En vérité, la main me tremble. […] Ainsi Moïse peut cesser de tenir les mains élevées vers le ciel. […] Arrêtez donc, je vous en supplie, la main bienfaisante de Sa Majesté Impériale. […] Ils étaient tracés de la main de ma bienfaitrice. […] Il faudra que je me tienne à deux mains.
Ne juge-t-on de beaux édifices que l’équerre à la main, en comptant toutes les pierres qui les composent, en analysant le ciment qui les a jointes, en en découvrant pièce à pièce toute la charpente, de façon à les démolir de fond en comble ? […] de quel droit, pour vous en faire frissonner, prendrais-je en main les foudres temporelles et spirituelles, et voudrais-je que vous frémissiez tous, en criant : à la perte des mœurs ! […] Les lumières d’un docte littérateur qui nous y a devancés nous éclaireront très bien : il nous met dans la main le fil, ou plutôt les trois fils qui nous empêcheront de nous perdre. […] pourquoi, souillant des mains si pures, « Viens-tu troubler mon ombre et rouvrir mes blessures ? […] Leurs mains rapaces, leurs ongles crochus, leur ventre insatiable, et leurs queues de serpent, n’offrent que des chimères bizarres et dégoûtantes, qui n’ont que trop servi de modèles aux hideuses figures du Péché et de la Mort tracées par Milton.
Son Tableau de la Poésie française, que nous réimprimerons un jour avec toutes les notes et additions marginales, interfoliées, interlinéaires, dont sa main a laissé couvert un exemplaire qu’il destinait à une prochaine édition, n’a pas nui, sur le cours et marché de la Bourse littéraire, à la hausse actuelle des poëtes de l’illustre Pléiade, tant recherchée aujourd’hui des bibliophiles. […] Je copie, sur le catalogue même de la vente où elle a été reproduite tout au long, la note écrite et signée de la main de M.
Pour faire cette opération d’une main plus sûre, pour que l’œil ne soit pas troublé et prenne une vue exacte des choses, il sera bon d’attendre, après avoir écrit, que l’effervescence de la composition soit calmée, que l’esprit soit reposé, que d’autres occupations aient rafraîchi les idées et changé leur cours. […] Qu’on laisse l’ouvrage sortir de ses mains, sans angoisse ainsi que sans orgueil, et que, dominant les craintes comme les espérances de l’amour-propre, on se résigne à la pensée de n’avoir pas fait un chef-d’œuvre, malgré tant de soins et de peines, et de ne forcer l’admiration de personne : faire de son mieux, sans défaillance, quand on ne se flatte pas de faire mieux que personne, n’est pas un mérite mince ; du moins ce n’est pas banal.
Les poëmes dogmatiques, que leurs auteurs ont dédaigné d’embellir par des tableaux pathetiques assez frequens, ne sont gueres entre les mains du commun des hommes. […] On ne lit son ouvrage que de propos deliberé, et il n’est point, comme l’éneide, un de ces livres sur lesquels un attrait insensible fait d’abord porter la main quand on veut lire une heure ou deux.
Entre les mains des Français, derniers héritiers de l’art simple, ces grands legs de l’antiquité ne s’altèrent pas. […] Comme ces mains promettent bien la santé ! […] Elle s’est laissé rudoyer par lui, menacer de mort, blesser. « Bénie soit la main qui m’a blessée ! […] c’est une belle main douce ! […] Essex, souffleté par la reine, mit la main sur la garde de son épée.
C’est José-Maria de Heredia qui, debout, dans sa loge, frappe une dernière fois l’une contre : l’autre ses mains enthousiastes. […] Il n’entrait dans la ménagerie littéraire et politique que le fouet à la main. […] » et, du revers de sa main, il essuyait une larme sincère. […] Posons la main sur son antique rampe et montons jusqu’au premier palier. […] Il nous tend, d’un geste court, une main petite et grasse.
Maeterlinck est très lui-même, et pour rester entièrement personnel, il sait être monocorde : mais cette seule corde, il en a ulanguissantes mains. […] Maeterlinck, disciple de Ruysbroeck, de Novalis, d’Emerson et d’Hello, ne demandant à ces supérieurs esprits (dont les deux moindres eurent des intuitions de génie) que le signe de la main qui encourage aux voyages obscurs ! […] Il avait certainement de la lecture, et le seul auteur qu’il n’allègue jamais, Flaubert, ne devait jamais être loin de sa main. […] C’est le Styx asséché : le chiffonnier Diogène, La lanterne à la main, s’en vient avec sans-gêne. […] Le crabe des mains . . . — main ouverte.
