Le roman actuel, si mal nommé Mémoires de Hollande 24, parce que l’action s’y passe en 1630, n’a rien de cette fleur d’âme qui est tout madame de la Fayette. […] Ignorant, mal élevé, sans méthode, attelé avec l’ardeur d’un étalon à une production forcenée, d’une passion qui s’étendait à tout et qui le tua d’un anévrisme (car ce cœur qui battait trop fort fut le marteau qui brisa sa vie !)
Hugo lui-même, nous le savons, aimait à « éplucher » ainsi Corneille et surtout Racine, — Racine, dont il a presque aussi mal parlé que M. […] Quel mal cela fait-il ? […] n’ont-elles pas fait assez de mal ? […] Et, quelques bienfaits que nous lui devions, nous cacheront-ils les maux qu’ils ont coûtés ? […] Peut-être aussi que je les louerais mal !
Cette affirmation que je fais emplira de stupeur, sincère, un assez grand nombre de braves gens qui modestement ; du matin au soir, jouent avec l’absolu, et qui ne s’en doutent jamais ; comment, diront-ils en toute sincérité, comment peut-on nous supposer de telles intentions ; nous sommes des petits professeurs ; nous sommes de modestes et d’honnêtes universitaires ; nous n’occupons aucune situation dans l’État ; nous sommes assez maltraités par nos supérieurs ; nous n’avons aucun pouvoir dans l’État ; nous ne déterminons aucuns événements ; nous sommes les plus mal rétribués des fonctionnaires ; nul ne nous entend ; nous poursuivons modestement notre enquête sur les hommes et sur les événements passés ; par situation, par métier, par méthode, nous n’avons ni vanité ni orgueil, ni présomption, ni cupidité de la domination ; l’invention des méthodes historiques modernes a été proprement l’introduction de la modestie dans le domaine historique. […] Les prêtres aussi, les petits prêtres, en ce sens, n’occupaient aucune situation dans l’État, n’avaient aucun pouvoir dans l’État ; les prêtres aussi étaient assez maltraités par leurs supérieurs et ne déterminaient aucuns événements ; les prêtres aussi étaient les plus mal rétribués des fonctionnaires, et nul ne les entendait ; et quand ils ne seront plus des fonctionnaires mal rétribués d’État, ils seront des fonctionnaires mal rétribués d’Église ; et nul ne les entendra ; ils poursuivent modestement leur prédication de la vie future ; par situation, par métier, par humilité chrétienne ils n’ont ni vanité ni orgueil, ni présomption ni cupidité de la domination ; un curé de campagne est un petit seigneur ; l’exercice du ministère ecclésiastique est essentiellement un exercice d’humilité chrétienne. […] Il y a un mois, en Flandre, surtout en Hollande, ce n’étaient que grands traits mal agencés, osseux, trop saillants ; à mesure qu’on avançait vers les marécages, le corps devenait plus lymphatique, le teint plus pâle, l’œil plus vitreux, plus engorgé dans la chair blafarde. […] Il y aurait des êtres qui se serviraient de l’homme comme l’homme se sert des animaux. » C’est alors peut-être que l’homme s’apercevrait que l’homme se sert mal des animaux. […] De la réalité nous avons reçu trop de rudes avertissements ; au moment même où j’écris, l’humanité, qui se croyait civilisée, au moins quelque peu, est jetée en proie à l’une des guerres les plus énormes, et les plus écrasantes, qu’elle ait jamais peut-être soutenues ; deux peuples se sont affrontés, avec un fanatisme de rage dont il ne faut pas dire seulement qu’il est barbare, qu’il fait un retour à la barbarie, mais dont il faut avouer ceci, qu’il paraît prouver que l’humanité n’a rien gagné peut-être, depuis le commencement des cultures, si vraiment la même ancienne barbarie peut reparaître au moment qu’on s’y attend le moins, toute pareille, toute ancienne, toute la même, admirablement conservée, seule sincère peut-être, seule naturelle et spontanée sous les perfectionnements superficiels de ces cultures ; les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal, poussant d’étranges pousses, nous réservent peut-être d’incalculables surprises ; et sans courir au bout du monde, parmi nos Français mêmes, quels rudes avertissements n’avons-nous pas reçus, et en quelques années ; qui prévoyait qu’en pleine France toute la haine et toute la barbarie des anciennes guerres civiles religieuses en pleine période moderne serait sur le point d’exercer les mêmes anciens ravages ; derechef qui prévoyait, qui pouvait prévoir inversement que les mêmes hommes, qui alors combattaient l’injustice d’État, seraient exactement les mêmes qui, à peine victorieux, exerceraient pour leur compte cette même injustice ; qui pouvait prévoir, et cette irruption de barbarie, et ce retournement de servitude ; qui pouvait prévoir qu’un grand tribun, en moins de quatre ans, deviendrait un épais affabulateur, et que des plus hautes revendications de la justice il tomberait aux plus basses pratiques de la démagogie ; qui pouvait prévoir que de tant de mal il sortirait tant de bien, et de tant de bien, tant de mal ; de tant d’indifférence tant de crise, et de tant de crise tant d’indifférence ; qui aujourd’hui répondrait de l’humanité, qui répondrait d’un peuple, qui répondrait d’un homme.
