Serait-il vrai que les peuples ne savent gré à un souverain de sa bonté que quand il a commencé par leur prouver sa force et par montrer à tous qu’il pouvait se faire craindre ? […] Le roi, après bien des timidités, commençait à lui témoigner quelque attachement et avait pour elle un faible bien naturel. […] Jugez de là ce que je vous désire pour l’année que nous venons de commencer. […] Les premiers effets de l’influence suivie que Marie-Antoinette commença à exercer en politique ne furent pas heureux. […] On le voit pourtant, la reine commence à causer assez bien politique ; bon gré, mal gré, elle s’y fait.
Je parlerai de quelques autres amitiés de Frédéric qui ont laissé un vivant témoignage d’elles-mêmes dans sa correspondance, à commencer par son étroite et tendre liaison avec Jordan. […] La correspondance de Frédéric et de Jordan commence en mai 1738, avant que Frédéric soit devenu roi ; ce sont des vers que le prince lui envoie à corriger et à raturer, des plaisanteries de société, des riens. […] On commence toutes les conversations par se demander : Que font les armées ? […] Cela commence à reprendre, et je vous avoue que j’ai du plaisir à voir reformer de nouveau cette armée que j’ai connue si bonne autrefois, que j’ai vu ruiner par des guerres sanglantes, et qui, comme un phénix, renaît de ses cendres. […] En 1740, un autre moment commence ; Frédéric s’était dit de bonne heure : « Ne prenons que la fleur du genre humain. » Une fois maître des choses, il essaya de réaliser ce vœu et de réunir ce qu’il y avait de plus piquant, de plus vif et de plus sociable en gens d’esprit de toutes nations.
Si la jeune fille rougissait, cela signifiait que l’anecdote était scabreuse, et B… la déchirait pour en commencer une autre. […] Ce travail préparatoire achevé, le notaire alluma les bougies et annonça qu’on allait commencer les rabais. […] Pour ces deux jolies jambes, dont le nom commence par un F et finit par un E, élève de l’abbé Sicard, M. […] Il commence cette périlleuse lutte, sans plus d’émotion qu’il entamerait une partie de piquet. […] Je commence à mal augurer de mon voisinage, et je propose diplomatiquement à Nadar de lui faire le sacrifice de mon rez-de-chaussée.
» C’est ainsi qu’un ami commence le récit suivant : À Biarritz, il y a une bibliothèque de 25 volumes, votre Histoire de la société française pendant le Directoire s’y trouvait. […] » — Les sociétés commencent par la polygamie et finissent par la polyandrie. […] » beuglé dans la ruelle… Saint-Victor a une grande histoire en tête, et déjà commencée : « les Borgia » toute l’Italie et la Renaissance. […] était la phrase traditionnelle par laquelle il commençait toujours sa classe. — Marmont a trahi ! […] Son ironie d’Athènes commence la « blague de Paris ».
Le petit Ménalcas commence, et lance à l’autre un défi :« Daphnis, surveillant de bœufs mugissants, veux-tu me chanter quelque chose ? […] » Tous deux se mettent à le crier ; le chevrier arrive, et la lutte commence. […] La seconde partie de la pièce commence, et c’est la plus belle. […] par où commencerai-je ? […] ma beauté commença à fondre, je ne pensai plus à cette pompe, et je n’ai pas même su comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea, et je restai dans le lit gisante dix jours et dix nuits.
. — Cependant, les besoins matériels forçaient le maître à essayer quand même de terminer ces opéras, que la cour de Weimar lui payait ; et en septembre 1851 il commençait à esquisser la musique du Jeune Siegfried. […] L’esquisse fut terminée le 15 janvier 1854, la partition instrumentée fin mai. — Le 3 juillet 1854, Wagner écrit à Liszt que la Walküre est commencée ; la première esquisse était terminée en décembre de la même année. […] La Goetterdammerung. semble avoir été commencée cette même année, 1869. […] Si, au contraire, nous voulons un nouvel Art, ainsi que Wagner l’a voulu, ne nous payons au moins pas de phrases et d’enthousiasme ; commençons par savoir ce que c’est que nous voulons. […] Ils écoutent ce cantique, comme une strophe de l’hymne ininterrompu des âges, commencé aux saints lyrismes d’Israël, aux mystérieux enthousiasmes de l’Inde, et qui sonne aux chœurs d’Eschyle, aux drames de Shakespeare, aux symphonies de Beethoven.
Les bataillons bellevillais commencent à être engueulés sur le boulevard. […] Bon, la guerre civile est commencée ! […] Cela a commencé hier à Passy. […] L’autopsie commence, est commencée… quand, tout à coup, le père se précipite dans le chalet, avec des cris de nature à ameuter les passants. […] La brute nationale commence à entrer en fureur.
Dès ce temps, Nodier avait commencé un poëme sur les charmants objets de ses études ; on en citait de jolis vers que quelques mémoires, en le voulant bien, retrouveraient peut-être encore. […] Jusqu’alors il avait été plutôt timide et d’une allure toute poétique ; il commença de s’émanciper, et ces vives années de son adolescence purent paraître très-dissipées et très-oisives. […] Il s’était marié, il allait être père : de nouveaux projets commençaient. […] Nodier, revenu en France, avait trente ans passés ; il doit être mûr ; le voilà au centre ; une nouvelle vie mieux assise et plus en vue de l’avenir pourrait-elle commencer ? […] Chacun de ces rapides écrits était comme un écho français, et bien à nous, qui répondait aux enthousiasmes qui commençaient à nous venir de Walter Scott et de Byron.
Il commence par rappeler Atala en la surpassant dans son récit. […] Me voilà soudain résolu d’achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j’avais déjà dévoré des siècles. […] « L’hiver finissait, lorsque je m’aperçus qu’Amélie perdait le repos et la santé qu’elle commençait à me rendre. […] Le sacrifice commence à la lueur des flambeaux, au milieu des fleurs et des parfums, qui devaient rendre l’holocauste agréable. […] Le prêtre, l’étole au cou, le livre à la main, commence l’Office des morts ; de jeunes vierges le continuent.
Quand on parle de vous, on commence toujours par le mais, et on finit par des éloges qui me charment. […] N’oubliez pas tous les étrangers célèbres, à commencer par Byron, qui étaient et qui sont la bonne fortune de ce lieu de passage, ces gracieuses étrangères venues du Nord, qui rompent la roideur locale et font diversion à la contrainte ; si bien qu’à voir tant de monde séduisant arriver, plaire et aussitôt disparaître, « le cœur, disait Bonstetten, y devient mauvais sujet ». […] Il me semble que nous ne sommes que des ombres jusqu’au moment où nous aimons ; là commence la réalité. […] — Il faut ne jamais oublier que ni les idées ni les sentiments ne viennent du dehors, qu’ils sont en nous, que ce qui vient du dehors n’est que l’excitation qui commence leur vie toute spirituelle. […] Toutes les nations civilisées ont commencé par l’imitation de bons modèles étrangers.
Les troupes sont rangées, et il commence le combat. […] J’en atteste le Christ, je n’en aurai nul chagrin. » Rodrigue entendit cela ; il commença de parler : « Vous avez mal fait, seigneur, de vous récuser ; car je serai toujours votre fils, et le fils de ma mère. […] Elle leva les yeux, et commença de regarder Rodrigue. […] » « Le roi, quand il eut entendu cela, commença à parler ainsi : « Oh ! […] Lorsque l’on commence les lectures sur le Cid par les Romances, elles paraissent bien rudes et de l’époque toute héroïque ; lorsqu’on a commencé par la Chronique rimée, elles semblent au contraire d’une époque déjà avancée et plus mûre.
On avait commencé par des succès : la prise de Mahon, la victoire d’Hastenbeck, les premiers avantages du duc de Richelieu dans le Hanovre semblaient promettre un gain de cause facile à la nouveauté de la combinaison diplomatique. […] Il s’en explique nettement dans une lettre à Choiseul du 6 janvier 1758, et lui découvre sa pensée avant même de s’en être ouvert au roi : Mon avis serait, dit-il, de faire la paix et de commencer par une trêve sur terre et sur mer. […] Cette idée d’une paix particulière avec les Anglais, pour laquelle il avait commencé, dit-il, de jeter « quelques petits fondements », devint à peu près impossible depuis la convention signée à Londres le 11 avril entre le roi d’Angleterre et celui de Prusse, et la cour de Versailles, d’ailleurs, n’y entra jamais. […] Dans cette absence d’ordre et de direction supérieure, le duc de Richelieu avait voulu revenir à Paris comme s’il n’y avait eu rien à faire en Hanovre (janvier 1758) ; tous les généraux demandaient à revenir de même : « Ce sont les Petites-Maisons ouvertes. » Le comte de Clermont, prince du sang, envoyé pour commander en chef, fit faute sur faute ; il commença par une retraite précipitée, d’une longueur exagérée, et semblable à une déroute. […] C’est ici que l’insuffisance de Bernis et en même temps son honnêteté se manifestent : il commence à être malade moralement et physiquement.
Beyle deux personnes distinctes, le critique et le romancier ; le romancier n’est venu que plus tard et à la suite du critique : celui-ci a commencé dès 1814. […] Il commença à se former et à s’émanciper en suivant les cours de l’École centrale, institution fondée en 1795 par une loi de la Convention, et, en grande partie, d’après le plan de M. […] Il commence cette petite guerre qu’il fera au caractère de notre nation, chez qui il veut voir toujours la vanité comme ressort principal et comme trait dominant : « La nature, dit-il, a fait le Français vain et vif plutôt que gai. » Et il ajoute : « La France produit les meilleurs grenadiers du monde pour prendre des redoutes à la baïonnette, et les gens les plus amusants. […] Beyle passa à Milan et en Italie la plus grande partie des premières années de la Restauration ; il y connut Byron, Pellico, un peu Manzoni ; il commença à y guerroyer pour la cause du romantisme tel qu’il le concevait. […] On commence à comprendre quel a été le rôle excitant de Beyle dans les discussions littéraires de ce temps-là.
L’air n’est plus humide, mais la terre est toute molle, la toile des tentes est trempée de rosée ; la lune, qui va se lever, commence à blanchir l’horizon au-dessus des bois. […] Il nous donne, dès la seconde étape, la description d’un bal arabe qui se forme peu à peu aux feux du bivouac ; cette peinture de nuit qui commence par ces mots : « Ce n’était pas du Delacroix, toute couleur avait disparu pour ne laisser voir qu’un dessin tantôt estompé d’ombres confuses, tantôt rayé de larges traits de lumière… », est du Fromentin déjà excellent. […] Il s’agit dans ces journées ardentes d’y trouver un peu d’ombre ; cette ombre, nulle à midi même, ne commence à se dessiner faiblement que vers une heure : « Assis, on n’en a pas encore sur les pieds ; debout, le soleil vous effleure encore la tête ; il faut se coller contre la muraille et se faire étroit. […] Ils l’ont commencée du côté gauche du pavé, ils la continuent du côté droit ; c’est la seule différence qu’il y ait dans leurs habitudes entre le matin et le soir. » Voilà le commentaire du tableau : sur la toile, le dessin exact, le caractère et le ton fixe ; ici, les variations du plus au moins et la succession notée des divers moments. […] La retraite sonne, comme ailleurs à l’entrée de la nuit ; c’est midi qui commence : « A cette heure-là, je n’ai plus à craindre aucune visite ; car personne autre que moi n’aurait l’idée de s’aventurer là-haut.
Le frère de Franklin commença vers 1720 ou 1721 à imprimer un journal ; c’était le second qui paraissait en Amérique. […] Ici une réflexion commence à naître. […] Ç’a été de voir que, dans le temps où il était décidément esprit fort, il a manqué à la fidélité d’un dépôt, et que deux ou trois autres libres penseurs de sa connaissance se sont permis des torts d’argent ou de droiture à son égard : « Je commençai à soupçonner, dit-il, que cette doctrine, bien qu’elle pût être vraie, n’était pas très profitable. » Il revient donc à la religion elle-même par l’utilité. […] Avec cela il a soin de nous avertir que cette application au bien général se faisait sans dommage pour ses intérêts particuliers ; il ne croit nullement que la première condition pour bien faire les affaires du public soit de commencer par mal faire les siennes propres. […] Il commença à entrer dans les affaires publiques proprement dites en 1736, à l’âge de trente ans, en qualité de secrétaire de l’Assemblée générale.
J’en sais d’autres qui voudraient courir à plus d’un à la fois, et qui embrasseraient dans leur curiosité et leur tendresse quantité d’auteurs favoris sans trop savoir par lequel commencer. […] Fils d’un cabaretier ou d’un apothicaire de Chinon, on sait qu’il avait commencé par être moine et moine cordelier. […] Ponocrates commence par essayer son écolier ; il emploie à l’avance la méthode de Montaigne, qui veut qu’on fasse d’abord trotter le jeune esprit devant soi pour juger de son train. […] Michelet poursuivant, après trois siècles, cette guerre contre le Moyen Âge qu’il croit retrouver encore menaçant, commença un jour une de ses leçons au Collège de France, en ces mots : « Dieu est comme une mère qui aime que son enfant soit fort et fier, et qu’il lui résiste ; aussi ses favoris sont ces natures robustes, indomptables, qui luttent avec lui comme Jacob, le plus fort et le plus rusé des pasteurs. […] Il avait commencé, jeune, par mordre très peu à Rabelais.
On n’ose plus être naturaliste ; on se défend de l’avoir été ; les plus ignorés eux-mêmes de ses disciples, les imitateurs qu’il ne se savait point, ont déjà commencé de trahir « le Maître. » Déjà, l’auteur de Charlot s’amuse et celui du Bilatéral, déjà MM. […] Pour être paysan, on n’en est pas moins homme, et pour être homme, ce que j’ose assurer, c’est qu’il faut commencer par différer beaucoup des héros de M. […] Francisque Sarcey nous rappelait l’autre jour ; et, combien il avait raison, c’est ce que les journaux nous prouvaient à l’envi l’un de l’autre, à commencer par le Figaro. […] Zola, — car, pour le dire en passant, ce n’en est jamais une d’avoir suivi, comme l’on dit, son tempérament, et le mieux, en tout cas, est toujours de commencer par y résister, — c’est qu’on l’a poussé de toutes parts dans la voie de ses pires défauts. […] Zola n’avait-il point commencé ?
Il commence à se signaler et à être nommé dans les faits de la première campagne de quinze jours, un chef-d’œuvre de l’art, où le général en chef sépare les Autrichiens des Sardes, les coupe violemment dans une suite de combats acharnés, écarte et refoule les uns, et finalement a raison des autres. […] La grande carrière pour lui commence. […] Je vois malheureusement aujourd’hui qu’il est plus difficile de l’arrêter que de le commencer. […] Toutes les dispositions sont prises pour prévenir l’ennemi et l’attaquer deux heures avant le jour (14 janvier) : c’est Joubert qui commence. […] Qu’il suffise de dire que Joubert, avec sa division, a été comme le centre et le noyau de Rivoli, qu’il a porté le premier poids de l’affaire, qu’elle a roulé longtemps sur lui, qu’il avait commencé la veille, qu’il a été chargé d’achever le lendemain de la victoire ; que dans l’immortelle journée, au moment le plus critique de la mêlée, quand on était tourné au revers de la chapelle de San Marco et qu’on allait être cerné, quand pendant deux heures d’horrible confusion et de refoulement les charges étaient alternatives ainsi que les déroutes, quand chacun sur son point et par où il pouvait, faisait rage (Berthier, Masséna, Leclerc, Lasalle), lui, il redevint grenadier, chargea à pied le fusil à la main, et reprit à la baïonnette les ouvrages de Rivoli.
Un mémoire sur l’Étude du grec au Moyen Âge, que j’avais commencé pour répondre à une question de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, absorbait toutes mes pensées. […] Victor Le Clerc eut l’idée de me faire charger, avec mon ami Charles Daremberg, de diverses commissions dans Les bibliothèques d’Italie, en vue de l’Histoire littéraire de la France et d’une thèse que j’avais commencée sur l’averroïsme. […] Autant, sous le rapport de l’exposition, j’ai modifié, à tort ou à raison, mes habitudes de style, autant, pour les idées fondamentales, j’ai peu varié depuis que je commençai de penser librement. […] Dans un siècle, l’humanité saura à peu près ce qu’elle peut savoir sur son passé ; et alors il sera temps de s’arrêter ; car le propre de ces études est, aussitôt qu’elles ont atteint leur perfection relative, de commencer à se démolir. […] La science peut-elle être plus éternelle que l’humanité, dont la fin est écrite par le fait seul qu’elle a commencé ?
Notre littérature, nous devons en être convaincus à présent, fut tellement nationale, qu’elle commence à nous échapper depuis que nous commençons à cesser d’être la même nation. […] Remarquons, de plus, que les envahissements de cette littérature ont commencé chez nous à une époque où la langue était fixée, et, qu’il me soit libre de le dire, au moment où nos traditions nationales perdaient déjà de leur autorité et de leur vénération parmi les peuples. […] Notre littérature du siècle de Louis XIV a cessé d’être l’expression de la société ; elle commence donc à être déjà pour nous, en quelque sorte, comme nous l’avons dit, une littérature ancienne, de l’archéologie. […] Oui, encore une fois, il me semble voir Bossuet s’enfoncer avec Isaïe et Jérémie dans la nuit des traditions antiques ; et le voile de l’inusité commencer à tomber sur sa grande stature.
Les duels durent être chez les nations barbares une espèce de jugements divins, qui commencèrent sous les gouvernements divins et furent longtemps en usage sous les gouvernements héroïques ; on se rappelle ce passage de la Politique d’Aristote (cité dans les axiomes) où il dit que les républiques héroïques n’avaient point de lois qui punissent l’injustice et réprimassent les violences particulières 99. […] D’ailleurs deux traditions fameuses de l’antiquité grecque et latine prouvent que les peuples commençaient souvent les guerres (duella chez les anciens Latins), en décidant par un duel la querelle particulière des principaux intéressés ; je parle du combat de Ménélas contre Pâris, et des trois Horaces contre les trois Curiaces (Voy. page 208) si le combat restait indécis, comme dans le premier cas, la guerre commençait. […] C’est la dernière secta temporum de la jurisprudence romaine qui commença dès la république.
Quand il avait une fois commencé, il s’arrêtait difficilement, et aucun de ses auditeurs n’était tenté de mettre le signet. » Or, comme à chaque séance du Conseil, M. le maréchal de Ségur soumettait à la délibération l’affaire de Hollande et sollicitait une décision prompte, l’archevêque, s’emparant adroitement de la parole, trouvait moyen d’interpeller M. de Malesherbes sur quelque événement passé, analogue aux circonstances présentes ; et celui-ci, selon son usage, commençait à raconter. […] M. de Ségur a conduit son récit jusqu’au moment de son retour en France, où la Révolution était déjà commencée.
Où commence l’histoire de la langue. — Caractères généraux des premiers écrits en prose française. — Les Chroniqueurs. — § II. […] Où commence l’histoire de la langue. — Caractères généraux. — Des premiers écrits en prose française. — Les chroniqueurs. […] Sa vie même est celle qu’on menait à cette époque ; une vie d’aventures, qui commence par une jeunesse romanesque. […] Ce que voyant ses gens, ils commencèrent fort à prendre de l’émoi, à se défaire et se mal maintenir. […] Quand ses gens virent qu’ils ne pouvaient plus compter sur lui, ils commencèrent à se débander et à le laisser là.
Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation. […] Ses compagnons qu’il avait laissés à Rouen en partirent aussitôt, et le 24 Octobre 1658 cette Troupe commença de paraître devant leurs Majestés et toute la Cour, sur un Théâtre que le Roi avait fait dresser dans la Salle des Gardes du vieux Louvre. […] Cette Troupe dont Monsieur de Molière était le Chef, et qui, comme je l’ai déjà dit, prit le titre de la Troupe de MONSIEUR, commença à représenter en public le 3 Novembre 1658 et donna pour nouveautés L’Étourdi et Le Dépit amoureux, qui n’avaient jamais été joués à Paris. […] Lorsqu’il commença les représentations de cette agréable Comédie, il était malade en effet d’une fluxion sur la poitrine qui l’incommodait beaucoup, et à laquelle il était sujet depuis quelques années.
Je doute fort, en effet, que la postérité, même celle-là qui commence, pour chacun de nous, à quatre pas de la tombe, s’occupe beaucoup de Mme Sophie Gay, dont le nom serait déjà oublié, si, sous ce nom, Mme Émile de Girardin n’avait commencé sa renommée. […] Mais quant aux autres, à ceux-là qu’on répudie aujourd’hui, je ne pense pas que l’avenir s’en soucie beaucoup, et l’avenir, en ce moment, commence, car, excepté moi, parmi les critiques contemporains, qui a songé à signaler cette réimpression des œuvres complètes de Gay, et à dire sur elle ce mot suprême après lequel on ne dit plus rien, et qui est à une renommée ce que le dernier clou, qu’on y plante, est à un cercueil ? […] Donner à causer (on causait alors), lire ses romans à ses intimes, recevoir dans sa loge à l’Opéra les littérateurs qui, à Paris, sont toujours un peu femmes et qui aiment à se montrer à leur public ; un soir exhiber dans son salon le jeune Victor Hugo, l’enfant du génie, qui a commencé (ce qui n’est ni très poétique, ni très sauvage) par des succès de société, comme M.
Le Romantisme, l’échevelé Romantisme commence dans l’histoire littéraire par des accents d’une douceur, d’une retenue, d’une pureté infinies, en cela ressemblant à ces Grecs, ses ennemis, qui commençaient la bataille par un air de flûte. […] La littérature du xviie siècle, la littérature de l’unité et de l’ordre, et même de l’ordre un peu dur, a commencé par l’indépendant génie de Corneille, impérieux et altier dans son indépendance, et la littérature du xixe siècle, la littérature de l’indépendance et de la variété et même du dérèglement dans sa variété, a commencé par le doux génie de Racine, si suave dans sa correction, et c’est M.
Le comte commence en éclatant, mais il n’éclate d’abord qu’en plainte et en jactance : « Enfin vous l’emportez, et la faveur du roi Vous élève en un rang qui n’était dû qu’à moi… » Enfin vous l’emportez ! […] Le comte et don Diègue ne songent guère d’abord qu’à se louer, et don Diègue a commencé même assez doucement avec le comte en lui demandant d’accepter son fils pour gendre. […] Il commence donc à la française in medias res, en ne prenant qu’un fils sur trois, en ne donnant à don Diègue qu’un fils unique, et en lui faisant adresser tout de suite, par son père, le mot décisif : Rodrigue, as-tu du cœur ? […] … Corneille, je l’ai déjà remarqué, commence toujours par le trait le plus saillant : il entame et présente la situation par l’arête vive. […] Sa provocation au comte se fait sous les yeux de tout ce monde, Diègue en personne excitant son fils de sa parole et de son regard ; le combat brusqué commence sur la place même, au seuil du palais, et s’achève à deux pas de là.
je n’étais pas malheureux alors ; je commençais à me fatiguer du tourbillon où mon inconstance m’avait entraîné, et à croire qu’il était temps de songer à une demi-retraite… Je me plaisais à mes maux, à mes pleurs, au faible murmure de mon repentir. […] Ici commencent des tableaux naturels merveilleusement saisis. […] Ces pages-là, si vraies de couleur et de sentiment, sont surtout belles par la philosophie élevée ou elles aboutissent : cela commence par l’aquarelle et finit par le rayon d’Emmaüs. […] La plupart se lèvent avant le jour, pour arriver à l’heure où commence le travail. […] Aujourd’hui la terre est trop bello, Je n’en détache plus les yeux, Je t’y vois, et crois dans ces lieux Commencer la vie immortelle.