L’état extrême où Henri a trouvé et pris en main la France à la mort de son prédécesseur, la situation désespérée d’où il l’a tirée en luttant, et la situation florissante et forte où il l’a replacée, où il l’a élevée en elle-même et dans ses relations avec l’Europe, telle est l’idée du livre de M. […] Il marchanda ; le front lui blêmit, a dit un contemporain, et, quand il voulut ensuite y revenir sous main et par voies obliques, l’échelle n’y était plus. […] Il l’accepta et le présenta de sa main à sa noblesse catholique comme son héritier, et il le désigna en expirant comme son successeur et vengeur. Si, au moment de l’assassinat de Henri III à Saint-Cloud, Henri IV n’eût pas été là, tout porté et autorisé, assisté des premiers magistrats du royaume, accompagné d’une vaillante armée de Suisses, arrivée seulement deux jours auparavant, « avec quelles mains eût-il pu empoigner ce pesant sceptre ? […] Pour dernier coup de crayon à ce vivant et naturel portrait tracé d’une main si ferme au milieu du tumulte et en plein orage, Du Fay insiste sur un point qui n’est pas indifférent en un chef de peuple : c’est que Henri IV est heureux, heureux à la guerre, heureux en toute chose.
Mais à son retour en Allemagne, et lorsqu’il se croyait en voie de devenir un artiste et un peintre, une indisposition physique, résultat de ses fatigues et de ses marches forcées, l’arrêta brusquement : ses mains tremblaient tellement qu’il ne pouvait plus tenir un pinceau. […] Il entendit pour la première fois prononcer le nom de Gœthe, et un volume de ses Poésies et Chansons lui tomba entre les mains. […] Le grand poëte n’avait cessé d’être de loin son « étoile polaire. » En recevant le volume de poésies, Gœthe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. […] Ne rions pas de ces natures de modestie et d’abnégation, surtout quand elles nous apportent à pleines mains des présents de roi. […] À Paris on a tout sous la main et à tout instant ; on est informé, éveillé, excité, au risque d’en être harcelé ; on se sent dérouillé avant d’être rouillé, et au risque d’en être usé.
quelqu’un de ses favoris à lui-même et des courtisans de Louise, quelque Olivier de Magny peut-être : « Celui qui ne tâche à complaire à personne, quelque perfection qu’il ait, n’en a non plus de plaisir que celui qui porte une fleur dedans sa manche ; mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui être agréables, et s’adonne aux complexions contraires à soi-même, comme celui qui porte le bouquet en main, donne certain jugement de quelle fleur vient l’odeur et senteur qui plus lui est agréable. » En un mot, qui aime, s’applique et s’évertue. […] Enfin, il y a ce dernier sonnet d’elle, qui est également un vœu de mort, non plus de mort au sein du bonheur, mais de mort plus triste et plus terne, quand il n’y a plus pour le cœur de bonheur possible, plus un seul reste de jeunesse et de flamme : Tant que mes yeux pourront larmes épandre, A l’heur65 ; passé avec toi regretter, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir : Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour. […] Cependant, cher Passé, quelquefois un instant La main du Souvenir écarte tes longs voiles, Et nous pleurons encore en te reconnaissant. […] Près de nous la Jeunesse a passé les mains vides, Sans nous avoir fêtés, sans nous avoir souri. […] Nous le savons, tu peux donner encor des ailes Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd : Tu peux, lorsqu’il le plaît,, loin des sphères mortelles Les élever à toi dans la Grâce et l’Amour ; Tu peux parmi les chœurs qui chantent tes louanges A tes pieds, sous tes yeux nous mettre au premier rang, Nous faire couronner par la main de tes Anges, Nous revêtir de gloire en nous transfigurant ; Tu peux nous pénétrer d’une vigueur nouvelle, Nous rendre le désir que nous avions perdu ; Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ?
