C’était une grave étourderie, et aucun bibliothécaire ne l’eût bien prise : ceux de Florence le prirent très mal, et supposèrent à la maladresse de Courier une intention de noirceur qu’il serait bien pénible de lui supposer.
Cette jeune femme, sur laquelle tous les portraits s’accordent, était, dès l’âge le plus tendre, une perfection mignonne de bon sens, de prudence, de grâce et de gentillesse : Mme de Stainville, à peine âgée de dix-huit ans, nous dit l’abbé Barthélemy, jouissait de cette profonde vénération qu’on n’accorde communément qu’à un long exercice de vertus : tout en elle inspirait de l’intérêt, son âge, sa figure, la délicatesse de sa santé, la vivacité qui animait ses paroles et ses actions, le désir de plaire qu’il lui était facile de satisfaire, et dont elle rapportait le succès à un époux digne objet de sa tendresse et de son culte, cette extrême sensibilité qui la rendait heureuse ou malheureuse du bonheur ou du malheur des autres, enfin cette pureté d’âme qui ne lui permettait pas de soupçonner le mal.
Hors de là, leurs esprits diffèrent de toute la distance d’un pôle à l’autre : le ton affectueux de Montaigne déguise mal quelque égoïsme ; l’inspiration de saint François de Sales est tendre, affective avec chaleur, et toute brûlante de l’amour d’autrui.
Chaque histoire est l’objet d’une moralité, d’un précepte bien ou mal déduit ; chacune est racontée à l’appui d’une certaine maxime, de quelque thèse en question sur la prééminence de l’un ou de l’autre sexe, sur la nature et l’essence de l’amour, et comme exemple ou preuve (souvent très contestable) de ce qu’on avance.
Mes professeurs de rhétorique m’en avaient dit beaucoup de mal, ce qui me le recommandait.
Il l’a montré stérilisant le génie, salissant l’amour, prostituant le mariage, décourageant le respect filial, ridiculisant le patriotisme, détruisant jusqu’à la notion du bien et du mal.
Mais Mérimée, dans ses Lettres à Panizzi, n’a plus l’âge qui fait pardonner leur impertinence aux gamins de la rue et de la libre-pensée : il est vieux, il a l’âge d’être grave, et, comme un vieillard affaibli, il bave sur le catholicisme à faire mal au cœur à ceux même qui pensent comme lui sur le catholicisme, parce qu’il faut de l’esprit à ceux-là mêmes qui se mêlent de nous insulter !
, et n’affirme-t-il pas qu’elle n’est rien de plus qu’une opinion égarée, c’est-à-dire, si cela veut dire quelque chose, qu’elle n’est pas le mal absolu qu’implique en soi, pour nous, toute erreur, dans sa quantité déterminée !
Seulement, comme ceux-là qui regrettent le mal accompli, lorsqu’il est irréparable, Brizeux, à qui l’Italie ne donna pas de facultés nouvelles, voulut revenir une dernière fois aux inspirations premières de sa jeunesse, et le poème de Primel et Nola marqua cette volonté du retour.
Je m’applique à réformer les désordres, à prévenir les dangers, à diminuer le mal, à augmenter la vertu.
Les événements eurent de l’importance, sans avoir une sorte de caractère ; et presque toujours en action, mais sans être animé de ces forces vives qui font les grands changements et dessinent avec énergie les caractères, soit en bien, soit en mal, ce prince donna beaucoup de mouvement à l’Europe, sans acquérir beaucoup de célébrité.
Pour avoir mal observé les institutions de la cité ancienne, on a imaginé de les faire revivre chez nous. […] Le soleil, par exemple, fut appelé ici Héraclès (le glorieux), là Phœbos (l’éclatant), ailleurs Apollon (celui qui chasse la nuit ou le mal) ; l’un le nomma l’Être élevé (Hypérion), l’autre le secourable (Alexicacos), et, à la longue, les groupes d’hommes qui avaient donné ces noms divers à l’astre brillant ne reconnurent pas qu’ils avaient le même dieu. […] Si au contraire on était vaincu, on s’en prenait aux dieux de la défaite ; on leur reprochait d’avoir mal rempli leur devoir de défenseurs de la ville ; on allait quelquefois jusqu’à renverser leurs autels et jeter des pierres contre leurs temples420. […] Cette religion était un ensemble mal lié de petites croyances, de petites pratiques, de rites minutieux. […] Les exemples sont fort nombreux ; et si, pour deux ou trois d’entre eux, il est permis de croire que le Sénat fut bien aise de se débarrasser d’un consul ou inhabile ou mal pensant, la plupart du temps, au contraire, on ne peut pas lui supposer d’autre motif qu’un scrupule religieux.
Pour moi, je ne puis que jeter de la poudre sur l’écriture de ces deux grands hommes, j’en bois fort peu ; et néanmoins ce sera une débauche, mais philosophique, et peut-être quelque chose davantage, pour être tous trois guéris du loup-garou et du mal des scrupules, qui est le tyran des consciences. […] Il revenait de là, dégoûté de sa tentative, rappelé sans doute aussi par le mal du pays et par la perspective de jours meilleurs après les troubles civils apaisés, lorsqu’il fut pris de maladie et mourut en route, à Abbeville, le 29 juillet 1633, avant d’avoir pu revoir et embrasser ses amis.
Pour peu qu’on ne soit pas un cuistre, on entend aisément et on peut traduire toujours bien ce qui est de pur génie ; car le génie, comme le feu, brille malgré tout, et, comme le feu, dévore tout obstacle, même celui d’une langue opaque, mal maniée par un traducteur. […] Mais s’il la nommait mal, cette langue nécessaire à une traduction de Shakespeare, François Hugo la comprenait et pouvait la parler.
