Waterhouse l’a remarqué, de tous les Marsupiaux c’est le Phascolomys qui ressemble de plus près, non pas à quelque espèce particulière de Rongeurs, mais en général à tous les membres de cet ordre. […] — Nous avons vu que les représentants de la même classe, indépendamment de leurs habitudes de vie, se ressemblent par le plan général de leur organisation. […] Comment expliquer que les, embryons des différentes espèces de la même classe se ressemblent généralement, mais non pas universellement ? […] En l’un ou l’autre cas, le jeune individu ou l’embryon devra ressembler parfaitement à l’adulte qui le produit : c’est ce que nous avons vu chez le Culbutant à courte face. […] Pourquoi, chez ces diverses espèces, les jeunes individus ne subissent-ils aucune métamorphose, mais, au contraire, ressemblent étroitement à leurs parents dès les premières phases de leur vie ?
XIV L’ensemble des illusions morales au sein desquelles habitent la plupart des hommes ressemble à cette coupole étoilée du firmament qui nous fait l’effet d’être notre dôme sur la terre. […] Il y a des écrivains qui ressemblent au maréchal de Soubise dans la guerre de Sept Ans : quand il avait toutes ses troupes rassemblées sous sa main, il ne savait qu’en faire, et il les dispersait de nouveau pour mieux se faire battre. […] Ces esprits, dans les théories sophistiquées et super-fines qu’ils appliquent au gouvernement de la société, supposent trop que le commun des hommes leur ressemblent.
Si les peintres ne s’accordent pas sur un visage, s’il n’y a pas deux portraits de Marie Stuart qui se ressemblent, si deux photographies même du même original diffèrent tant parfois, comment historiens et critiques s’accorderaient-ils sur l’homme moral ? Il y a vingt portraits de Fénelon qui ne se ressemblent point, et l’on peut en faire vingt autres qui ne ressembleront point aux premiers.
S’ils ne se ressemblaient pas par la célébrité, ils se ressemblaient par les idées. […] Leur diplomatie, à eux, a ressemblé à toutes les autres diplomaties, pour la plupart stériles et vaines.
Il Rien de plus insignifiant, en effet, que les histoires superstitieusement réimprimées par Livet ; rien qui ressemble moins à ce que nous autres gens du xixe siècle nous sommes accoutumés d’entendre par de la critique et de l’histoire. […] Du temps de Pélisson, dans cette société où l’on vivait sous le despotisme d’une politesse plus absolue que Louis XIV, toute critique franche, directe et à fond de train, ressemblait à une grossièreté, et personne ne se la permettait. […] Nous avons sous les yeux les catalogues des académiciens jusqu’à 1700, et ces catalogues ressemblent aux restes noirs d’un papier brûlé et consumé, sur lequel brillent encore çà et là deux ou trois étincelles.
Tout ce que peut faire une représentation, c’est non pas d’agir, mais de ressembler ou de ne pas ressembler : une représentation ne tombe que sous la catégorie de la ressemblance et de la différence. […] Comparée à une autre représentation, elle lui est également semblable ou dissemblable, comme un tableau ressemble çà un autre tableau ou en diffère : elle n’agit pas plus sur l’autre représentation que le portrait de la Joconde n’agit sur le portrait de la Fornarina. […] Sous ce rapport, la psychologie ressemble à la biologie, qui considère chaque fonction de l’être vivant comme conditionnée par le tout et solidaire des autres, ou le tout comme réagissant dans chaque fonction, de manière à former une sorte de cercle vital. Elle ressemble aussi à la biologie en ce que celle-ci considère, non seulement l’organisme actuel de l’être vivant et sentant, mais encore l’évolution de cet organisme. […] Ceux qui sont dupes de cette apparence ressemblent à des gens qui prendraient les soldats d’un régiment bien exercé et bien commandé pour de pures machines, alors que leur obéissance mécanique est un résultat acquis et non primitif.
Tous ces printemps étaient italiens ou grecs ; ils se ressemblaient les uns les autres, comme le même visage répété par vingt miroirs différents. […] On les voit ensuite se répandre dans leurs petits jardins bordés de sureaux, dont la fleur ressemble à la neige qui n’a pas encore été touchée du soleil ; elles y cueillent des giroflées qu’elles attachent par une épingle à leurs manches, pour les respirer tout le jour en travaillant. […] « Les petits bergers, armés d’une branche de houx où pendent encore les feuilles, prennent avec leurs chèvres le sentier de rocher qui mène aux montagnes ; ils s’amusent en montant à cueillir les rameaux du buis, que le printemps rend odorants comme la vigne, et à cueillir au buisson les fruits verts de cet arbrisseau, qui ressemblent à de petites marmites à trois pieds, amusement et étonnement de leur enfance. […] Je sentis ce que sent un élève en peinture qui jette l’écume de la palette de son maître contre la muraille de l’atelier, et qui se trouve à son insu avoir fait de ces taches quelque chose qui ressemble à un tableau. […] XXVIII Cette chambre ressemblait, dans son désordre et dans son chaos, à un écroulement subit de bibliothèque dont les rayons auraient fléchi sous le poids des volumes.
On possède bien des observations de fausse reconnaissance : elles se ressemblent d’une manière frappante ; elles sont souvent formulées en termes identiques. […] Elle s’applique en effet à un phénomène qui ressemble par certains côtés à la fausse reconnaissance. […] Rien de semblable dans la confusion plus ou moins lente à s’établir, plus ou moins facile à dissiper, d’une expérience actuelle avec une expérience antérieure qui lui ressemble. […] Mille et mille évocations de souvenirs par ressemblance sont possibles, mais le souvenir qui tend à reparaître est celui qui ressemble à la perception par un certain côté particulier, celui qui peut éclairer et diriger l’acte en préparation. […] Cherchant, parmi nos expériences passées, celle qui lui ressemble le plus, c’est au rêve que nous la comparerons.
Madame Émile de Girardin, en particulier, la patronne du lieu, ressemble, nous le reconnaissons, à madame de Sévigné, à ce génie de femme si franc, si cordial et si sensé, à peu près aussi exactement qu’Alexandre Dumas ressemble à Raphaël.
. — Allégories Un autre ressort de l’invention, dont l’usage est fréquent, consiste à chercher des analogies ou des différences : on se demandera à quoi l’objet ressemble le plus, à quoi il est le plus opposé. […] On ne cherchera à quoi un objet ressemble que lorsqu’on saura bien ce qu’il est.
Il suffit donc, pour lui ressembler en cela, de se négliger et de ne point se donner la peine de pratiquer ce que l’art enseigne à faire pour donner de la rondeur à ses têtes. […] Un homme sans génie, mais qui a lû beaucoup de vers, peut bien, en arrangeant ses reminiscences avec discernement, composer une épigramme qui ressemblera si bien à celles de Martial, qu’on pourra la prendre pour être de ce poëte.
La vérité ressemble à ces personnes qu’on estime & qu’on néglige ; elle n’ose guere se produire que sous les auspices de la fiction. […] Les hommes en général se ressemblent par les foiblesses ; leurs penchants sont à-peu-près les mêmes : ce n’est guere que la différence de leur position qui rend leur conduite si différente. […] Le mauvais goût ressemble à ces plantes parasites que le cultivateur ne cesse d’arracher, & qui ne cessent de revenir sans avoir besoin de culture. […] On sait que celui de chaque peintre ne se ressemble pas. […] Il en est aussi beaucoup d’autres qui ne peuvent produire ni bien ni mal ; ils ressemblent à ces jeux de commerce qui aident à passer le temps lorsqu’on n’est pas à même de l’employer.
Ce fameux journal des rhéteurs reconnut immédiatement en Prévost-Paradol un soliste capable d’exécuter beaucoup de morceaux qui, depuis longtemps, ne pouvaient plus sortir des vieux gosiers fatigués de ses instrumentistes ordinaires… Saint-Marc Girardin ressemblait à un cachalot qui expire. […] Propre à tout, d’une facilité de rédaction qui ressemble à du mécanisme, il parla de l’Antiquité, ce sujet universitaire, ce pensum affreux qu’il faut faire aux Débats pour démontrer que l’Université en sait aussi long que les Jésuites en fait de grec et de latin. […] s’ils étaient de meilleure humeur et si on ne trouvait pas, traînant le long de ces Variétés singulières, le sentiment du regret le plus inattendu, qui les fait ressembler à une jérémiade éternelle !
Cela se ressemble… Avec les différences de rabougrissement, de race et de peau, comme le crapaud, dont Lavater faisait Apollon, ressemble à la tête de Méduse ; car les nègres donnent à tout leur profil. […] Dans le détail de cette histoire, qui ressemble à un conte d’Edgar Poe, l’auteur nous fait parfaitement toucher du doigt ce qui fit tout de suite la puissance du nouveau président de la République et lui versa sur le front une couronne.
Ce sont eux, plutôt, qui se sont fait volontairement les fils de ces hommes admirés qui, probablement, ne les auraient pas voulus si visiblement pour fils, et d’autant moins qu’ils leur ressemblent davantage. […] Catulle Mendès a tant lu Victor Hugo ; il l’a évidemment tant aimé ; il s’est tellement imprégné, imbibé, pénétré de sa substance, qu’il est devenu presque un avec lui, et qu’il a fini par lui ressembler comme les Ménechmes se ressemblent.
Ces vengeances du sort ressemblent à des hasards. […] Ses imprécations et ses fureurs firent ressembler un moment le cachot à une boucherie. […] Quelque chose faisait ressembler ce supplice à un suicide du peuple. […] Il semblait lui dire par son attitude : “Regarde-moi bien, tu n’en verras pas qui me ressemblent.” […] Elle ressemble au drame antique, où, pendant que le narrateur fait le récit, le chœur du peuple chante la gloire, pleure les victimes et élève un hymne de consolation et d’espérance à Dieu !
Les personnages qu’elle construit se ressemblent presque tous, n’ont point cette variété et cette abondance de traits individuels et précis que recherche une autre poésie et que fournit seule l’observation de la réalité. […] Mlle Sibylle de Férias, élevée au milieu des bruyères de Bretagne par un grand-père et une grand’mère qui ressemblent à deux pastels fanés et très anciens, veut, à cinq ans, chevaucher un cygne pour aller sur l’eau, apprivoise un fou, catéchise son vieux curé et l’amène à un sentiment plus élevé de sa profession, vient à Paris et, amoureuse d’un beau jeune homme qui s’appelle Raoul, tombe en syncope le jour où il déclare « qu’il a le malheur de ne pas croire ». […] A vrai dire, elles aussi se ressemblent entre elles : ce sont variétés d’un même type. […] Ces amoureuses ne ressemblent point à celles de George Sand, qui sont, en général, de tempérament sanguin, ni à celles de Balzac, qui sont plutôt des « cérébrales ». […] Et c’est pourquoi elles se ressemblent si fort.
Ainsi Huet ne se croyait pas en droit de mépriser les moins savants que lui ; il était tout à fait sur ce point de l’avis de Fontenelle, « qu’on est ordinairement d’autant moins dédaigneux à l’égard des ignorants, que l’on sait davantage, car on en sait mieux combien on leur ressemble encore ». […] Mais, si vous n’êtes fait comme ceux qui ont été devant vous, peut-être que ceux qui viendront après ne seront pas fâchés de vous ressembler, et d’être faits comme vous aurez été. Vous avez les mains fort blanches et la peau fort fine… Pour de l’esprit, vous en avez assurément autant qu’on en peut avoir, et votre esprit ressemble à votre visage ; il a plus de beauté que d’agrément. […] Mais ce sentiment littéraire plus vif, ce mouvement net et prompt, cette impétuosité de jugement qui ressemble presque à une ardeur de cœur, Huet ne l’avait pas. […] Une vie si calme et si pleine ressemble bien peu à celles d’aujourd’hui, et elle a droit d’être enviée.
C’est du style parfaitement littéraire, d’un mérite fort mince, il est vrai, mais après tout un de ces styles convenables, corrects, comme il s’en confectionne beaucoup à Londres, et qui se ressemblent tous les uns aux autres, comme toutes les vignettes anglaises et toutes les écritures anglaises se ressemblent. […] Enfin, car voici le coup de théâtre final… et féminin de toutes ces petites médisances qui ressemblent à des turlututus d’un sou, il n’était pas laid, lord Byron ! […] On ne peut pas dire non plus — ce serait trop hardi et cela paraîtrait paradoxal — que sa beauté fût un masque en cire, — un chef-d’œuvre de l’industrie anglaise, qu’il s’était fait faire pour une somme folle et qu’il portait comme le Masque de fer portait le sien. — Mais voici où le machiavélisme commence et peut admirablement se risquer : Comme lord Byron, malgré son dandysme, n’a jamais porté à ce qu’il paraît le bas de soie et la culotte aimés du prince de Galles, comme ses pantalons ressemblaient à des jupes et même, à ce qu’il paraît, ont donné l’idée des crinolines, comme il ne les a jamais ôtés ni à l’école de Harrow pour se coucher, ni pour nager dans l’Hellespont ou les autres mers qu’il a pratiquées à la nage, eh bien, nous dirons qu’il n’avait pas de mollets ! […] Nisard n’a pas dans la main une de ces torchères qui jettent d’un seul flot sur une grande figure un de ces jours complets qui ressemblent à la clarté d’or de l’apothéose, mais il promène la lueur prudente de son flambeau sur toutes les parties de la fantastique et sublime image, et il les fait successivement saillir.
Ils ne ressemblent en rien aux habitans de nos campagnes et à nos bergers d’aujourd’hui : malheureux païsans, occupez uniquement à se procurer par les travaux penibles d’une vie laborieuse, de quoi subvenir aux besoins les plus pressans d’une famille toujours indigente ? […] S’il en est quelques-unes où la passion parle toute pure, et dont les auteurs n’invoquerent Apollon que pour trouver la rime, combien d’autres sont remplies d’un amour sophistiqué qui ne ressemble en rien à la nature.
Cette parente me disait qu’elle ressemblait beaucoup à ma mère lorsque ma mère avait seize ans. […] Elle me traitait en fils plus qu’en protégé ; à sa mort elle porta mon nom dans son testament, pour me prouver que sa pensée survivait en elle à la vie ; je lui garde de mon côté un souvenir où la reconnaissance et l’attrait se complètent ; excusez-moi d’en avoir parlé un peu longuement à propos de madame Récamier, son amie ; ces deux figures se confondent, bien qu’elles ne se ressemblent pas. […] Ces deux femmes se ressemblaient étonnamment par leur âge, par leur figure, par leur société commune dans leur adolescence, par les souvenirs réveillés des premières années de leur vie ; à des époques un peu diverses elles avaient connu beaucoup des personnes du même monde. […] Elles se revirent en effet presque tous les jours avec des tendresses d’empressements qui ressemblaient au regret de s’être connues trop tard. […] La France, à peine échappée en une nuit (celle du 9 thermidor) à son naufrage de sang, ressemblait en ce moment à une plage où tous les naufragés pêle-mêle se félicitent ensemble et confusément du salut commun.
Et, en effet, ce tableau a été bafoué ; — nous concevons la haine des architectes, des maçons, des sculpteurs et des mouleurs, contre tout ce qui ressemble à de la peinture ; mais comment se fait-il que des artistes ne voient pas tout ce qu’il y a dans ce tableau, et d’originalité dans la composition, et de simplicité même dans la couleur ? […] Dugasseau Jésus-Christ entouré des principaux fondateurs du christianisme Peinture sérieuse, mais pédante — ressemble à un Lehmann très-solide. […] Brillouin a envoyé cinq dessins au crayon noir qui ressemblent un peu à ceux de M. de Lehmud ; mais ceux-ci sont plus fermes et ont peut-être plus de caractère. — En général, ils sont bien composés. — Le Tintoret donnant une leçon de dessin à sa fille, est certainement une très-bonne chose. — Ce qui distingue surtout ces dessins est leur noble tournure, leur sérieux et le choix des têtes. […] Masson sont bien dessinés. — Ils doivent être très-ressemblants ; car le dessin de l’artiste indique une volonté ferme et laborieuse ; mais aussi il est un peu dur et sec, et ressemble peu au dessin d’un peintre. […] Garraud avait fait autrefois une assez belle bacchante dont on a gardé le souvenir — c’était de la chair — son groupe de la première Famille humaine contient certainement des morceaux d’une exécution très-remarquable ; mais l’ensemble en est désagréable et rustique, surtout par devant. — La tête d’Adam, quoiqu’elle ressemble à celle de Jupiter olympien, est affreuse. — Le petit Caïn est le mieux réussi.
Cette dernière surtout ressemble assez aux momies que l’on charge de clinquant : ôtez les bandelettes brillantes qui les entourent, il ne reste plus que le squelette. […] Bodmer ressemblait physiquement à Voltaire : Cette ressemblance, dit Ramond, me parut frappante, et j’appris qu’elle semblait telle à tous ceux qui avaient vu l’un et l’autre. […] Je lui parlai de cette étonnante conformité, il me fit cette modeste et remarquable réponse : « Il ne manquerait rien à ma gloire si je ressemblais en tout à M. de Voltaire ; mais peut-être serait-il plus heureux s’il me ressemblait davantage. » — Bodmer fit présent à Ramond du recueil de ses Tragédies historiques et politiques, dont la lecture lui prouva que le genre dans lequel le président Hénault avait échoué n’en était pas moins, dit-il, un genre excellent.
L’auteur ressemble à un homme qui voudrait calculer avec des chiffres dont il ignorerait ou changerait la valeur. […] Les grands mots abstraits ressemblent aux gros ornements nouvellement adoptés par les dames. […] On doit ressembler à ceux qu’on persuade : on n’entre dans leurs sentiments qu’en prenant leurs sentiments ; pour conquérir leur esprit, il faut se plier aux habitudes de leur esprit. […] C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !
Son esprit ressemblait à celui du dix-septième siècle ; il n’a pu s’empêcher d’aimer, d’admirer, de louer uniquement le dix-septième siècle. […] Cousin ressemble à un homme qui, après avoir manié des morceaux de plomb de trois cents livres, trouverait une petite masse de deux cents, et dirait avec satisfaction : « Celle-ci est légère. » L’esprit est venu tard au dix-septième siècle. […] Personne ne peut lire Boileau, sinon à titre de document historique ; ses dissertations sur le vrai, sur l’honneur, sur le style, ressemblent aux amplifications d’un écolier laborieux et fort en vers. […] C’est que l’imagination du peintre ne ressemble guère à celle de l’orateur.
Cette Correspondance, dans laquelle Tocqueville a cherché à plus d’un endroit à s’expliquer sur le sens de son ouvrage et à répondre à ceux qui persistaient à le regarder comme confus et contradictoire, atteste à quel point son esprit tout entier ressemblait à son livre. […] Du reste, ce que nous avons dit de la Course au lac d’Onéida et des Quinze jours au Désert, il faut le dire de toutes les lettres et de l’ensemble des deux volumes : c’est le langage d’un homme bien élevé, mais qui ressemble trop au langage de tous les hommes qui sont bien élevés. […] Il a, dans le langage, de l’écriture américaine, qui ressemble à toutes les écritures, cet Américain !
C’est entre deux de ces courses, probablement, qu’il aura écrit ce premier roman de Guy Livingstone, publié d’abord à la mode anglaise, sans nom d’auteur, et dans lequel il a montré une vaillance de talent qui ressemble fort à la vocation la plus déterminée. […] Comme Byron, Georges Lawrence a le rire gastralgique et saccadé dans lequel tombent les larmes et qui les dévore, et cette passion infinie qui fait trembler le feu de l’esprit dans des plaisanteries désespérées et qui ressemble à une pâmoison de la flamme ! […] Il n’y a certainement pas un gentilhomme dans tous les comtés de l’Angleterre dont la vie, dans son ensemble, ne pût ressembler à la sienne.
, laquelle a trouvé que lui, Byron, l’auteur du Corsaire, de Lara, du Giaour, de Don Juan, et de tant d’autres chefs-d’œuvre, était, en termes de cette École : horriblement poncif ; que ses Turcs et ses Grecs ressemblaient à des sujets de pendule ; que tout cela était vieux et passé comme le turban de madame de Staël, comme le Malek-Adel de madame Cottin… Ah ! […] La Grèce moderne, qui, malgré ses malheurs, ressemble tant à sa mère morte, imprimait sa sublime ressemblance dans le miroir de cette poésie, colorée et pure comme son ciel et ses mers. Sous les brumes du spleen anglais, on retrouvait l’azur lumineux de la Grèce éternelle, de la Grèce aux immuables horizons, aux lignes sinueuses, aux contours arrêtés dans leur splendeur nette, en ces vers anglais plus étonnants que s’ils avaient été écrits dans la langue d’Alcée et de Pindare, et qui, bien plus sculptés que peints encore, ressemblent à des bas-reliefs de Phidias !
Georges-Alfred Lawrence serait un brillant officier, très-aristocratique d’origine et de fortune, aimant la chasse, les armes, les chevaux, qu’il monte lui-même sur le turf, et « ayant gagné un grand nombre de steeple-chases. » C’est entre deux de ces courses, probablement, qu’il aura écrit ce premier roman de Guy Livingstone, publié d’abord à la mode anglaise, sans nom d’auteur, et dans lequel il a montré une vaillance de talent qui ressemble fort à la vocation la plus déterminée. […] Georges Lawrence a le rire gastralgique et saccadé dans lequel tombent les larmes et qui les dévore, et cette passion infinie qui fait trembler le feu de l’esprit dans des plaisanteries désespérées et qui ressemble à une pâmoison de la flamme ! […] Il n’y a certainement pas un gentilhomme dans tous les comtés de l’Angleterre dont la vie, dans son ensemble, ne pût ressembler à la sienne.
Or, Margiste a sa fille Aliste, suivante de Berte, Aliste qui ressemble à Berte mieux qu’un peintre ne saurait la peindre, et d’ailleurs Pépin n’y regarde pas de si près. […] » La situation de cette pauvre Berte égarée ressemble extrêmement à celle d’Una dans Spencer, de la vierge dans le Cornus de Milton, et de la belle Damaïanti des poèmes indiens.
Un autre magot, non moins férocement peinturluré, avec des boules en cuivre collées sur les yeux, et je ne sais quoi sous sa robe, qui le fait ressembler à une naine enceinte. […] Elle les fait ressembler à des pattes de lézard.
Ce monument ne ressemblait à aucun autre ; les poëtes coloristes comptèrent une couleur de plus. […] Sa lance ressemble à ce vieux sapin ; son bouclier est aussi grand que la lune au bord de l’horizon. […] « Quel est, dit-il, ce murmure qui vient roulant le long de la colline et qui ressemble aux sourds bourdonnements des insectes du soir ? […] L’Esprit de la tempête abandonna les airs ; la lune et les étoiles reparurent. » « Telle était l’intrépidité de ma race, et Calmar ressemble à ses ancêtres. […] Farouche et roulant ses yeux autour de lui, debout, appuyé sur sa lance et gardant un morne silence, il ressemblait dans sa taille gigantesque à un chêne antique des bords du Lubar, dont la tête penche sur le fleuve et dont les rameaux furent jadis noircis des feux du tonnerre.
Peu nous importent les descriptions plus ou moins réussies de cette femme qui ressemble à un portrait de Rubens : ce que nous cherchons en elle, comme dans son amant, c’est l’étincelle divine, la notion morale, et elle n’est pas plus dans l’une que dans l’autre. […] Les amants ressemblent aux gouvernements provisoires des révolutions. […] Riche, noble, — on n’a plus besoin de noblesse, — et on ne dit pas qu’il le soit, misanthrope marié et trompé indignement par sa femme, qui mériterait bien, par parenthèse, de s’appeler Fanny, car elle lui ressemble horriblement, si ce n’est pas elle. […] Toujours est-il que rien ne ressemble plus au romantisme qui se lève que le romantisme qui se couche. […] Dumas fils, auquel il ressemble plus qu’à lord Byron, et auquel il fait bien de dédier ses œuvres comme au roi des secs en littérature.
