Malgré tout, ce ne serait pas une raison suffisante pour moi de m’immiscer à ces choses de théâtre et de venir empiéter sur un domaine qui n’est pas le mien, si je ne me trouvais informé de certains documents nouveaux, de pièces originales, relatives à l’affaire de l’empoisonnement, et aussi de quelques lettres inédites qui font honneur à cette personne remarquable par l’esprit et la droiture comme par le talent. […] « C’est une mode établie de dîner ou de souper avec moi, écrivait-elle, parce qu’il a plu à quelques duchesses de me faire cet honneur. » Cet honneur avait bien ses charges et entraînait des sujétions, elle nous l’avoue : Si ma pauvre santé, qui est faible, comme vous savez, me fait refuser ou manquer à une partie de dames que je n’aurais jamais vues, qui ne se souviennent de moi que par curiosité, ou, si j’ose le dire, par air (car il en entre dans tout) : « Vraiment, dit l’une, elle fait la merveilleuse ! […] Celle-ci a laissé de Fontenelle un portrait charmant qui la peint pour le moins autant elle-même que le philosophe qu’elle savait si bien apprécier : Les personnes ignorées, écrit Mlle Le Couvreur, font trop peu d’honneur à celles dont elles parlent, pour oser mettre au grand jour ce que je pense de M. de Fontenelle ; mais je ne puis me refuser en secret le plaisir de le peindre ici tel qu’il me paraît.
Issu d’une race illustre, il en savait le prix, il voulait en soutenir l’honneur ; mais il lui était difficile pourtant de ne pas rire des prétentions généalogiques poussées trop loin. […] C’est ainsi qu’en tenant bon pour l’honneur il coupait court aux velléités chimériques. […] Comme lui-même, dans sa première jeunesse, il n’était pas dirigé, il se trompa plus d’une fois sur les objets de son émulation, et se prit au faux honneur. […] Il fait les honneurs de sa propre personne pour l’enhardir et pour mieux l’attirer jusqu’à lui.
Le jeune Bazin conçut de bonne heure l’aversion du régime qu’il voyait finir ; il était encore au collège, qu’il se permit un jour, m’assure-t-on, quelque espièglerie poétique qui courut, quelque Napoléone au petit pied, qui eut l’honneur d’inquiéter la police impériale. […] Voulant en venir à publier son propre discours qui a obtenu le prix, il commence par en railler les circonstances, par montrer ce prix en l’honneur de Malesherbes proposé sous la monarchie légitime et décerné sous la dynastie de Juillet, non sans avoir été quelque peu modifié dans ses conditions et dans son programme. […] Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ». […] Un ministre de ses amis l’obligea de recevoir la croix d’honneur, et le persuada même de la lui demander selon l’usage.
Il sortait d’une de ces vieilles familles provinciales qui avaient servi à la fois avec honneur dans les parlements et dans les armées. […] Mais il donna bientôt sa démission de cette dernière place, et il crut de son honneur d’émigrer. […] Alors, quantité de définitions et de sentences d’or apparaissent : par exemple, cette définition de l’homme, que d’autres avant lui avaient trouvée, mais qu’il a réinventée et mise en honneur de nouveau : « L’homme est une intelligence servie par des organes. » Voici quelques-unes encore de ces belles pensées, et qui sentent le moderne Pythagore : En morale, toute doctrine moderne, et qui n’est pas aussi ancienne que l’homme, est une erreur. […] Et au dos on lit, de la main de Sieyès : « C’est M. de Bonald, auteur de trois volumes sur la Théorie du pouvoir politique…, qui me fit parvenir son ouvrage par la voie du citoyen Barthélemy, ambassadeur en Suisse, avec ce singulier billet. » Évidemment, M. de Bonald espérait par là tenter ou piquer d’honneur le métaphysicien politique adversaire ; mais Sieyès ne donna pas dans cette séduction ou dans cette chevalerie d’un nouveau genre.
