Mais jusque-là nous avons travaillé pour nous, pensé pour nous, avec nos mots, nos phrases à nous : nous nous sommes parlé une langue sommaire, un jargon inintelligible à tout autre. […] Cette langue personnelle doit se réduire à la langue commune ; nos idées, nos sentiments doivent revêtir dans notre esprit les formes qui les feront reconnaître de tous les esprits.
On attribue communément ce mérite aux Provinciales d’avoir « fixé la langue », et, dans la mesure où l’on peut « fixer les langues », M. […] Derôme y ajoute pourtant une réflexion fine : c’est que les Provinciales ont fixé surtout une certaine langue et donné le modèle d’un art d’écrire qui d’ailleurs aurait pu sensiblement différer de ce qu’il est sous la plume de Pascal, sans pour cela répugner au génie de la langue. […] Mais on voit que c’est là plutôt un point de l’histoire de la langue et de l’esprit français que de celle de Pascal. […] Se rejettera-t-on peut-être sur l’ignorance où le public littéraire aurait alors été de la langue espagnole ? […] Ce qui ne se peut exprimer qu’aux dépens de la clarté du discours, du bon usage de la langue, et de la manière générale de parler, vaut-il vraiment la peine d’être exprime ?
C’est au peuple et au soldat que Béranger avait à parler ; il faut parler à chacun sa langue, si l’on veut être compris, et surtout si l’on veut être répété. […] La chanson était la langue du pays ; tant pis pour le pays sans doute, tant pis surtout pour Béranger ! […] La typographie est le vestibule de la littérature ; elle suppose dans la classe très lettrée qui l’exerce une instruction assez universelle, car elle suppose la connaissance minutieuse de la langue, et la langue est la clef de tout savoir. […] C’est possible ; mais cela ne serait pas une raison d’impuissance dans un homme né pour penser par lui-même et pour écrire dans la langue usuelle de son pays. […] Enfin il y fut initié par les mœurs communes à la langue triviale du peuple dont il goûtait les larmes au fond du verre.
C’était l’excès d’une des plus belles ambitions du temps, le perfectionnement de la langue. […] Quelques-uns sont directs ; la langue seule en appartient à Molière : ce sont les plus rares. […] La langue qu’ils parlent, dans les changements que subit la langue nationale, devient peu à peu savante. […] Quant à la langue de la comédie, qu’est-ce autre chose, dans sa plus grande perfection, que notre langue de tous les jours, quand nous avons le bonheur de parler bien ? […] On fait des vocabulaires de sa langue ; on institue des prix pour le meilleur éloge de son style.
On l’a dit avec raison, une épopée française ne peut sortir que de chants en langue française, ou en langue latine, puisque le français est du latin qui a évolué. […] Ce furent même les Gallo-Romains qui donnèrent à l’épopée sa forme : la langue, cela va sans dire, mais aussi le mètre. […] La forme est sèche et rude, la langue raide et pauvre. […] Littré, Hist. de la langue française, t. […] Je suivrai pour les vers de l’ancienne langue que je traduirai l’excellente règle donnée par M.
La langue de la tragédie, qui déjà paraissait épuisée, se renouvelle sous sa plume. […] Dans Rhadamiste et Zénobie, son principal titre, non seulement de très bons vers nous rendent la langue des maîtres, mais des actes entiers, des caractères vivants nous rappellent leurs créations. […] Il fallait ou céder au charme tout à fait, ou savoir mieux s’en défendre ; et puisque la Harpe regardait aux fautes jusqu’à les compter, il eût pu se montrer meilleur gardien de la langue et de la logique, sans rabaisser cette charmante création. […] Ils ont beau nous faire mille avances, mille agaceries, nous parler la langue de nos préjugés : loin de nous abandonner avec eux, nous les discutons ; nous ne savons pas au juste à qui nous avons affaire. […] Les événements artificiels, les incidents extraordinaires, plaisent à l’imagination des jeunes gens ; les fautes spécieuses, les impropriétés cachées, échappent à leur insuffisante connaissance de la langue.