Malgré mes grands cheveux blancs qui me donnent l’air d’un académicien (à l’étranger), j’ai grand besoin de quelqu’un qui m’aime assez pour m’appeler son enfant… » Il lui demande, un jour, un article sur les Histoires extraordinaires de Poë ; Sainte-Beuve promet l’article, ne l’écrit point, et Baudelaire ne lui en veut pas L’affection de Baudelaire pour le grand critique datait de loin ; les Poésies de Joseph Delorme étaient déjà, au collège, un de ses livres de prédilection ; et à vingt ans, il envoyait des vers (dont quelques-uns assez beaux) à son poète favori… Et, en effet, les poésies de Sainte-Beuve, — si curieuses mais qui ne sont aujourd’hui connues et aimées que d’un petit nombre de lettrés, ressemblent déjà par endroits, sinon à des « fleurs du mal », du moins à des fleurs assez malades. […] elles ressembleraient peut-être à une bande de trottins, de bonnes et de figurantes, et nous nous dirions : — « N’était-ce que cela ? […] Thiers, et des esprits qui leur ressemblent.
Le royaume de Dieu est fait : 1° pour les enfants et pour ceux qui leur ressemblent ; 2° pour les rebutés de ce monde, victimes de la morgue sociale, qui repousse l’homme bon, mais humble ; 3° pour les hérétiques et schismatiques, publicains, samaritains, païens de Tyr et de Sidon. […] Le grand mouvement ombrien du XIIIe siècle, qui est, entre tous les essais de fondation religieuse, celui qui ressemble le plus au mouvement galiléen, se passa tout entier au nom de la pauvreté. François d’Assise, l’homme du monde qui, par son exquise bonté, sa communion délicate, fine et tendre avec la vie universelle, a le plus ressemblé à Jésus, fut un pauvre.
On ne la hait point ; elle n’ennuie pas, mais elle n’attache pas non plus, et je dirai pourquoi… Elle a la plume légère, mais c’est une plume enlevée à l’aile de cet oiseau que La Fontaine a surnommé « Caquet-bon-bec. » Elle l’a légère et infatigable ; infatigable à effrayer les esprits qui veulent que d’une plume, il tombe quelque chose qui ne soit pas une phrase connue… Les romans de Mme de Chandeneux, qu’on lit sur leurs titres, qui sont séduisants comme le visage d’une jolie femme qui serait sotte, ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que tous ces romans de femmes qui se ressemblent, comme les gravures de mode se ressemblent. […] On n’a eu que la peine de l’y porter, — et les premiers jours qu’on l’y a vue, elle y a été regardée avec l’œil rond d’une foule badaude, qui fait une plaisanterie morne et puis, qui s’en va… Le vieux xixe siècle, — car le voilà vieux, — ressemble au vieux célibataire, qui souffre qu’une femme soit tout chez lui et s’y permette tout.
… Est-il permis de manquer d’intérêt et de vie quand il s’agit du peuple le plus curieux et le moins connu, quoiqu’on en ait immensément parlé, de ce peuple magot et falot qui ressemble aux visions produites par l’opium qu’il fume, et qu’on pourrait appeler le plus fantastique de tous les peuples ? […] Les abbés Trublet sont des capacités honnêtes, quoique Voltaire, qui ne l’était pas, s’en soit moqué dans des vers charmants comme ce serpent d’homme savait en siffler ; mais, pour que la compilation mérite le petit salut de la critique en passant, il ne faut pas qu’elle ressemble au pêle-mêle des numéros d’un sac de loto qu’un enfant viderait sur une table. […] Enfin, comme intelligence de la race, ils prennent la mesure du plus fort cerveau chinois qui ait jamais existé, ils nous peignent en pied ce Confucius (Koung-fou-Tseu) qu’ils comparent, on ne sait trop pourquoi, à notre glorieux cardinal de Richelieu, lequel n’a pas grand’chose, pourtant, de ce quaker Oriental, dont la haute philosophie ressemble à une Civilité puérile et honnête… Et c’est ainsi qu’ils confirment, au lieu de la détruire, cette grande accusation portée contre la Chine par des esprits sévères auxquels des potiches et des porcelaines, et une originalité grotesque dans les arts et dans la vie, n’ont pas tout fait pardonner !
Voilà pourquoi, jusqu’à l’arrivée des Bourbons, qui introduisirent l’esprit moderne dans cette Péninsule, restée du Moyen Âge, et fermée par ces Pyrénées que Louis XIV abaissa, elle a dans son histoire, cette vieille et étonnante Espagne, des grandeurs de choses qui ressemblent aux mystérieux colosses de l’Égypte, et des grandeurs d’hommes presque aussi indéchiffrables que le Sphinx. […] Et cette explication, plus haute et plus satisfaisante que des détails biographiques qui ressemblent à des rayons brisés, né reçoit d’ailleurs de démenti d’aucun de ceux que présentement on publie. […] Charles-Quint ressemble beaucoup à cette colonne mystérieuse qui guidait au désert les Israélites, et qui était ténébreuse et lumineuse en même temps.
Regardez-la dans ce portrait de Madame Lebrun, gravé par Rajon, qui est à la tête du volume, et avant de l’avoir lu vous aurez déjà l’idée d’une femme qui ne ressemble aux femmes de son siècle ni par les passions, ni par les mœurs, ni par la beauté. […] Elle n’a ni le joli insolent, ni le joli intempérant, ni le joli extravagant de ce temps de plaisir et de renversement où les duchesses ressemblaient à des courtisanes et les courtisanes à des duchesses. […] Pour mon compte, je ne connais point, dans tout le xviiie siècle, un sentiment qui ressemble à l’amour de Madame de Sabran pour Boufflers, à cet amour malheureux qui, tout le temps de la durée de ses lettres et de sa vie, ne songe pas une seule fois à se reprendre à l’homme qui était véritablement pour elle le Destin… Les éditeurs de ces Lettres donnent à croire dans leur Notice que Madame de Sabran épousa le chevalier de Boufflers en émigration, mais cette fin de son triste roman ne dut rien changer à la nature d’un amour qui était la plaie immortelle d’un flanc qui saigne et qu’on lèche sans pouvoir la cicatriser, et que dis-je ?
Cette prose de Quinet, si elle avait des rimes, ne ressemblerait-elle pas d’une manière frappante aux vers de Victor Hugo, ce Roi des tambours ? […] de l’homme fossile, il explique comme quoi l’esprit intérieur a moulé les crânes : « Certainement, — dit-il, en ce chapitre gorgé d’erreurs qui ressemblent à des folies, — certainement ! […] Elle ressemble à celle des Indiens, qui mettent le monde sur un éléphant, l’éléphant sur un œuf, l’œuf sur rien.
Ce sage conteur, qui s’appelle providentiellement Le Sage, ne ressemble guères, par exemple, à cet autre conteur à tous crins qui, dans ses romans et dans ses contes, est toujours le philosophe Diderot, ce diable au corps de Diderot ! […] comme disait Malherbe, on se sera battu, au xviiie siècle, pour la plume de Le Sage, comme pour les violons de Gluck ou de Piccini, auxquels cette plume, sans éclat et sans vibration, ressemble si peu ! […] Mais quand on peint ce tas d’ordures, ce ne doit pas être avec le sourire d’une ironie sceptique qui ressemble à de l’indulgence ; ce n’est pas à l’huile qu’on doit peindre : c’est au vitriol !
Flaubert, lui ressemble. L’homme du lâché ressemble à l’homme de la sécheresse et de la lime. […] L’honnêteté du médecin qui maquignonne le mariage ressemble à la fierté de celle qui l’accepte.
Mérimée ressemblait à la plupart des esprits de son temps (j’excepte Balzac) par le manque d’originalité intrépide, il ne ressemblait nullement aux autres esprits de cette époque ardente, dont l’exubérance était la qualité, et l’exagération, le défaut. […] à une certaine hauteur, toutes les sociétés se ressemblent.
Tantôt c’est la femme politique toute pure, sans la galanterie ou sans rien du moins qui y ressemble par la grâce, la femme politique âpre, active, ardente, desséchée comme la joueuse qui a passé des nuits autour du tapis vert, ayant besoin de tenir les cartes à tout prix et de jouer la partie de l’Europe pour ne pas mourir comme d’inanition, pour ne pas hurler d’ennui. […] La vieillesse qui ressemble au groupe d’Ariane, c’est comme Lamennais tout à l’heure qui ressemblait à Clorinde ; j’appelle cela un manque de goût. […] Elle en fait quelque chose d’essentiellement à part et qui ne ressemble pas à ce que le commun des gens entend sous ce nom : car se résigner, après tout, n’est pas si rare ni si difficile, et il n’y a pas tant de mystère ; tous les hommes y viennent plus ou moins quand la nécessité est là ; mais Mme Swetchine se méfie de ce qui est trop simple et trop commun : « Ce qui me gâte un peu la résignation, avait-elle dit, c’est de la voir si conforme aux lois du bon sens : j’aimerais encore un peu plus de surnaturel dans l’exercice de ma plus chère vertu. » En conséquence elle s’est appliquée à y introduire le plus de surnaturel possible, et elle y a réussi.
Il a dans la pensée un type de théâtre à lui, une scène idéale de magnificence et d’éclat, de poésie en vers, de style orné et rehaussé d’images, de passion et de fantaisie luxuriante, d’enchantement perpétuel et de féerie ; il y admet la convention, le masque, le chant, la cadence et la déclamation quand ce sont des vers, la décoration fréquente et renouvelée, un mélange brillant, grandiose, capricieux et animé, qui est le contraire de la réalité et de la prose : et le voilà obligé de juger des tragédies modernes qui ne ressemblent plus au Cid et qui se ressemblent toutes, des comédies applaudies du public, et qui ne lui semblent, à lui, que « des opéras-comiques en cinq actes, sans couplets et sans airs » ; ou bien de vrais opéras-comiques en vogue, « d’une musique agréable et légère, mais qui lui semble tourner trop au quadrille. » Il n’est pas de l’avis du public, et il est obligé dans ses jugements de compter avec le public. […] S’ils vous dépeignent un pays, vous y voyez des villes, des fleuves et des montagnes ; mais leurs descriptions sont arides comme des cartes de géographie : l’Indoustan ressemble à l’Europe ; la physionomie n’y est pas. ». […] D’autres croupes bizarrement chiffonnées ressemblaient à ces étoffes des anciens tableaux, jaunes d’un côté et bleues de l’autre.
Ou, sinon précisément une « morale », quelque chose du moins qui ressemblât à cela. […] De plus, c’est un miroir dont la courbure ne ressemble exactement à celle d’aucun autre, et qui déforme les objets d’une manière inimitable. […] Nous ressemblons plus ou moins à tout le monde, nous ne ressemblons entièrement à personne.
Mais la simplicité de Fontenelle, dans sa rare distinction, ne ressemble à nulle autre : c’est une simplicité tout exquise, à laquelle on revient à force d’esprit et presque de raffinement. […] Il y a quelqu’un à qui il ressemble bien plus qu’à Massillon, c’est Garat, le beau diseur en toute matière, Garat, l’orateur académique et le professeur d’idéologie à l’Athénée. […] Pourtant, de telles grâces ressemblent trop à ces fausses beautés poétiques par lesquelles d’habiles versificateurs se piquaient d’éluder élégamment le mot propre ; elles ont l’air d’un jeu et ne survivent pas au petit succès du moment. […] » car il sent bien qu’il est allé trop loin : « Je viens, dit-il, de parler sans mon guide, et d’exposer des idées qui, bien que liées au sujet que je traite, n’étaient peut-être pas dans le sage esprit de Cuvier. » Et c’est précisément parce que rien ne ressemble moins au procédé de Cuvier, que, dans un éloge de ce dernier, il eût été du plus simple bon goût de s’en abstenir.
Beaucoup d’espèces des plus grands genres ressemblent à des variétés en ce qu’elles sont étroitement, mais inégalement alliées les unes aux autres, et en ce qu’elles sont géographiquement très circonscrites. — VIII. […] Beaucoup d’espèces des plus grands genres ressemblent à des variétés en ce qu’elles sont étroitement, mais inégalement, alliés les unes aux autres et en ce qu’elles sont géographiquement très circonscrites. […] On peut retourner la formule en lui donnant un autre sens, et dire que dans les genres les plus riches, où un nombre de variétés ou d’espèces naissantes, supérieur à la moyenne, sont en train de se former, beaucoup des espèces déjà formées ressemblent encore en une certaine mesure à des variétés : car elles se distinguent les unes des autres par une somme de différence au-dessous de la moyenne. […] Mais il y a aussi quelque raison de croire que les espèces qui sont très voisines de quelque autre, et qui sous ce rapport ressemblent à des variétés, ont aussi fort souvent une extension très restreinte.
Ce que les auteurs mettent sous nos yeux, ce sont êtres qui, ou sont dans la moyenne de l’humanité, ou s’en écartent en étant supérieurs ou inférieurs à elle, mais doivent lui ressembler et sont de purs monstres d’imagination s’ils ne lui ressemblent pas. […] Il n’y a de distingué, comme distinguant nécessairement de tout, que ce qui n’existe pas, et même que ce qui ne peut pas exister ; car pour être conçu comme pouvant exister, il faut déjà ressembler à quelque chose. […] Il ressemble à Montaigne et, tout compte fait, c’est précisément un Montaigne à deux ou trois ou à dix degrés au-dessous du prototype.
Entre les premières et celles-ci, était tout l’intervalle qui sépare l’aversion et le dégoût, du penchant à imiter et à ressembler. […] Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières.
Nous ne craignons d’être accusés de partialité, que par ceux qui sont plus zélés pour la Philosophie actuelle, que pour la raison & la saine Littérature, espece d’hommes qu’on peut diviser en deux classes : les uns ressemblent à ces peuples imbécilles qui croyoient leurs Oracles infaillibles, pour quelques prédictions justifiées par le hasard : les autres ressemblent aux Prêtres de ces mêmes idoles, qui profitoient de l’ignorance & de la crédulité publique, pour accréditer les mensonges les plus extravagans.
. — S’il n’eût pas ressemblé à mon père endormi, je m’en serais chargée. — Mon mari ! […] Ceux qui dorment, ceux qui sont morts, ressemblent à des figures peintes : il n’y a que l’œil de l’enfance qui s’effraye à la vue d’un diable en peinture. […] Tu ressembles trop à l’ombre de Banquo ; à bas ! ta couronne brûle mes yeux dans leur orbite. — Et toi, dont le front est également ceint d’un cercle d’or, tes cheveux sont pareils à ceux du premier. — Un troisième ressemble à celui qui le précède. […] Ce sont deux saisons qui ne se ressemblent pas et qu’il faut également admirer.
Zola : Je pense — dit Pommageot en s’animant — que toutes les vieilles blagues du romantisme sont finies ; je pense que le public en a assez, des phrases en sucre filé ; je pense que la poésie est un borborygme ; je pense que les amoureux de mots et les aligneurs d’épithètes corrompent la moelle nationale ; je pense que le vrai, le vrai tout cru et tout nu est l’art ; je pense que les portraits au daguerréotype ressemblent… — C’est un paradoxe ! […] C’est ce qui fait qu’une rue, un café, un salon, une femme d’à présent ne ressemblent pas, extérieurement, à une femme, à un salon, à un café, à une rue du xviiie , ou même du temps de Louis-Philippe. […] Sœur Philomène, Germinie Lacerteux, Renée Mauperin et même Madame Gervaisais ressemblent davantage à ce qu’on entend d’ordinaire par un roman ; mais l’action est encore morcelée, découpée en tableaux entre lesquels il y a d’assez grands vides. […] Les deux sujets se ressemblent passablement. […] Il n’en est pas moins vrai que ce coup de tête est fort inattendu, qu’il y a là je ne sais quoi qui ressemble à une lâcheté et qui s’accorde mal avec le caractère de Renée tel que nous l’avions cru saisir.
Ces ballades ne ressemblent guère à celles de François Villon ou de M. Laurent Tailhade ; elles ne ressemblent à rien.
On peut dire qu’Honorius et son frère ressemblaient aux idoles des Indes, dont la réputation dépend de leurs prêtres. […] Cet ouvrage, comme je l’ai dit, est parvenu jusqu’à nous ; mais ces sortes de lectures ressemblent aux voyages des antiquaires parmi des ruines.
De loin, les portraits de Lesdiguières ressemblent à ceux de Louis XIII ; mais, en approchant, la figure belle et vide du faible fils de Henri IV fait place à la physionomie astucieuse et souriante du grand général dauphinois qui fut d’ailleurs un des plus beaux hommes de son temps. […] Dans le cas présent, dans Le Rouge et le noir, Julien, avec les deux ou trois idées fixes que lui a données l’auteur, ne paraît plus bientôt qu’un petit monstre odieux, impossible, un scélérat qui ressemble à un Robespierre jeté dans la vie civile et dans l’intrigue domestique : il finit en effet par l’échafaud. […] Je sais bien que Beyle a posé en principe qu’un Italien pur ne ressemble en rien à un Français et n’a pas de vanité, qu’il ne feint pas l’amour quand il ne le ressent pas, qu’il ne cherche ni à plaire, ni à étonner, ni à paraître, et qu’il se contente d’être lui-même en liberté ; mais ce que Fabrice est et paraît dans presque tout le roman, malgré son visage et sa jolie tournure, est fort laid, fort plat, fort vulgaire ; il ne se conduit nulle part comme un homme, mais comme un animal livré à ses appétits, ou un enfant libertin qui suit ses caprices. […] On ne peut d’ailleurs se ressembler moins que Beyle et M. de Balzac.
La nature l’avait fait ainsi, et il ne ressemblait, par certains côtés essentiels, à nul autre des écrivains qui l’avaient précédé. […] » L’homme des Mémoires d’outre-tombe ressemble extraordinairement à celui de l’Essai, mais il n’y ressemble pourtant qu’avec cette différence que, dans l’intervalle, plus d’un personnage officiel s’est créé en lui, s’est comme ajouté à sa nature, et que même en secouant par moments ces rôles plus ou moins factices, et en ayant l’air d’en faire bon marché, l’auteur des Mémoires ne s’en débarrasse jamais complètement. […] Ceux qui ont eu entre les mains des lettres de lui, datées de ces temps anciens, et dans lesquelles il racontait ce qu’il sentait alors, ont pu comparer ce qu’il y disait avec ce qu’il a dit depuis dans ses Mémoires : rien ne se ressemble moins.
Marguerite de Valois, la première des trois Marguerites du xvie siècle, ne ressemble pas tout à fait à la réputation qu’on lui a faite de loin. […] La petite Margot me ressemble, qui ne veut être malade ; mais ici, m’a-t-on assurée qu’elle a fort bonne grâce et devient plus belle que n’a été Mlle d’Angoulême. […] Marguerite ressemble beaucoup à son frère. […] les âges, pour nous, deviennent sévères ; le raisonner de plus en plus s’accrédite ; tout loisir a fui ; il y a, jusque dans nos plaisirs, un acharnement qui les fait ressembler à des affaires ; la paix elle-même est sans trêve, tant elle est occupée à l’utile ; jusque dans les journées sereines, les arrière-pensées et les soins sont en bien des âmes : c’est l’heure ou jamais du réveil, c’est l’heure encore une fois de surprendre le monde et de le réjouir ; vous en avez su de tout temps la manière, toujours nouvelle : n’abandonnez jamais la terre de France, Esprits charmants et légers54 !
S’il faut en croire Mme de Genlis45, « on se précipitait dans ses bras, on balbutiait, on pleurait, on était dans un trouble qui ressemblait à l’amour le plus passionné ». […] Mlle de Scudéry est si noire de peau que, selon Mme Cornuel, une de ses bonnes amies, la nature semble lui avoir fait suer toute l’encre qu’elle devait employer ; elle a pourtant des attraits aux yeux de Pellisson, ce qui fait répéter aux plaisants le dicton connu : « Qui se ressemble s’assemble ». […] « Mes jambes et mes cuisses ont fait d’abord un angle obtus, et puis un angle égal, et enfin un aigu ; mes cuisses et mon corps en font un autre et, ma tête se penchant sur mon estomac, je ne ressemble pas mal à un Z.
Il faut bien des qualités, il faut même quelques défauts peut-être pour composer un grand orateur ; ou, du moins, quelques-unes des qualités de l’orateur, quand il débute très jeune, avant de devenir tout à fait des qualités, peuvent ressembler à des défauts. Ainsi la confiance en sa propre idée, la certitude dans l’affirmation, avant d’être de l’autorité réelle, peut ressembler à de la témérité. […] Observation large et juste, et qui ressemble à une loi !
Le livre que voici donne une opinion de plus sur Byron, mais ne change pas, par un fait nouveau, mais ne modifie pas d’un iota, d’un atome, d’un atome d’atome, l’opinion faite de longue main sur Byron, Historiquement, biographiquement, littérairement, tout ce qui est dit ici a été dit ailleurs sur le grand poëte anglais, dont la vie ressemble à ces fragments sublimes interrompus du Giaour, plaques de lumière et d’ombre ; et sa destinée est peut-être de rester mystérieuse, comme celle de ces Sphinx de l’Action, — Lara et le Corsaire, — ces Mystères vivants qu’il a chantés ! […] Mme de Staël, qui, même sans amour, aurait mieux parlé de Byron que Mme Guiccioli, n’arracha jamais entièrement son génie au bas-bleuisme quelle tenait de la race pédante (les Necker, père et mère) à laquelle elle appartenait… Mais le cœur de Mme Guiccioli était moins vaillant que le génie de Mme de Staël… C’était un genre de cœur qui ressemblait à son genre d’esprit. […] Elle le délaye, en y mêlant tout le sucre d’un cœur qui ressemble à une canne à sucre, et des vanités de femme flattée de ce qu’autrefois elle inspira ; lesquelles, par exemple, je ne trouve ni accusées, ni assez grandes, ces inoffensives vanités !
Fils des circonstances, comme Napoléon, ç’a été sa seule manière de lui ressembler, car il n’était guère besoin de génie pour deviner que l’établissement d’une revue était une excellente affaire au moment où il se trouva pour une moitié d’idée dans l’établissement de la sienne. […] Pour ne plus être choqué d’aucune couleur, il voulut que désormais la Revue des Deux Mondes fût revêtue, en tous ses articles, d’un uniforme qui ressemblait à l’habit des pauvres dans certains hôpitaux, et ce fut aussi chez lui l’habit des pauvres. […] En ces incroyables Mémoires, qui ressemblent à un conte… des Mille et une Nuits, Véron se drape en calife qui, quand il a des actrices à dîner, offre, au dessert, à ces demoiselles, deux cent mille francs de diamants et de perles sur des assiettes qu’il fait passer, pour que chacun y prenne, comme si c’étaient de simples pralines !
Selon la manière dont on sait l’écrire, on peut — autant du moins qu’il est donné à la faible créature humaine, — empêcher l’histoire qui va naître de recommencer l’histoire de ce qui n’est plus, ou bien c’est l’y faire ressembler. […] Theiner, avec son histoire, serait de moitié dans le coup… Nous ne sommes pas tellement loin de la révolution française, de la révolution romaine et de toutes les autres révolutions qui ont fait ressembler l’Europe à la terre rompue d’un volcan, pour que la supposition d’un tel fait puisse être traitée de peur chimérique. […] Il y a plus, et, selon nous, l’histoire ne l’a pas assez signalé : s’il y avait des esprits capables de comprendre les causes politiques de la Révolution française, s’il y avait des hommes qui, par l’étendue de leurs lumières, la flexibilité pratique de leur génie et leur sentiment de la réalité politique, ressemblassent peu aux chefs aveugles et sourds d’une société mourant de corruption et de métaphysique, c’étaient assurément les hommes de la société de Jésus.