Quelquefois j’arrivais un peu trop tôt, et je trouvais quelque homme ou quelque femme célèbre, achevant la conversation commencée avec la personne qui m’attirait seule, et s’étonnant de la présence de ce mélancolique jeune homme qui saluait respectueusement, mais qui mêlait rarement un mot court et convenable à l’entretien. […] Nous nous étions rencontrés non par hasard, mais par attraction, il y avait un an et demi, dans les montagnes de la Savoie, divines solitudes pour commencer ou finir la vie ! […] On commença par murmurer, on finit par être de mon avis. […] Nous n’avons plus affaire à ce jeune et sincère désabusé qui a écrit l’Essai en toute rêverie et en toute indépendance, y disant des vérités à tout le monde et à lui-même, et ne se tenant inféodé à aucune cause : ici il se pose, il a un but, et le rôle est commencé. […] Il poursuit : « Cependant la nuit approche ; le bruit commence à cesser au dehors, et le cœur palpite d’avance du plaisir qu’on s’est préparé.
après avoir mal commencé, il a bien fini. […] Il commença pourtant par faire des vers, des odes ; on l’a accusé d’en avoir fait en l’honneur des Brienne et des Lamoignon. […] Target ayant commencé une harangue au roi par ces mots : « Sire, nous apportons aux pieds de Votre Majesté », on lui crie : À bas les pieds ! […] Mais, ô nuit charmante, o vere beata nox, pour mille jeunes recluses, bernardines, bénédictines, visitandines, quand elles vont être visitées… Voilà Camille qui commence à se révéler avec ses goûts de saturnales, sa république de Cocagne comme il la rêve, cette république qu’il a presque inaugurée, le 12 juillet, en plein Palais-Royal, et qui dans son imagination s’en ressentira toujours. […] De soixante personnes, députés, journalistes qui signèrent son contrat de mariage, il ne lui restait plus, en décembre 93 (au moment où il commença Le Vieux Cordelier), que deux amis, Danton et Robespierre : tous les autres, à cette date, étaient émigrés, incarcérés ou guillotinés.
Elle va un jour en visite à l’abbaye de Fontevraud, où elle avait une tante abbesse, fille naturelle d’Henri IV, et elle commence à s’y ennuyer dès le premier instant. […] La reine d’Angleterre, de qui elle avait éconduit le fils comme épouseur, dit ironiquement « que c’était bien juste qu’elle sauvât Orléans comme la Pucelle, ayant commencé par chasser les Anglais ». […] Elle commença à écrire ses mémoires. […] Mademoiselle avait quarante-deux ans ; elle avait manqué tant et de si grands mariages, qu’elle semblait n’avoir plus qu’à demeurer dans cet état indépendant et libre de la plus riche princesse de France, lorsqu’elle commença (1669) à remarquer M. de Lauzun, favori du roi, et plus jeune qu’elle de plusieurs années. […] Il y avait des jours pourtant où l’on aurait dit qu’il commençait à entendre ; mais il s’échappait toujours à temps « par des manières respectueuses qui étaient pleines d’esprit », et qui achevaient d’enflammer l’innocente princesse.
Il commença par servir vaillamment dès 1672, d’abord comme aide de camp du Grand Condé, puis il eut le guidon et bientôt l’enseigne de la compagnie des gendarmes de la garde du roi. […] À quinze ans je l’ai connue, et à quinze ans j’ai commencé à l’aimer ; depuis, cette passion a toujours réglé ma vie, et il n’y a rien que je ne lui aie sacrifié… Il n’y a plus de lieu où j’aie envie d’aller, tout m’est égal ; ma chère Marianne donnait de la vie à tout ; et, en la perdant, tout est mort pour moi ; je découvrais tous les jours en elle de nouveaux sujets de l’aimer, sans pouvoir jamais en découvrir aucun de ne la pas aimer. […] En m’éveillant, il vient se saisir de moi, et me serre le cœur avant que ma raison soit encore éveillée et m’ait appris la cause de ma douleur. » Tout cela est très vrai, d’un accent très senti, et vaut mieux que toutes les railleries du monde qui a commencé par en sourire, et qui a triomphé ensuite quand cette grande résolution n’a pas duré. […] La campagne fut assez faiblement menée des deux parts ; elle commença tard et finit tôt. […] Ce n’est qu’après cette aventure de quelques mois que Lassay rentra en France en 1686 : il me semble que nous commençons à le connaître et que nous pouvons nous rendre compte de la réputation d’inconsistance et d’inégalité qu’il s’était faite, et dont il ne se releva jamais qu’imparfaitement.
Bien des années après en être sorti et dans son dernier séjour à Venise, Léopold Robert à qui il était arrivé une fois par exception de recevoir d’avance d’un ami le prix d’un tableau qui n’était pas commencé, en ressentait presque un remords : Rien ne me tourmente plus que l’idée de faire un travail dû ; elle est toujours là… Jamais je ne consentirais avec personne d’être payé avant d’avoir livré un tableau qui me serait demandé. […] Il avait commencé par s’essayer à peindre des intérieurs d’église et de cloître. […] Ne lui demandez pas la théorie à l’origine, ni les grandes considérations sur les arts, toute ces choses qu’on a surtout à Paris et par lesquelles trop souvent on commence ; lui, comme ces pieux ouvriers d’autrefois, penchés sur leur toile tout le jour, il ne raisonne pas tant, ou du moins il ne raisonne que sur la toile présente et sur le sujet qui l’occupe dans le moment ; il s’y absorbe tout entier. […] Dans son séjour de Rome, il commençait à se lasser de ne faire que de petits tableaux à une ou deux figures et de les répéter. […] Ce serait faire tort à la pensée et au vrai style de Léopold Robert que d’en citer certaines phrases textuelles : ce qu’il faut y voir plutôt, c’est le point où il commence à se distinguer et où il tend à sortir du ton et des habitudes d’alentour : Je ne vois plus ces messieurs aussi souvent, écrivait-il le 25 septembre 1823 ; je vais rarement à l’Académie, mais tous les jours nous nous voyons avec Schnetz et Beauvoir ou chez lui ou chez moi.
Voilà déjà dix ans que la popularité de Béranger a commencé visiblement à décroître ; c’était encore de son vivant ; mais une popularité si haut montée ne pouvait décliner doucement et baisser petit à petit : il s’est bientôt déclaré, lui disparu, un entraînement en sens contraire ; et, comme, après une grande marée, on a eu sous les yeux un vaste reflux. […] Je ne me dédis en rien de ce que j’ai écrit autrefois dans ce même journal23 ; seulement ceux qui ont cru que, de ma part, c’était une manière de commencer, se sont mépris sur mon intention ; c’était une manière de finir. […] Chansonnier plus tard par calcul, par choix littéraire, il avait commencé bien sincèrement par l’être d’instinct et de vocation. […] D’autres journées sont moins heureuses ; il y a des jours gras (1811) où, faute d’argent, le carême commence pour lui plus tôt qu’il ne devrait : « Je n’ai pris aucun divertissement ; j’aurais bien voulu être auprès de vous, écrit-il à Quenescourt. […] La chanson était la distraction légère et le hors-d’œuvre sur lequel il ne comptait pas, et il fondait tout son espoir de renommée sur un poëme (je ne sais quel poëme épique pastoral) qu’il corrigeait et retravaillait sans cesse : « Si l’amour-propre ne m’égare pas, je crois commencer un peu à comprendre ce que c’est que la poésie ; mais qu’il y a encore à apprendre !
Élevée au château de Saint-Aubin, sous l’aile de sa mère, avec une gouvernante bonne musicienne, elle commença par lire Clélie et des pièces de théâtre. […] M. de Genlis dessinait parfaitement à la plume la figure et le paysage ; je commençai à dessiner et à peindre des fleurs. […] On serait pourtant trop incomplet à ce sujet, si l’on ne disait quelque chose des épigrammes qui commencèrent dès lors à l’assaillir. […] À cette époque, le jeune duc d’Orléans commençait à revenir de sa soumission absolue aux idées de son gouverneur. […] Sa journée, invariablement réglée et remplie à tous les instants, commençait encore par quelques gammes sur la harpe, comme dans la jeunesse, et de là se distribuait en mille emplois avec une activité persistante.
Celui qui devait si heureusement ressembler à Plaute commençait par être esclave comme lui. […] Dans Le Bal, Regnard commence à employer le vers et nous donne le premier échantillon de cette jolie versification si vive, si nourrie, si pétillante. […] Le couplet qui commence ainsi : Oui-da, l’état de veuve est une douce chose ! […] Avec Le Joueur (1696) la grande comédie commence. […] la femme sensée et rigide, le comique riant et un peu dissolu disent la même chose ; Mme Grognac et Lisette chez Regnard, quand elles parlent des jeunes gens à la mode, font le pendant exact de ce que Mme de Maintenon racontait à Mme des Ursins sur les jeunes femmes à la mode au temps de la duchesse de Bourgogne : des deux côtés, c’est le jeu effréné, c’est le vin, le contraire en tout du sobre et du poli ; l’orgie avait commencé à huis clos sous Louis XIV.
Si vous voulez comparer les peintures du caractère français dans les mémoires des différentes époques, à commencer même par les Commentaires de César, vous verrez combien ce caractère est resté immuable. […] Mais cette différence, qui fut si considérable autrefois parmi nous, s’est affaiblie depuis longtemps ; il n’en reste plus que quelques traces qui finiront bientôt par s’effacer tout à fait ; et même on peut dire que la révolution est venue leur rendre un relief qu’elles commençaient à n’avoir plus. […] Chez nous, par exemple, dès le moment où le tiers-état a commencé à se soustraire à la féodalité, c’est-à-dire vers le temps des croisades, il a commencé à être la nation même ; car la noblesse n’a plus eu qu’un ministère à l’égard de la société, c’est-à-dire un service public à accomplir : des honneurs sans doute étaient attachés à ce service public, mais enfin la nation tout entière marchait dans la direction progressive dont nous venons de parler. […] Si nous parcourions toute la série d’idées que peut faite naître le sujet qui nous occupe, nous verrions que le duel, reste de nos anciennes mœurs, s’est conservé intact dans nos mœurs nouvelles, mais qu’il commence à sortir de la sphère des opinions ; que l’institution du jury, réclamée par nos opinions, et regardée avec raison comme le fondement de toutes nos garanties sociales et de nos libertés actuelles, n’est point entrée dans nos mœurs, puisque nous obéissons avec tant de répugnance à la loi qui nous impose le devoir de juger nos pairs, puisque les jugements rendus dans le sanctuaire de la justice, sous la responsabilité de la conscience des jurés, sont attaqués ouvertement, et discutés comme nous discutons tout ; nous verrions enfin que si nous n’étions pas soutenus par l’esprit de parti, nous nous acquitterions de nos fonctions d’électeurs avec une négligence que l’on prévoit déjà pour l’avenir. […] Notre immortel Molière signale, par un de ses chefs-d’œuvre, l’époque où les femmes commencèrent à vouloir entrer en partage avec les hommes, et à cesser d’être sous le joug de l’antique tutelle.
Bussy-Rabutin, historien trop véridique de son siècle, nous a transmis les noms des principales héroïnes de la galanterie qui commençait à fatiguer la cour par ses excès, et qui amena un nouveau genre de dissolution. […] Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M. […] « Je commandais la basse-cour, a dit depuis madame de Maintenon, et c’est par ce gouvernement que mon règne a commencé. » Madame de Neuillan plaça ensuite Françoise d’Aubigné au couvent des ursulines de Niort. […] L’orgueil étant désintéressé, elle se laissa aller à ce que pensait et pratiquait le couvent, soit par cette disposition à sympathiser avec des opinions générales, disposition qui formait un des traits de son caractère, soit par cette ambition d’estime, d’affection, de considération qui lui était propre aussi, et qui commençait à se développer en elle. […] C’est, dit-il, une singularité de plus dans la vie de madame de Maintenon, qu’elle a commencé par déplaire au monarque qu’elle a captivé.
Même quand je fais attention à la simple représentation d’un objet absent, je commence des mouvements semblables. […] En un mot, il commencera à classer. […] Juger que la table est carrée, c’est commencer à se mouvoir par l’imagination jusqu’au centre de cette table pour se donner la sensation de ses quatre côtés. […] Cette continuation est elle-même une persistance dans le mouvement commencé, dans l’action commencée. […] Ce ne sont pas simplement des reflets, mais des abréviations qui conservent une force efficace et s’accompagnent de mouvements commencés.
Si, dans sa vie, il songea beaucoup à la poésie et à la gloire, il commença par beaucoup écrire pour les libraires. […] Je recommande la pièce intitulée Rupture et qui commence ainsi : « Brisons des nœuds dont l’étreinte vous blesse… » ; mais j’aime mieux citer la pièce qu’il a appelée Dernière élégie. […] On voit qu’il commence à se compléter à nos yeux par bien des points, esprit coquet, chatoyant, inquiet, furtif, lascif et fascinateur. […] Il commençait à s’impatienter terriblement de n’avoir pas son tour. […] Là, l’ingratitude commence ; vous demandez à la poésie un salaire, autre chose que le bonheur qu’elle donne à la cultiver, vous méritez d’en être puni, et vous allez l’être.
A l’âge de près de soixante ans, il commença à se douter qu’il pouvoit devenir Auteur ; exemple rare dans un siecle, où l’on n’attend pas si long-temps à se croire en droit d’assommer le Public par ses Ecrits. […] On a lieu de penser que s’il eût commencé plutôt, il auroit pu donner à son style plus de correction, plus de noblesse, plus de chaleur, & se guérir sur-tout d’une diffusion assommante, défaut ordinaire aux vieux Ecrivains, & sur-tout à ceux qui n’ont pas travaillé de bonne heure à s’en garantir.
Le noble Gunther commença d’en prendre de l’inquiétude. […] La lutte commençait. […] Les fêtes commencent. […] Quand Brunhilt le vit, elle commença de pleurer. […] L’ours commença de s’irriter.
Nous avons tant de mal à dire de ce poème, que nous commencerons par le bien que nous avons à dire aussi du traducteur. […] Dans le poème dont il a commencé la traduction, et qui, nous le reconnaissons, est un travail cyclopéen de philologie et de difficulté d’expression, il n’a pas su distinguer ce qui appartenait à l’esprit hindou de ce qui ne lui appartenait pas, et, cette distinction faite, combien il restait peu à Valmiki de puissance réelle, de sens des choses de l’âme, de vrai génie ! […] Vous pouvez tourner les pages du Ramayâna les unes après les autres, et vous n’en trouverez pas une seule qui rappelle en énergie et en vérité l’épisode du Koran, par exemple, où les amies de la femme de Putiphar, qui ont commencé à blâmer l’amour honteux de la belle égyptienne pour son esclave, ne s’aperçoivent pas qu’elles se coupent les doigts avec leurs couteaux, dans leurs rêveries, en le regardant servir à table, affolées qu’elles sont déjà de l’éclatante beauté de Joseph. […] » Cependant, tel que le voilà traduit, ce livre bizarre, c’est un événement, et non pas seulement pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; car il atteste, ce que l’on commençait bien d’entrevoir, il est vrai, et ce qu’il faudra bien finir par proclamer tout haut, que les païens de toute espèce, battus par les doctrines chrétiennes, qui voulaient faire sortir de l’Inde une poésie et une philosophie pour les opposer à tout ce que le Christianisme a créé dans l’ordre du beau et du vrai parmi nous, n’ont trouvé, en somme, ni l’une ni l’autre.
Bottin-Desylles Mon très cher parent et très cher ami Je vous dédie ce livre comme le témoignage d’une admiration qui a commencé dès que j’ai pu comprendre, et d’une affection qui a commencé dès que j’ai pu sentir.
S’enthousiasmer pour elles, c’est déjà en quelque façon les dépasser et commencer à s’en guérir. […] Ses vingt-cinq ans étaient déjà passés quand sa liaison avec M. de La Rochefoucauld commença. […] Encore une fois, il commença par pratiquer le roman, du temps de Mme de Chevreuse ; sous la Fronde, il essaya l’histoire, la politique, et la manqua. […] L’honnête homme accompli commence, et le moraliste se déclare. […] Les grands monuments de prose, les éloquents ouvrages oratoires qui consa crent le règne de Louis XIV, ne sortirent que depuis 1669, à commencer par l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre.
Ils ont commencé par l’excès, par l’abus ; ils ont abondé dans leur sens, ils ont beaucoup hasardé : mais bientôt ils ont tant vu et compulsé de pièces de ce xviiie siècle qu’ils chérissent et où ils ont placé leurs origines, ils ont tant recherché et comparé de tableaux, d’estampes et d’images, tant recueilli de détails, tant colligé d’anecdotes, tant dépouillé de journaux, de correspondances, en finissant par les gros livres et par les ouvrages de poids, qu’ils sont devenus à leur tour des habiles, des peintres et témoins fidèles, des experts de première qualité dans la connaissance de cet âge si voisin de nous et si compliqué, si raffiné. […] MM. de Goncourt ont commencé le dîner par le dessert : ce n’est pas précisément le meilleur moyen de se faire, en général, un tempérament solide ; mais une fois n’est pas coutume, et eux, ils ont su se faire, à ce régime, un tempérament exquis. […] L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani. […] Comme ils sont entrés dans cette époque par l’art et par les tableaux, les livres ne sont venus pour eux qu’en second, et quand ils ont abordé les livres, ils ont commencé par les plus minces, les plus légers, les plus piquants, les plus analogues aux peintures de genre. […] Et puisque j’ai commencé de me découvrir, je ne m’arrêterai pas en si beau chemin et j’achèverai, s’il le faut, de me perdre dans l’esprit, de beaucoup de mes contemporains et des plus chers : oui, en matière de goût, j’ai, je l’avoue, un grand faible, j’aime ce qui est agréable.
Arnould Fremy, qui se porte aujourd’hui pour juge absolu du véritable esprit de la poésie grecque et de la simplicité antique, a commencé, il y a une quinzaine d’années, sous des auspices bien différents. […] remy très-digne de ce rôle mixte, à la fois sérieux et point pédant ; il a eu pourtant au début une inspiration malheureuse, selon nous : il y avait peut-être à faire un meilleur usage de ses acquisitions classiques que de commencer par les tourner contre André Chénier, et de venir déclarer en suspicion une muse en qui le parfum antique est universellement reconnu. […] Le fond du cœur commence à percer : ce n’est pas un ami, ce n’est pas même un indifférent qui écrit ici sur André Chénier. […] Il voudrait avant tout que le poëte eût débuté autrement ; car les Anciens commencent d’ordinaire par définir leur sujet, par dire : Je chante tel homme ou telle chose. […] Au moment où André Chénier commença, j’aperçois dans l’air une multitude de papillons plus ou moins brillants : on eut une abeille.
Il est comme saisi et transporté de l’ivresse de sa nouvelle condition paternelle ; son style cette fois s’allège et bondit : Puer nobis natus est, s’écrie-t-il, comme dans la messe de Noël, il me plaît de commencer cette lettre par un passage de l’Église, à l’imitation de nos anciens avocats en leurs plaidoiries d’importance… Je suis donc augmenté d’un enfant, et augmenté de la façon que souhaitait un ancien philosophe, c’est-à-dire d’un mâle et non d’une fille ; je dirois Parisien et non Barbare, n’étoit que ce nom sonne mal aux oreilles de tous… Et il raconte comment, par jeu et par un reste de superstition d’érudit, il a voulu chercher l’horoscope de ce fils, en ouvrant au hasard quelque livre de sa bibliothèque. C’est Ovide qui lui est tombé sous la main, et qu’il a lu en deux ou trois endroits ; et il interprète l’oracle gaiement, concluant de l’un de ces passages qu’il ne faut suivre, en matière de vertu et de maniement de fortune, ni la secte trop dissolue des épicuriens, ni celle, trop rigide et trop nue, des stoïques ou des cyniques, mais se rapporter tant qu’on peut, ici-bas, à la maxime du sage mondain Aristote, qui est de jouir de la vertu en affluence de biens : « Voilà comment, petit père, ajoute-t-il en parlant de lui-même, j’ai commencé à dorloter mon enfant. » Les Lettres de Pasquier, qu’il commença lui-même de publier en dix livres (1586), et qui ont été complétées après lui jusqu’au nombre de vingt-deux livres, sont d’une lecture très instructive, plus attachante à mesure qu’on s’y enfonce, et qui nous le rend tout entier avec son monde et son époque. […] Il est en ce point le devancier de Balzac, du chevalier de Méré, de cette école ingénieuse et compassée qui fit faire à la langue sa dernière année de rhétorique : la première année de cette rhétorique commence déjà sensiblement chez Pasquier. […] La partie politique commence avec le IVe livre des Lettres de Pasquier : on y peut suivre l’origine des troubles (1560), l’invasion, les progrès, les intermittences et redoublements successifs de cette fièvre religieuse et civile. […] Pasquier lui répond que si l’on pouvait librement choisir, et que si l’on était à commencer sa carrière, il faudrait appliquer ici le précepte des médecins sur la peste : Partir tôt, aller loin, et revenir tard : « Mais puisque chacun de nous a passé plus de la moitié de son âge, même que vous, depuis dix-sept ou dix-huit ans en çà, avez été appelé aux plus belles charges de notre robe, il me semble qu’il nous faut résoudre de vivre et mourir comme bons citoyens avec notre État. » Le conseil qu’il donnait là à Pibrac, il le pratiqua aussi pour lui-même : on le vit dans la seconde moitié de sa carrière, lorsqu’il eut passé du barreau dans les rangs de la haute magistrature et qu’il fut devenu avocat général en la Cour des comptes (1585), en remplir tous les devoirs, y compris l’exil, et s’attacher invariablement à toutes les fortunes qui ballottèrent, durant la Ligue, les débris du Parlement et des cours souveraines de la France.
Pascal, qui alors commença à briller, se ressent aussi de ces influences. […] Son éclat commença à se ternir quand il eut perdu ce noble cortège. […] À cette époque, un tel caractère commençait à être rare. […] Sa carrière littéraire commença par une attaque contre la civilisation. […] Par là aussi l’ignorance commença à se répandre.
Nous en sommes donc, en 1830, à la tolérance religieuse la plus absolue ; la philosophie, qui naguère était hostile aux cultes, est plutôt devenue bienveillante, et l’indifférence un peu matérielle, dont la société souffre depuis plusieurs années, commence à céder à des besoins de moralité plus épurée et de solutions supérieures. […] L’Angleterre commence à s’apercevoir aujourd’hui que tout n’a pas été consommé alors, et que, contre les vices de sa Constitution, contre les désordres invétérés de son état social, une autre révolution reste à faire. L’émancipation catholique a heureusement commencé ; la réforme parlementaire n’achèvera pas, car il restera encore à briser la grande propriété, cet énorme fardeau qui écrase tant de millions de prolétaires ; et ici ce n’est plus une difficulté, c’est un péril.
. — L’inclination du roi pour elle commence à percer. — Madame Scarron commence à voir quelques amies. — Légitimation des trois bâtards du roi. […] Remarquez enfin dans la lettre de madame de Coulanges le mot qui commence la phrase qui suit la nouvelle : « Cependant, dit-elle, elle est plus occupée de ses anciennes amies qu’elle ne l’a jamais été. » Cependant vient bien après l’approbation d’un homme tel que le roi ; mais quel ridicule serait égal à celui de madame de Coulanges disant : M. de Coulanges mon mari trouve madame Scarron de fort bonne compagnie, et cependant elle veut toujours bien nous regarder !
Le lecteur oublie qu’il a douté, pour commencer à croire. […] Nous commencerons par un morceau d’histoire curieux & assez bien écrit. […] Ces mémoires commencent en 1556. […] Du Castre d’Auvigni, qui a commencé cet ouvrage, ne vouloit qu’être éloquent. […] & commence au septiéme siécle de la fondation de Rome.
Et si, quelque bonne volonté qu’on apporte à cette lecture, les trois quarts de ces notes sont décidément dénuées d’intérêt, il ne faut pas oublier qu’il n’était qu’un enfant quand il commença à les écrire. […] Se regarder vivre est bon ; mais, après qu’on s’est regardé, fixer sur le papier ce qu’on a vu, s’expliquer, se commenter (à moins d’y mettre l’adorable bonne grâce et le détachement de Montaigne) ; se mirer longuement chaque soir, commencer ce travail à dix-huit ans et le continuer toute sa vie… cela suppose une manie de constatation, si je puis dire, un manque de paresse, d’abandon et d’insouciance, un goût de la vie, une énergie de volonté et d’orgueil, qui me dépassent infiniment. […] Il faut commencer par sentir les choses profondément — et brièvement pour être capable de les rendre ensuite dans leur vérité. […] J’avais une tenue superbe de fierté et d’enthousiasme. » Et plus loin : « La charmante grâce de ma déclamation a interdit Louason. » Ou bien : « La réflexion profonde (à la Molière) que je fais dans ce moment, etc… » Ou encore : « Je commence à aborder dans le monde le magasin de mes idées de poète sur l’homme.
c’est M. de Schlegel, — a commencé la réaction contre Molière, qu’il accuse nettement d’abaissement et de vulgarité, et il lui préfère, l’éminent critique ! […] Homme de son temps (c’est l’éloge du temps), et voyant partout, comme les historiens de ce temps, des influences, il a pénétré celle qu’exerça la marquise de Rambouillet : « Sous cette influence — dit-il — les hommes commencèrent à rechercher la société des femmes, qu’ils n’avaient jamais recherchée jusque-là. » On le sait, ils vivaient dans les bois ! […] Alors on comprend la tristesse, encore plus comique que le respect, de l’historien quand il s’aperçoit qu’il ne sait pas plus exactement le moment où commencèrent que celui où se terminèrent de si belles choses. […] « Il est aussi impossible de dire quand les réunions de Rambouillet ont commencé que quand elles cessèrent », écrit-il avec un découragement profond.
