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408. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

Ici, ce sont trois vieillards qui discourent en allant de Gnosse à l’antre de Jupiter, et qui se reposent sous des cyprès, et dans de riantes prairies ; là, c’est le meurtrier involontaire, qui, un pied dans la mer, fait des libations à Neptune : plus loin, un poète étranger est reçu avec des chants et des parfums : on l’appelle un homme divin, on le couronne de lauriers, et on le conduit, chargé d’honneurs, hors du territoire de la République.

409. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Pastorales et paysages de Boucher. » pp. 120-121

Il est fait pour tourner la tête à deux sortes de gens ; son élégance, sa mignardise, sa galanterie romanesque, sa coquetterie, son goût, sa facilité, sa variété, son éclat, ses carnations fardées ; sa débauche, doivent captiver les petits-maîtres, les petites femmes, les jeunes gens, les gens du monde, la foule de ceux qui sont étrangers au vrai goût, à la vérité, aux idées justes, à la sévérité de l’art ; comment résisteraient-ils au saillant, au libertinage, à l’éclat, aux pompons, aux tétons, aux fesses, à l’épigramme de Boucher.

410. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Car « un hideux étranger, un démon habitant des marais », Grendel, est entré la nuit dans sa salle, a saisi trente nobles qui dormaient, et s’en est retourné dans sa bauge avec leurs cadavres ; depuis douze ans, « l’ogre des repaires », la bestiale et vorace créature, le parent des Orques et des Iotes, dévore les hommes et « vide les meilleures maisons. […] Il a été fidèle à son prince, puis à son peuple ; il a été de lui-même, dans une terre étrangère, s’exposer pour délivrer les hommes ; il s’oublie en mourant pour penser que sa mort profite à autrui. « Chacun de nous, dit-il quelque part, doit arriver à la fin de cette vie mortelle. […] Une fois qu’il gardait l’étable pendant la nuit, il s’endormit ; un étranger lui apparut, qui lui demanda de chanter quelque chose ; et les paroles suivantes lui vinrent dans l’esprit : « À présent, nous louerons — le gardien du royaume céleste,  — et les conseils de son esprit,  — le père glorieux des hommes !  […] « Il n’y avait encore — rien qui fût,  — sauf l’obscurité,  — comme d’une caverne ; — mais le vaste abîme — s’ouvrait profond et obscur,  — étranger à son Seigneur,  — sans forme encore et sans usage. —  Sur lui le roi sévère — tourna les yeux,  — et contempla le gouffre triste. —  Il vit les noirs nuages — se presser sans repos,  — noirs, sous le ciel — sombre et désert. —  Il fit d’abord, l’éternel Seigneur !  […] C’est ici que s’est arrêtée la culture étrangère ; par-delà le christianisme, elle n’a pu greffer sur ce tronc barbare aucun rameau fructueux ni vivant.

411. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

On appelle ainsi le salut que lui font ses sujets et les étrangers qui ont l’honneur de l’approcher, de quelque qualité qu’ils soient. […] Au reste, le roi de Perse ne congédie jamais un étranger qu’après lui avoir envoyé une calate, et aux principaux de sa suite et à son interprète. […] Le roi donna congé ensuite à quantité de gens étrangers et du pays, qui étaient venus à la cour, et reçut divers présents. […] Je n’en ai jamais vu rien tirer que pour des présents que le roi fait sur-le-champ ; mais il est très-rare que l’on en tire pour autre chose, les payements se faisant par assignations, si ce n’est en des cas extraordinaires et en faveur de quelque étranger de pays éloigné. […] Des manières grossières et insolentes envers les étrangers et les chrétiens caractérisent les Turcs ; celles des Persans, au contraire, honoreraient toute nation civilisée, etc. » Voyage du Bengale en Perse, t. 

412. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

L’étranger vient à son tour, & s’empare du livre ; il se multiplie dans l’Europe ; il est dans toutes les mains, & l’Auteur le plus souvent n’a rien touché du produit qui devoit lui appartenir. […] Mériterons-nous encore un pareil reproche de l’étranger ? […] Que la séve de votre génie circule à votre gré ; soyez libres & audacieux ; l’étincelle qui dort en notre sein ne jaillit point, lorsqu’on s’obstine à frapper un endroit étranger. […] l’on viendra nous représenter, à Paris, la physionomie de Héros qui ne nous intéressent plus, qui nous sont étrangers, qui n’appartiennent ni à nos mœurs, ni à nos usages, ni à notre gouvernement ! […] La Pièce ne peut manquer d’être fort étrangère au sujet : qu’importe ?

413. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIII » pp. 206-208

Le roman de Balzac, Modeste Mignon (Débats du 4 avril), est dédié à une étrangère, fille d’une terre esclave, ange par l’amour, démon par la fantaisie, etc.

414. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VI. La littérature et le milieu social. Décomposition de ce milieu » p. 155

Entre les œuvres d’une époque et les œuvres antérieures ou étrangères, on peut trouver ou bien un développement parallèle, par suite des causes semblables, ou un rapport d’effet à cause, ou un rapport de cause à effet.

415. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Ils ne présentent, pour la plupart, qu’une pompeuse déclamation sans ordre ni méthode, sur des sujets également étrangers à la Religion & à l’Eloquence, & plus dignes du Fauteuil académique, que de la Chaire de vérité.

416. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 301-304

Si, dans cette République, on sévit ainsi contre les Auteurs qui déchirent la Religion, comment ose-t-on se plaindre de voir, en France, arrêter le débit de leurs Ouvrages, & défendre l’entrée de ceux qu’on imprime chez l’Etranger ?

417. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

Le Parfait Négociant, ou instruction générale sur le commerce de France & des pays étrangers, est un livre usuel, qui est fort répandu, malgré quelques méprises.

418. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Vers 1811, l’ennui de ses facultés mobiles, bientôt à l’étroit dans le riant Quintigny, et l’espérance de trouver des ressources à l’étranger, le poussèrent en Italie, et de là en Carniole : il fut nommé bibliothécaire à Laybach. […] Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820. L’influence des modèles étrangers sur Nodier (on peut déjà le conclure de notre étude suivie) est encore plus apparente que réelle. […] Il serait chimérique de prétendre ressaisir et désigner, au sein d’un talent aussi complexe et aussi mobile, le reflet et le croisement de tous les rayons étrangers qui y rencontraient, y éveillaient une lumière vive et mille jets naturels. […] Nodier peut être dit un frère cadet (bien Français d’ailleurs) des grands poëtes romantiques étrangers, et il le faut maintenir en même temps original : il était en grand train d’ébaucher de son côté ce qui éclatait du leur.

419. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Cette grâce du mouvement, ce pas cadencé, tout créole ou tout oriental, contrastaient tellement avec la vivacité un peu turbulente des femmes de Paris que j’en conclus sur-le-champ que cette belle personne était étrangère. […] Ce doit être une étrangère, car comment une pareille figure existerait-elle en France sans que son nom la devançât partout comme une célébrité, et sans que je l’eusse jamais aperçue dans les salons ou dans les spectacles de Paris ? […] Toutes les grandes dames de Paris, tous les poètes, tous les orateurs, tous les étrangers, tous les journalistes sollicitaient ; leurs noms passaient au crible d’un scrutin épuratoire des amis de la maison avant d’être admis. […] Les étrangers qui visitaient la France la voyaient là tout entière sous la forme de l’aristocratie de naissance, du génie, de l’esprit, de l’art, du goût et de la beauté ; j’y étais accueilli par la famille avant l’époque de ma célébrité naissante. […] Un étranger, remarquable par sa naissance, son opulence et sa mélancolique beauté, le prince italien Pignatelli, jouissait d’une plus intime familiarité dans la maison et passait à tort pour inspirer la passion qu’il ressentait en silence.