On verra au cours rapide de ce livre combien les lois protègent mal les intérêts matériels et intellectuels des écrivains. […] On craint que les morts se conduisent mal. […] Les poëtes sont nés pour mourir à l’hôpital et les prosateurs dans quelque autre sinécure un peu moins mal rétribuée. […] Note de l’éditeur] en faveur des écrivains et des journalistes, plus mal payés que jamais depuis la guerre. […] Gide, entre autres, avait réactualisé ce mythe avec son Prométhée mal enchaîné.
C’est alors qu’on oublie bien promptement si l’on a mal dormi, ou si l’on a versé. […] Nos impatiences les amusent, & nous n’en sommes que plus mal servis. […] il n’y a rien de plus raisonnable à mon avis, que de rire d’un mal qu’on ne peut empêcher. […] Comme ils sont mal entre ses mains ! […] Les lettres de l’alphabet bien ou mal mêlées, font la différence d’un bon & mauvais livre.
C’est ce qu’entendent mal les femmes d’aujourd’hui ; Mais ne vous gâtez pas sur l’exemple d’autrui. […] vous iriez dire à la vieille Émilie Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie, Et que le blanc qu’elle a scandalise chacun ? […] Vous voulez un grand mal à la nature humaine. […] Avec un mal de tête étrange à concevoir. […] Comment de votre mal vous sentez-vous remise ?
D’abord il faut prendre des verres d’absinthe au café du Cirque ; puis dire de toute pièce : Ce n’est pas mal, mais… des coupures, des coupures ! ou encore répéter : Pas mal ! […] Nous avons mal dormi. […] — a-t-il répondu d’une voix douce, éteinte, dolente et humble, — mais c’est mon poignet qui me fait mal ! […] — Mais c’est là que j’ai mal, reprit doucement le vieillard, en montrant son poignet.
Caïn devient pour lui le symbole de l’humanité ; le dieu qui l’a faite pour la douleur et pour le mal est le véritable auteur du mal comme de la douleur : c’est lui qui est le vrai meurtrier d’Abel. […] Et quel mal avait-il fait pour que ce Dieu le condamnât à vivre ? […] Richepin s’érige lui-même en profond philosophe et, s’adressant avec dédain au « bourgeois » : Ici tes bons gros sous seraient mal dépensés, Ici tu trouveras de sévères pensers Qui doivent être lus ainsi qu’un théorème. […] Ne cherchez point ailleurs le secret de nos maux. » 236. […] On voit bien que la préoccupation de la « consonne d’appui » ramène sans cesse les même fins de vers ; et ces vers n’en sont pas moins de prose, — bien rimée, peut-être, mais mal rythmée.
