Il semblait avoir été trempé par des eaux moins troubles et plus toniques.
Michelet, avant de faire paraître chaque volume de sa scandaleuse Histoire de France, y fait des communications qui ne révoltent nullement la pudeur de Buloz, de ce farouche, comme dirait Sainte-Beuve, qui trouvait autrefois qu’un éloge de Brummell était bien léger pour sa revue, et qui ordonnait de ne pas rire, en ce grave sujet, à John Lemoine, lequel, si vous vous le rappelez, fut superbe d’indignation puritaine contre les pots de pommade du dandy et l’immoralité de ses rouleaux d’eau de Cologne !
Les reproches que l’Histoire fera à Lamartine seront, pour la postérité, — oublieuse des fautes politiques parce que la politique est chose de passage, — noyés dans le sentiment de ses œuvres, qui donneront toujours à ceux qui les liront un bonheur qu’aucune forme de gouvernement ne peut donner, et elles ne feront pas plus de bruit, à quelques siècles de distance, que les gouttelettes d’eau des avirons soulevés quand la barque touche au rivage !
Certainement, il y a de l’infini dans toute âme, mais il y est, et même dans les plus grandes, à l’état latent, mystérieux, sommeillant, comme l’Esprit sommeillait sur les eaux, tandis que dans l’âme de Térèse l’infini déchire son mystère, se fait visible, et passe dans le langage où la pensée déborde les mots.
Plus tard, l’auteur, sans doute, dégagera de ce qu’il appelle les Institutions de l’ancienne France, l’immense part de cette influence qui les a pénétrées comme l’eau pénètre l’éponge. « La collection de Justinien — dit-il en passant — a eu force de loi jusqu’au milieu du Moyen Âge… » Mais, en ce moment, ce qu’il veut, c’est de marquer notre lignage et de le purifier de cette tache originelle de la conquête, que l’Histoire lui a fait trop longtemps porter.
Voltaire ricanait là-bas, auprès de sa goutte d’eau ; mais le monde roulait son train éternel sous le souffle de la croyance, et de la croyance dévoyée, de la croyance insensée, superstitieuse et bête, parce qu’elle était individuelle, parce qu’elle était sortie du vrai dogme et de l’Unité !
Et elles s’emparent des vêtements du baigneur ahuri, et elles s’en vont nageant en pleine eau, chacune portant un détail de son costume au bec. […] Il commande au garçon un rhum à l’eau. « Il n’y a que Verlaine et moi qui prenions cette consommation ici », explique-t-il, et, ôtant l’un de ses gants, il couve d’un œil admirateur sa main fine et blanche, qu’il étend devant lui sur le marbre de la petite table. […] Et voyant que le jour tout à fait le délaisse, Le Temple, avec sa froide image dans les eaux, S’enfonce plus profondément dans sa tristesse. […] L’action, c’est la succession des mouvements de l’âme qui portent le tueur d’oiseaux à regretter son crime ; ils éclatent en crise finale, quand il voit les gouttes de sang sur son habit vierge, et qu’il se baisse pour laver son pantalon dans l’eau claire du ruisseau, comme un véritable criminel qui cherche à effacer les traces de son assassinat. […] L’eau n’était qu’une tache sombre ; une ligne vague dessinait les faîtes des maisons du quai contre l’obscurité du ciel ; l’église Notre-Dame était une masse informe, montant confusément dans le gouffre noir de la nuit.
Mézières, qui rapporte ces faits curieux, fait aussi connaître que la mère de Maximiliana Brentano, la grand’mère de la célèbre Bettina, Mme de la Roche « vogua toute sa vie sur les eaux du sentiment. […] L’eau y coulait avec un tintement sonore. « L’eau, dit-il, est l’élément triste. […] C’est que l’eau pleure avec tout le monde. […] un morceau de pain, une goutte d’eau y suffisent. […] L’Histoire de sa vie dont nous tirons ces détails nous apprend que, pour réaliser ce sombre dessein, c’était l’eau surtout qui l’attirait.