À cet âge de première jeunesse, c’était un grand jeune homme long et même assez fluet, le front assez beau et spécieux, la nuque très-mince ; toujours les mains dans ses poches ; vous accostant dès qu’il vous rencontrait et ne vous lâchant plus, fussiez-vous allé par un temps de pluie d’un bout de Paris à l’autre. […] S’il fréquenta quelque temps les amphithéâtres, il ne prit jamais en main un scalpel : ce qui ne l’empêchait pas de trancher à la rencontre sur la structure du corps humain, sur les formes et les dispositions précises des organes, comme il tranchait sur tout ; il y commettait parfois de singulières méprises9. […] Mais à Toulon, il apprend que tout vient de finir ; aller à Constantine n’est plus que comme aller à Saint-Cloud ; ce n’est qu’une promenade la canne à la main. […] J’ai mis la main dessus, j’ai voulu lui donner à manger ; mais devine ce qu’il a préféré ? […] Représente-toi, sur un monceau de plus de cent cadavres de femmes et d’enfants, que les Kabyles dépouillaient ou achevaient lorsqu’ils respiraient encore, un sergent et un soldat du 17e leur disputant, les armes à la main, un pauvre petit être de quatre ans, encore attaché au corps de sa mère morte.
Le mariage entre Rodrigue et Chimène, malgré la rivalité de don Sanche qui n’est là que pour la montre, semble convenu d’avance ; le comte y donne les mains. […] Elle va donner de sa main Rodrigue à Chimène, et cependant elle aime Rodrigue, toute fille de roi et tout amie de Chimène qu’elle est ; mais elle est décidée, dût-elle en mourir, à immoler sa flamme au devoir, à l’honneur, au sentiment de sa propre gloire. […] Don Diègue tire l’épée, mais le comte la lui fait tomber des mains et, pour comble d’insulte, la lui rend. […] infâme, dit-il au second avec mépris, mes mains affaiblies sont-elles les griffes d’un lion, et, quand elles léseraient, devrais-tu faire entendre de si indignes plaintes ? […] Dans la pièce espagnole, scène correspondante, Diègue raconte que, voyant son ennemi étendu sans vie, il a porté la main à sa blessure et a lavé (à la lettre) avec le sang la place du soufflet sur sa joue ; et il arrive la joue encore teinte de ce sang.
Ce fut le cas pour Jomini ; mais, en recourant aux pièces officielles, je suis frappé d’un détail : bien que ces qualifications à adjudant-commandant ou de colonel y figurent à peu près indifféremment, et quelquefois l’une et l’autre dans la même pièce, il en est une de juin 1810, que je produirai en son lieu, dans laquelle l’appellation de colonel donnée à Jomini a été effacée de la main même du maréchal Berthier, qui y a substitué le titre d’adjudant-commandant. […] Il fallut mettre le sabre à la main et courir ainsi la ville. […] Son mémoire fait, il s’en ouvrit au général Bertrand, qui l’encouragea à le remettre et lui dit en lui serrant la main : « Vous rendrez un grand service à l’armée aussi bien qu’à l’Empereur. » Jomini remit la pièce aux mains de l’huissier du cabinet. […] Le plus court eût été de passer par Pompiken et de joindre la route de Creutzburg ; mais le général Lestocq se trouvait en présence du maréchal : je ne pouvais pas risquer de tomber entre les mains d’un parti ennemi. […] Et il lui montra un ordre qu’il était chargé de porter, écrit de la main de l’Empereur et parfaitement illisible.
Les prétoriens étaient, en leurs mains, l’instrument de cet intérêt domestique et de ces essais d’hérédité. […] Brunehaut, pour triompher des difficultés intérieures et se donner un point d’appui au dehors, tend la main au pape saint Grégoire, qui reprenait, de son côté, l’œuvre d’agrandissement du saint-siége. […] Mais saint Colomban, arrivé tout exprès d’Irlande en France, y saisit en main l’influence religieuse, contrarie les directions romaines et se pose en ennemi mortel de Brunehaut. […] Ce fut donc peut-être une grande faute de Charlemagne que d’avoir prétendu ajouter à sa couronne très-bien posée, héréditaire et dès lors indépendante, ce globe impérial mobile qui allait se prendre à Rome, et qui devint une pomme de discorde entre les mains de ses descendants. […] sLa tradition populaire tend à imprimer un certain caractère de débonnaireté et de bonhomie à ce qu’elle touche de longue main familièrement, même quand ce quelque chose a été d’abord héroïque et redoutable.