Cette observation, que la Critique ne pouvait omettre quand il s’agissait d’un ouvrage qui commence avec le xviiie siècle, Ernest Moret l’a faite, comme nous, dans sa préface, et de la même plume il a pourtant écrit modestement au front de son livre : Quinze ans du règne de Louis XIV 15. […] Il semble avoir trop pensé que l’histoire pouvait se commencer indifféremment à toute date, et qu’une fois sur cette date, il n’y avait plus qu’à enfourcher les faits et à trotter. […] Moret suit pied à pied les négociations mêlées à la guerre, et la guerre elle-même, jusqu’au moment des défections, plus amer peut-être que celui des défaites, où les alliés de Louis XIV commencèrent de l’abandonner, et où Villars, frappé dans le sentiment de sa supériorité méconnue, quitta le théâtre de la guerre pour venir pacifier les Cévennes, déchirées par le calvinisme insurgé. […] L’auteur des Quinze ans du règne de Louis XIV rencontrera-t-il plus tard, sur l’homme et le règne dont il a commencé de raconter le déclin, une idée qui dépasse toutes celles qu’on trouve dans la majorité des esprits ?
III Ce monde était bien petit, même pour un petit enfant ; mon intelligence commençait à se développer avec l’âge, et à s’interroger sur ce qui était derrière la montagne. […] IV Quoi qu’il en soit, je commençais à penser et à comprendre que d’autres autour de moi pensaient plus que moi ; je commençais même à comprendre non la nature, mais le fait de cette transformation en pensée des caractères matériel qu’on me faisait tracer ou lire, et la transformation de cette pensée en caractères, c’est-à-dire en livres. […] Cependant, malgré la dureté de l’apprentissage, je commençais à trouver de temps en temps un plaisir sévère à ces récits pathétiques, à ces belles pensées qu’on nous faisait exhumer mot à mot de ces langues mortes ; un souffle harmonieux et frais en sortait de temps en temps, comme celui qui sort d’un caveau souterrain muré depuis longtemps et dont on enfonce la porte. […] Alors commençait entre ces trois hommes, d’âge, d’esprit et de condition si divers, un entretien d’abord familier comme le voisinage et nonchalant comme le loisir sans but ; mais bientôt après l’entretien sortait des banalités de la simple conversation ; il s’élevait par degrés jusqu’à la solennité d’une conférence sur les plus graves sujets de la philosophie, de la politique et de la littérature. […] Lisez les annales des peuples ; vous vous convaincrez d’un coup d’œil que, tant qu’ils n’ont pas été littéraires, ils n’ont pas été, et que leur mémoire commence avec leur littérature.
Élevé au hasard, mis pour toute école à la mutuelle, puis petit clerc d’avoué, il s’est formé lui seul ; il a dû faire lui-même son éducation, acquérir sans maître sa littérature : il a commencé d’écrire avant de commencer à étudier. […] Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse. J’admets qu’on les aime modérément ; mais pourquoi, chaque fois que l’on passe chez eux, commencer par les insulter ? […] C’est ici que ma querelle sérieuse avec lui commence, et qu’avant de louer l’écrivain, l’excellent prosateur, et d’admirer le peintre vigoureux de la réalité, j’ai besoin absolument de m’expliquer sur le fond des choses, de marquer mes réserves ; car tout ce qui n’est pas croyant et convaincu à sa manière, gallicans, protestants, à plus forte raison déistes, naturistes ou panthéistes, comme on dit, tout y passe ; il les raille, il les crible d’épigrammes flétrissantes (car il a la touche flétrissante) ; il les traite même, en ses heures d’indignation, comme des espèces de malfaiteurs publics.
La guerre commence, la plus abominable des guerres. […] Le récit, qui se divise en quinze chapitres ou tableaux, commence au moment où les Mercenaires accumulés dans Carthage inquiètent la population et les magistrats. […] Mais une barre lumineuse s’éleva du côté de l’Orient ; à gauche, tout en bas, les canaux de Mégara commençaient à rayer de leurs sinuosités blanches les verdures des jardins. […] Les rues désertes s’allongeaient ; les palmiers, çà et là sortant des murs, ne bougeaient pas ; les citernes remplies avaient l’air de boucliers d’argent perdus dans les cours ; le phare du promontoire Hermœum commençait à pâlir. […] On entendait dans le bois de Tanit le tambourin des courtisanes sacrées ; et, à la pointe des Mappales, les fourneaux pour cuire les cercueils d’argile commençaient à fumer. » J’admire la conscience et le pinceau du paysagiste : mais de même que Salammbô m’a rappelé Velléda, je me rappelle inévitablement ici tant de belles descriptions de l’Itinéraire, et particulièrement Athènes contemplée du haut de la citadelle au lever du soleil : « J’ai vu du haut de l’Acropolis le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette… » Le panorama de Carthage vue de la terrasse d’Hamilcar est un paysage historique de la même école, et qui accuse le même procédé ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pris également sur nature, du moins en ce qui est des lignes principales.
Les miracles, il commence par là ; naturellement et nécessairement il est tout entier croyant, et de toutes ses forces, au surnaturel et au divin dans les prodiges opérés ; mais il en distingue le caractère particulier et nouveau, qui est tout humain : « Ce ne sont point, dit-il, des signes dans le ciel, tels que les Juifs les demandaient : il les fait presque tous sur les hommes mêmes et pour guérir leurs infirmités. […] On n’a jamais mieux fait entendre depuis Pascal que c’est là une nouvelle conduite, un nouvel ordre moral qui commence. […] Il parle fort bien, pour commencer, des Égyptiens, et il a un sentiment juste de l’importance de ce premier grand empire civilisé. […] Il parle ensuite des deux empires d’Assyrie ; mais tout cela est trop conjectural encore, et ce n’est qu’avec la Grèce que l’historique proprement dit commence. […] Ce qui les forme, ce qui les achève, ce sont des sentiments forts et de nobles impressions qui se répandent dans tous les esprits et passent insensiblement de l’un à l’autre… Durant les bons temps de Rome, l’enfance même était exercée par les travaux ; on n’y entendait parler d’autre chose que de la grandeur du nom romain… Quand on a commencé à prendre ce train, les grands hommes se font les uns les autres ; et si Rome en a porté plus qu’aucune autre ville qui eût été avant elle, ce n’a point été par hasard ; mais c’est que l’État romain constitué de la manière que nous avons vue était, pour ainsi parler, du tempérament qui devait être le plus fécond en héros. » La guerre d’Annibal est très-bien touchée par Bossuet ; et quand il a bien saisi et rendu le génie de la nation, la conduite principale qu’elle tint les jours de crise, et le caractère de sa politique, il ne suit pas l’historique jusqu’au bout, comme l’a fait et l’a dû faire Montesquieu.
Mme de Staal méritait à bon droit d’ouvrir la série, car c’est avec elle que commencent véritablement le genre et le ton propres aux femmes du xviiie siècle. […] Le xviiie commence avec Mme la duchesse du Maine et avec Mme de Staal, de même qu’on en sort par l’autre Mme de Staël et par Mme Roland : je mets ce dernier nom à dessein, car il marque tout un avénement, celui du mérite solide et de la grâce s’introduisant dans la classe moyenne, pour y avoir sa part croissante désormais. […] A partir d’elle on a commencé à posséder comme un droit ce qui n’était guère auparavant qu’une audace et une usurpation. […] Mme de Staal commence donc le xviie siècle, dans la série des écrivains-femmes, aussi nettement que Fontenelle l’a fait dans son genre. […] Cette absence de la pensée est le plus violent symptôme, en effet, pour une âme de philosophe, pour quiconque a commencé par dire : Je pense, donc je suis.
Puis les fibres commencent à se montrer d’abord dans les parties postérieures et moyennes, ensuite dans les parties antérieures. Au bout de quelques mois au contraire, les parties antérieures et supérieures se développent avec plus d’énergie que les autres parties, et alors commencent pour l’enfant l’attention, la réflexion, le langage, en un mot les facultés vraiment rationnelles. […] Alors il y a un point d’arrêt pendant lequel il semble que le cerveau reste stationnaire, puis il commence à décroître ; il s’amaigrit, se rapetisse, s’amollit ; les circonvolutions se rapprochent et s’effacent. […] Notre race commence à reconnaître des sœurs dans les races inférieures ; la conscience humaine franchit la question zoologique et la tranche instinctivement : voilà le grand spectacle que présente l’humanité dans le monde entier. […] On objectera que nous commençons à nous indigner, même des mauvais traitements infligés aux animaux : exemple, la loi Grammont ; oui, sans doute, nous nous indignons des cruautés, mais non de l’esclavage, ce qui est bien différent.
D’ailleurs c’est une chose assez naturelle que, sur la limite de deux ères, l’une qui commence et l’autre qui finit, il se trouve des hommes pourvus, comme le Janus de la fable, de deux faces, l’une pour regarder ce qui a été, et en tirer les derniers enseignements, l’autre pour considérer ce qui s’avance, et en prévoir les résultats. […] Il n’y a pas, en apparence, moyen de réconcilier les opinions diverses qui se partagent le monde, parce que la différence essentielle et fondamentale commence, ainsi que nous essaierons de l’établir, à la source même de la pensée, Tâchons donc de remonter jusque-là, et peut-être serons-nous plus disposés à nous entendre. […] Lorsque Numa Pompilius monta sur le trône pour commencer ce long règne pacifique où furent fondées toutes les institutions romaines, il eut à opérer la fusion de deux peuples en un seul. […] Encore cela n’aurait pas suffi, s’il n’eût pas commencé par jouer avec soin le rôle d’un restaurateur des doctrines sociales. […] C’est toujours à cette mémorable époque du premier retour du roi qu’il faut remonter lorsque l’on veut étudier les destinées qui nous sont promises, parce que c’est là seulement que commence notre avenir.
Pour commencer par le point qui offre le plus de prise aux conjectures ; lorsque notre régime constitutionnel sera affermi, lorsque nos habitudes sociales seront prises, nous imposerons à tous les peuples une éloquence parlementaire inconnue jusqu’à présent. […] Ce qui arrive toujours arrive encore aujourd’hui : nos institutions commencent à modifier nos discours ; c’est une preuve certaine que bientôt elles seront réalisées. […] Le goût, qui n’est autre chose que le tact des convenances, suffit pour achever de détruire les derniers vestiges de cette idolâtrie de l’imagination ; et la langue française, docile surtout aux règles du goût, commence à refuser son appui à de telles divinités. […] Le temps est venu de commencer à introduire dans les premiers rudiments de l’éducation l’étude des langues orientales, de se former de nouvelles traditions littéraires. […] Les langues orientales contiennent des trésors que nous commençons à peine à soupçonner.
Il avoit près de soixante ans lorsqu’il commença à s’exercer dans la Poésie. […] Ils commencent ainsi : M’abandonnant un jour à la tristesse, Sans espérance & même sans désirs, &c.
Quatorze ans plus tard, et déjà célèbre par ses services de guerre et la faveur du peuple, il remportait, aux grandes Panathénées, la palme sur Eschyle ; et ce triomphe commençait une carrière de chefs-d’œuvre dramatiques soutenue jusqu’à l’extrême vieillesse. […] Apollon ne se reconnaît plus à ses honneurs : les Dieux s’en vont. » Cette invocation devant le peuple d’Athènes, cet appel à l’éternité de la loi morale, cette demande aux Dieux de manifester leur justice, n’était-ce pas l’hymne sacré dans toute sa puissance, transporté sur le théâtre et y continuant l’instruction commencée dans les temples ? […] Et quel hymne dépassa jamais cette invocation d’Hippolyte à Diane, dans le Chœur joyeux et pur par où commence avec tant de grâces la tragédie sanglante de Phèdre ? […] Puissé-je, à mon déclin, terminer ma vie comme je la commence ! […] « Il existait le chaos et la nuit, et, au commencent ment, le noir Érèbe et le Tartare ; mais ni la terre, ni l’air, ni le ciel, n’étaient encore.
Le monde a-t-il commencé par un jour ? a-t-il commencé par une nuit ? Nous croyons qu’il a commencé par une aurore. Ces philosophes croient qu’il a commencé par les ténèbres. […] a-t-il commencé par l’intelligence ?
« — Vos bottes commencent à vous tenir aux pieds, dit-il. […] Après ce geste convulsif, il but encore un peu de vin dans son coco, donna un coup de pied d’encouragement dans le ventre du petit mulet, et commença. […] On s’y amusait souvent d’une fière façon, et le voyage commença cette fois assez agréablement, si ce n’était… Mais n’anticipons pas. […] Ils commençaient encore à s’embrasser ; je frappai du pied vivement pour les faire finir. […] Les habitants commençaient à retirer les drapeaux blancs des fenêtres, et à coudre les trois couleurs dans leurs maisons.
Elle commença alors à battre de ses antennes l’abdomen de chaque Aphis l’un après l’autre, et chacun d’eux, aussitôt qu’il sentait le contact de la Fourmi, levait son abdomen et excrétait une goutte limpide de liqueur sucrée que la Fourmi dévorait avidement. […] Il était réellement remarquable d’observer que, partout où plusieurs Abeilles avaient commencé à creuser leurs excavations les unes près des autres, elles les avaient disposées juste à telles distances que, lorsque les bassins eurent atteint la largeur ordinaire d’une cellule, et une profondeur égale environ au sixième du diamètre de la sphère dont elles formaient un segment, leurs bords commencèrent à interférer de manière qu’ils communiquassent ensemble. […] Il ne me semble pas non plus difficile qu’un insecte isolé, tel qu’une Guêpe-reine, construise des cellules hexagones, s’il travaille alternativement à l’intérieur et à l’extérieur de deux ou trois cellules commencées en même temps, se tenant toujours à une juste distance des parois des cellules commencées pour décrire des sphères ou des cylindres imaginaires, et élevant ensuite des cloisons dans chaque plan d’intersection118. […] Il se peut qu’alors elles aient commencé par la force ou la contrainte, ou enfin par des moyens un peu analogues à ceux que nous employons aujourd’hui, la domestication des Aphis. […] On comprend donc qu’aussitôt que les cellules d’une espèce ont commencé à affecter une forme régulière, elles ont dû tendre assez vite à devenir de plus en plus régulières et d’autant plus que le plan général de construction était plus compliqué et plus parfait.
Cette dernière époque commence pour nous. […] Toutes les nations barbares ont été forcées de commencer ainsi, en attendant qu’elles se formassent un meilleur système de langage et d’écriture. […] Jusque-là, il n’y a qu’un droit civil ; avec l’âge humain commence le droit naturel, le droit de l’humanité raisonnable. […] La décadence de la langue latine date de l’époque où commencèrent à paraître les seconds. […] Essai sur l’esprit et les mœurs des nations, commencé en 1740, imprimé en 1785. — Turgot.
Quand Mme de Staël en pleine célébrité, et hautement accueillie par l’école française du dix-huitième siècle, commençait à tourner à l’Allemagne, Mme de Krüdner, du sein de la patrie allemande, et malgré la littérature alors si glorieuse de ce pays, n’avait d’yeux que vers le nôtre. […] Le second volume offre quelques défauts qui tiennent au romanesque : je crois sentir que l’invention y commence. […] Elle y dénonce la plaie qui n’est pas seulement celle du grand monde, mais du monde entier, celte vieille plaie de Pilate, que Dante punissait par l’enfer des tièdes, et que, de nos jours, tant de novateurs généreux, à commencer par elle, se sont fatigués à insulter. […] Elle commença au milieu de ces femmes étonnées et bientôt touchées : les plaies des puissants furent étalées ; elle frappa son cœur ; elle se confessa aussi grande pécheresse qu’elles toutes ; elle parla de ce Dieu qui, comme elle disait souvent, l’avait ramassée au milieu des délices du monde. […] M. de Bonald commençait de la sorte : « Mme de Krüdner a été jolie, elle a publié un roman, peut-être le sien ; il s’appelait, je crois, Valérie ; il était sentimental et passablement ennuyeux.
Il était de Caen ; il s’était formé presque tout seul aux lettres, n’ayant commencé à apprendre Musa qu’à douze ans ; pour le grec particulièrement, où il excellait, il n’avait eu de maître que pendant très peu de mois, et s’était avancé à force de lire et d’étudier directement et aux sources. Il a écrit en français un petit traité intitulé Méthode pour commencer les humanités grecques et latines, qui est le résumé de son expérience et qu’il faut mettre à côté des écrits de Messieurs de Port-Royal en ce genre. […] Il simplifie le plus qu’il peut la grammaire ; il fait passer le plus tôt possible son élève à la lecture graduée des auteurs, à l’explication ; il se garde bien de commencer, comme on faisait, par la composition ou le thème. Il tient la jeune intelligence constamment en éveil et en haleine, et mêle aux leçons de la gaieté et de l’intérêt ; il pratique le conseil de Charron et de Montaigne : « Je ne veux pas que le précepteur invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. » Il fait commencer le grec dans le même temps et sur le même pied que le latin. […] La querelle des anciens et des modernes, qui avait commencé du temps de Perrault, dut suggérer à Mme Dacier l’idée (si elle ne l’avait eue déjà) de faire connaître Homère, sur lequel on déraisonnait si étrangement ; après de longs efforts, elle fut prête en 1711, et publia l’Iliade.
Dominique une fois nouées et commencées, l’amitié entre eux s’ensuit, mais elle ne vient point tout d’un coup ; il y faut du temps, quelque intervalle : une absence y aide. […] Mais il n’est pas question ici de passion, il s’agit seulement d’une amitié commencée, croissante, bientôt solide, toute composée d’estime et de confiance. […] Et quand donc commencera le roman, dira-t-on ? […] Le contraste avec Dominique, et en même temps certain rapport insaisissable qui les rapproche, donnent à penser pour la suite et commencent à diversifier le récit. […] Consterné d’abord du mariage de Madeleine qui se fait peu après, Dominique, ayant terminé vers le même temps ses classes, vient à Paris, et là une nouvelle vie commence.
Cependant on commence à délimiter, à faire saillir les questions essentielles : entre Du Plessis-Mornay et Charron, la question de l’Eglise ; entre Du Plessis-Mornay248 et Du Perron249, ou Coeffeteau250, la question de l’Eucharistie : on commence à user aussi de la vraie méthode, et si l’on entasse encore les textes, du moins apprend-on à les manier, et le raisonnement se marie avec l’érudition. […] Dans ses Satires, mieux que nulle part ailleurs, revit ce Paris de Henri IV, à l’instant où les mœurs grossières commencent à se couvrir de politesse castillane : courtisans, petits-maîtres, médecins, pédants, poètes crottés ou parasites, combien de vives silhouettes s’enlèvent dans la clarté de cette poésie sans brumes ! […] Sous le pédantisme de la Renaissance commence à percer l’originalité classique. […] Il commença son Art poétique en 1574 ; Henri III l’invita à y travailler ; cet ouvrage n’était pas achevé en 1589, et ne parut qu’en 1605. […] Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) commença vers 1581 a écrire l’Histoire de son temps, qui parut de 1604 à 1617. — Éditions : 1620, 4 vol., in-fol. ; 1733, Londres, 7 vol. in-fol.
Au moment où Voltaire se fixe aux Délices, et va commencer une nouvelle vie, Montesquieu disparaît (1755). […] Il ne fait commencer sa tâche qu’à l’interprétation des textes. […] Elle est à peine commencée, et déjà il apparaît que les principaux passages des opuscules que l’on vient d’imprimer pour la première fois, sont allés se fondre dans le grand ouvrage, et y former, ici un alinéa, ailleurs un chapitre. […] Il s’établit d’un saut dans son idée ; d’un saut, ensuite, il atteint une autre idée, sans retenir le contact de la première : sa réflexion n’est pas un acte continu, c’est une série d’actes isolés, dont chacun commence et détermine un effort, entre deux temps d’arrêt. […] On s’attendrait que Montesquieu va poursuivre son exposition dans le même sens, selon la même méthode, et commencer à étudier les rapports nécessaires des lois avec chaque ordre de causes naturelles.
La vie de Mlle de Lespinasse commença de bonne heure par être un roman et plus qu’un roman. […] Mlle de Lespinasse, qui finit par le juger ce qu’il était et par l’estimer à son taux sans pouvoir jamais s’empêcher de l’aimer, avait commencé avec lui par l’admiration. « L’amour, a-t-on dit, commence d’ordinaire par l’admiration, et il survit difficilement à l’estime, ou du moins il n’y survit qu’en se prolongeant par des convulsions. » Ce fut là, en elle, l’histoire de cette passion funeste qui fut si prompte qu’on a peine à y distinguer des degrés. […] La lutte commence, elle ne cessera plus un moment. […] Voilà l’éternelle note qui commence, elle ne cessera plus.
Puisqu’on en peut causer comme d’une chose morte, et que le poison a péri avec le parfum, parlons-en donc sans complicité, sans pruderie, et comme d’un des témoignages les plus curieux des mœurs d’une époque qui a commencé par être frivole et qui a fini par être sanglante. […] Quant à sa carrière, on ne lui laissa pas le temps d’y songer : « On me fit entrer à douze ans, dit-il, dans le régiment des Gardes (françaises), dont le roi me promit la survivance, et je sus, à cet âge, que j’étais destiné à une fortune immense et à la plus belle place du royaume, sans être obligé de me donner la peine d’être un bon sujet. » A quatorze ans, il commença sa carrière de Richelieu et de don Juan. […] C’est au retour de Pologne, au printemps de 1775, que M. de Lauzun commença d’attirer l’attention de la reine. […] L’ambition commençait à lui venir : tout récemment, avant et pendant son voyage de Varsovie, il avait adressé des mémoires à la cour de Russie, à celle de France, relativement aux affaires de la Pologne ; il avait des plans grandioses sur ce sujet de circonstance. […] La princesse de Poix la comparait à une héroïne de roman anglais, avec d’autant plus de raison que les goûts de Mme de Lauzun avaient devancé l’anglomanie qui commençait à poindre : la langue anglaise lui était familière comme la sienne propre, la littérature de ce pays faisait ses délices. » (Vie de la princesse de Poix, par la vicomtesse de Noailles, 1855, ouvrage tiré à un petit nombre d’exemplaires, p. 19 et 33.)
C’est ce que Retz excelle à nous rendre, et ces pages de ses Mémoires, qu’on pourrait intituler : Comment les révolutions commencent, tiennent à la fois, par leur hauteur et par leur fermeté, de Bossuet et de Montesquieu. […] La domination de Richelieu avait été si forte et si absolue, la prostration qui en était résultée dans tout le corps politique avait été telle, qu’il n’avait pas fallu moins de quatre ou cinq ans pour que la réaction commençât à se faire sentir, pour que les organes publics qu’il avait opprimés reprissent leur ressort et cherchassent à se réparer ; et encore ils ne le firent, comme il arrive d’ordinaire, qu’à l’occasion de mesures toutes particulières qui les irritaient personnellement. […] On dirait d’un médecin curieux qui décrit avec amour la maladie, cette maladie qu’il a toujours le plus désiré voir de près ; évidemment il aime mieux la voir que la guérir : Il paraît un peu de sentiment, dit-il en parlant du corps abattu de l’État, une lueur ou plutôt une étincelle de vie ; et ce signe de vie, dans les commencements presque imperceptible, ne se donne point par Monsieur, il ne se donne point par M. le Prince, il ne se donne point par les grands du royaume, il ne se donne point par les provinces ; il se donne par le Parlement, qui, jusqu’à notre siècle, n’avait jamais commencé de révolution, et qui certainement aurait condamné par des arrêts sanglants celle qu’il faisait lui-même, si tout autre que lui l’eût commencée. […] Ils commencent eux-mêmes à compter vos armées pour rien ; et le malheur est que leurs forces consistent dans leur imagination : et l’on peut dire avec vérité qu’à la différence de toutes les autres sortes de puissances, ils peuvent, quand ils sont arrivés à un certain point, tout ce qu’ils croient pouvoir. […] Voilà le branle qui commence, et il ne songe plus qu’à demeurer le maître du bal, comme le disait très bien Mazarin lui-même.
Plus la bataille commencerait tôt dans la journée, et plus on avait de chances de devancer toute jonction des Prussiens. […] Drouot demandait deux ou trois heures : ce qui fit que l’action ne commença qu’à onze heures et demie ou midi. […] On commença à notre gauche par une diversion qui devint une action trop principale autour de la ferme et du château de Goumont. […] J’aime la vérité assurément et la réalité franche, je le répète assez souvent ; je sais même surmonter un dégoût pour arriver au plus profond des choses, au plus vrai de la nature humaine ; mais je m’arrête là où l’inutilité saute aux yeux et où la puérilité commence.
