L’auteur, du reste, pour compléter ce qu’il a dit plus haut, ne voit aucune difficulté à faire entrevoir dès à présent qu’il a esquissé dans la solitude une sorte de poëme d’une certaine étendue où se réverbère le problème unique, l’Être, sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants, la Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu.
Le romantisme, tant de fois mal défini, n’est, à tout prendre, et c’est là sa définition réelle, que le libéralisme en littérature.
Il tient véritablement d’Homère, dans les sujets élevés qu’il traite : dans ceux où il se déride, où l’amour l’inspire, c’est un autre Anacréon : témoin ces vers passionnés qu’il fit pour Agathon, & que Fontenelle a rendus dans ses dialogues : Lorsqu’Agathis, par un baiser de flamme, Consent à me payer des maux que j’ai sentis, Sur mes lèvres soudain je sens voler mon ame Qui veut passer sur celles d’Agathis.
Le moment est mal choisi.
Il n’y aurait pas de mal qu’il fît quelques pas de plus.
Je dis donc en premier lieu, que le public se trompe quelquefois lorsque trop épris du mérite des productions nouvelles qui le touchent et qui lui plaisent, il décide en usurpant mal à propos les droits de la postérité, que ces productions sont du même genre que ceux des ouvrages des grecs ou des romains, qu’on appelle vulgairement des ouvrages consacrez, et que ses contemporains leurs auteurs, seront toujours les premiers poetes de leur langue.
dit-il, on ne sait comment parler céans… En province, il y eut bien des gentilshommes qui furent mal satisfaits de mademoiselle de Rambouillet. […] Selon divers besoins, il est une science D’étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l’action Avec la pureté de notre intention. […] Il semble avoir pressenti, dans le Tartuffe, les dangers et les désastres qui allaient naître de l’ambition hypocrite, dirigeant, exploitant la piété étroite et mal entendue. […] Douter que le sang fût immobile dans les veines, douter qu’une goutte d’or potable fût le remède de tous les maux, c’était une pensée presque impie, un crime de lèse-majesté devant les satrapes de l’empire d’Aristote. […] Il était naturellement observateur, et les maux physiques, surtout les souffrances morales qu’il endura jusqu’à sa mort, l’avaient rendu profondément mélancolique.
Au milieu de la débâcle de Fournier, S… la voyant se donner un mal de chien, à propos de ses affaires, et galoper toute la journée, lui demandait, si elle avait envie de reprendre le théâtre ? […] Sur leur figure au teint des gens mal nourris, et noire d’une barbe non faite, on lisait je ne sais quoi d’hostile, de rétracté, d’un passé de bohème qui fait amer. […] * * * — … Ces femmes enfarinées de poudre de riz, blanches comme un mal blanc, les lèvres peintes en rouge au pinceau, ces femmes maquillées d’un teint de morte, le sourire saignant dans une pâleur de goule, l’œil charbonné, avivé de fièvre, avec des cheveux, pareils à un morceau d’astrakan, frisottant et laineux, leur mangeant le front et la pensée, ces femmes avec leurs figures de folles et de malades, semblent des spectres et des bêtes du plaisir. […] Il ne veut plus s’habiller, mettre des bottines neuves, porter des chemises amidonnées, qui, dit-il, lui font mal au cou. […] Notre beau rêve s’écroule à demi, et je sens comme ma bile se remuer, prête à l’épanchement, me donnant un vague malaise, une sorte de mal de mer.
Il n’y a pas grand mal. […] Cette valse non plus, cette valse à deux temps qui me fit tant de mal ! […] « Nous n’avons jamais lu les Fleurs du mal de Ch. […] C’est une diable de chose que le mal de mer ! […] C’est un pays aride et sec, qui fait mal à voir.
Votre pinceau vous emporte, il est votre maître, et pour comble de malheur il a été mal dirigé. […] Prends garde au bras et à la tête de ta figure, qui sont trop gros et mal dessinés… tu as le sentiment de la couleur, c’est bon ; ça va bien… Oh ! […] Mais à quelque chose de sombre et de pénible à voir qui errait sur son visage, on aurait deviné le présage des maux à venir. […] Si je les rends mal, elles vous resteront ; si je les rends bien, elles m’appartiendront. […] Telle fut l’origine du Musée des monuments français, qu’un sentiment religieux mal entendu fit détruire pendant la restauration.
Le Tite-Live a remplacé les chroniques du moyen âge ; il est vrai que les dramaturges romantiques en France avaient si mal lu et étudié ces chroniques qu’ils n’en avaient tiré que le grossier et le repoussant.
Pour décrire son mal, il faut être un peu médecin : le vulgaire sent qu’il souffre ; où, de quoi, il ne le dit que confusément ; il ne sait que crier.
Victor Hugo a peint cet abus dans des vers pittoresques : La langue était l’état avant quatre-vingt-neuf : Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ; Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes, Les Méropes, ayant le décorum pour loi, Et montant à Versailles aux carrosses du roi ; Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires.