Ce n’est plus bientôt qu’un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue. » Oui, la théologie chrétienne décrit savamment le mal, pour nous en inspirer l’horreur, pour nous commander le retour laborieux au bien. […] Par la langue et le faire, M. […] Et lorsque, au commencement de ce siècle, l’auteur des Orientales et de Hernani est venu régénérer la langue poétique en lui rendant tout ce qu’elle avait perdu en 1660, le pittoresque, la propriété, le grotesque, on l’a traité de barbare et de topinambou. […] On emprunte les pensées avec le langage ; ou plutôt on se sert d’une langue riche pour déguiser le néant de sa pensée et la nullité de son tempérament. […] On ne pourrait pas dire aujourd’hui quel tort a fait à la littérature, à la langue, combien d’intelligences, de talents a viciés cette préoccupation de plaire à toutes les classes et à tous les âges.
La prose et la poésie se sont partagé sa langue, comme elles se partagent la création. […] II Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale, domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose. Dans toutes les langues, au contraire, l’homme a chanté généralement en vers la nature, le firmament, les dieux, la pitié, l’amour, cette autre pitié des sens et de l’âme, les fables, les prodiges, les héros, les faits ou les aventures imaginaires, les odes, les hymnes, les poëmes enfin, c’est-à-dire tout ce qui est d’un degré ou de cent degrés au-dessus de l’exercice purement usuel et rationnel de la pensée. […] Tout ce qui a sa poésie demande à être exprimé dans une langue supérieure à la langue usuelle, expression des choses ordinaires. […] Toutes ces émotions éparses ou réunies forment pour l’homme la poésie de la mer, elles finissent par donner au contemplateur le vertige de tant d’impressions, qu’il s’assoit sur le rivage élevé des mers, comme dit Homère, et qu’il demeure immobile et muet à regarder et à écouter les flots ; et s’il essaye, en présence d’un tel spectacle, de se parler à lui-même, il cherche involontairement une langue qui lui rappelle la grandeur, la profondeur, la mobilité, le sommeil, le réveil, la colère, le mugissement, la cadence de l’élément dont son âme, à force d’émotions montées de l’abîme à ses sens, contracte un moment l’infini.
C’est faute de discerner ces différentes vérités, qui toutes et qui seules peuvent recevoir de la langue des formes parfaites, qu’on dit de certains modèles de l’art que la forme en est excellente, mais que le fond n’en est pas vrai. […] Le rapport des mots aux choses y est exact, le tour en est conforme au génie de notre langue ; et pourtant cette pensée nous laisse des doutes. […] C’est peut-être la langue de l’école ; la langue durable est autre chose. Il y a un moyen excellent de s’assurer si une pensée est écrite dans la langue durable : c’est si l’on s’en souvient. […] Vainement la grammaire approuve-t-elle la langue de ces choses-là ; elles ne sont pas seulement mal écrites, elles ne sont pas écrites du tout.
Cette poésie de sensation et de hasard a eu sa gloire pleine en ce siècle — et en d’autres âges et d’autres langues elle ne se délivra pas de cette étreinte primitive, si nous mettons à part le poète latin Lucrèce. […] Paul Verlaine en ses derniers volumes d’où même s’est envolé tout l’art musicien et léger d’autrefois et qui pourraient être de n’importe qui), ce sont encore de nuageuses spéculations de mysticisme lilial — en une langue apâlie et murmurante, plutôt Lamartinienne : et c’est M. […] dominera : et de même elle sera, synthétiquement savante et philosophique expérimentalement en une langue ailleurs inouïe, ou elle n’a plus droit d’exister. […] Pour l’expression de cette œuvre une langue adéquate était demandée, de mouvement mathématique, susceptible de varier infiniment le rythme, concurremment avec l’idée. Ce n’était que scientifiquement que pouvait s’établir une sûreté pareille — et en recherchant quel est le sens intime et directeur de tout idiôme, mais ici particulièrement de notre langue.
Les catalans d’aujourd’hui descendent des gots et d’autres peuples étrangers qui apporterent en Catalogne, quand ils vinrent s’y établir, des langues et des moeurs differentes de celles du peuple qui l’habitoit au temps des Scipions. Il est vrai que ces peuples étrangers ont aboli l’ancienne langue. Elle a fait place à une langue composée des idiomes divers qu’ils parloient. […] L’artifice d’Agricola réussit, et les bretons qui dédaignoient de sçavoir parler latin, voulurent se rendre capables de haranguer en cette langue. […] Les macedoniens établis en Syrie et en égypte y devinrent au bout de quelques années des syriens et des égyptiens, et dégenerant de leurs ancêtres, ils n’en conserverent que la langue et les étendarts.