Ce moment qui suit la séparation est très-bien peint, et les couleurs qu’y a employées l’écrivain devenu poëte nous font entrer dans le génie de la race : « Tarass voyait bien que, dans les rangs mornes de ses Cosaques, la tristesse, peu convenable aux braves, commençait à incliner doucement toutes les têtes. […] Quand l’orage éclate, elle devient tonnerre et rugissements, elle soulève et fait tourbillonner les flots, comme ne le peuvent les faibles rivières ; mais, quand il fait doux et calme, plus sereine que les rivières au cours rapide, elle étend son incommensurable nappe de verre, éternelle volupté des yeux. » Ici commence une série de combats qui nous paraissent extrêmement prolongés ; nous sommes, malgré tout, trop peu Cosaques pour nous intéresser jusqu’au bout à tant d’épisodes successifs de cette iliade zaporogue. […] dit Boulba doucement ; et il inclina vers la terre sa tête grise. » C’est ici que le bourreau commence son œuvre de torture ; l’auteur a le bon goût de nous en épargner les atroces détails successifs ; il ne peut cependant tout nous supprimer, et c’est graduellement qu’il nous amène au cri final qui arrache une larme ; toute cette page est à citer : « Ostap, nous dit-il, supportait les tourments et les tortures avec un courage de géant. L’on n’entendait pas un cri, pas une plainte, même lorsque les bourreaux commencèrent à lui briser les os des pieds et des mains, lorsque leur terrible broiement fut entendu au milieu de cette foule muette par les spectateurs les plus éloignés, lorsque les jeunes filles détournèrent les yeux avec effroi.
Ils furent pris par tous les sens et par tout l’esprit : une conception nouvelle de la vie s’éveilla en eux, et ils commencèrent à transporter chez eux tout ce qui les avait ravis la-bas : ils voulurent avoir des palais, des jardins, des tableaux, des statues, des habits, des bijoux, des parfums, des livres, des poètes, des savants, des animaux rares, de la science, de l’esprit, comme en avaient les Médicis, les ducs d’Urbin ou de Ferrare ; quand ils revinrent en France, toute la Renaissance y entra avec eux, un peu pêle-mêle, dans leurs cervelles comme dans leurs fourgons. […] La secousse décisive était donnée ; tous les germes qui dormaient épars dans la décomposition de l’ancienne France commencèrent d’évoluer. […] Le xviie siècle commençait, et allait recueillir les résultats de la grande agitation du xvie 160. […] La dernière irait enfin de 1593 à 1615 environ, où commencerait à peu près le vrai xviiie siècle.
À l’époque où commença la prédication de Luther, si la question eût pu n’être qu’une question politique, la réformation n’aurait pas eu lieu : cela est si vrai qu’à présent ceux des luthériens et des calvinistes qui pensent, qui regardent au fond des choses, n’hésitent pas à prononcer que les communions protestantes devraient se réunir à la religion catholique. […] Aussi, en nous arrêtant sur ce dernier point, voyons-nous que la révolution actuelle a commencé dans l’Église avant d’être dans l’État. […] qui précipitait au moment même Jacques II du trône où il n’avait pas su s’asseoir : tant il est vrai que le principe qui commence par agiter la société religieuse s’épuise, et devient sans force en passant dans la société civile ! […] C’est lorsque des doctrines finissent, et que d’autres doctrines commencent.
Avant d’être terminé, il a ennuyé la Nature qui l’a laissé là ; mais il était commencé en poète. […] Dans cette succession d’événements qui osent tout, — le chimérique et l’absurde, sous prétexte de merveilleux, — on se demande vainement où finit la légende, fruit de l’imagination des poètes ou des chroniqueurs du passé, et où commence l’inspiration du poète moderne et son travail… Quel est le fait ou la combinaison, de quelque nature qu’ils soient, qui, réellement, lui appartiennent ? […] Quinet, comme le Chœur dans la tragédie antique ; quatre vers, échappés du mirliton moderne, L’amour commence, Tout est divin ! […] lesquels prouvent bien, comme vous voyez, que dans ce tout-puissant xixe siècle il naît et se combine des créatures si fortes, qu’elles peuvent réunir en elles, sans éclater, Pradon et Gongora… L’amour commence, Tout est divin !
Le drame commence. » C’est donc un drame ; et, en regard de cette première lettre, il n’y aurait plus qu’à placer pour plus d’effet cette autre lettre, la toute dernière, de la reine captive, « lettre encore tachée de ses larmes », et qui est aux Archives de l’Empire, où elle doit prochainement être exposée, dit-on, sous vitrine, aux regards des curieux. […] Le Recueil de M. d’Hunolstein commence au moment où la Dauphine quitte la dernière ville frontière de l’empire ; le recueil de M. Feuillet ne commence qu’au moment où elle a mis le pied en France, à Strasbourg.
La représentation commence … … Enfin, dix heures ! […] Les représentations wagnériennes commencent à quatre heures du soir pour finir à dix heures, — six grandes heures de jouissances sans pareilles, — vous supprimez toute promenade à la campagne ou ailleurs, ce qui est banal, pour aller respirer l’air si salubre de l’intérieur du théâtre, commodément assis à votre place. […] mais dépêchez-vous, car les représentations de Parsifal et de Tristan et Iseult sont déjà commencées. […] Victor Wilder avait commencé une série de six grandes études sur l’œuvre Wagnérienne, une sorte de vulgarisation, précise et spirituelle à la fois, des idées de Richard Wagner. […] Le fier et hardi motif en soi, qui commence l’ouverture, est employé à diverses reprises dans le cours de l’ouvrage comme thème caractéristique du héros.
Il y a là de quoi surprendre, quand on a commencé par définir l’homme un être intelligent. […] Commençons par le cas le plus simple. […] On a dit que la religion avait commencé par la magie. […] Commençons par la dernière. […] Elles commencent l’acte que l’homme ne peut pas achever.
Rien ne commence, rien ne finit dans l’histoire de la littérature, comme dans celle des faits ; tout continue. […] Laisné, imprimeur à Péronne ; il commençait, dès lors à essayer des rimes. […] Dès lors Byron commençait à bâtir Child-Harold. […] Une époque vient de finir, une autre commence. […] Il faut remarquer que trois de ces poëtes commençaient avec l’époque.
Alors, dans le public, ce goût ne faisait que commencer à se répandre. […] C’était ordinairement sous ces auspices que commençaient le repas et la journée. […] Cela n’empêche pas que tu ne sois en état de commencer un tableau pour l’exposition prochaine, ce que je t’engage à faire. […] » Ce fut de ce moment que David commença à acquérir de la célébrité. […] Étienne se trouva dans l’atelier où David avait commencé le Léonidas, lorsque l’artiste, cédant aux observations du vainqueur de Marengo sur les illustres vaincus des Thermopyles, interrompit brusquement son travail commencé pour entreprendre le portrait du héros du jour.
Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abîme. […] Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoire de tous ?
Les passions, multipliées avec la société, s’étaient amincies comme le métal brillant et ductile étendu sur des surfaces ; il y avait moins de liberté et plus de conventions dans la société : l’esprit et le goût en étaient une, et la gaieté moins libre commençait à lui céder l’empire. […] Il commence par bien insister sur ce que les anciens peuples indiens, chaldéens, chinois, conservent certaines connaissances astronomiques communes qui semblent plutôt les débris que les éléments ou les commencements d’une science. […] Bailly a, ce me semble, une idée peu juste, en vertu de laquelle il juge très défavorablement de ces peuples anciens et les déclare incapables des inventions scientifiques, qu’il estime peut-être supérieures elles-mêmes à ce qu’elles étaient en effet : quand il voit chez eux des fables accréditées et prises au pied de la lettre, il croit que tout cela a dû commencer par être une poésie allégorique, et que ce n’est que par une sorte de corruption et de décadence qu’on en est venu à prêter graduellement à ces fables une consistance qu’elles n’avaient pas d’abord dans l’esprit des inventeurs : en un mot, il croit à une sorte d’analyse antérieure à une réflexion philosophique préexistante à l’enfance et à l’adolescence humaines si aisément riches de sensations et toutes fécondes en imagesj. Et, par exemple, il lui semble qu’on a commencé par inventer ces emblèmes ingénieux de Vénus, de l’Amour, des Grâces, en sachant que ce n’étaient que des emblèmes, absolument comme du temps de Voltaire ou de Lucien ; et ce serait ensuite la grossièreté des descendants qui s’y serait sottement méprise ; on se serait mis à adorer tout de bon ce qui n’avait été dans le principe qu’un jeu concerté et intelligent des poètes. […] La jeunesse, bannie de son pays, ne l’a point quitté sans douleur ; elle a trouvé un ciel plus beau, une terre plus fertile, mais ce n’était pas le sol natal ; ce n’était plus ce ciel dont la lumière avait d’abord frappé sa vue, ce n’était plus cette terre où bon avait commencé à vivre, cette terre témoin des soins paternels, des jeux de l’enfance, où l’on avait reçu les premières impressions du plaisir et du bonheur.
Albert Blanc avait commencé de donner les dépêches confidentielles écrites par le comte de Maistre pendant qu’il représentait le roi de Sardaigne à Pétersbourg. […] La correspondance diplomatique actuelle ne commence qu’en 1814 ; la précédente, qui était composée d’extraits et morcelée, comprenait l’intervalle de 1803 à 1810 : elle pourra un jour, nous fait espérer l’éditeur, se rejoindre plus exactement à celle qui nous est aujourd’hui livrée tout entière. […] C’est à l’heure de la rupture et de la lutte gigantesque entre la France maîtresse du continent et la Russie que la Correspondance commence. […] Il s’est demandé, par exemple, comment Guillaume d’Orange étant (selon lui) un usurpateur, il n’en était pas moins vrai que Georges III régnait en souverain légitime : « À quel moment, se disait-il, entre ces deux points extrêmes la légitimité a-t-elle commencé ? […] C’est un grand travers de croire que pour être plus prisé et mieux goûté de quelques-uns, il faut commencer par être le scandale de tous.
Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il avait commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École18. […] Il commence par nous décrire, avec un soin dont je lui sais gré, la situation des ateliers où entra, le jeune Étienne ; il nous donne l’état des lieux : c’est dans le Louvre, dans la partie qui répond à la moitié nord de la grande colonnade et à la moitié de la façade en retour du côté de la rue de Rivoli, qu’étaient les ateliers et logements accordés aux artistes. […] s’écrie Étienne tout saisi à l’idée du contraste ; ce tableau de Virginius, commencé en 1796, en présence du petit élève de Moreau, devait, quarante ans après (lisez trente, c’est bien assez), lorsque l’artiste le termina en 1827, passer à l’Exposition du Louvre sous les yeux du critique Étienne, appelé à écrire sur les arts dans le Journal des Débats ! […] Delécluze commença. […] David fait le tour de l’atelier et dit à chacun son mot ; le défaut ou la qualité qu’il remarque chez l’élève, dans l’ouvrage commencé qu’il a sous les yeux, lui devient un sujet de réflexions plus générales.
Cette fièvre d’audace et de propre bonheur, cette ébullition, ce rien qu’on appelle la jeunesse se passe, et l’attaquant, s’il a quelque valeur et s’il cherche dans la société toute la place à laquelle il peut prétendre, commence un jour à lorgner de loin l’Académie. S’il est vrai, comme l’a dit d’Alembert encore, que l’écrivain isolé soit une espèce de célibataire, il vient un âge où les plus intrépides célibataires commencent à ne pas trouver absurde de se marier. […] A quarante, pour peu qu’on s’écoute sincèrement, on commence à pencher au d’Alembert. […] C’est alors que commença cette rude et forte éducation des choses pour le jeune Mathieu Molé, âgé de onze ans. […] Dupin, j’aime à me rappeler un mot qui aurait semblé parfait, s’il avait été moins accompagné : « Vous avez fait comme nous, monsieur, vous avez commencé. » — Cependant les temps étaient devenus meilleurs ; la société entière renaissait.
Il lui offre, pour commencer, de faire ensemble une petite promenade au premier beau matin de dimanche jusqu’au bois de Vincennes. […] Un peu d’eau tiède a bientôt délayé cette pâte, et ici l’œuvre commence du pain de chaque jour. […] — « Enfants, dit-il, voilà une heure mal choisie pour aller à travers champs comme vous faites ; cependant vous êtes plus heureux que sages, et vous arriverez dans un instant à Fontenay. » Disant ces mots, il renfermait dans le pétrin sa miche commencée, et du pas de la porte il indiquait leur chemin aux voyageurs. […] Je commence par dire à l’auteur : N’entrez pas, ne vous en mêlez pas ; allez produire encore, ne vous retournez jamais en arrière. […] Là, le vrai chapitre commence, là il finit : le mérite de l’éditeur serait de marquer juste l’endroit.
Le jour commençait à peine à paraître, lorsque Barasdine entra dans la chambre où le pauvre voyageur dormait encore. […] Vers le matin, il commence sa toilette, qu’il interrompt à chaque minute pour corriger une ligne, modifier une expression, ajouter une idée qui doit assurer le succès de son entreprise. […] Enfin elle prit une chaise, et ils commencèrent à manger en parlant des temps passés. […] Quoiqu’il ne fût pas tard, le jour commençait à tomber. […] Cependant on avait mis Paul, qui commençait à reprendre ses sens, dans une maison voisine, jusqu’à ce qu’il fût en état d’être transporté à son habitation.
Leur habitude est de commencer par dire : non. […] Ils commencent à répéter, à réciter un peu comme des enfants. […] La pièce commence à être admirablement jouée. […] Nous commençons à respirer, peu à peu, un air d’orage. […] Le second acte commence.
Mon tarantass commença à danser sur les rondins qui servaient à paver cette route. […] C’est par là qu’il commençait toute chose. […] Ephrem commence à l’enseigner. […] À huit ans, il resta orphelin ; à dix, il commençait à gagner lui-même son pain de chaque jour. […] commença-t-elle.
Il y a un moment où l’invention, la création en tout genre, ce qu’on appelle génie, héroïsme, commence ; les hommes, dans leur instinct, ne s’y trompent pas ; ils s’inclinent, ils s’écrient d’admiration et saluent. […] Il me semble que nous voilà loin du compte pour commencer, et que nous ne pouvions guère nous attendre à ces rencontres-là avec Marivaux : — un Marivaux précurseur de Saint-Simon, d’Auguste Comte et de M. […] Est-il du parti des modernes, il aura à peine commencé à parler que déjà on le tiendra pour suspect de manière et de trop de finesse. […] Il n’y a point de ces mines-là dans le monde ; c’est un embonpoint tout différent de celui des autres, un embonpoint qui s’est formé plus à l’aise et plus méthodiquement, c’est-à-dire où il entre plus d’art, plus de façon, plus d’amour de soi-même que dans le nôtre… Ne croyez pas qu’il ait fini de ce portrait, il ne fait que le commencer. […] Le grand et perpétuel défaut de Marivaux est de s’appesantir à satiété sur la même pensée, qui a presque toujours commencé par être juste et fine, et qu’il trouve moyen de fausser en la raffinant.
Malgré sa répugnance pour le réel proprement dit et son habitude de tout voir à travers un certain cristal et dans un certain miroir, je le prendrai, pour commencer, dans la réalité et le positif. […] Dès le collège, il commençait à dessiner et à versifier. […] Le recueil commence ainsi, par un soupir et par un regret : Virginité du cœur, hélas ! […] Je me demande, — je commence à me demander (et cette question je me la ferai plus d’une fois en relisant Gautier poète) pourquoi, tandis que les poésies parallèles de Musset, les moindres couplets de Marcloche, de Namouna coururent aussitôt le monde, la jeunesse plus ou moins viveuse et lettrée, et finirent même par gagner assez tôt les salons, le succès de Gautier s’est longtemps confiné et se renferme encore dans un cercle d’artistes et de connaisseurs. […] Son cœur, tout coi et tranquille en apparence, mûrissait, ou plutôt, selon son expression énergique, pourrissait « comme la nèfle sous la paille. » Blasé avant d’avoir commencé, roué avant d’avoir fait, un pas, tel est d’Albert.
On commence d’ordinaire par opposer aux novateurs que ce qu’ils disent est inouï ; puis, au second moment, on s’avise de leur répondre que ce qu’ils croient inventer n’est pas nouveau. […] Le sagace dissertateur essaye de les rattacher directement aux Annales des pontifes, et de montrer que, vers le temps même où l’on cessa de rédiger celles-ci, on commence à voir apparaître une publication ou journalière ou assez fréquente, qui les remplaça avec avantage. […] Le Clerc, auraient été l’objet principal de ces journaux, environ soixante-huit ans avant les actes du sénat, lesquels (on le sait positivement) ne commencèrent à être publiés qu’en l’an de Rome 694, sous le premier consulat de César : ce fut un tour que cet ennemi de l’aristocratie joua au sénat, un peu comme lorsque notre révolution de Juillet introduisit la publicité dans notre Chambre des pairs. […] Le véritable Moniteur des Romains se doit chercher dans les innombrables pages de marbre et de bronze où ils ont gravé leurs lois et leurs victoires ; les journaux littéraires du temps de César sont dans les lettres de Cicéron, et les petits journaux dans les épigrammes de Catulle : ce n’était pas trop mal pour commencer. […] Il serait fastidieux d’énumérer, et moi-même je n’ai jamais traversé ces pays qu’en courant ; mais un jour il m’est arrivé aux champs, dans la bibliothèque d’un agréable manoir, de rencontrer et de pouvoir dépouiller à loisir plusieurs années de cette considérable et excellente collection intitulée l’Esprit des Journaux, laquelle, commencée à Liége en 1772, s’est poursuivie jusque vers 1813.
Ici commence le triomphe et l’interminable dispute des érudits. […] Il faudrait commencer par Augias, an nom duquel cette locution d’étables d’Augias a rattaché une idée odieuse et presque infecte, et qui était le plus riche et le plus royal patriarche des pasteurs, tel que nous l’a représenté l’antique idylle. […] Le règne des maires du palais, ou de ceux qu’on a qualifiés de ce nom, commence. […] Si les Carlovingiens reconstruisirent cette unité, et avec bien autrement de volonté et de puissance, ils commencèrent aussi par y porter la plus rude atteinte. […] La Démocratie, de M. de Tocqueville, paraissait avec éclat vers le temps où lui, d’autre part, il commençait à méditer sa Royauté.
En France, nous commençons aussi à estimer et à réclamer ces sortes d’études. […] Or, quand Corneille, né en 1606, parvint à l’âge où la poésie et le théâtre durent commencer à l’occuper, vers 1624, à voir les choses en gros, d’un peu loin, et comme il les vit d’abord du fond de sa province, trois grands noms de poëtes, aujourd’hui fort inégalement célèbres, lui apparurent avant tous les autres, savoir : Ronsard, Malherbe et Théophile. […] Elle recevait ses vers, lui en demandait quelquefois ; mais le génie croissant du poëte se contenait mal dans les madrigaux, les sonnets et les pièces galantes par lesquels il avait commencé. […] Ce n’est que quinze ans après, que ce triste et doux souvenir, gardien de sa jeunesse, s’affaiblit assez chez lui pour lui permettre d’épouser une autre femme ; et alors il commence une vie bourgeoise et de ménage, dont nul écart ne le distraira au milieu des licences du monde comique auquel il se trouve forcément mêlé. […] Ces mœurs subsistaient encore du temps de Corneille ; et quand même elles auraient commencé à passer d’usage, sa pauvreté et ses charges de famille l’eussent empêché de s’en affranchir.
Il commença pauvrement et rudement. […] Un Éloge de Fénelon qu’il envoya à l’Académie en 1771, et qui obtint l’accessit, commença enfin à le faire connaître. […] À cette date de 1787, l’abbé Maury, qui avait passé la quarantaine, doué d’un talent actif et robuste, d’une faculté puissante, propre à tout, et d’une grande force d’application, en cherchait l’emploi du côté de la politique, qui commençait à agiter tous les esprits. […] On voit que l’abbé Maury était quelque chose de plus qu’un prédicateur chrétien, et qu’il avait de grandes prédispositions à être un orateur politique quand la Révolution commença. […] Un jour, après un sermon prêché dans un couvent de religieuses, une d’elles, dans sa simplicité, lui dit qu’il paraissait bien ému et qu’on voyait bien à son tremblement, quand il commençait à parler, que cela devait lui coûter beaucoup : « Oh !
Ici commença, dans l’esprit du maréchal, une lutte morale sur laquelle il faudrait lui-même l’entendre : d’un côté, un ami, un bienfaiteur, le plus grand capitaine dont il avait été de bonne heure l’aide de camp et l’un des lieutenants préférés, mais ce grand capitaine, auteur lui-même de sa ruine, qui semblait déjà consommée ; de l’autre, un pays qui criait grâce, une situation politique désastreuse dont, plus éclairé que beaucoup d’autres, il avait le secret, et dont il envisageait toutes les extrémités. […] — Sa position fausse commençait déjà2. […] Ses amis pourtant commençaient à s’alarmer du rôle imprévu qui pouvait lui échoir dans ce brusque changement de scène. Pour lui, il espérait que la résistance serait légale, qu’il ne serait plus de service au moment où les élections, avec leurs orages, commenceraient, dans les premiers jours de septembre prochain, et il se promettait alors de partir au plus tôt pour l’Italie. […] L’exil, d’où il ne devait point revenir, commençait pour le maréchal Marmont.
La sensation du cri d’angoisse, c’est ce cri nous traversant tout entier, nous faisant, vibrer d’une façon symétrique aux vibrations nerveuses de l’être qui l’a poussé ; de même, la vision d’un mouvement commence en nous-mêmes ce mouvement. […] Grâce à de la correspondance entre les mouvements et les états psychiques, il est démontré que percevoir la souffrance ou le plaisir d’autrui, c’est commencer à souffrir ou à jouir soi-même. Les mêmes lois qui font que la représentation subjective d’un mouvement ou d’un sentiment est ce mouvement ou ce sentiment commencé en nous, font que la perception chez autrui d’un mouvement ou d’un sentiment en sont le retentissement en nous-mêmes. […] II — L’émotion esthétique et son caractère social Dans l’étude des sentiments et des êtres, les uns font commencer le sentiment esthétique un peu plus haut, les autres un peu plus bas. […] Remarquons d’ailleurs que les arts primitifs, aussi bien la poésie que le dessin et la sculpture, ont toujours commencé par la figuration des êtres animés ; ils ne se sont attachés que beaucoup plus tard à reproduire le milieu inanimé où ces êtres se meuvent.
Les types commencent dans la Genèse et un anneau de leur chaîne traverse Restif de la Bretonne et Vadé. […] Macbeth commence par ce parricide, tuer Duncan, tuer son hôte, forfait si terrible que du contre-coup, dans la nuit où leur maître est égorgé, les chevaux de Duncan redeviennent sauvages. Le premier pas fait, l’écroulement commence. […] Toute la terre était alors mystérieuse ; représentez-vous cette époque : le temple de Jérusalem est encore tout neuf, les jardins de Sémiramis, bâtis depuis neuf cents ans, commencent à crouler, les premières monnaies d’or paraissent à Égine, la première balance est faite par Phydon, tyran d’Argos, la première éclipse de soleil est calculée par les chinois, il y a trois cent douze ans qu’Oreste, accusé par les Euménides devant l’Aréopage, a été absous. […] À partir de ce moment, l’adorable allaitement commence.
Dès qu’ils avaient paru dans les Gaules, ils avaient commencé par y corrompre la langue romaine. […] Ceux qui commencent à cultiver un art, ne s’en font jamais une idée bien nette : ils connaissent mieux le but que les moyens, et en voulant l’atteindre, ils le passent. Peut-être même dans tous les arts, poésie, peinture, sculpture, architecture, éloquence, tous les peuples et tous les siècles ont-ils commencé par l’exagération. […] Enfin, lorsque l’autorité, qui sort toujours et s’élève du milieu des ruines, commença à tout calmer, lorsque la force qui était dans les caractères, contenue de toutes parts, ne put plus se répandre au-dehors, ni rien agiter, elle se porta sur d’autres objets. […] Elle commence par s’élancer au-dehors ; elle parcourt tous les objets, et, à l’aide de ses sens, elle s’empare de l’univers physique.
Commençons par le commencement. […] Les quadrilles commençaient à se vider, les verres de couleur à pâlir. […] Commençait-il à expliquer un texte latin : ad Ephesum, disait-il. […] Ici commence réellement le roman. […] Mais c’est ici que l’histoire commence.