Un érudit qui se fait honneur de se proclamer de ses élèves, mais qui l’est avec indépendance, M. […] Enfin, en 1816, par la publication de son premier volume sur les troubadours, il prit date et position avant tout autre, avant Fauriel, avant Guillaume de Schlegel, qui auraient pu le devancer ; il planta son drapeau à temps pour que tout l’honneur lui revînt et suivît le labeur. […] Il n’avait, au lieu de cela, qu’à dire, ce qui est très vrai, que le grand maître avait eu la faiblesse de faire des aveux, soit par crainte, soit par l’espoir de sauver son ordre, et nous le représenter ensuite rendu au sentiment de l’honneur, par un retour heureux de courage et de vertu, et rétractant ses premiers aveux à l’aspect même du bûcher qui l’attend. […] [NdA] On a essayé depuis de faire honneur à Raynouard d’un trait de son discours académique : parlant d’un Émilius Scaurus qui, dans une tragédie d’Atrée, avait imité quelques vers d’Euripide où les délateurs aperçurent et dénoncèrent quelque allusion politique, le récipiendaire disait : « Scaurus reçut l’ordre de mourir, et s’y soumit avec courage : Tibère régnait. » M. de Féletz, dans le compte rendu de la séance, se plaisait à remarquer que ce mot prononcé par Raynouard d’une voix forte avait été couvert d’applaudissements : « Le trait était hardi en 1807 », ajoute-t-il en note.
Insistant sur les ressorts inexpliqués du cœur humain, sur ces mobiles d’amour-propre et d’honneur ou même de vanité, que l’orgueil de la raison s’attacha à détruire, mais que les hommes d’État savent créer et faire mouvoir, il les montrait en action sous Louis XIV, et regrettait que le temps fût passé où le grand roi, pour récompenser les services d’un maréchal de Villars, n’avait qu’à lui permettre simplement de paraître à son lever demi-heure avant les autres. […] Il lui a encore été reproché d’avoir, sous l’Empire, payé tribut à la puissance par deux morceaux en vers qu’on peut lire insérés dans le Recueil des poésies impériales et royales en l’honneur du roi de Rome (1812). […] Michaud commençait de publier son travail ; l’honneur en appartient à M. […] Michaud revient cet autre honneur solide d’avoir eu, le premier chez nous, l’instinct du document original en histoire, d’en avoir de plus en plus apprécié l’importance en écrivant, d’avoir eu l’idée de l’enquête historique au complet, faite sur des pièces non seulement nationales, mais contradictoires et de source étrangère.
Il s’étonne quelque part que Voltaire ait si mal parlé d’Homère dans un chapitre de son Essai sur les mœurs, où tous les honneurs de l’épopée sont décernés aux modernes : « Si cet arrêt, dit Grimm, eût été prononcé par M. de Fontenelle, on n’en parlerait point ; il aurait été sans conséquence : mais que ce soit M. de Voltaire qui porte ce jugement, c’est une chose réellement inconcevable. » Et il donne ses raisons victorieuses tout à l’avantage de l’antique poète. […] De là sa passion pour elle, qui n’a rien de plus étonnant que celle que nous avons vue à certains dilettanti de nos jours pour les Sontag et les Malibran, et cette passion fait honneur à Grimm, au lieu de le rendre ridicule, comme on s’est amusé à nous le présenter. […] Un des convives insista, les propos s’animèrent, et Grimm impatienté répliqua : « Il faut avoir bien peu d’honneur pour avoir besoin de déshonorer les autres si vite. » Il s’ensuivit un duel ; les deux adversaires furent blessés. […] Grimm (disons-le à son honneur) n’était pas aussi insensible qu’on le supposerait à ce désaccord entre les mœurs et les préceptes, et il en souffrait : Une des choses, ma tendre amie, écrivait-il, qui vous rendent le plus chère à mes yeux, est la sévérité et la circonspection sur vous-même que vous avez surtout en présence de vos enfants… Les enfants sont bien pénétrants !