Que de gens ressemblent au marquis de Molière ! […] Il ne faut pas croire qu’on lui ressemble, parce qu’on déchire ses amis et connaissances ; sentez comme elle Molière et La Fontaine : on vous donnera ensuite le droit de relever les ridicules.
Mais aujourd’hui, chez Servaise et ceux de son espèce, c’est une torture, une lutte atroce, sans trêve, avec des tensions de muscles, des vibrations de nerfs, des halètements, des syncopes, des courbatures… Dans l’Œuvre, de Zola, l’artiste ressemblait déjà à un damné de Michel-Ange. […] Ce sont moroses cervelles de fanatiques qui haïssent et méconnaissent tout ce qui ne leur ressemble pas.
Dogmatiste ou impressionniste, il a volontiers des jugements qui ressemblent à des défis, et dont il se sait d’autant plus de gré. […] Tout critique affecte de voir à certains moments et finit par voir dans un ouvrage ce que les autres n’y voient pas, et pourrait dire comme Philaminte : Je ne sais pas, pour moi, si chacun me ressemble, Mais j’entends là-dessous un million de mots.
Que l’esprit du mathématicien ressemble peu à celui du physicien ou à celui du naturaliste, tout le monde en conviendra ; mais les mathématiciens eux-mêmes ne se ressemblent pas entre eux ; les uns ne connaissent que l’implacable logique, les autres font appel à l’intuition et voient en elle la source unique de la découverte.
Les comedies que Moliere composa quand il eut atteint le periode de ses forces, ne ressemblent aux comedies de Terence, que parce que les unes et les autres sont des pieces excellentes. […] Comme le dit Ciceron en parlant de quelques poëtes dramatiques illustres dans la Grece et à Rome, c’est sans se ressembler qu’ils ont réussi également.
Veuillot ne sera pas éloigné de lui ressembler. […] Mais il ne consent longtemps ni à lui-même ni à ce qui lui ressemblerait. […] Non certes, il ne leur ressemble pas. […] C’est à la trente-troisième tentatrice de Çakia-Mouni que ressemble la poésie de M. […] Il ne leur ressemblait point.
. — En quoi il ressemble aux peintres de son pays. — En quoi il diffère de George Sand […] Le génie d’un homme ressemble à une horloge : il a sa structure, et parmi toutes ses pièces un grand ressort. […] L’imagination de Dickens ressemble à celle des monomanes. […] Le jeu de ces raisons délabrées ressemble au grincement d’une porte disloquée : il fait mal à entendre. […] Gardez-vous à cet endroit de ressembler à la plus illustre de nos voisines.
La première consisterait à fixer sur le papier un certain nombre de points, par tâtonnement, et à les relier entre eux en vérifiant à tout moment si l’image ressemble à l’objet. […] Si la perception extérieure, en effet, provoque de notre part des mouvements qui en dessinent les grandes lignes, notre mémoire dirige sur la perception reçue les anciennes images qui y ressemblent et dont nos mouvements ont déjà tracé l’esquisse. […] Pourtant je ne perçois qu’un bruit confus où tous les sons se ressemblent. […] Dans cette même masse sonore, au contraire, les deux interlocuteurs démêlent des consonnes, voyelles et syllabes qui ne se ressemblent guère, enfin des mots distincts. […] La théorie que nous esquissons Ici ressemble d’ailleurs, par un côté, à celle de Wundt.
Le compte qu’il rend de sa vie à son ami Lélio de Vaucluse ressemble à une page des Confessions de saint Augustin. […] On m’a beaucoup insulté en Italie et en France, l’année dernière, pour avoir osé dire que la Divine Comédie du Dante ressemblait plus à une apocalypse qu’à un poème épique. […] « Ces gens-là, continue Pétrarque, ressemblent à ces prétentieux arbitres du goût dont parle Cicéron, qui blâment ou approuvent sans pouvoir donner raison de leur admiration ou de leur dégoût. […] écrit-il auprès de ce berceau vide, cet enfant me ressemblait si parfaitement que quelqu’un qui n’aurait pas su qui était la mère l’aurait pris pour mon fils. […] Je crus voir d’abord ma petite fille que j’ai perdue ; elle lui ressemble beaucoup : si vous ne me croyez pas, demandez à Guillaume, le médecin de Ravenne, et à notre Donat, qui l’ont vue ; ils vous diront que c’est le même visage, le même rire, la même gaieté dans les yeux ; que, pour le geste, la démarche, et même la forme du corps, on ne peut rien voir qui se ressemble davantage, si ce n’est que ma fille était un peu plus grande que la vôtre et un peu plus âgée.
Quelques-uns de ces mots sont comme de la monnaie bien frappée qui garde sa valeur, mais la plupart ressemblent plutôt à des flèches acérées qui arrivent brusquement et sifflent encore. […] S’il ne ressemble pas à ce portrait, je lui demande pardon, mais j’ai vu tous ces traits dans son Marchand de Smyrne. […] Ailleurs, au nombre des raisons qu’il allègue pour ne plus rien donner au public : C’est parce que je ne voudrais pas, dit-il, faire comme les gens de lettres qui ressemblent à des ânes ruant et se battant devant un râtelier vide. […] … — Je ne veux point me marier, disait-il encore, dans la crainte d’avoir un fils qui me ressemble. » — Et il ajoutait avec sa fierté. […] Marmontel ayant remarqué en riant que les habitantes de ce lieu étaient dangereusesc, Chamfort lui répondit : « Je ressemble à la salamandre.
Mais, s’il y a en France, dans cette nation sociable comme une catin, quelque chose qui ressemble encore à la virginité d’esprit qu’on appelle l’originalité, c’est en province, et c’est là seul qu’il faut chercher cette escarboucle des littératures. […] Ceux qui l’ont connu, et qu’il savait fasciner par l’extraordinaire d’une éloquence à laquelle rien ne ressemblait, l’admirèrent souvent comme un homme fait de toutes pièces, et de prodigieuses pièces. […] Pris au cœur comme le prophète aux cheveux par la main divine, Paul Féval, cet esprit fécond, à la composition rapide et dont la plume ressemble à une aile, ne pouvait tarder à nous faire un livre dans le sens des idées qui l’ont saisi avec tant de puissance, et le livre a paru comme l’éclair. […] avec un point d’exclamation qui ressemble à un pennon déployé. […] Les chapitres du livre, qui ressemblent à des fermoirs d’or s’ouvrant et se refermant sur le récit, donnent une idée de ce qu’il y a ici d’intéressant et de grandiose.
Un semblable résultat pourtant (si c’était là un résultat) aurait trop de quoi surprendre et déjouer ; il ressemblerait à une attrape. […] Aujourd’hui ressemble si peu à avant-hier, que demain ne ressemblera peut-être pas à aujourd’hui. […] Celui de jeunesse, bien qu’il passe plus vite et qu’il cesse en quelques printemps de ressembler, est pourtant très-essentiel.
La prospérité est une statue d’or dont les oreilles ressemblent à ces cavernes sonores décrites par quelques voyageurs : le plus léger soupir s’y grossit en un son épouvantable. […] « Un infortuné parmi les enfants de la prospérité ressemble à un gueux qui se promène en guenilles au milieu d’une société brillante : chacun le regarde et le fuit. […] Parmi les végétaux supérieurs, il s’égare volontiers sous ces arbres dont les sourds mugissements imitent la triste voix des mers lointaines ; il affectionne cette famille américaine qui laisse pendre ses branches négligées comme dans la douleur ; il aime ce saule au port languissant, qui ressemble, avec sa tête blonde et sa chevelure en désordre, à une bergère pleurant au bord d’une onde. […] Il y eut entre Virgile et lui l’éternelle distance qu’il y a entre Télémaque et l’Iliade : cela se ressemble, mais ne s’égale pas.
S’agenouiller devant la sœur douloureuse et l’adorer d’être douloureuse… » Ces choses-là me désolent, et mon embarras redouble… L’intelligence la plus pénétrante et la plus vigoureuse, et avec cela des langueurs morbides, du pédantisme aussi, et certaines prédilections intellectuelles qui ressemblent à de la superstition, et un goût de certaines élégances qu’on prendrait presque pour du snobisme… : comment voir clair dans tout cela ? […] Renan, gouvernera peut-être un jour le monde, délivrés, par l’omnisciente, des passions inférieures, devront se ressembler entre eux à un tel point qu’ils seront à peu près indiscernables. […] Et pourtant son Histoire se déroule suivant un plan inexorable et l’esprit français ressemble chez lui à une personne morale qui se développerait, puis déclinerait à travers les âges. […] Il ressemble çà et là à un chirurgien virtuose qui étalerait et mettrait en œuvre toute une trousse, tout un jeu de bistouris, de scies, de ciseaux et de pinces, pour ouvrir un abcès à la joue.
Necker lui plaît tant dans la conversation, quand il s’y abandonne, qu’elle lui trouve du rapport avec Horace Walpole, et elle l’ose avouer : « Le Necker a beaucoup d’esprit ; il ne s’éloigne pas de vous ressembler à quelques égards. » Horace Walpole n’est point de cet avis ; M. et Mme Necker font au printemps de 1776 un voyage en Angleterre, et, à leur retour, Mme Du Deffand écrit : Ils ne vous plaisent pas beaucoup, je le vois bien ; tous les deux ont de l’esprit, mais surtout l’homme. […] « Ses traits ne ressemblent à ceux de personne ; la forme de son visage est extraordinaire. » C’est sa femme qui disait cela, et d’autres qu’elle l’ont également remarqué. […] Pour donner idée de Colbert, il croyait nécessaire de tracer auparavant l’idéal d’un administrateur des finances, et il amenait cette sorte de description générale et abstraite, à l’aide d’une raison des plus subtiles : Pour faire admirer un grand ministre, quelque supérieur qu’il soit, il faut encore user d’adresse avec la faiblesse et la malice humaines ; il faut peut-être présenter ses qualités séparées de son nom et de sa personne ; car les plus grandes perfections cessent de nous étonner quand nous les contemplons dans un homme : le rapport physique que nous nous sentons avec lui détruit notre respect, et nous ne croyons point à la grandeur de ce qui nous ressemble. […] Necker ne ressemblent ni aux Maximes de La Rochefoucauld ni aux Pensées de Vauvenargues ; elles n’ont ni la généralité ni la grandeur, excepté quelques-unes qui semblent plutôt des chapitres détachés et qui iraient aussi bien dans un ouvrage de morale ou de religion.
Et, en vérité, je vous le dis, qu’elle ait compris ou qu’elle n’ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble à la peur. […] Le Pierrot anglais arrivait comme la tempête, tombait comme un ballot, et quand il riait, son rire faisait trembler la salle ; ce rire ressemblait à un joyeux tonnerre. […] Ils font le moulinet avec leurs bras, ils ressemblent à des moulins à vent tourmentés par la tempête. […] Ses conceptions comiques les plus supra-naturelles, les plus fugitives, et qui ressemblent souvent à des visions de l’ivresse, ont un sens moral très-visible : c’est à croire qu’on a affaire à un physiologiste ou à un médecin de fous des plus profonds, et qui s’amuserait à revêtir cette profonde science de formes poétiques, comme un savant qui parlerait par apologues et paraboles.
Lorsqu’on s’est dit qu’il est impossible d’obtenir le bonheur, on est plus près d’atteindre à quelque chose qui lui ressemble, comme les hommes dérangés dans leur fortune ne se retrouvent à l’aise, que lorsqu’ils se sont avoué qu’ils étaient ruinés. […] La satisfaction que donne la possession de soi, acquise par la méditation, ne ressemble point aux plaisirs de l’homme personnel ; il a besoin des autres, il exige d’eux, il souffre impatiemment tout ce qui le blesse, il est dominé par son égoïsme ; et si ce sentiment pouvait avoir de l’énergie, il aurait tous les caractères d’une grande passion ; mais le bonheur que trouve un philosophe dans la possession de soi, est de tous les sentiments, au contraire, celui qui rend le plus indépendant.
À savoir écrit d’avance le texte entier du drame, à savoir qu’aucun effort n’y peut rien changer, à savoir qu’ils ne sont rien de plus que des acteurs, les hommesse désintéresseraient de leur jeu, de leurs paroles et de leurs mimiques ; ils ressembleraient à ces cabotins, qui récitent pour la salle des tirades pathétiques, tandis qu’ils murmurent quelque gaudriole à l’oreille de l’actrice qui leur donne la réplique. […] Par la vertu de cette illusion, les hommes ressemblent à des sujets hypnotisés qui, ayant reçu pendant leur sommeil une suggestion, créent pour l’accomplir, sitôt que l’heure est venue, les circonstances et le décor qui leur sont nécessaires, modifiant et travestissant s’il, le faut le monde extérieur, et suscitant aussi dans leur âme toute nue germination de motifs, afin d’enraciner l’acte dans les régions profondes de leur volonté, de lui imprimer le sceau de leur personnalité coutumière.
elle est prompte à les renier et à les taxer de bâtardise car quiconque ne lui ressemble pas intellectuellement ne peut être né de ses œuvres. Quand au courage, elle montre une prudence excessive qui ressemble à tel point à la couardise qu’il est aisé de la confondre avec ce sentiment.
Alaux, qui sent bien que sa découverte ressemble beaucoup à cette guenille de Morale indépendante, dont on a parlé quelques jours et qui fut inventée, si je ne me trompe, par un marchand de robinets, a fait quelques points dans cette guenille pour que ses lambeaux tinssent ensemble. […] Semblable à tous les esprits qui n’ont pas une assez ferme et assez complète possession d’eux-mêmes, l’auteur de la Religion progressive va de préférence aux natures qui lui ressemblent.
Si l’étude réfléchie s’y mêla un peu plus peut-être, s’il surveilla un peu plus du coin de l’œil ce qui avait d’abord ressemblé à de pures distractions, on ne s’en aperçut pas auprès de lui : il demeura l’homme du foyer, de l’institution domestique, le maître et l’ami de ses élèves. […] Je ne sais qui a dit que l’expérience dans certains esprits ressemble à l’eau amassée d’une citerne : elle ne tarde pas à se corrompre. Pour Topffer, l’expérience ressemblait plutôt à une source courante et sans cesse variée sous le soleil.
Et plus loin, quand il quitte la maison maternelle pour le collège, il dira : « Je ressemblais à une statue de l’Adolescence enlevée un moment de l’abri des autels pour être offerte en modèle aux jeunes hommes. » Tout cela doit avoir été très juste, très fidèle ; il est dommage seulement que ce soit l’original lui-même qui se fasse de la sorte son propre statuaire et son propre peintre. […] Car enfin, qu’il tourne le dos à Rabelais, qu’il ait même l’air de mépriser Montaigne, je le conçois de la part d’une si platonique nature, et ces paroles de dédain ne signifient autre chose, sinon : Je ne leur ressemble en rien. […] Décrire avec une si visible complaisance une personne qui nous touche de si près et à laquelle on a tant de chances de ressembler, c’est déjà un manque de tact en si délicate matière.
C’est de l’histoire de second degré, qui ressemble à la grande histoire comme les nuages, teints de son or et de sa pourpre, ressemblent à du soleil encore lorsque l’astre lui-même est couché. […] Elle ressemblait un peu à cette reine Christine, avec qui elle vivait intimement à Rome : elle aussi subordonna tout à ses désirs et à ses passions ; elle franchit hardiment la dernière barrière qu’une société facile lui opposait encore.
C’est toujours cet étrange esprit qui ressemble au serpent, qui en a le repli, le détour, la tortuosité, le coup de langue, le venin, la prudence, la passion dans la froideur, et dont, malgré soi, toute imagination sera l’Ève. […] Il ressemble un peu à ces conscrits-là. […] Ses lettres prouvent par ce qu’elles contiennent que l’audacieux et impassible historien des Cenci, que le défenseur presque monstrueux d’Antinoüs, dont l’audace ressemblait à une provocation perpétuelle, ne gasconnait pas dans ses thèses inouïes et qu’il pensait les propositions.
C’est toujours cet étrange esprit qui ressemble au serpent, qui en a le repli, le détour, la tortuosité, le coup de langue, le venin, la prudence, la passion dans la froideur, et dont, malgré soi, toute imagination sera l’Ève. […] Il nous parle quelque part, dans un de ses livres, des conscrits qui, à l’armée, se jettent dans le feu par peur du feu : il ressemble un peu à ces conscrits-là. […] Ses lettres prouvent, par ce qu’elles contiennent, que l’audacieux et impassible historien des Cinci, que le défenseur presque monstrueux d’Antinoüs, dont l’audace ressemblait à une provocation perpétuelle, ne gasconnait pas dans ses thèses inouïes, et qu’il en pensait les propositions.
Le premier discours qu’il prononça à la mort de Julien ressemble moins à une harangue qu’à une espèce de chant funèbre ; le second offre des beautés d’un autre genre. […] On voit, par toute la vie de Julien et par quelques-uns de ses ouvrages, que sa grande ambition était de ressembler à Marc-Aurèle. […] qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Ce village, bâti comme pour une nuit dans la solitude, ressemble (ou plutôt ressemblait alors) à un groupe de tentes noirâtres, dressées pour une halte de pasteurs dans les steppes de Crimée par une tribu errante de Tartares. […] Ces habitants du Jura ressemblent aux muézimes des cités de l’Orient, qui se tiennent sur les hauteurs de l’atmosphère, au sommet des minarets, pour chanter l’heure et pour avertir les hommes d’en bas de la fuite inaperçue du temps, qui glisse entre les doigts de l’homme comme l’eau. […] Ce cardinal, plus politique que sacerdotal, ressemblait de visage et de caractère à Fénelon ; il faisait de Rome, à cette époque, la Salente des arts. […] Les commencements de cette passion ressemblèrent exactement à l’irréprochable culte de Michel-Ange pour la belle et vertueuse Vittoria Colonna, la poétique et fidèle épouse du grand-duc de Pescaire. […] Cet amour de Robert ressemble davantage encore à la familiarité périlleuse du Tasse avec la princesse Éléonore d’Este, sœur du duc de Ferrare.
Belle et majestueuse, au moment où tu as disparu, tu ressemblais à la lune quand elle réfléchit son image tremblante sur les flots ; mais tu nous a laissés dans une affreuse obscurité. […] Son bouclier, à demi couvert de nuages, ressemble à la lune, quand la moitié de son globe est encore plongée dans l’onde et que l’autre luit faiblement sur la campagne. […] Ses yeux ressemblaient-ils aux étoiles qui brillent à travers une pluie fine ? […] Tu ressemblais au soleil après l’orage, à la lune dans le silence de la nuit ; ton âme était calme comme le sein d’un lac lorsque les vents sont muets dans les airs. […] rien n’égalait la force de ton arc et la rapidité de ta lance dans les combats ; ton regard ressemblait à la sombre vapeur qui s’élève sur les flots, et ton bouclier au nuage qui porte la foudre.
Laissant à chaque image sa date dans le temps et sa place dans l’espace, il verrait par où elle diffère des autres et non par où elle leur ressemble. L’autre, toujours porté par l’habitude, ne démêlerait au contraire dans une situation que le côté par où elle ressemble pratiquement à des situations antérieures. […] Une perception A, comme nous le disions plus haut, n’évoque par « contiguïté » une ancienne image B que si elle nous rappelle d’abord une image A′ qui lui ressemble, car c’est un souvenir A′, et non pas la perception A, qui touche réellement B dans la mémoire. […] En fait, nous percevons les ressemblances avant les individus qui se ressemblent, et, dans un agrégat de parties contiguës, le tout avant les parties. […] Les nécessités de la vie ne sont plus là pour régler l’effet de la ressemblance et par conséquent de la contiguïté, et comme, au fond, tout se ressemble, il s’ensuit que tout peut s’associer.
Comme l’émotion, la verve, l’inspiration et tout ce qui y ressemble lui étaient choses complètement étrangères, il n’a pas su les voir en autrui ; il n’a rendu les armes de près ni de loin à cette puissance créatrice qui porte au premier rang un petit nombre d’hommes, et on pourrait le définir, au milieu de tous les éloges qu’il mérite pour l’originalité de ses vues, pour la variété et la gentillesse de ses œuvres, « celui qui n’a senti ni Homère ni Molière ». […] Selon lui, la nature n’est pas en affaiblissement ni en décadence, quoi qu’en disent les partisans exagérés de l’Antiquité : Non, monsieur, la nature n’est pas sur son déclin : du moins ne ressemblons-nous guère à des vieillards ; la force de nos passions, de nos folies, et la médiocrité de nos connaissances, malgré les progrès qu’elles ont faits, devraient nous faire soupçonner que cette nature est encore bien jeune en nous. […] Marivaux, se mettant à écrire, ne se pique pas en général de faire un livre qui ressemble à d’autres livres ; il prétend n’observer que la nature, mais l’observer comme il l’entend, la distinguer autant qu’il lui est nécessaire, et la rendre dans toute la singularité de son propre coup d’œil. […] Elle raconte tout le menu de ce manège avec une curiosité, une réflexion et un détail infini qui fait ressembler ce passage et bien d’autres à une petite scène d’une ingénue de quinze ans, telle que Mlle Mars pouvait la jouer à cet âge : « Où en étais-je ?
Il se sert des noms de Gros, de Géricault et même de Charlet, pour en accabler le brillant et valeureux talent dont l’originalité, précisément, est de ne pas leur ressembler. […] J’examine : tout est lié, motivé, sensé, possible, intelligible ; tout ressemble à ce qu’on a vu ou à ce qu’on peut se figurer, et les peintres sincères vous diront tout ce qu’il y a, sous cette ressemblance vive, de hardiesses de première venue, de difficultés abordées de front, enlevées à la pointe du pinceau et tournées en effets heureux et en triomphes. […] Cette ville toute couleur de terre ressemble plutôt à celles des Abruzzes qu’à tout ce que nous connaissons du littoral de l’Afrique. […] Ça ne ressemblera à rien de ce qui a été peint, et ça ne sera que vrai.
Si le statuaire, qui est aussi à sa façon un magnifique biographe, et qui fixe en marbre aux yeux l’idée du poëte, pouvait toujours choisir l’instant où le poëte se ressemble le plus à lui-même, nul doute qu’il ne le saisît au jour et à l’heure où le premier rayon de gloire vient illuminer ce front puissant et sombre. […] Les mœurs littéraires du temps ne ressemblaient pas aux nôtres : les auteurs ne se faisaient aucun scrupule d’implorer et de recevoir les libéralités des princes et seigneurs. […] Ses héroïnes, ses adorables furies, se ressemblent presque toutes : leur amour est subtil, combiné, alambiqué, et sort plus de la tête que du cœur. […] Quand ils vont mourir, ils ressemblent par leurs craquements et leurs gémissements à ce tronc chargé d’armures, auquel Lucain a comparé le grand Pompée.
Les Caractères ne furent d’abord que des abstractions, et les Mœurs que des réflexions morales, rangées dans un nouvel ordre, mais qui ressemblent beaucoup aux Maximes et aux Pensées. […] « Il n’y a peut-être pas, dit Suard, une beauté de style propre à notre idiome dont on ne trouve des exemples et des modèles dans cet écrivain. » Le style de La Bruyère, toutes les fois que sa pensée est juste et relevée, ressemble au style des grands écrivains dont Suard l’a distingué. […] Je ne puis souffrir un portrait qui ressemble à une biographie ; et, quant au faux dévot, je persiste à ne le reconnaître que dans Tartufe. […] Tels passages ressemblent à certains tableaux qu’on cite dans l’histoire de l’art ; il manque à ces tableaux, parfaits dans les détails, un objet principal dont tous les accessoires tirent leur prix.