Le jeune homme met de l’eau dans son vin. […] Hippocrate, dans son traité des Airs, des Eaux et des Lieux, s’étend beaucoup sur ce sujet. […] Suivez la manière par où ils ont commencé ; c’est en faisant tout comme s’ils croyaient, en prenant de l’eau bénite, en faisant dire des messes, etc. […] Sous son abri, je ne redoutais ni la maladresse d’un valet, ni la mienne ; ni les éclats du feu, ni la chute de l’eau. […] Autour de lui s’empressent les Gôpi ou Laitières ; — ce sont les naïades des Indous, elles versent du lait au lieu d’eau.
« Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu ! […] Des merveilles d’Olympie il reste bien peu de traces ; les alluvions du Gladée et de l’Alphée ont couvert sous vingt pieds de terre l’hippodrome, le bois sacré de l’Altis, les sculptures d’Alcamène dont Pausanias a parlé ; c’est à peine si les architectes de la Commission de Morée ont découvert par leurs fouilles la base de quelques colonnes, seul reste de ce majestueux temple de Jupiter, plus grand et plus vénéré que le Parthénon : et cependant aucun lieu ne répond plus fidèlement à l’idée qui s’attache à son nom ; aucun paysage n’est plus harmonieux dans ses lignes, plus doux aux regards ; ces plaines fécondes, ces eaux paisibles, ces collines verdoyantes écartent l’idée de la souffrance, de la haine, du sang versé ; la joie et la paix y respirent ; c’est là que des peuples de frères doivent se réunir pour oublier leurs querelles et jurer de s’aimer toujours. » Il ne se peut de plus beau commentaire littéraire ; Gandar s’y complaisait et aurait eu peu à faire pour y exceller. […] Gandar retrouvait l’École bien en progrès, la bibliothèque agrandie et complétée, le petit jardin ayant gagné en verdure et en fleurs, d’autres jardins encore (ceux de la reine) créés et embellis par une habile culture : « Bien que deux hivers désastreux, dit-il, aient ravagé toute la plaine, brûlé les jeunes orangers d’Athènes comme les oliviers séculaires du Céphise, la reine est parvenue à doubler ses plantations où l’on trouve de l’eau, des fleurs, de l’herbe, presque de l’ombre, et quelques arbustes exilés de nos pays, mêlés à ceux des montagnes de l’Attique et aux palmiers de l’Orient.
Il n’y a rien dans l’eau, dans l’air, dans le feu, dans ce que les éléments offrent de plus subtil et de plus délié, qui présente l’idée du moindre rapport quelconque avec la faculté que nous avons de percevoir les idées du passé, du présent et de l’avenir. […] Un Cerbère à trois têtes, les flots bruyants du Cocyte, le passage de l’Achéron, un Tantale mourant de soif et qui a de l’eau jusqu’au menton sans qu’il y puisse tremper ses lèvres ; ce rocher contre lequel Sisyphe, épuisé, hors d’haleine, perd, à rouler toujours, ses efforts et sa peine ; des juges inexorables, Minos et Rhadamanthe, devant lesquels, au milieu d’un nombre infini d’auditeurs, vous serez obligé de plaider vous-même votre cause, sans qu’il vous soit permis d’en charger ou Crassus ou Antoine, ou, puisque ces juges sont grecs, Démosthène : voilà l’objet de votre peur, et sur ce fondement vous croyez la mort un mal éternel. […] Puisque donc le consentement de tous les hommes est la voix de la nature, et que tous les hommes, en quelque lieu que ce soit, conviennent qu’après notre mort il y a quelque chose qui nous intéresse, nous devons nous rendre à cette opinion, et d’autant plus qu’entre les hommes ceux qui ont le plus d’esprit, le plus de vertu, et qui, par conséquent, savent le mieux où tend la nature, sont précisément ceux qui se donnent le plus de mouvement pour mériter l’estime de la postérité……………………………………………………………………………………………… « C’est ce dernier sentiment que j’ai suivi dans ma Consolation, où je m’explique en ces termes : On ne peut absolument trouver sur la terre l’origine des âmes, car il n’y a rien dans les âmes qui soit mixte et composé, rien qui paraisse venir de la terre, de l’eau, de l’air ou du feu.
