De ce désir naissent des idées d’honneur et de gloire, et ces deux sentiments qui élèvent l’âme et qui l’agrandissent, répandent en même temps une teinte de délicatesse sur les mœurs, les procédés et les discours. […] Si l’on croyait que ces vertus, fruits du temps et des lumières, sont de convention, l’on se tromperait ; elles tiennent à la science des mœurs comme la feuille tient à l’arbre qu’elle embellit. […] Peut-on être un grand poëte sans la connaissance des devoirs de l’homme et du citoyen, de tout ce qui tient aux lois des sociétés entre elles, aux religions, aux différents gouvernements, aux mœurs et aux usages des nations, à la société dont on est membre, aux passions, aux vices, aux vertus, aux caractères et à toute la morale ?
Robert Macaire, Mœurs conjugales, Types parisiens, Profils et silhouettes, les Baigneurs, les Baigneuses, les Canotiers parisiens, les Bas-bleus, Pastorales, Histoire ancienne, les Bons Bourgeois, les Gens de Justice, la journée de M. […] J’ai deux remarques importantes à faire à propos de deux de ces séries, Robert Macaire et l’Histoire ancienne. — Robert Macaire fut l’inauguration décisive de la caricature de mœurs. […] J’ai dit que Gavarni l’avait complétée ; et, en effet, entraîné par son imagination littéraire, il invente au moins autant qu’il voit, et, pour cette raison, il a beaucoup agi sur les mœurs.
L’homme de France, et la femme surtout, veut que ses mœurs soient régies par une morale sévère, peut-être pour le plaisir d’avoir l’air de lui désobéir. […] Don Juan, en passe de recevoir des compliments sur ses bonnes mœurs, se trouva furieux, tel un mômier qu’insulte l’allusion à ses fredaines. […] Il faut donc rire des sots qui prétendent trouver en des in-folios latins l’origine de la corruption de nos moeurs. […] Il en mit à mal un grand nombre, et cela seul, précise coïncidence avec les mœurs du temps, affirmerait la véracité de ses admirables et délicieux mémoires. […] Même sur les bancs de la Sorbonne, et mêlée à six mille jeunes gens sans mœurs, il faut que l’étudiante ait des mœurs.
Chez lui, le talent se relève et se décore de tout ce que les mœurs littéraires peuvent donner au talent de plus délicat et de plus distingué. […] À la distance où nous sommes des mœurs et des idées de ce temps si fécond d’ailleurs en nobles émulations, si prodigue d’enthousiasme, nous nous étonnons toujours que les poètes aient cru nécessaire, pour défendre leur droit d’invention, de dresser tant de programmes et de protocoles. […] On accable Béranger de ce glorieux souvenir, on a tort : les mœurs sont bien changées. […] C’est qu’en effet l’une ne pourra se plaider avec succès que quand l’autre sera définitivement gagnée, et celle-ci ne sera gagnée que le jour où les mœurs seront d’accord avec la loi. […] Mais sans entrer dans ce dernier fond des mœurs intimes, où nul ne pénètre que par une de ces indiscrétions violentes qui discréditent la critique et qui ressemblent à des effractions, à ne considérer que l’homme social, il en est peu qui soient plus dignes de sympathie.
Sargines est un tableau animé des mœurs, de la bravoure & de cette loyauté qui rendent le caractere de nos aïeux si intéressant.
Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.
L’Auteur a su y placer à propos plusieurs remarques piquantes sur l’origine des Loix, des Usages, sur les Mœurs & la Politique ; en cela, il paroît s’être véritablement proposé l’instruction du Lecteur.
Après ses malheureux essais, pourquoi auroit-il pris la peine d'écrire encore une Histoire, en se laissant aller à des déclamations aussi révoltantes que puériles, contre la Religion, les Gouvernemens, les Mœurs, les usages, les bienséances ?
Or le plaisir est une chose d’opinion, qui varie selon les temps, les mœurs et les peuples, et qui ne peut être le beau, puisque le beau est un, et existe absolument.
N’y avait-il donc pas à prendre la question dans un repli plus profond et à montrer que, malgré les différences d’idiome et les nuances de mœurs, ces toiles d’araignées dans lesquelles les petits observateurs sont arrêtés comme des insectes, il n’y a eu, à proprement parler, d’action d’une littérature sur une autre que parce qu’il y avait, au fond de toutes ces littératures, unité de génie et souche commune d’une même race d’esprits ?
« En arrivant chez les Natchez, René avait été obligé de prendre une épouse pour se conformer aux mœurs des Indiens ; mais il ne vivait point avec elle. […] Des tentes, des maisons à moitié bâties, des forteresses commencées, des défrichements couverts de Nègres, des groupes de Blancs et d’indiens, présentaient, dans ce petit espace, le contraste des mœurs sociales et des mœurs sauvages. […] Chaque frémissement de l’airain portait à mon âme naïve l’innocence des mœurs champêtres, le calme de la solitude, le charme de la religion, et la délectable mélancolie des souvenirs de ma première enfance.