C’est ici qu’il faut secouer tous les préjugés qu’on se passe de main en main depuis plus d’un siècle. […] Ces chantres agenouillés qui enragent, ou fuyant éperdus la main qui les bénit, cela est vrai d’une vérité si spéciale et si propre, que notre meilleur peintre de la vie ecclésiastique l’a repris dans un de ses chefs-d’œuvre : rappelez-vous l’abbé Tigrane en présence de son évêque. […] Il y a là sans doute des mots satiriques, des mots de bourgeois de Paris qui a fréquenté chez Ninon : mais ce qui frappe et qu’on retient le plus, c’est une figure joufflue d’ecclésiastique, un intérieur de chambre confortable, une « cruche au large ventre » que se passent de main en main des chanoines attablés, toute une série de types et de scènes, que le crayon ou le pinceau exprimeraient plus facilement que la plume. […] On voit défiler un certain nombre d’originaux, le pédant, le galant, le bigot, le libertin, l’avare, le prodigue, le joueur : toutes ces physionomies manquent de relief ; l’auteur les dessine d’une main molle et développe languissamment son thème.
La mère de Goethe, qui aimait la magnificence, mit « une pelisse fourrée de velours cramoisi, qui avait une longue queue et des agrafes d’or », et elle monta en voiture avec des amis : Arrivés au Main, raconte-t-elle, nous y trouvâmes mon fils qui patinait. […] Je crois que j’étendis les mains vers lui ; je me sentais défaillir. […] Le soir de ce jour-là ou le lendemain, Bettina revit Goethe chez Wieland, et, comme elle faisait la jalouse d’un bouquet de violettes qu’il tenait à la main et qu’elle supposait qu’une femme lui avait donné, il le lui jeta en disant : « Ne peux-tu te contenter que je te les donne ? […] Pour Manzoni, par exemple, qu’il ne connaissait nullement, quand Le Comte de Carmagnola lui tomba entre les mains, le voilà qui s’éprend, qui s’enfonce dans l’étude de cette pièce, y découvrant mille intentions, mille beautés, et un jour, dans son recueil périodique (Sur l’art et l’Antiquité), où il déversait le trop-plein de ses pensées, il annonce Manzoni à l’Europe. […] Puis, un incident heureux les ayant rapprochés, la fusion se fit, il prit insensiblement en main ce génie qui cherchait encore sa vraie voie.
Si elle tint quelque temps l’épée comme une guerrière, elle a beaucoup produit la plume à la main : non seulement elle a laissé des Mémoires intéressants et très véridiques, dont on a dit « qu’ils sont assez mal écrits pour que l’on puisse s’assurer qu’ils sont d’elle », mais on a encore de sa façon de petits romans, des portraits, des lettres. […] Elle n’avait pu se décider encore pour le choix d’un mari, et, dans son désir d’une couronne, elle laissait échapper ce qui s’offrait et qui était sous sa main, pour se prendre à des impossibilités lointaines. […] On ajoute qu’elle dit encore au maréchal que, s’il ne se hâtait, « elle lui arracherait la barbe et qu’il ne mourrait que de sa main ». […] En un mot, elle fit de la littérature comme elle avait fait de la guerre civile et tranché de l’amazone, à l’aventure, à l’étourdie, haut la main, et non pas sans quelque esprit. […] Elle faisait de ces choses qui eussent été charmantes de la part d’une toute jeune fille : pendant un voyage en Flandre où M. de Lauzun commandait comme général, un jour d’horrible pluie, comme il s’approchait souvent de la voiture du roi nu-tête et le chapeau à la main, Mademoiselle ne pouvait se contenir et disait au roi : « Faites-lui mettre son chapeau !
Lorsque l’heure de l’étude marquait la fin de la récréation, son père paraissait sur le pas de la porte du jardin sans dire un mot, et il se plaisait à voir tomber les jouets des mains de son fils, sans que celui-ci se permît même de lancer une dernière fois la boule ou le volant. […] Il n’y a certainement qu’un usurpateur de génie qui ait la main assez ferme, et même assez dure, pour exécuter cet ouvrage. […] C’est un grand et terrible instrument entre les mains de la Providence, qui s’en sert pour renverser ceci ou cela. […] Il avait tenu entre ses mains, à Milan, le livre des Considérations sur la France, et il avait pu y reconnaître en quelques minutes un esprit de race supérieure, et tel qu’il les aimait. […] Sa témérité, ses éclats de sarcasme, ses railleries et ses insultes, plume en main, se passaient uniquement en quelque sorte dans les hauteurs de son esprit ; c’étaient les saillies, les éclairs et comme les coups de tonnerre du talent, d’un talent trop riche, surabondant et solitaire.