Buffon n’a rien écrit ni rien lu depuis ce moment, et ce fut l’honneur du livre de M. […] Courez-vous après les honneurs, après la gloire, après la reconnaissance, partout il y a des erreurs, partout il y a des mécomptes… Si vous laissez votre vaisseau dans le port, les succès des autres vous éblouissent ; si vous le mettez en pleine mer, il est battu par les vents et par la tempête : l’activité, l’inaction, l’ardeur et l’indifférence, tout a ses peines ou ses déplaisirs… Rien n’est parfait que pour un moment… Tout ce motif est développé avec bonheur, et vraiment comme l’eût fait un Bourdaloue. […] Il était fait, dans l’ordre habituel et régulier d’un régime représentatif, pour figurer avec honneur dans les discussions, et peut-être de temps en temps dans les ministères, pour faire surtout ce rôle d’honnête homme en titre et d’Ariste qu’il faut que quelqu’un remplisse dans cette grande distribution des emplois, pour intervenir dans les grands cas au nom de la morale et de la vertu solennelle, pour ignorer les intrigues de ses amis, pour les servir peut-être, et à son insu toujours. […] Le fameux Necker, qui était dans cette ville, brigua l’honneur d’être présenté au Premier consul de la République française : il s’entretint une heure avec lui, parla beaucoup du crédit public, de la moralité nécessaire à un ministre des Finances ; il laissa percer dans tout son discours le désir et l’espoir d’arriver à la direction des finances de la France, et il ne connaissait pas même de quelle manière on faisait le service avec des obligations du Trésor.
Le comte de Provence a dit d’ailleurs, sur Marius à Minturnes, un mot juste : « La pièce est d’un genre trop austère. » Ces trois actes représentés le 19 mai 1794, sans un rôle de femme, sans trop de déclamation, et avec les touches nues de l’histoire, font honneur à la simplicité sensée du jeune poète ; il y résonne comme un mâle écho de Lucain et de Corneille : mais l’action s’y dessine à peine ; l’émotion manque, le pathétique fait défaut. […] Arnault, et c’est un honneur pour ce dernier60. […] Pour moi, qui n’ai pas eu l’honneur de connaître personnellement M. […] » — Un jour, au coin d’une rue, heurté par un cavalier maladroit, Arnault se retourne et parle haut ; une altercation s’ensuit ; les passants regardent, et le cavalier, se piquant d’honneur, lui dit en lui présentant sa carte : « Au reste, voilà mon adresse. » — « Votre adresse, reprend Arnault, gardez-la pour conduire votre cheval. » Et chacun de rire.
Messieurs les étudiants et chers camarades, Je n’attendais pas le grand honneur qu’il vous a plu de me faire. […] Et puis j’ai relu les allocutions des hommes illustres qui m’ont précédé sur cette chaise d’honneur, et que pourrais-je bien vous dire après eux ?
Un tel renversement de toutes les Loix n’a pu qu’indigner les honnêtes gens, & ceux même des Sectateurs de l’incrédulité, qui ont conservé quelques sentimens d’honneur & de bonne foi. […] De là, plus de sincérité dans les sentimens, plus de liens dans les familles, plus de sûreté dans le commerce, plus d’amour pour la Patrie, plus d’équité, plus d’honneur.
La plupart des Grands, sans en excepter les Princes, semblables à ces arbres nés dans le silence, & accrus à l’ombre des forêts, vivent & meurent sans que leur existence & leur chute fassent une sensation & un vide dans le monde : il n’en est pas de même de l’homme qui a su se rendre utile par ses lumieres ou ses talens ; il est connu par-tout où ses Ouvrages pénetrent ; & plus ou moins honoré de ses Contemporains, selon qu’il s’est montré plus ou moins supérieur dans le genre qu’il a embrassé, il peut se flatter d’exister encore avec honneur dans la mémoire des générations futures. […] Je déteste un traité dogmatique Qui m’avilit, qui m’ôte tout espoir, Et qui sur-tout veut me faire entrevoir Que la vertu, l’honneur sont des chimeres, Fantômes vains, foiblesses de nos peres, Liens adroits, dont la Société A par degrés connu l’utilité.
Parmi les artisans illustres qui font tant d’honneur aux deux derniers siecles, le seul Raphaël, autant qu’il m’en souvient, fut le fils d’un peintre. […] Tous les grands poëtes françois, qui font l’honneur du siecle de Louis XIV étoient éloignez par leur naissance et par leur éducation, de faire leur profession de la poësie.
Pour ce qui le concerne, il n’est point de mauvais pas dont il ne se tire à son honneur. […] Qu’il figure dans les contes ou dans les fables, c’est toujours à son honneur, différent en cela de l’hyène, dont le rôle est beaucoup plus relevé dans les contes que dans les fables où son sort constant est celui de la dupe.
pour l’honneur de l’esprit français ? […] Or, ce qui est arrivé à un ouvrage qui ne soulevait rien moins que l’épouvantable question de l’honneur ou de l’infamie de Notre Seigneur-Jésus-Christ, — car la Vie de Jésus, par Renan, pose cette question sacrilège, — devait arriver encore plus vite, n’est-il pas vrai ?