, ils risquent de ressembler aux plus sots, aux plus ridi-cules, aux plus fats de tous les hommes, à ces Chatterton manqués, à ces jeunes gens de génie méconnus, qui trouvent tout au-dessous d’eux et anathématisent la société parce que la société ne fait pas un douaire convenable à ceux qui se livrent à de sublimes pensées. […] Il faudrait que deux hommes ne se ressembler pas ; car tous ceux qui se ressemblent ne comptent que pour un. Dans le syncrétisme primitif, tous les hommes d’une même race se ressemblaient comme les poissons d’une même espèce.
Pour peu qu’ils ressemblassent à cet échantillon de sa personne, combien ils devaient être divertissants ! […] Cette page malicieuse de Cosnac fait pendant au sonnet d’Ève de Sarasin, et elle ressemble très bien à un conte de La Fontaine. […] Le Tellier en revint alors à sa réplique souveraine, et à remontrer que M. de Lesdiguières représentait la personne du roi : « Avouez du moins, monsieur, lui dit Cosnac comme poussé à bout, qu’on est fort excusable de s’y méprendre, puisque jamais copie n’a moins ressemblé à son original. » Cette repartie brusque (et flatteuse) acheva de déconcerter le ministre et fit rire le roi, « et ce fut par là, dit Cosnac, que finit cette affaire ». […] Très jeune à la Cour, très en posture de tout dire, on l’avait accepté sur ce pied-là, et quand, plus tard, après ses disgrâces passées et son retour, il eut prouvé son habileté et son utilité réelle dans les affaires de son ordre, on ne lui demanda pas de supprimer ses vivacités naturelles et ses craqueries, qui faisaient de lui un prélat qui ne ressemblait à nul autre.
Shakespeare possède cette grâce, qui est tout le contraire de la grâce maladive, bien qu’elle lui ressemble, émanant, elle aussi, de la tombe. […] À quoi ressemble la destinée, si ce n’est à une fantaisie ? […] Cette simplicité-là, on le voit, ne ressemble point à la simplicité recommandée par Le Batteux, l’abbé d’Aubignac et le père Bouhours. […] Une certaine majesté d’esprit ressemble aux solitudes et se complique d’étonnement.
Balzac, pour les termes et pour l’expression, est moins vieux que Voiture, mais si ce dernier, pour le tour, pour l’esprit et pour le naturel ; n’est pas moderne, et ne ressemble en rien à nos écrivains, c’est qu’il leur a été plus facile de le négliger que de l’imiter ; et que le petit nombre de ceux qui courent après lui, ne peut l’atteindre. […] Il y a bien d’autres ouvrages qui lui ressemblent. […] Il doit au contraire éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le cœur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures, et qui tirent, pour ainsi dire, de leurs entrailles tout ce qu’ils expriment sur le papier ; dangereux modèles et tout propres à faire tomber dans le froid, dans le bas, et dans le ridicule ceux qui s’ingèrent de les suivre : en effet, je rirais d’un homme qui voudrait sérieusement parler mon ton de voix, ou me ressembler de visage. […] Il faut éviter le style vain et puéril, de peur de ressembler à Dorilas et Handburg : l’on peut au contraire en une sorte d’écrits hasarder de certaines expressions, user de termes transposés et qui peignent vivement ; et plaindre ceux qui ne sentent pas le plaisir qu’il y a à s’en servir ou à les entendre.
. ; l’ordonnance en un mot ne ressemble pas mal à un palais composé de quatre masses ou carrés (les quatre chants), avec un moindre pavillon à l’extrémité de chaque aile (prologue et épilogue), et avec trois statues (les sonnets) dans chaque intervalle des carrés, en tout neuf statues. […] Les vers sont exquis et mélodieux : le sentiment d’où ils découlent ressemble à cette exclusive prédilection dont les mères jalouses environnent une fille nubile et chérie.
A propos de l’enlèvement des tableaux et des statues, contre lequel il se déchaîne avec plus d’emportement qu’il ne sied au compatriote et à l’ami de lord Elgin, « Il est certain, dit-il, que les Français ne ressemblaient nullement à ces peuples dont le génie créa les premiers chefs-d’œuvre de l’art ; au contraire, le prototype classique de Bonaparte dans cette circonstance fut ce Mummius, consul romain qui dépouilla violemment la Grèce de ses trésors, dont lui-même et ses compatriotes étaient incapables d’apprécier le véritable mérite. » Cette mauvaise humeur de l’historien se mêle même aux éloges que lui arrache une admiration involontaire. […] Lorsqu’il en est venu à la défaite des mameluks, sir Walter Scott la caractérise en disant que « la bataille ressemble alors, à quelques égards, à celle qui, environ vingt ans après, fut livrée à Waterloo. » Le rapprochement, comme on voit, exige un long effort de mémoire, et trahit encore plus de maladresse que de malveillance.
Si l’on en doutait, il faudrait prendre toutes les publications d’une époque, et l’on verrait combien il y a de bons livres, voire de livres excellents, dans tous les genres où la Pensée et l’Expression demeurent sérieuses, avant d’arriver à quelque chose qui ressemble ou qui soit analogue, par exemple, aux Mémoires du chevalier de Grammont. […] C’est un pococurante d’attitude, dont la préoccupation incessante est d’éviter, n’importe à quel prix, tout ce qui pourrait ressembler à de l’admiration et même à du sérieux.
Un livre qui a des défauts littéraires d’autant plus grands qu’il est le produit d’un système, mais qui a aussi une valeur absolue, un mérite qui ne passera pas, c’est-à-dire la vérité presque maladive d’une inspiration qui ressemble à un empoisonnement, les Poésies de Joseph Delorme, datèrent bien ce commencement d’une époque traversée par nous maintenant, mais Dieu sait à quel prix ! […] Ce poète d’une race finie et d’une cause perdue, ce Redgauntlet poétique des Stuarts de la France, qui fait vivre sa muse au poste où il eût été digne de mourir, mais où le combat n’est même plus, à côté de beaucoup de sonnets tels que le suivant, — qui ressemble à ces écussons de marbre noir que soutiennent parfois des anges tumulaires aux coins silencieux des mausolées : Ce fut un vaillant cœur, simple, correct, austère ; Un homme des vieux jours, taillé dans le plein bloc, Sincère comme l’or et droit comme un estoc, Dont rien ne détrempa le mâle caractère.
Il faut qu’elle soit vue de loin pour qu’elle en impose ; elle ressemble à ces divinités de nos ancêtres, qu’ils avaient soin de placer dans les forêts, ou dans des lieux obscurs ; moins on les voyait, plus elles obtenaient d’hommages. […] Trop de panégyriques ressemblent à ces statues qu’on élevait dans Rome aux empereurs, et dont le plus grand nombre était brisé, dès que l’empereur n’était plus.
Le fond de son histoire n’a que deux lignes et ressemble à un apologue. […] L’avorton est, d’ailleurs, à son image et lui ressemble trait pour trait. […] En réalité, il lui ressemble comme un automate ressemble à un être passionné. […] Sa bouche aux lèvres fines ressemble à une fraîche rose et les dents y mettent une rosée de perles. […] Un tel spiritualisme ressemble à une conception dantesque.
Ils ne ressemblent pas en ce point-là à nos gens qui abandonnent leur chemise au premier qui la veut prendre, et qui secouent la poussière de leurs pieds lorsqu’on les chasse de leur patrie… Un tel aveu dispense de tout commentaire, et l’on voit encore par là de quel côté était alors la moralité, la vertu sociale ; pour être à l’état brut, elle n’en existait pas moins ; et l’on conçoit que les vainqueurs, parodiant les vaincus dans une mascarade de triomphe, se soient promenés dans les rues de Constantinople vêtus de robes, coiffés à la byzantine, et tenant en main pour toutes armes du papier, de l’encre et des écritoires. […] à jamais anéantis dans les flammes, le cœur ne saigne, et l’on partage pleinement la douleur du digne sénateur byzantin ; on comprend sous sa plume ce mélange de Jérémie et de mythologie grecque, ces pleurs pour une statue d’Hélène et pour la profanation des vases de Sion, ces réminiscences d’une double antiquité qui lui viennent en foule et qui ressemblent à des lambeaux d’homélies entremêlés d’un retour d’Anacréon. […] Rien n’y ressemble moins que la paraphrase lourde et souvent enchevêtrée qu’en a donnée Du Cange.
Je pleure, et la misère insulte à mes combats… Cherchez l’or, dit la jeune épouse ; Sous les travaux mon front penché Ressemble un myrte desséché, Qui livre sa couronne à la chèvre jalouse, Ou que les vents du nord, l’hiver, ont arraché· Cherchez l’or, dit la blanche aïeule ; La bise est mortelle au vieillard ; Quand vient la neige ou le brouillard, L’âtre est vide, et le blé souvent manque à la meule Allez ! […] Nous avons tous, si nous n’y prenons garde, un premier jugement prompt, facile, involontaire, par lequel nous approuvons chez les autres ce qui nous ressemble, ou nous rejetons ce que nous n’aurions pas fait. […] Je ne veux pas dire que ce premier jugement soit toujours mauvais et faux, mais il est hasardeux, et il court risque fort souvent de ressembler à de la prévention.
» Oui, aurais-je pu lui répondre, c’est un poète, bien qu’il vous ressemble si peu, ô charmant et terrible Enfant du siècle ! […] Après de tels éloges, décernés solennellement, et qui ressemblaient à des avances marquées, il n’y avait plus pour l’Académie qu’à élire M. de Laprade à la première vacance : elle n’y manqua pas, et la mort d’Alfred de Musset fournit une triste et prochaine occasion, avec l’à-propos du contraste. […] que son idéal à lui n’y ressemble pas !
, et qu’ils projettent sur nos contes familiers un peu de ce fantastique et de cette imagination mystérieuse qui respire dans les légendes et contes du foyer, recueillis par les frères Grimm : il y a tel de ces châteaux qui me fait l’effet de celui d’Heidelberg ou de la Wartbourg, et les forêts ressemblent à la Forêt-Noire. […] On a comparé la vie de l’humanité depuis l’origine à celle d’un seul homme ; tâchons que la vie d’un seul ressemble à son tour à celle de l’humanité. […] Il me représente cet âge où l’humanité encore nouvelle ressemblait à un enfant de trois ans, et où ce n’était, par toutes les peuplades errantes, qu’un immense gazouillis universel.
Mme Récamier les connaissait tous et en parlait très bien ; celui qui aurait voulu en écrire avec goût aurait dû en causer auparavant avec elle ; mais aucun ne devait ressembler au sien. C’est qu’aussi elle ne ressemblait à personne. […] En jouant avec ces passions humaines qu’elle ne voulait que charmer et qu’elle irritait plus qu’elle ne croyait, elle ressemblait à la plus jeune des Grâces qui se serait amusée à atteler des lions et à les agacer.
Cependant un traducteur, pour ressembler à l’auteur dont nous parlons, se contentera d’être concis ; mais il sera concis sans être vif, et dès lors la partie la plus précieuse de la ressemblance est manquée. […] Les hommes de génie ne devraient donc être traduits que par ceux qui leur ressemblent, et qui se rendent leurs imitateurs, pouvant être leurs rivaux. […] Il ne faudrait pas qu’il ressemblât à ce ridicule enthousiaste d’Homère, qui, ayant entrepris de souligner, dans les ouvrages de ce grand poète, tout ce qu’il y trouverait d’admirable, eut, au bout de trois lectures, souligné son livre d’un bout à l’autre.
Paul Stapfer nous a servi dans un livre que je comparerai pour la simplicité et la limpidité du style à quelque blanche et transparente assiette de porcelaine de Saxe, après l’avoir coupé et nettoyé de ses parties mauvaises au fil d’une critique qui ressemble aussi, pour la pureté de son tranchant, à la lame d’argent de quelque couteau de dessert. […] Stapfer, sans diminuer le côté frivole ou passionné d’un homme emporté par l’imagination qui « gouvernait sa plume » et sa vie, a vengé Sterne des incroyables attaques de Lord Byron, qui lui ressemblait tant, sinon par le génie, au moins par le plus noble des sentiments de son cœur. […] Sterne et La Fontaine ressemblent à ces femmes d’un tel regard et d’un tel geste, que, masquées, le velours noir de leur masque est leur visage encore… Instinctifs comme les grands artistes, ils ne pourraient se déguiser quand même ils le voudraient.
On aime encore les lettres, on croit difficile de s’en passer ; mais le charme qu’elles exercent ressemble à tous ceux qu’on se reproche, auxquels on cède à regret et sans rien conclure en l’honneur de l’objet aimé. […] Cette sérénité — je ne dis pas cette serinette — ornithologique et bocagère fait, à la longue, l’effet de ces crèmes un peu tournées, dont la première cuillerée ressemble à du laitage et la dernière à du vinaigre. […] La séparation ne se fait que par gradations successives, et, dans le temps comme dans l’espace, le voisin ressemble au voisin. […] Nous ressemblons à ces vieillards qui aiment mieux se souvenir des amusements de leur enfance ou des visions de leur jeunesse que des années laborieuses et assombries qui préparèrent leur maturité. […] qu’elle ressemble peu aux ambitions vulgaires !
Votre style, souvent embarrassé de l’abondance de vues et de l’excès d’esprit de l’auteur, ressemblait dans le commencement à un fil d’or mal dévidé, qui se noue dans sa trame et qu’on regrette de ne pas trouver toujours sous la main. […] Qu’on ne lui parle pas de protecteurs, ils se ressemblent tous, plus ou moins : ils ne donnent que pour qu’on leur rende, ou, s’ils donnent gratuitement, c’est qu’il ne leur en coûte nulle peine ; leur indifférence n’irait pas jusque-là. […] Je dirai seulement, au point de vue littéraire, que les Consolations furent celui de mes recueils de poésies qui obtint, auprès du public choisi de ce temps-là, ce qui ressemblait le plus à un succès véritable ; on m’accusera d’en avoir réuni les preuves et témoignages dans un petit chapitre-appendice. […] Nous entendons par ce mot un prosateur qui ne ressemble pas à un autre, et qui introduit dans la langue un genre inusité, étrange, familier et profond tout à la fois, un genre qui ne ressemblerait à rien, s’il ne ressemblait pas à Montaigne, oui, un Montaigne du dix-neuvième siècle. […] Je voudrais qu’ils ressemblassent davantage à ceux de la Fontaine.
Agée d’environ cinquante ans, Mme Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. […] Ces natures se ressemblent presque toutes. […] Les scènes douces et amères qui suivent ce moment sont remarquablement écrites, mais ressemblent à toutes. […] Évidemment cela me ressemble, quand, voulant associer l’hypocrisie du monde au délire de la passion, j’écrivis ce livre, à moitié vrai, à moitié faux, intitulé Raphaël. […] Mais la première moitié du Lys dans la vallée ressemble au Cantique des Cantiques terminé par une homélie de courtisans ambitieux de la cour de Charles X.
Ce qui se passe alors ressemble à certains égards aux substitutions chimiques. […] Et, en effet, cela ressemblait au vin qui brillait dans son verre. […] Ils ressemblent aux autres par tout ce qu’ils tiennent d’eux. […] Telle était en effet la facilité de Lamartine qu’elle ressemblait à de l’inconscience. […] Et le développement d’un sentiment ressemble beaucoup à celui d’une création intellectuelle.
Car voyez, goûtez, comparez : les anciens hommes n’ont rien eu qui ressemblât à l’esprit des Gaietés de l’année. […] C’est un interview qui ressemble à tous les interview de « vieux lutteurs » ou de « sommités scientifiques », et bientôt l’on ne sait plus au juste s’il s’agit d’une vieille locomotive ou de l’honorable M.
On peut, si on l’aime mieux, étudier en quoi diffèrent et se ressemblent les phases successives d’un genre littéraire. […] Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure.
: « Comme Madame ressemble à un ange ! […] La maison Dumas, cette manufacture dramatique à mouvement continu, ressemble un peu à cette fameuse guérite de Boulogne dans laquelle tout le monde se tuait.
pourquoi la réputation des Lettres portugaises ressemble-t-elle à tant d’autres réputations que le talent — il faut bien le dire ! […] L’âme qui s’y agite et y respire peut attendrir l’âme qui lui ressemble, une âme du même niveau moral ; mais elle n’y contracte jamais cette supériorité de passion et cette profondeur exaltée qui constitue cette chose à part que l’on appelle le talent.
Comme les balles, elles sont dures, rapides, cassant tout très net sur leur passage, et le chalumeau d’où elles sortent ressemble beaucoup au tube de fer d’un pistolet… Henri Rochefort a, dans l’esprit, les qualités de son nom, qui exprime deux fois la force. […] Ce genre de raillerie qui touche au froid par son énormité même, ces hoax à la Swift, débités avec l’impassibilité et le sérieux d’un Anglais convaincu, et qu’écrit Rochefort dans une phrase qui ressemble à un visage où pas un muscle ne bouge, donnent toute la manière habituelle au spirituel écrivain ; mais, anglaise.
Les vers de Louis Wihl, ces vers, fils de la Bible et ressemblant à la Bible comme des enfants amoureusement faits ressemblent à leur mère, peuvent se lire après la Bible et ne pas tomber dans le néant où le rapprochement de la Bible fait tomber toute imitation qu’on fait d’elle. […] Il ressemblait, mais il n’imitait pas !
Emmanuèle ressemble un peu à Charlotte, avec moins de petits frères. […] Isabelle ressemble à un conte de ce Barbey d’Aurevilly que M. […] Massis ressemble au Chincholle du Jardin de Bérénice et prend les choses trop à la lettre. […] Les chefs-d’œuvre les plus originaux ressemblent toujours à d’autres œuvres antérieures ou contemporaines. […] L’ouvrage qui ne ressemblerait à rien serait un monstre (et encore le monstre n’est-il qu’un assemblage hétéroclite d’éléments connus).
Il dit que la cervelle de Renan ressemble à une cathédrale désaffectée du culte, qui contient du bois, des bottes de paille, un tas de choses quelconques, mais tout en conservant son architecture religieuse. […] … C’est étonnant, que vous ne puissiez pas vous habituer à ressembler à des gens du monde ! […] Notre dîner du dix-neuvième siècle, est en train de ressembler à une moyenâgeuse école de la rue du Fouace, débagoulant et logomachant de la scolastique. […] Au fond, les hôpitaux, depuis que les sœurs n’y sont plus ou n’y ont plus d’autorité, commencent à ressembler à des b… Pélagie revenant hier de la visite à sa fille, me parlait avec dégoût, des caresses, que se faisaient en public, un garçon et une fille de salle. […] Elle excelle à peindre en toutes ses variétés, — ce type assez commun à Paris — des femmes, aux caresses de la parole, où l’on perçoit je ne sais quoi de malveillant dont on ne peut se fâcher, en un mot ces femmes vraiment artistes pour introduire un filet de vinaigre dans leurs amabilités, et qui fait ressembler leurs compliments, à la sauce italienne, appelée acre dolce.
Rien ne ressemble à une Chanson de geste comme une autre Chanson de geste, si ce n’est un Roman de la Table-Ronde à un autre Roman de la Table-Ronde, un Conte à un autre Conte, ou enfin un Mystère à un autre Mystère ; et deux gouttes d’eau ne sont pas plus semblables, ou, pour mieux dire, deux tragédies classiques, ni deux romans naturalistes. […] Tous les hommes pour lui se ressemblent, un peu comme à nos yeux tous les nègres ou tous les Chinois ; et, au fait, ce qui diversifie les visages humains, et, en les diversifiant, ce qui les individualise, n’est-ce pas le reflet en eux d’une complexité intérieure, d’une richesse, ou d’une intensité de vie inconnue aux hommes de ce temps ? […] Car ce n’est pas seulement d’un bout de l’Europe à l’autre bout qu’une Chanson de geste ressemble à une autre Chanson de geste, ou un Mystère à un autre Mystère, c’est encore d’un siècle à un autre siècle, et du temps de Charlemagne à celui de saint Louis. […] Mais la Chronique de Bertrand du Guesclin, du trouvère Cuvelier, pour être d’ailleurs plus plate que la Chanson de Renaud de Montauban, ne laisse pas de lui ressembler bien plus qu’elle n’en diffère. […] Il faut attendre ; et, en attendant, toutes leurs Chansons, où il y a de réelles qualités sinon d’art, au moins de grâce, d’élégance et de mièvrerie, continuent toutes ou presque toutes de se ressembler.
Bien que très-sensible à l’harmonie des vers, cette généreuse déclamation de M. de Fontanes ne m’émut pas, le poëte ressemblait trop à un homme d’État. […] Le chant est aussi souvent la marque de la tristesse que de la joie : l’oiseau qui a perdu ses petits chante encore ; c’est encore l’air du temps du bonheur qu’il redit, car il n’en sait qu’un ; mais, par un coup de son art, le musicien n’a fait que changer la clef, et la cantate du plaisir est devenue la complainte de la douleur. » « Il ressemblait à une conque de nacre, contenant quatre perles bleues : une rose pendait au-dessus, tout humide : le bouvreuil mâle se tenait immobile sur un arbuste voisin, comme une fleur, de pourpre et d’azur. […] L’aurore se levait : à quelque distance dans la plaine, on apercevait le village des Natchez, avec son bocage de mûriers, et ses cabanes qui ressemblent à des ruches d’abeilles. […] Je dis adieu à ma sœur ; elle me serra dans ses bras avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, comme si elle eût été heureuse de me quitter ; je ne pus me défendre d’une réflexion amère sur l’inconséquence des amitiés humaines. » XXXI René parcourt la terre en voyageur. […] Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre.
La vérité est que c’est le souvenir qui nous fait voir et entendre, et que la perception serait incapable, par elle-même, d’évoquer le souvenir qui lui ressemble, puisqu’il faudrait, pour cela, qu’elle eût déjà pris forme et fût suffisamment complète ; or elle ne devient perception complète et n’acquiert une forme distincte que par le souvenir lui-même, lequel s’insinue en elle et lui fournit la plus grande partie de sa matière. […] Une représentation de ce genre, où sont surtout figurés des rapports, ressemble beaucoup à ce que nous appelions un schéma. […] Il nous reste, pour conclure, à montrer que cette conception de l’effort mental rend compte des principaux effets du travail intellectuel, et qu’elle est en même temps celle qui se rapproche le plus de la constatation pure et simple des faits, celle qui ressemble le moins à une théorie. […] Image lui-même, il évoquerait des images qui lui ressemblent et qui se ressemblent entre elles.
L’imagination, loin de lui faire défaut, déborde et emporte tout le reste : il a ce qui ressemble le plus au sentiment, la verve. […] La Providence y ressemble par moments au Dieu de l’Encyclopédie. […] Mais rien n’égale, pour la grâce et la pureté de la peinture, cet amour qui naît comme à l’abri de l’amitié fraternelle ; cet éveil des sens chez le jeune homme qui se trahit le premier, parce qu’il se défie le moins de ce qu’il sent : les troubles de la pudeur qui agitent la jeune fille avant que sa conscience soit avertie, et qui lui parlent sans paroles ; le malaise secret dans ce qui ressemble le plus au bonheur, le premier amour ; les joies permises qui ne laissent guère plus de paix à l’âme humaine que les joies défendues. […] La monarchie tombée, cette fidélité eut l’air d’une pose théâtrale, et Chateaubriand pleurant ses rois exilés ressemble trop à un voyageur appuyé contre un débris de colonne, qui médite parmi des ruines.
