Pour que l’attention puisse naître, il faut au moins quelques sens développés, quelques per-coptions nettes et un appareil moteur suffisant. […] Le chien que son maître amuse d’une certaine manière devient attentif quand il le voit se préparer, et un bon observateur des enfants, Sikorski, a montré que leur activité et leur attention se développent surtout dans les jeux15. […] Les lobes frontaux sont imparfaitement développés chez les idiots dont le pouvoir d’attention est très faible. […] Obersteiner, pour qui l’attention est essentiellement un fait d’inhibition, a trouvé qu’elle exige en général plus de temps chez les ignorants que chez les gens cultivés, chez les femmes que chez les hommes qui par leur mode de vie ont développé le pouvoir d’arrêt, chez les vieillards que chez les adultes et les jeunes gens : ce qui tient sans doute à une activité fonctionnelle moins rapide. […] Pour exécuter ce tour de force durant une demi-journée sans interruption, il fallait développer une prodigieuse puissance d’action dans l’appareil moteur.
En un temps d’élites plus vastes, moins divisées entre elles et communiquant avec le grand nombre, et son lyrisme se fût développé moins librement, et sa pensée exprimée plus ouvertement, et l’épreuve de la scène lui eût plus tôt enseigné les lois de l’échange, et, en milieu catholique, à une époque catholique, il eût obtenu du public un unanime acquiescement. […] Cette révolution poétique, classique, organique, Charles Dullin à l’Atelier, Louis Jouvet aux Champs-Élysées, Courville à la Petite Scène la continuent, la développent chaque jour ; aussi bien Dullin et Jouvet ont appris leur métier sur cette scène. […] Ce fut la Farce du Pendu Dépendu qui développait un miracle de la Légende Dorée ; il essuya les plâtres d’un théâtre régulier récemment fondé à Montmartre, en face d’un public auquel il n’était en rien destiné, puis s’épanouit dans son vrai milieu avec une fortune inattendue. […] Bienfait pour l’art dramatique lui-même qui cesse d’être le privilège du petit nombre et de se développer en vase clos ou à demi clos, ou de s’avilir devant le grand nombre en flattant ses plus bas instincts. […] Un métier, je l’ai dit, qui possède dès à présent tous les moyens de se développer sur une scène.
Ce goût philologique qu’il avait développé et aiguisé dans la lecture des anciens, Leopardi le portait aussi dans l’étude et l’usage de sa propre langue ; il revenait à Dante et aux vrais maîtres d’avant la Crusca. […] » — Le chant au printemps, où il redemande à la nature renaissante l’âge d’or des fables antiques, développe une pensée que nous avons déjà entendu exprimer au poëte au sujet de la découverte de Colomb ; il se reprend d’un regret passionné à ces douces illusions évanouies, irréparables : « Hélas ! […] Leopardi, tout en y étant fidèle à lui-même, nous y apparaît sous un nouveau jour : le grand moraliste que recèle tout grand poëte se déclare ici et se développe en liberté sous vingt formes ingénieuses et piquantes.
Dans le chapitre de la Ville, il plaint les citadins qui « ignorent la nature, ses commencements, ses progrès, ses dons et ses largesses… Il n’y a si vil praticien qui, au fond de son étude sombre et enfumée… ne se préfère au laboureur qui jouit du ciel… » Tout ce que développeront un jour Rousseau, Bernardin, Chateaubriand et Sand n’est-il pas enclos dans ces deux brèves et charmantes pensées : « Il y a des lieux qu’on admire ; il y en a d’autres qui touchent et où l’on aimerait à vivre Il me semble que l’on dépend des lieux pour l’esprit, l’humeur, la passion, le goût et les sentiments. » L’auteur des Caractères était essentiellement de ces esprits ouverts, « vacants » et inquiets, révoltés contre le présent, ce qui donne une bonne posture dans l’avenir ; de ces âmes qui sentent beaucoup et pressentent plus encore, par un désir de rester en communion avec les hommes qui viendront, et par une sympathie anticipée pour les formes futures de la pensée et de la vie humaine. […] Aucun écrivain ne s’est plus continûment exprimé par des métaphores, ni plus colorées, ni développées avec plus de minutie, ni plus exactes dans le dernier détail. […] Dans Mademoiselle Jaufre, qui est peut-être son meilleur ouvrage, il développe une sorte de corollaire du mot de saint Paul sur la « loi » qui « fait le péché », et, nous contant l’histoire d’une fille élevée selon la nature par un père à théories, il montre comment, à cette âme primitive, c’est le péché qui révèle la loi. — L’inspiration de la Confession d’un amant est plus chrétienne encore, et il s’y ajoute le tolstoïsme filtré de MM. de Vogüé et Desjardins.