Si l’on ajoute qu’à toutes ces similitudes, s’associent en Dickens, le plus singulièrement du monde, une sensibilité délicate et triste, une puissante imagination du fantastique et du grotesque, la retenue de l’Anglais moderne ; qu’il y avait en lui du moraliste, du réformateur social, du parvenu timide et un peu rancunier ; qu’une intelligence malheureusement partiale contrôlait mal ses émotions et plus mal encore ses facultés, il semblera utile de fixer encore une fois aujourd’hui — entre la popularité et l’oubli — la physionomie de cet écrivain. […] En un style baroque, outré, contourné, agité sans cesse de la plus féminine façon, par tous les mille petits sentiments que l’écrivain anglais ne peut s’empêcher de ressentir à propos de n’importe quoi, il raconte les histoires les plus compliquées, les plus follement invraisemblables à la fois et les plus mal construites, telles que le dernier feuilletoniste sait en échafauder de plus plausibles. […] Dombey, — et ceux-ci combien mal, — n’illustrent aucune des grandes passions de l’homme ; ce sont des êtres outrés, imaginaires, qui ameuteraient les gens en rue, qu’on s’empresserait de mettre à la porte de n’importe où, qui, non contents d’être grotesques, simples et immuables, le sont avec furie, acharnement et rage. […] Ce sont là des rouages inutiles et mauvais ; ils ne servent en rien à soulager les infortunes de la foule des misérables, dont les maux s’aigrissent encore par suite de la dureté de cœur qu’engendrent chez les riches et les puissants leur situation même, et leur avidité de richesse et de pouvoir. […] Si ces conceptions sont vraies, on voit combien est oiseuse et mal posée la question de la morale en art.
Le chimiste Becker a dit que les physiciens n’étaient que des animaux stupides qui léchaient la surface des corps, et ce dédain n’est pas tout à fait mal fondé. […] Les arts mécaniques sont stationnaires par l’ignorance des ouvriers ; ils dégénèrent par leur intérêt mal entendu. […] Ici on est trop riche et trop pauvre ; trop riche en traités, trop pauvre en bons abrégés ; les traités sont trop étendus, les abrégés sont mal faits. […] Adulateurs des grands, ils altéreront, par leurs éloges mal placés, toute idée de vertu : plus ils seront séduisants, plus on les lira, plus ils feront de mal. […] 4° D’un traité du bon et du beau, qui n’est jamais que l’éclat du bon ; du sublime, qui n’est que l’éclat du bien ou du mal, accompagné d’un frisson qui naît, ou de la grandeur, ou du péril, ou de l’intérêt.
Mais, avant que le mal ait pris le dessus et que la manie s’en mêle, quand l’art tient encore chez lui le gouvernail, il se rend très bien compte de l’effet ; c’est un effet triste et assombri, il le veut tel ; c’est bien un jour d’hiver qu’il veut faire régner sur l’ensemble, et avec lequel il saura mettre en accord toutes les figures : J’aime bien voir là (à Venise) le caractère d’un jour d’hiver ; je ne veux pas faire de la neige, c’est trop froid ; mais je voudrais donner l’idée d’un de ces jours qui ont une poésie si je puis dire, et qui laissent dans l’âme une mélancolie profonde. […] trop souvent notre raison n’est pas assez forte pour combattre le mal qui nous arrive. […] Marcotte, devinant et pressentant la nature du mal de Léopold Robert, avait songé à y opposer le seul remède qui aurait peut-être réussi à le combattre et à en conjurer les suites funestes ; il lui conseillait le mariage. […] Je me souviens que mon excellente mère avait la même idée : je la comprends parfaitement, tout en disant pourtant que tous ces chagrins donnent à la vertu un caractère si touchant et si désintéressé, qu’on ne peut disconvenir que le bien ne soit à côté du mal.
Quoiqu’avec un talent qui semblait excéder son cadre (ce qui n’est jamais un mal), M. […] Dans sa courte année de gouvernement, Casimir Perier, luttant contre les périls publics et contre un mal intérieur qui le minait, « hardi avec doute et presque avec tristesse », selon l’expression de M. […] Il classe volontiers le monde en honnêtes gens et en ceux qui ne le sont pas ; sa morale sociale admet essentiellement le bien et le mal, dont les noms reviennent sans cesse à sa bouche d’une manière qui, à la fin, devient provocante : les instincts conservateurs, à ses yeux, sont les seuls bons ; les autres instincts plus actifs et plus remuants sont vite déclarés pervers. […] Même pour les plus honnêtes gens, la politique n’est pas une œuvre de saints ; elle a des nécessités, des obscurités que, bon gré, mal gré, on accepte en les subissant ; elle suscite des passions, elle amène des occasions de complaisance pour soi-même auxquelles nul, je crois, s’il sonde bien son âme après l’épreuve, n’est sûr d’avoir complètement échappé ; et quiconque n’est pas décidé à porter sans trouble le poids de ces complications et de ces imperfections inhérentes à la vie publique la plus droite fera bien de se renfermer dans la via privée et dans la spéculation pure. » Quoi qu’il en soit, on vit là un de ces beaux duels où l’appétit des ambitions et la passion du jeu firent taire la prudence.