De cette loge, les personnages de la scène ressemblent à des peintures en grisaille. […] Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau. […] Ce ne sont qu’évêques dégingandés au pas saltateur de Dupré, grands prêtres de bacchanales, anges qui tiennent le saint-ciboire avec le geste d’un arc qu’un Amour détend, saints qui se renversent sur le crucifix avec des attitudes de violonistes, effets de lumière derrière les autels qui ressemblent à une gloire derrière une conque de Vénus : toute une religion descendue du Corrège, et que Noverre semble avoir réglée comme le plus délicieux opéra de Dieu ; — si bien qu’au son des flûtes, des bassons, de la musique la plus chatouillante, la plus enivrante, la plus ambrée, si l’on peut dire, on s’attend à voir un joli homme d’évêque, avec le geste sautillant d’un marquis tirer l’hostie d’une boîte d’or, et l’offrir comme une pastille ou une prise de tabac d’Espagne. […] Il cause avec bavardage et à petites touches menues, sans jamais un large coup de pinceau : sa conversation ressemble à la palette d’une peintresse à l’aquarelle, toute chargée de jolis, de délicats et de timides tons.
Il ressemble au voyage dont il est le sujet. […] Quoiqu’il y ait dans la traduction de celui-ci un très-grand nombre de très-beaux vers, rien néanmoins n’y attache l’esprit, parce qu’on n’y trouve aucun ordre, aucune liaison, aucune analogie dans les pensées ; & en cela la copie ressemble parfaitement à l’original. […] Les traducteurs sont comme les peintres de portraits ; ils peuvent embellir la copie, mais elle doit toujours ressembler à l’original. […] L’imagination chinoise ressemble beaucoup à celle des orientaux & n’en vaut pas mieux.
Il est vrai que ces mouvements seront des perceptions encore, des perceptions « possibles », de sorte que cette seconde hypothèse est plus intelligible que l’autre ; mais en revanche elle devra supposer à son tour une inexplicable correspondance entre ma perception réelle des choses et nia perception possible de certains mouvements cérébraux qui ne ressemblent à ces choses en aucune manière. […] S’ils n’en sont que l’occasion, c’est qu’ils n’y ressemblent en aucune manière ; et dépouillant alors la matière de toutes les qualités que je lui ai conférées dans ma représentation, c’est à l’idéalisme que je vais revenir. […] Et c’est pourquoi, dans tous les cas où une lésion du cerveau atteint une certaine catégorie de souvenirs, les souvenirs atteints ne se ressemblent pas, par exemple, en ce qu’ils sont de la même époque, ou en ce qu’ils ont une parenté logique entre eux, mais simplement en ce qu’ils sont tous auditifs, ou tous visuels, ou tous moteurs. […] L’intérêt d’un être vivant est de saisir dans une situation présente ce qui ressemble à une situation antérieure, puis d’en rapprocher ce qui a précédé et surtout ce qui a suivi, afin de profiter de son expérience passée.
Quelques-uns de ceux-là et d’autres encore ressemblent à des feux d’artifice trop longs et avec des lacunes d’obscurité. […] Cette multitude d’aperçus et de premiers jets ressemble à la conversation d’un homme de beaucoup d’esprit, qui se lance dans tous les sens, brille, se répand et improvise sur des matières qui lui sont familières, sans but déterminé : « C’est que rien, disait M. de Meilhan parlant de lui-même, n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais seulement comme bien trouvé. » La seule idée fixe est de combattre et de contredire M. […] Il a plus d’amour-propre que d’orgueil, etc. » Ainsi, le chapitre xix, intitulé « De la richesse sans travail », et qui est sur l’Espagne : L’Espagne a longtemps ressemblé à ces villes superbes des contes orientaux, où tout est pétrifié.
De pareils combats ressemblent à ces chocs d’armées qui ne décident rien, et après lesquels les deux partis chantent le Te Deum. […] Rien ne ressemble moins au maire de Paris de la fin et à l’idée à la fois honorable et monotone (quand elle n’est pas tragique) qui en est restée. […] M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire.
Ainsi, pour parler net, il ne ressemble pas à ceux qu’on appelait généralement classiques de 1820 à 1830, lorsqu’il écrit de Rome, à la date de juillet 1824 : Alaux vient de faire un tableau qui représente Mercure et Pandore dans les airs. […] Peut-être est-ce le défaut des peintres : ils aiment trop à être bien, à avoir une vie qui ressemble à celle des bons propriétaires… À Venise, il se laisse peu à peu gagner à la couleur : il voudrait donner au costume de ses pêcheurs et de ses femmes quelque chose qui rappellerait les étoffes vénitiennes des siècles précédents : Les femmes en hiver ont des robes en laine avec d’immenses dessins de toutes les couleurs les plus vives. […] et c’est toujours après ces bonnes journées, pendant les dernières heures, que je suis le mieux dispos. » Tous les jours de travail ne se ressemblaient pas ; il y avait les jours de succès, il y avait ceux de tâtonnement, de résistance et de lutte : « Les soirs, disait-il, quand je ne suis pas content de ma journée, je n’ai d’autre idée que de réussir mieux le lendemain et de penser aux moyens d’y parvenir.
Préface dont une moitié est charmante, et qui ressemble à une conversation vive, abondante, inattendue ; allant tout droit devant elle, et comme en a matin et soir cet esprit si fertile et si en train à toute heure. […] Thiers donne ici raison à ce qui lui ressemble, et voit des ressemblances là même où il y en a le moins. […] Je ne saurais accorder non plus que le plus parfait style en histoire doive être si limpide, si incolore, qu’il ressemble à la grande glace de l’exposition, qui laisse voir tous les objets au-delà sans qu’on la voie elle-même ; car remarquez, encore une fois, que les faits de l’histoire ne sont pas tout existants et tout disposés avec ordre indépendamment de celui qui les regarde.
Il n’y a rien là qui doive étonner ; le maître, comme par anticipation, s’est mis cette fois à ressembler au disciple : cela arrive parfois aux maîtres. Rien ne ressemble à du mauvais ou à du médiocre Rousseau comme du bon Lamennais. […] Les lettres de Rousseau ne ressemblent en rien à celles de Voltaire.
Le premier volume ressemble davantage à des mémoires proprement dits. […] L’organisme des sociétés ressemble fort à celui du corps humain. […] Il ressemble trop à un bourgeois pour être respecté longtemps des bourgeois.
Il ne ressemblait pas à d’autres de ses condisciples : il était précoce sans être pressé. […] Tout ce qui, à quelque degré, est pour le gouvernement parlementaire et pour ce qui y ressemble, il l’accepte comme allié et confédéré, fût-ce un fervent légitimiste, fût-ce un républicain ardent. […] Ceux qui ont parcouru ces époques et qui croient les juger sans amour et sans haine ne laissent pas d’être étonnés de cet enthousiasme un peu vague, de cette admiration un peu confuse et indistincte de la part d’un esprit aussi juste : car enfin toutes ces années, déjà anciennes, ne se ressemblaient pas ; ces régimes, à les prendre dans le détail et à les vivre jour par jour, étaient fort différents entre eux, et il y a eu bien des moments.
Je trace un idéal dont je suis bien sûr qu’approchaient plus ou moins et que réalisaient en partie bon nombre des estimables et essentiels rédacteurs des Relations extérieures d’autrefois : il en est peut-être même encore aujourd’hui qui leur ressemblent. […] De son volcan de Sicile, elle continua, de menacer, d’agiter la torche comme une Euménide, et elle ressemble de loin à une statue de Médée. […] Je n’ai pas non plus trouvé qu’il ressemblât au portrait que vous avez chez vous : le peintre lui a fait le front trop levé, ce qui met ses yeux et son air dans un état d’exaltation qu’il n’a pas ; enfin, il est mieux que son portrait.
Dirai-je que Racine ne leur ressembla jamais dans sa retraite ; qu’il ne vit plus rien de ce qu’il avait quitté ; qu’il n’eut point, à ses heures de rêverie, des apparitions charmantes qui remuaient, comme autrefois, son cœur ? […] On se rencontre, on cause, on plaisante ; puis l’ironie s’aiguise, puis la colère se gonfle, et voilà que le dialogue ressemble à la lutte étincelante de deux serpents entrelacés. […] Il était doux, fleuri, agréablement subtil, épris des antiques chimères, doué des signes gracieux de l’avenir ; et sa prose, encor qu’un peu traînante, ne ressemblait pas mal à ces beaux vieillards divins dont il nous parle souvent, à longue barbe plus blanche que la neige, et qui, soutenus d’un bâton d’ivoire, s’acheminaient lentement au milieu des bocages vers un temple du plus pur marbre de Paros.
Le moins qu’ils risquent, c’est de refaire toujours le même livre, car le champ de leurs observations, si tant y a qu’ils aient besoin d’observer, est vite parcouru ; le nombre de leurs effets est extrêmement limité ; et rien ne ressemble plus à une… oaristys vue par le côté qu’ils aiment, qu’une autre oaristys vue par le même côté. […] Il n’en est pas une, je crois, dont on puisse dire : « C’est joli, mais ça ressemble à tout », ou « Tiens ! […] C’est lui qui se met à imaginer des causeries, la nuit, entre les deux petits lits — presque deux berceaux — de Mamette et de son homme ; c’est lui qui trouve, en regardant bien, que les deux vieillards se ressemblent, et qui entrevoit dans leurs sourires fanés l’image lointaine et voilée de Maurice ; c’est lui enfin qui écrit étourdiment : « A peine le temps de casser trois assiettes, le déjeuner se trouve servi. » Comment !
James Mill est de leur école sur ce point ; sa grammaire générale ressemble à celle de Condillac ou de Destutt de Tracy. […] L’auteur fait ressortir ingénieusement le caractère par lequel les associations d’idées du poêle diffèrent de toutes les autres en paraissant leur ressembler. […] Sans chercher si, comme le veut l’auteur, nous répétons réellement dans la pensée, quoique brièvement, toute la série intermédiaire ; expliquer la mémoire par le moi, ressemble fort à expliquer une chose par cette chose même.
Par exemple, il s’est fort réjoui d’avoir découvert les noms des religieuses, compagnes de Mlle de Bourbon au couvent des Carmélites ; il a cru introduire le public dans l’intérieur d’un couvent, en lui apprenant l’âge, la condition, la date de la mort et de rentrée de toutes les abbesses et de toutes les prieures, en transcrivant des biographies inédites composées au couvent, lesquelles, en leur qualité de biographies pieuses, ne renferment que des éloges vagues et des anecdotes édifiantes ; toutes choses qui ressemblent à l’histoire comme une boîte de couleurs ressemble à un tableau. […] Cousin pour les textes inédits ressemble à l’amour d’un chevalier pour sa dame.
Rien ne ressemble moins à la mission publique du poëte thébain, dans les fêtes et les périls de la Grèce, que le chant solitaire et rare du studieux reclus de Cambridge. […] L’étrangeté de la pensée et l’irrégularité du vers ont été jugées d’ordinaire le seul moyen de ressembler à Pindare. […] Écoutons un moment cette création de l’art, qui ressemble à l’action spontanée du génie : « Tombe sur toi la ruine, impitoyable roi !
Bref, le côté humouriste qui ressemble à du Sterne, le côté d’intérieur allemand et flamand rapporté du commerce d’Hoffmann, sont dirigés en M. […] Mais être irritable et être intrigant, cela ne se ressemble pas.
Seul avec elle, j’ajoutai que son amour était monotone, faible de touche, mince au point de ressembler à une vessie soufflée, sans teintes, sans passages, sans nuances ; que sa nymphe n’était qu’un tas ignoble de lys et de roses fondus ensemble sans fermeté et sans consistance, et son satyre un bloc de brique bien rouge et bien cuite, sans souplesse et sans mouvement. […] Ses autres portraits sont froids, sans autre mérite que celui de la ressemblance, excepté le mien qui ressemble, où je suis nu jusqu’à la ceinture, et qui, pour la fierté, les chairs, le faire, est fort au-dessus de Roslin et d’aucun portraitiste de l’académie.
Rien ne fit trembler dans sa main et ne ternit sous sa paupière le pur cristal de la lorgnette qu’il promenait sur tous les étages de cette grande salle de spectacle qu’on appelle le monde, et quand, de son encoignure, il se prit tout à coup à dire ce qu’il voyait, de cette belle voix d’or qui ressemble à la voix de Montaigne, mais sans ses fêlures et ses quintes, nulle des clameurs que soulève d’ordinaire la beauté d’organe du génie ne couvrit cette magnifique voix d’une si pleine et si merveilleuse résonnance ! […] Quoique Destailleur ait le sentiment fort juste des beautés de détail de son auteur, nous sommes sûr qu’il pouvait, en s’abandonnant à une admiration plus courageuse, trouver mieux, pour les mettre en saillie, que des interjections qui ressemblent à des étiquettes, que les parfait !
une anatomie vivante du pamphlet qui ressemble beaucoup moins à une analyse qu’à un hymne ; mais ce lyrisme en l’honneur du pamphlet, le discours écrit, prouve à quel point cette forme, qui chez lui a le caractère oratoire, mais qui n’est pas nécessairement oratoire, transportait et emportait haut sa pensée. […] Son style, qui ressemble parfois à une boucle de strass, mais sans ardillon, son style, taillé à facettes qui voudraient bien couper et qui ne coupent pas, a de vieilles lueurs connues, des images ressassées, empruntées presque toutes au langage de la guerre, puisque c’est la guerre, le pamphlet !
Intellectuellement, elle ressemblait à ces femmes d’un de ces embonpoints trop lâches, qui ont besoin de la cuirasse d’un corset pour être… intrépide et ne plus trembler. […] III Ce n’est guère que vers les trois quarts de ce premier volume d’une Correspondance qui ressemble presque à une trahison de la part de ceux qui la publient, tant elle ravale de toutes manières Madame Sand, comme talent et comme caractère, qu’elle se met à raconter son embarquement sur cette mer orageuse, où, par parenthèse, elle n’a jamais eu, elle, que du beau temps.
la Muse de M. de Gères, qui les a traversées, qui s’est baignée avec amour dans l’arc-en-ciel de ces trois teintes, répandues partout, pour l’instant, les porte toutes les trois confondues sur ses ailes, ce qui les fait ressembler, ces ailes originales de roitelet, à toutes celles des pigeons pattus imitateurs ! […] Imagination qu’aurait préservée l’ignorance et qui n’était pas assez forte pour résister à la culture, M. de Gères ne sait pas ou peut-être a-t-il oublié que la fraternité tue les poètes autant que les peuples, et qu’ils doivent ressembler, pour être aussi impressifs qu’elle, à cette Tour seule qu’il a si bien peinte et chantée dans une de ses poésies le plus genuines par la rêverie et par le rythme : Au faîte où le sentier se plie Et plonge vers l’autre vallon, Droite sur son dur mamelon, Qu’au paysage rien ne lie, Sans arbre, sans maison autour, Sans voisinage qu’une meule, S’élève, muette, la tour Seule !
Charles Fuster Nul scepticisme, ni rien qui y ressemble : c’est du lyrisme, de l’ardente conviction et, à mainte page, de l’élégance enflammée.
Le ridicule que lui donna Boileau, n’empêche pas que nous n’ayons encore des Peletier toujours prêts à faire des Sonnets en Prose, pour fêter dans leur légende les Ecrivains qui leur ressemblent.
Les yeux sont durs, mais peut-être ressemblent-ils.
Je ne ressemble pas à l’usurier d’Horace : quanto perditior quisque est, … etc. quand je blâme je fronce le sourcil, et cela ne m’amuse pas.
La machine qui ressemblera le mieux à un être vivant sera la plus belle. […] Le simple marteau du forgeron n’a pas la sublimité du marteau-pilon, qui ressemble à une montagne mouvante se soulevant d’elle-même, pour retomber sur un incendie. […] Aussi les vers faibles de nos jours ne ressemblent-ils en rien à ceux du dix-septième siècle : au lieu d’être simplement nuls, ils sont extravagants. […] Ils ressemblent, selon la remarque de M. […] Ta taille ressemble au palmier, et tes seins à des grappes.
Ils ressemblent à leur père, comme l’enfant de la peur d’une petite fille ressemblerait à Croquemitaine. […] * * * — Il y a un Beau, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du Beau. […] Un petit pavillon ; dedans une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu dans un musée. […] * * * — Une femme, suprêmement maigre, les yeux profonds, le bleu de l’œil très clair dans l’effacement tendre des sourcils, un grand front, des tempes ramifiées de veinules bleuâtres, la bouche non sensuelle, la bouche sentimentale… Il y a des femmes qui ressemblent à une âme. […] Si elle existe, ce n’est que pour tout tolérer, et Dieu, en ce temps, ressemble à Lafayette : il dort à tous les 6 octobre.
Il ressemble à cet égard à plusieurs de ses confreres, qui, en combattant pour la prétendue vérité, ont très-souvent abusé du raisonnement, & corrompu la langue.
Sa poésie ressemble à ces jours tièdes d’arrière-saison où un oiseau encore invisible chante sur une branche qui s’effeuille.
Thiers ne ressemble point à ceux qu’on nous a donnés jusqu’ici, surtout dans les dernières années. […] Thiers ne ressemble point à celle de Tacite.
C’est amusant, on ne peut le nier… J’ai eu cette impression que Charles VII qui est, si je ne me trompe, un peu antérieur à Hernani 1, ressemblait à la fois à une tragédie de Voltaire et à un drame romantique. […] En réalité, je ne sais pas si c’est à une tragédie de Voltaire ou à un drame d’Hugo que Charles VII ressemble le plus, et M.
Les valets balourds et poltrons en arrivent de bonne heure à se ressembler sur les deux scènes comiques : ainsi le Zucca de L’Interesse (l’Intérêt ou la Cupidité), comédie régulière de Nicolo Secchi, Zucca qui est devenu le Mascarille du Dépit amoureux, était un véritable Arlequin poltron et balourd dont Molière n’a pas complètement effacé les traits, tandis que le Mascarille de L’Étourdi n’était autre, comme on le verra plus loin, que le rusé Scappino, le Scapin-modèle emprunté à Beltrame, l’un des plus fameux artistes et écrivains de la commedia dell’arte. Le Mascarille des deux premières pièces du comique français avait donc, à l’origine des deux œuvres, porté les masques divers des deux zanni italiens, ce qui explique comment il se ressemble si peu à lui-même.
Ce panégyriste zélé d’un modèle sur lequel il semble avoir voulu se former lui même, ainsi que d’après Lamotte, prétend que Fontenelle ne ressemble à personne ; qu’il n’est ni coupé, ni haché dans sa prose comme Séneque, ni diffus dans ses vers comme Ovide ; qu’il est ingénieux & naturel, solide & agréable, profond, clair & souvent enjoué ; qu’il joint enfin au raisonnable & au simple des auteurs du siècle d’Auguste, l’ingénieux & le piquant des écrivains du siècle suivant . […] Ce dernier ressemble à un athlète toujours plein de force & de nerfs, mais quelquefois dépouillé de grace.
Connoît-on mieux ces trois genres*, après avoir lu que l’un ressemble à une table frugale, l’autre à une belle rivière bordée de vertes forêts , le troisième, à un foudre & à un fleuve impétueux qui renverse tout ce qui lui résiste ? […] L’orateur & le poëte se ressemblent à cet égard.
Qui en a étudié un seul dans le présent les connaît tous dans le passé, à quelque point qu’on veuille remonter dans la durée ; car pour ces peuples, routiniers jusque dans leurs révolutions, et qui font toujours les mêmes choses, aujourd’hui ressemble à hier, comme il doit ressembler à demain.
C’est un livre qui, par la beauté, peut ressembler à beaucoup de beaux livres, mais qui, par le genre de ce qu’il contient et la spécialité de son exécution, ne ressemble absolument à rien… Il est, à proprement parler, moins et plus que de la Critique ; mais, quel que soit le nom qu’il doive porter, c’est de l’érudition dans des proportions exorbitantes et de la poésie dans de ravissantes proportions.
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire ! […] Ils n’arrêtent pas, ils ne dessinent pas assez net cette gladiatrice de la beauté, de l’esprit, de la grâce suprême, cette jeune épouse qui ressemble à l’Archange du mariage chrétien, et qui vient engager le dernier combat contre le Démon des couches royales !
L’esprit oriental n’est pas très compliqué… Mais faire l’Anglais, c’est-à-dire entrer, tout botté, dans l’originalité du peuple le plus original, le plus profond, le plus insulaire d’esprit, d’impression, de jugement, qui ait jamais existé ; pénétrer, pour se les assimiler un instant, dans les manières de sentir et d’exprimer d’une nation qui a jusqu’à une gaîté à elle, — laquelle ne ressemble à la gaîté de personne et dont le nom même est intraduisible, et reste, dans toutes les langues, de l’humour, — c’est là une chose qui demandait plus qu’une prodigieuse souplesse de talent. […] Quoique nourri de cartulaires et rassasié de parchemins, — du moins je l’imagine quand je vois ceux qu’il a consommés, — Wey ne ressemble nullement à ces sédentaires de cabinet à qui la digestion de tout ce qu’ils ont avalé pèse.
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire. […] Ils n’arrêtent pas, ils ne dessinent pas assez net cette gladiatrice de la beauté, de l’esprit, de la grâce suprême, cette jeune épouse qui ressemble à l’Archange du mariage chrétien, et qui vient engager le dernier combat contre le Démon des couches royales !
En toutes choses, l’idéal est loin et recule, mais ici, il est si loin qu’il n’a plus besoin de reculer. » L’homme qui écrivait les lignes précédentes, en 1828, dans un des recueils périodiques les plus estimés de l’Angleterre, devait plus tard devenir lui-même un historien, et il serait piquant de savoir si, quand il écrivait ainsi, il pensait déjà à le devenir, et s’il ne méritait pas qu’on lui appliquât le mot de Pope sur Addison : « Addison — disait Pope — ressemble à ces sultans d’Asie, qui ne croient jamais régner en sûreté qu’après avoir fait périr tous leurs frères. » En décapitant tous les historiens d’un seul revers de plume, Macaulay songeait-il à se préparer un royaume ? […] qu’on a transi son talent, qu’on n’a pas eu la bravoure de sa pensée ; qu’au lieu d’être un grand ausculteur de faits on est devenu un empailleur d’idées générales qui ressemblent à des momies, et qu’on peut s’appeler désormais en froideur la fée Concombre de l’Histoire.
Ce n’est pas cependant littérairement un Masséna ni rien qui y ressemble, un de ces esprits obligés à se battre en lion pour conquérir dans la littérature une place d’où l’on ne descend plus. […] Elles ressemblent trop à l’émotion et à l’âme qui en sont les sources.
Et déjà, déjà pourtant, ce Romantisme qui devait éclater quinze ans plus tard, en 1830, avait son Esaü, mais un Esaü qui ne ressemblait pas à celui de la Bible, un Esaü qui avait toutes les grâces de Jacob ! […] Quand à cette époque le grand mouvement romantique se produisit, M. de Vigny fut au premier rang du bataillon sacré, mais il ressembla à ces généraux de l’ancien régime qui servaient comme simples soldats dans l’armée de Condé avec leurs épaulettes de généraux.
Partout, à toutes les places de son poème, le poète de Mirèio ressemble à quelque beau lutteur qui garderait, comme un jeune Dieu, sur ses muscles, lustrés par la lutte, des reflets d’aurore. […] Malgré la simplicité forcée de leur type, ces jeunes filles, ces cueilleuses de mûres et ces pâtres ne se répètent ni ne se ressemblent, et tous ils portent sur le front leur rayon d’individualité.