A force d’agir sur la langue, à ne voir que ses lignes, ses contours, le brisement ou l’assouplissement de son mètre, la plénitude de ses échos, Banville n’est plus qu’un artiste qui joue d’un instrument quelconque. Il taille, sculpte, creuse, évide la langue comme un ouvrier qui taillerait, sculpterait, creuserait, éviderait la pierre jusqu’à la trouer, et dont le ciseau acharné finirait par sculpter l’air ! […] Il en a les qualités les plus brillantes : l’amour de l’image, du rhythme, de la langue, qu’il aime un peu comme une courtisane amoureuse et… stérile. […] Il n’en est rien, d’ailleurs, et voici un reproche qui affectera plus Banville que tous ceux que jusqu’ici nous lui avons adressés… Quand on n’a rien « sous la mamelle gauche », — comme disait Diderot, un matérialiste, mais qui n’avait pas la conception de la poésie de Banville, — quand on ne pense qu’à la langue et qu’on ne se préoccupe, avec passion, que de la rime, on ne laisse pas subsister des vers comme ceux-ci dans l’écusson de ses œuvres complètes, et il y en a beaucoup de pareils : Comment dire ton nom, ton nom, géant Homère ! […] Les amis et les admirateurs de Banville (car il y en a), les puritains passionnés du style pour le style, les haïsseurs de la cheville, les sacrificateurs à la rime sévère, tous les hommes qui aiment la langue comme un beau vase, dût-on ne mettre rien dedans, trouveront ici leur théorie de la forme et du travail volontaire un peu compromise.
Mais, à une époque si avancée de la civilisation, les esprits, même du vulgaire, sont trop détachés des sens, trop spiritualisés par les nombreuses abstractions de nos langues, par l’art de l’écriture, par l’habitude du calcul, pour que nous puissions nous former cette image prodigieuse de la nature passionnée ; nous disons bien ce mot de la bouche, mais nous n’avons rien dans l’esprit. […] Ces signes étaient, si je l’ose dire, des paroles réelles, et la nature entière était la langue de Jupiter. Toutes les nations païennes crurent posséder cette langue dans la divination, laquelle fut appelée par les Grecs théologie, c’est-à-dire, science du langage des dieux. […] Éclairée par les preuves que lui fournit la théologie civile, elle éclaire elle-même avec celles qui lui sont propres, les preuves que la philologie tire de l’histoire et des langues ; trois sortes de preuves qui ont été énumérées dans le chapitre de la méthode. […] Loin de fonder un droit commun à ses descendants et à ceux de Cham et de Japhet, on pourrait dire plutôt qu’il fonda un droit exclusif, qui fit plus tard distinguer les Juifs des Gentils… « Pufendorf, en jetant l’homme dans le monde sans secours de la Providence, hasarde une hypothèse digne d’Épicure, ou plutôt de Hobbes… « Écartant ainsi la Providence, ils ne pouvaient découvrir les sources de tout ce qui a rapport à l’économie du droit naturel des gens, ni celles des religions, des langues et des lois, ni celles de la paix et de la guerre, des traités, etc.
Le Dante & Pétrarque n’ont pas tiré de la langue Italienne autant de ressources & de charmes. […] Elle fut traduite dans toutes les langues de l’Europe. […] Ils ont été rendus trop heureusement dans notre langue, pour qu’on ose revenir sur cet endroit.
La langue de M. […] Il y en a de toutes les nations et de toutes les langues, anglais, espagnols, allemands, italiens, provençaux, etc. […] La langue de M. […] L’excellent dictionnaire étymologique de la langue française par M. […] À son avis, le mot vient du grec laryngos, génitif de larynx, qui signifie gosier dans cette langue.
Combien la matière ne résiste-t-elle pas plus à l’ouvrier que la langue ! […] Phidias en est le révélateur, et notre poète Ronchaud en est le traducteur en langue vulgaire, mais en langue idéale : il fallait un poète pour traduire ainsi Phidias ! […] Supposez Démosthène parlant sa langue brûlante, sonore, colorée, à une réunion populaire de nos cités actuelles : qui la comprendrait ? […] Tous les Athéniens comprenaient Démosthène, savaient leur langue, jugeaient leur législation et leurs arts. […] ils meurent, mais ils ont prouvé à l’homme ce que peut être l’homme ; et Dieu les rappelle à lui pour le célébrer ailleurs dans une langue plus puissante encore !