Depuis son esclandre (je remonte au plus ancien, au premier, cause et origine de tout le mal), M. […] il ignore ou sait mal. […] Une première exploration opérée par M. le docteur Ricord en 1867, sur la fin de l’hiver, peu de mois après les atteintes au mal, n’avait rien fait découvrir et avait fait beaucoup souffrir M. […] Sainte-Beuve est mort cependant, ignorant la cause de son mal, la soupçonnant peut-être, l’indiquant même par de certaines comparaisons et images réelles, basées sur ses sensations douloureuses, dont la médecine et la chirurgie (qui se croient plus positives) ne tiennent pas assez de compte dans la bouche d’un littérateur, et disant un jour : « Vous verrez qu’on ne saura ce que j’ai que lorsqu’on m’ouvrira… après moi… » — Que si la recherche de la vérité a besoin d’excuse, la catastrophe du 13 octobre dernier pourrait en être une suffisante : mais je renverrai ces délicats, qui me reprocheraient la crudité trop pathologique de ces détails, en tête du premier livre posthume d’un écrivain mort peut-être pour n’avoir pas été assez exa miné à fond, au tome V, page 523 de Port-Royal, où M.
Heine, n’a pas mal caractérisé d’un mot en disant que ce n’était qu’un grand espoir, Ahasvérus me semble appartenir à l’espèce de ces poëmes confus dont je parle ; il les résume suffisamment, il en dispense presque, il est le seul qui ait réussi et que le public connaisse. […] Ce mal de faiblesse, d’indifférence, parfois de lâcheté, dans le caractère politique, dont semble travaillé le pays ; ce mal, dont 1814 et 1815 ne furent qu’une des circonstances les plus aggravantes, et dont les causes profondes remontent à des crises bien antérieures, et jusqu’en 91, en 93, au 18 fructidor, au 18 brumaire, etc. ; ce mal-là se concentre tout entier pour M.
Le pittoresque épique, le descriptif pompeux sied mal au style du drame ; mais sans se mettre exprès à décrire, sans étaler sa toile pour peindre, il est tel mot de pure causerie qui, jeté comme au hasard, va nous donner la couleur des lieux et préciser d’avance le théâtre où se déploiera la passion. […] Du temps de Racine, Fénelon, son ami, son admirateur, et qui semble un de ses parents les plus proches par le génie, écrivait de Molière : « En pensant bien, il parle souvent mal. […] Par exemple, l’Avare est moins mal écrit que les pièces qui sont en vers : il est vrai que la versification françoise l’a gêné ; il est vrai même qu’il a mieux réussi pour les vers dans l’Amphitryon, où il a pris la liberté de faire des vers irréguliers. […] Il était doux, fleuri, agréablement subtil, épris des antiques chimères, doué des signes gracieux de l’avenir ; et sa prose, encor qu’un peu traînante, ne ressemblait pas mal à ces beaux vieillards divins dont il nous parle souvent, à longue barbe plus blanche que la neige, et qui, soutenus d’un bâton d’ivoire, s’acheminaient lentement au milieu des bocages vers un temple du plus pur marbre de Paros.
Je ne sais pas une délibération plus importante que celle qui conduirait à se faire un devoir de causer une peine, ou de refuser un service en sa puissance ; il faut avoir si présent à la pensée la chaîne des idées morales, l’ensemble de la nature humaine ; il faut être si sûr de voir un bien dans un mal, un mal dans un bien. […] pardonnez, vous êtes vainqueurs, la terreur ou l’enthousiasme prosternent à vos pieds plus de la moitié de l’univers ; mais qu’avez-vous fait encore pour le malheur, et qu’est-ce que l’homme, s’il n’a pas consolé l’homme, s’il n’a pas combattu la puissance du mal sur la terre ? […] 5 J’aurais pu traiter la générosité, la pitié ; la plupart des questions agitées dans cet ouvrage, sous le simple rapport de la morale qui en fait une loi, mais je crois la vraie morale tellement d’accord avec l’intérêt général, qu’il me semble toujours que l’idée du devoir a été trouvée, pour abréger l’exposé des principes de conduite qu’on aurait pu développer à l’homme d’après ses avantages personnels ; et comme, dans les premières années de la vie, on défend ce qui fait mal, dans l’enfance de la nature humaine, on lui commande encore ce qu’il serait toujours possible de lui prouver.