Dès 1838, il publiait un poème en plusieurs chants dont le Journal des Débats, plus littéraire que les autres, parla seul ; et ce poème, intitulé Volberg, n’était tout simplement que la conversion au catholicisme d’un esprit du xixe siècle, d’un de ces Titans du doute, de l’incrédulité et de l’orgueil, comme Byron, ce grand boiteux d’esprit comme il l’était de corps, en avait tant élevé sur leurs pieds d’argile, — sur des pieds qui ressemblaient au sien ! […] Ce sont là des vers pris aussi avec la main, comme les fleurs auxquelles ils ressemblent, tant ils sont faciles, d’une couleur exquise, d’un tour heureux et naturel.
Flaubert, dont la plume ressemble à une fine pince qui mord les choses les plus subtiles et les fixe sous le regard dans leur plus imperceptible ténuité, M. […] Certainement, dans l’état actuel de leurs deux esprits, l’auteur de Madame Bovary est supérieur de facultés à l’auteur du Malheur d’Henriette Gérard, et il le serait encore par cela seul qu’il a vécu davantage, mais ils se ressemblent même par leurs défauts.
Si quelqu’un peut se chercher et a la chance de se trouver, c’est sans doute un homme qui n’a pas peur de ressembler aux autres hommes. […] Loin de se connaître, il se donne tout ce qu’il ne voit pas chez autrui, et s’ôte tout ce qu’il y voit ; poussant l’ardeur de la singularité jusqu’à regarder avec plus de complaisance dans sa vie le mal par lequel il diffère des honnêtes gens, que le bien par lequel il leur ressemble. […] Si Rousseau a ressemblé aux vilains côtés de son portrait, il n’a pas pu ressembler aux plus beaux. […] Je ne sache qu’une espèce de gens qui puissent être jaloux de ressembler au Rousseau des Confessions, ce sont les utopistes. […] Quel miel pour attirer les lecteurs que de leur dire à chaque instant : « N’allez pas vous piquer de me ressembler » ; et, pour varier : « N’oubliez pas que je vaux mieux que vous !
C’est, il faut en convenir, un amour-propre très particulier et qui ne ressemble pas à ce qu’on entend communément sous ce nom. […] Il ne ressemblait en rien à cet illustre savant que tout Paris connaît78, et qui, lorsqu’il vient y passer quelques mois, a tellement soif de parler (non de causer) qu’il s’arrange de manière à être difficilement interrompu. […] Il avait pour principe « d’éviter surtout de parler de soi, et de se donner pour exemple. » Il savait que « rien n’est plus désagréable qu’un homme qui se cite lui-même à tout propos. » Il ne ressemblait point à ceux qui, en vieillissant, se posent avec vous en Socrates (je sais un savant encore5, et aussi un poète80, qui sont comme cela), vrais Socrates en effet, en ce sens qu’avant que vous ayez ouvert la bouche, ils vous ont déjà prêté de légères sottises qu’ils réfutent, se donnant sans cesse le beau rôle, que, par politesse, on finit souvent par leur laisser.
Tout le temps qu’en exil vivra mon Clinias, Je veux tirer de moi quelque bonne vengeance, Amasser, travailler sans la moindre dépense, Épargner pour lui seul. » Aussitôt fait que dit : Je jette tout dehors, jusqu’à mon dernier lit ; Je ressemble en un tas meubles, outils, vaisselle ; Servantes et valets, je vends tout pêle-mêle, Y compris la maison, sauf, toutefois, les gens Dont le travail pouvait m’indemniser aux champs ; Et, des quinze talents que j’en obtins à peine, Pour bien m’y tourmenter, j’achète ce domaine, Pensant que, plus j’endure et vis en me privant, Moins j’aggrave mes torts envers mon pauvre enfant. […] Diderot le fougueux, le verveux, a eu l’honneur de comprendre et de sentir dans Térence celui qui lui ressemblait le moins, celui qui n’outre rien, ne charge jamais, et qui ne met pas un trait de plus que nature. […] Celui-ci répond : « Je serai à toi, si je suis vaincu ; tu seras à moi, si je suis le plus fort. » — « Mais ce sont là, reprend Pollux, des enjeux d’oiseaux de proie à l’aigrette sanglante. » — « Que nous ressemblions à des oiseaux de proie ou à des lions, nous ne combattrons qu’à cette condition-là. » Le géant est vaincu par l’adroit et brillant athlète.
Les lois qu’elle édicte, et qui maintiennent l’ordre social, ressemblent d’ailleurs par certains côtés aux lois de la nature. […] La propulsion exercée par le sentiment peut d’ailleurs ressembler de près à l’obligation. […] Ils n’ont donc pas été extraits de la vie par l’art ; c’est nous qui, pour les traduire en mots, sommes bien obligés de rapprocher le sentiment crée par l’artiste de ce qui y ressemble le plus dans la vie. […] Il ressemblerait au plaisir plutôt qu’à la joie. […] Parce que justice close et justice ouverte s’incorporent dans des lois également impératives, qui se formulent de même et qui se ressemblent extérieurement, il ne s’ensuit pas qu’elles doivent s’expliquer de la même manière.
Quoique leurs talents, aussi supérieurs chez l’orateur romain que chez le poëte et le prosateur français, fussent d’un ordre très-différent, ils se ressemblent plus qu’on ne pense par ces trois caractères de leur génie : la justesse, l’universalité et l’action. […] À un autre titre encore, ils se rappellent sans se ressembler : c’est par la vaste et longue influence qu’ils exercèrent sur leur pays et sur le monde. […] L’Épître à Uranie ressemble à un fragment de Lucrèce retrouvé dans une imagination française à dix-huit cents ans de distance. […] Cette gloire même ressembla au sacrilége ; elle laissa une tache indélébile sur sa vie littéraire. […] XV La cour de Berlin ressemblait à celle de Denys de Sicile : un roi jeune, vainqueur, absolu, très-élevé par le génie et par l’instruction au-dessus de son peuple, aimable quand il avait intérêt à être aimé, terrible quand il fallait être craint, prince grec au milieu des Teutons demi-barbares, joignant aux élégances d’Athènes les mœurs suspectes de la Grèce, philosophe par mépris des hommes, poëte par contraste avec son rang, réunissait autour de lui une société nomade d’aventuriers d’esprit, fuyant leur patrie et cherchant fortune.
Certains hybrides, au lieu de présenter des caractères intermédiaires entre leurs parents, comme c’est le cas le plus général, ressemblent toujours beaucoup plus à l’un d’eux ; et de tels hybrides, bien que si semblables extérieurement à l’une des souches pures dont ils proviennent, sont si souvent frappés d’une stérilité presque absolue, que les exceptions à cette règle sont des plus rares. […] Cependant il faut bien avouer que plusieurs faits concernant la stérilité des hybrides ne peuvent encore s’expliquer, sinon peut-être par de vagues hypothèses : telle est par exemple l’inégale fécondité des hybrides provenant de croisements réciproques, ou la plus grande stérilité des hybrides qui, par exception, ressemblent plus parfaitement à un de leurs parents. […] D’autre côté, au contraire, ces deux classes d’êtres se ressemblent étroitement à beaucoup d’égards et sous les points de vue les plus importants. […] Les plantes hybrides provenant d’un croisement réciproque se ressemblent généralement beaucoup ; et il en est de même des sujets métis réciproquement croisés. […] Mais la question est excessivement compliquée, en partie à cause de la présence des caractères sexuels secondaires, et, plus encore, parce que l’un des sexes a presque toujours une prédisposition beaucoup plus forte que l’autre à léguer sa ressemblance au produit commun, que le croisement s’opère entre espèces ou qu’il ait lieu entre variétés, Ainsi c’est, je crois, avec tout droit que quelques auteurs soutiennent que l’Âne a la prépondérance sur le Cheval ; de sorte que, soit le Mulet, soit le Bardot, ressemblent plus au premier qu’au second.
Et, en effet, quelques conversations en style de rapin, une affectation d’indépendance qui ressemble à la casquette que les jeunes filles se plantent sur l’oreille pour monter à cheval, la gaminerie d’allures que la bêtise et la lâcheté des hommes adorent, tout cela, dans le personnage de Renée, reste à la surface de la vie, et cela devait aller jusqu’au fond, la déformer et la débrailler. […] que MM. de Goncourt, ces esprits amoureux et chauds, se trouvent ressembler au froid et sec Flaubert. […] pour celui-là, j’en conviens, c’est un bourgeois… Si la sœur avait ressemblé à son frère, le livre aurait pu s’appeler La Jeune Bourgeoisie. […] L’écrivain y décrit jusqu’aux paysages des pays qui ne seront point le théâtre de son roman, et par lesquels ses personnages passent pour n’y revenir jamais… Avec cette charrette, trop minutieusement décrite, de bateleurs ambulants qu’on a vue déjà rouler dans L’Homme qui rit ; avec ces Hercules et ces pitres de foire, bohémiens très chers à la littérature bohème de ce temps, et dont on n’oublie ni le moindre haillon, ni le moindre paillon, les Zemganno ressemblent à beaucoup des anciens feuilletons de Théophile Gautier. […] Il aurait dû y mourir de jalousie, de désespoir, de fureur, — et de reconnaissance aussi pour son tendre et héroïque frère, renonçant à son art pour mieux ressembler au frère qui ne faisait qu’un avec lui, et pour rester ainsi à jamais, tous les deux, les frères Zemganno !
Eugène Ledrain Sa nature, essentiellement ardente, ne peut supporter longtemps rien qui ressemble à un emprisonnement.
Après Pascal et La Rochefoucauld, il s’agissait pour lui d’avoir une grande, une délicate manière, et de ne pas leur ressembler. […] Charpentier, qui, en sa qualité de partisan des anciens, le mit lourdement au-dessous de Théophraste ; la phrase, dite en face, est assez peu aimable : « Vos portraits ressemblent à de certaines personnes, et souvent « on les devine ; les siens ne ressemblent qu’à l’homme. Cela est cause « que ses portraits ressembleront toujours ; mais il est à craindre que « les vôtres ne perdent quelque chose de ce vif et de ce brillant qu’on « y remarque, quand on ne pourra plus les comparer avec ceux sur « qui vous les avez tirés. » On voit que si La Bruyère tirait ses portraits, M.
On y voit même l’opposition ; mais ce qui en perce dans les confidences de Mme de Sévigné ressemble un peu à l’opposition qu’on faisait à Racine par amour pour Corneille : c’est le regret du passé, mêlé de je ne sais quel dépit d’avoir à admirer et à aimer ce qui le remplace. […] Tous deux se ressemblent encore par leurs regrets pour le passé. […] Les récits de Saint-Simon ne ressemblent point à ceux des historiens de l’antiquité, ni à l’idée qu’on s’est faite, d’après leurs exemples, de l’histoire narrative. […] Saint-Simon est un réformateur, et par là il ressemble à Fénelon, duquel il diffère essentiellement par le style.
Plus grande que jamais cette tristesse du retour qui ressemble à une grande déception. […] La poignée de main qu’ils me donnent, ressemble à celles qu’ils m’ont données. […] Le petit salon ressemble au Temple de l’Amitié. […] Aux murs, un ou deux de ces petits cadres qu’on gagne aux macarons et représentant l’Été ou le Printemps, et presque dans toutes les chambres, accroché à une petite glace d’étain, un zouave qui ressemble à un joujou d’enfant, et qui est fabriqué spécialement pour les maisons de prostitution du quartier et des villes de garnison.
La princesse, après dîner, me regardant avec une tendresse un peu intriguée, me dit : « Comme vous faites des choses qui vous ressemblent peu ! […] La proclamation de l’union de l’homme et de la femme, dans ces endroits civils, ressemble vraiment trop à la condamnation prononcée par un président de Cour d’assises. […] À quinze jours de là, le souvenir de la jolie et excitante « avocate », aurait dit Retif de la Bretonne, m’entraînait à me desniaiser, un dimanche de sortie, avec « Madame Charles », une créature à dégoûter à tout jamais de l’amour physique, une courte femme, au torse rhomboïdal, emmanché de deux petits bras ; de deux petites jambes, qui la faisait ressembler, sur son lit, à un crabe renversé sur le dos. […] Il est engraissé, épaissi, et du gros garçon sortent des esthétiques supérieures, des théories nébuleuses, qui le font ressembler à un toucheur de bœufs, attaqué de mysticisme… Il vient de modeler une bouteille, haute comme une chambre, une bouteille, dont s’échappent, dans une mousse pétillante, les hallucinations matérialisées de l’ivresse, enfin une dive bouteille grand format, et dont un bronzier lui demande pour la fonte, 50 000 francs.
Ainsi, le dieu de la bonne chère aura l’honneur d’avoir présidé à l’invention de la comédie, afin d’être en règle avec Bacchus, son compagnon, qui présidait au chant du bouc, c’est-à-dire à l’invention de la tragédie. « Il ressemblait, ce dieu Cornus, à Mercure et à Vénus ; on l’eût pris pour un beau jeune homme sous les habits d’une jeune femme. […] Votre adoration ressemble beaucoup à celle que l’on porte au Grand-Lama. […] Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars ! […] J’ai entendu demander, plusieurs fois, à quoi ressemblait le salon de Célimène ?
Il serait tout aussi violent et messéant de comparer Louis XV à Louis XIV que Mme Du Barry à Mme de Maintenon, car Mme de Maintenon ressemblait à Louis XIV, ou Louis XV lui ressemblait, comme Mme Du Barry ressemblait à Louis XV, ou comme Louis XV ressemblait à Mme Du Barry, nos maîtresses étant presque toujours faites à notre image ou nous étant faits à la leur.
La Critique, obligée à suivre le mouvement intellectuel de chaque jour, ne peut passer sous silence un livre écrit par un homme d’une célébrité acquise et d’une position faite, sous prétexte que le livre qu’il publie ressemble, plus ou moins, à tous ceux qu’il a publiés… Tel est le cas pour Octave Feuillet. […] — qui ressemble à cette adorable prude anglaise. […] Reconnaissez pourtant dans ce roman, tout faible qu’il soit, un romancier qui, s’il se ressemble trop à lui-même, ne ressemble pas du moins à ceux-là, venus après lui, et qui tendent à s’élever sur ses débris… Octave Feuillet a encore à son front un reflet de romantisme de sa première heure.
La foule est grossière ; sa psychologie se réduit à des éléments par trop simples pour être curieux ; elle pense à peine ; elle ne rêve pas ; elle ressemble à une pierre rugueuse, que tout l’effort de l’artiste ne rendra pas agréable à l’œil. […] Ils ont leur honneur qui ressemble beaucoup à l’honneur tout court. […] Non, celles-là ne ressemblent pas aux héroïnes de romans, puisqu’elles les guérissent. […] Sans réflexions, sans recherches, c’est le foyer qui apparaît, la maison, le château, le magasin paternel, les chemins ou les rues où l’on courait, les parents, les voisins, les amis d’école ou de collège, la cousine qu’on allait voir volontiers, les grand-tantes auxquelles il fallait rendre une visite annuelle, et tant de joies auxquelles rien n’a ressemblé depuis, et tant de larmes qui n’ont pas toutes séché.
Il regardoit ses Ouvrages avec tant d’indifférence, qu’il ne prit jamais aucun soin de les recueillir ; ils n’ont paru qu’après sa mort, réunis en quatre volumes, avec un Avertissement très-mal écrit, & qui ne ressemble en rien au génie de l’Auteur.
Nulle femme, capable d’amour, et qui s’est engagée autant que Valentine vient de le faire avec Bénédict, ne se démentira ainsi du soir au matin : le prétexte du remords n’est pas bon dans un bon roman qui doit ressembler à la vie. […] Excepté trois ou quatre pages du commencement, qui, par leur prétention philosophique, forment une entrée en matière assez pénible, cette nouvelle est d’un bout à l’autre un profond et passionné tableau, comparable, sans y ressembler, à ce que M.
Cette émotion ne ressemble à nulle autre ; ce n’est pas une émotion de colère, de haine, d’espérance, ni rien de pareil. […] Hugo ne ressemble à aucun autre : à son air de prétention et d’apparat, on croirait voir une sorte de miles gloriosus, un vrai Bayard de tragédie.
Leur destinée ressemble, à quelques égards, à celle des affranchis chez les empereurs ; si elles veulent acquérir de l’ascendant, on leur fait un crime d’un pouvoir que les lois ne leur ont pas donné ; si elles restent esclaves, on opprime leur destinée. […] La plupart des femmes auxquelles des facultés supérieures ont inspiré le désir de la renommée, ressemblent à Herminie revêtue des armes du combat : les guerriers voient le casque, la lance, le panache étincelant ; ils croient rencontrer la force, ils attaquent avec violence, et dès les premiers coups, ils atteignent au cœur.
… Les livres ne ressemblent-ils pas aux chemins, dont la longueur ne se mesure point au nombre de pas qu’ils nous obligent à faire, mais à l’intérêt ou à l’ennui de la pensée, pendant qu’on les fait ? […] Rien ne se ressemble moins cependant que Mme de Staël et Mme Swetchine.
Le hasard, si ce n’est la pitié, cette bête de hasard qui a parfois de l’esprit comme un dieu, fit celle harmonie de la vie d’un meurt-de-faim écrite par un autre, et aussi cette dissonance, car, excepté au point de vue famélique, Colletet et Villon se ressemblaient bien peu ! […] Villon a une poésie qui ressemble, selon moi, à la manière de peindre de Callot, qui n’a pas peint que des mendiants comiques, originaux et prodigieusement pittoresques : Callot a la grâce après la bouffonnerie joyeuse, extravagante ou terrible, et presque l’idéalité !
Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits. […] Son sentiment pour la Reine Marie-Antoinette ressemblait à une piété profonde et tranquille.
Il ressemble à une personne qui mettrait un masque, et qui écrirait loyalement au front de ce masque : « Ne vous y méprenez pas ! […] Félix Rocquain une idée qu’on n’aurait pas sans elles… « Qui se ressemble s’assemble », dit le proverbe.
Il est même allé jusque-là d’opposer l’un à l’autre, comme des Ménechmes de la même corruption littéraire, « qui semblent se copier, tant ils se ressemblent ! […] Voilà pourtant toutes les raisons de l’espèce d’amende honorable que fait, sans torche, sans-corde au cou et sans escalier de Palais de Justice, l’auteur d’un livre qui n’avait qu’à le signer pour en tirer l’honneur qu’il mérite, et qui ne craint pas d’avilir son livre, en le condamnant… L’auteur d’À travers l’Antiquité ressemble, dans son épilogue, à l’homme qui a peur d’un pétard qu’il vient d’allumer.
Elle ressemble un peu à la grâce d’Arlequin (Collé a fait Arlequin hongre, mais ce n’est pas celui-là !) […] Il était léger et consistant, et, pour finir par une comparaison du Caveau appropriée au chansonnier qu’a pleuré Laujon, je dirai que son esprit ne ressemblait point à cette eau sucrée d’un verre de champagne couronné de son écumé, mais au verre de Saint-Péray mousseux, qui a l’essence sous sa mousse !
Il ressemble à l’ombre du poëte persan : fuyez-le, il vous suit ; suivez-le, il vous fuit. […] Cette vignette de l’Âme et de Jésus-Christ qui ressemble à la patiente enluminure des marges d’un missel n’égale pas, sous son latin de cloître, harmonieux et limpide, les figures idéales, mais si profondément touchantes dans leur sainteté émaciée et splendide, de frère Ange Fiesole (un moine aussi), le plus profond interprète du Moyen Âge, ni même les lignes expressives et nettes d’Overbeck, aussi loin pourtant que l’homme l’est de l’ange, du monastique Angelico.
Il ressemble, en effet, dans tous les détails de cette pièce, à un peintre de vitraux. […] Pour ne parler que des modernes, comptez les femmes de Byron, de Balzac, qui en a peint un si grand nombre, et de Walter Scott, à qui on a bien reproché de les faire froides, mais qui, du moins, ne les fait pas se ressembler dans leur froideur. […] qu’une imitation du théâtre grec, mais qui ne lui ressemble que comme une statue de neige ressemble à une statue de marbre, éclatant aux feux du soleil ! […] Quoique la pensée de Gœthe, quand elle n’est pas une bêtise, carrée ou sphérique, d’un poids énorme, ne soit guères qu’une espèce de fumée intellectuelle qui ressemble plus à de la pensée qu’elle n’en est réellement, il y a dans ses critiques d’art, sinon de grandes lueurs, au moins, ici et là, parfois de l’étincelle. […] « Le sort de ce fou — (il l’appelait fou, preuve qu’il ne lui ressemble pas, ) — me touche, parce que c’est le mien », — ce qui est impudent et comique. — « Il est vrai que je sais un peu mieux me tirer d’affaire », reprend-il avec le sourire satisfait de l’homme entendu.
M. de Caraccioli a encore publié un Dictionnaire critique, pittoresque & sentencieux, où l’on est fâché de trouver un langage qui ne ressemble en rien à celui auquel il s’étoit d’abord attaché.
En lisant attentivement ses Sermons, on y trouve une supériorité très-décidée sur le plus grand nombre de nos Prédicateurs modernes, qui ne l’estiment peut-être pas & seroient certainement heureux de lui ressembler.
à une certaine hauteur, toutes les sociétés se ressemblent.
Mais est-il bien vrai que la terrible reine, si jalouse d’elle-même, qui se sentait autant souillée par le regard que par la main, ressemblât à cette plate marionnette ? […] Si jamais homme sur la terre a ressemblé à la Divinité, ce fut César. […] Dès lors, le tableau, privé d’unité, ressemble à ces mauvais drames où une surcharge d’incidents parasites empêche d’apercevoir l’idée mère, la conception génératrice. […] Cette lettre déplacée ressemble à un de ces jeux intelligents du hasard, qui a quelquefois l’esprit pointu comme un homme. […] Clésinger, à qui la sculpture ne suffit plus, ressemble à ces enfants d’un sang turbulent et d’une ardeur capricante, qui veulent escalader toutes les hauteurs pour y inscrire leur nom.
Mais l’Auvergne, il y est venu et revenu avec une complaisance qui ressemblait à une inclination de cœur. […] Et qu’est-ce qui ressemble plus à un cadavre qu’un bateau mort ! […] Les enfants de la montagne sont divers ; ceux mêmes qui en tiennent le plus peuvent ne pas se ressembler. […] Il ressemble trop à un riche dédaigneux de son bien, et qui le gâche. […] Ses aridités élégantes ressemblent à une maigreur nerveuse de pur-sang.
À sa rentrée en France, il ressemble à un homme qui se tâte, qui s’assure qu’il est dans son entier et qui sent des contusions dans tous ses membres. […] Bordes (mars 1765), vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l’homme… On est revenu de ses sophismes, et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère.
— Quelques illustrations des Fables de La Fontaine, pourtant, ont bien de l’esprit : l’Homme entre deux âges et ses deux Maîtresses ressemble déjà à du Gavarni. […] Se livrant avec une imagination vive et sensible à l’impression des objets, il en prend tour à tour le caractère : il change alternativement de style, de couleur, de moyens, et ne se ressemble qu’en une seule chose, la grâce et le naturel. […] Horace est, à notre époque, l’un des talents qui leur ressemblent le plus.
Le Noailles des Mémoires et le Noailles de la Correspondance avec Louis XV ne se ressemblent en aucune façon : comment se ressembleraient-ils ? […] Or, cette idée, à première vue, ressemblait trop à une imagination de Saint-Simon pour ne pas lui être attribuée, et en effet le duc de Noailles, qui soufflait ce feu, donnait tout bas son cher confrère pour auteur et promoteur de ce singulier projet de salutation, de telle sorte que, parmi cette noblesse outrée, plus d’un aurait pu lui en chercher querelle et lui faire un mauvais parti.