Elles ne pourraient le gêner, car elles lui sont essentielles ; innées en lui, du moins quant à leur ensemble originel et qui se développera par l’éducation, elles suivent sans rien perdre de leur rigueur, les penchants, elles satisfont les besoins personnels de l’artiste. […] Nous représentons, peut-on dire, des prémisses qui se cherchent ; ces prémisses sont nos facultés qu’il faut développer, conduire à leur perfection — cela pour chacun des individus qui composent une société et, en conséquence, pour l’individu universel qui se concerte de toutes ces unités et qui ne se comporte pas autrement, dans sa destinée immense, que chacune de ces unités dans leur courte vie. […] L’Art civil, dont nous trouverions peu de vestiges personnels et libres durant tout le moyen âge, est né le même jour que le libre examen, le même jour que l’esprit philosophique et se développe parallèlement, concurremment avec lui.
Nul d’eux ne donne une symphonie véritable, où soit analysée et développée la marche d’une émotion. […] Un long séjour dans les casemates universitaires a développé chez moi, jusque l’hallucination, le sens de la prosopopée. […] Dans l’Avant-propos est développée la thèse … « ne pas tendre à Wagner les mains qui l’applaudissent … » Ensuite, des Souvenirs personnels : Souvenirs de Triebchen, très aimables aperçus sur la vie du Maître à Triebchen ; — Épître au roi de Thuringe, amusant récit des représentations du Rheingold, à Munich, en 1869.
Nous avons donc le sentiment obscur d’une série d’images à l’état d’enveloppement qui tend à se développer, et qui se développe en effet dans un ordre déterminé. […] L’ouïe s’est développée en raison de son utilité pour avertir l’animal de la proximité d’un ennemi.
Notre nation, par une infinité de causes, aussi dangereuses à développer que faciles à connaître, est demeurée ensevelie pendant plusieurs siècles dans les ténèbres les plus profondes ; elle n’en était pas même plus à plaindre, si nous en croyons quelques philosophes, qui prétendent que la nature humaine se déprave à force de lumières. […] Pour développer et apprécier en même temps cet avantage, il est nécessaire de remonter plus haut, et d’examiner d’abord sur quels principes, et de quelle manière on tâche de se procurer cette espèce de gloire qui est fondée sur les talents. […] Les grands talents n’ont besoin pour se développer d’aucun autre principe que de l’impulsion de la nature.
Le poète est celui chez qui les sentiments se développent en images, et les images elles-mêmes en paroles, dociles au rythme, pour les traduire. […] Même, dans certaines de ses manifestations, la conscience paraît s’épanouir au dehors, comme si l’intensité se développait en étendue : tel est l’effort musculaire. […] Et de même que nous nous sommes demandé ce que serait l’intensité d’une sensation représentative si nous n’y introduisions l’idée de sa cause, ainsi nous devrons rechercher maintenant ce que devient la multiplicité de nos états internes, quelle forme affecte la durée, quand on fait abstraction de l’espace où elle se développe.
» Cette longue traversée, le manque absolu de livres et de conversation, son ignorance de l’astronomie qui lui fermait l’étude du ciel, tout contribuait à développer démesurément chez lui son habitude de rêverie sans objet et sans résultat. […] Mais chez toi la pudeur de l’adolescence, qui avait trop aisément cédé par le côté sensuel, s’était comme infiltrée et développée outre mesure dans l’esprit, et, au lieu de la mâle assurance virile qui charme et qui subjugue, au lieu de ces rapides étincelles du regard, Qui d’un désir craintif font rougir la beauté77, elle s’était changée avec l’âge en défiance de toi-même, en répugnance à oser, en promptitude à se décourager et à se troubler devant la beauté superbe.
Thiers, au début du National, développait sa théorie constitutionnelle, et venait professer Delorme comme résumé de son Histoire de la Révolution, ces articles ingénieux étaient regardés comme de purs jeux de forme et des fictions un peu vaines au prix de la grande question populaire et sociale ; et ce n’était pas M. […] Jouffroy en était, en ces années-là, à cette période heureuse où luit l’étoile de la jeunesse, à la période de nouveauté et d’invention ; il se sentait, à l’égard de chaque vérité successive, dans la fraîcheur d’un premier amour ; depuis, il se répète, il se souvient, il développe.
Pasquier, alors ministre, n’avait pas peur de la poésie ni de l’éloquence, à supposer que je vinsse à développer un peu de ces avantages dans la diplomatie ; mais j’avais dès lors, comme par instinct, la conviction du danger qu’il y a en France pour un homme à développer plus d’une faculté à la fois.