Le monde, pour elle, se présentait comme partagé nettement en deux, les bons et les méchants : les méchants, c’est-à-dire tout ce que l’imagination humaine, dans les heures de paix et de régularité sociale, ose à peine se représenter à nu, la brutalité dans toute sa grossièreté et sa bassesse, le vice et l’envie dans toute l’ivresse ignoble de leur triomphe et dans la cruauté de leurs raffinements ; les bons, c’est-à-dire quelques-uns, touchés, pleurant, timides, adoucissant le mal à la dérobée et se cachant. […] Madame a un mal au pied (les engelures par suite du froid), et qui se complique d’un mal plus intérieur. […] Heureusement le chagrin augmenta mon mal, ce qui l’occupa.
Baudelaire est ressuscité, et un second volume des Fleurs du mal sort avec lui de son tombeau. » Eh bien, c’est une erreur ! […] Baudelaire fut le rhapsode de ses Fleurs du mal dans les quelques salons qui ne craignaient pas l’odeur, dardant la cervelle, de ces syringas terribles. Il les disait, ces Fleurs du mal, avec cette voix douce et mystificatrice qui hérissait le crin des bourgeois quand il les distillait suavement dans leurs longues oreilles épouvantées. […] C’est évidemment un poète de la famille du Dante, qui a mal tourné en tombant dans le monde moderne.
Quant à elle-même, portant et cachant son mal, ce mal, dit-elle, dont on n’ose souffrir, dont on n’ose ni vivre ni mourir, elle découvre tout au fond de son cœur, un jour, qu’il n’y a qu’un remède, un consolateur ; et comme elle a en elle de cette flamme et de cette tendresse qui transportait les Thérèse et les Madeleine, comme elle a sucé la croyance avec le lait, elle regarde enfin là où il faut regarder, et elle s’écriera dans des stances qui se peuvent lire, ce me semble, après certain sermon de Massillon : La couronne effeuillée J’irai, j’irai porter ma couronne effeuillée Au jardin de mon père où revit toute fleur ; J’y répandrai longtemps mon âme agenouillée : Mon père a des secrets pour vaincre la douleur. […] Ô pleurs mal essuyés, visibles dans ses vers !
VI Pourquoi donc la science, dont les destinées tiennent de si près à celles de l’esprit humain, est-elle en général si mal comprise ? […] La légèreté d’esprit, qui ne comprend pas la science, le pédantisme, qui la comprend mal et la rabaisse, viennent également de l’absence d’esprit philosophique. […] Le nom de pédantisme, qui, si on ne le définit nettement, peut être si mal appliqué, et qui pour les esprits légers est à peu près synonyme de toute recherche sérieuse et savante, est ainsi devenu un épouvantail pour les esprits fins et délicats, qui ont souvent mieux aimé rester superficiels que de donner prise à cette attaque, la plus sensible pour nous.
Il m’a semblé qu’en insérant ces pages sur ma sœur dans un volume, livré au commerce, je ferais aussi mal que si j’exposais son portrait dans un hôtel des ventes. […] Quant au second Empire, si les dix dernières années réparèrent un peu le mal qui s’était fait dans les huit premières, il ne faut pas oublier combien ce gouvernement fut fort lorsqu’il s’agit d’écraser l’esprit, et faible lorsqu’il s’agit de le relever. […] Notre pauvre pays est toujours sous la menace de la rupture d’un anévrisme, et l’Europe entière est travaillée de quelque mal profond.
Mais sa dévotion, en pareilles circonstances, fut mal interprétée. […] Un ministre, mal intentionné pour la mémoire de Saurin, ou, peut-être mal instruit, vient tout récemment de soutenir & de publier que cette lettre avoit existé.
La vie de cet homme est mal connue. […] Impuissant qu’on n’aurait pas même le courage de détester, si on ne pensait à l’avenir, au mal affreux que des esprits comme lui ont commis pourtant dans leur impuissance, Tallemant des Réaux est déjà — dans la première moitié du xviie siècle — une expression très vive et très nette de cet individualisme que Descartes représente dans la philosophie, Robinson Crusoé dans la vie romanesque, l’idéal de la vie réelle, Jean-Jacques Rousseau plus tard, et même Béranger. […] Grâce à cet homme, qui pêche des anecdotes comme on pêche des anguilles, jusque dans la vase, un esprit politique n’aurait-il pas, au moins, indiqué le mal de ce temps qu’on prend pour une époque de force et de virilité, et qui n’offre aux yeux fascinés que la ruine suspendue d’une société dont la tête va tout à l’heure porter contre le fond de l’abîme, mais qui, jusque-là, trouve doux de tomber ?