Ce reproche-là, qu’on le garde pour les peintres de saletés à l’eau de rose, pour des talents mignards qui parent d’oripeaux les ordures du chemin, qui jettent le manteau de la poésie sur la nudité du vice ! […] Pour inspirer une immense pitié du misérable qui tombe et de la femme qu’il entraîne Le dégoût même du livre que témoignent des esprits très délicats, habitués à des peintures à l’eau de rose de péchés mignons, à des récits d’infamies comme il faut, prouve que l’auteur a atteint son but. […] … V’là que ça illumine, des lanternes dans les arbres, des ballons rouges en l’air, et ça saute, et ça file…. des fontaines partout, des cascades, de l’eau qui chante, oh !
C’est vrai, tu ciselas de si belles amphores Que l’eau claire, dorée à leur reflet vermeil, Y brillait comme un vin saturé de soleil ; Prince de l’antithèse et roi des métaphores. […] Fleuve vaste et impétueux, il étonne par le bruit de ses eaux, par ses remous, ses tempêtes, son ardeur toujours renouvelée ; mais admirez-le de loin, ne vous penchez pas trop sur lui, vous verrez bientôt que ces flots sont lourds d’impureté, que tout ce bruit est vain, que les cailloux se mêlent trop souvent aux perles dans cette cuve sans profondeur. […] Les plus riches en dons naturels ne lui ont pris que quelques ondes, à peine le creux d’un coquillage ; les moins riches se sont contentés de venir avec des coupes et des amphores et ils ont emporté de la source beaucoup plus d’eau ; quant aux très pauvres, accoudés au rivage, ils y demeurent la bouche aux flots.
À ce propos, il se rappelle qu’en 1825 il a lu l’histoire d’un vaisseau de la Compagnie des Indes, placé entre la flamme qui dévore et l’eau qui monte. […] Vous y faites passer bien plus de lait qu’il n’y a d’eau dans nos fleuves ! […] le juge-mage, en grande tenue, prit la belle enfant sous les deux bras et la porta de l’autre côté de l’eau. […] Il a vécu seul, sans être misanthrope ; il a mangé du pain, il a bu de l’eau fraîche, sans être un anachorète. […] Le Satiricon de Pétrone a été écrit dans un bain d’eau chaude et de sang.
La théologie y entre ; la poésie devient une litanie interminable, intolérable, où les idées expliquées, développées et répétées à l’infini, sans un élan d’émotion ni un accent d’invention, coulent comme une eau claire et fade, et bercent de leurs rimes monotones le lecteur édifié et endormi. […] L’honnête Robin ne voulut pas se servir contre lui de son arc, alla couper un bâton, long de sept pieds, et ils convinrent amicalement de combattre sur le pont jusqu’à ce que l’un d’eux tombât à l’eau. […] Par les tailles, la gabelle, les impôts sur le vin, les logements des gens de guerre, elles sont réduites à l’extrême misère. « Vous les avez vues en voyageant… Elles sont si appauvries et détruites, qu’elles ne peuvent presque pas vivre : ils boivent de l’eau, ils mangent des pommes avec du pain bien brun fait de seigle. […] Ils ne boivent point d’eau, si ce n’est par pénitence ; ils mangent abondamment de toutes les sortes de chairs et de poissons.
On ose à peine le supposer ; un si joli petit être si fragile, si capricieux, n’a ni passion, ni violence ; s’il suit une pente, ce n’est pas qu’il y coure, c’est qu’il se laisse aller, c’est de l’eau qui coule. […] Les maisons… il n’y en a point ; on ne connaît que les palais de marbre et d’or ; les propylées gigantesques, les jardins sans limites ; et à côté les masures en ruines, où la misère la plus repoussante règne sans trouble sur des amas d’immondices et dans des flaques d’eau corrompue. […] Tous ces chants n’avaient rien de nouveau pour le poète ; il en connaît les paroles, il en connaît l’air, il connaît même messieurs les rédacteurs ; il croit savoir qu’ils boivent du vin en secret, et prêchent l’eau en public. […] Il y court, en effet, et comme il se tient sur le pont, regardant couler les eaux profondes, voici qu’il entend tout à coup sortir du sein du fleuve une voix creuse et tremblotante, interrompue par des quintes de toux, en un mot une voix de vieillard qui le salue et s’empresse de lui conter en gémissant mille infortunes.