Qui commencera avec le premier cours, et sera commun à tous les élèves qui le suivront jusqu’à leur sortie de la faculté des arts dont il est la suite. […] Je crois qu’il faudrait commencer l’étude de l’histoire par celle de sa nation, et celle-ci ainsi que toutes les autres, par les temps les plus voisins en remontant jusqu’aux siècles de la fable, ou la mythologie. C’est le sentiment de Grotius. « En général, dit-il, ne pas commencer par des faits surannés qui nous sont indifférents, mais par des choses plus certaines, et qui nous touchent de plus près, et s’avancer de là peu à peu vers l’origine des temps86. » Voilà ce qui nous semble plus conforme à un véritable enseignement, c’est l’étude des faits soumis à notre principe général : et pourquoi en serait-elle une exception ?
Il eut la même patrie que Pline le jeune ; mais Pline fut l’ami de Trajan, consul de Rome et gouverneur de province, et Paul Jove commença par être médecin et finit par être évêque. […] Dans le nouvel empire d’Occident, Charlemagne, le plus grand homme de la France, et peut-être de l’Europe moderne ; et ce Frédéric Barberousse, sous qui commença la lutte sanglante du sacerdoce contre l’empire, qui fit la guerre aux papes et aux Sarrazins, et mourut dans son pèlerinage guerrier. […] Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie.
Et en effet, dans cette période d’entreprise encore confuse et de méditation ardente où il se trouvait, il s’était dit, pour un temps, de s’affranchir par l’esprit de tout élément et ascendant étranger, de donner un libre cours à sa faculté intérieure, à ses impulsions et à ses impressions, de se laisser faire naïvement à tous les êtres de la nature, à commencer par l’homme, et d’entrer par là dans une sorte d’harmonie et d’intimité avec tout ce qui vit. […] En effet, s’il le médita et le couva dès auparavant, il ne dut point commencer à l’écrire avant le mois de septembre 1773, c’est-à-dire un an après son départ de Wetzlar, et lorsqu’il eut publié son drame de Götz n. […] Une nouvelle époque commencera alors, et je ne l’aimerai plus, mais j’aimerai ses enfants, — un peu, il est vrai, à cause d’elle, mais cela ne fait rien… Et même cette menace amicale, il ne l’exécute pas ; la silhouette reste là suspendue comme par le passé. […] Cependant la grande consolation intérieure, l’occupation poétique dure et augmente : il publie son Götz de Berlichingen ; il écrit des drames, des romans, dit-il, et autres choses de ce genre (juin 1773) ; et en septembre il commence sa confidence couverte de Werther aux jeunes époux désormais installés à Hanovre : « Je fais de ma situation le sujet d’un drame que j’écris en dépit de Dieu et des hommes. […] Moins de deux ans après la publication de Werther, la vie ducale de Goethe a commencé : « Vous êtes sans doute étonné du silence du docteur (Goethe), écrit sa mère à un frère de Charlotte (février 1776).
Je le commençai très-modéré ; blâmant les excès de plume de ce grand artiste et louant son merveilleux talent. Mais, forcé de partir inopinément, je laissai à Genoude cet article à peine commencé. […] Charles Gosselin, éditeur des traductions françaises de Walter Scott qui commencèrent sa brillante fortune. […] Je me flattai encore quelques jours de le ramener à la raison, aidé par le discrédit qui commençait à atteindre son nom. […] Genoude et lui commençaient leur journée en commun par la messe, que l’un disait à l’autre, et par la communion que Genoude donnait à Lourdoueix.
Où doit commencer l’histoire de la littérature. — § II. […] L’histoire littéraire commence, pour ainsi dire, avec la nation elle-même, avec la langue. […] L’histoire littéraire de la France commence le jour où le premier mot de la langue française a été écrit. […] Il y a une époque précise où elle commence et où elle finit, et l’objet peut en être clairement déterminé. […] Mais à quelle époque voit-on commencer l’art, et, dans la langue des lettres, que faut-il entendre par l’art ?
Fior d’Aliza commençait déjà à aller ramasser le bois mort, dans le petit bois de lauriers, pour cuire les châtaignes dans la marmite de terre, et Hyeronimo commençait aussi à remuer la terre pour y semer le maïs et le millet. […] — Oui, lui répondais-je, avec des sourcils de duvet noir qui commencent à lui masquer un peu les yeux. […] Au printemps, la petite, qui touchait à ses treize ans, et qui avait grandi jusqu’à la taille de sa tante, commença à craindre de s’éloigner seule de la maison pour aller sarcler le maïs ou cueillir les feuilles de mûrier. […] Nous commençâmes à nous méfier de quelque chose. […] Fior d’Aliza et Hyeronimo commencèrent à tracer, en descendant et en remontant, leur sentier étroit vers la source, dont le pré, la grotte et le bassin leur appartenaient tout entiers la veille.
Entre les savants proprement dits et les directeurs effectifs des travaux productifs, il commence à se former de nos jours une classe intermédiaire, celle des ingénieurs, dont la destination spéciale est d’organiser les relations de la théorie et de la pratique. […] On peut dire, de plus, que, quand même la physique concrète aurait déjà atteint le degré de perfectionnement de la physique abstraite, et que, par suite, il serait possible, dans un cours de philosophie positive, d’embrasser à la fois l’une et l’autre, il n’en faudrait pas moins évidemment commencer par la section abstraite, qui restera la base invariable de l’autre. […] (1) Il faut, avant tout, commencer par reconnaître que, quelque naturelle que puisse être une telle classification, elle renferme toujours nécessairement quelque chose, sinon d’arbitraire, du moins d’artificiel, de manière à présenter une imperfection véritable. […] Les phénomènes astronomiques étant les plus généraux, les plus simples, les plus abstraits de tous, c’est évidemment par leur étude que doit commencer la philosophie naturelle, puisque les lois auxquelles ils sont assujettis influent sur celles de tous les autres phénomènes, dont elles-mêmes sont, au contraire, essentiellement indépendantes. […] N’oublions pas que, dans presque toutes les intelligences, même les plus élevées, les idées restent ordinairement enchaînées suivant l’ordre de leur acquisition première ; et que, par conséquent, c’est un mal le plus souvent irrémédiable que de n’avoir pas commencé par le commencement.
Voyez les nations et la suite de leurs progrès : elles chantent d’abord, puis elles parlent, elles critiquent enfin ; c’est l’amusement de leur vieillesse, et quand on voit commencer ce radotage, mauvais signe, le génie s’en va. […] Les lettres grecques et romaines, le moyen âge et les temps modernes, la France et les pays étrangers, ont comparu, à leur tour devant cet infatigable tribunal qui commence aujourd’hui à se juger lui-même. […] Un critique trace les règles de l’épopée ; un poète les met en pratique et « accouche lentement d’un poème effroyable » : c’est la Pucelle, de Chapelain, où nous commençons à trouver du bon. […] Les uns et les autres ne prennent d’abord la critique que comme un pis-aller et se promettent bien de lui manquer de parole à la première occasion ; mais ici commence l’enchantement.
Léon XIII commence à peine son pontificat, et il lui jaillit un historien. […] Elles trahissent aussi, comme les hommes… Néron commença comme Titus… Et quand elles ne trahissent pas, elles ont une autre manière de tromper encore. […] Est-ce par respect pour la mémoire d’un pontife qui commença son règne dans l’ivresse d’une popularité dont les ennemis de la Papauté voulurent lui faire partager le délire, et auquel l’éclair du poignard qui tua Rossi put seul dessiller les yeux ? […] Dans ce livre sur Léon XIII, Teste a fait de l’Europe, en proie à cette fièvre de liberté qui est la furie du siècle et qui pourrait bien en être la calamité, un tableau lamentable et tout à la fois effrayant d’exactitude, et, quand on le lit, on se dit que ce suicide des gouvernements, qui mettent plus de temps à se tuer que les hommes, est déjà commencé.
Il commençait par la prière et par la lecture des psaumes le cours nouveau du temps. […] Il commence sa vie par un magnifique sophisme, comme Jean-Jacques Rousseau, son compatriote. […] Ce fut un malheur pour Joseph de Maistre d’avoir commencé sa course au milieu de l’émigration et sur son terrain ; il ne voulut plus revenir sur ses pas. […] Si l’on veut agir comme homme privé et d’après ses propres inspirations au lieu d’agir selon ses instructions, il faut commencer par donner sa démission de son titre d’envoyé de sa cour. […] Je commence par les moyens de l’exécuter, et à cet égard il n’y a ni doute ni difficulté.
Les œufs, d’un rouge tendre, rappelant la teinte pâlissante d’une rose dont la corolle commence à se flétrir, étaient marqués de points d’un brun rougeâtre et plus nombreux vers le gros bout. […] Ailes-rouges et étourneaux commençaient à paraître. […] Les vieux oiseaux, mettant le temps à profit, commencèrent aussitôt à préparer de nouveau le nid. […] À peine commençais-je à m’y raffermir sur mes pieds que mon chien accourut vers moi, avec toutes les apparences de la terreur. […] C’est là qu’au premier printemps et avant de commencer à bâtir, les deux sexes se rendent en foule depuis une heure ou deux avant le coucher du soleil, jusque bien longtemps après nuit close.
» Le soleil, qu’il aperçoit réverbéré sur les épaules d’une haute colline, le rassure un peu ; il regarde avec moins d’effroi on ne sait quel passage étroit et terrible qui est sans doute la mort : il ne le dit pas ; le sens est inintelligible ; puis, sans dire s’il a franchi ou non ce passage, il commence à gravir la colline. […] La descente dans les ténèbres commence au quatrième chant. […] ” « Ensuite je me tournai de leur côté et je leur parlai, et je commençai ainsi : “Ô Francesca ! […] Ravissante églogue qui commence comme Daphnis et Chloé. […] « Déjà ils étaient éveillés et déjà s’approchait l’heure où l’on avait coutume de nous apporter la nourriture ; mais, à cause des songes qu’il avait faits, chacun d’eux commençait à s’inquiéter dans son doute.
C’est la postérité, la vraie postérité, celle qui commence un siècle après. […] Augier avait commencé par chercher sa voie, comme il arrive à beaucoup de personnes. […] » Aussi bien encore, il a commencé en batailleur. […] Mais elle commence à être un peu surannée, elle aussi. […] Les femmes du monde commencent à dire : « Est-ce qu’on pourrait le voir ?
L’idiome moderne commença, et fut d’abord le roman rustique. […] Ce caractère de la poésie provençale rend plus difficile la tâche que j’ai commencée. […] Où commence-t-elle ? […] Lors le soudan commence à demander ce que cela signifie. […] Elle commence à prendre son caractère de langue française, sans garder toute l’aspérité d’une langue du Nord.
Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] La révolution des Pays-Bas est commencée ; celle de France s’allume. […] Or, une nouvelle ère allait commencer, tout imposante et toute sévère : dans la grande convulsion démocratique où la terre de France enfanta des armées, après les premiers temps d’aguerrissement et d’apprentissage, on eut des héros, des chevaliers aussi ; mais ceux-là, les Lannes, les Murat, les Ney étaient des Achille et des Roland primitifs qui n’entendaient rien à ces grâces polies et à ces raffinements des vieux règnes. […] Il aurait voulu qu’on commençât par tonner et étonner : on a manqué ce premier coup. […] Il avait commencé trop tôt de paraître un monument.
C’est là que Massillon commença à prendre tout à fait son rang par ses conférences, le plus solide ou du moins le plus sévère de ses ouvrages. […] Quand Massillon parut, Bourdaloue terminait sa carrière : Bossuet, comme auteur de sermons, avait clos la sienne au moment même où Bourdaloue commençait. […] Ses exordes avaient quelque chose d’heureux et qui saisissait aisément, comme le jour où il prononça l’Oraison funèbre de Louis XIV, et où, après avoir parcouru en silence du regard tout ce magnifique appareil funéraire, il commença par ces mots : « Dieu seul est grand, mes frères ! […] Mais il ne s’en tient pas là ; il ne fait en ce moment que de commencer à interroger son auditeur ; il va le presser de plus en plus, le circonvenir, chercher à l’atteindre par toutes les surfaces jusqu’à ce qu’il ait rencontré le point vulnérable ; et il en vient graduellement à une énumération et presque à une désignation plus frappante : Grand Dieu ! s’écrie-t-il, vous qui vîtes dans leur naissance les dérèglements des pécheurs qui m’écoutent et qui, depuis, en avez remarqué tous les progrès, vous savez que la honte de cette fille chrétienne n’a commencé que par de légères complaisances et de vains projets d’une honnête amitié : que les infidélités de cette personne engagée dans un lien honorable n’étaient d’abord que de petits empressements pour plaire, et une secrète joie d’y avoir réussi : vous savez qu’une vaine démangeaison de tout savoir et de décider sur tout, des lectures pernicieuses à la foi, pas assez redoutées, et une secrète envie de se distinguer du côté de l’esprit, ont conduit peu à peu cet incrédule au libertinage et à l’irréligion : vous savez que cet homme n’est dans le fond de la débauche et de l’endurcissement que pour avoir étouffé d’abord mille remords sur certaines actions douteuses, et s’être fait de fausses maximes pour se calmer : vous savez enfin que cette âme infidèle, après une conversion d’éclat, etc.
Cette dernière nouvelle et celle de la prise de Privas, avec les rigueurs qui y furent exercées sur les vaincus, commencèrent seulement à lui abaisser les cornes, dit Richelieu ; et alors, prévoyant le terme prochain de la lutte, il déploya toutes ses ressources et ses expédients, il redoubla d’activité et multiplia les belles escarmouches pour finir au moins décemment, pour être compté jusqu’au bout et obtenir le plus de garanties qu’il pourrait à la généralité du parti. […] Ici une nouvelle carrière commence pour Rohan : le roi, sur le conseil du cardinal de Richelieu, le croit très propre à ses affaires en ces contrées, à cause des qualités mixtes et variées qu’il possède, négociateur, capitaine, très en renom à l’étranger, pouvant agir comme de lui-même et n’être avoué que lorsqu’il en serait temps. […] Il s’agissait de trouver un personnage qui les poussât et les guidât, « adroit à manier les peuples, agréable aux Grisons (la plupart protestants) », propre « à remettre ces gens-là peu à peu et à regraver dans leurs esprits la dévotion qu’ils commençaient à perdre pour les Français, et qui fût de tel poids, qu’il pût être en ce pays comme garant et caution de son maître », sans que le nom de ce maître fût mis d’abord trop en montre. […] Le combat, commencé à deux heures de l’après-midi, dura près de trois heures. […] Nous ne pourrions qu’être fastidieux en insistant longuement sur les détails de cette triste affaire, si brillamment commencée et si mal finie, et en essayant de chercher le fil de ce labyrinthe dans lequel se voyait plongé sans ressource le duc de Rohan.
L’origine était peu de chose : un grand-père, né de quelque honnête marchand, de quelque commis au greffe, avait commencé la fortune, humblement, laborieusement ; il s’était élevé degrés par degrés, en passant par tous les bas et moyens emplois, en se faisant estimer partout, en se rendant utile, nécessaire, en sachant mettre à profit les occasions ; il avait à la fin percé, il était arrivé, déjà mûr, à quelque charge honorable et y avait assez vieilli pour confirmer son bon renom : il avait eu un fils, pareil à lui, mais qui, né tout porté, avait pu appliquer dès la jeunesse les mêmes qualités à des objets en vue et en estime, à des affaires publiques et d’État. […] L’illustration historique ne leur est venue que par le troisième de la race (depuis qu'elle eut commencé de compter), c’est-à-dire par celui dont on publie aujourd’hui le Journal, et qui fut simplement maître des requêtes ; mais un jour, il eut le périlleux honneur d’être rapporteur dans le procès de Fouquet, et, malgré le poids de l’ascendant royal, sous la pression inique et la menace de Colbert, il eut le mérite d’être juste indulgent : il ne conclut point pour la mort, et sa conclusion triompha. […] C’est vers ce temps qu’il acquit une terre d’Ormesson (près de Saint-Denis), qui n’est pas la même que celle du même nom en Brie, plus connue, appartenant également à la famille, et il commença de se faire appeler M. d’Ormesson, le nom de Lefèvre étant trop commun. […] Il veut bien commencer, mais bientôt il se plaint qu’on est allé trop loin. […] Ce que vous m’écrivez même de la sédition qui a failli plusieurs fois s’exciter à Angers est une preuve du bien que causait le seul nom et la seule autorité de cet incomparable ministre… Dix-huit mois environ après que cette lettre était écrite, le cardinal Mazarin, que d’Ormesson nous montre, la première fois qu’il le voit au conseil, « grand, de bonne mine, bel homme, le poil châtain, un œil vif et d’esprit, avec un grande douceur dans le visage », avait si bien fait son chemin et assuré son crédit auprès de la reine, qu’il avait la Cour à ses pieds. « Les pièces de médisance commençaient à courir (décembre 1644), et l’on se plaignait du gouvernement : on regrettait celui du cardinal de Richelieu.
. — Mme de Sévigné nous a montré également la marquise de Villars dans sa vieillesse, et jouissant discrètement de la renommée victorieuse de son fils : « Sa mère est charmante par ses mines, et par les petits discours qu’elle commence et qui ne sont entendus que des personnes qui la connaissent. » On possède donc maintenant les doubles Relations du marquis et de la marquise de Villars, de l’ambassadeur et de l’ambassadrice de France à Madrid en 1679 ; toutes deux se complètent et nous offrent de cette monarchie en décadence et en ruine le plus curieux, le plus instructif tableau. […] Cependant, dit le marquis de Villars, « le roi ayant dix-sept ans et une santé qui s’affermissait avec l’âge, commença à souhaiter d’être marié. […] La camarera me tenait toujours par la main, m’avertissant du nombre de révérences que j’avais à faire, et qu’il fallait commencer par le roi. […] C’est dans cette rivière si vantée du Mançanarès : au pied de la lettre, la poussière commence à y être si grande, qu’elle incommode déjà beaucoup. […] » Dans l’été de 1680, un petit voyage que le roi voulut faire avec la reine à Aranjuez, avant celui de l’Escurial (par lequel il est de mauvais augure de commencer un règne, parce qu’on y rencontre les tombeaux des rois), ne put avoir lieu faute d’argent.
Au Limbe nous commencerons, Et puis après nous traiterons La hautaine narration, Pour venir à la Passion De notre Sauveur Jésus-Christ ; Après la Résurrection, Et l’admirable Ascension, Et mission du Saint-Esprit. Il me semble, dès à présent, que quelque chose ici fera défaut, ne fut-ce que la langue ; il serait fort singulier, on en conviendra, qu’un chef-d’œuvre commençât de la sorte. […] Je ne tiens pas à prendre en défaut mes savants confrères qui ont tant à me renseigner sur ces sujets un peu ingrats, où notre légèreté se rebute aisément ; mais eux-mêmes, je le leur demande, n’ont-ils pas commencé à me faire querelle tout les premiers, en me reprochant d’anciens jugements un peu trop absolus peut-être, que je crois vrais pourtant dans le fond, et que je suis prêt d’ailleurs à modifier, à amender, autant que mon goût mieux informé pourra y consentir ? […] Mais un second sermon, qui commençait effectivement la pièce, est une prédication de saint Jean-Baptiste sur ce texte d’Isaïe : « Parate viam domini… Préparez la voie du Seigneur… » Ce sermon, grâce à Dieu, a moins de 300 vers dans sa première partie. […] Après la prédication de saint Jean, l’action (si action il y a) commence.
Le portrait de Marie Leckzinska, par lequel probablement le chevalier commençait sa revue, y était très flatté. […] « Vertueuse Esther, le temps de l’épreuve est passé, celui de la gloire commence ! […] Ce fut après plus de six ans de mariage et quatre ans avant leur séparation de lit que les infidélités du roi commencèrent. […] Ce n’est pas probable, quoique l’intrigue avec cette dame ait commencé bien plus qu’on ne le sut généralement alors, et qu’elle ait été menée pendant les premières années très secrètement. […] Ici commence une triste période pour la pauvre reine : elle put s’y faire, s’y accoutumer par la suite ; tant qu’elle le put, elle ignora : il est impossible que, quand elle sut tout à n’en pas douter, elle n’en ait pas cruellement souffert.
Il garda de cette éducation commencée sous les belles années de Louis XVI, la faculté d’espérance sociale et de bienveillance universelle, une vue riante de l’humanité, une teinte de philanthropie dont il avait en lui le principe et le foyer, mais dont la couleur se ressentait de la date de son enfance et de sa première jeunesse. […] Lors de la création de l’école centrale de Besançon, Droz, nommé professeur de belles-lettres, et qui eut entre autres élèves Nodier, commença à se faire connaître par quelques discours imprimés, par un Essai sur l’art oratoire (1799), dans lequel il fait preuve d’instruction, de justesse, et où déjà ses inclinations et son tour d’esprit se déclarent. […] Cabanis lui dit un jour : « Vous voulez publier un ouvrage de morale, un ouvrage sérieux ; commencez plutôt par donner un roman. […] Droz commença de s’appliquer à l’étude du Règne de Louis XVI, considéré pendant les années où l’on pouvait prévenir ou diriger la Révolution française. […] La raison avec eux est vaincue et le mouvement aveugle commence.
Avant tout, et pour rattacher à sa vraie date ce nom modeste et qui s’est bien plus appliqué à s’effacer qu’à se produire, je rappellerai que sous la Restauration, vers 1820, à l’époque où ce régime, si peu assis d’abord, commençait à entrer en pleine possession de lui-même, il se fit de toutes parts, dans tous les jeunes esprits, un mouvement qui les poussait avec ardeur vers les études et vers les idées. […] Obéissant à une vocation instinctive et dont le premier éveil s’était fait sentir à lui dès l’âge de dix ans, il commença, dans la même ville également, son cours de théologie. […] On comprend toutefois, même sans entrer dans le vif des matières, que lorsqu’en 1824, l’abbé Gerbet eut fondé, de concert avec M. de Salinis, un recueil religieux mensuel intitulé Le Mémorial catholique, et qu’il eut commencé à y développer ses idées avec modération, avec modestie, et pourtant avec ce premier feu et cette confiance que donne la jeunesse, il y eut là, pour ne parler que de la forme extérieure des questions, quelque chose de ce qui signala en littérature la lutte d’un esprit nouveau contre l’esprit stationnaire ou retardataire. […] L’auteur commence par rechercher historiquement les idées générales, universellement répandues dans l’Antiquité, de sacrifice, d’offrande, de désir et de besoin de communication avec un Dieu toujours présent, qui ont servi de préparation et d’acheminement au mystère ; mais, au milieu des digressions historiques et des distinctions dogmatiques fines ou profondes, il mêle à tout moment de belles et douces paroles qui sortent de l’âme et qui sont l’effusion d’une foi aimante. […] Si Dieu préside à vos heures légères, Ce jeu du soir est un temps bien passé, Et, du matin rejoignant les prières, Finit le jour comme il a commencé.
Il commence par juger assez sévèrement Neuchâtel et ses habitants. […] Je ne me lasserai point, lui dis-je en riant. — Cela serait bien éloigné, me répondit-elle ; il est déjà tard, on va bientôt commencer. Si le comte Max, avec qui je dois danser la première, ne vient pas avant qu’on commence, je la danserai avec vous, si vous le voulez. — Je la remerciai ; et, dans le même moment, une dame vient à moi et me dit : — Ah ! […] Nous étions arrivés au haut de la contredanse, et nous allions commencer, quand Mlle de La Prise s’est écriée : — Ah ! […] Malgré son bon cheval, son chien fidèle, son excellent et vieux Antoine, il s’aperçoit qu’il est bien seul, les soirées d’hiver commencent à lui paraître longues.
Ce génie philosophique répandu dans tous les livres et dans tous les états, est l’instant de la plus grande lumière d’un peuple ; c’est alors que le corps de la nation commence à avoir de l’esprit, ou plutôt, ce qui revient à peu près au même, commence à s’apercevoir qu’il en manque après deux siècles de peines prises pour lui en donner. C’est alors surtout que les grands commencent à rechercher non seulement les ouvrages, mais la personne même des écrivains, tant célèbres que médiocres ; ils s’empressent, au moins par vanité, de donner aux talents des marques d’estime, souvent plus intéressées que sincères. […] Mais on ne pense pas que cette distance qui affaiblit les traits de la satire, refroidit encore bien plus l’amitié que la haine, et qu’à l’égard des liaisons qui ont commencé dans l’éloignement, elles ne sont que trop souvent détruites par la présence. […] On ne doit point être étonné que je commence par les talents. […] Il semble qu’à mesure que l’homme d’esprit s’éclipse, l’homme de qualité se montre, et paraisse exiger la déférence dont l’homme d’esprit avait commencé par dispenser.