Hommes d’observation, de sincérité et de hardiesse, ils se sont fait une doctrine à leur usage : ils se sont dit de ne pas répéter ce qui a été dit et fait par d’autres ; ils vont au vif dans leurs tableaux, ils pénètrent jusqu’au fond et aux bas-fonds ; ils veulent noter la réalité jusqu’à un degré où on ne l’avait pas fait encore ; ils tiennent, par exemple, à copier et à reproduire la conversation du jour et du moment, les manières de dire et de parler si différentes de la façon d’écrire, et que les auteurs, d’ordinaire, ne traduisent jamais qu’incomplètement, artificiellement ; ils ne reculent pas au besoin devant la bassesse des mots, fussent-ils dans une jolie bouche et du jargon tout pur, confinant à l’argot ; ils imitent, sans rien effacer, sans faire grâce de rien ; ils haïssent la convention avant tout ; pas d’école : « Aussitôt qu’il y a l’école de quelque chose, ce quelque chose n’est plus vivant. » Ils haïssent la fausse image et le ponsif du beau : « Il y a un beau, disent-ils, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du beau. » Très-bien : Je les comprends, je les approuve, je les suis volontiers, ou à très-peu près, jusque-là. […] Ne s’abstiennent-ils pas, avec une rigueur qui est, certes, de la force, mais qui ressemble parfois à une gageure, de tout ce qui pourrait adoucir, compenser l’effet produit, non pas l’amortir, mais le racheter et consoler à côté le regard (témoin Germinie Lacerteux) ? […] Voici un petit rêve d’élégie bien française, bien moderne, qui vaut certes toutes les réminiscences des Ovide et des Tibulle : c’est léger, délicat, d’une tendresse de dilettante, d’un regret de xviiie siècle dans le xixe ; un idéal rapide de bonheur d’après Fragonard et Denon : « J’ai toujours rêvé ceci, — et ceci ne m’arrivera jamais : Je voudrais, la nuit, entrer par une petite porte que je vois, à serrure rouillée, collée, cachée dans un mur ; je voudrais entrer dans un parc que je ne connaîtrais pas, petit, étroit, mystérieux ; peu ou point de lune ; un petit pavillon ; dedans, une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu ; un souper froid, point d’embarras, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment, ni de l’année présente, un sourire de Belle au bois dormant, point de domestique… Et s’en aller, sans rien savoir, comme d’un bonheur où l’on a été mené les yeux bandés, et ne pas même chercher la femme, la maison, la porte, parce qu’il faut être discret avec un rêve… Mais jamais, jamais cela ne m’arrivera !
Tout se perpétue, tout se ranime chaque printemps, et rien ne se ressemble, et chaque coup de tes miracles est toujours nouveau. […] Quand la correspondance allait bien, quand les cachets de Paris marquaient une pensée (car décidément, si royalistes qu’on les voulût faire, cela ne pouvait ressembler à un lys), quand chaque courrier avait une réponse d’Hervé, Christel le sentait avec une anxiété cruelle, et il lui semblait que le courrier qui emportait cette réponse lui arrachait, à elle, le plus tendre de son âme, le seul charmant espoir de sa jeunesse. […] Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau.
Et, en même temps, il ressemble aussi peu que possible à l’auteur de la Morte. […] Les personnes du monde qui était autrefois le vrai monde sont portées à croire que les peintures qu’on nous fait des mœurs mondaines ne ressemblent pas. […] Elle est comme vous dites, toute pleine d’un esprit céleste, et le vin du peuple lui ressemble aussi peu qu’un paysan à son seigneur.
Montégut a trop de respect pour le positivisme — mais par une étrange taquinerie scientifique qui s’appelle, paraît-il, la télégonie : il a un fils qui ressemble au premier mari et il se tourmente jusqu’à en mourir de la présence de ce spectre approuvé par l’Académie de Médecine. […] J’y suis allé voir : l’auteur des Chiens de faïence a raison et il a pour âme quelque chose qui ressemble assez à la mare aux canards. […] Le Christ de Saint-Georges de Bouhélier ne ressemble guère, en effet, à Jésus de Nazareth.
La société est comme une femme, elle veut son peintre, son peintre à elle toute seule : il l’a été ; il n’a rien eu de la tradition en la peignant ; il a renouvelé les procédés et les artifices du pinceau à l’usage de cette ambitieuse et coquette société qui tenait à ne dater que d’elle-même et à ne ressembler à nulle autre ; elle l’en a d’autant plus chéri. […] Aussi, lorsque ensuite il plaçait dans un roman ces masses d’objets qui, chez d’autres, eussent ressemblé à des inventaires, c’était avec couleur et vie, c’était avec amour. […] Les Marneffe, les Bixiou, les Birotteau, les Crevel, etc., sont ainsi nommés chez lui en vertu de je ne sais quelle onomatopée confuse qui fait que l’homme et le nom se ressemblent.
On s’est moqué de quelques mauvais vers de ce prince métromane, lesquels ne sont pas plus mauvais après tout que bien des vers du même temps, qui passaient pour charmants alors et qui ne peuvent aujourd’hui se relire ; et l’on n’a pas fait assez d’attention aux œuvres sérieuses du grand homme, qui ne ressemblerait pas aux autres grands hommes s’il n’avait mis bien réellement son cachet aux nombreuses pages de politique et d’histoire qu’il a écrites, et qui composent un vaste ensemble. […] Le texte, typographiquement, est admirable ; les titres sont d’un grand goût ; les portraits sont beaux : je ne trouve à blâmer que les espèces de vignettes qui terminent les pages à la fin des chapitres, et qui font ressembler par moments ce volume royal à un livre d’illustrations : ces enjolivements, dont le sujet est souvent énigmatique, ne conviennent pas à la gravité monumentale de l’édition. […] Ayant à raconter la campagne de 1679, où le Grand Électeur chassa, en plein hiver, les Suédois qui avaient envahi la Prusse, il dira : « La retraite des Suédois ressemblait à une déroute ; de seize mille qu’ils étaient, à peine trois mille retournèrent-ils en Livonie, ils étaient entrés en Prusse comme des Romains, ils en sortirent comme des Tartares. » Il a de ces mots qui résument tout un jugement sur les hommes et sur les nations.
Il ne peut s’empêcher de sourire par le talent et de sembler presque se distraire par le langage, lors même qu’il est le plus sérieux au fond ; il ressemble à ces abeilles dont il parle si souvent : on dirait qu’il se joue, et il travaille. […] Un jour, si je venais à parler de la correspondance de Fénelon et de ses lettres spirituelles, ce serait l’occasion de revenir sur celles de saint François de Sales, et de chercher en quoi ces deux aimables et fins esprits se rapprochent et se ressemblent, tout en gardant chacun leurs avantages36. […] Il lui ressemble d’ailleurs par le côté affectif, miséricordieux, par le don des paraboles et des emblèmes, par le miel de la parole et par l’attrait.
J’ai souvent pensé que la critique devait ressembler à une maîtresse de maison qui a du tact et qui sait placer ses convives, disant à ceux-là qui se pressent un peu trop autour d’elle et qui croient y rester : « Descendez plus bas… » vers la porte ; et à ceux qui, plus modestes, se tiennent dans les coins de la salle : « Montez plus haut… » à la place d’honneur et dans la lumière. […] L’a-t-elle rendu célèbre ailleurs qu’en Allemagne, dans cette serre de savants qui ressemble à une grande cloche à cornichons ? […] Ceux qui ne veulent pas, comme Édelestand du Méril, de cette critique personnelle, ressemblent beaucoup à des criminalistes sensibles qui, commençant par réclamer l’abolition de la torture, demandent aujourd’hui celle de l’échafaud, et qui, si on les laissait aller, supprimeraient la justice elle-même, en supprimant toute espèce de pénalité !
Certes, nous ne sommes pas déjà si fous du talent, quoique nous nous en vantions, la gloire étant faite ; nous n’aimons pas tant déjà cette distinction, plus cruelle à l’orgueil que les distinctions nobiliaires, pour que le talent, le talent seul d’un incomparable écrivain ou le besoin d’être amusés par une histoire vraie qui ressemble à une fable immense, donnent le mot de cette sympathie qui n’a pas été combattue et à laquelle nous nous sommes livrés sans discuter et sans hésiter. […] Nos raisons d’abaisser ou de diminuer Louis XIV, le roi absolu, ressemblent plus qu’on ne croit à celles du due de Saint-Simon, car des aristocrates comme lui sont des démocrates par en haut et entre eux, comme nous sommes, nous, des aristocrates par en bas. […] Louis XIV qui peut-être eût été un assez grand roi ressemble à une bouffonnerie.
Il ressemble à Villon (par le tour d’imagination) autant qu’il l’imite. […] L’Originalité ressemble à l’ange qui n’eut qu’à étendre la main pour vaincre Jacob, lequel faisait ce que fait M. […] Il a, comme eux, ce je ne sais quoi, impossible à déterminer et même à nommer, mais qu’on sent dans les profondeurs de l’âme maîtrisée… Les poètes qui diffèrent le plus de ce dernier venu par le sujet de leurs chants, lui ressemblent par cela seul qui les fait poètes.
Je pourrais prendre l’un après l’autre les différents rôles classiques du provincial : le petit marchand des villes, le gros marchand enrichi, le châtelain ignorant et vaniteux, le châtelain pauvre, le châtelain grand seigneur, les femmes surtout qui se ressemblent presque toutes dans les romans dits provinciaux, mal habillées, sentimentales, courtes d’intelligence, de dévotion étroite, intimidées et hypnotisées à la seule vue d’une Parisienne ; je pourrais prendre ces personnages et montrer que, sauf de bien légères nuances, ils n’ont pas changé en passant de livre en livre, qu’ils sont au fond les mêmes et comme immuables dans la littérature depuis trois siècles. […] Les belles dames dont les robes à paniers, les collerettes de dentelles, les traînes de velours, les perruques poudrées se reflétaient, à la lumière des lustres, dans les glaces de la galerie de Versailles, pouvaient sourire des costumes de nos aïeules et aussi de nos grands-pères, de ces gros draps foulés, couleur de la terre et, comme elle, inusables, de ces jupons à mille plis et à rallonges, de ces corsets apparents ou de cette absence de corset, de ces bonnets de mousseline, qui ressemblaient souvent à des fleurs et qui avaient, comme elles, chacun son canton pour fleurir. […] Il ne serait point inutile de prouver à d’innombrables étrangers, et même à quelques Français, que le fameux boulevard est un lieu trop étroit pour loger trois millions d’habitants, que l’immense majorité de ceux-ci vivent péniblement et bravement, grâce à une activité qui dérouterait plus d’un provincial ; que les Parisiens n’entrent que pour un quart dans le succès d’une pièce de théâtre, même scandaleuse, et que la province fait les trois autres quarts ; que les ménages de Paris ne ressemblent pas tous, il s’en faut, à ceux de nos pièces de théâtre et de nos romans dits « parisiens » ; et qu’au surplus rien n’est si commun que des concitoyens qui s’ignorent réciproquement.
De là une verve et une ardeur qui ressemblent à de la jeunesse. […] Supposition inutile : car ne voyant que des portraits, nous ne pouvons savoir si le portrait ressemble à l’original. Supposition contradictoire : car de deux choses l’une : si les idées sont des images matérielles, on ne peut pas admettre des portraits de la solidité, du chaud, de l’odeur et du son ; si elles sont spirituelles, elles ne peuvent ressembler à la matière, ni par conséquent la représenter.
Il composa des vers à l’âge de près de quatre-vingt-dix ans, qui ressemblent assez à ceux de sa jeunesse.
L’usage, à le définir selon l’idée qu’on s’en forme communément, est une espece d’énigme, qui ressemble à un portrait des modes, au sujet des ajustemens, une sorte d’habitude dont l’objet est variable, &c.
Villiers de l’Isle-Adam ne ressemblait à personne. […] Jugez un peu s’il ressemblait seulement à M. […] Par où diffère-t-il de ses devanciers, par où leur ressemble-t-il ? […] Ce Vœu d’une morte ne ressemble pas plus à Germinal ou même à la Faute de l’abbé Mouret, qu’une idylle de Florian ne ressemble à un roman de Stendhal. […] Cet homme ressemble tout à la fois à Don Quichotte, à Gil Blas et à Rocambole.
Comme écrivain de Vie, Philippe de Commines ressemble singulièrement à Plutarque ; sa simplicité est même plus franche que celle du biographe antique : Plutarque n’a souvent que le bon esprit d’être simple ; il court volontiers après la pensée : ce n’est qu’un agréable imposteur en tours naïfs.
Nicole, c’est-à-dire expliqué et commenté par lui ; le Pater de Mme Valmore, qu’on vient de lire, ne saurait tout à fait lui ressembler ; mais du moins c’est de la touchante poésie. […] Elle accueillait chaque louange avec étonnement, avec reconnaissance ; je n’ai jamais vu de talent aussi vrai qui ressemblât davantage à l’humilité même.
[Maurice Barrès] Maurice Barrès débuta par je ne sais quel individualisme bas, raffiné et onanique, quelque chose qui ressemble aux noblesses simples du stoïcisme ou de l’épicurisme comme les fantaisies d’un Baudelaire ressemblent à une religion directement sincère.
Vous ressemblez à ces princes qui, en faisant avec la France leurs traités de paix en langue française, ont bien soin de stipuler que, par l’usage de cette langue, ils ne prétendent reconnaître aucune supériorité dans la nation qui la parle. […] Vos protestations pourraient bien ressembler au vers de Britannicus : J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer.
Son style, qui est celui d’une femme d’esprit, usagée aux livres, et qui, par conséquent, s’est frottée à beaucoup de styles, ressemble à cette écriture américaine et égalitaire, correcte et même jolie, mais qui est la même sous la plume d’une duchesse que sous la plume d’une fille de comptoir qui fait les additions au restaurant. […] Le Mot de l’énigme, tout analyse et tout récit, sans aperçu, sans caractères, presque sans visages, car les personnages de ce roman ressemblent à des comparses, est du bavardage sans légèreté, sans le moindre petit mot pour rire, ah !
Il en diffère encore par des côtés moins saillants, moins extérieurs, et même quand il paraît le plus lui ressembler, car quelquefois il lui ressemble !
Ce n’est pas tout que de vouloir être le fils de quelqu’un, il faut l’être, ou du moins tellement ressembler à ce quelqu’un-là qu’on puisse le faire croire, et ce n’est pas là le cas Fournier a beau grimer son sourire, il a beau se barder de bouquins, comme disait Nodier, qui se moquait bien de cette bouquinerie et qui ne l’aimait peut-être que pour s’en moquer, — car c’est encore une des manières d’aimer de cette aimable créature qui s’appelle l’homme, — il n’a point, lui, Édouard Fournier, cette fleur de raillerie charmante, qui fait tout pardonner, que Nodier fourrait entre les feuillets de ses vieux livres et qui ne s’y dessécha jamais. […] L’Esprit des autres ressemble infiniment à l’esprit de Fournier, qui doit être un petit neveu de l’abbé Trublet ; car c’est un recueil que ce livre de citations, faites par tout le monde, et qui vous rappelle (pour moi du moins, horrible lecture !)
Eh bien, je vous laisse à penser l’effet que produisit, dans un temps de pareille littérature historique, l’histoire de Carlyle, de ce singulier humouriste anglais qui ne se gênait pas, qui se permettait tout en fait de sans-gêne britannique ; de Carlyle, le hoax anglais incarné, mais incarné dans le vrai, et qui ressemblait, par sa gaieté funèbre, en piochant les tombes de l’Histoire, au fossoyeur de Shakespeare. […] Par ce côté-là aussi, il ressemble à Rabelais.
Comme de certains portraits dont on dit : « Pas un trait vrai, et cependant cela ressemble », les portraits en pied de Pelletan semblent ressemblants sans avoir l’exactitude de la vérité, et, selon moi, ils sont par là pires que des mensonges. […] Personne, à l’heure qu’il est, et de Maistre pas plus que personne, ne songea défendre ni même à excuser les procédures de l’Inquisition, qui ressemblent, par leurs abus et par leurs vices, à toutes les autres anciennes procédures criminelles de l’Europe ; mais le principe même de cette institution, est-ce à cette heure — cette heure d’athéisme qui menace le monde des plus épouvantables catastrophes — qu’on peut le reprocher à la sagesse de nos pères ?
Si, comme le croit Sainte-Beuve, les Mémoires de Madame de Créqui ne sont pas d’elle et si nous avons été dupes d’une mystification combinée, c’est par le ton, cette grâce suprême, que l’auteur de ces Mémoires nous a pipés, c’est par cette aisance et ce non-appuyé, même quand on est profond, qu’ont les femmes qui ont vieilli dans la bonne compagnie, et qui fait dire aux observateurs superficiels, qu’à une certaine hauteur toutes les douairières se ressemblent, quoiqu’elles ne se ressemblent pas !
Il l’est par l’expression et par le fond des choses, et comme il est tel dans le dix-neuvième siècle, il est très au-dessous, en réalité, des hommes du dix-huitième, car l’erreur, changée d’époque, ressemble à un monstre déterré. […] S’il y avait quelque chose qui ressemblât à du respect dans sa pensée, ce serait pour Condillac et pour Voltaire.
Elle ne ressemble pas au bloc de cristal qui absorbe le jour qu’il renverra plus tard quand il sera taillé et mis sous son arc de lumière. […] Le progrès ne peut pas s’arrêter, c’est bien entendu, et il pullule de rudes ouvriers à la science, des piocheurs et des défricheurs du sublime le plus américain, mais quelqu’un qui ressemble à Fontenelle, mais, au plus épais de la science, deux doigts d’esprit qui tiennent une plume légère, voilà ce qu’on ne voit pas tous les jours !
Cet orgueil aux yeux baissés, cette orgueil jeune fille est superbe et n’avait jamais été exprimé d’un trait plus profond et plus vrai… Certainement, rien n’a jamais valu ni pour elle, ni pour personne, ni au point de vue de la galerie et du succès, ni au point de vue de son émotion intérieure, ce moment unique… ce premier coup d’archet de l’ouverture d’une existence qui ressembla, hélas ! […] Avant 1828, en effet, Mme Delphine Gay ressemble infiniment à ce que fut, vers le même temps, Mme Desbordes-Valmore, qui a fini par toucher son idéal dans une pureté d’éther.
— qui ressemble monstrueusement à l’inceste, puisque celle qui l’éprouve ne l’éprouve que pour devenir la maîtresse de celui qu’elle ose appeler son enfant ! […] la nature est plus indépendante et plus sauvage, et, dans les passions qui ressemblent à celle dont Elle et Lui et Lui et Elle nous racontent l’histoire, les torts appellent les torts, les abîmes invoquent les abîmes, et, puisqu’on a voulu le partage, on partage tout, jusqu’aux forfaits, s’il y en a !
C’est toujours enfin cet amour maternel, — sans sacrement, bien entendu, — qui ressemble monstrueusement à l’inceste, puisque celle qui l’éprouve ne l’éprouve que pour devenir la maîtresse de celui qu’elle ose appeler son enfant ! […] la nature est plus indépendante et plus sauvage, et, dans les passions qui ressemblent à celle dont Elle et Lui et Lui et Elle nous racontent l’histoire, les torts appellent les torts, les abîmes invoquent les abîmes, et, puisqu’on a voulu le partage, on partage tout, jusqu’aux forfaits, s’il y en a !
La seule raison d’en douter, c’est qu’en bien des choses ces deux livres se ressemblent, et qu’il est assez rare que l’imagination se prenne deux fois au même miroir. […] C’est surtout par les négations qu’ils se ressemblent.
L’homme, dans cet état, ressemble à un enfant timide, qui n’ose faire un pas sans les lisières qui le soutiennent. […] Il fallait, pour être grand, ressembler aux héros qu’Homère avait peints.
Elle n’était pas belle, elle aurait pu craindre qu’une femme si rayonnante à côté d’elle ne donnât des distractions dangereuses et sans repos aux cœurs qui lui étaient dévoués ; c’était l’époque où Benjamin Constant, cet Allemand léger, la pire espèce des légèretés, habitait souvent le château de Coppet ; le sentimentalisme suisse, la poésie nébuleuse de la Germanie s’unissaient dans ce caractère à l’étourderie spirituelle, mais un peu prétentieuse, de la France émigrée ; il ressemblait à un Berlinois de la société perverse et réfugiée de Potsdam du temps du grand Frédéric. […] La passion qu’il ressentit pour Juliette, et dont il l’obséda pendant plusieurs années, a laissé des traces dans une volumineuse correspondance ; nous en avons lu quelques lettres très curieuses ; elles brûlent d’un feu qui ressemble à l’amour comme la sensualité ressemble au sentiment. […] XVIII Comment un tel homme conçut-il, dès le premier jour, une passion passive, mais absolue, pour une femme si belle, mais pour une femme cependant dont la séduction gracieuse et la coquetterie agaçante ne ressemblaient en rien à cette métaphysique incarnée que Dante adorait dans Béatrice ? […] La mélancolie dans ces lettres a des soupirs qui ressemblent à la passion : « Ma raison secrète pour désirer d’aller au congrès, c’est de revenir près de vous.
Ces deux hommes se ressemblaient étonnamment de figure et de caractère ; tous les deux portaient sur une taille haute et mince une tête noble, pâle, gracieuse, pensive, loyale et fine, beaucoup plus grecque de contours et de traits que romaine ou vénitienne ; ils étaient du même âge à l’œil, de cet âge heureux pour les hommes d’État et pour les artistes, où le soleil de la vie n’éclaire plus que le sommet (le front) comme à cette heure de la soirée où le soleil du jour n’éclaire plus que les cimes. […] Ces édifices gigantesques, dont la grandeur imposante étonne l’esprit et le refoule sur lui-même, plein d’une crainte mystérieuse, ressemblent aux nations endormies sous l’oppression des religions d’État et du despotisme oriental. […] Je le pouvais alors, je jouissais de ma liberté, je n’avais pas voulu l’engager à aucun prix à la monarchie nouvelle : son avènement ressemblait trop à un coup de fortune. […] Ce moment-ci y ressemble en Europe, et surtout en France, cette Athènes vulgaire des temps modernes. […] Cette montagne ressemble à un magnifique piédestal, taillé par les dieux mêmes pour y asseoir leurs autels.
Les ténors meurent à la peine ; un final d’opéra ressemble maintenant à des rumeurs de bataille. […] » La littérature ressemble aujourd’hui à ce preux imbécile, et l’on peut lui tenir le même langage. […] Plus qu’aucun peuple nous tournons dans le cercle vicieux des mêmes formes et des mêmes idées, nous n’osons rompre la barrière, et nous ressemblons à un cheval de manège aveuglé par un bandeau et qui croit faire beaucoup de chemin parce qu’il ne s’aperçoit pas qu’il tourne toujours. […] Les adorateurs aveugles de ces chimères éteintes sont comme les héros qu’ils encensent à grands coups d’alexandrins ; ils remuent les yeux, la tête et les bras, mais ils ne vivent pas ; ils ont à eux une façon de parler particulière qui ne ressemble à rien ; ils tournent autour d’une idée sans oser l’attaquer, comme un chacal autour d’un tigre ; le mot propre les épouvante. […] Les écrivains de nos jours ressemblent à ces pianistes qui exécutent des impossibilités incompréhensibles, mais qui sont hors d’état d’inventer une mélodie, une ariette, une note.
Leur âme ressemble à ces chambres obscures où dort un foyer de lumière électrique.
Niais, dans de plus modestes quadri, vues de pâturages normands, prises au détour d’un sentier fleuri d’églantines, avec, au fond, des arbres qui bleuissent, il y a quelques papillotages de tour qui font ressembler cette Normandie à un multicolore paysage de songe aux environs d’Yeddo… Ce qui manque un peu à M.
Quant à sa touche poétique, elle ne ressemble en rien à celle des grands Poëtes.