L’histoire de la Révolution n’a pas moins de soixante années, — soixante années qu’Hippolyte Castille, qui comprend un peu l’unité historique comme la Convention comprenait l’unité politique, prétend faire tenir, bon gré, mal gré, dans dix volumes, — ni plus ni moins, — par la seule force du poignet. […] Le mal vient de plus loin ; il tient à quelque chose de plus profond qu’un manque de justesse et d’architecture : il tient à la conception historique de Castille, aux racines mêmes de l’homme et du livre, et c’est ce qu’il nous faut d’abord signaler. […] Il dit : « Il n’y a de grand que la Révolution, les hommes sont toujours odieux, misérables et atroces », et en cela il raisonne mal, car ce n’est pas avec des choses odieuses, misérables ou atroces, qu’on arrive à de la grandeur.
Pour lui, qui n’a pas d’autre conception de la vérité politique que celle-là que le monde du Moyen Âge avait réalisée, la Réforme a introduit dans le monde moderne un mal sans compensation et sans remède, et par-delà ce mal, qui n’est pas près d’être épuisé, et qui, dans sa conviction, sera la fin de tout, non seulement il ne voit rien, mais il ne regarde même pas… Que cette tristesse désespérée ait ou n’ait pas sa raison d’exister, je ne veux point l’examiner. […] c’est bien plutôt la noire résignation de l’homme accablé par ces circonstances qui sont les conséquences inévitables du mal commis.
Michelet, dans son Histoire de la Révolution, a eu l’extravagante pensée d’imputer l’action révolutionnaire au peuple seul, au peuple acéphale, et de nier l’ascendant des chefs… ce qui est tout simplement guillotiner l’Histoire et abattre sous le stupide niveau égalitaire tout ce qui s’y élève, même dans le mal. […] Il fut tué, on ne sait trop par qui, et mal tué ! […] — plus sot et plus lâche que ce lâche et ce sot… Quelque mépris qu’on ait pour les hommes, on répugne à donner sa démission de l’humanité… L’imagination grandit les êtres qui ont été des fléaux, et voilà ce qui a grandi ce petit homme de Robespierre, même après sa chute… Comme son maître Rousseau, c’était une âme de laquais qui voulait devenir grand seigneur, et qui s’y prenait mal pour cela.
les choses qu’on n’est pas né pour faire, on les outre et on les fait mal. […] Dans l’introduction de son livre, qui en est probablement pour lui le morceau capital, Pelletan ne trouve rien de mieux que de faire de nous des révolutionnaires, parce que nous avons, autant que nous l’avons pu, arrêté la révolution, et par là, dit-il, justifié tous les maux et les crimes qu’elle a faits. […] Béranger, seul de tous ces hommes exagérés ou faussés en mal ou en bien, Béranger seul est étonnamment bien jugé.
Livre grave, qui se fronce et se donne un mal terrible pour être profond ; illisible d’ailleurs, quand on ne connaît pas le chinois de la philosophie moderne, et qui, pour cette raison, mériterait d’être traduit ! […] de ne rien comprendre aux philosophies contemporaines, il est descendu en lui-même pour y chercher l’affirmation qui ne s’y trouve pas, mais là précisément a été le mal : il est descendu en lui-même, comme les philosophies contemporaines. […] Ce que Bichat a fait pour la vie et a mal fait, il faut bien le dire, malgré le respect qu’on a pour son génie, M.
Chateaubriand, Gœthe, Sénancour et Ballanche lui-même ont tous plus ou moins souffert de la vie, — du moral ou du physique de la vie, — de ses passions positives ou du vague de ses passions (comme l’a dit l’un deux, qui même a inventé l’expression), — tandis que Guérin n’a simplement souffert que de la pensée, un mal très précis, mais très exceptionnel. Il a eu le mal de l’idéal. […] Les deux volumes trop restreints qu’on nous a donnés se composent presque exclusivement de sa prose, et ce n’est pas un mal, puisqu’elle est seule véritablement et irréprochablement belle.