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637. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il fixe alors cette vaste étendue du Ciel, cette immense Nature, qui, fiere dans toutes ses productions n’a point fait d’esclaves, elle n’a point bâti de murs, elle n’a point forgé de chaînes ; cet oiseau qui sur une aîle hardie, franchit l’espace, cet animal des bois qui erre sans guide au gré de son instinct, l’ouragan qui passe, tout parle éloquemment à son cœur, & il apperçoit au milieu de l’Univers la liberté, & il s’écrie : c’est à toi que j’adresse mes vœux, ame des nobles travaux, mere des vertus & des talens ; toi qui formes les ames vigoureuses, les esprits élevés & lumineux ; toi qui ne faisant point d’opprimé, ne fais point d’oppresseur ; toi dont la main sacrée grave dans le cœur de l’homme le caractère primitif de la Justice ; c’est à toi que je voue mes jours, conduis mes pas & ma langue ; je le sens, tu éleveras ma pensée, tu la rendras digne de l’Univers.

638. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

La façon dont ces cellules sont agencées et d’où résulte l’unité de l’individu, n’est-elle pas aussi une réalité, beaucoup plus intéressante que celle des éléments isolés, et un naturaliste, qui n’aurait jamais étudié l’éléphant qu’au microscope, croirait-il connaître suffisamment cet animal ?

639. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Malgré ses lacunes, l’histoire de l’humanité est autrement claire et complète que celle des espèces animales.

640. (1761) Apologie de l’étude

Que de biens à la fois, ai-je dit en y entrant, comme cet animal affamé de la fable !

641. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité — ce sentiment qu’il raille sans cesse — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser Lord Byron parce que Lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.

642. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate, comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité, — ce sentiment qu’il raille sans cesse, — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser lord Byron, parce que lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.

643. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

les trésors ne leur suffisaient pas ; ils avaient l’audace de s’indigner s’ils ne partageaient point la considération attachée à la dignité, croyant voiler ainsi leur servitude… L’empereur chassa du palais ces animaux dévorants, ces monstres à cent têtes, et voulut qu’ils regardassent comme une grâce la vie qu’il leur laissait. » Il était difficile, sans doute, de mieux peindre la corruption profonde de la cour de Byzance, cette chaîne de brigandage et d’oppression, et l’abus du crédit, dans une classe d’hommes qui, voués par état à des emplois obscurs, mais approchant du prince, ou paraissant en approcher, imprimaient de loin l’épouvante, parce qu’ils habitaient le lieu où réside le pouvoir.

644. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Ainsi errants et solitaires, ils perdirent bientôt les mœurs humaines, l’usage de la parole, devinrent semblables aux animaux sauvages, et reprirent la taille gigantesque des hommes antédiluviens.

645. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Car l’un des deux plus grands poëtes, depuis le chantre de l’Iliade, Eschyle, était initié à la secte de Pythagore, partageait son horreur du sang des animaux, et alliait également aux spéculations sur le système de l’univers l’enthousiasme de la vertu.

646. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et enfin : Il est très essentiel de se servir aujourd’hui des sciences et des lettres comme d’une médecine au mal qu’elles ont causé, ou comme de ces animaux qu’il faut écraser sur la morsure. […] Il avait gardé son costume d’ermite, et avait sa barbe et sa perruque ronde « assez mal peignée », dit-il ; le roi, la reine, la famille royale, tous les plus grands seigneurs et les plus grandes dames le regardaient comme un animal curieux : quel bonheur ! […] Il nous le montre ensuite : Imitant l’industrie des animaux… s’élevant (le mot y est) jusqu’à l’instinct des bêtes… réunissant en lui les instincts propres à chaque espèce animale… se nourrissant également de la plupart des aliments divers que les autres animaux se partagent, et trouvant par conséquent sa subsistance plus aisément que ne peut le faire aucun d’eux. […] Donc, l’immobilité intellectuelle serait le souverain bien. — Rousseau reconnaît qu’une qualité distingue l’homme de l’animal : la faculté de se perfectionner. Mais, si elle « distingue » l’homme de l’animal, c’est donc qu’elle est « naturelle » à l’homme, qu’elle est conforme à la « nature », donc respectable.

647. (1897) Aspects pp. -215

La planète ne vous connaît que comme animaux et matière à fumier. […] Une foule braillarde, digne sans doute de remplacer derrière leurs grilles les animaux du jardin, se joint aux policier ». […] À l’antithèse entre le corps et l’âme, il opposa la conception déterministe ; il démontra que notre espèce agit et réagit, lutte et se transforme d’après les mêmes lois qui régissent l’évolution des autres espèces animales. […] Il y ajoute des notations de nature exquises et des portraits de prolétaires, de terriens et d’animaux d’une intensité merveilleuse. […] Car il n’y a pas deux mécaniques, une mécanique céleste et une mécanique cérébrale ; deux chimies, une chimie organique et une chimie inorganique ; deux physiologies non plus que deux psychologies, l’une pour les hommes, l’autre pour les animaux.