420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Tandis que dans la France féodale et ecclésiastique on élevait, comme deux êtres de race distincte, le chevalier et le clerc, l’homme d’action et l’homme de pensée, il ne veut pas de cette arbitraire division dans la nature humaine : « Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps qu’on dresse ; c’est un homme. » Et, ne voulant pas non plus qu’on fasse de l’enfant « un âne chargé de livres », il entend compléter ses études par le commerce avec le monde, par les voyages à l’étranger. […] Les langues étrangères, à leur tour, n’échapperont point à l’examen de l’historien. […] Elle a opposé une barrière infranchissable à certains mots créés par le peuple ou les écrivains, ou encore importés de l’étranger ; elle a forcé les autres à faire un véritable stage avant d’obtenir leurs lettres de grande naturalisation ; elle les a traités comme des candidats à la nationalité française, dont bon nombre, après trois ou quatre scrutins, ont fini par obtenir droit de cité. […] Elle est déjà plus respectée en province ; mais c’est parmi les étrangers qu’elle a gardé le plus de prestige, et la chose est aisée à comprendre ; sur bien des points elle les tire d’un chaos d’incertitudes où ils risqueraient de se perdre ; pour eux elle continue à faire loi, à représenter officiellement l’usage établi. […] De nos jours chaque province a voulu avoir son association locale ; en Normandie, l’on s’est mis sous l’invocation de la Pomme ; les poètes du Midi se sont souvenus que les cigales étaient jadis chères aux muses ; ils se sont appelés cigaliers et leurs fêtes n’ont pas été étrangères à la renaissance de la langue d’oc en notre siècle.

421. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Un étranger de passage, un jeune artiste, — (affamé, comme de raison), — sans ressources, abandonné « même de son chien », se trouvait perdu dans Paris en un taudis glacé de la rue St-Roch. […] Tu n’es pas sans ignorer, n’est ce pas, confina l’étranger, que des hommes ont paru, dans ma partie, qui s’appelaient Orphée. […] Il semble, au contraire, que les Français ne connaissent point, en eux, cette intime source de rénovation : nous les voyons préoccupés, seulement, dans la politique comme dans l’art, à la forme extérieure, et prêts, toujours, à renverser complètement la forme qui leur déplaît, avec l’espoir, sans doute, de ce que la forme nouvelle s’élèvera, d’elle même, déjà parfaite… L’esprit Allemand, cependant, se développe à l’aise, même en des genres étrangers… C’est ainsi que nous avons reçu des italiens la musique, avec toutes ses règles ; et, ce que nous avons fait dans cet art, le génie de Beethoven nous le montre, par ses œuvres, supérieures à toute compréhension. […] — à toi, Non-sage, — je le nomme en l’oreille, — pour que, insoucieuse, éternellement, tu dormes. — La Fin des Dieux — d’angoisse ne me tourmente pas, — depuis que mon Désir la veut… — Ce que, dans l’âpre douleur de la discorde, — désespérant, jadis, j’ai décidé, — joyeux et jouissant, — aujourd’hui, librement, je l’ordonne : — en un furieux dégoût, j’ai voué — l’univers à l’envieux Nibelung ; — au très gai Waelsung — je retourne, maintenant, mon héritage. — Lui, élu par moi, — mais par moi non connu, — très hardi garçon, — dénué de mon conseil, — il a pris l’anneau du Nibelung : — exempt d’envie, — radieux d’amour, — il ne subit pas, le Noble, — la malédiction d’Albérich ; — car étrangère lui reste la crainte. — Celle que tu m’as enfantée, — Brünnhilde, — sera éveillée par lui, pour lui, le gracieux Héros : — veillante, elle accomplira, — ta Sachante enfant, — l’acte de l’Universelle Libération… — Donc, dors, à présent, toi, — ferme ton œil ; — rêvante, vois ma Fin ! […] Contre-sens : Wagner explique, dans le pamphlet cité, l’influence, mauvaise, de la mode Louis XIV, en Allemagne, et la caractérise, par l’usage des perruques, pris à Versailles ; et il ajoute que le grand Bach réagit contre l’esprit étranger, le repoussa, rejeta son influence, et s’écarta, — sortit de la perruque.

422. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ce qui contribua à l’énerver d’abord et à la dégrader ensuite, ce fut la trop grande influence de la domination étrangère en politique et en religion. Peu à peu les étrangers jouèrent en Allemagne un plus grand rôle que les gens du pays. […] Ainsi donc, nulle loi, nulle liberté, nulle poésie nationale ; des gouvernemens despotiques soudoyant des sophistes étrangers pour la destruction du vieil esprit germanique ; une théologie fléchissant sous l’incrédulité et sous le sarcasme, et ne se défendant même plus ; et, pour toute philosophie, une espèce de frivolité dogmatique ne dictant plus que des épigrammes et des brochures de quelques pages à la place des in-folio, respectables témoignages de la vieille science théologique ; tel est l’état dans lequel Kant trouva l’Allemagne. […] Otez cette critique, et la philosophie n’est plus qu’une espèce de magie à laquelle Kant se déclare entièrement étranger. […] Quand donc on demande pourquoi la logique est une science certaine, on doit répondre : C’est qu’elle ne s’occupe d’aucun objet spécial et déterminé ; c’est qu’elle est indépendante de ses applications, et que sa vertu réside dans les lois même de la raison, considérée en elle-même et pure de tout élément étranger.

423. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Cette ferveur d’art dont il était possédé le rendait absolument étranger à l’envie. […] Colette est sur le point d’aimer cet étranger, cet ennemi. […] En 1832 une missive arrive à Balzac du fond de la Pologne, simplement signée « l’Étrangère ». […] Révélation du nom de l’Étrangère. […] Ceux qui font métier de penser demeurent, en effet, le plus souvent, étrangers à l’action extérieure.

424. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Étranger aux couleurs et à leur emploi, Fauriel ne l’était pas à un certain dessin correct, délicat et patient. […] Elles ont pour guide dans cette tournée un jeune étranger, Norfrank, à qui leur père les a confiées. […] Quelques mots seulement sont à toucher ici d’une autre branche de relations qu’entretint notre auteur avec un célèbre critique étranger, avec Guillaume de Schlegel. […] Une chaire de littérature étrangère fut créée pour lui à la Faculté des Lettres. […] N’oublions pas que c’est un étranger qui écrit : l’image d’ailleurs est parfaitement exacte, et elle vient rappeler à propos combien en effet le goût des nations diffère.

425. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Étranger à tout esprit de système, mais obéissant à cette impulsion qui entraînait la classe de la société à laquelle il appartenait, le père d’Étienne désirait avec ardeur que son enfant reçût une instruction supérieure à la sienne. […] Mais ces idées que Maurice se formait de l’art n’étaient que les corollaires d’autres idées plus hautes, plus graves, sur lesquelles il s’entretenait avec des hommes qui, sans être étrangers aux arts, ne les pratiquaient cependant pas. […] Il aurait fallu y mettre de la passion et de la grâce féminine, deux choses tout à fait étrangères au génie de l’auteur des Horaces. […] Cette partie du cortège, symbolique ainsi que les autres, semblait indiquer que non-seulement aucune connaissance ne resterait désormais étrangère à la France, mais qu’elle devait s’approprier et acclimater chez elle les diverses productions du globe. […] Par conséquent, (p. 225) je dois en bannir toutes les passions qui non-seulement y sont étrangères, mais qui en altéreraient encore la sainteté.

426. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Ce trait signifie sans doute que « l’étranger » aimé d’Ellida est supérieur aux codes et aux lois humaines. […] Et c’est pourquoi Ellida se dit fiancée à « l’étranger ». […] Quand l’étranger a disparu, Ellida se jette dans les bras de son mari : « Ah ! […] Je ne puis me tenir de vous signaler, à propos de l’Etrangère, de M.  […] Néanmoins les deux sœurs se sentent tout de suite en confiance avec la dame étrangère que leur a amenée leur vieil ami Hector Bagadais.

427. (1902) Le critique mort jeune

On ne peut constater sans quelque honte que la renommée de M. de Gourmont est peut-être plus grande dans le public lettré de l’étranger que chez nous-mêmes. […] Le bien, le mal, intéressante distinction qui vous est étrangère, et que, d’ailleurs Jéhovah seul possède : c’est l’essence de sa divinité. […] Et pourtant « le sentiment du grand art », comme il dit avec un respect mêlé d’une amusante défiance, lui demeure assez étranger. […] Paul Bourget a trop le sens du relatif pour que cette idée ait pu lui rester étrangère. […] Et il y apparaît constamment un type d’homme voluptueux, actif et sceptique, aussi étranger à la notion du péché que ces Romains que M. 

428. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XII. Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit »

Quand la prévention qu’on ne saurait manquer d’avoir pour ce qu’on fait, au moment où on le fait, est passée, quand la joie de produire, qui aveugle si facilement l’amour-propre, est apaisée, et qu’on peut regarder son travail avec le même détachement qu’on ferait celui d’un étranger, alors on peut se faire avec fruit le critique de soi-même : le moment est venu de corriger son œuvre.

429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Son Théatre des Grecs nous a procuré plusieurs autres Théatres étrangers, mais tres-éloignés du mérite du sien.

430. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Ce personnage est le principal mobile de l’action ; & sans agir pour lui-même, sans affoiblir l’intérêt qui roule sur les Amans, ni emprunter aucun secours étranger, il parvient à faire sortir le dénouement du fond du sujet ; ce qui est très-rare dans un Valet intrigant, & peut-être même sans exemple chez nos meilleurs Comiques anciens & modernes.

431. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Cet agréable badinage sera toujours distingué parmi les Productions originales, qui font aimer aux Etrangers la gaieté Françoise, sans leur donner une mauvaise idée de nos mœurs.

432. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Préface »

L’excuse de sa longueur, car il paraîtra long à beaucoup, c’est qu’en ces sortes de travaux il est défendu de demander à être cru sur parole ; cette nécessité justifie encore l’aridité d’une nomenclature empruntée à différentes langues étrangères.

433. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Et mon ambition, quand vient sur la frontière                                L’étranger, La voici : part aucune au pouvoir, part entière                                Au danger.

434. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il approuve civilement le Concordat, mais il reste étranger à l’ordre d’idées et d’inspiration de Portalis. […] À la chute de l’Empire il devint étranger à toutes fonctions publiques. […] Je m’aperçus qu’il n’était pas étranger aux beaux-arts ; il jeta sur le papier, pour l’embellissement de la ville de Düsseldorf, quelques idées dont on tira profit.

435. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Parlant, en un endroit, de la force de l’éducation qui va souvent jusqu’à corrompre et à changer la nature : Les semences de bien que la nature met en nous, dit-il, sont si menues et glissantes, qu’elles ne peuvent endurer le moindre heurt de la nourriture (de l’éducation) contraire ; elles ne s’entretiennent pas si aisément comme elles s’abâtardissent, se fondent et viennent à rien : ni plus ni moins que les arbres fruitiers qui ont bien tous quelque naturel à part, lequel ils gardent bien si on les laisse venir ; mais ils le laissent aussitôt, pour porter d’autres fruits étrangers et non les leurs, selon qu’on les ente. […] À ce prix, inquiet sur ce seul point, rassuré sur le reste, je me résigne à vivre en exil, à ne point revoir la maison natale, et, avec cette amère certitude, j’attendrai le décret du destin, soit que l’ennui d’un ciel étranger doive m’enlever avant l’heure, soit qu’il plaise à la Parque de me laisser longtemps survivre. […] Mais je ne sais personne qui en ait mieux parlé dans la pure nuance et la juste mesure qu’un auteur du commencement de ce siècle, que je cite quelquefois, et à qui la France doit un souvenir, puisqu’il est du petit nombre des étrangers aimables qui ont le mieux écrit en Français : Malgré les treize lustres qui pèsent sur ma tête, écrivait M. 

436. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Ç’a été enfin, pour lui, une manière ingénieuse d’encadrer ce qu’il possédait plus à coup sûr, ses pièces de vers, même les plus étrangères à cette idée de testament. […] Pour moi, sans me faire plus indifférent ni plus sévère qu’il ne me convient sur Villon, je me contenterai, après cette lecture, de reconnaître en lui un des plus frappants exemples de ces natures à l’abandon, devenues étrangères à toute règle morale, incapables de toute conduite, mais obstinément douées de l’étincelle sacrée, et qui sont et demeurent en dépit de tout, et quoi qu’elles fassent, des merveilles, presque des scandales de gentil esprit, et, pour les appeler de leur vrai nom, des porte-talents ; car ne leur demandez pas autre chose, elles ne sont que cela. […] il n’est pas de poète en général, si étranger que soit son genre aux descriptions naturelles et à la peinture des champs, chez lequel ne se rencontre quelque échappée de paysage, quelque coin de nature qui, de temps à autre, rafraîchit le lecteur.

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