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593. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Presque tous communièrent, officiers, soldats pêle-mêle, le général Reymond à leur tête, à qui je devais fermer les yeux le lendemain même, frappé de trois balles. » (Impressions de guerre de prêtres soldats, recueillies par Léonce de Grandmaison.)‌

594. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Mais il ne suffit pas d’aimer les vers-maximes, il s’agit de les frapper comme on frappe des médailles, de leur donner la sonorité et l’éclat du bronze. […] Laurent Tailhade porte une cicatrice : tel un soldat frappé en pleine bataille. […] l’affreuse nouvelle la frappe en plein cœur. […] Jamais grand cœur ne fut plus cruellement frappé. […] Un autre épisode nous a frappé par son accent de vérité.

595. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Ces phénomènes frappent, en effet, par certaines analogies. […] La préparation reste identique, et pour peu qu’on lise avec attention le récit qui précède, on est frappé des idées déjà éveillées que suppose la découverte, due en apparence au hasard presque seul. […] Certains illogismes, certains défauts frappent davantage quand l’œuvre a pris corps, et comme ils deviennent plus gênants, ils tendent à susciter une réaction qui les élimine. […] Qu’on relise le récit de Poë et celui de M. de Curel on sera frappé par des différences considérables. […] La nouveauté des idées et des impressions frappe, par elle-même, comme un caractère morbide, et la raison en étant difficile à reconnaître, se voit souvent méconnue.

596. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Horace l’a dit, et c’est une maxime devenuë triviale, que les esprits sont plus vivement frappés par les yeux que par les oreilles. […] Pouvois-je y remplacer les sentimens et les circonstances qu’elle renferme, et suppléer par l’énergie des vers à cet appareil imposant et pathétique qui frappe les yeux ? […] On n’a qu’à continuer de frapper le coeur par l’endroit qu’on a déja trouvé sensible, il va le devenir encore davantage. […] Ce qui fait qu’on n’est pas blessé d’un monologue au théatre, c’est que quoique le personnage qui parle soit supposé seul, il y a cependant une assemblée qui nous frappe. […] Toutes ces raisons doivent tellement frapper, à la vûe des enfans, que j’aurois crû faire injure à mes spectateurs, si j’avois perdu du tems à les détailler.

597. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

On retrouverait même le procédé jusque dans la musique ou dans la peinture moderne, avec le heurt brutal des sonorités ou des colorations qui, au premier abord, déconcerte peut-être, mais qui frappe forcément l’esprit. […] C’est qu’alors l’artiste sent le besoin d’employer des secousses plus violentes pour frapper des cerveaux engourdis. […] Étrange contradiction qui n’a pas laissé que de frapper parfois ses admirateurs, et qui faisait dire à M.  […] Émile Zola plus tard, tous ceux qui l’ont approché à un moment quelconque de sa vie, tous ceux qui ont cherché à pénétrer son âme, ont toujours été frappés des empreintes profondes qu’y avait creusées l’éducation artistique de sa jeunesse. […] Au point de vue de l’art, toute critique nous paraîtrait frapper dans le vide, et toute discussion nous semblerait oiseuse.

598. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

L’envie naturelle de captiver ses juges & ses maîtres, le recueillement de l’ame profondément frappée, qui se prépare à déployer les sentimens qui la pressent, sont les premiers maîtres de l’art. […] On peut même ne completter le sens qu’au bout de six ou de huit ; & c’est ce mélange qui produit une harmonie dont on est frappé, & dont peu de lecteurs voyent la cause. […] Frappe. […] Combien la flatterie n’at-elle pas frappé de médailles sur des batailles très indécises, qualifiées de victoires, & sur des entreprises manquées, qui n’ont été achevées que dans la légende. N’a-t-on pas, en dernier lieu, pendant la guerre de 1740 des Anglois contre le roi d’Espagne, frappé une médaille qui attestoit la prise de Carthagene par l’amiral Vernon, tandis que cet amiral levoit le siége ?

599. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Le corps des pasteurs et le corps académique furent les premiers frappés.

600. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Jeûner, aller ou pèlerinage ou à la croisade, donner de l’argent ou frapper de l’épée pour le service de Dieu, fonder des messes ou des couvents, tout ce que le corps peut souffrir ou la main faire, on le souffre ou on le fait : mais la profonde philosophie, la pure moralité du christianisme, ne sont pas à la portée de ces natures ignorantes et brutales.

601. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Mort d’Edmond de Goncourt J’ai vingt raisons d’admirer Sainte-Beuve, mais celle-ci me frappe aujourd’hui qu’il excellait au moindre prétexte, volume paru, décès survenu, anniversaire ou édition, à donner, à brûle-pourpoint, sur un moderne ou sur un ancien, une étude à peu près définitive.

602. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Euripide est rempli de ces traits sententieux, de ces maximes isolées & lumineuses qui frappent par leur vérité, qui préviennent, rémuent, échauffent les spectateurs, & décident le succès des pièces.

603. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Des sylvains et des naïades peuvent frapper agréablement l’imagination, pourvu qu’ils ne soient pas sans cesse reproduits ; nous ne voulons point …… Chasser les Tritons de l’empire des eaux, Ôter à Pan sa flûte, aux Parques leurs ciseaux… Mais, enfin, qu’est-ce que tout cela laisse au fond de l’âme ?

604. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

Ceux qui disent qu’après avoir lû cette oraison, ils cherchent encore l’endroit qui fut capable de frapper si vivement un homme tel que Cesar, parlent en grammairiens qui n’ont jamais étudié que la langue des hommes, et qui n’ont point acquis la connoissance des mouvemens de leur coeur.

605. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Argument Frappé de l’idée que l’admiration exagérée pour la sagesse des premiers âges est le plus grand obstacle aux progrès de la philosophie de l’histoire, l’auteur examine comment les peuples des temps poétiques imaginèrent la Nature, qu’ils ne pouvaient connaître encore.

606. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Nourri des Grecs, des anciens, préférant en style parmi les modernes Pascal et Fénelon, il était frappé et choqué surtout, dans les écrivains sérieux, déjà nommés, que nous avait légués le xviiie  siècle, de certaines phrases lourdes, chargées, abstraites, et trop dénuées de l’analogie rapide et naturelle. […] Dans cette chaire où il monte avec une négligence qui, pour être extrême, n’est pas disgracieuse, dans cette chaire où il se courbe, sur laquelle il frappe, avec un manque apparent de gravité qui donne le démenti aux préceptes de Cicéron, et qui brave le deformitas agendi interdit à l’orateur, écoutez-le ! […] Villemain, ajoutait avec sa vivacité pittoresque de critique : « Mais lorsqu’on est aguerri au feu, si j’ose ainsi parler, c’est alors qu’on est frappé de la fécondité, de la sagacité, de l’étendue et de la justesse des vues du professeur. » Benjamin Constant, dans un charmant portrait de femme, a parlé de ces traits d’esprit, qui sont comme des coups de fusil tirés sur les idées, et qui mettent la conversation en déroute.

607. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

V Je suis sûr que vous avez rencontré souvent, soit à Paris sur vos boulevards ou dans vos théâtres, soit parmi la foule dans vos expositions de tableaux et de sculptures, soit en Italie aux pieds du Colisée ou de Saint-Pierre de Rome, soit à Londres dans les salles du musée Britannique, soit en Grèce sur les marches du temple de Thésée, ou sur les sentiers pierreux de l’Acropole, un jeune homme dont vous n’avez jamais su le nom, mais dont la physionomie, semblable à une pensée ambulante, vous a frappé à votre insu d’une sorte d’empreinte indélébile, et vous le reconnaîtriez entre mille si vous veniez à le rencontrer une seconde fois. […] Ces montagnes, comme entassées confusément par la main du Créateur, sont en général arrondies en forme de dômes, les unes noires des forêts de pins qui les tapissent de leurs ombres, les autres vertes des pâturages qui les veloutent ; celles-ci nues et grisâtres parce que leur pente plus rapide en a laissé glisser l’humus, que le soleil du soir en s’y répercutant à nu les fait blanches à l’œil comme des falaises lointaines au bord de la mer ; quelques-unes, derrière les autres, sont tachées au nord de quelques flaques de neige, restes de l’hiver dernier qui attendent un autre hiver ; phares de montagnes que les bergers regardent s’allumer ou s’éteindre selon que le soleil levant les frappe, ou que le soleil couchant leur retire ses derniers rayons en descendant du ciel. […] XXIII Des usines de fer fument, brillent, tournent, frappent, retentissent, bouillonnent, bourdonnent, écument à tous les tournants de ces rivières où l’industrie de l’habitant a voulu utiliser une cascade ou une chute plus escarpée de l’eau sur la roue grinçante qui fait mouvoir l’axe métallique des leviers.

608. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Un orage d’été qui frappe d’un trait de foudre le ramier absent de son nid la ramène à elle-même. […] sur ce roc, le plus fraiz des manoirs : Frappe la creste où sylvestre palombe Prez son ramier rouccouloit touz les soirs : L’a veu périr ; s’enfuyt… Ah ! […] les frappe d’ung coup !

609. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Les Célimènes se jouent des Alcestes, mais elles se gardent de les frapper mortellement. […] La Contagion Ce qui me frappe tout d’abord dans la Contagion, c’est la disproportion de ses caractères et de son intrigue comparés à la grandeur de son titre. […] Il est frappé au cœur dans sa piété filiale pour cette chère mémoire ; mais le coup qu’il reçoit réveille en sursaut sa conscience assoupie par les narcotiques parisiens.

610. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

L’hiver noircit sa rude écorce ; Autour du banc rongé du ver, Il contourne sa branche torse Comme un serpent frappé du fer. […] Je tournai un cap de roche grise où se plaisent les aigles, où se brise toujours le vent, même en temps calme ; il me cacha la maison, et je m’enfonçai dans d’autres gorges où le son même de sa cloche ne venait plus me frapper au cœur. […]   J’ai passé la soirée à vous écrire : ce cœur a besoin de crier quand il est frappé.

611. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Beautés simples et divines, Vous contentiez nos aïeux Avant qu’on tirât des mines Ce qui nous frappe les yeux De quoi sert tant de dépense ? […] Je serais encore au fond de l’allée où je commençai ces vers, si M. de Chateauneuf ne fût venu m’avertir qu’il était tard… » Après les jardins, ce que l’on trouvera en fait de pittoresque, dans les lettres de La Fontaine à sa femme, c’est la Loire, la Loire qui l’a infiniment frappé et qui lui a donné, pour la première fois, la sensation de la grandeur, de quelque chose qui fût véritablement grand. […] Pour aller jusqu’en Limousin, il traversait des pays qui n’ont rien du grand pittoresque, et là même où la montagne commence, c’est-à-dire en Limousin, je ne sais par quel hasard, ou je ne sais par quelle décision de la fatalité, son voyage s’arrête, ou du moins la relation de son voyage s’arrête, de sorte qu’on ne peut savoir si La Fontaine a été frappé par l’aspect puissant et robuste des montagnes.

612. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Mais moi, qui ne la parle point, et qui, par conséquent, ne crèverai pas, je n’en essaierai pas moins de constater dans la mienne ce qui me frappe en ce tonnant succès des IIIe et IVe volumes de La Légende des Siècles, et ce qui me frappe surtout, c’est que ce fut un succès littéraire, — un succès purement et absolument littéraire. […] Et qui ne se frappe pas seulement, comme vous pourriez le croire, dans son pouvoir temporel, — idée commune, — mais dans son pouvoir spirituel, — idée plus rare ; un délicieux Pape, qui n’abdique pas seulement comme roi, ce double lâche !

613. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Nous frappons, on ouvre, et dans la nuit noire, vingt soldats, amateurs et musiciens, nous accueillent, parmi lesquels mon compatriote, le fils d’un ami de ma jeunesse, et qui ne s’est pas nommé ! […] On ne devient pas une autorité sociale en une génération, mais à force de frapper à la même place, de père en fils, une race finit par acquérir une influence considérable, qui est la grande raison d’être de la vie. […] Brève et brillante, elle frappe l’esprit d’une manière presque douloureuse par une succession rapide d’images intenses.

614. (1933) De mon temps…

Je me retournai pour apercevoir encore son large dos, et troublé, ému de cette rencontre, j’atteignis la porte du blessé où une pancarte de mauvais augure recommandait de frapper au lieu de faire retentir le timbre. […] La dernière fois que je le vis, quelque temps avant son départ pour Rome, je fus frappé du changement qui s’était produit en lui et j’eus le sentiment que je ne le reverrais plus et que je n’entendrais plus le « Gégé est à Paris » qui avait si souvent signalé son arrivée. […] Ce moine barbu et qui portait un lorgnon n’était autre qu’Emile Zola, et comme je le considérais avec curiosité, José-Mari a de Heredia frappait l’épaule d’un nègre du plus bel ébène en l’interpellant d’un amical : « Bonjour, Guy !  […] C’est José-Maria de Heredia qui, debout, dans sa loge, frappe une dernière fois l’une contre : l’autre ses mains enthousiastes. […] Ce qui me frappa tout d’abord en lui, ce fut un bouquet de fleurs qu’il tenait à la main, et ensuite le singulier gilet que laissait apercevoir son veston entr’ouvert.

615. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Ce qui frappe à une simple lecture dans le recueil des trente pièces attribuées à Théocrite (je ne parle pas des petites épigrammes de la fin), c’est qu’il n’y a guère que la première moitié qui appartienne au genre bucolique pur, et qui justifie entièrement l’idée d’originalité attachée au nom du poëte. […] car, à mon sens, je n’en suis pas encore à vaincre ni le bon Asclépiade de Samos, ni Philétas, avec mes chants, et je me fais plutôt l’effet de la grenouille qui le dispute aux sauterelles. —  Ainsi je parlais exprès ; et le chevrier reprit avec un doux sourire… » Arrêtons-nous un moment à ces traits vivants de caractère ; nous savons dès l’enfance ces derniers vers par l’imitation heureuse de Virgile : Me quoque dieunt vatem pastores… ; ils nous frappent davantage ici comme se rapportant à la personne même de Théocrite et nous donnant jour dans ses pensées. […] Voilà le douzième jour depuis que le malheureux n’est plus venu, ni qu’il ne s’est informé si nous sommes morte ou vivante, ni qu’il n’a frappé à la porte, l’indigne ! […] s’écrie le poëte ; et, dans un élan plein de grandeur, il revendique le privilège immortel de la Muse ; il montre aux riches que sans elle leur orgueil d’un jour est frappé d’un long, d’un éternel oubli.

616. (1929) Dialogues critiques

Pierre Quelle infamie que cet impôt sur le revenu, qui frappe durement le travail, et le plus sacré de tous ! […] Entre eux, il y a certes des contrastes qui frappent à première vue, qui retiennent même toute l’attention des badauds ou des techniciens, mais qui s’atténuent en profondeur. […] Le voilà brouillé avec la protectrice et le protégé, rayé de la liste d’invitations, frappé d’ostracisme et mis au ban. […] Que la victime soit de droite, de gauche ou d’en face, l’important est d’innocenter celui qui l’a frappée.

617. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

—  Et mon cœur est une poignée de poussière, —  et les roues passent par-dessus ma tête, —  et mes os sont secoués douloureusement, —  car ils les ont jetés dans un étroit tombeau, —  seulement trois pieds au-dessous de la rue, —  et les pieds des chevaux frappent, frappent, —  les pieds des chevaux frappentfrappent jusque dans mon crâne et dans ma cervelle, —  avec un flot qui ne cesse jamais de pieds qui passent

618. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Il est heureux, tandis que moi et tous ceux qui l’ont connu nous ne pouvons plus l’être, jusqu’à ce que nous ayons le bonheur de le rencontrer dans un monde meilleur pour ne plus nous séparer.” » XIII « Frappé coup sur coup dans ce qu’il avait de plus cher au monde, Mozart se sentit défaillir. […] Voulant s’assurer de la cause de cette frayeur, don Juan prend une bougie et va lui-même au-devant de son convive, qui frappe à la porte à coups redoublés. […] J’avais enveloppé ma tête d’un mouchoir qui me retombait sur le visage, de peur qu’à la lueur des lanternes on ne me reconnût par les fenêtres ; et quand, après avoir enfin frappé timidement à la porte, j’entendis répondre du haut du balcon : Qui est là ? […] Les verres n’étaient pas encore vidés qu’on entendit frapper à la porte, et que les cris de Lorenzo !

619. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il avait donc été convenu entre nous, par l’intermédiaire d’un ami commun, que nos conversations seraient à double entente ; que nous ne nous regarderions jamais face à face en causant ensemble, mais que nous aurions l’air de nous adresser à un troisième interlocuteur dans la confidence des deux ; que chacun de nous paraîtrait adresser à ce tiers complaisant ce que nous avions à nous dire ; que nous nous entretiendrions obliquement, par ricochet, et que nos paroles, insaisissables ainsi à la foule, ressembleraient à ces projectiles qu’on dirige d’un côté pour frapper ailleurs. […] Sans être superstitieux, il y a des coïncidences qui frappent, quoique la raison les écarte ; il me semble que je suis encore plus seul depuis hier ! […] Les Moissonneurs avaient été l’apothéose de la félicité humaine ; les Pêcheurs sont l’agonie de la terre, le Dies iræ de l’art, le prélude de mort du génie frappé au cœur, l’angoisse des cruelles séparations. […] Il s’était frappé à la gorge d’un seul coup qui avait tranché sa destinée, son amour, sa gloire : malade, comme il l’avait dit une fois lui-même, de la maladie de ceux qui ont aspiré trop haut !

620. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Bourdaloue, dit encore Mme de Sévigné, était d’une force à faire trembler les courtisans. » Et ailleurs : « Le Bourdaloue frappe toujours comme un sourd. » Et dans une autre lettre : « Je m’en vais en Bourdaloue. […] Qu’on imagine l’émotion de l’auditoire quand il frappait, comme dit Mme de Sévigné, sur ces vices assis au pied de sa chaire, qui, s’étaient introduits dans le temple sous le dehors de la piété et du recueillement. […] Le rhéteur n’a pas la véritable invention qui consiste dans les raisons moyennes ; il veut frapper fort, et il cherche dans les choses outrées la force que l’orateur trouve dans les choses justes. […] Les admirer, c’était frapper au visage Fontenelle et ses amis, encore engagés dans la vieille querelle entre Corneille et Racine.

621. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Et à supposer même que l’architecture sacrée ait été frappée au cœur par une découverte qui contenait en germe l’émancipation des intelligences, ce n’est pas une raison suffisante pour conclure à une hostilité fondamentale entre l’art d’écrire et l’art de bâtir. […] C’est ainsi que l’endroit frappait le regard, le 9 juin, à l’ombre. […] Balzac distinguait deux classes d’écrivains : les écrivains d’idées, ceux qui s’adressent surtout à l’intelligence, recherchent le raisonnement serré, la langue vive, sèche et abstraite ; ils ont dominé chez nous au xviie et au xviiie  siècle ; les écrivains d’images, ceux qui tiennent à parler aux sens et veulent les frapper par l’évocation directe des choses visibles. […] L’esprit de vertige, de folie, qui semble frapper l’époque entière, se traduit alors en costumes de la fantaisie la plus outrée, de l’étrangeté la plus forcenée.

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