Il est possible que l’humanité ait commencé en fait par des groupements familiaux, dispersés et isolés. […] Il ne commence à céder que lorsque la classe supérieure elle-même l’y invite. […] Comme tous les grands optimistes, ils ont commencé par supposer résolu le problème à résoudre. […] Malheureusement, il est difficile de dire où commence l’exagération et le danger. […] Il y a sans doute des crises de « surproduction » qui s’étendent aux produits agricoles, et qui peuvent même commencer par eux.
Le mariage de Julie de Rambouillet avec le duc de Montausier est un fait de si peu d’importance historique, qu’il ne mériterait pas qu’on en recherchât les circonstances, s’il ne concourait d’abord à marquer l’époque où la société de l’hôtel Rambouillet commença à se dissoudre, et ensuite à faire tomber les applications que nos biographes modernes lui ont faites, des traits lancés par Molière en 1650 contre Les Précieuses ridicules. […] La dissolution de la société de Rambouillet fut l’époque ou commencèrent des sociétés d’un autre ordre, et où s’introduisit dans la langue un mot nouveau, dont la naissance atteste celle de la chose ou de l’espèce de personnes qu’il désigne, le mot précieuse. […] La guerre finie, leur régné devait commencer, leurs sociétés fleurir et se faire remarquer, prendre un nom et s’attirer tout à la fois deux réprobations, de deux côtés opposés, celle des mœurs dominantes ou des mauvaises mœurs, et celle du goût qui s’épurait malgré la corruption des mœurs, le goût et l’incontinence publique marchant ensemble sous la bannière du goût.
On commença à César ; cet homme qui avait fait tant de mal à son pays, et qui avait commis le plus grand des crimes, celui de précipiter la corruption d’un peuple, fut loué sur cette même tribune où l’on n’aurait dû monter que pour flétrir sa mémoire. […] Germanicus, le modèle des princes ; Germanicus qui eut le tort d’être vertueux dans une cour corrompue, et sous Tibère le tort bien plus grand d’être adoré du peuple et de l’aimer, empoisonné en Asie, n’obtint pas d’éloge funèbre dans Rome ; mais aussi la mémoire de Tibère ne manqua point d’être célébrée ; l’éloge de Tibère fut prononcé par Caligula : c’était dignement commencer un règne qui devait finir par tant de crimes ; et le panégyriste et le héros étaient dignes l’un de l’autre. […] On nous a transmis sur cet éloge quelques détails assez curieux ; l’orateur commença par vanter beaucoup les ancêtres du prince mort, comme si Claude avait rien de commun avec ses aïeux, que d’avoir déshonoré un grand nom par une vie lâche.
Tel fut l’ordre établi par la Providence pour commencer la société païenne. […] Ainsi commença la croyance universelle de l’immortalité des âmes humaines, appelées dii manes, et dans la loi des douze tables, deivei parentum... […] Pour nous, nous commencerons à traiter de la politique des premiers âges, en prenant pour point de départ ces serviteurs ou famuli, qui appartiennent proprement à l’étude de l’économie.
Commençons, au contraire, par tracer une ligne de démarcation entre l’inerte et le vivant. […] Il n’en sera plus de même quand on aura commencé par faire la distinction qui, selon nous, s’impose. […] Elle a commencé par aider celui-ci à redescendre sa pente à elle, elle lui a donné l’impulsion. […] Commençons par la déduction. […] Il est vrai qu’il faudrait commencer par distinguer, par opposer même l’une à l’autre, deux espèces d’ordre que l’on confond d’ordinaire ensemble.
[« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] Et maintenant je donnerai quelques pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes commencé à la date du 31 décembre 1834, et où je disais au début : « J’ai trente ans ; je commence à redescendre la pente.
Une idée commence à se dessiner. […] Pourtant qui pourrait dire où commencent la science et l’art ? […] William James, aient commencé à réagir contre elle. […] Zola commence à écrire son œuvre. […] Un jour l’auteur arrive chez elle et le travail commence.
C’est une transformation profonde qui commence, ou qui s’annonce. […] Nous commençons à entrevoir les linéaments de sa philosophie. […] L’esprit de Bacon et de Locke commençait à souffler dans le monde. […] Mais on commence à le penser ! Déjà, sous le nom de « préjugés », c’est la « tradition » à peu près tout entière que l’on commence d’attaquer.
elles commencent. […] On commençait à être las des drames de M. […] Albert de Broglie a commencé par elle. […] C’est par Molière qu’il commence, et il ne pouvait mieux choisir. […] Pour son malheur et celui de sa famille, Louis XVII commençait, hélas !
Plusieurs Ecrivains, déifiés par le préjugé ou l’esprit de parti, commencent à voir diminuer leur culte, & à retomber sur terre, du haut du piédestal sur lequel on les avoit élevés. On commence à connoître que quelques traits de Morale & de Littérature, dont les uns sont communs & les autres hasardés ; que des pensées & des réflexions détachées ; que des lambeaux de traduction secs & froids ; que des Eloges écrits d’un style plus imposant & plus maniéré, que solide & vigoureux ; que des Essais sans dessein, sans méthode, sans profondeur, sans vûes, sont de foibles titres pour une célébrité durable.
Son père avait commencé de lui enseigner le latin ; mais lorsqu’il vit cette disposition singulière pour les mathématiques, il la favorisa, procurant à l’enfant les livres nécessaires, et ajournant l’étude approfondie du latin à un âge plus avancé. […] Samedi, 17. — Je les portai, et je commençai à ouvrir mon cœur. […] A peine arrivé à Bourg, il mit en état le cabinet de physique, le laboratoire de chimie, et commença du mieux qu’il put, avec des instruments incomplets, ses expériences. […] Il s’en exprime avec charme : « Ma chimie, écrit-il, a commencé aujourd’hui : de superbes expériences ont inspiré une espèce d’enthousiasme. […] Celui-ci quitta Lyon qui ne lui offrait plus que des souvenirs déchirants, et arriva dans la capitale, où pour lui une nouvelle vie commence.
On peut dire que jusqu’au jour ou Cari Rosa commença son entreprise, l’Opéra était absolument inconnu hors de Londres. […] Edouard Dannreutheraa qui commença la propagande avec énergie et surtout avec discrétion. […] La Société Wagnérienne a été fondée avec grand succès, et partout une appréciation plus juste des idées Wagnériennes commence à se montrer. […] Wyzewa commence ici une série de trois articles sur la peinture, la musique et la littérature wagnériennes. […] Née à Madrid de parents italiens et chanteurs, elle commença ses études de chant à New York où ses parents avaient émigré.
Il faudrait commencer par définir la laideur, puis chercher ce que le comique y ajoute : or, la laideur n’est pas beaucoup plus facile à analyser que la beauté. […] Nous ne commençons donc à devenir imitables que là où nous cessons d’être nous-mêmes. […] Nous commençons à entrevoir ici quelques-unes des grosses difficultés de détail que le problème du comique soulève. […] Commençons par la nature. […] Des douaniers, qui s’étaient bravement portés à leur secours, commencèrent par leur demander « s’ils n’avaient rien à déclarer ».
Commencée comme les journalistes, ces hommes d’excès, c’est en poussant aux excès plus grands qu’il la rajeunit à chaque circonstance. […] Il commença par flatter les partisans de la légitimité, il finit par hésiter entre les libéraux et les légitimistes. […] Là commence son rôle vraiment politique : il conçut la pensée de rallier l’armée française à la monarchie des Bourbons, en lui fournissant l’occasion de combattre contre la révolution d’Espagne. […] Ces Mémoires avaient été commencés par lui dès 1822, dans sa solitude de la Vallée-aux-Loups. […] Atala vint ensuite et commença ses prodigieux succès.
Gura, sans qualités exceptionnelles, mais sans défauts gênants ; le cas de madame Vogl commence à inquiéter les spectateurs français. […] Lamoureux, commencera le 15 avril et finira le 1er juin. […] C’était d’autant plus nécessaire que les répétitions commenceront dès le mois de janvier ; ce ne sera pas trop de trois mois d’études pour arriver à une perfection dans l’exécution égale à celle qui a valu tant de succès aux concerts de M. […] Mon but est de placer ici sous les yeux du lecteur dilettante la Réminiscence telle qu’elle était à l’époque où Wagner commença de mettre en œuvre son Leitmotif dans le Vaisseau Fantôme et Tannhaeuser. […] NEW-YORK. — La saison d’opéra au Métropolitain, d’après le prospectus qui vient d’être livré à la presse, commencera le 8 novembre, et se terminera le 26 février 1887.
Cependant la bataille va commencer ce matin du lundi 19 septembre. […] Il vient, avant que l’action commence, prier le prince de Galles, au nom de ses bons et loyaux services passés, de lui octroyer cette grâce d’être le premier à assaillir et à combattre. […] Cependant la bataille commence mal pour les Français : le corps de chevaliers d’élite commandé par les maréchaux en personne, qui essaye de forcer l’entrée du chemin entre deux haies sous les traits des archers, n’y parvient pas et est refoulé en désordre sur le gros de l’armée. […] Elle commence à s’ébranler, à se dérompre et ouvrir, quand elle voit les maréchaux déconfits par-devant, et qu’elle se sent assaillie en arrière et sur ses flancs par le corps de chevaliers anglais et d’archers à cheval qui débusquent de la montagne. […] Jusqu’à cette époque de son histoire, Froissart avait plus ou moins suivi la Chronique de Jean le Bel : c’est à partir de l’année 1356 et de la bataille de Poitiers seulement, qu’il commence à cheminer seul, et, dès les premières pages, il débute par un grand tableau digne d’un maître.
Un premier trait assez singulier commencera à le peindre : M. […] La première condition est de savoir en perfection la langue dont on va apprécier les écrits, distinguer les emplois et les styles, peser les locutions et les mots ; c’est bien le moins quand on prétend s’ériger en censeur ; et pour cela il n’est que de commencer par lire, la plume à la main, et, s’il se peut, en observant l’ordre chronologique, tous les auteurs d’une langue : c’est là le premier point. […] La note, notula, était son fort et son triomphe ; la note courte et vive, bien amenée, bien touchée, s’arrêtant au moment où la dissertation commence. […] Un Bentley commencerait là où Boissonade finit. […] Boissonade comme érudit, je commencerais par répondre que je n’y entends absolument rien, et par conséquent pas assez pour prononcer ; que j’ai ouï dire à de bons juges que précisément c’est cette œuvre de marque qui lui manque : puis, si l’on me poussait, je me risquerais jusqu’à conjecturer pourtant que cette œuvre, qui serait chez lui essentielle et caractéristique, pourrait bien être tout bonnement son édition d’Aristénète, méditée et couvée durant vingt-cinq ans, faite avec amour et complaisance.
Son Journal commence à la mort de Louis XIV. […] Il travaille à un poëme épique sur Henri IV, où il fait entrer toute l’histoire de la Ligue ; on en parle comme d’une merveille. » Ce n’est pas mal commencer, pour un vieil avocat classique, à l’égard d’un talent nouveau : il n’a pas de parti pris. […] Ce sont des lettres à sa fille, où il y a plus d’amour que les amants n’en ont dit depuis que l’on a commencé d’aimer ; enfin j’en suis enchanté et je ne finirais point mes louanges, si je les louais comme il faut. […] Il eut à essuyer, dans le cours de sa longue carrière, plus d’une attaque vigoureuse, à commencer par celles des Racine, des Despréaux et des La Bruyère : il s’en tira moyennant prudence, patience, dignité, et par la force d’un vrai mérite. […] Fleury avait fini par où il aurait dû commencer : il avait lu ces Lettres persanes tant incriminées, et il avait souri.
Dans toutes les sociétés où nous allons, la maîtresse de la maison ou sa fille, à côté de laquelle on a bien soin de placer l’un de nous, croirait manquer au savoir-vivre si elle ne commençait par nous parler de pendus et de verrous. […] Conséquemment, lorsque les Indiens commencent à se trouver un peu trop près de leurs frères les blancs, le président des États-Unis leur envoie un messager, lequel leur représente que, dans leur intérêt bien entendu, il serait bon de reculer un tant soit peu vers l’Ouest. […] Ici commença une scène qui, en vérité, avait quelque chose de lamentable. […] C’est sur ses genoux que nous avons appris à discerner le bien du mal ; c’est lui qui a commencé pour nous cette première éducation de l’enfance dont on se ressent toute sa vie, et qui a fait de nous sinon des hommes distingués, du moins d’honnêtes gens. […] Quand j’ai commencé à réfléchir, j’ai cru que le monde était plein de vérités démontrées ; qu’il ne s’agissait que de bien regarder pour les voir : mais lorsque j’ai voulu m’appliquer à considérer les objets, je n’ai plus aperçu que doutes inextricables.
La publication de l’éblouissant morceau sur l’amour vint renouveler à temps la question, qui commençait à s’épuiser. […] Lorsqu’on commença, dans ce siècle-ci, à contester les théories jusque-là régnantes, la critique s’appliqua, en sens inverse, à ces chefs-d’œuvre, et l’on s’efforça d’y démontrer certaines lacunes et défectuosités qui tenaient aux circonstances de l’époque, au cadre de la société. […] Cousin s’est donc levé, disions-nous, et il a exprimé quelque chose d’approchant et en des termes bien meilleurs, bien plus persuasifs, on le supposera sans peine ; mais nous ne croyons pas trahir sa pensée en la produisant sous cette forme ; et voilà la période philologique qui commence. […] Nous savons un autre travail considérable sur les Lettres de madame de Maintenon commencé depuis plusieurs années par un de ses nobles héritiers, M. le duc de Noailles. […] Je renvoie à sa profession de foi 66 qui commence par ces mots : « J’aime la pauvreté, parce que Jésus-Christ l’a aimée.
Voltaire508 commence à faire parler de lui en 1714 : il meurt dans une apothéose en 1778. […] Il finit Œdipe, il commença la Henriade. […] Utilisant ses relations avec les frères Paris, qui l’intéressèrent dans certaines entreprises, appliqué et entendu aux affaires d’argent, guettant les bons placements, il commença dès ce temps à se faire la plus grosse fortune qu’on eût encore vue aux mains d’un homme de lettres. […] Ici commence le règne du philosophe et l’apothéose du « patriarche ». […] De petites pièces, courtes, malignes, dissolvantes, commencent à s’envoler par le monde, ou détachées en brochures, ou insinuées au milieu de quelque tome d’œuvres complètes, dans les éditions qui s’impriment incessamment en France ou en Allemagne.
Pour aller droit à la réformation des mœurs, il commençait toujours par établir sur des principes bien liés et bien déduits une proposition morale, et après, de peur que l’auditeur ne se fît point l’application de ces principes, il la faisait lui-même par un détail merveilleux où la vie des hommes était peinte au naturel. […] Le troisième point ne s’appliquait plus que de loin à Tréville : cependant, comme celui-ci était connu pour avoir l’esprit caustique, ironique et d’un fin railleur, il s’y trouvait encore des choses que l’auditoire, une fois dans cette direction d’un portrait commencé, ne pouvait manquer de détourner à son intention ; par exemple, lorsque le prédicateur conseillait à tout converti qui se pique d’une réforme sévère, d’être patient et charitable, au risque de paraître moins agréable et moins spirituel dans les entretiens. — On a maintenant le commentaire du passage de Mme de Sévigné, et l’on voit comment Tréville fut dépeint et prêché par Bourdaloue en trois points. […] Je recommande surtout la belle pensée qui commence par ces mots : « Je veux un ami véritable et, autant qu’il se peut, un ami sincère, etc. » Bourdaloue, dans ces endroits, se rapproche de La Bruyère ; il a du tour et quelque imprévu. […] Dans les dernières années de sa vie, et à deux reprises, il écrivit à ses supérieurs pour être déchargé par eux de ce ministère de la parole publique dont il commençait à sentir le poids, et pour obtenir de prendre enfin une retraite dont la nature en lui éprouvait le besoin : Il y a cinquante-deux ans que je vis dans la compagnie, non pour moi, mais pour les autres ; du moins plus pour les autres que pour moi. […] Il avait eu le temps de voir les éclatants débuts de Massillon, et il les avait salués de cette parole prononcée pour la première fois par saint Jean-Baptiste, parole de précurseur où le vieil athlète vaincu disparaît dans le chrétien, et où la tristesse inévitable de celui qui finit se retourne en vœux et en bénédictions vers celui qui commence : « Illum oportet crescere, me autem minui… À lui désormais de grandir et de croître, à moi de m’effacer et de décliner !
Présenté au jeune roi, qui n’avait que six ans plus que lui, La Fare entrait dans le nouveau régime quand tout commençait et sous l’œil du maître ; il n’avait qu’à y tourner son esprit avec quelque suite pour se concilier la faveur : « J’oserais même dire que le roi eut plutôt de l’inclination que de l’éloignement pour moi ; mais j’ai reconnu dans la suite que cette impression était légère, bien que j’avoue sincèrement que j’ai contribué moi-même à l’effacer. » Doué d’un esprit fin et libre, d’un jugement élevé et pénétrant, il aima mieux être indépendant qu’attentif et flatteur, et ce n’est pas ce qu’on peut lui reprocher ; mais il devint évident par la suite qu’il prit souvent pour de l’indépendance ce qui n’était que le désir détourné de se retirer de la presse et de chercher ses aises. […] Tandis que le voluptueux Salluste cherche au commencement de ses Histoires à élever sa pensée et celle de ses lecteurs et à la fixer vers les choses impérissables, La Fare, moins ami de l’idéal et qui sépare moins ses écrits de ses propres habitudes, commence par une citation de Pantagruel. […] Avec Henri IV commença ou recommença le système monarchique. […] Mais comme on ne va point d’une extrémité à l’autre sans passer par un milieu, il commença seulement par ne leur donner plus de part au gouvernement ni à sa confiance, et choisit des gens qu’il crut fidèles et de peu d’élévation. […] Quand je dis qu’il le reprit avec dignité, ce n’est pas La Fare qui le dit, car ici il commence à devenir d’une extrême sévérité et injustice envers Louis XIV.
C’est sous le nom de Lucius, qui était celui d’un précédent narrateur, qu’Apulée commence son récit, et il confondra plus d’une fois, en avançant, son propre personnage avec l’original qu’il revêt. […] La vieille obéit et commence à racontera la jeune fille une jolie histoire, un vrai conte de fées ; et ce conte, c’est la fable de Psyché. […] Si l’on pouvait voir dans une sorte d’aquarium la formation et le progrès de la fable de Psyché à ses divers états d’éclosion et de croissance, je me persuade que l’on reconnaîtrait que cela a commencé bien simplement, par un conte qui s’est grossi peu à peu, mais que ni la philosophie ni la théologie n’ont présidé à l’heureuse venue du germe ; ç’a été, si j’ose ainsi parler en naturaliste, un globule, une cellule qui a prêté au développement et qui a réussi. […] En un mot, cela a peut-être commencé par être plus naïf, mais n’a pas commencé par être plus raisonnable qu’on ne le voit chez Apulée.
Voyons pourtant : commençons par le bourgeois avocat Barbier, qui vit la reine après trois ans de mariage. […] On se le représentera facilement, si l’on pense que cette reine aimait à la passion son époux, qu’elle le voyait lui échapper entièrement, dans la fleur encore de sa jeunesse à lui, et à l’âge où elle-même elle commençait à se flétrir ; qu’elle avait pour dames du palais, nommées pour l’accompagner et la servir, précisément ces mêmes sœurs rivales qui lui enlevaient à tour de rôle le cœur du roi et se le disputaient entre elles, de manière à compromettre aussi le salut éternel de son âme. […] « Le roi lui répondit assez froidement : « Ce n’est pas la peine » ; et sans paraître vouloir entendre un plus long discours, il alla faire la conversation avec gens qui étaient dans sa chambre ; ensuite il commença sa partie de quadrille. […] « Sa Majesté commence à manger sans regarder personne, tenant les yeux baissés sur son assiette. […] Autrefois elle s’amusait à jouer de quelques instruments, de la guitare, de la vielle, du clavecin, et se moquait d’elle-même, quand elle se méprenait… Elle me renvoie vers les trois heures pour aller dîner, et alors commencent ses lectures. » Pour aller dîner, c’est-à-dire pour que le président aille dîner, car elle, la reine, avait dîné bien auparavant. — Les lectures de la reine étaient sérieuses et roulaient particulièrement sur l’histoire.
Né (1637) d’une famille de robe originaire du Perche, qui se rattachait depuis deux générations au Parlement de Paris, l’un des cadets de seize enfants, il avait commencé, dit-on, par l’étude du droit et le barreau. […] Il rendit d’importants services dans les trois premières campagnes de la guerre qui commença en 1672, et principalement en 1673 à l’attaque de l’ouvrage à corne de Maëstricht. […] Commençons donc avec un tel homme que Catinat par le respect total et souverain, avant d’essayer sur quelques points la restriction et la réserve. […] Ici commence une nouvelle série de fonctions et de services qui décideront de la carrière future de Catinat. […] Il ne faudrait pourtant pas dire, comme cela m’était échappé d’abord, par trop de confiance dans le rédacteur des Mémoires de Catinat, qu’il commença par être « aide de camp du roi » en 1664, à l’âge de vingt-sept ans.
Et quelques mois après, marquant avec orgueil le jour de Marignani, elle écrit dans le transport de son cœur : Le 13 de septembre, qui fut jeudi, 1515, mon fils vainquit et défit les Suisses auprès de Milan ; et commença le combat à cinq heures après midi, et dura toute la nuit, et le lendemain jusques à onze heures avant midi ; et, ce jour propre, je partis d’Amboise pour aller à pied à Notre-Dame-de-Fontaines, lui recommander ce que j’aime plus que moi-même, c’est mon fils, glorieux et triomphant César, subjugateur des Helvétiens. […] Le connétable de Montmorency, parlant au roi de la nécessité de purger d’hérétiques le royaume, ajouta qu’il lui faudrait commencer à la Cour même et par ses proches, et il nommait la reine de Navarre. […] Et pour ce que les ouvriers dirent qu’ils ne sauraient avoir fait le pont de dix ou douze jours, la compagnie, tant d’hommes que de femmes, commença fort à s’ennuyer… Il s’agit donc d’employer ces dix ou douze jours à quelque occupation « plaisante et vertueuse », et l’on s’adresse pour cela à une dame Oisille, la plus ancienne de la compagnie. […] La conversation élégante date de plus loin qu’on ne suppose ; la société polie a commencé plus tôt qu’on ne croit. […] Telle que je viens de la montrer dans l’ensemble, en fâchant de ne pas forcer les traits et en évitant toute exagération, elle a mérité ce nom de gentil esprit, qui lui a été si universellement accordé ; elle a été la digne sœur de François Ier, la digne patronne de la Renaissance, la digne aïeule de Henri IV par la clémence comme par l’enjouement, et, dans l’auréole qui l’entoure, on aime à lui adresser ce couplet que son souvenir appelle et qui se marie bien avec sa pensée : Esprits charmants et légers qui fûtes de tout temps la grâce et l’honneur de la terre de France ; qui avez commencé de naître et de vous jouer dès les âges de fer, au sortir des horreurs sauvages ; qui passiez à côté des cloîtres et qu’on y accueillait quelquefois ; qui étiez l’âme joyeuse de la veillée bourgeoise, et la fête délicate des châteaux ; qui fleurissiez souvent tout auprès du trône ; qui dissipiez l’ennui dans les pompes, donniez de la politesse à la victoire, et qui rappreniez vite à sourire au lendemain des revers ; qui avez pris bien des formes badines, railleuses, élégantes ou tendres, faciles toujours, et qui n’avez jamais manqué de renaître au moment où l’on vous disait disparus !
. — Général, il faut vous garder pour la campagne qui commence en Allemagne. […] Je serai au désespoir si l’on commence sans moi. […] C’est alors que la reconnaissance a commencé et qu’il a fallu céder ; on a été chercher toute la viande, les poulets et les œufs de Torquemada, et il n’y en avait guère. […] J’ai commencé par être son aide de camp ; c’est à lui que je dois ce que je suis, et mon économie.