La langue redevient matérielle, sensible, pittoresque. […] L’œuvre commune des poètes romantiques fut de recréer la langue, instrument littéraire, et le vers, instrument poétique. […] Réforme de la langue et du vers. […] Dans la double transformation de la langue et du vers, que je viens de décrire sommairement, tous les romantiques n’ont pas eu un rôle égal. […] Ni dans la langue, ni dans le vers, ni dans les thèmes, il n’y avait là rien de bien nouveau.
La Langue, la bonne langue française, est devenue, dans les bouches contemporaines, un jargon sans presque plus rien du génie originel ; c’est, peu s’en faut, parler une langue morte que parler purement et les gens disent : ennuyeusement. […] Leur langue n’est pas littéraire : incorrecte, impropre, impersonnelle, pesante, banale, c’est la langue des journaux. […] Tout écrivain, aujourd’hui, plus ou moins, fait sa langue. […] L’écrivain a tous les droits pourvu que sa langue particulière soit soumise au génie général de la langue et au génie aussi des langues mortes qui l’ont faite74. La langue de M. de Goncourt a ces deux qualités
Girac, écrivain de la moyenne classe, versé dans les langues, dans l’histoire & dans la connoissance de l’antiquité, eut le jugement assez droit pour sentir qu’on prenoit le change, qu’on s’égaroit sur le goût. […] Girac prit vîte la plume ; &, pour avoir plus de lecteurs, il abandonna la langue. […] Costar lui tient les propos les plus offensans & les plus ridicules, ne lui parle que « de l’accabler à coups de langue & de plume, de faire revenir l’usage de cet ancien tems, où de jeunes Romains de condition se promenoient par les rues tout le long du jour, cachant sous leurs robes de longs fouets pour châtier l’insolence de ceux qui n’approuvoient pas le poëte Lucilius, s’ils étoient assez malheureux que de se rencontrer en leur chemin ».
C’est une recherche agaçante de l’esprit, c’est un dialogue, dont la langue parlée est faite avec des phrases de livre, c’est un caquetage amoureux d’une fausseté insupportable, insupportable. […] nous les romanciers, les ouvriers du genre littéraire triomphant au xixe siècle, nous renoncerions à ce qui a été la marque de fabrique de tous les vrais écrivains de tous les temps et de tous les pays, nous perdrions l’ambition d’avoir une langue rendant nos idées, nos sensations, nos figurations des hommes et des choses, d’une façon distincte de celui-ci ou de celui-là, une langue personnelle, une langue portant notre signature, et nous descendrions à parler le langage omnibus des faits divers ! […] Puis toujours, toujours, ce romancier écrira en vue de ceux qui ont le goût le plus précieux, le plus raffiné de la prose française, et de la prose française de l’heure actuelle, et toujours il s’appliquera à mettre dans ce qu’il écrit cet indéfinissable exquis et charmeur, que la plus intelligente traduction ne peut jamais faire passer dans une autre langue. […] Joubert, l’auteur des Pensées, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage 17. […] La langue française, d’après le dictionnaire de l’Académie, est peut-être, de toutes les langues des peuples civilisés du monde, la langue possédant le plus petit nombre de mots.
Les vers blancs n’offrant que très peu de difficultés, les Anglais ont réservé pour la poésie tout ce qui tient à l’imagination ; ils considèrent la prose comme la langue de la logique, et le seul objet de leur style est de faire comprendre les raisonnements, et non d’intéresser par des expressions. La langue anglaise n’a pas encore acquis peut-être le degré de perfection dont elle est susceptible. Ayant plus souvent servi aux affaires qu’à la littérature, elle manque encore d’un très grand nombre de nuances ; et il faut beaucoup plus de finesse et de correction dans une langue pour bien écrire en prose que pour bien écrire en vers. […] La langue de la prose étant beaucoup plus perfectionnée chez les Français, ce que nous avons eu, ce que nous pourrions avoir d’hommes vraiment éloquents, remuerait plus fortement les passions humaines ; ils sauraient réunir dans un même discours plus de talents divers.