648. (1896) Les Jeunes, études et portraits

L’homme, qui depuis trois siècles devient un animal domestique, est à ce moment encore un animal presque sauvage. […] Au moment qu’elle se tend de tout son effort pour opposer à la bête cabrée la vigueur de sa résistance et dompter l’animal en révolte, elle réalise enfin cette vertu à laquelle seule convient le nom d’énergie. […] La précision dans la sottise, telle est l’allure de cet animal souple et griffu. » Tabard, dit le roi du fumier, est dégoûtant de saleté, opère sans se nettoyer les mains et tue ses malades par incurie. […] C’est pourquoi il a beau affecter dans ses propos de mépriser la femme et de ne voir en elle que le petit animal charmant et inconsistant, — au fait, cela est-il si injuste ? […] Certains traits qui sont lourds, certains détails vulgaires, décèlent je ne sais quoi d’animal.

649. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Le grain de sable se minéralise, la plante fleurit, l’animal se meut, l’homme adore. Lui seul s’anime des sentiments de la gloire et de la Divinité ; et tandis que les éléments, les végétaux, les animaux sont ordonnés à la terre, et la terre au soleil, il sent qu’un Dieu l’attire par tous les points de l’univers. […] Bernardin de Saint-Pierre nous montre, au contraire, les plantes et les animaux se perfectionnant sous la main des peuples.

650. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il est bien évident pour tout le monde, et ce n’est pas une découverte moderne, que de reconnaître qu’un organe ne vit pas par lui seul, pas plus le cerveau qu’un autre ; il est solidaire des parties qui composent l’ensemble animal et ne peut survivre à aucune d’elles. […] Dans ce dernier cas, les fonctions animales étant communes à tous les êtres, puisqu’elles sont les conditions de la vie et que les individus les mieux doués y sont soumis comme les plus déshérités, elles ne peuvent donc déterminer aucune modification dans les caractères. […] Et comme les instincts, les besoins n’appartiennent que rarement à un ordre élevé, il est alors inutile de nous rien dissimuler fragments de la nature, nos impressions et nos sensations sont infiniment plus bestiales que poétiques, et nos aspirations sont plus animales que spirituelles. » Nous reviendrons dans un instant sur cette appréciation de l’idéal.

651. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Le sang n’est pas assez généreux, la sève n’est pas assez abondante, la vie animale n’afflue pas avec assez de libéralité : rien ne faisant contrepoids, la machine est abandonnée tout entière à l’influence des nerfs. […] Maupassant écrit quelque part10 : « Je sens frémir en moi quelque chose de toutes les espèces d’animaux, de tous les instincts, de tous les désirs confus des créatures inférieures. […] Çà et là éclatent des récits tragiques, puisqu’on ne saurait oublier que l’homme est par nature un animal méchant, féroce en même temps que lubrique, et doué de l’instinct de destruction. […] Ailleurs il se demande : « Que sont nos pauvres petits plaisirs intellectuels auprès des grandes joies animales de la vie physique ?  […] La femme d’orgueil, « la plus haïssable variété de l’animal féminin, la petite créature aux mains rapaces, qui s’adore elle-même…, veut s’asservir tout ce qui l’approche et gâche les cœurs comme elle gâche les chiffons ».

652. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Condamnée à reproduire sans fin des types invariables, où la figure humaine se dégrade en d’étranges associations avec des formes animalesques, elle est l’expression de ce peuple mystérieux, soumis et grave, qui voit dans la vie des animaux une image de la vie divine et un modèle à suivre, afin de participer lui-même, par l’asservissement à une règle imposée, à l’immutabilité sacrée des lois de l’univers. […] Les combinaisons les plus étranges de la forme humaine avec des figures d’animaux ou de monstres imaginaires semblent avoir été recherchées par les Phéniciens pour exprimer l’idée confuse d’une divinité qui n’était que la personnification obscure des forces naturelles.

653. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

La délicatesse est dans le mécanisme intellectuel et à la surface des manières : le tempérament reste robuste, ardent, grossier, largement, rudement jovial, d’une gaieté sans mièvrerie, où la sensation physique et même animale a encore une forte part. […] La femme n’est pas pour lui ce petit animal instinctif, illogique, et déconcertant, que nos contemporains aiment à représenter.

654. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… V Rien de ces vêtements, dont notre globe est vert, N’y revêt sous ses pas la lèpre du désert ; De ses flancs décharnés la nudité sans germe Laisse les os du globe en percer l’épiderme ; Et l’homme, sur ce sol d’où l’oiseau même a fui, Y charge l’animal d’y mendier pour lui ! Plier avant le jour la tente solitaire, Rassembler le troupeau qui lèche à nu la terre ; Autour du puits creusé par l’errante tribu Faire boire l’esclave où la jument a bu ; Aux flancs de l’animal, qui s’agenouille et brame, Suspendre à poids égaux les enfants et la femme ; Voguer jusqu’à la nuit sur ces vagues sans bords, En laissant le coursier brouter à jeun son mors ; Boire à la fin du jour, pour toute nourriture, Le lait que la chamelle à votre soif mesure, Ou des fruits du dattier ronger les maigres os ; Recommencer sans fin des haltes sans repos Pour épargner la source où la lèvre s’étanche ; Partir et repartir jusqu’à la barbe blanche… Dans des milliers de jours, à tous vos jours pareils, Ne mesurer le temps qu’au nombre des soleils ; Puis de ses os blanchis, sur l’herbe des savanes, Tracer après sa mort la route aux caravanes… Voilà l’homme !

655. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Basée sur la Genèse qui nous apprend que l’homme a été créé à l’image de Dieu, que la terre immobile voit tourner autour d’elle le soleil et la lime chargés de l’éclairer le jour et la nuit, qu’un seul déluge a couvert le monde en punition des péchés des hommes ; fortifiée par les paroles que le Seigneur dit à Moïse dans le Deutéronome2, en lui enseignant que les lièvres sont des animaux ruminants, la science religieuse officielle a dû combattre de toutes ses forces, de tous ses anathèmes, de toutes ses inquisitions contre ces hommes trois fois saints qui recherchaient les effets et les causes, et les trouvaient infailliblement en dehors des dogmes imposés. […] Il y a dans le monde des brins d’herbe et des arbres, parmi les algues, parmi les nénuphars, parmi les palmiers, dans tout ce qui est, dans tout ce qui respire, dans tout ce qui s’épanouit sous le soleil, dans toute plante, dans tout métal, dans tout animal, il y a des amours, des antipathies, des passions, des affinités, en un mot, qui méritent qu’on les raconte et qui sont faites pour nous surprendre.

656. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Il a su ainsi faire de l’histoire une véritable science, analogue à cette physiologie naturelle qui explique la vie animale par la constitution et la fonction des divers organes. […] « Que les faits soient physiques ou moraux, il n’importe, ils ont toujours des causes ; il y en a pour l’ambition, pour le courage, pour la véracité, comme pour la digestion, pour le mouvement musculaire, pour la chaleur animale.

657. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61.

658. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Le fils du connétable est un savant, un amateur de la philosophie nouvelle, un traducteur de Descartes ; non seulement on discutait autour de lui, et à son exemple, dans son petit château de Vaumurier, mais on y disséquait des animaux, des chiens, pour s’assurer si les bêtes étaient ou n’étaient pas de pures horloges et des automates.

659. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Pour l’homme, sans doute, on ne pourra jamais faire exactement comme pour les animaux ou pour les plantes ; l’homme moral est plus complexe ; il a ce qu’on nomme liberté et qui, dans tous les cas, suppose une grande mobilité de combinaisons possibles4.

660. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il paraît qu’il avait accoutumé ces animaux à faire avec lui une sorte de concert.

661. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Pasteur devraient avoir déjà convertis ; la science de l’hygiène dédaigne les expériences faites sur des animaux vivants.

662. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Auprès du public actuel, animal faible et qui s’effare devant la décision comme devant une brutalité et une offense, ces quelques fuites et ces balancements timides servent peut-être le poète exquis autant que ses images un peu flottantes et ses couleurs aux grâces atténuées.

663. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Un auteur ; dans un ouvrage sérieux, mais que plusieurs anecdotes hasardées déparent, prétend que l’antipathie de Despréaux pour les dindons apportés en France par les jésuites, vint de ce qu’un de ces animaux avoit blessé ce poëte, encore enfant, dans une partie très-sensible, & si cruellement qu’il ne put en faire usage de sa vie.

664. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Dans cette espèce, l’extrême complexité des individus et les rencontres innombrables où ils se trouvent avec les circonstances extérieures donnent lieu à des phénomènes bien plus variés que dans les autres classes, même chez tes animaux les plus élevés.

665. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Nous les retrouvons en Angleterre, chez les Scandinaves, aux Pays-Bas, en Allemagne où plus tard le thierepos, l’épopée des animaux dont les Allemands sont si fiers, provient de notre Roman du Renart, antérieur à la première version germanique, puisqu’il date au moins en partie de 11477.

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