Cette loi est sans exception ; car quelle que soit la supériorité relative des hommes élus à titre d’intelligence dans un corps intellectuel, c’est une loi de la nature que l’empire y appartient toujours à la médiocrité. […] quand on voit le vaste empire de Moscovie abandonner sa filiation littéraire slave et grecque, et adopter le français pour sa langue aristocratique, en laissant au vulgaire sa langue russe plus riche et plus harmonieuse cependant ?
C’est pour elle et par son ordre qu’il écrivit les Annales de l’Empire, le seul ouvrage peut-être de sa façon qui soit décidément ennuyeux.
Napoléon, qui n’avait désespéré à aucun moment, voyant, tout s’écrouler à la fois, tout manquer sous lui, son armée en débris et son Empire, reculait à pas lents sous une pluie de feu ; il semblait décidé à ne pas survivre, vouloir mourir avec ses grenadiers.
L’empire du chant, de la poésie naïve et primitive, n’eut jamais l’étendue et l’importance que jadis il obtint là-bas ; la vieille société antérieure y mettait obstacle ; la théologie, la grammaire, l’histoire, toute grossière qu’elle était, intervinrent au berceau, et entravèrent mainte fois les couplets de poésie par où s’essayaient les modernes instincts populaires.
C’était ici le cas, ou jamais, d’appliquer d’avance le mot de Napoléon à l’un des chefs de la justice sous l’Empire : « Eh bien !
S’il avait exercé le même empire et la même direction sur La Fontaine, qu’on songe à ce qu’il lui aurait retranché !
Soumet, qui avait été auditeur sous l’Empire : « L’Empereur n’eût pas manqué sans doute de vous nommer auditeur », il a fait sourire le récipiendaire lui-même.
La philosophie du dix-huitième siècle, malgré la reprise catholique de 1803, semblait fermement assise : cette philosophie qui avait parcouru toutes ses phases et pénétré toutes les sphères, évincée du monde politique par l’Empire, irritée bien plutôt qu’effrayée du rétablissement des autels, restait maîtresse en théorie.
Et parmi ceux de nos vieillards politiques que la hache des factions ou la fièvre intérieure de la lutte a épargnés, combien y en a-t-il qui, à travers la corruption de l’Empire et la turpitude de nos sénats, soient demeurés fidèles à eux-mêmes et à leurs commencements, fidèles à la majesté du Jeu de paume, à la nuit du 4 août, aux grandes journées d’autrefois, où nous lisons leurs noms ?
Là les folles amours, là le luxe, l’ambition et le vain désir de paraître exercent leur empire sans résistance.
Or, elle se nomme la comtesse Martin-Bellème ; elle est la fille d’un financier puissant, la bru d’un ministre du second empire, la femme d’un ministre de la troisième République.
Le despotisme romain ne se fit sentir d’une façon désastreuse que beaucoup plus tard, et d’ailleurs il fut toujours moins pesant dans ces provinces éloignées qu’au centre de l’empire.
Madame de Montespan ne considérait pas non plus que cet acte de domination et de jalousie tournerait contre elle dans l’esprit du roi, lorsqu’elle aurait perdu ce qui lui restait d’empire sur ce prince.
« L’amie (madame de Maintenon) est encore plus triomphante que celle-ci (madame de Montespan) : tout est comme soumis à son empire.
. — Sous l’empire d’une passion très-vive, on voit l’aphasique retrouver momentanément la parole. — M.
Ils périrent, dit un bel esprit, comme ces vastes Empires, dont l’histoire nous raconte la chûte, accablés sous le poids de leur propre grandeur.
Je pourrois encore citer plusieurs passages d’anciens auteurs latins qui ont emploïé les termes de modi et de modulatio dans un sens aussi étendu ; mais pour convaincre le lecteur qu’on s’en servoit communément pour dire toute la composition, il suffira de rapporter la définition que fait du mot de modulation, Diomede grammairien, qui a vécu avant la destruction de l’empire romain.
Et en effet, Messieurs, transportons-nous par la pensée dans l’avenir le plus lointain : supposons que de nombreuses générations se sont succédé, et que, par l’effet de ces grandes catastrophes qui bouleversent les empires, tout ce qui a été écrit sur les deux derniers siècles a disparu.
Quand les Barbares arrivaient sur l’Empire et que de tous côtés, dans les batailles, dans les compétitions pour le sceptre, dans les discordes intestines, le sang coulait et montait pour les étouffer jusqu’à la bouche des nations mourantes, il fallait encore à l’Antiquité persistante et incorrigible ses cochers, ses gladiateurs, ses histrions et ses cirques.
La capitale des empires est dans les caveaux funèbres encore plus que dans les palais.
« Quand le colossal et terrible matérialisme romain se fut développé dans l’empire, — dit un écrivain qui n’est pas suspect, Henri Heine, — il y eut une réaction nécessaire et bienfaisante du dogme chrétien. » Et le Spiritualisme sauva le monde !
Mais j’avoue que je n’ai vu nulle part rien de mieux réussi, de mieux aperçu, de pensé plus avant que cette notice, qui est mieux qu’un portrait, et où toutes les causes de l’élévation de madame de Maintenon et de son empire sont expliquées avec une si éloquente sagacité.
À part son diable de goût pour Cléopâtre, qui me paraît un peu païen, pour ne pas dire pis, Blaze de Bury n’est cependant pas — du moins dans ce livre-ci — un de ces paganisants comme il en pousse partout, et même à la Revue des Deux-Mondes ; de ces petits Julien l’Apostat, moins l’Empire, et avec dix-huit cents ans de plus de Christianisme sur la tête, ce qui les forcera, avant de la lever tout à fait, de ramper encore quelque temps !
Pour ce biographe intelligent, Voltaire n’est pas un dieu tombé dont il veuille expliquer l’empire et le culte abolis.
C’était alors la dernière période de cette lutte sanglante, qui fut le combat de l’Ange et du Démon, entre le Sacerdoce et l’Empire, et Saint Louis fut invoqué pour s’entremettre entre eux, aussi bien par l’Ange que par le Démon.
Il aurait eu le perçant du grand diplomate, la tenue correcte, l’empire sur lui-même et sur les autres, le silence, qui est une cuirasse et une visière de casque, et la séduction volontaire et calculée… Certes !
Après les guerres de l’Empire, le xixe siècle, qui s’ennuyait, a eu naturellement le goût d’un siècle qui s’amusait.
Il chouanna pour la monarchie légitime contre la monarchie de Juillet, comme, plus tard, contre l’Empire, infatigable de talent, de verve, d’impétuosité joyeuse et meurtrière.
Mais à une époque où le Rationalisme souffre tant des blessures qu’il se fait à lui-même et où l’enseignement de l’Église commence de reprendre dans les esprits éminents l’empire qu’il avait perdu au dix-huitième siècle, ils se sont dit probablement qu’il ne fallait mépriser le secours de personne.