Un jour, au siège devant Gravelines, les maréchaux de Gassion et de La Meilleraye, qui commandaient, avaient eu querelle, et leur démêlé allait jusqu’à partager l’armée : leurs troupes étaient près d’en venir aux mains lorsque le marquis de Lambert, alors simple maréchal de camp, se jeta entre les deux partis et ordonna aux troupes, de la part du roi, de s’arrêter : « Il leur défendit de reconnaître ces généraux pour leurs chefs. […] Mais ce fut bien pis quand le manuscrit de ses Réflexions sur les femmes, ouvrage plus hardi et qui était de nature à provoquer les railleurs, fut tombé aux mains d’un libraire et commença à circuler dans le public ; elle racheta vite toute l’édition ou ce qui en restait, mais sans pouvoir empêcher qu’on ne la réimprimât à l’étranger. […] Lorsque nous sommes dans sa main, et que notre volonté est soumise à la sienne, nos inquiétudes cessent… Il n’y a point d’asile plus sûr pour l’homme, que l’amour et la crainte de Dieu. […] Elle est aussi l’un des premiers moralistes qui, au sortir du xviie siècle, soient revenus à l’idée très peu janséniste que le cœur humain est assez naturellement droit, et que la conscience, si on sait la consulter, est le meilleur témoin et le meilleur juge : « Par le mot conscience, j’entends, dit-elle à son fils, ce sentiment intérieur d’un honneur délicat, qui vous assure que vous n’avez rien à vous reprocher. » Elle donne, à sa manière, le signal que Vauvenargues, à son tour, reprendra, et qui, aux mains de Jean-Jacques, deviendra un instrument de révolution universelle. […] La voici, telle qu’on la trouve à la fin de la Vie de l’abbé de Rancé, par Marsollier : « Les choses sont en repos lorsqu’elles sont dans leur place et dans leur situation naturelle ; celle de notre cœur est le cœur de Dieu, et lorsque nous sommes dans sa main et que notre volonté est soumise à la sienne, il faut par nécessité que nos inquiétudes cessent, que ses agitations soient fixées, et qu’elle se trouve dans une paix entière et dans une tranquillité parfaite. » 27.
Ces hommes ont blessé le genre humain dans ses génies ; ces misérables mains gardent à jamais la couleur de la poignée de boue qu’elles ont jetée. […] Il bouffonne, la hache d’Oreste à la main. […] Ses mains se crispent, puis retombent. […] Avez-vous jamais eu en dormant le cauchemar de la course ou de la fuite, et essayé de vous hâter, et senti l’ankylose de vos genoux, la pesanteur de vos bras, l’horreur de vos mains paralysées, l’impossibilité du geste ? […] Avant de tomber sanglants sous sa main, ils gisaient morts dans son âme.
Nisard le sait bien, du reste ; il sait si bien que le cœur fait défaut à la main ou la main au cœur, dans l’exécution des hautes œuvres de toute critique, qu’il n’est critique que le moins qu’il peut et qu’il en esquive l’occasion avec de singulières souplesses. […] Les armes même dont il était curieux, — mais non à la manière des artistes et des antiquaires, — il ne les aimait que parce qu’elles sont des forces ajoutées à la force humaine, dormant pour s’éveiller, quand il le faut, sous notre main. […] mais avec cette main vigoureuse de flibustier que Byron aimait à presser dans les siennes. […] Nisard n’a pas dans la main une de ces torchères qui jettent d’un seul flot sur une grande figure un de ces jours complets qui ressemblent à la clarté d’or de l’apothéose, mais il promène la lueur prudente de son flambeau sur toutes les parties de la fantastique et sublime image, et il les fait successivement saillir. […] Nisard, « appelle la pitié sur ses mains saignantes des coups qu’il a portés au genre humain ».