Car, non seulement l’Éducation sentimentale est l’histoire de deux jeunes gens, très particuliers comme individus et très généraux comme types, puisqu’ils représentent, l’un, le jeune homme romantique, et l’autre, le jeune homme positiviste, et cela juste à l’heure où la période du positivisme va succéder chez nous à celle du romantisme ; et non seulement cette histoire se combine avec une étude des idées et des mœurs dans les dernières années du règne de Louis-Philippe : l’Éducation sentimentale est quelque chose de plus : l’histoire pittoresque et morale, sociale et politique, de la Révolution de 1848 ; elle nous dit, et avec profondeur, les barricades et les clubs, la rue et les salons, et elle nous montre cette chose extraordinaire : la confrontation effarée des bourgeois avec la Révolution, cette Révolution que leurs pères ont faite soixante ans auparavant, mais qu’ils croient terminée, puisqu’elle les a enrichis, qu’ils s’indignent de voir recommencer ou plutôt qu’ils ne reconnaissent plus quand c’est eux à leur tour qu’elle menace, et qu’ils renient alors avec épouvante et colère. […] Puis il y a le passé russe, le passé anglais, le passé norvégien, les traditions, les mœurs publiques et privées, la religion, et la marque de tout cela imprimée aux cerveaux norvégiens, anglais et russes. […] Il est clair que tout cela est plus rare dans nos romans, sans doute parce que c’est plus rare aussi dans nos mœurs. […] Mais, si nous avons embrassé, une fois de plus, avec cette facilité et cette ardeur les exemples étrangers, cela n’est-il point un signe que c’est nous, en réalité, qui avons, sinon les mœurs, du moins l’âme cosmopolite ?
Mais la misère et le désordre intellectuels, la contamination du goût et des mœurs, l’abaissement des caractères sont indiscutables lorsqu’on voit, comme aujourd’hui, l’élite et la foule se passionner pour un théâtre épileptique, factice, grossier ou fade, dénué d’humanité comme de fantaisie, où l’adresse tient lieu de tous autres mérites — qui est, sauf cinq ou six exceptions brillantes, le théâtre aujourd’hui triomphant — et prendre intérêt au cabotinage arrogant et infatué, au bluff mercantile, aux grotesques pantalonnades qui caractérisent en général le théâtre contemporain. […] Le théâtre est l’école des mauvaises mœurs, en ce sens qu’il désapprend l’art de réfléchir. […] Les hommes de théâtre ne travaillent qu’à la décadence du goût et favorisent inconsciemment par leur complaisance aux frivolités du jour nos pires mœurs sociales. […] Selon Rachilde, « le théâtre est l’école des mauvaises mœurs, en ce sens qu’il désapprend à réfléchir ».
Il a fait une pièce sur un sujet grec, Troïle et Cresside, et les mœurs d’Homère n’y sont point observées. […] Les mœurs d’Angleterre, par rapport à l’existence des femmes, n’étaient point encore formées du temps de Shakespeare ; les troubles politiques avaient empêché toutes les habitudes sociales.
« Nous pouvons expliquer maintenant les phénomènes classés sous les titres de sens moral, facultés ou affections morales. » Quoique plusieurs des psychologues qui nous occupent aient une tendance marquée à esquisser en passant un traité sur les mœurs, nous serons très court sur ce point ; car si la psychologie touche à la morale, la psychologie n’est pas la morale. […] Le sentiment du Beau et le sentiment du Bien donnant lieu à des manifestations aussi variées et aussi importantes que celles des Beaux-Arts, des Mœurs, de la Législation, etc., on ne s’étonnera pas de l’importance qu’ils leur accordent.
Or, cet art perpétuel et insensible, ce courant des mœurs, c’est surtout par les théâtres qu’il s’enseigne, qu’il s’entretient ou s’altère. […] Nous sommes en voie peut-être, sur trop d’articles de nos mœurs, de devenir aussi rudes que les Anglais et les Américains ; mais par moments aussi, dans le journal et dans le pamphlet, Voltaire nous reconnaîtrait encore.
En même temps que reparaissait en France, à la Restauration et depuis, la science et la muse de l’histoire, divers professeurs de la Sorbonne, Cousin notamment pour le XVIIe siècle et Villemain, pour les classiques, joignirent à leurs jugements critiques, des considérations sur la biographie et l’esprit des auteurs qu’ils étudiaient, sur les mœurs de leur temps. […] Ainsi, il note que « l’œuvre est la copie des mœurs environnantes et le signe d’un état d’esprit (p.