Dans les champs Cimmériens de l’Odyssée, le vague des lieux, les ténèbres, l’incohérence des objets, la fosse où les ombres viennent boire le sang, donnent au tableau quelque chose de formidable, et qui peut-être ressemble plus à l’enfer chrétien que le Ténare de Virgile.
Comme ces enfans sont très-petits, ils ne sont pas faits pour être vus à grande distance ; mais comme le tout ressemble à un projet de plafond ou de coupole, il faudrait le suspendre horizontalement au-dessus de sa tête et le juger de bas en haut.
Maxime Du Camp Il ressemblait à un chat maigre qui fait le gros dos.
voici des vers qui sont d’un poète, d’un poète authentique, de quelqu’un dont l’âme est pieuse, douce, émue, voltigeante et chantante, prompte à la joie et prompte aux larmes, de quelqu’un qui ne ressemble pas aux autres hommes, qui n’est pas raisonnable, pratique, morose, ambitieux, qui va son chemin, loin des sentiers battus, vers des sommets bleus, aperçus en rêve dans une auréole de brumes dorées.
Qu’importe que le tour d’une phrase dans un idiome, ressemble aux tours employés dans un autre idiome ?
La peinture souffre plus facilement la représentation du cadavre que la sculpture, parce que dans celle-ci le marbre, offrant des forces palpables et glacées, ressemble trop à la vérité.
On dit que cet effet ressemble à celui du plafond d’une galerie éclairée par la surface d’une eau vacillante.
Le groupe est échelonné et disposé tout entier sur un fond d’un vert sombre et uniforme, qui ressemble autant à des amas de rochers qu’à une mer bouleversée par l’orage. […] L’hémicycle des Beaux-Arts est une œuvre puérile et maladroite, où les intentions se contredisent, et qui ressemble à une collection de portraits historiques. […] L’ancienne façon des artistes allemands ne ressemble nullement à la façon de ce grand poëte, dont les compositions ont un caractère bien plus moderne et bien plus romantique. […] La peinture n’est intéressante que par la couleur et par la forme ; elle ne ressemble à la poésie qu’autant que celle-ci éveille dans le lecteur des idées de peinture. […] J’ai enfin trouvé un homme qui a su exprimer son admiration pour les Meissonier de la façon la plus judicieuse, et avec un enthousiasme qui ressemble tout à fait au mien.
La femme du meilleur air que j’aie encore vue, la plus polie, la mieux mise, a donné un nombre infini de pères à ses enfants ; elle a une fille qui ressemble à mylord…, et qui est belle. […] L’on pensa que j’avais voulu peindre de mes parents ; mais cela ne leur ressemble pas du tout : c’est pour dépayser. […] Dans cette correspondance, Mme de Charrière devait plutôt ressembler par le ton à une autre Mme de Staal (Mlle De Launay). […] … » « Ce que Constance venait de faire éprouver à Émilie ressemblait si fort à ce que Joséphine lui avait fait éprouver il y avait environ trois mois, qu’elle se trouva dans la même souffrance, et que ses réflexions furent à peu près les mêmes. […] — Ces paroles presque mystifiantes de Benjamin Constant m’en rappellent une autre qui n’y ressemble qu’extérieurement et pour la forme, mais dont le sens affectueux, judicieux et large, est bien différent : c’est le mot charmant d’une femme que l’avenir aussi connaîtra (Mme d’Arbouville) : « Eh !
Véritablement le roi ressemble à un chêne étouffé par les innombrables lierres qui, depuis la base jusqu’à la cime, se sont collés autour de son tronc. — Sous un pareil régime, l’air manque ; il faut trouver une échappée : Louis XV avait ses petits soupers et la chasse ; Louis XVI a la chasse et la serrurerie. […] Véritablement cela ressemble au carnaval italien ; rien n’y manque, ni les masques, ni la comédie de société : on joue, on rit, on danse, on dîne, on écoute de la musique, on se costume, on fait des parties champêtres, on dit des galanteries et des médisances. « La chanson nouvelle190, dit une femme de chambre instruite et sérieuse, le bon mot du jour, les petites anecdotes scandaleuses formaient les seuls entretiens du cercle intime de la reine. » — Pour le roi, qui est un peu lourd et qui a besoin d’exercice corporel, la chasse est sa grande affaire. […] Et cependant la cour de M. d’Épinay ressemble en petit à celle du roi. […] Le repas qu’il a donné à Versailles au premier conseil qu’il a tenu a coûté 6 000 livres, et il lui faut toujours à Versailles et à Paris une table d’environ vingt couverts » À Chambord207 le maréchal de Saxe a tous les jours deux tables, l’une de 60, l’autre de 80 couverts, 400 chevaux dans ses écuries, une liste civile de plus de 100 000 écus, un régiment de hulans pour sa garde, un théâtre qui a coûté plus de 600 000 livres, et la vie qu’il mène ou qu’on mène autour de lui ressemble à une bacchanale de Rubens Quant aux gouverneurs généraux ou particuliers en province, on a vu que, lorsqu’ils y résident, ils n’ont d’autre emploi que de recevoir ; à côté d’eux, l’intendant qui fait seul les affaires, reçoit aussi et magnifiquement, surtout dans les pays d’États. […] Lettre de Mercy du 16 septembre 1773. « La multitude du service qui suit le roi dans ses voyages ressemble à la marche d’une armée. » 164.
Leconte de Lisle et de M. de Heredia y ressemble beaucoup. […] Elle ressemble en quelque façon si vous écartez la diversité des apparences à la vie de la sainte courtisane Thaïs, qui eut une enfance pieuse, qui ensuite s’abandonna au désordre, mais en gardant le souci de la beauté et de la bonté, et qui enfin se reposa des autres amours dans le seul amour qui ne trompe pas puisque, s’il trompe, nous n’en saurons jamais rien. […] Plus loin, je vois que l’esprit, qui tout à l’heure était une atmosphère et une flamme, est un champ, puis un métal ; qu’il peut être creux et sonore, ou bien que sa solidité peut être plane, si bien que la pensée y produit l’effet d’un coup de marteau ; puis, qu’il ressemble à un miroir concave, ou convexe ; qu’il y fait froid, qu’il y fait chaud ; que la pudeur est un réseau, un velours, un cocon, etc., etc. […] Chacune de ses « histoires », chacune de ses « descriptions » — description d’un homme, d’une littérature, d’un art, d’une société, d’une époque, d’un pays — ressemblent à des constructions massives et serrées. […] Coppée ressemble à celui des romanciers anglais ou russes, si j’avais besoin, pour goûter nos écrivains à nous, de constater qu’ils ressemblent aux étrangers.
Comme par l’esprit, il ressemble par le caractère à ses grands ancêtres italiens. […] Cela ressemble aux assises successives d’un vaste monument. […] Qu’est-ce à dire, sinon que ce paradis ressemble parfaitement à la terre ? […] Ne trouvez-vous pas que son paradis ressemble fort, jusqu’à présent, au paradis de Mahomet ?
C’est au nombre de ceux qui profitent de leurs écrits qu’il faut mesurer leur gloire ; car plus il en est qui ont part à cette nourriture de l’âme, plus les hommes de génie ressemblent à Dieu, dont ils sont les créatures privilégiées. […] Cette première douceur de ressembler à l’aimable philosophe n’est pas la seule que nous y goûtions. […] Nous nous trouvons aussi quelques-unes de ses qualités, soit qu’en effet nous en ayons certains traits, soit qu’à notre insu, sous le charme de simplicité naïve avec lequel il nous en parle, le désir de lui ressembler nous persuade que nous lui ressemblons.
En fait, la psychologie non éclairée par la biologie ressemble à l’astronomie des Chaldéens, faite sans l’aide des mathématiques. […] L’amiral Codrington, alors simple aspirant de marine, ne put être tiré d’un profond sommeil que par le mot « signal. » Ces faits, auxquels bien d’autres ressemblent, montrent qu’il peut y avoir sensation sans perception et sensation accompagnée de perception. […] Cela ressemble à la conscience générale qui est composée de la somme des sensations, excitées par l’action incessante et simultanée des stimulus internes et externes. […] Lui, sans se déconcerter le moins du monde : Ce métal, je l’avoue, ressemble extrêmement à l’or ; vous me dites qu’il passe pour tel chez les essayeurs et sur le marché.
Un enthousiasme trop dominant ressemble à ces yvresses qui mettent un homme hors de lui, qui l’égarent en mille images bizarres et sans suite, dont il ne se souvient point quand la raison a repris le dessus. […] Je trouverois aussi raisonnable de croire que la nature s’est épuisée sur la différence des visages, et qu’il ne peut plus naître d’homme à l’avenir qui ne ressemble précisément à quelqu’autre qui ait été. […] Pour moi, j’ai tâché véritablement de lui ressembler dans les odes que j’appelle anacréontiques ; j’ai voulu y donner une idée de son esprit, de ses moeurs et même de son style. […] C’est ainsi que je tâche de ressembler à Anacréon : j’ai imité même jusqu’à sa morale et à ses passions que je désavoüe.
Ferrari a appliquée, pour l’éclairer, à l’histoire d’un peuple qui renferme en lui tous les contrastes, et dont on se demande s’il vit ou s’il meurt, tant sa vie ressemble à la mort, tant sa mort ressemble à la vie ! […] C’est le législateur des ordalies, le fanatique du fer chaud, le politique qui vide les différends entre les royaumes avec l’épreuve de la croix, et qui fait tomber la superstition du Moyen Âge au-dessous des superstitions païennes. » Nous n’hésitons pas à le déclarer, un si insultant jugement sur un des plus grands hommes qui aient jamais existé est un crime… qu’on expie déjà en le commettant, car il ressemble à une sottise, et M. […] Évidemment, ceci ressemble fort à du mysticisme et à du rêve.
Il avoit principalement le talent d’exprimer avec grace jusques aux plus petites choses : « C’est en quoi, disoit* Boileau, il ressemble mieux aux Anciens, que j’admire sur-tout par cet endroit ; plus les choses sont seches & mal aisées à dire en Vers, plus elles flattent quand elles sont dites noblement & avec cette élégance qui fait proprement la Poésie ».
Elle aimait les chiens et les chevaux, passionnément la chasse et les spectacles, n’était jamais qu’en grand habit ou en perruque d’homme, et en habit de cheval… Et ailleurs, dans un second portrait d’elle qu’il recommence admirablement et qu’il conclut en ces mots : « La figure et le rustre d’un Suisse ; capable avec cela d’une amitié tendre et inviolable. » Introduite à la Cour par sa tante, l’illustre princesse palatine Anne de Gonzague, elle ne lui ressemblait donc en rien pour l’esprit, pour le don d’insinuation habile et de conciliation, pour la prudence ; succédant, à la première Madame, elle en était encore plus loin et véritablement le contraire pour les manières, pour la qualité et le tour des pensées, pour la délicatesse et pour tout, Madame, dans toute sa vie, était et sera ainsi le contraire de bien des choses et de bien des personnes autour d’elle : elle était originale du moins, et tout à fait elle-même. Il semblait que ce fût une ironie du sort d’avoir donné pour seconde femme à Monsieur, à ce prince si mou et si efféminé, une personne qui par ses goûts ressemblait le plus à un homme et qui avait le regret de ne pas être née garçon. […] De secrets rapports font les nobles attachements d’estime et de respect ; et les grandes âmes, quoique les traits de leur grandeur soient différents, se sentent et se ressemblent.
Au fond, quand il s’abandonne à les goûts et à ses instincts dans les arts, Beyle me paraît ressembler fort au président de Brosses : il aime le tendre, le léger, le gracieux, le facile dans le divin, le Cimarosa, le Rossini, ce par quoi Mozart est à ses yeux le La Fontaine de la musique. […] Beyle ne croit pas assez dans les lettres à ce qui ne vieillit pas, à l’éternelle jeunesse du génie, à cette immortalité des œuvres qui n’est pas un nom, et qui ressemble à celle que Minerve, chez Homère, après le retour dans Ithaque, a répandue tout d’un coup sur son héros. […] Il eût craint, en combattant les La Harpe, de leur ressembler, et il se faisait léger, vif, persifleur, un pur amateur au passage, un gentilhomme incognito qui écrit et noircit du papier pour son plaisir.
Tout ce livre, d’une teinte morale sombre, est comme une suite d’élancements mystiques, bibliques, patriotiques, humains et fraternels : il a l’inconvénient de ressembler plus d’une fois à de la prédication en vers ; mais, par son esprit et par son ardeur, il suffirait à montrer combien Cowper s’élève au-dessus de l’ordre des poètes descriptifs et pittoresques proprement dits. […] Il est inépuisable dans le thème et le motif toujours renaissant de cette quiétude bénie du foyer, et il y joint une élégance toute moderne, tout anglaise, qui fait parfois que telle de ses demi-pages ressemble à une vignette de Westall dans tout son joli et son scintillant. […] Sa maladie ne ressemble point à celle de Pascal : ce dernier, qui peut avoir eu à certains moments des visions et des hallucinations, dominait en général par l’intelligence son état nerveux.
ressemble à quelque épître amicale et tendre de Voltaire. […] J’ai été reçue et baptisée en triomphe, à cause de la couleur de mes cheveux, qu’on adorait dans ma mère. — Elle était belle comme une vierge, on espérait que je lui ressemblerais tout à fait, mais je ne lui ai ressemblé qu’un peu : et si l’on m’a aimée, c’était pour autre chose qu’une grande beauté.
Le roman de Mme d’Épinay est assez compliqué, quoiqu’il ressemble à celui de bien des femmes. […] L’amoureux Francueil, plus tard l’amoureux Grimm, ressembleront plus ou moins à tous les amoureux ; l’un à celui de la première jeunesse, l’autre à celui de la seconde, moins beau, moins délicieux et moins charmant, mais souvent plus sûr et qui guérit les plaies qu’a laissées le premier. […] La corruption de tous les temps se ressemble fort, à la voir au fond, mais elle diffère de forme, de ton et de costume.
Pourtant il ressemblait beaucoup à sa mère, cette propre sœur des Corneille ; il disait, avec cette indifférence qui lui était particulière en toute chose, et que la pudeur filiale elle-même n’atteignait pas : « Mon père était une bête, mais ma mère avait de l’esprit ; elle était quiétiste ; c’était une petite femme douce qui me disait souvent : Mon fils, vous serez damné ; mais cela ne lui faisait point de peine. » — Pour maintenir quelque rapport de ressemblance entre Fontenelle et son oncle illustre, une seule remarque est essentielle, et je la livre à ceux qui aiment à réfléchir sur ces liens délicats. […] C’est ainsi que, pour ne pas ressembler à ce fou du Pirée, on est déjà tenté de se détacher de l’explication de Ptolémée et d’entrer dans celle de Copernic. […] La simplicité de Fontenelle, comme vous le pensez, est d’un tour qui ne la laisse pas ressembler à celle des autres.
« Ce jour-là, l’humanité, assise sur les débris qu’elle a accumulés, ressemble au maître d’une maison le lendemain de l’incendie. […] Les habitudes de l’homme intérieur, ayant formé le philosophe, formèrent sa philosophie ; son système du monde fut produit par l’état de son âme ; sans le savoir ni le vouloir, il construisit les choses d’après un besoin personnel, Ce genre d’illusion est presque inévitable ; nous ressemblons à ces insectes qui, selon la diversité de la nourriture, filent des cocons de diverses couleurs. […] Cet axiome ressemble à ceux de la géométrie et ne dépend pas de l’observation.
Il s’appliqua à montrer que cela n’était pas, ou du moins aurait pu ne pas être, qu’il ne relevait de personne, et que, même dans les rangs nouveaux, il ne ressemblait qu’à lui. […] [NdA] Quelqu’un, à moi de bien connu, qui fut un moment compagnon de Musset dans cette vie d’imagination et d’effréné désir, a osé encore écrire une pensée que je surprends et que je dérobe, une pensée qui exprime à souhait, et plus qu’à souhait, cette forme de déréglement et de fureur passionnée si chère à la génération dite des enfants du siècle : « Je me fais quelquefois un rêve d’Élysée ; chacun de nous va rejoindre son groupe chéri auquel il se rattache et retrouver ceux à qui il ressemble : mon groupe, à moi, je l’ai dit ailleurs, mon groupe secret est celui des adultères (moechi), de ceux qui sont tristes comme Abbadona, mystérieux et rêveurs jusqu’au sein du plaisir et pâles à jamais sous une volupté attendrie. — Musset, au contraire, a eu de bonne heure pour idéal l’orgie, la bacchanale éclatante et sacrée ; son groupe est celui de la duchesse de Berry (fille du Régent), et de cette petite Aristion de l’Anthologie qui dansait si bien et qui vidait trois coupes de suite, le front tout chargé de couronnes : “κώμοι και μανίαι, μέγα χαίρετε…” (Anthol. palat.
» Pourtant les lettres de Voltaire ne ressemblent jamais à celles d’un autre. […] Et cela ressemblerait à une mauvaise plaisanterie que de poser seulement la question : Lequel était le plus religieux de Rousseau ou de lui ?
Contemporain et ami de Boileau et de Racine, le bonhomme, au premier abord, n’a presque rien de commun avec eux que d’avoir aussi du génie ; et ce serait plutôt à Molière qu’il ressemblerait, si l’on voulait qu’il ressemblât à quelqu’un parmi les grands poëtes de son âge.
Cependant les jets d’eau montent alentour effilés comme des bouquets de plumes ; les charmilles égalisées ressemblent à une haie de Suisses ; les colonnades arrondissent leurs décorations comme un salon champêtre. […] Il ressemble à la nature qui produit tout, le sublime, le vulgaire, et toujours les contraires, sans préférer l’un à l’autre, impartiale, indifférente, ou plutôt amie de tous, et, comme disent les anciens, mère et nourrice des choses, incessamment occupée à conduire les vivants de tout degré et de toute espèce sous la clarté du jour.
Il est encore trop de son siècle pour ressembler au souverain moderne, il gouverne les êtres, comme le roi ses peuples, sans beaucoup d’égards pour leur bonheur. […] Ils y ont établi un tout petit Olympe qu’on ne respecte pas trop, qu’on n’aperçoit pas toujours, et qui ressemble plus à une taupinée qu’à une montagne.
Les amours de Mme de Trémeur et de Le Hinglé, ces deux parfaits mondains, ressemblaient à une histoire de cour d’assises : l’avortement, le vol, le chantage, le suicide enfermaient la trame. […] Et je sens que je vous aime avec une simplicité sauvage. » Plus tard, après que la première scène de jalousie qu’il lui a faite s’est terminée par une réconciliation furieuse, et qu’ils se sont repris, « les yeux assombris, les lèvres serrées, en proie à cette colère sacrée qui fait que l’amour ressemble à la haine », comme elle lui demande pourquoi il est triste, il a ce mot profond, affreux d’égoïsme et de clairvoyance : « Tu veux savoir ?
La salle de débit est calme ; cela ressemble à la salle d’un café de province ; beaucoup de tables sont vides ; la caissière somnole au comptoir ; par économie, on n’a allumé qu’un bec de gaz sur deux ; des gens du quartier jouent aux cartes dans un coin ; le garçon range les journaux du matin. Rien ne ressemble moins à un café où il se passe quelque chose ; mais ne vous arrêtez pas, traversez la salle, suivez ce groupe qui entre ; descendez l’escalier qui plonge au sous-sol ; ouvrez la porte qui se présente.
Cette qualification d’anciens appliquée aux Pascal et aux Racine, qui, dans notre bouche, à nous autres, pouvait ressembler à une épigramme et à un blasphémé, est devenue, de sa part, un hommage et une piété. […] Villemain appartient à notre temps par un certain souci et une certaine curiosité d’expression qui y met le cachet ; c’est un style, après tout, individuel, et qui ressemble à l’homme.
Cette époque-ci ne ressemble donc, quoi qu’on en dise, à aucune autre époque de l’esprit humain. […] J’ose à peine citer Burke, parce que son nom ressemble, pour la thèse que je défends, à un nom de parti : cependant il n’est pas hors de propos de remarquer que cet illustre antagoniste de la révolution française puisait aussi ses arguments dans un système opposé à celui de la réformation.
Pas de doute, pourtant, que cette femme, aux relations immenses, et plus Européenne encore que Française, qui touchait aux plus hautes sociétés de son temps et dont l’esprit, tout le temps qu’elle vécut, ressembla à l’urne penchée et bouillonnante d’un fleuve, n’ait laissé derrière elle d’autres lettres que celles qui ont donné sa goutte de vie à ce maigre livre de Weymar et Coppet, mort-né, sans ces lettres ! […] … Eh bien, c’est de cette édition, nécessaire et oubliée, que je voudrais donner l’idée aujourd’hui, en parlant de de Staël, — de cette adorable et admirable femme, à laquelle la littérature féminine n’a rien à comparer dans aucun temps, et surtout dans celui-ci, où les femmes qui se mêlent d’écrire se donnent des airs d’homme si prodigieusement ridicules, que c’est à nous faire prendre des jupons, à nous autres… pour ne pas leur ressembler !
Eugénie de Guérin ressemble à ce portrait de sainte Germaine dans lequel on fait passer si gentiment et si chastement à la petite pastoure un ruisseau avec ses pieds nus… Elle n’a pas, en toute sa personne, la moindre nuance de bas-bleuisme. […] … Auront-ils comme moi envie d’être femme pour ne pas ressembler au monsieur que tout bas-bleu veut être ?
Eh bien, la société du xixe siècle ressemble à ces Romaines ! […] Elles ressemblent aux enfants, dont la supériorité réelle apparaît moins à la classe qu’aux récréations.
Excepté à ces fîgures-là pour le corps et à ce Platon qu’il diminuait et qu’il embourgeoisait, il ne ressemblait à personne. […] Il y a dans cette notion d’ange quelque chose de beau, de jeune, de guerrier, de dominateur et de rapide qui n’allait point à l’idée de cet être né sénile et resté enfant, de cette âme qui se débattait dans un homme et qui avait la voix d’androgyne de la Sagesse, car la voix de la Sagesse n’a point de sexe, comme dit Joubert lui-même en parlant de Fénelon… Intellectuellement, Fénelon serait peut-être la figure à laquelle Joubert, après Platon, ressemblerait le plus.
Chez les Grecs, les plus poètes des hommes, l’Histoire, pour emprunter une image juste au symbolisme qu’ils aimaient, l’Histoire ressemble au thyrse de leurs prêtresses. […] Mais, par là même, nous jugerons mieux la nôtre et nous prémunirons notre temps, qui en a souffert beaucoup déjà, contre d’insidieux exemples de liberté pris dans des sociétés qui ne ressemblent en rien à notre société actuelle.
Moins scrupuleuses, les Américaines ont accepté le type à titre universel, et c’est pour cela que j’en fais ici une propriété nationale de cet excentrique pays… » Et il ajoute, pour l’apaisement d’un scrupule : « Je ne veux pas dire que les Américaines répugnent au mariage et, occupant le côté officieux de la vie civile, se livrent par profession à l’exploitation de l’homme et changent en rapports de contrebande les relations légitimes des sexes… mais j’avoue que le divorce, sous le régime duquel elles vivent, peut, aux yeux de bien des gens, ressembler aux inconstances des Américaines de Paris… » Et, de fait, il a raison ; elles ont le divorce, les Américaines d’Amérique ! […] Comme vous le voyez, de telles affirmations ressemblent à une gageure, et à une gageure qui n’a pas coûté de grandes entorses de cerveau au triste esprit qui l’a risquée !
Wallon, qui est un savant et qui les a tous consultés, a résolu de dire son mot après eux sur cet homme, unique dans l’Histoire, et auquel aucun de ceux qui ont régné n’a ressemblé. […] Wallon ne ressemble point à la lance des Francs.