Chacun (et, ne vous en déplaise, ce sont les plus illustres entre les écrivains de notre temps) a mis son honneur à s’embarquer avec quelqu’une ou avec quelques-unes. […] Après une infinité de conjectures que ces messieurs hasardèrent, leur soupçon s’arrêta principalement sur M. le duc de Nevers, qu’ils avaient vu à la représentation ; car pour Pradon, franchement ils ne lui firent pas l’honneur de le croire capable d’une critique si maligne et si ingénieuse. […] Pradon lui-même, que l’on en soupçonnait aussi, n’était peut-être pas fâché d’un soupçon qui lui faisait honneur. […] L’honneur du duc de Nivernais, son originalité mémorable sera dans cette fin, dans la manière unique et douce dont il supporta la ruine, la prison et le complet dépouillement. […] Si l’on publie un jour les dépêches du duc de Nivernais durant cette mission laborieuse et délicate, je ne doute pas qu’elles ne fassent beaucoup d’honneur et à son bon esprit et à son patriotisme.
Dieu soit loué de tout cependant, puisqu’il me fait cet honneur de mourir pour lui et son Église ! […] Ces lots, elle les plaça dans autant de bourses pour le lendemain. » Elle demanda ensuite de l’eau ; elle se fit laver les pieds par ses filles d’honneur. […] Vous ordonnerez, s’il vous plaist, que, pour mon âme, je soys payée de partie de ce que me debvez, et qu’en l’honneur de Jésus-Christ, lequel je prieray demain, à ma mort, pour vous, me soyt laissé de quoy fonder un obit et faire les aumosnes requises. […] Il était tellement illuminé d’un ravissement doux, tellement baigné de la grâce de Dieu, qu’il « semblait rire aux anges. » Élisabeth Curle, une de ses filles d’honneur, raconte que la reine dormit et pria ; elle pria plus qu’elle ne dormit, à la lueur d’une petite lampe d’argent que Henri II lui avait donnée, et qu’elle avait gardée dans toutes ses fortunes. […] » « Les filles d’honneur de la reine et ses serviteurs l’ensevelirent et réclamèrent son corps pour le transporter en France.
Il est bien Français avant d’être catholique, et il n’a pas l’air de se douter qu’être catholique, dans cette monarchie fondée par les Évêques, — a dit Gibbon, mais qui s’est arrêté là, et qui n’a pas dit que tous ces Évêques étaient des Saints, — c’est encore la meilleure manière d’être Français et la meilleure raison pour l’être… Homme moderne, — mais plus élevé et plus étendu que l’esprit moderne, puisqu’il se croise, dans son livre, en l’honneur de l’unité de pouvoir si haïe de l’esprit moderne, qui ne veut que des pouvoirs multiples et des gouvernements qui ressemblent à des peuples, — l’auteur des Ducs de Guise, qui sait assez d’histoire pour ne jamais séparer la Royauté de la France, — l’ennemi de la Féodalité, mais, pour les mêmes raisons, l’ennemi de la Démocratie, parce que, ici ou là, c’est le pouvoir multiple, éparpillé, croulant en anarchie toujours, — l’auteur des Ducs de Guise croit justement que cette unité de pouvoir à conserver, ou à refaire quand elle a été défaite, fut la gloire de tout ce qui fut grand et sera la gloire de tout ce qui doit le redevenir dans notre histoire, mais il ne croit pas que cette gloire ne soit que la seconde. […] Et on n’était pas moins Français, quand on était catholique, pour s’appuyer sur l’Espagne, qu’on ne l’était, quand on était protestant, pour s’appuyer sur l’Angleterre… Mais c’est la vérité, pourtant, — et mon catholicisme est assez ferme pour en convenir, — qu’ils ne sont pas si grands dans cette histoire qu’on aurait pu s’y attendre et que l’opinion catholique trop reconnaissante les avait faits, ces Guise, qui ont mêlé aux intérêts éternels qu’ils eurent l’honneur de représenter leurs passions, leurs ressentiments et leurs vices, — passions, ressentiments et vices d’un temps terrible où chacun, même les femmes, avait sur les mains du sang de quelqu’un. […] — qui puisse faire comprendre qu’il ait toute sa vie voulu la même chose : la gloire de Dieu, son triomphe, son règne, et qu’il ait vengé son honneur — l’honneur de Dieu outragé ! […] Il n’y avait plus que cela qui vécût, pour l’honneur de l’âme humaine pervertie ! […] Mais quand la malheureuse campagne du duc de Brunswick se termina si vite dans les boues de la Champagne, eux retombèrent dans leur égoïsme inactif et leurs éternelles et envieuses convoitises, — autre espèce de boue, dans laquelle l’honneur de leurs royautés s’enlisa.