Je pris un supplément d’eau de Seltz et l’on me servit, avec le choix des moyens, un clysopompe et un verre à pied. […] Karr habite Saint-Maur, Saint-Ouen et tous les villages des environs de Paris auprès desquels il y a de l’eau. […] Ainsi, s’il traite ses amis on lui servira pour lui seul un œuf à la coque et un carafon d’eau de Seltz ; mais je dois ajouter à ceci les indiscrétions de la chronique. […] Quand on eut apporté l’eau pour le thé. — Charles ! […] Jal a le fanatisme de l’art nautique, comme Sangrado avait celui de l’eau chaude et de la saignée.
Il est curieux que les reproches adressés au Romantisme débutant ressemblent, comme une goutte d’eau à une autre, à celles que l’on lance aujourd’hui contre le Réalisme. […] Le costume en question se composait d’un gilet de satin cerise, très collant, comme un justaucorps, d’un pantalon vert d’eau très pâle avec une bande noire, d’un habit noir à revers de velours, d’un pardessus gris doublé de satin vert et d’un ruban de moire autour du cou, sans que ni cravate ni col blanc se laissassent apercevoir. […] Devant les vitrines de minéralogie, essayant de voler la Nature, de ravir et d’emporter les feux multicolores de ces pétrifications et de ces cristallisations d’éclairs, il s’arrêtait à ces bleus d’azurite, d’un bleu d’émail chinois, à ces bleus défaillants des cuivres oxydés, au bleu céleste de la lazulite allant du bleu de roi au bleu de l’eau. […] Il se mettait dans les yeux l’azur du saphir, le sang du rubis, l’orient de la perle, l’eau du diamant. […] Il est des patios de Fernan qu’il nous semble voir, qui nous réjouissent les yeux avec leurs fleurs, et les oreilles avec le bruit de l’eau, les pioussements des poules et l’innocent bavardage des enfants.
et l’eau déjà lui en vient à la bouche ; il est fier de lui-même, et il a bien raison ; à la vue de ces tranquilles bourgeois, de ces riches paisibles, de ces bourses bien garnies qui ne tiennent qu’à un fil, Mascarille, bien plus logiquement que Figaro, peut s’écrier : — Et moi ! […] Jamais le poisson dans l’eau, le calomniateur dans la calomnie, la coquette dans le mensonge, le dandy dans la dette, le loustic dans le bas étage de ses plats quolibets, n’ont été heureux et à leur aise autant que l’empereur Mascarille dans la fourberie. […] « Que j’aurai de plaisir de voir des créatures qui vont sortir de moi, de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d’eau, qui se joueront continuellement dans la maison, qui m’appelleront leur papa quand je reviendrai de la ville, et me diront de petites folies les plus agréables du monde ! […] Et qu’il est loin aussi de ces petites figures qui devaient lui ressembler comme deux gouttes d’eau ! […] Soudain, vous voyez notre homme enflé de sa gloire, faisant le gros dos, suant sang et eau pour nous donner le sentiment de son importance.
Je vois l’eau effleurée par le vent, reprenant son miroir. […] « Je vois toujours l’eau… et des hirondelles passent et la touchent de l’aile sans la troubler plus qu’un instant. Ces dix ans ont passé sans laisser plus de trace Qu’une aile d’hirondelle à l’eau claire des lacs. […] Les ans ne font pas rider le front comme l’hirondelle l’eau. […] Pendant que je portais Numa, on m’avait envoyé aux eaux d’Allevard ; et là, dans les salles d’inhalations, je voyais de jeunes visages, tirés, creusés, travaillés au couteau, j’entendais de pauvres voix sans timbre, rongées, des toux rauques, suivies du même geste furtif du mouchoir ou du gant, guettant la tache rose au coin des lèvres ; de ces pâles apparitions impersonnelles, une s’est formée dans mon livre comme malgré moi, avec le train mélancolique de la ville d’eaux, son admirable cadre pastoral, et tout cela y est resté61. » Souvent ainsi une impression un peu vive venant faire entrer dans l’œuvre en évolution les éléments qui l’ont provoquée, l’éveil par un élément de l’œuvre d’un sentiment déjà puissant, une occasion quelconque parfois, peuvent déterminer une déviation.
Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées. […] Hennin : « J’irai vous voir à la première violette », on rajeunit avec lui et l’on espère. — « Enfin j’ai cherché de l’eau dans mon puits », disait-il en 1778, sous cette forme d’image orientale qui lui est si familière ; cela signifiait qu’il travaillait sérieusement à tirer de lui-même sa principale ressource et à se faire jour par ses écrits.
Des particules mobiles et mouvantes dont les diverses sortes ont divers états d’équilibre, voilà les minéraux, la substance inanimée, marbre, chaux, air, eau, charbon396. […] Confessions, 2e partie, IX, 361. « J’étais si ennuyé des salons, des jets d’eau, des bosquets, des parterres et des plus ennuyeux montreurs de tout cela ; j’étais si excédé de brochures, de clavecin, de tri, de nœuds, de sots bons mots, de fades minauderies, de petits conteurs et de grands soupers, que, quand je lorgnais du coin de l’œil un simple pauvre buisson d’épines, une haie, une grange, un pré, quand je humais, en traversant un hameau, la vapeur d’une bonne omelette au cerfeuil…, je donnais au diable le rouge, les falbalas et l’ambre, et, regrettant le dîner de la ménagère et le vin du cru, j’aurais de bon cœur paumé la gueule à Monsieur le chef et à Monsieur le maître qui me faisaient dîner à l’heure où je soupe et souper à l’heure où je dors, mais surtout à Messieurs les laquais qui dévoraient des yeux mes morceaux, et, sous peine de mourir de soif, me vendaient le vin drogué de leur maître, dix fois plus cher que je n’en aurais payé de meilleur au cabaret. » 418.
Parlant peu, mais répondant juste, il était alors très enclin à cette ironie douce de ceux qui ont bu de bonne heure les eaux de la Garonne ; il en conserva quelque chose toute sa vie, même quand les déceptions et les révolutions eurent altéré le fond de son âme. […] Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau.
C’est ce cardinal qui venait de construire à Tivoli, non loin des cascades et des ruines de la villa de Mécène, ce merveilleux palais d’Este et ces jardins, type de ceux d’Armide, où les édifices, les terrasses, les grottes, les arbres, les fleurs et l’eau jaillissant ou courant dans des canaux harmonieux, remplissaient l’oreille de mélodies éternelles semblables aux concerts des harpes éoliennes. […] Pendant ce temps un domestique ayant apporté de l’eau, nous nous lavâmes les mains, et nous nous mîmes à table.
Le château, ou plutôt le fort, n’était qu’un bloc massif de granit, flanqué de deux lourdes tours, peuplé de hiboux et de chauves-souris, éternellement noyé dans la brume, défendu par les eaux du lac. […] Ces lots, elle les plaça dans autant de bourses pour le lendemain. » Elle demanda ensuite de l’eau ; elle se fit laver les pieds par ses filles d’honneur.
Tout d’abord, la vertu subsiste dans le défaut, comme l’eau d’une source dans le fleuve qui sort d’elle. […] Le beau parfait, a-t-on dit, est comme l’eau très pure qui n’a point de saveur.
Il faut reconnaître que Bayreuth est, cette année, une station mondainebc plus qu’aucune ville d’eaux ou plage. […] Et puis il y a de simples curieux, de ceux qui prenaient les eaux à Carlsbad, à Marienbad ou à Franzensbad et qui, dans l’intervalle de leur cure, débarquent ici afin de pouvoir dire : « J’ai entendu Parsifal à Bayreuth », et ils décriront le bizarre endroit.
Un seul instant, quand il tombe évanoui, et quand elle court vers la source pour y chercher de l’eau, une sorte de douceur s’est répandue sur elle, mais ce n’est qu’un éclair : elle se détourne tristement devant le regard étonné de Gurnemanz. […] Quand Parsifal tombe inanimé, elle ne met plus de brusquerie à lui porter secours, mais elle apporte de l’eau avec un empressement humble.
C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ; C’est une âme que fait ruisseler le pressoir. […] Hugo cesse d’être ce génie qui, à côté de la plus éblouissante hyperbole, a des simplicités d’eau pure dans une jatte de bois, quand il sort de sa vraie veine, cette veine que rien ne peut remplacer.