L’importance du premier dans la vie nationale est mal représentée par la place qu’il occupe dans la littérature française, quoiqu’il lui ait fourni plusieurs de ses chefs-d’œuvre les plus considérables, et certains genres même, qui n’ont pas d’analogie dans les littératures anciennes, comme l’éloquence religieuse.
De ton âme l’ennui mortel faisait sa proie, Etant le châtiment de l’incessant désir ; Du fier renoncement de ton âme à la joie Goûte la joie austère et le sombre plaisir… Je n’ai voulu que dégager, tant bien que mal, le fond et la substance même des vers de M.
Outre que la multiplicité mal ordonnée des détails précis produit, au bout du compte, l’ensemble le plus indigeste, la forme est presque partout insupportable d’emphase et de prolixité.
. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois.
Les prend et les baise qui veut ; elle se persuade qu’il n’y a point de mal, parce qu’elle croit qu’on n’y a pas de plaisir.
Une sorte de quarantaine soupçonneuse isolait leurs temples mal famés autant que sacrés.
L’homme que l’adversité a rendu sensible aux peines d’autrui ne dit pas avec assurance : Je connais les maux, mais il dit, comme Didon : Non ignara mali .
" il y a encore un autre grand mal qui se commet et tollere… etc. " c’est trop nous écarter de notre sujet, et retournons aux théatres qui subsistoient à Rome avant qu’elle eut été dévastée par les barbares.
Certes oui, il faut écrire ce que l’on sent et comme on le sent ; mais si ce que je sens est banal, si ce que j’exprime est mal écrit, m’en contenterai-je ?
L’intelligence part ordinairement de l’immobile, et reconstruit tant bien que mal le mouvement avec des immobilités juxtaposées. […] Or, si la méconnaissance de la nouveauté radicale est à l’origine des problèmes métaphysiques mal posés, l’habitude d’aller du vide au plein est la source des problèmes inexistants. […] Il est vrai que les concepts où elles se logent arrivent toujours, en arrondissant leurs angles par un frottement réciproque, à s’arranger tant bien que mal entre eux. […] On comprendrait mal le pragmatisme de James si l’on ne commençait par modifier l’idée qu’on se fait couramment de la réalité en général. […] D’ailleurs, la conversation fut assez difficile entre les deux philosophes, l’un connaissant mal le français et l’autre ne parlant guère davantage l’allemand.
Vous avez mis pas mal de siècles à faire cette conquête. […] Il faut qu’ils voient leur mal comme vous le voyez. […] Ils contiennent, ils déchaînent toute la vision et toute l’action ; ils peuvent tout en bien ou en mal — si toutefois il y a un mal et un bien — ils sont capables des plus splendides forfaits et des plus regrettables repentirs — et ils le savent. […] petits hommes, cervelles étroites ou mal bâties, politiques à expédients, dogmatiques aux abois, autoritaires s’obstinant à refaire les vieux rêves. […] Paul Adam : La Force du Mal (i vol. chez Colin)
— Je désirerais vous faire remarquer… Songez un peu… ce serait bien mal. […] Transporté à la ville, il s’y trouvait dépaysé, embarrassé, mal à son aise. […] Orpheline de bonne heure, sans autres parents que des oncles germains, l’un d’eux ancien valet, les autres paysans, elle avait toujours été mal nourrie, mal vêtue, mal rétribuée. […] Bon gré, mal gré, Tatiana se trouva placée sous sa protection. […] Il l’aimait tant, qu’il ne pouvait voir sans contrariété les autres domestiques s’occuper d’elle, soit qu’il craignît qu’on ne lui fît quelque mal, soit qu’il fût jaloux de son affection.
Le mal se cache si bien, le secret est si universellement gardé, que chacun est ici la dupe de tous : si sévèrement que nous affections de juger les autres hommes, nous les croyons, au fond, meilleurs que nous. […] Que ce moi social soit le « spectateur impartial » d’Adam Smith, qu’il faille l’identifier avec la conscience morale, qu’on se sente satisfait ou mécontent de soi selon qu’il est bien ou mal impressionné, nous n’irons pas jusqu’à le dire. […] Il s’est transporté tout d’un coup a quelque chose qui paraît à la fois un et unique, qui cherchera ensuite à s’étaler tant bien que mal en concepts multiples et communs, donnés d’avance dans des mots. […] Si la richesse est un mal, ne nuirons-nous pas aux pauvres en leur abandonnant ce que nous possédons ? […] Elle mesurera d’ailleurs la peine à la gravité de l’offense, puisque, sans cela, on n’aurait aucun intérêt à s’arrêter quand on commence à mal faire ; on ne courrait pas plus de risque à aller jusqu’au bout.
