C’est un vieux chien qu’on purge très souvent, et sa figure de chien prend un aspect navré, quand il aperçoit la préparation de la médecine. […] Or, hier en rentrant chez moi, j’aperçois une chose immense, à l’apparence d’une diligence, qu’une attelée d’ouvriers pousse sous la porte-cochère.
Le plus souvent l’historien est comme le prophète après coup ; il cherche dans les mœurs, dans les lectures favorites, dans les circonstances de la vie les causes qui ont déterminé telle ou telle œuvre, et il ne s’aperçoit pas que toutes ces circonstances s’expliquent par les raisons mêmes qui ont produit l’œuvre : le génie intimement lié avec le caractère moral. […] Mais pourquoi les Italiotes de la Grande Grèce n’ont-ils pas eu la littérature athénienne, malgré la ressemblance des deux côtes. « Chez nous, la Fontaine est d’un pays de coteaux et de petits cours d’eau ; Bossuet n’a-t-il pas aperçu les mêmes aspects autour de Dijon et Lamartine autour de Mâcon28 ?
Mais, à supposer même qu’il engendre en effet cette conséquence, il peut se faire que les inconvénients qu’elle présente soient compensés, et au-delà, par des avantages que l’on n’aperçoit pas. […] Mais nous oublions qu’il lui est beaucoup plus facile qu’au sociologue d’apercevoir la manière dont chaque phénomène affecte la force de résistance de l’organisme et d’en déterminer par là le caractère normal ou anormal avec une exactitude pratiquement suffisante.
Sans doute celle-ci admet différents degrés d’intensité ; sans doute aussi entre elle et la forme calme il y a continuité : il est impossible de dire à quel degré d’intensité la parole intérieure cesse d’être calme ; mais, d’une part, il suffit de considérer quelques cas bien nets pour apercevoir les caractères distinctifs de la forme vive ; d’autre part, la parole intérieure calme paraît être un état limite ; entre elle et le silence intérieur il n’existe pas d’intermédiaire. […] Qu’apercevons-nous quand nous la remarquons, sinon la pensée elle-même, mais la pensée vêtue, enveloppée d’une ombre de parole, ombre légère, insaisissable, qui fait corps avec elle et ne peut en être séparée ?
Cet instinct était chez lui extrêmement fort, comme vous avez déjà pu vous en apercevoir. […] D’un homme dire qu’il est un enfant, ce n’est pas dire autre chose que ceci qu’il n’a aucune moralité, et qu’il ne s’est pas encore aperçu de ce que c’est.
Encore n’a-t-il pas enfermé sa pensée dans un aperçu si heureux. […] Supposez que le point d’histoire aperçu eût été plus vaste, son cadre moins déterminé et moins circonscrit, Sainte-Beuve l’eût manqué ; il se serait perdu dans un grand horizon.
il l’est si bien devenu, que nous n’en apercevons plus les inconvénients et les dangers, et que nous trouvons charmante cette tête de Méduse et en caressons les serpents. […] L’historien du Maréchal de Richelieu n’a plus aperçu le dix-huitième siècle qu’à travers un pastel d’innocence qu’il s’en va veloutant de plus en plus, et les mirages d’un optimisme enchanté.
L’un des plus inattendus n’est-il pas de voir un philosophe qui ne s’était guère occupé que de psychologie et de métaphysique ; qui, s’il n’a pas eu d’idées en propre, un système construit à la façon de Hegel ou de Schelling, a du moins eu de belles parties de discussion, souvent de l’aperçu entre deux idées fausses et surtout un style, beaucoup trop admiré, il est vrai, car il n’est pas sincère, oublier, tout à coup, ce qu’il est et ce qu’il fut, abandonner la philosophie qui meurt plus par le fait de ses partisans que de ses adversaires, laisser là l’habituel sujet de ses méditations et se jeter obstinément dans les petits et obscurs détails de la biographie, et de quelle biographie encore ! […] La première fois qu’il aperçut Marie de Hautefort, ce fut au sermon, parmi les filles de la reine, assises par terre à ses pieds, selon l’étiquette, et, touché de sa mine discrète, il lui envoya, pour s’asseoir, le coussin de velours fleurdelisé qu’il avait mis sous ses genoux.
De ce point de vue, on aperçoit l’une des puissances révolutionnaires du progrès de la richesse ; le luxe est un des instruments qu’elle emploie pour briser les cadres sociaux : en permettant aux roturiers de « vivre noblement » elle diminue la distance qui les sépare des nobles. […] Ce sont, nous l’avons vu, les distinctions collectives qui nous empêchent d’apercevoir les personnes et dans ce qu’elles ont de plus particulier et dans ce qu’elles ont de plus général ; or l’homogénéité comme l’hétérogénéité travaillent, chacune de leur côté, à effacer ces distinctions collectives, en multipliant ici les ressemblances et là les différences.
Suivez-le vous-même à la fête ; conduisez avec lui la carriole dans la traîne si verte, si ombragée, si embaumée ; voyez-le déposer orgueilleusement sa fiancée au milieu d’un cercle d’admirateurs et d’envieux, et se perdre bientôt dans la foule, jusqu’à ce que, la rumeur publique lui annonçant ces dames de Raimbault, il monte, pour les mieux apercevoir, sur une croix de pierre, au grand scandale des curieux moins bien placés que lui.
