d’Orgon : Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela !
Depuis Balzac, qui en avait adoré en Louis XIII, caché derrière Richelieu, la première image, jusqu’à Bossuet, qui la voyait dans toute sa grandeur, et qui mourut avant ses dernières fautes, personne de marque ne s’était avisé d’avoir, sur ce point, un autre sentiment que la France, réunie enfin et serrée autour d’un roi digne d’être la tête de ce grand corps. […] Il mourut, à ce qu’on croit, sous Caracalla, en 212.
Corbière, ministre de l’intérieur et bibliophile très-éclairé, le nomma, sur sa réputation et sans qu’il l’eût demandé, bibliothécaire de l’Arsenal en remplacement de l’abbé Grosier qui venait de mourir.
Mais ils s’arrêtaient dans les fonds, où ils étaient cachés par la brume et retenus par les ordres de l’Empereur jusqu’au moment opportun pour l’attaque. » Le choc des quatre-vingt-deux escadrons russes et autrichiens et les manœuvres de notre propre cavalerie s’ouvrant devant cette masse et se refermant pour la charger en détail ; les combats corps à corps de chacun de nos bataillons contre les bataillons ennemis ; la détonation de notre artillerie entrouvrant de ses boulets la glace des étangs sur lesquels l’infanterie russe s’est accumulée pour mourir de deux morts ; les deux souverains de Russie et d’Autriche fuyant à la fin du jour du champ de bataille, aux cris de Vive l’Empereur !