Le style et l’éloquence de Calvin Je ne me serais pas arrêté si longtemps sur Calvin, si l’Institution française n’était un chef-d’œuvre, le premier chef-d’œuvre de pure philosophie religieuse et morale à quoi notre langue vulgaire ait suffi. […] Dans cette langue dont il était plus maître que de son parler natal, Calvin donna à sa pensée toute son ampleur et toute sa force, et quand ensuite il la voulut forcer à revêtir la forme de notre pauvre et sec idiome, elle y porta une partie des qualités artistiques de la belle langue romaine. […] Outre que l’activité de la prédication protestante (on possède plus de 2000 sermons de Calvin pour une période de onze ans) a contribué sans nul doute à assouplir la langue, cette prédication est un des anneaux qui relient François de Sales et l’éloquence du xviie siècle aux sermonnaires du xve siècle.
A-t-il donné à la littérature, ou à la langue, quelque caractère nouveau ? […] Car le sublime, qui tombe toujours sur la grandeur de l’idée, se soutient de lui-même, indépendamment de la diction, dans quelque langue que ce soit. […] Tant d’exemples du sublime cité partout, remarquables principalement par ce naturel qui les caractérise, & cette facilité qu’on trouve à les traduire dans toutes les langues, sont une preuve que la sublimité des pensées peut aller sans celle de l’expression. […] Rollin en avoit soixante passés, quand il écrivit dans notre langue ; & ce qu’il y a de plus extraordinaire encore, c’est l’enthousiasme avec lequel ses livres furent reçus du public.
Sans doute, tu lui dis… Ce « sans doute tu lui dis » est Augier tout entier dans un seul mot et donne, sans plus nous faire attendre, une idée de son tour poétique et des ressources de la langue qu’il parle. Il faut bien le dire : cette langue n’a ni invention, ni vie, ni formes nouvelles. Quand on est d’un temps où une école sans idées, mais non pas sans talent, a voulu faire entrer toute la poésie dans l’expression et est arrivée à produire, dans le maniement de la langue, d’incontestables beautés de détail, il n’est pas permis, quand on est soi-même sans idées, d’écrire des vers aussi dénués d’organisme et de correction forte que l’auteur des Poésies complètes. […] Son livre doit être signalé d’autant plus aux jugements de la Critique, qu’il est d’un bon exemple qu’on sache, au moment où Augier vient d’être nommé à l’Académie, ce que la langue française doit à un pareil poète.
Son petit Dictionnaire de la Fable, celui de la Bible, le Vocabulaire universel, l’Introduction à la Langue Latine & à la Langue Grecque, sont autant de productions de M.
Ses prescriptions ne touchent qu’aux genres et aux soins de la langue. […] Vient ensuite, sous la garde d’un sévère censeur, la langue presque autant comme un épouvantail que comme une aide. […] Les exemples manquent-ils donc, soit d’ignorants chez qui la propriété est de génie, soit d’ouvrages de puristes où la langue bronche à chaque instant ? […] La tradition vint ensuite cultiver ses instincts, et les maîtres divins de l’antiquité grecque et latine le reçurent des bras de sa mère, l’oreille déjà accoutumée à leur langue sonore, l’esprit ouvert à leurs doux enseignements. […] Encore le sont-ils si peu que, sauf quelques passages charmants où ils sont naturels par le goût, je ne vois de rustique dans leurs poésies que l’archaïsme de leur langue.
Sans doute ceux-là répondraient non qui parleraient une langue où clair se dirait noir et où noir se dirait clair. […] je commencerai par vous demander, s’il y a lieu, de préciser les conventions, par vous demander, en d’autres termes, quelle langue vous avez parlé ; puis une fois fixé sur ce point, j’interrogerai mes sens et je répondrai, oui ou non. […] Il va regarder le fil pour tâcher d’y voir passer quelque chose ; mais si je pose la même question à mon aide qui comprend ma langue, il saura que cela veut dire : le spot se déplace-t-il ! […] Il y a la même différence qu’entre l’énoncé d’un même fait brut dans la langue française et dans la langue allemande. […] Les Français et les Allemands finiraient certainement par s’entendre, comme les Indiens d’Amérique ont fini par comprendre la langue de leurs vainqueurs après l’arrivée des Espagnols.
La langue, soumise à cette épuration, gagne assurément en finesse et en décence. […] Elle mérite de devenir dans l’Europe entière la langue des cours, des salons, de la diplomatie. […] La langue s’épure, mais elle s’appauvrit. […] Ils empêchèrent ainsi que la large saignée pratiquée sur la langue française ne fût irrémédiable. […] § 2. — Mais c’est assez parler de la langue et du style.
Son pere avoit ouvert les trésors de la Langue Latine, celui-ci se chargea de répandre ceux de la Langue Grecque.