. — Général, j’ai l’honneur de vous saluer. […] Pour se faire honneur, pour faire son chemin, sa fortune ; eh bien ! […] Mais, pour jouir de tout cela, il faut éviter les dangers inutiles, et les dangers sans gloire ; car, après tout, pourquoi veut-on se faire honneur, faire son chemin, sa fortune ?
On peut sans témérité en faire remonter l’honneur jusqu’au président Jeannin, qui était près de Mayenne le génie du bon conseil. […] Dès les premières séances, il fut dégoûté des brigues et des partialités dont l’assemblée, dit-il, était déjà remplie, « lesquelles étaient ordinairement accompagnées de reproches, aigreurs et violences insupportables à un esprit nourri au Conseil de nos rois, comme j’ai eu l’honneur d’être ». […] Le président était sincèrement affectionné au duc de Mayenne, à qui cette amitié fait honneur, et il fut du petit nombre de ceux qui lui dirent : « Vous avez tort, mais je vous suivrai jusqu’au bout. » Jeannin servit donc Mayenne jusqu’à la dernière extrémité et osa être un vaincu.
Royer-Collard l’a mis en honneur, mais que je n’ai jamais vu pratiquer aussi sincèrement et aussi en conscience que par M. de Sacy. […] Je ne défendrai pas La Rochefoucauld ; il n’est pas de ceux qu’on mette son amour-propre à défendre et qu’il y ait honneur à épouser. […] Voilà une indisposition à la Despréaux, qui lui fait honneur, et qui prouve sinon la force de ses nerfs, du moins la santé de son esprit.
Il avait, d’ailleurs, des amours publiques avec des femmes de la Cour, et il finit par entretenir une liaison affichée avec une des frailes ou dames d’honneur (Élisabeth Woronzoff), qui prit sur lui un empire absolu, et qui le poussait au divorce dès qu’il serait le maître. […] Un jour qu’il était allé avec un de ses amis, le comte de Horn, faire une visite au grand-duc à sa maison d’Oranienbaum, le grand-duc, qui avait la noce d’un de ses chasseurs en tête et qui voulait y aller boire, les planta là, et la grande-duchesse dut leur faire les honneurs de la maison : « Après le dîner, je menai la compagnie qui m’était restée, et qui n’était pas fort nombreuse, voir les appartements intérieurs du grand-duc et de moi. […] Il est constant néanmoins, à lire ce que nous avons sous les yeux que, dans, sa fermeté de pensée, Catherine avait prévu le cas extrême où elle aurait été prise au mot pour sa demande de renvoi, et elle exprime en cette circonstance les dispositions de son âme en des pages admirables et qui font le plus grand honneur en elle au philosophe et au moraliste : c’est là un autre portrait d’elle et qui, pour être tout intérieur, ne paraîtra pas moins digne d’être mis à côté et en regard de tous ceux que l’on possède déjà, soit du portrait de la grande-duchesse que nous avons découpé précédemment, soit de ceux de l’Impératrice que l’on doit à la plume des Rulhière, des prince de Ligne et des Ségur.
Lacordaire, et, mieux que le bruit, le talent qui s’est déployé en son honneur, ont réveillé mes propres souvenirs. […] Honneur à elle, et à tous ces braves et nets esprits que les dogmes scolastico-religieux et la lettre des textes n’ont point arrêtés dans l’examen de la nature, dans l’inspection du ciel, dans la découverte de ses lois ! honneur à tous ceux que les préjugés d’hier n’ont pas arrêtés davantage et n’arrêtent pas chaque jour dans l’interprétation des fouilles terrestres profondes, dans la perscrutation intime et atomistique de la vie, ou dans l’exploration ascendante et le déchiffrement graduel des vieux âges !