Esprit étroit, nature médiocre, ce tyran comédien, tout bouffi d’une suffisance qui dissimulait mal sa faiblesse et sa crédulité, devait naturellement tomber dans tous les pièges qu’on lui tendait. […] Écoutons l’histoire : « Chaque assemblée quinquennale redoublait, au moment du vote du don gratuit, d’instances pour la destruction de l’hérésie : « Nous ne demandons pas, Sire, disaient les évêques, que votre Majesté bannisse à présent de son royaume cette malheureuse liberté de conscience, qui détruit la véritable liberté des enfants de Dieu, parce que nous ne jugeons pas que l’exécution en soit facile ; mais nous souhaitons que si votre autorité ne peut étouffer tout d’un coup ce mal, elle le rende languissant et le faire périr peu à peu73 » Sous ce langage patelin, ne reconnaissons-nous pas ce fait positif, que l’épiscopat n’accordait au roi l’argent dont il avait besoin pour entretenir sa valetaille, que contre une promesse formelle de persécution 74 ?
C’est justement parce que sa méthode de recherche et ses procédés de notation l’assurent d’une équivalence entre toutes les représentations de l’univers prises de tous les points de vue qu’il a le droit absolu (mal assuré à l’ancienne physique) de s’en tenir à son point de vue personnel et de tout rapporter à son unique système de référence. […] Je serai censé avoir mal pris mes mesures, tout le long des opérations.
Sully eut, dans sa vie, deux femmes ; on a mal parlé de la seconde ; mais cette première est toute pure, gentille d’esprit, et telle qu’on peut se la figurer à souhait auprès de ce mari sérieux et sévère.
Elle applique assez pour distraire ; elle n’exige pas assez d’application pour être impossible à un homme dont le malheur n’a pas affaibli la raison. 2º Depuis longtemps je désirais m’exercer à la langue latine que j’ai mal apprise dans ma jeunesse : ce que je comprends de Tacite, de Tite-Live, de Salluste, d’Horace et de Virgile m’a donné une grande curiosité pour le reste. 3º Hobbes m’a paru avoir un mérite éminent comme écrivain politique, etc.
Mme de Genlis (une assez méchante langue, il est vrai) nous le dit ; elle raconte que Gibbon épris de Mme de Crousaz, depuis Mme de Montolieu (l’auteur des romans), et s’étant un jour oublié jusqu’à tomber à ses pieds, fut assez mal reçu dans sa déclaration ; mais on avait beau lui dire de se relever, il demeurait à genoux. — « Mais relevez-vous donc, monsieur !
Un mot lâché mal à propos fait quelquefois un tort irréparable.
Töpffer, dans une des lettres du Presbytère (la 37e), ou plutôt Charles écrivant à Louise, et lui réfléchissant dans un tableau plein de fraîcheur l’épisode de Nausicaa, parle mal de Mme Dacier.
J’estime donc que l’Académie qui commença par donner assez pertinemment son avis sur Le Cid, n’aurait peut-être pas trop mal tenu ce que promettait ce commencement, si elle s’y était vue obligée.
Cela me rappelle que, dans son Histoire de saint Pie V, le même M. de Falloux veut louer cepontife d’avoir envoyé des brefs d’encouragement aux hommes lettrés qui, en France, prenaient parti pour la cause catholique ; le poëte Ronsard est de ce nombre : il s’est engagé dans une querelle avec les protestants, et de part et d’autre on en est vite venu aux injures les plus grossières, notamment à celles qui ne manquent jamais au XVIe siècle, et qui consistaient en de dégoûtantes allusions au mal apporté d’Amérique.
Mais vous ne pouvez certainement vous attendre qu’un si grand événement se passe sans critique : il conviendrait mal à mon amitié de vous flatter sur ce chapitre.
Ayant vu pour la première fois Paris en 1813, y arrivant avec tout un monde de préventions dans la tête, il les secoue ; il goûte la société et s’y plaît ; comme Mme d’Albany nous en voulait un peu et pour cause, il lui écrit ces paroles qui pourraient si bien s’adresser de tout temps à la plupart de nos ennemis en Europe : « Je sais que jugeant les Parisiens à distance, vous conservez contre eux de la rancune pour les maux qu’ils ont faits et ceux qu’ils ont soufferts.
« Je m’approcherai mercredi le plus près de vous que je pourrai, c’est-à-dire à Feuillasse, si le mal n’y est arrivé. » On voit qu’il prend toutes ses précautions avant de communiquer avec les atteints et soupçonnés de contagion.
Blanche, elle avait des froideurs de teint qui sentaient la vie à l’ombre et l’absence totale d’émotions, des yeux qui s’ouvraient mal comme au sortir du sommeil ; ni grande, ni petite, ni maigre, ni grasse, avec une taille indécise qui avait besoin de se définir et de se former : on la disait déjà fort jolie, et je le répétais volontiers, sans y prendre garde et sans y croire. » Patience !
Rodrigue ne s’estimera pas pleinement heureux et satisfait de vaincre don Sanche, d’obtenir Chimène et de lui agréer, bon gré, mal gré : il lui faut encore, par un excès de délicatesse, que ce soit consenti à l’avance, voulu et ordonné par elle, et ce n’est qu’à ce prix qu’il pourra goûter toutes les satisfactions et les jouissances raffinées de la passion pure.
Il ne faudrait donc pas se figurer Catinat plus méconnu et plus mal avec le ministre qu’il ne l’a réellement été ; on a dû beaucoup grossir les choses.