/ 2357
510. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 438-439

On prétend que les cinq Entretiens qui composent ce Livre original, sont le résultat des conversations de l'Auteur avec quelques autres Beaux-Esprits qui s'assembloient souvent pour s'égayer ensemble.

511. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Le Dieu des chrétiens est triple et un tout ensemble, et les accusations qu’on élèverait contre la doctrine que j’enseigne doivent remonter jusqu’à la Trinité chrétienne. […] Comment ces différences des différents peuples vivent-elles ensemble ? […] En un mot, la légion était une armée organisée pour soumettre le monde et pour le garder ; son caractère est l’ensemble, le poids, la durée, la fixité, c’est-à-dire l’idée même de Rome. […] Déjà il pénètre jusque dans notre littérature, qui contient elle-même deux éléments qui peuvent et qui doivent aller ensemble, la légitimité classique et l’innovation romantique. Je demande si, quand de toutes parts tout est mixte, complexe, mélangé, quand tous les contraires vivent et vivent très bien ensemble, il est possible à la philosophie d’échapper à l’

512. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Ordinairement les écrivains, par l’ensemble de leurs procédés, par les sujets qu’ils ont choisis, par les goûts qu’ils ont manifestés, peuvent se ramener à une formule assez simple et se résumer dans leurs grandes lignes. […] Mais l’effet d’ensemble atteint en définitive est exquis, parfois puissant, souvent très profond et très suggestif. […] Tandis qu’il était ainsi réduit à des proportions infimes dans l’ensemble des choses, le monde extérieur se trouvait incommensurablement grandi, et la majesté de l’un s’accentuait en raison directe de la déchéance de l’autre. […] D’aucuns jugeront puéril cet ensemble de lois et de formules que nous analysons, et nous n’en analysons que le petit nombre. […] Ses amours, par leur illuminisme, concordent avec cet ensemble de doctrines bizarres.

513. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ces deux malheureux, ou ces deux heureux, puisqu’ils avaient connu la joie de s’aimer et de souffrir ensemble, s’en allèrent de compagnie. […] Catulle Mendès et nous en avons ri ensemble, maintenant que les années ont passé là-dessus et que le poète a mis dans son vin cette eau du Gange dont parle Théophile Gautier. […] Ils travaillaient ensemble à une traduction de l’lntermezzo de Henri Heine, et allaient publier ou venaient de publier, toujours ensemble, un livre de vers avec ce titre frais comme le printemps, Avril, Mai, Juin, Il faut s’arrêter sur l’œuvre de ces deux délicats esprits. […] Cela est tout à fait exact, si l’on considère la chose dans son ensemble ; pas tout à fait, si l’on se place à un point de vue plus strict. […] Ensemble frémissez d’une douleur jumelle.

514. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 175-177

de Voltaire, au sujet de ses Fables du Merle, du Patriarche, des Fourmis, en y reconnoissant le sublime & la naïveté fondus ensemble.

515. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Maintenant on le voit maîtrisé par la gourmandise et la colère à la fois qui règnent ensemble sur lui. […] Voyons néanmoins avec quel art ils sont liés au tout, de façon à paraître nécessaires à l’ensemble. […] Ils partent ensemble, et des hasards conformes à ceux que nous avons remarqués les désunissent au milieu des camps ennemis. […] Vers ou des noms de parenté ne semblent arriver ensemble que pour rimer, et que surcharge un verbe inutilement répété deux fois. […] Ne vous fait-il pas voir son front surmonté d’une vaste chevelure ondoyante autour de sa tête, et son noir sourcil qu’il ne remue qu’en ébranlant le ciel et la terre ensemble ?

516. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ajoutons à cela qu’ils se défient tous ensemble, qu’ils croient avoir des raisons de se défier de la « baronne » de Staël et du « vicomte » de Chateaubriand ! […] À cette évolution de la critique répond une évolution parallèle de l’histoire, ou plutôt les deux n’en sont qu’une, si l’espace et le temps, comme Kant vient de le démontrer, ne font ensemble qu’une seule et même catégorie de la raison pure. […] « Les hommes sont faits pour vivre ensemble et pour former des corps et des sociétés civiles. […] Il faut les joindre tous les deux ensemble, et les réconcilier dans la mort ; car s’ils écrivent mal l’un et l’autre, et même presque aussi mal que l’on ait jamais écrit en français, on ne peut pourtant pas dire qu’ils écrivent plus mal l’un que l’autre. […] Nous avons depuis quatre cents ans, dans notre littérature et dans notre langue même, les moyens de travailler ensemble à la grandeur du nom français et au bien commun de l’humanité.

517. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Les premières sont nécessairement continuées par cela seul qu’elles sont internes et forment ensemble un tout continu qui est la figure considérée. […] Comment ce mécanisme si compliqué, à savoir l’homme, qui n’est qu’un effet ou un ensemble d’effets, arrive-t-il à se faire à lui-même l’illusion qu’il est une cause, au point même de n’avoir d’autre idée de cause que celle qu’il puise dans la conscience de sa propre action ? […] Si l’homme n’était qu’un phénomène ou un ensemble de phénomènes, il n’aurait jamais l’idée de l’action ; mais par cela même il n’aurait aucune idée, car penser, c’est agir. […] Ils nous disent que l’âme est un mot qui signifie, « considéré anatomiquement, l’ensemble des fonctions du cerveau et de la moelle épinière, et, considéré physiologiquement, l’ensemble des fonctions de la sensibilité encéphalique. » Que M.  […] Littré veuille bien y penser, et il avouera qu’il n’existe pas une sorte d’entité, appelée matière organisée, qui serait douée, on ne sait pourquoi ni comment, de la propriété d’atteindre à des fins : ce qui existe en réalité, c’est un ensemble de solides, de liquides, de tissus, de canaux, de parties dures, de parties molles, en un mot un ensemble incalculable de causes secondes et d’agents aveugles qui tous se réunissent dans une action commune, qui est la vie.

518. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Il n’en est aucun pourtant qui ait plus réfléchi que lui sur cet idéal, qui se soit plus appliqué à le définir, à en fixer les conditions, à disserter sur l’ensemble des qualités qui le composent, et à les enseigner en toute occasion. […] C’est ainsi que Bautru, dès longtemps, avait dit, en jouant sur le mot, qu’ honnête homme et bonnes mœurs ne s’accordoient guère ensemble  ; franche saillie de libertin ! […] En revanche, vers le même temps (et ceci complète le chevalier), Mlle de Scudery observait de son bord que « les plus honnêtes femmes du monde, quand elles sont un grand nombre ensemble (c’est-à-dire plus de trois), et qu’il n’y a point d’homme, ne disent presque jamais rien qui vaille, et s’ennuyent plus que si elles étoient seules. » Au contraire, « il y a je ne sais quoi, que je ne sais comment exprimer (avouait d’assez bonne grâce cette estimable fille), qui fait qu’un honnête homme réjouit et divertit plus une compagnie de dames que la plus aimable femme de la terre ne sauroit faire25. » Quand on sent si vivement des deux côtés l’avantage d’un commerce mutuel, on est bien près de s’entendre ou plutôt on s’est déjà entendu, et la science de l’honnête homme a fait bien des pas. […] Encore aujourd’hui, s’il s’agissait de bien fixer le moment où le terme d’urbanité, par exemple, fut introduit, non sans quelque difficulté, dans la langue, du monde, à quel témoignage pourrait-on recourir plus sûrement qu’à celui du chevalier, qui, dans une lettre à la maréchale de***, écrivait : « J’espère, madame, qu’enfin vous donnerez cours à ce nouveau mot d’urbanité que Balzac, avec sa grande éloquence, ne put mettre en usage, car vous l’employez quelquefois… Il me semble que cette urbanité n’est point ce qu’on appelle de bons mots, et qu’elle consiste en je ne sais quoi de civil et de poli, je ne sais quoi de railleur et de flatteur tout ensemble. » Nous avons déjà au passage noté de ces locutions qu’il affectionne et qui avaient cours autour de lui : dire des choses ; faire l’esprit. […] Ménage, dans l’Épître dédicatoire de ses Observations sur la Langue françoise, disait à M. de Méré : « Je vous prie de vous souvenir que, lorsque nous fesions notre cour ensemble à une dame de grande qualité et de grand mérite, quelque passion que j’eusse pour cette illustre personne, je souffrois volontiers qu’elle vous aimât plus que moi, parce que je vous aimois aussi plus que moi-même. » C’est sur cette seule phrase que porte la supposition ; on n’a pas mis en doute qu’il ne fût question de Mme de Sévigné, comme si Ménage ne connaissait pas d’autres grandes dames à qui il eut l’honneur de faire sa cour avec passion (style du temps).

519. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Nous allons l’étudier ensemble ; mais je dois d’abord vous dire comment j’ai pu le connaître et lui donner sa place, la première de toutes, dans le catalogue des grandes et saines intelligences. […] Enfin la majorité aussi a des prétentions qu’elle peut opposer à celles de la minorité ; car la majorité, prise dans son ensemble, est plus puissante, plus riche et meilleure que le petit nombre. […] En adoptant le principe qu’ils allèguent pour eux-mêmes, la prétendue souveraineté devrait évidemment passer à l’individu qui serait à lui seul plus riche que tous les autres ensemble ; et, de même, le plus noble par sa naissance l’emporterait sur tous ceux qui ne font valoir que leur liberté. […] Le plus sage est de combiner ensemble, et l’égalité suivant le nombre, et l’égalité suivant le mérite. […] « Mais dans cet instant qu’il assigne à la révolution universelle, même les choses qui n’ont point commencé d’être ensemble changeront cependant à la fois !

520. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Goethe me l’accorda, en disant que les pressentiments ne s’étendaient pas au-delà des sujets qui sont analogues au talent du poète, et nous convînmes ensemble que l’étendue plus ou moins grande des pressentiments donnait la mesure du talent. […] Le musicien en écoutant un orchestre entend chaque instrument, chaque note isolément ; celui qui n’est pas connaisseur est comme rendu sourd par l’effet général de l’ensemble. […] La mue arrive-t-elle donc à une époque fixe, et tous les oiseaux muent-ils ensemble ? […] Mais cependant il peut arriver qu’un oiseau perde ensemble par exemple la quatrième, la cinquième et la sixième penne à chaque aile ; il pourra bien voler encore, mais pas assez bien pour échapper aux oiseaux de proie ses ennemis et surtout au très rapide et très adroit hobereau ; voilà pourquoi les fourrés leur sont utiles à ce moment. […] Mais tout en moi continue à bien se maintenir, et j’espère que ce n’est pas aujourd’hui la dernière fois que nous nous donnons ensemble une bonne journée.

521. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Entre vingt-cinq et trente-sept ans, il mord tant qu’il peut aux fruits de la vie : vaniteux, irritable, ingrat même, sensuel, tout proche de la débauche (vous vous rappelez ces soupers dont parle Mme de Sévigné : « ce sont des diableries »)… et tout cela ensemble ne veut pas dire méchant. […] Mais, l’expérience du plus savant homme étant toujours fort restreinte, toute explication d’un ensemble un peu considérable de phénomènes, même suggérée par l’expérience, devient forcément création. […] L’ensemble de son œuvre ne serait pas mal intitulé : « Suite de paradoxes sur la littérature française. » Ce prétendu « immuable » s’est d’ailleurs beaucoup modifié en vingt ans. […] Il a jugé que Balzac, Sand et Flaubert ensemble étaient bien peu de chose auprès de Léon Tolstoï ou de Dostoïewsky …. […] Mais, contrairement aux traditions, cette oie et ce chat ont eu ensemble les meilleurs rapports.

522. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Maintenir des observateurs conscients en S et en S′ tout à la fois serait autoriser les deux systèmes à s’ériger l’un et l’autre en système de référence, à se décréter ensemble immobiles : or ils ont été supposés en état de déplacement réciproque ; il faut donc que l’un des deux au moins se meuve. […] La première simultanéité, la première succession, appartient à un ensemble de choses, la seconde à une image que s’en donne l’observateur dans des miroirs d’autant plus déformants que la vitesse attribuée au système est plus grande. […] Sans nous attacher encore à ce schéma (il appellerait tout un ensemble d’explications dont nous pouvons nous passer pour le moment), traduisons la pensée de Minkowski sur la figure plus simple que nous venons de tracer. […] Il n’y a donc pas, en M′ et en P′, à côté d’événements que l’on consent à laisser dans le « passé absolu » ou dans l’« avenir absolu » pour l’observateur en N′, tout un ensemble d’événements qui, passés et futurs en ces deux points, entreraient dans son présent quand on attribuerait au système S′ la vitesse appropriée. […] Il reste physicien, il ne perd pas de vue la nécessité d’obtenir une représentation mathématique cohérente de l’ensemble des choses.

523. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Rien de tel, rien de cette valeur au premier coup d’œil, aucun lot à part, aucune idée à lui ; mais un ensemble de notions, d’applications et d’aptitudes, précieux et rare. […] L’article sur la reine Nantechild, publié dans la Revue (15 juillet 1832), fit sensation et presque événement par les vues neuves qui vêtaient exposées pour la première fois avec ensemble sur l’art du Moyen-Age, sur les diverses époques bien distinctes et les phases qu’il avait traversées. […] Magnin savait si bien l’usage, comblaient les interstices, et sur l’ensemble du travail brillait un vernis de netteté et comme un enduit solide et consistant. […] Tout cela, à quelques liaisons près, forme un ensemble depuis le haut Moyen-Age jusqu’aux abords du VIe siècle.

524. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Delphine est certainement un livre plein de puissance, de passion, de détails éloquents ; mais l’ensemble laisse beaucoup à désirer, et, chemin faisant, l’impression du lecteur est souvent déconcertée et confuse : les livres, au contraire, qui sont exécutés fidèlement selon leur propre pensée, et dont la lecture compose dans l’esprit comme un tableau continu qui s’achève jusqu’au dernier trait, sans que le crayon se brise ou que les couleurs se brouillent, ces livres, quelle que soit leur dimension, ont une valeur d’art supérieur, car ils sont en eux-mêmes complets. […] Valérie, au reste, par l’ordre des pensées et des sentiments, n’est inférieure à aucun roman de plus grande composition ; mais surtout elle a gardé, sans y songer, la proportion naturelle, l’unité véritable ; elle a, comme avait la personne de son auteur, le charme infini de l’ensemble. […] Comme on retrouve là cette frêle et tendre adolescence jetée au bord de l’abîme, cette nature d’âme aimable, mystique, ossianesque, parente de Swedenbourg, amante du sacrifice, ce jeune homme qui, comme René, a dépassé son âge, qui n’en a su avoir ni l’esprit, ni le bonheur, ni les défauts, mais que le Comte, d’une voix moins austère que le Père Aubry pour Chactas, conviait seulement à ces douces affections qui sont les grâces de la vie, et qui fondent ensemble notre sensibilité et nos vertus ! […] Il sortait de l’Élysée-Bourbon par une porte de jardin pour aller, tout auprès, chez elle, plusieurs fois le jour, et là ils priaient ensemble, invoquant les lumières de l’Esprit.

525. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Comme eux, nous choisirons ce qui nous paraîtra le plus digne de fixer nos regards ; vous aurez ensuite, à l’aide de ces fragments épars du génie d’un poète, à le comprendre en son entier, à l’exemple de ces architectes auxquels il suffit de quelques pierres mutilées pour reconstruire, sur le papier, tout l’ensemble d’un monument. […] Mais donnons-nous le temps, après en avoir embrassé l’ensemble, d’en examiner les détails, et de les comparer d’abord avec nos souvenirs, puis avec la nature. […] L’ensemble nous frappera d’abord par la grandeur du sujet ou l’intérêt de la fable. […] Le poète (et c’est là notre commune histoire) Caressait du regard son nombreux auditoire ; Et ce regard disait à tous en même temps : « Vous avez trop d’esprit pour n’être pas contents… Lorsque dans un salon une lecture assemble Gens du monde et savants, étonnés d’être ensemble, Chacun se tait d’abord, et, les yeux au plafond, On attend et l’on garde un silence profond.

526. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

A considérer l’ensemble des siècles, il semble bien que la science ait eu, en somme, l’avantage et obtenu des agrandissements définitifs ; mais ce n’est pas sans des reculs momentanés, sans des défaites partielles sur des points où elle s’était indûment avancée et où elle ne pourra jamais s’établir. […] Elles peuvent, à l’occasion, se prêter mutuelle assistance  ; et c’est pourquoi il importe de noter avec soin, aux divers moments de l’existence d’un peuple, la nature des relations qu’elles ont ensemble. […] Nous savons désormais que, si la nature dans son ensemble voit passer avec indifférence nos joies et nos chagrins, en revanche, les êtres dont elle est formée luttent, peinent, triomphent et meurent comme nous-mêmes et nous sont dès lors rattachés par un lien de sympathie et de solidarité. […] On peut à toute époque relever entre les caractères essentiels de la littérature régnante et le groupe de sciences qui prédomine une analogie d’où ressort cette vérité, aujourd’hui presque banale, qu’une société, à un moment donné de son existence, est un ensemble organisé dont les diverses parties sont en harmonie.

527. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Les résidus des images successives se superposent ou se combinent ensemble dans notre esprit. […] « Peut-être, a-t-on dit avec raison, l’instrument le plus délicat, réceptacle et moteur tout ensemble, serait le phonographe68 ». […] Il peut subsister au sein de la conscience des actions et passions latentes, des états confus de plaisir ou de peine, des appétitions plus ou moins vagues, enfin des représentations obscures et confondues dans la masse ; quand tout cet ensemble se trouve réaliser actuellement un ensemble analogue à tel état passé de l’esprit et à telle aperception passée, la même idée doit renaître en vertu des mêmes conditions à la fois mentales et physiques, comme la même illumination de la mer sous les mêmes rayons solaires, et elle est de nouveau aperçue ; mais nous ne croyons pas que l’idée, comme acte intellectuel, comme pensée, puisse subsister d’une manière inconsciente.

528. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Ce n’est pas telle ou telle conception de l’idéal moral ; c’est l’ensemble des règles qui déterminent effectivement la conduite. […] Intérieurs par définition, il semble qu’on ne puisse les traiter comme extérieurs qu’en faisant violence à leur nature Il faut non seulement un effort d’abstraction, mais tout un ensemble de procédés et d’artifices pour arriver à les considérer de ce biais. […] Par lui, nous sommes informés qu’il existe quelque part un ensemble de phénomènes qui sont réunis sous une même appellation et qui, par conséquent, doivent vraisemblablement avoir des caractères communs ; même, comme il n’est jamais sans avoir eu quelque contact avec les phénomènes, il nous indique parfois, mais en gros, dans quelle direction ils doivent être recherchés. […] À moins d’admettre qu’un même phénomène puisse être dû tantôt à une cause et tantôt à une autre, c’est-à-dire à moins de nier le principe de causalité, les causes qui impriment à un acte, mais d’une manière anormale, le signe distinctif du crime, ne sauraient différer en espèce de celles qui produisent normalement le même effet ; elles s’en distinguent seulement en degré ou parce qu’elles n’agissent pas dans le même ensemble de circonstances.

529. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Quelle joyeuse émotion pour les deux amis qui jadis avaient fondé ensemble le journal Leurs Figures, et qui ne s’étaient pas vus depuis le 4 août 1914 ! […] Mais pourquoi pleurer, nous nous retrouverons un jour tous ensemble, un peu plus tôt, un peu plus tard. […] Quelle satisfaction éprouvent les soldats de Lorraine à faire ensemble de grandes choses, et de même les gens du Nord, les Parisiens, les Bretons, les Normands et tous les autres ! […] J’ai tracé le cadre et mis quelques touches vraies dans une esquisse d’ensemble.

530. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

On prit encore la matière pour l’ensemble de la matière et de la forme : par exemple, le fer pour l’épée ; c’est qu’on ne savait pas encore abstraire la forme de la matière. […] Guidés par leur logique grossière, ils devaient mettre ensemble des sujets, lorsqu’ils voulaient mettre ensemble des formes, ou bien détruire un sujet pour séparer sa forme première de la forme opposée qui s’y trouvait jointe. […] En effet, les poètes ayant d’abord formé le langage poétique par l’association des idées particulières, comme on l’a démontré, les peuples formèrent ensuite la langue de la prose, en ramenant à un seul mot, comme les espèces au genre, les parties qu’avait mises ensemble le langage poétique.

531. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

Coolus paraît-il s’étourdir lui-même au cliquetis de ses mots ; son livre n’en reste pas moins dans l’ensemble plein de distinction et de charme.

532. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 32, de l’importance des fautes que les peintres et les poëtes peuvent faire contre leurs regles » pp. 273-274

Section 32, de l’importance des fautes que les peintres et les poëtes peuvent faire contre leurs regles Comme les parties d’un tableau sont toujours placées l’une à côté de l’autre et qu’on en voit l’ ensemble du même coup d’oeil, les défauts qui sont dans son ordonnance nuisent beaucoup à l’effet de ses beautez.

533. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

« Saint Louis, dit Tillemont, était blond et avait le visage beau comme ceux de la maison de Hainaut, dont il était sorti par sa grand-mère Isabelle, mère de Louis VIII. » Pour achever de comprendre ce genre de beauté noble et attrayante, d’une douce fierté, cette trempe royale et chrétienne tout ensemble, je crois qu’on y peut introduire quelque chose de l’idée d’un saint François de Sales avec moins de riant, avec plus de gravité de ton et de relief chevaleresque, avec le casque d’or et le glaive nu aux jours de bataille : mais c’était également une de ces natures en qui le feu intérieur reluit et qui se consument d’elles-mêmes de bonne heure par trop de zèle et de charité. […] Il est vrai qu’un de ses domestiques, natif de Doulevant, lui propose hardiment le second : « Je suis d’avis, disait ce brave homme, que nous nous laissions tous tuer, et ainsi nous nous en irons tous ensemble en Paradis. » — « Mais nous ne le crûmes pas », dit ingénument Joinville. — Un de ses mariniers lui suggère de se faire passer pour le cousin du roi, afin qu’on l’épargne lui et ses gens. […] Ne le quittons point aujourd’hui nous-même sans saluer en lui cet ensemble de qualités jeunes, aimables, ingénues et fidèles, qui ne se retrouveront plus depuis au même degré.

534. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Ne lui demandez ni la grâce ni l’éclat, ni la noblesse continue : et pourtant, à force de savoir et de bonne foi, elle atteint dans l’ensemble à un certain effet homérique ; il y a une certaine naïveté et magniloquence qui se retrouve dans sa langue naturelle plus qu’élégante. […] Elle dira par la bouche d’un héros insultant un autre héros : « Tu crois voir partout la mort à tes trousses. » Tout cela n’empêche pas Mme Dacier d’être encore aujourd’hui peut-être, pour l’ensemble, le traducteur qui donne le plus l’idée de son Homère. […] J’aime, au reste, à marier ces productions, par quelque côté parentes, bien plutôt qu’à les opposer : la Bible de Royaumont, le Télémaque, Rollin, l’Homère de Mme Dacier, me paraissent aller bien ensemble pour la couleur.

535. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

C’est ainsi que son premier chant, que nous avons vu commencer par ces gentillesses et presque ces mièvreries ingénieuses sur le sopha, se termine par cette tirade ou par ce couplet rural et patriotique tout ensemble : Dieu fit la campagne, et l’homme a fait la ville. […] Cowper d’ailleurs, qui a encore de commun avec lui de s’être développé si tard, a parlé de Rousseau plus d’une fois, et en connaissance de cause ; il l’avait lu, au moins dans ses premiers grands ouvrages, et, dès le temps où il était établi à Huntingdon auprès des Unwin, il écrivait à son ami Joseph Hill ; « Vous vous souvenez de la peinture que fait Rousseau d’une matinée anglaise ; telles sont celles que je passe ici avec ces braves gens. » Je ne sais de quelle matinée anglaise il s’agit, à moins que ce ne soit dans L’Émile le joli rêve de « la maison blanche avec des contrevents verts », et de la vie qu’on y mène ; Cowper et Hill, en le lisant d’abord ensemble, l’avaient peut-être qualifié ainsi26. […] Je remarquerai seulement qu’en Angleterre, la vie privée est plus close, plus abritée, mieux encadrée dans son ensemble, plus conforme par son esprit aux mœurs générales de la race et de la nation ; ainsi ornée et préservée, ainsi à demi enveloppée de son mystère comme le cottage l’est dans ses roses ou comme un nid dans le buisson, elle prête davantage à cette douce et poétique ferveur qu’elle inspire et dont on vient de voir tant de purs exemples.

536. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac, jeune, fut un Malherbe en prose : il put se vanter, et avec raison, « d’avoir trouvé ce que quelques-uns cherchaient, c’est-à-dire de savoir un certain petit art d’arranger des mots ensemble et de les mettre en leur juste place ». […] Les rivières, les campagnes et les villes ont beau s’opposer à mon contentement, elles ne sauraient m’empêcher de m’entretenir de vous avec ma mémoire… Voiture répondait sur le même ton, mais leur correspondance ne fut jamais très vivev ; ils se contentèrent d’être bien ensemble et de se complimenter par des tiers : « L’amitié que nous conservons ensemble sans nous en rien écrire, disait Voiture à un ami, et l’assurance que nous avons l’un de l’autre est une chose rare et singulière, mais surtout de très bon exemple dans le monde, et sur laquelle beaucoup d’honnêtes gens, qui se tuent d’écrire de mauvaises lettres, devraient apprendre à se tenir en repos et à y laisser les autres. » Ils sentaient tous deux que de s’écrire les aurait constitués en une trop grande dépense d’esprit et les aurait mis à sec pour plusieurs semaines.

537. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Cette publication le mit en rapport avec la famille de Noailles et avec les dames de Saint-Cyr qui lui ouvrirent leurs précieuses archives, à condition qu’il n’en dirait rien, et il devint l’éditeur en titre ou à peu près, et non désavoué, quoique non autorisé, de l’ensemble des lettres de Mme de Maintenon. […] Consolons-nous ensemble, mon cher président, et souvenez-vous de ce mot de Marc Aurèle, qui devrait être gravé en lettres d’or sur la porte de tous les philosophes : « C’est contre ceux qui t’offensent et contre les méchants que tu dois exercer ta clémence, et non pas contre les honnêtes gens qui ne t’outragent pas. […] Entre nous, je crois que la présence de Voltaire plaira moins à Maupertuis qu’à tout autre ; ces deux hommes ne sont pas faits pour demeurer ensemble dans la même chambre. » (Lettre au même, du 22 octobre 1750.)

538. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

On dira tout ce qu’on voudra de M. de Falloux comme homme de parti politique et religieux, mais il est de sa personne le plus gracieux des catholiques et le plus avenant des légitimistes : il semble né pour les fusions, pour les commissions mixtes, pour faire vivre ensemble à l’aise, dans le lien flexible de sa parole, un protestant et un jésuite, un universitaire et un ultramontain, un ligueur et un gallican. […] ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bal sous l’aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion : c’est un cercle religieux, une succursale de l’église, — donnez-lui le nom que vous voudrez, — un vestibule du Paradis, « une maison de charité à l’usage des gens du monde. » Salon français de tous les temps, d’où me reviennent en souvenir tant d’Ombres riantes, tant de blondes têtes et de fronts graves ou de fronts inspirés, passant tour à tour et mariant ensemble tout ce qui est permis à l’humaine sagesse pour charmer les heures, enjouement, audace, raison et folie, — je ne te reconnais plus ! […] Vous me manquez, comme si nous avions passé beaucoup de temps ensemble, comme si nous avions beaucoup de souvenirs communs ; comment s’appauvrit-on à ce point de ce qu’on ne possédait pas hier ?

/ 2357