Scherer, de dire tout ce qu’il y a d’agitation dans notre cœur lorsque nous commençons à reconnaître que notre Église et notre système n’ont pas le monopole du bien et du vrai, lorsque nous rencontrons des hommes également éminents et sincères qui professent les opinions les plus opposées…, lorsque nous découvrons qu’il n’y a point d’erreur qui n’ait un mélange de vérité, point de vérité qui ne soit partielle, étroite, incomplète, entachée d’erreur, lorsque ainsi le relatif nous apparaît comme la forme de l’absolu sur la terre, l’absolu comme un but éternellement poursuivi mais éternellement inaccessible, et la vérité comme un miroir brisé en mille fragments qui tous réfléchissent le ciel et dont aucun ne le réfléchit tout entier. […] Cousin avait commencé, dans ses premiers Fragments philosophiques, par adopter le jargon de l’école au point d’en être presque inintelligible : oh ! […] On pouvait croire qu’il manquait tout à fait de tendresse et d’onction ; mais, par un ou deux chapitres de ces Paroles même d’un croyant qu’on vient de voir si sévèrement jugées, il a commencé de prouver qu’il n’était pas tout à fait dépourvu de cette fibre-là. […] Je connais personnellement et j’honore par quelque endroit tous ceux qu’il prend à partie, à commencer par le père Gratry.
« Si je revenais à la vie, disait Mirabeau, je ferais un bon mémoire sur l’art d’être garde-malade : c’est Frochot qui m’en a suggéré l’idée. » Et à un moment où, la fièvre s’apaisant au matin, Mirabeau faisait approcher son lit de la fenêtre, il dit à Frochot en regardant le soleil qui commençait à luire : « Mon ami, si ce n’est pas là Dieu, c’est son cousin germain. » Et le priant de lui soulever la tête : « Je voudrais pouvoir te la laisser en héritage. » Frochot refusa tout legs testamentaire. […] Mais dans le bourg d’Aignay, comme ailleurs, les luttes commencèrent : l’étendue et la hauteur du théâtre n’y font rien ; c’étaient sous d’autres noms les mêmes hommes, les mêmes passions et les mêmes mobiles, les mêmes défections d’amitié, les mêmes arriérés de haine, les mêmes envies d’humilier, les mêmes besoins d’arriver à son tour, que sur la scène principale et centrale ; et Frochot eut à déployer les mêmes qualités de modération et de fermeté dont il aurait eu à faire preuve, s’il avait été de la Législative ou de la Convention. — Louis XIV demandait un jour au cardinal de Janson, aussi bon négociateur qu’habile courtisan, où il en avait tant appris : « Sire, répondit le cardinal, c’est en courant la nuit avec une lanterne sourde, tandis que j’étais évêque de Digne, pour faire les consuls d’Aix. » Et Lisola, le célèbre diplomate franc-comtois, disait qu’il s’était très bien trouvé, dans les grandes affaires, des subtilités qu’il avait apprises « dans le ménage municipal de Besançon. » Une seule maison quelquefois suffit à qui veut observer les variétés des passions humaines : un seul bourg peut suffire, en un temps d’agitation populaire, pour soulever et faire sortir toutes les variétés d’ambitions et de haines, et pour exercer d’autre part toutes les vertus civiques ; Frochot eut de quoi en faire de plus en plus l’apprentissage : il s’honora par toute sa conduite durant ces temps calamiteux ; il y montra une fermeté qui tenait encore chez lui au premier mouvement et à l’impulsion du sang dans la jeunesse. […] Ce petit mémoire commence ainsi : « Depuis le 13 ventôse, mon mari est en état d’arrestation ; des méchants le poursuivent depuis dix-huit mois avec un acharnement criminel. […] « Je sais qui vous êtes », lui dit le Consul en recevant les premiers préfets, « et je devine ce que vous serez ; mais, entre tous les motifs qui m’ont déterminé à vous confier la préfecture de Paris, il en est un que je dois rappeler en ce moment : c’est qu’ayant été maltraité par la Révolution, vous n’en êtes pas moins resté constamment attaché à vos principes, et qu’étant devenu administrateur de votre département, après avoir été longtemps persécuté, vous n’avez persécuté personne. » C’est ici que commencent pour Frochot douze années d’une administration féconde, bienfaisante, tutélaire.
La grosse difficulté est de marquer le point précis où l’une finit, où l’autre commence. […] La mort du grand roi est le fait décisif qui se dresse, comme une véritable borne, sur la route parcourue par le temps et qui nous permet de dire : Ici un monde finit et un autre commence. […] Et en effet, aux environs de 1750, voici Montesquieu qui disparaît, sa tâche faite ; Voltaire, qui va chercher hors de sa patrie un asile où il puisse dire librement ce qu’il pense ; Rousseau, qui entre dans la gloire par un coup de foudre ; Diderot, qui se fait mettre en prison pour son début dans la littérature philosophique ; Buffon, qui publie les trois premiers volumes de son Histoire naturelle ; l’Encyclopédie, cette énorme machine de guerre, qui commence à battre en brèche les remparts croulants de l’ancien régime.
C’est (encore par parenthèse) dans cette platée de rhétorique qui commence le Livre des Orateurs, que se trouve la poésie du pamphlet, dont nous parlions plus haut, ou plutôt sur le pamphlet, qui est la chimère, l’idéal, l’hippogriffe à équité de Cormenin. […] Il n’y a donc qu’à la Restauration que l’intérêt commence à poindre, puisque l’auteur a vécu sous la Restauration comme sous la monarchie de Juillet. […] Et c’est là aussi que l’étonnement commence, — un étonnement profond, — quand on lit, comme je viens de les relire, ces écrits morts même avant les hommes contre lesquels on les avait tracés.
Radical d’un radicalisme absolu, mais à l’antipode de toutes les idées de celui qui écrit ces lignes et qui est peut-être un radical aussi à sa façon, Ranc a commencé, comme la plupart d’entre nous, par le journalisme, cette improvisation au jour le jour qui est en train de tuer et de remplacer la littérature. […] Quoique dans l’introduction qui précède son livre il nous dise, vers la fin : « La conspiration que j’ai rapportée est une conspiration vraie, aussi vraie que la conspiration du général Malet », ce qui est peut-être trop vite dit et pas assez prouvé, et, quoique l’imagination, beaucoup plus intéressée à ce roman d’une conspiration qu’elle ne le serait à une histoire, veuille bien accepter, sans le chicaner, ce qu’affirme si brièvement l’auteur, cependant il reste toujours, non pas uniquement l’embarras de savoir où le personnage historique finit et où le personnage inventé commence, mais il reste encore — et c’est autrement important — que tous les personnages de l’action sont tous vus de par dehors, comme les personnages d’une histoire, au lieu d’être vus de par dehors et de par dedans tout ensemble, comme doivent être vus tous les personnages d’un roman, dont l’auteur peut approfondir à son gré ou idéaliser les caractères, puisqu’il les a lui-même inventés ! […] Compromis, suspects, arrêtés quand ce Roman d’une conspiration commence, c’est du fond même de leur prison qu’ils vont continuer la conspiration interrompue.
Qui peut dédommager un homme de talent, surtout quand il commence à naître et qu’il a besoin d’un peu de succès pour se développer ; qui peut le dédommager de l’inattention, du silence, de l’oubli, de toutes ces horribles choses qui viennent s’entasser autour de son livre et l’intercepter au public, qui le lirait, si la Critique, vigie infidèle, avait dit le mot qu’elle doit dire et avait averti ? […] … III Et déjà il a commencé de les avoir, du reste. […] Antoinette, la spirituelle, la raisonnable, la vertueuse Antoinette, s’éprend d’un adolescent de l’âge de sa fille, qui commence, à son tour, la vie, et c’est cet amour tardif, ce contresens du cœur et de la destinée, ces curiosités d’Eve condamnée à mourir, les espoirs fous qui unissent par une douleur folle, les pudeurs qui deviennent des hontes de toute cette passion forcenée et vulgaire, que M.
On peut observer que la doctrine du suicide, qui était celle des stoïciens, et qui semblait devoir être adoptée à Rome par un peuple libre, ne commença cependant à s’introduire que dans Rome esclave. […] L’exemple avait commencé par les Brutus, les Cassius et les Caton : il continua sous les empereurs. […] Nous venons d’en voir un d’un orateur gaulois ; un autre Gaulois, né à Bordeaux, et disciple d’Ausone, qui à vingt-quatre ans commença par être consul, et qui, après avoir occupé au Capitole la place des Fabius et des Émile, entra dans l’église, fut prêtre, ensuite évêque, et obtint, après sa mort, l’apothéose que la religion accorde aux vertus.
Elle aussi commencera par chasser les concepts tout faits ; elle aussi s’en remettra à l’expérience. […] Encore faut-il que l’élève ait commencé à la goûter, et par conséquent à la comprendre. […] Commençons par le mouvement. […] Sans doute la science commence par assigner à cette mobilité un support. […] En réalité, aucun d’eux ne commence ni ne finit, mais tous se prolongent les uns dans les autres.
Il commence par toutes sortes de personnalités qui ne font rien à l’affaire. […] Au bout des trois premiers quarts d’heure, ce jeu bruyant commence à fendre la tête, et les délicats n’y tiennent plus.
Le malade, qui du reste ne souffrait pas, commença dès la seconde nuit par avoir des rêves plus suivis, plus accentués que de coutume. […] Il le prit, sa diète était finie, et avec elle finirent les hallucinations ; mais il pense que, s’il avait continué, ses agréables chimères auraient de plus en plus complètement répondu aux bonnes dispositions qu’il commençait à avoir pour elles, et que finalement il eût pu soutenir avec elles ces relations de tousses sens réunis, sans être sûr pourtant que le contrôle impartial de son intelligence eût pu se maintenir. »
Sans que nous y fassions attention, et comme en dehors de notre conscience, l’esprit travaille et cherche, combine et découvre encore, et soudain parmi les lignes de plan que nous arrêtons nous voyons surgir une pensée nouvelle, importante souvent, parfois vraiment principale et maîtresse, à laquelle il faut tout soumettre, et qui nous oblige à bouleverser l’édifice commencé. […] Mais on perdrait tout le bénéfice et de l’invention et de la disposition, si, par trop de hâte, on commençait par s’enfermer dans un plan.
Commençons par déménager Ce seau, cette pendule et cette armoire à glace. […] Guignol. — Tiens, c’est vrai ; on commence à avoir sommeil ; allons-nous coucher » combien elle est supérieure par sa modernité, sa finesse, son appropriation au code et à l’âme des propriétaires du jour, surtout par cette invention qui, pas plus que les Déménageurs, n’est dans Guignol, cette divine Hortense, enceinte de neuf mois, autour de laquelle pivote l’action, et qui est ainsi saluée à son entrée : LE CŒUR DES DÉMÉNAGEURS Ciel, quel spectacle !
» Il dit ; Satan plein de joie… s’élève avec une nouvelle vigueur ; il perce, comme une pyramide de feu, l’atmosphère ténébreuse… Enfin l’influence sacrée de la lumière commence à se faire sentir. Parti des murailles du ciel, un rayon pousse au loin, dans le sein des ombres, une douteuse et tremblante aurore : ici la nature commence, et le chaos se retire.
Il commence la série des écrivains coloristes de la France. […] Nous pouvons dire qu’elle est la caractéristique de la période littéraire qui commence avec le siècle et dure jusqu’à 1850. […] Deux lustres encore après la mort de Stendhal, survenue en 1842, ses œuvres n’avaient pas commencé à appeler l’attention. […] Maintenant, grâce au fracas que soulève le naturalisme, les romans des Goncourt commencent à être très lus. […] Dans ce modeste asile, à l’ombre des rayons chargés de volumes, il commença à écrire.
Après avoir passé sept ou huit ans à apprendre des mots, ou à parler sans rien dire, on commence enfin ou on croit commencer l’étude des choses ; car c’est la vraie définition de la philosophie. […] C’est ce qu’on commence à faire dans l’Université de Paris : on y tient cependant encore au latin par préférence ; mais enfin on commence à y enseigner le français. […] Ce n’est pas à trente ans qu’il faut commencer à l’apprendre, à moins que ce ne soit pour la simple curiosité ; parce qu’à trente ans l’esprit et le cœur sont ce qu’ils seront pour toute la vie. […] La même raison a déterminé les Français à ne pas faire sentir leur e féminin, ou, pour mieux dire, muet, devant les mots qui commencent par une voyelle, afin d’éviter les hiatus. […] Cela était bon du temps de Charles-le-Chauve ou de Louis-le-Jeune, lorsqu’on faisait des vers léonins, des vers latins rimés, des pièces de vers dont tous les mots commençaient par la même lettre, et autres sottises semblables.
Ainsi le jeune officier commençait sa carrière aussi bien que Vauvenargues et mieux que Vigny. […] Paul Déroulède battait soudain entre mes mains et dans ma voix avec le rythme tout populaire de ses vers : Il fait nuit ; la diane a sonné, tout s’éveille ; Les hommes sont sortis des lentes qu’on abat ; La soupe est sur le feu, le vin dans la bouteille, Et, chantant et riant à la flamme vermeille, Ces diables de Français commencent leur sabbat.
le christianisme est surtout un baume pour nos blessures, quand les passions, d’abord soulevées dans notre sein, commencent à s’apaiser, ou par l’infortune, ou par la durée. […] Comme il promet toujours une récompense pour un sacrifice, on croit ne rien lui céder en lui cédant tout ; comme il offre à chaque pas un objet plus beau à nos désirs, il satisfait à l’inconstance naturelle de nos cœurs : on est toujours avec lui dans le ravissement d’un amour qui commence, et cet amour a cela d’ineffable, que ses mystères sont ceux de l’innocence et de la pureté.
Et elle ne commence enfin d’être elle-même qu’autant qu’elle monte sur la scène pour s’exposer au jugement des spectateurs assemblés. […] Né vers 1600, Calderon ne commença d’écrire qu’en 1619 ou 1620 ; et quand ses comédies furent imprimées pour la première fois, il y avait huit ou dix ans qu’Hardy était mort. […] Le Breton, je commence par lui proposer un moyen de le refaire. […] Descartes, lui, commence par la mettre en dehors de ses préoccupations, — et l’y laisse. […] « Je n’ai jamais ouï parler du droit public, a-t-il dit dans ses Lettres persanes, que l’on n’ait commencé par rechercher soigneusement quelle est l’origine des sociétés, — ce qui me paraît ridicule. » Il a raison ; qu’importe l’origine, si le droit public ne commence lui-même qu’avec la société formée ?
Enfin ascension dans un étroit escalier tournant, semblable à l’escalier de la colonne Vendôme, et où Mme de Galbois commence à se trouver mal. […] On a été plus loin, on a déclaré qu’on ne pouvait pas commencer une phrase par un monosyllabe : ces deux pauvres petites lettres ne pouvant servir de fondation à une grande phrase, à une période. […] Leur mère est morte, leur père est fou d’une folie qui a commencé à la terrible séance de Lanjuinais. […] Des êtres, nés de ma rêverie, commençaient à prendre autour de moi une réalité vivante, des morceaux d’écriture se rangeaient dans le dessin vague d’un plan naissant. […] Il commence enfin, jetant, en forme d’exorde, comme pour nous avertir qu’il a encore des mondes entiers dans la tête : « Messieurs, j’ai soixante-quatorze ans, et je commence ma carrière. » Il nous lit le « Soufflet du père », une suite de la Légende des siècles, où il y a de beaux vers surhumains.
Le second ordre de choses, le second régime, commencé et inauguré sous un astre tout différent et sous un génie réparateur, a été celui du Consulat. […] Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !) […] Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.
J’ai commencé franchement et crûment par le xviiie siècle le plus avancé, par Tracy, Daunou, Lamarck et la physiologie : là est mon fond véritable. […] XXVI On peut avoir un idéal plus grand que soi, mais chacun fait commencer le joli au point où il sait atteindre lui-même. […] XXXIII Ce serait encore une gloire, dans cette grande confusion de la société qui commence, d’avoir été les derniers des délicats. — Soyons les derniers de notre ordre, de notre ordre d’esprits.
Faites la police chez vous, Messieurs ; vous avez bien commencé par Byron, Shelley, par Godwin, par plusieurs de vos vrais poètes et de vos grands hommes, que votre pruderie a mis à l’index ; ce serait trop d’exigence à nous de nous plaindre. […] La filiation que l’auteur commence par établir entre les romanciers actuels et ceux du siècle dernier est toute factice. […] Sa manière de commencer le procès qu’il nous intente par l’examen sérieux et appliqué de Paul de Kock, doit faire sourire les gens de talent qu’il inculpe, et d’un sourire plus fin et plus malicieux que l’auteur ne voudrait assurément, s’il savait sa méprise : mais il faut l’y laisser.
Quand la dissection aura été poussée jusqu’à ses dernières limites (et on peut croire que, dans quelques sciences, cette limite a été atteinte), alors on commencera le mouvement de comparaison et de recomposition. […] Je choisis le problème qui, depuis les premières années où j’ai commencé à philosopher, a le plus préoccupé ma pensée, le problème des origines de l’humanité. Il est indubitable que l’humanité a commencé d’exister.
Un des premiers génies de ce siècle, dans une de ses lettres en réponse à celle d’un jeune homme de douze ans, élevé suivant le systême de l’éducation particulière, & qu’on avoit fait commencer par l’étude de sa propre langue, le félicitoit de n’être pas au collège, parce qu’il n’auroit eu qu’un mauvais stile. […] Il a commencé à se corrompre chez les Grecs immédiatement après la mort d’Alexandre ; chez les Romains dès le règne de Tibère ; chez les Italiens à la mort de Léon X, & en France au commencement de ce siècle. […] l’ignorance & quelquefois même le mépris des grands modèles ; 4°. la manie qu’ont les uns d’être auteurs, & les autres connoisseurs ; 5°. le défaut capital de ne pas sçavoir connoître son genre de talent, & s’y renfermer ; 6°. l’imprudence d’applaudir trop tôt à de jeunes auteurs qu’on perd au lieu d’encourager ; 7°. la nécessité des besoins, ne faut-il pas commencer par vivre avant que de songer à devenir immortel ?
Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine. […] Cette fable, inventée par la vanité des Grecs et adoptée par celle des Romains, ne put naître qu’au temps de la guerre de Pyrrhus, époque à laquelle les Romains commencèrent à accueillir ce qui venait de la Grèce. […] Toute l’ancienne géographie est pleine de semblables aræ ; et pour commencer par l’Asie, Cellarius observe que toutes les cités de la Syrie prenaient le nom d’Are, avant ou après leurs noms particuliers ; ce qui faisait donner à la Syrie elle-même celui d’Aramea ou Aramia.
Le jour où un homme a réfléchi, ce jour-là la philosophie a commencé. […] Mais par où commencer ? Je me permettrai de commencer l’histoire par l’histoire. […] Mais je vous demande si l’intelligence commence par une négation. […] Cela seul qui ne commence pas ne finit jamais.
L’Empire tombant, il se tourna vers le droit et Commençait à y réussir. […] Je ne sais plus qui a dit : On commence toujours par parler des choses, on finit quelquefois par les apprendre. Le fait est que les mieux doués commencent par deviner ce qu’ils finissent ensuite par bien savoir. […] Thiers, placé tout à côté de lui et au cœur de la machine, complétera en grand ces fortes études financières si bien commencées. […] Nous voici au moment où commence l’œuvre pratique de M.
« J’avais alors dix-neuf ans commencés avec le siècle. […] Benvenuto commença par travailler pour un évêque espagnol, mais son ambition, qui grandissait avec son talent, continuait toujours au-delà de sa fortune. […] J’eus plusieurs bombardiers sous mes ordres : il m’assigna une paye et des vivres, et me recommanda de continuer comme j’avais commencé. […] Le père et deux de ses sœurs l’engageaient à aller à Mantoue pour éviter la peste qui commençait à consterner Florence ; il remonte à cheval et leur obéit. […] Caradosso l’a commencée, et ne la finit point.
Le comte d’Artois, lui, le futur Charles X, n’est qu’étourdi, pétulant, imprudent, tête vive et légère : « Il est vrai que le comte d’Artois est turbulent et n’a pas toujours la contenance qu’il faudrait ; mais ma chère maman peut être assurée que je sais l’arrêter dès qu’il commence ses polissonneries, et, loin de me prêter à des familiarités, je lui ai fait plus d’une fois des leçons mortifiantes en présence de ses frères et de ses sœurs. (16 novembre 1774.) » Quant au comte de Provence, il y a d’autres précautions à prendre avec lui ; ce n’est pas de ses familiarités en public et de ses gestes légers qu’on a à se méfier, c’est plutôt de ses coups fourrés ainsi que de ceux de sa digne épouse, qui est bien appareillée avec lui : « Ils sont l’un et l’autre fort réservés et fort tranquilles, au moins en apparence. […] Malheureusement pour Monsieur, toutes ces menées commencent à être connues et ne lui laissent ni considération ni affection publique. […] On dit que vous vous négligez beaucoup sur ce point ; on l’attribue à Mesdames, qui jamais n’ont su s’attirer l’estime et la confiance ; mais ce qui est pire que tout le reste, on prétend que vous commencez à donner du ridicule au monde, d’éclater de rire au visage des gens : cela vous ferait un tort infini et à juste titre, et ferait même douter de la bonté de votre cœur ; pour complaire à cinq ou six jeunes dames ou cavaliers, vous perdriez le reste. […] mais je veux que vous demandiez conseil à Mercy de préférence à eux, que vous le voyiez plus souvent, que vous lui parliez de tout et que vous ne rendiez rien de ce qu’il vous dira aux autres ; que vous commenciez à agir par vous-même. […] » Il n’y a qu’à continuer comme on a commencé.
Elle commença au théâtre de Lille : elle avait tout à apprendre. […] Jars, que nous avons connu député du Rhône, mais qui avait commencé par la littérature légère, lui confia le rôle de Julie dans l’opéra de Julie ou le Pot de fleurs, dont la musique était de Spontini. […] Puis de là elle revint au théâtre de Rouen, où elle joua seulement les jeunes premières, toujours très accueillie et goûtée du public ; mais elle ne chantait plus : « À vingt ans, dit-elle, des peines profondes m’obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer ; mais la musique roulait dans ma tête malade, et une mesure toujours égale arrangeait mes idées, à l’insu de ma réflexion. » La musique commençait à tourner en elle à la poésie ; les larmes lui tombèrent dans la voix, et c’est ainsi qu’un matin l’élégie vint à éclore d’elle-même sur ses lèvres. […] La pièce commence : il écoute d’abord avec la physionomie la plus épanouie comme pour narguer ses voisins : l’intérêt peu à peu s’engage ; l’émotion gagne ; mais, quand vient la scène où Eulalie épanche son âme brisée dans le sein de la comtesse, on ose à peine respirer ; on n’y tient plus, on entend dans la salle quelques soupirs oppressés, puis des sanglots : la figure du mauvais plaisant s’altère elle-même ; il retire ses mouchoirs, et finit par s’en servir discrètement pour essuyer de vraies larmes. […] Ce fut Mme Valmore qui puisa un jour tout son courage dans son amitié pour aller dire à Mlle Mars cette fatale parole que le public commençait à lui murmurer depuis quelque temps : « Il n’y a plus à tarder ; le moment est plus que venu ; il faut vous retirer. » Mlle Mars l’écouta et lui en sut gré : c’était à la fois une marque de bon cœur et de bon sens.
Lorsque je commençai à écrire sur George Sand et que je donnai au National les articles qu’on a pu lire sur Indiana et sur Valentine, je ne la connaissais nullement. […] Tant qu’elle m’a semblé nouvelle, elle m’a fait désespérer : je commence à l’admettre, j’en parle encore comme d’une chose étonnante et rude, comme on parlait du choléra huit jours encore après le choléra, et bientôt, sans doute, je m’en tairai comme d’une chose triviale et de mauvais goût ; je n’en souffrirai peut-être plus. […] Je vais cependant commencer bientôt un livre, et quand j’en aurai éclairci l’idée, je vous demanderai ce qu’il faut en faire. […] C’est de lire le manuscrit de Le Secrétaire intime, avant que l’impression en soit commencée. […] La seule pensée que j’y aie cherchée, c’est la confiance dans l’amour présentée comme une belle chose, et la butorderie de l’opinion comme une chose injuste et bête. — J’avais, comme vous l’avez très-bien aperçu, commencé cette histoire de Saint-Julien dans d’autres vues, et les deux corps se joignaient fort mal.