Nous prendrons l’ordre inverse de nos premières bases ; c’est-à-dire, que nous commencerons par les lieux d’oraison dont on peut citer des traits courts et détachés (tels que le sublime et les comparaisons), pour finir par la simplicité et l’antiquité des mœurs. […] Venons aux exemples de narrations, où nous trouverons réunis le sentiment, la description, l’image, la simplicité et l’antiquité des mœurs.
Nul plus que lui, l’auteur de la Henriade, de la Pucelle et de l’Essai sur les Mœurs, ne commit de crimes en histoire, et personne non plus parmi ces assassins de la vérité, qu’on ne traîne pas à l’échafaud, ne les commit avec un bonheur plus insolent, une plus épouvantable fortune. […] « La France, dit M. de Chalambert, était une nation catholique dont les croyances, les mœurs et les institutions reposaient sur la religion catholique.
On a souvent reproché à Balzac de peindre un monde qui n’est pas le vrai et sur lequel le vrai a pris modèle, par ainsi de ne pas réfléchir les mœurs et la nature humaine réelles, mais de créer, par un coup de baguette de sa magie, une nature humaine et des mœurs qui n’ont existé que depuis qu’il les a montrées.
avec les idées et les mœurs de ce temps, il n’est pas si difficile de l’expliquer. […] Il faut bien les peindre, puisqu’elles sont partout, puisqu’elles envahissent tout, puisqu’elles grimpent à tous les étages de la société moderne, dans cette crue montante des mauvaises mœurs !
Là-dessus, je sais bien qu’il en est des « mœurs mondaines » comme de la « couleur locale ». […] Pareillement, qui dira ce que c’est qu’un roman de mœurs mondaines ? […] Ce n’était point qu’il se proposât de réformer les mœurs sur ce point, ni non plus qu’il se piquât d’aucune « psychologie ». […] Des alliances, des mariages, l’introduction des mœurs de cour, le luxe du harem, tout cela détacha les princes de l’ancien idéalisme, les détourna de la voie d’Israël, les rendit favorables aux pompes des cultes idolâtriques. […] Cette conception, qui est un peu celle de Voltaire, dans son Essai sur les mœurs, est surtout celle de Condorcet, dans son Esquisse d’un tableau des progrès humains.
Des plus distingués comme administrateur et comme peintre de mœurs sous le règne de Louis XVI, il eut surtout une réputation de grand monde et de société : la Révolution y coupa court et le jeta dans l’exil.
La pureté des mœurs & la conduite exemplaire du P.
Collé y a joint tout l’art dont le sujet étoit susceptible, celui de bien amener les incidens, de mettre du jeu & de la variété dans ses personnages, de développer l’ame de son Héros, de faire ressortir, pour ainsi dire, de chaque Scène un intérêt qui lui est particulier & contribue à l’effet général, de joindre enfin à l’énergie du sentiment, l’aisance & le bon ton du Dialogue, en conservant la naïveté & le costume des mœurs du siecle d’Hénri IV.
Elle en a banni, la premiere, un héroïsme chimérique, & en a réduit la fiction à la peinture des mœurs, des caracteres & des usages de la Société.
Ses Couplets joignent au mérite de l’agrément, celui d’une critique de nos mœurs, aussi juste qu’ingénieuse.
Quand bien même il seroit vrai que nos moeurs, nos combats, nos fêtes, nos ceremonies et notre religion, ne fourniroient point aux poëtes une matiere aussi heureuse que celle que fournissoit à Virgile le sujet qu’il a traité, il ne seroit pas moins necessaire d’emprunter de notre histoire les sujets des poëmes épiques.
Il revint à Avignon à l’âge de vingt ans, avec son frère Gérard ; le pape Jean XXII y régnait au milieu d’une cour corrompue, où le scandale des mœurs était si commun, qu’il n’offensait plus personne. […] Pétrarque, par cette décence naturelle qui est la noblesse de l’esprit et par ce goût du beau dans les sentiments qui est le préservatif du vice, se maintint chaste, pieux et pur dans ce relâchement universel des mœurs. […] On le voyait toujours simple et modeste avec une figure si séduisante, ses mœurs étaient pures et irréprochables, son éloquence naturelle était entraînante et irrésistible, on aurait dit qu’il tenait les cœurs dans sa main et les tournait à son gré ; plein de candeur et de franchise, ses lettres et ses entretiens découvraient tout ce qu’il avait dans l’âme, on croyait y lire… » V Heureux en amitié, le jeune poète ne le fut pas moins en amour. […] Cette société portait avec elle ses mœurs polies dans la barbarie de ces montagnes ; elle s’y occupait d’études, de conversation, de lectures, de vers : c’était une villa d’Italie transplantée dans les Pyrénées. […] Rienzi promulgua des décrets de réforme des lois et des mœurs qui firent l’admiration de l’Italie.