Mais elle a mal choisi son heure et sa forme. […] Mais il était déjà beaucoup trop tard pour chasser ce jour-là, et je me décidai bon gré, mal gré, à subir mon sort avec résignation. […] père, — reprit celui-ci, — comment pourraient-elles aller mal ? […] Je chassai Arina, et je supposais qu’avec le temps elle reviendrait à de meilleurs sentiments ; il me répugne, vous savez, de croire au mal et à la noire ingratitude du cœur humain. […] Je parvins cependant à m’abriter tant bien que mal sous un épais buisson.
Mais, à cette époque, c’était moins connu qu’aujourd’hui des Européens, et on lui pardonne cette longueur sur un schisme qu’on connaissait mal de son temps. […] Je crois qu’il ne sera pas mal à propos d’entrer un peu plus dans le détail de ce grand marché, qui est le plus universel que j’aie vu, et une vraie foire. […] La cour s’y dévoile avec un magique intérêt ; lisez: Les eunuques s’étant présentés au logis des ministres, comme venant de la part de Sa Majesté, les obligèrent de sortir de l’appartement de leurs femmes, et alors ils les informèrent également tous deux de la mort d’Abas II (A’bbâs), et leur en firent un rapport assez exact, qui était que le jour précédent, vers le soir, après que ces ministres se furent retirés, ce monarque avait mangé de bon appétit des confitures que ses femmes lui avaient apprêtées ; ensuite de quoi il avait paru se porter mieux qu’à l’ordinaire, jusque sur les neuf heures du soir, qu’il était tout à coup tombé en pâmoison ; qu’eux y étaient accourus, et l’avaient mis sur son lit ; qu’il était revenu à soi sur les onze heures, mais avec quelque altération de sa raison ; que sa douleur après cela s’était augmentée, et que deux remèdes réitérés qu’il avait pris par l’ordonnance des médecins ne l’avaient point soulagé ; que, vers les deux heures après minuit, la violence de son mal sembla s’être un peu apaisée, mais qu’elle l’avait ressaisi sur les trois heures et lui avait causé une frénésie demi-heure durant ; qu’une autre demi-heure il avait joui de quelque repos ; mais que, enfin, vers les quatre heures, ses yeux, par de tristes roulements, avaient fait connaître les approches de sa mort ; qu’en même temps, il avait rendu l’esprit sans autre agitation, et l’on peut dire sans s’être senti mourir. […] Leur conclusion fut que, comme ils voyaient que le prince aîné ne pouvait pas vouloir du bien aux grands, que c’était à eux une imprudence de lui en faire, particulièrement un bien de cette nature, qui le mettait en pouvoir de leur faire tout le mal qu’il lui plairait ; et dans cette conjoncture, le parti le plus assuré était de faire tomber leur élection sur le puîné, Hamzeh-Mirza ; que ce jeune prince promettait beaucoup et donnait pour l’avenir de grandes espérances pour la grandeur de l’empire des Perses, et pour le présent il leur donnait sujet à tous de s’attendre à un doux repos, puisque, étant incapable des affaires, il leur en laisserait le maniement un fort long temps, qui ne pouvait être moindre que de douze ou quinze ans. […] Enfin, le premier ministre, soit qu’il fût plus ami de l’équité que les autres, comme cette manière d’agir noble et désintéressée qu’il avait toujours fait paraître auparavant le donnait à conjecturer, soit qu’il craignît qu’à son défaut quelque autre prît la parole, ce qui l’eût rendu criminel, puisqu’il lui appartenait de parler le premier, et qu’il le venait de faire lorsqu’il avait opiné si fort au désavantage de Sefie-Mirza ; ce premier ministre, dis-je, rompit le silence et commença à dire: « que véritablement, sur l’assurance infaillible que l’on aurait que le fils aîné d’Abas II ne serait plus en état de recevoir la couronne, l’assemblée pourrait, sans injustice, passer à l’élection du second fils ; mais, puisque maintenant Aga-Mubarik les assurait fortement que Sefie-Mirza n’avait perdu ni la vie, ni la vue, sans délibérer davantage, il le fallait élire: c’est pourquoi il lui donnait de tout son cœur sa voix et ses vœux, et protestait qu’il fallait tout de ce pas lui aller présenter le diadème et l’empire. » Les autres seigneurs, à ces paroles, perdirent courage, et n’eurent plus la force de soutenir bien ce qu’ils avaient commencé mal.
Chaque nom d’homme politique ou littéraire de ce demi-siècle, en passant sur leurs lèvres, en sortait aminci et aplati comme une médaille mal dorée de mauvais aloi, qui sonne le cuivre en tombant à terre. […] On en parle en bien et en mal dans son pays, comme de tout le monde. […] Je m’en échappais sans cesse comme un oiseau mal apprivoisé qui revole à ses forêts, et je préférais mille ibis ma mansarde avec un ami ou le désert avec un rêve. […] … Répare les maux qu’on nous a faits ! […] … Voyez comme ils sont pâles, maigres, mal couverts !