Pour nous qui ne le jugions que par le dehors, il ne nous a jamais paru plus fécond d’idées, plus inépuisable d’aperçus, plus sûr de sa plume toujours si flexible et si légère, qu’en ces dernières années et dans les morceaux mêmes dont il enrichissait nos recueils, fiers à bon droit de son nom.
Pour apercevoir, par exemple, dans la destinée de Napoléon autre chose qu’un objet d’amour ou de haine, qu’un phénomène politique utile ou funeste, pour y voir une force énergique, immense, majestueuse, qui saisit et subjugue, il n’est pas besoin d’être poète, et il suffit d’être homme, de même encore que cela suffit pour voir dans une belle nuit ou dans une tempête autre chose que du sec ou de l’humide, du vent qui rafraîchit ou de la pluie qui enrhume.
La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres.
« J’aperçois, dit-il, des hommes vertueux et paisibles que leurs mœurs pures, leurs habitudes tranquilles, leur aisance et leurs lumières placent naturellement à la tête des populations qui les environnent.
Dans toutes les situations de la vie, l’on peut remarquer que dès qu’un homme s’aperçoit que vous avez éminemment besoin de lui, presque toujours il se refroidit pour vous.
Comprendre, c’est apercevoir une chose dans son origine et dans ses suites.
Quand il y a dans le discours un véritable mouvement, nulle part on n’aperçoit de solution de continuité : le développement s’achemine tout d’une suite à son but, comme, dans l’être vivant, chaque état du corps, chaque moment de la vie plongent dans l’état et dans le moment qui précèdent, et ne sauraient s’en distinguer : l’enfant devient homme insensiblement, et change en restant le même.
Voilà ce que Voltaire aperçut nettement, et ne cessa de répéter pendant soixante années.
Il s’est aperçu ce jour-là qu’il aimait la vie, même douloureuse : «… Et, pour la première fois, il me semble qu’il y a un peu de « phrases » dans ce que j’ai toujours dit et pensé sur la vie, dans les colères, les dégoûts, peut-être jusque dans les tristesses qu’elle m’a inspirés.
Henri de Régnier En y regardant de près, on s’aperçoit qu’il n’y a en M.
En reportant les yeux sur les fables contenues dans ce neuvième livre, on peut s’apercevoir que La Fontaine baisse considérablement.
. — Les pressentiments sont des aperçus trop fins pour pouvoir être analysés. — L’exil est un tombeau ; seulement c’est un tombeau où la poste arrive. — La vie, pour moi, est comme un bal dont la musique a cessé. » — Et c’est là tout !
C’est un de ces sujets, longtemps obscurs, qu’on n’avait pas aperçu d’abord en se promenant sous les voûtes muettes de l’Histoire, et qu’on découvre comme une porte basse à la sinistre physionomie, comme la première marche d’un monstrueux escalier qui va nous conduire à quelque chose d’épouvantable et d’inconnu !
Quand on ne peut plus montrer dans une figure placée et comme appendue, ainsi qu’un grand portrait, dans la préoccupation contemporaine, un trait oublié que l’admiration n’avait pas vu ou que quelque autre trait d’à côté plus développé ou plus puissant avait recouvert et caché, il faut s’en détourner sous peine de pléonasme d’idées, car la critique, cette observatrice qui se sert tout à la fois du télescope et du microscope, est tenue d’apercevoir dans ce qu’elle regarde quelque chose qu’on ne voyait pas, sous peine de manquer à son devoir.
Mais qu’à deux siècles de distance un homme qui n’a pas le génie absolu qui devine, là où les autres sont obligés de chercher, puisse nous donner le dessous de cartes d’une négociation qu’il ne connaît que par une correspondance officielle, franchement, je ne crois pas à un tel homme… et, dans tous les cas, ce ne serait pas Valfrey, écrivain exsangue, tête sans aperçu, et qui ne conçoit l’histoire de la diplomatie que comme le vil dépouillement d’un carton… IV Elle est autre chose, cependant.
Après la caractéristique du génie de Villon, si vite aperçue et mise en lumière, après les sources morales cherchées et découvertes à travers l’œuvre d’un porte qui a bu toutes les hontes, comme il le dit de lui-même, et qui a tant de parties grossières, mais où le talent brille encore tout en se déshonorant, vient la tâche plus facile de l’appréciation littéraire de l’œuvre entière de Villon, et M.
Son style, très mâle, a la clarté comme il a le muscle et la carrure, et avec — çà et là — de grandes images qui couvrent toujours quelques forts aperçus.
Eh bien, c’est dans ce ton qu’il va, qu’il va droit devant lui, comme s’il revenait de… Stockholm ou de Pontoise, ne faisant jaillir sur sa route ni aperçu nouveau, ni opinion nette dont l’esprit du lecteur puisse être reconnaissant au sien, sur ce règne brillant et délabré qui commença si bien et finit si mal, plus semblable à un carrousel ou à une représentation théâtrale qu’au règne d’un roi sérieux qui sent sa fonction jusque dans le plus profond de sa conscience !
Comme il est aisé de s’en convaincre après ce simple aperçu, l’excellente et intéressante madame d’Alonville est un peu inférieure, il faut l’avouer, à la catholique madame de Maintenon, cette grande femme qui éleva des filles et qui aurait pu élever des hommes, et même à la protestante madame Necker de Saussure, qui, du moins, toute protestante qu’elle fût, entendait la moralité humaine avec une certaine profondeur !