Quand elle entre dans une vie, elle s’y enfonce et s’y dérobe : c’est son charme, son secret et son honneur. […] Ce fut certainement un de ses principaux titres aux yeux du Premier Consul, le jour où il eut l’honneur d’être choisi par lui pour la première magistrature municipale de l’Empire, que d’avoir été l’exécuteur testamentaire de Mirabeau. […] L’élection fut cassée, et on dut recommencer le scrutin : dans l’intervalle, Frochot avait atteint ses trente ans, et cet humble honneur, dû à la confiance populaire, combla pour un temps les désirs de ce cœur honnête qui était volontiers crédule au bien.
La vraie liberté consiste à ne dépendre que de ses devoirs, à jouir des droits d’homme & de citoyen, & à rejetter avec courage les Loix capricieuses de ces esprits minutieux & despotiques, qui feroient à un citoyen l’outrage de penser que les Loix de l’honneur ne suffisent pas(a). […] A ce mot je vois frémir les ames foibles qui redoutent la vie ; ames infortunées qui n’existent plus dès que les molles voluptés les abandonnent ; tristes victimes de leur lâcheté, dévouées à la crainte & nées pour l’impuissance ; sans doute elle ne sont point faites pour connoître ce courage mâle qui émousse la pointe de l’infortune, résiste aux revers, triomphe des evénemens, & met au rang des plus précieux trésors l’indépendance & l’honneur. […] Ceci regarde les Orientaux, Peuples soumis à la volonté arbitraire d’un seul homme, & qui d’après l’expérience n’ont jamais excellé dans les Arts qui font l’honneur de l’humanité.
Avoir un fauteuil d’honneur au premier rang était la récompense d’une haute piété, ou le privilège de la richesse qu’on enviait le plus 394. […] Dangereux compatriote, Jésus a été fatal au pays qui eut le redoutable honneur de le porter. […] À Césarée, il vit la célèbre grotte du Panium, où l’on plaçait la source du Jourdain, et que la croyance populaire entourait d’étranges légendes 413 ; il put admirer le temple de marbre qu’Hérode fit élever près de là en l’honneur d’Auguste 414 ; il s’arrêta probablement devant les nombreuses statues votives à Pan, aux Nymphes, à l’Écho de la grotte, que la piété entassait déjà en ce bel endroit 415.
De violents reproches entrecoupés d’accents émus, de cris de nature, dans cette cruelle scène, feraient plus d’honneur à Jacques Vignot que son imperturbable sang-froid. […] C’est un portrait excellent, nuancé dans le relief, touché dans le fini, et qui fait vraiment honneur à son peintre. […] Il ne déshonore pas sans preuve, sans motif, avec une idée basse, sortie on ne sait d’où, un homme d’un honneur aussi éclatant que celui du comte.
Un homme de ses amis (l’abbé Arnauld), qui avait aussi peu d’imagination que possible, en a trouvé pour la peindre, lorsqu’il nous dit : Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de monsieur son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poètes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatait d’agrément dans la mère et dans les enfants ! […] Ce mariage manqua par l’habileté de cette jeune fille, qui, à peine sortie de l’enfance, savait des manèges et des ruses qui eussent fait honneur à une héroïne de la Fronde. […] Le soir même du mariage, qui s’était célébré à grande pompe, et où la reine avait fait à la mariée l’honneur de lui donner la chemise (style du temps), à peine tout ce monde retiré, Sidonia comprit dès les premiers mots qu’elle avait affaire, dans M. de Courcelles, à un homme grossier et vil, et elle le méprisa.
Nous le redisons expressément, ce n’est pas avec la police que nous discutons ici, nous ne lui faisons pas tant d’honneur, c’est avec la partie du public à laquelle cette discussion peut sembler nécessaire. […] C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue. […] En effet, depuis quatorze ans qu’il écrit, il n’est pas un de ses ouvrages qui n’ait eu l’honneur malheureux d’être choisi pour champ de bataille à son apparition, et qui n’ait disparu d’abord pendant un temps plus ou moins long sous la poussière, la fumée et le bruit.