J’ai vécu heureusement loin du monde, dans l’ignorance de presque tout ce qui porte au mal ou le développe en nous. […] Que doit-ce être d’une harmonie de science et de génie, sur qui comprend cela, sur qui a reçu une organisation musicale, développée par l’étude et la connaissance de l’art ?
Il entra par l’étude dans les mœurs et dans l’esthétique des siècles morts ; il démêla l’empreinte que les générations reçoivent de la terre, du climat et des ancêtres : et, comme il s’amusait à la logique de l’histoire, il en sentit moins la tristesse ; puis il lui parut que toute force qui se développe a sa beauté pour qui en est spectateur sans en être victime ; il eut des visions du passé si nettes, si sensibles et si grandioses qu’il leur pardonna de n’être pas consolantes. […] Le goût de l’action se réveille sous un ciel moins accablant qui permet la lutte, et le sens de la beauté vit et se développe dans une nature aux contours harmonieux et modérés, dans une lumière qui réjouit et n’aveugle point.
La force, qui chez lui coordonne, dirige et maîtrise des passions si vives, c’est un instinct d’une profondeur et d’une âpreté extraordinaires, l’instinct de se faire centre et de rapporter tout à soi, un égoïsme prodigieusement actif et envahissant, développé par les leçons que lui donnent la vie sociale en Corse, puis l’anarchie française pendant la Révolution. […] J’imagine pourtant qu’il dut subir, dans une certaine mesure, les influences extérieures et les idées ambiantes ; qu’il dut se développer, se modifier et, qui sait ?
L’unité française réalisée ou sur le point de l’être, les gloires poétiques se sont développées, à de très rares exceptions près, dans l’atmosphère de serre chaude de la cour et le rayonnement du roi. […] Depuis cinquante ans, nous assistons à une sorte de revanche de la bataille de Muret, en ce sens que les seuls princes que puisse s’offrir une république, parlementaires retentissants ou ministres relativement durables, ont été très fréquemment des enfants du Midi… Et des poètes des mêmes régions, plus nombreux parce que démocratiques, se sont tout naturellement développés à leur ombre, comme d’autres jadis dans le rayonnement royal… Mais je m’arrête.
Le moyen le plus puissant et le plus efficace de développer cette éducation de l’esprit français, de l’assurer, c’était de lui faire voir, comme en un abrégé, l’antiquité elle-même se révélant dans notre langue. […] Amyot eut cette sorte de génie, qu’il sentit avec une admirable justesse tout ce que l’esprit français développé par cette première culture de l’antiquité, pouvait concevoir et exprimer d’idées générales, et qu’en traduisant un des écrivains de l’antiquité les plus riches en idées de cet ordre, il s’arrêta toujours au point juste où le génie de notre langue aurait résisté.
Assistée de cette science nouvelle, l’histoire nous enseigne par quel travail se forme et se développe une société politique ; comment elle se maintient ; par quelles causes se détruit l’édifice, édifice si beau, même aux époques où l’architecture en est le plus défectueuse ; comment de ces destructions, qui ne sont que des transformations, sort un édifice nouveau ; dans quelles proportions le vieux s’y mêle au neuf ; quels sont, dans les crises violentes qu’on appelle les révolutions, les intérêts en lutte, les passions aux prises, les vérités en travail, les pertes où les conquêtes de la civilisation. […] D’autres habitudes d’esprit, un autre génie développé par les luttes de la tribune et les improvisations de la presse, ont inspiré un genre d’histoire qu’on pourrait appeler l’histoire des affaires.
Duel utile, qui stimule, fortifie, développe les deux adversaires ! […] On me pardonnera d’être bref sur ce point : j’ai, voici déjà bien longtemps119, développé les raisons que le naturalisme a eues de se définir lui-même « la science appliquée à la littérature. » Il me suffira de les résumer.
Là se développe, joyeux et fortement rythmé, le chœur que l’on a déjà entendu dans les éclaircies de la tempête. […] Car chez nous aussi, lorsque notre grand critique Seroff développa ces idées wagnériennes, il eut à soutenir une averse de moqueries et d’injures.
Le succès de la Walküre est grand toujours ; son premier acte, d’un effet facile, emporte les applaudissements ; les étonnantes beautés des premières scènes du deuxième acte et du milieu du troisième sont moins goûtées ; là pourtant se développe cette épopée aux larges signifiances qu’est l’Anneau du Nibelung ; ni un roman psychologique comme Tristan, ni un poème symbolique purement émotionnel comme Parsifal, mais, au moins dans ses trois premiers drames, un roman d’aventures en même temps un poème philosophique, l’épanouissement d’une âme juvénile en grandes actions et en pensées vastes et luxurieuses. […] Ainsi on pourrait expliquer, en regard, l’écrasante splendeur des ouvertures71 : là, nulle règle cruelle, et le droit de ne point développer les émotions au-delà de leur mesure vécue.