Amédée Pommier, qui a parfois la solennité surhumaine de la Bible, y joint (et c’est là le caractère de son poème et de son talent) cette vis comica que le Moyen Age avait admise dans l’interprétation du dogme de l’enfer, et qui devenait, sous la main de ses artistes, du tragique renversé et redoublé par le contraste. […] Pour nous, ce que nous avons voulu chercher et indiquer sous ces poésies éclatantes, solides, toutes semblables à de la sculpture dans un métal incandescent, c’est le poète plus haut que la matière qu’il touche d’une main si puissante ; le poète, avant tout, spirituel ! […] Mais aujourd’hui il s’est comme un peu détourné de lui-même ; il a plus songé à l’honneur de l’expression qu’à l’honneur de la pensée, ce vieux penseur, virtuose de l’expression aussi, et il a voulu montrer ce que la langue française, notre adorable langue française, insultée par des prosateurs qui l’appellent une gueuse fière parce qu’ils sont indigents, eux, et par des étrangers qui ne la savent pas, pouvait devenir dans les mains d’un homme qui la sait et qui l’aime. […] En effet, citer quelques vers trisyllabiques détachés et enlevés d’un ensemble étendu n’est donner un exemple satisfaisant ni de la difficulté surmontée ni de l’effet produit sur l’imagination par ces vers trisyllabiques se succédant, se balançant, courant et tombant les uns sur les autres, comme ces petites vagues qui sont la houle et puis toute la mer, et qui, quand on en tient dans le creux de sa main ce qu’on en peut prendre, ne donnent guère certes la moindre idée du bleu et du grand Océan dans lequel on vient de les puiser. […] Des mains aussi puissantes que les siennes, pour ne pas dire plus, avaient touché ce frêle grelot du mot, du vers trisyllabique et même unisyllabique, et avaient éveillé tout un monde de concerts dans cette coque sonore.
C’est l’Italie tout entière, sa tristesse de servitude et de tombeau, l’imagnificence de ses peintures aux murailles des palais et des temples que rien autre de grand ne remplit, sa foi en ruine, ses mains aux fers, sa noble mamelle que l’oisiveté flétrit ou que souille l’étranger, — c’est tout ce spectacle, amèrement beau, qui a inspiré le poëte ; de la blessure qu’une telle vue lui a causée sont nés à l’instant et, pour ainsi dire, ont ruisselé ses vers. […] Je pardonnerais de grand cœur au poëte de nous ranger, Gaulois ou Germains, parmi les barbares : pourtant n’y aurait-il pas eu plus de vérité à la fois et de pensée progressive ou même inspiratrice à montrer cette main noblement suppliante que l’Italie nous tend, que l’égoïsme de nos gouvernants a lassée jusqu’ici, mais que nous irons étreindre un jour d’une main de frères ?
Soudain le rythme change, il devient plus vif, plus pressant ; il palpite de sollicitude ; on dirait qu’à cette crainte d’un oubli le poète tombe à genoux, et qu’il prie à mains jointes, avec sanglots, pour obtenir des morts un souvenir miséricordieux : Ah ! […] Ils t’ont prié pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les es frappés ; Ils ont crié : Que ta main soit bénie ! […] Dieu même n’est plus là pour lui tendre la main comme à un enfant ; Dieu, c’est le grand tout, c’est le flux et le reflux de vie universelle, c’est l’Océan de l’être.
Conclusion Nous venons de reconnaître toute une tradition comique qui précède immédiatement Molière et qui lui arrive de première main. […] La fameuse scène de la galère, que Molière emprunta à Cyrano de Bergerac, se trouve dessinée déjà dans un des canevas de Flaminio Scala : dans ce canevas intitulé Il Capitano, Pedrolino, afin d’arracher à Pantalon l’argent dont Oratio, fils de Pantalon, a un besoin pressant, vient lui raconter que ce fils est tombé entre les mains des bandits et mis à la rançon de cent écus. […] Les dominant par la forte éducation qu’il avait, comme tous ses contemporains, puisée chez les grands maîtres de l’antiquité, il put se servir de ce qu’il avait sous la main, en restant toujours supérieur.
« Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand. […] Procédé grossier et barbare, diront les académies, mais loyal et le seul que rechercheront toujours les artistes profonds, les vrais connaisseurs, qui savent reconstituer une poésie avec les mots qui l’ont exprimée, comme on imagine l’effet d’ensemble du collier dont on tient les perles défilées dans sa main. […] C’est en vain qu’à toute page de son livre il les a relâchés d’une main habile ou forcés d’un muscle puissant.
quelque nouveau Pilate, prêt à se laver les mains de sa condamnation ? […] Et de ces lieux si tranquilles, Nisus va courir à de nouveaux dangers pour y rejoindre Euryale, tombé dans les mains des assaillants. […] « ………………… Son glaive furieux, « Tourne rapidement dans sa main foudroyante. Pourquoi deux épithètes, l’une au glaive, l’autre à la main ? […] et la fureur ne convient-elle pas mieux à la main ?
Son pied est irréductible, et sa main improbable. […] Que de mains pressées, je suis sûr ! […] Née entre les mains libérales de M. […] Pourtant ce sont ces comédiens bêtes et méchants qui ont tendu la main à M. […] Paris entier devient un bazar où rien ne se dérobe à la main qui veut prendre car il y a longtemps déjà que cette main ne se tend plus.