Le principe de Philosophie évolutive I Et si, se plus et plus dénaturant du Cercle dont elle soit l’équivalence en mouvement, se développe une Ellipse : plus et plus, va à équivaloir en Droite l’elliptique périphérie. […] Et pourrions-nous maintenant ouvrir les livres eux-mêmes dont la poétique matière développe les principes.
De Nittis, lui me dit que chez lui, le vin développe singulièrement l’acuité du sens de la vue, et que déjeunant à Londres, dans un cercle, où il buvait deux ou trois verres de vin, en revenant chez lui, dans ces voitures, complètement ouvertes devant, il voyait la rue « toute peinte » — et lorsqu’il n’avait pas bu de vin, son œil avait besoin de la chercher longtemps la rue, pour la peindre. […] * * * — Ce soir, au dîner de quinzaine, chez Brébant, Berthelot parle de l’acuité de l’ouïe, que développent étonnamment chez lui, les excès de travail.
C’est tout simplement la raison humaine développée par le temps, par l’étude, par l’examen, par la lecture, par la science, par l’histoire, par la réflexion, par la liberté de penser ; la raison discutée se substituant en toutes choses à l’idée imposée, et ne demandant sa sanction qu’à l’évidence, au lieu de la demander à l’autorité. […] Sa cause ne fut point dans des hasards ; elle fut dans une pensée : cette pensée, rapide et universelle comme tous les mouvements intellectuels de ce pays où la main est si près de la tête, s’était développée d’abord dans sa littérature.
De ce que la science, en effet, n’est qu’un système de rapports, et de ce que ses progrès ne sauraient consister qu’à développer le système de ces rapports, il résulte, en premier lieu, que nous pouvons toujours nous tromper sur la nature de ces rapports, et que la vérification, si je puis ainsi dire, en doit donc toujours demeurer ouverte. […] Mais de la conception d’Auguste Comte, ce qu’il faut pourtant retenir, c’est que, s’il appartient à quelqu’un d’approfondir et de préciser la notion de l’Inconnaissable, c’est à ceux qui font de la destinée de l’humanité le principal objet de leurs préoccupations ; qui ne sont curieux ni de l’art, ni de la science en soi, mais des services que l’art ou la science peuvent rendre à l’éducation morale de l’humanité ; et qui considèrent enfin que la sociabilité faisant le premier caractère de l’homme, c’est elle que notre perpétuel effort doit avoir pour ambition de développer, d’assurer, et de perfectionner.
Cet empiétement de l’art sur la science, qui empêche celle-ci de se développer, est d’ailleurs facilité par les circonstances mêmes qui déterminent l’éveil de la réflexion scientifique. […] Ce qui existe, ce qui seul est donné à l’observation, ce sont des sociétés particulières qui naissent, se développent, meurent indépendamment les unes des autres.
Si je développe les erreurs de votre système, si je brise les ressorts que vous avez fait jouer pour le faire triompher de tous les obstacles que le bon sens vous opposait, c’est afin d’arriver naturellement à la première idée d’un projet de réforme qui doit tourner à l’avantage de l’art, des comédiens français et de vous-même. […] Il me semble que ce n’est pas dans un tribunal qu’il doit développer sans motif toute l’étendue de son patriotisme.
Pour lui, développer son talent dans le sens même de son talent n’est pas la question, mais prouver qu’il a du talent et de plusieurs sortes, et voilà pourquoi, après nous avoir plaqué du Flaubert dans Fanny, il nous plaque du Byron dans Daniel ; car M. […] Voici comment, du reste : un rival ingénieux fait courir le bruit d’une réconciliation entre Daniel et sa femme, depuis longtemps abandonnée, et le coup de cette nouvelle développe chez la jeune fille une maladie de cœur qui la tue et qui le fait se tuer sur le cadavre de sa maîtresse, comme Roméo.
L’école tout expérimentale de Stuart Mill, Bain et Spencer n’a fait que reprendre ces thèses pour les développer de nouveau, en les fondant sur des observations, des analyses, des explications qui lui appartiennent. […] Bain lui-même, qui a si bien développé la théorie de l’association et en a étendu les applications à l’ensemble des phénomènes psychiques, est forcé de reconnaître l’existence d’instincts irréductibles à la loi de l’habitude.