Jugez quand ce fut lui, quand l’idéal un moment fut trouvé ; alors les orageuses amours commencèrent, la vie devint errante. […] Ou encore, un souvenir obstiné lui crie : Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ; Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante, Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ; Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme Qui ne s’éteint jamais, S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme, Il n aimait pas, j’aimais ! […] Les poésies de Mme Desbordes-Valmore, qui, nées ainsi du cœur, n’ont aucun souci d’art ni d’imitation convenue, réfléchissent pourtant, surtout à leur source, la teinte particulière de l’époque où elles ont commencé, et rappellent un certain ensemble d’inspirations environnantes. […] Nous qui avons succédé à ce goût, qui en avons d’abord senti les défauts et avons réagi contre, nous commençons à discerner les nôtres ; à force de prétention au vrai et au réel, un certain factice aussi nous a gagnés ; quel effet produiront bientôt nos couleurs, nos rimes, nos images, nos étoffes habituelles ? […] En réalité, je n’ai jamais pu me repentir de ce mot, dit une fois pour toutes, sur cet auteur qui n’avait que des boutades sans talent, sans style, et qui était surtout poëte par la vanité. — Mais il a eu du piquant dans ses Fables, dira-t-on. — Oui, peut-être, comme le chardon a des piquants. — Si j’avais à écrire un article sur lui, je ne pourrais m’empêcher de le commencer en ces termes : « Il faut avoir quelque esprit pour être parfaitement sot : Töpffer l’a dit et Viennet l’a prouvé. » Vers la fin sa vie, il me disait en me parlant des poëtes : « Je n’en reconnais que huit avant moi. — Et lesquels ?
Thiers est entré dans la seconde moitié de son Histoire, dans celle où commencent à se manifester les fautes et les premiers revers de son héros. […] À dater de ce jour, la Fortune commence à tourner ; elle aura de brillants retours encore, mais le prestige est évanoui. […] On commençait à n’être plus heureux, et, si l’un se trompait, l’autre aggravait sa faute. […] Il y avait dans cette pensée, même si ferme, une certaine hauteur où commençait l’éblouissement et le rêve. […] Il a besoin, avant tout, de contenir l’Europe, car l’indignation des vaincus commence à frémir, le mouvement des peuples se prononce déjà sourdement, et bientôt l’heure approche, s’il n’y prend garde, où toute l’Europe ne sera pour lui qu’une Espagne.
Lundi 13 janvier 1851 Aucune littérature n’est plus riche en mémoires que la littérature française : avec Villehardouin, à la fin du xiie siècle, commencent les premiers mémoires que nous possédions en français. […] Il commença donc ses Mémoires en juillet 1694, étant à l’armée, et à l’âge de dix-neuf ans. […] Il commence dans l’introduction par se demander sérieusement, sincèrement, et avec une inquiétude presque naïve, s’il est permis d’écrire et de lire l’histoire, particulièrement celle de son temps. […] Son capitaine Maupertuis, son ami Coëtquen, sont touchés en quelques traits heureux, et, en la personne de Maupertuis, il commence déjà à critiquer et à démolir la noblesse de ceux dont il parle, ce qu’il fera ensuite continuellement. […] C’est ici que commence chez Saint-Simon un tableau qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer de la sagacité d’observation et du génie d’expression en matière humaine.
Je commencerai par citer tout d’abord de lui une page célèbre, et qui rassemble, dans un exemple sensible, la fleur de ses plus habituelles et coutumières qualités. Il s’agit de Numa et de ses premiers actes de législateur et de civilisateur qui adoucirent le naturel féroce des premiers Romains ; j’ai regret d’altérer dans ma citation l’orthographe ancienne, qui dans ses longueurs mêmes, et par la surabondance de ses lettres inutiles, contribue à rendre aux yeux la lenteur et la suavité de l’effet : Ayant donques Numa fait ces choses à son entrée, pour toujours gaigner de plus en plus l’amour et la bienveillance du peuple, il commença incontinent à tâcher d’amollir et adoucir, ne plus ne moins qu’un fer, sa ville, en la rendant, au lieu de rude, âpre et belliqueuse qu’elle étoit, plus douce et plus juste. […] Parquoi Numa, pensant bien que ce n’étoit pas petite ne légère entreprise que de vouloir adoucir et ranger à vie pacifique un peuple si haut à la main, si fier et si farouche, il se servit de l’aide des dieux, amollissant petit à petit et attiédissant cette fierté de courage et cette ardeur de combattre, par sacrifices, fêtes, danses et processions ordinaires que il célébroit lui-même… Et plus loin, marquant que, durant le règne de Numa, le temple de Janus, qui ne s’ouvrait qu’en temps de guerre, ne fut jamais ouvert une seule journée, mais qu’il demeura fermé continuellement l’espace de quarante-trois ans entiers : Tant étoient, dit-il, toutes occasions de guerre et partout éteintes et amorties : à cause que, non seulement à Rome, le peuple se trouva amolli et adouci par l’exemple de la justice, clémence et bonté du roi, mais aussi aux villes d’alenviron commença une merveilleuse mutation de mœurs, ne plus ne moins que si c’eût été quelque douce haleine d’un vent salubre et gracieux qui leur eût soufflé du côté de Rome pour les rafraîchir : et se coula tout doucement ès cœurs des hommes un désir de vivre en paix, de labourer la terre, d’élever des enfants en repos et tranquillité, et de servir et honorer les dieux : de manière que par toute l’Italie n’y avoit que fêtes, jeux, sacrifices et banquets. […] par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux. […] On a commencé à entrevoir quelques-uns des reproches qu’encoururent ses traductions et qui s’entremêlaient aux louanges.
s’écria Rousseau : vous ne m’avez jamais dit du bien de vous. » J’en viens aux jugements de Grimm sur ses principaux contemporains, à commencer par Fontenelle. […] Tous les grands ouvrages de Montesquieu avaient paru avant que Grimm commençât sa Correspondance. […] Je recommande comme un très beau chapitre moral à opposer aux assertions de Rousseau, le chapitre qui commence l’année 1756 en ces mots : « J’ai souvent été étonné du vain orgueil de l’homme… » Grimm commence quelquefois l’année par des réflexions générales qui sont belles dans leur sévérité. […] Les mauvais ouvrages d’Helvétius ou de d’Holbach ne lui paraissent avoir aucun danger pour la morale : « Je ne leur trouve d’autre danger, dit-il, que celui de l’ennui : tout cela commence à être si rebattu, qu’on en est excédé.
L’âme est le miroir de la création ; la nature commence par s’y refléter, puis elle s’y anime, et le poète est créé dans l’enfant. Entré dans une espèce d’université militaire à Stuttgart, Schiller, d’un extérieur alors grêle, pâle, maladif, commença sa vie par la tristesse, et conçut une révolte secrète contre la servitude disciplinaire à laquelle les élèves de cette école étaient assujettis. […] nous pouvons commencer à couler le métal à travers l’ouverture ; il apparaît bien dentelé. […] Notre vie commune était belle ; c’était l’époque à laquelle je commençais à avoir la conscience de moi-même. […] « Ce jour-là je commençai, non, je continuai à aimer celle qu’enfant je portais déjà dans mon cœur, etc. » La passion idéale de Bettina prend chaque jour des teintes plus chaudes dans sa correspondance.
Platon soutient que le temps a commencé, et que, par conséquent, il peut finir. […] Le temps, au contraire, a commencé avec le monde, quand Dieu l’a créé et y a mis un ordre merveilleux. […] L’éternité n’a point commencé, et elle ne peut finir. […] On taille les ruches lorsque les figues sauvages commencent à être mûres. […] Les affections mêmes de la famille, qui suffiraient à la commencer, ne suffiraient point à la maintenir.
C’est étrange, même un peu effrayant, comme nous commençons à nous habituer, à nous familiariser avec les plus gros prix et les sommes les plus grandement rondes ! […] Un torse qui commence aux genoux, un nez de comique, des favoris d’homme grave, un col rabattu. […] Cet homme ; au premier abord un peu fermé ou plutôt comme enseveli au fond de lui-même, a un grand charme, et devient avec le temps sympathique au plus haut degré… Aujourd’hui, il nous disait que, lorsqu’il a voulu faire quelque chose de bien, il l’a toujours commencé en vers, parce qu’il existe chez lui une incertitude sur la prose, sur sa complète réussite, tandis qu’un vers, quand il est bon, est une chose frappée comme une médaille ; — mais il ajoutait que les exigences de la vie avaient fait des nouvelles en prose de bien des nouvelles, commencées par lui en vers. […] Je lui pris la main, elle commençait à être froide. […] Cela commence à nous inquiéter comme un mauvais présage.
Guy de Maupassant, qui a commencé comme élève de M. […] Seulement, il commençait à ne plus l’entendre. […] La nuit d’automne était venue, le gaz allumé partout, la fête des matelots commencée. […] que d’heures terribles dès le jour où je commence un roman ! […] Ici commence le drame.
Et s’il dit : ici cessent les causes, il n’a pas le droit d’ajouter : ici commence la liberté. […] En outre du côté physique, il y a dans le désir des mouvements à la fois commencés et empêchés, d’où un état de tension dans les forces cérébrales. […] Si donc l’on commence par définir la liberté : « ce qui est en contradiction absolue avec le déterminisme et inconciliable par définition avec le déterminisme, de quelque manière qu’on l’entende », il est clair qu’il n’y aura plus de conciliation à chercher. […] On peut dire qu’alors la détermination par le moi commence, puisque c’est le moi intelligent qui opère la synthèse des différents termes, des motifs et de l’acte. […] Etant donné un objet quelconque, je puis toujours concevoir mon indépendance relativement à cet objet, et, si cette indépendance, sous un rapport quelconque, me paraît désirable, l’idée et le désir peuvent en préparer, en commencer la réalisation.
Ce peu pourtant est très digne d’être lu… » M. de Tocqueville avait un peu du dédain des esprits établis pour les aventuriers qui se risquent et commencent, pour ceux qui, engagés à corps perdu dans l’action, ne s’avisent pas d’en raisonner ; il oubliait qu’on ne raisonne pas des choses à perte de vue quand on les touche à bout portant. […] Freslon (3 novembre 1835) : C’est enfin la semaine prochaine que j’abandonnerai la lecture des livres et la recherche des vieux papiers, pour commencer à écrire moi-même. […] Ne croyez point pourtant que je sois de ceux qui ne commencent à estimer Brutus que du moment où il a dit : « Vertu, tu n’es qu’un nom ! […] Il n’avait pas eu jusque-là beaucoup de souplesse ; il n’avait jamais pu, par exemple (n’y ayant jamais été forcé), faire d’article de journal ou même de revue ; les articles qu’il commençait, il nous le dit, devenaient peu à peu sous sa plume des chapitres.
Enrôlé en 1791 dans les volontaires de l’Ain, il eut différentes destinations, mais ne commença à voir l’ennemi qu’en 1792, dans l’armée du Midi, commandée par le général Anselme. […] Il faut entendre le cri d’enthousiasme de Joubert, à l’annonce de cette campagne ; il a secoué tous ses ennuis ; il écrit à son père, le 28 octobre (1795) : Ce n’est plus de repos qu’il faut que je vous parle, mais bien d’une nouvelle campagne que nous allons commencer dans quatre ou cinq jours avant l’hiver. 40000 hommes s’ébranlent pour attaquer l’armée austro-sarde, retranchée jusqu’aux dents ; 12000 grenadiers et chasseurs, commandés par le général Laharpe, commenceront la trouée ; je figurerai avec cette brave division. […] Voilà les scrupules qui commencent.
Nommé un moment général en chef de l’armée du Rhin, puis, presqu’aussitôt, de l’armée d’Italie (octobre 1798), il se vit aux prises avec des difficultés de tout genre, devant lesquelles il commença à sentir un embarras extrême et son impuissance. […] Partagé entre ses devoirs militaires et ses convictions civiles, s’en exagérant peut-être la complication, il commença dès lors à ressentir et à exprimer des dégoûts extraordinaires, à fléchir sous le poids de la responsabilité. […] Enfin, sur le soir, il parut décidé à la retraite ; il dit à ses généraux qu’ils pouvaient se rendre près de leurs troupes, et que d’ici à une heure ou deux il leur expédierait les ordres pour commencer le mouvement : mais ceux-ci avaient été trop longtemps témoins de cette funeste hésitation pour se persuader que le général en chef persisterait dans le parti qu’il semblait décidé à prendre ; ils se rendirent près de leurs troupes et s’occupèrent plus de dispositions de défense que de retraite. […] Le 15 août, un peu avant le jour, l’attaque de l’ennemi commence à notre aile gauche.
Commençons l’enfance par quelques heures d’abandon et de simple causerie enfantine ; commençons la semaine par un dimanche. Aristote et Descartes, avec leur méthode, viendront assez tôt ; assez tôt commencera la critique : qu’elle ne saisisse pas l’enfant au sortir du berceau. […] Mais ne commençons pas non plus par désabuser systématiquement et par dessécher toute imagination naissante et croyante.
Plus tard pourtant, et peu à peu, tout ce qui est romans, nouvelles, commence à vous échapper, surtout venant d’auteurs jeunes, et, une fois le fil perdu, on ne le rattrape pas aisément. […] Il y a dix ans que j’aurais du commencer à le faire. […] Un dialogue assez vif s’engage ; il est évident que lui, le mari, il commence à avoir grande peur de ce qu’il n’aurait que trop bien mérité ; il a comme vent et pressentiment (bien à tort toutefois) de je ne sais quel danger prochain, imminent. […] Mais, quand on est à cet endroit du récit où l’action commence, deux dissertations surviennent qui interrompent et font vraiment hors-d’œuvre, l’une sur la cuisine classique et romantique, l’autre sur la noblesse et son rôle dans l’État.
Quoi qu’il en soit, Delille ouvrit la marche dans notre littérature et commença par Virgile ; chacun le suivit dans cette voie : Daru un peu lentement et pédestrement pour Horace ; Saint-Ange, avec une obstination parfois couronnée de talent, pour Ovide ; Aignan sans assez de feu et trop médiocrement pour Homère ; Saint-Victor, le père du nôtre, par une vive, légère et encore agréable traduction d’Anacréon. […] Le jeune homme se présenta donc chez lui et le trouva à table ; comme il était plus que modestement vêtu et de chétive apparence, on lui donna près du lit de Cécilius un petit siège, une sellette, et il commença sa lecture. […] Mais, plus à plaindre que Virgile, Térence n’avait que trente-cinq ans environ, la première jeunesse pour un auteur comique, l’âge même auquel Molière a commencé sa grande carrière. […] » — Pour le bien expliquer, il faut, dit le père, reprendre les choses dès l’origine. » Et ici commence tout un récit fort admiré des Anciens, proposé comme un modèle de narration aux orateurs eux-mêmes par Cicéron, qui y fait remarquer le développement approprié, le mouvement dramatique, le parfait naturel des personnages introduits et des paroles qu’on leur prête, et, par instants, mais par instants seulement, la brièveté excellente, qui à toute cette abondance persuasive ajoute une grâce.
Sa vie littéraire commence à ce moment ; il avait trente-sept ans ; marié, sans fortune, homme d’imagination, n’ayant gagné à sa première vie militaire que de l’estime et des blessures, il se dit, après son début de Galatée, qu’il y avait à faire de belles choses dans les lettres, et particulièrement à entreprendre pour le théâtre qui était resté comme dans l’enfance. […] On suppose avec vraisemblance que c’est dans ces années de séjour à Séville qu’il commença à écrire quelques-unes de ses Nouvelles publiées bien plus tard (1613), et où il devait montrer un talent particulier et tout nouveau, vérité d’observation, vivacité de descriptions, esprit, grâce, et une richesse native d’idiome qui n’a pas été égalée. […] C’est dans les loisirs de cette prison qu’il aurait commencé son Don Quichotte, et il se serait vengé, bien doucement d’ailleurs, des gens du lieu par ces premiers mots du livre immortel : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n’y a pas longtemps un hidalgo… » Établi ensuite avec sa famille à Valladodid, où était alors la Cour, il y vivait si pauvrement que sa sœur doña Andréa aidait à la subsistance commune par le travail de son aiguille ; on a retrouvé la note d’un raccommodage qu’elle fit pour les hardes d’un seigneur. […] Ce livre, l’un des plus récréatifs et des plus substantiels qui existent, commencé d’abord presque au hasard, ne visant qu’à être une moquerie des romans de chevalerie et d’un faux genre littéraire à bout de vogue est devenu vite en avançant, sous cette plume fertile, au gré de cette intelligence égayée, un miroir complet de la vie humaine et tout un monde.
Qu’est-ce à dire, sinon qu’il n’est pas dans la nature humaine de se plaire longtemps sans relâche à un spectacle ou à une occupation qui ont pu commencer par lui être agréables. […] Mais, s’il est vrai qu’une alternance régulière ramène tour à tour le règne d’états d’esprit et de procédés contraires, du réalisme et de l’idéalisme, de la raison et de l’imagination, de l’analyse et de la synthèse, de l’optimisme et du pessimisme, etc., il semble que la littérature, revenue au pôle qui fut son point de départ après avoir atteint l’autre, devrait se retrouver dans la situation même où elle était quand commençait l’oscillation. […] Ils développent des germes qui ont commencé à percer chez leurs devanciers. […] Il s’ensuit que l’une commence son évolution, tandis que telle autre la finit ; que celle-ci est au tiers de son mouvement ascendant, pendant que celle-là est à son apogée et cette troisième en plein déclin.
Le mouvement littéraire, commencé vers 1200 (d’après les textes conservés), brillamment développé par le « dolce stil nuovo », s’arrête brusquement avant le milieu du xive siècle ; ce n’est pas une évolution, c’est une interruption, et je n’ai plus besoin d’en dire les causes. […] Avec la constitution du royaume d’Italie (février 1861) et surtout avec la prise de Rome, commence une période nouvelle, de travail positif quoique fort difficile et souvent encore désordonné. […] En effet : la vie nationale de l’Italie, entravée déjà au cours de la première et de la deuxième ère par des circonstances spéciales, aurait dû commencer du moins au lendemain de la Révolution française ; on sait que Napoléon Ier encouragea cette espérance jusqu’à un certain point ; mais la Restauration paralysa le mouvement : il ne s’est pleinement réalisé qu’avec la prise de Rome ; politiquement ; restaient d’énormes difficultés sociales et morales ; l’Italie, maîtresse de ses destinées, assagie par sa défaite en Érythrée, ne marche sûrement au triomphe que depuis 1900 environ ; à cet état des choses, à cet état d’âme, devrait correspondre une floraison épique. […] Quand notre civilisation aura formulé son principe nouveau, qu’elle commencera une ère nouvelle, l’Italie entrera à son tour et définitivement dans une évolution normale, harmonieuse.
Malheureusement le crédit du ministre se prolongeait par l’enfance du maître ; mais peu après cette époque, les panégyriques commencent. […] Ajoutez le panégyrique du roi, commencé par Bussy-Rabutin, dans le temps même où il était, par ordre du roi, à la Bastille ; ouvrage où, avec toute la sincérité d’un homme disgracié qui veut plaire, Bussy parle à chaque ligne et de sa tendresse passionnée, et de sa profonde admiration pour le plus grand des princes, qui n’en voulut jamais rien croire. […] On commença à louer, mais avec moins de faste. […] Notre esprit naturel devint du génie ; notre activité inquiète, de la force ; notre impétuosité, un courage docile et terrible ; tout prit un caractère, et l’esprit national (car nous commençâmes alors à en avoir un), formé par de grands exemples et de grands objets, acquit un degré de hauteur inconnu jusqu’alors.
Mais quand il commença de le lire, vers 1846, Poe était si lointain qu’il lui apparaissait comme une figure irréelle ; et quand il commença de pénétrer dans l’intimité de son œuvre, Poe était mort. […] Son péché, sa faute, commencent là. […] Le poète qui veut fuir la vie, pour rêver avec Eva dans la Maison du berger, commence par énumérer les contradictions qui se trouvent dans un cœur de femme. […] Pour beaucoup d’Anglo-Saxons, la poésie française du dix-neuvième siècle ne commence qu’avec Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé. […] On commence par la botanique et on finit par l’extase ; on commence par étudier les cailloux, et on finit par grimper jusqu’aux cimes des Alpes pour y contempler, dans le ravissement, le lever du soleil.
Le réveil d’hiver a commencé. — La grande nouvelle qui domine toutes les autres est celle de la transformation du journal la Presse qui vient d’augmenter son format, d’abaisser son prix, et de prendre d’un grand coup de filet la masse et l’élite des écrivains. […] Chose remarquable, sa rédaction se renouvelle souvent, elle ne se rajeunit jamais. » Depuis que la rivalité de la Presse a commencé de poindre, le Journal des Débats n’a cessé, par son dédain, ses airs de grand seigneur, et son peu de zèle à rallier les éléments de résistance, de faire tout ce qu’il fallait pour favoriser les progrès de l’adversaire : ses inconséquences et ses déviations, dans la ligne des doctrines littéraires et philosophiques, sont perpétuelles.
René Ghil commença l’œuvre qu’il avait annoncée à ses débuts et qui, sous le titre général et rigoureux d’Œuvre, se divise en trois parties : Dire du Mieux […] Et la deuxième partie est commencée avec le Pas humain, publié en 1898.
L’achèvement de la traduction de la Géographie d’Aboulféda, commencée par M. […] Quand elle commença à lui sourire, le stoïcien eut des scrupules ; il crut qu’il allait perdre de sa noblesse en acceptant le prix qu’il avait si bien mérité ; il sembla se dérober, se soustraire… On ne se console de ces dures leçons infligées à notre orgueil qu’en songeant que la science est éternelle, qu’elle n’est point assujettie aux lois fatales de notre fragilité.
C’était l’époque la plus brillante de l’hôtel de Rambouillet ; c’était aussi l’époque où commença la gloire du grand Corneille. […] Nous y voyons Malherbe, honoré, fêté, chéri, y finir sa carrière ; le grand Corneille, distingué, encouragé, soutenu, y commencer la sienne ; et le sage, le vertueux, le sévère Montausier y fixer les vœux de la mère pour sa fille, et devenir maître de l’esprit et du cœur de Julie.
La reine se trouble, un feu secret coule dans ses veines : les imprudences commencent ; les plaisirs suivent ; le désenchantement et le remords viennent après eux. […] Si elle y joint le souvenir de l’amour, ce n’est encore qu’en l’étendant sur Énée : par notre hymen, par notre union commencée , dit-elle : Per connubia nostra, per inceptos hymenæos37.
Les livres que voici (livres de high life, s’il en fut jamais), quoique à l’adresse, par leur sujet et par le titre, d’un public d’élite et de choix, étendront, nous n’en doutons pas, une renommée qui avait commencé déjà, mais comme le jour commence, — en n’atteignant que les points les plus élevés de l’horizon, Jusqu’ici connu seulement des hommes de pensée et d’art, qui savaient ce qu’il en cachait et ce qu’il en faisait voir sous les formes gracieuses de l’homme du monde, Eugène Chapus ne s’était pas révélé au public véritable, à ce public qui, comme le Dauphin de la fable, porte parfois bien des singes sur son dos en croyant porter des hommes, mais qui est, en définitive, le soutien et le véhicule des talents sincères.
C’est ici que le littérateur pour nous commence à paraître. […] La réputation de Fléchier dans le monde lettré commençait à se faire, grâce à ses compositions de collège qui avaient leurs lecteurs et leurs juges, même à la Cour. […] Lorsque Louis XIV prit en main le gouvernement après la mort de Mazarin, l’Auvergne était un des pays les plus signalés par le nombre comme par l’impunité audacieuse des crimes ; dès 1661 et dans les années suivantes, les intendants ne cessaient d’y dénoncer à Colbert toutes sortes d’abus de pouvoir et d’excès de la part des nobles, protégés et couverts qu’ils étaient par les officiers mêmes de justice : ce fut aussi l’Auvergne que l’on jugea à propos de choisir pour commencer la réparation dans le royaume. […] Il ne commence son récit qu’à l’arrivée à Riom, et lorsqu’on est sur la terre d’Auvergne. […] Le président, comme les hommes peu sûrs de leur conscience, était avide de commencer par un coup d’éclat, qui mît la sienne en honneur, et qui affichât hautement son impartialité.
Vers le troisième mois, elle commence à tâter avec ses mains, à avancer ses bras ; mais elle ne sait pas encore diriger sa main, elle palpe et remue vaguement ; elle essaye les mouvements des membres antérieurs et les sensations tactiles et musculaires qui en sont l’effet ; rien de plus. […] Viens ici », etc. — Elle commence à distinguer le ton fâché du ton satisfait, elle cesse de faire ce qu’on lui interdit avec un visage et une voix sévères ; elle a spontanément et souvent l’envie d’être embrassée ; pour cela, elle tend le front et dit d’une voix câline : papa, ou maman. — Mais elle n’a appris ou inventé que très peu de mots nouveaux. […] Au septième mois, il commence à dépasser ce procédé primitif, à diriger un peu ses mains d’après son regard, à les relever graduellement vers l’objet, à saisir, après quelques tâtonnements, une fleur, un hochet, une petite cuiller : alors il les garde longtemps, avec attention, comme pour étudier leur poids, leur forme, leur consistance et les diverses apparences optiques qu’ils présentent à mesure qu’ils remuent dans sa main vacillante. […] Dans la septième semaine ont commencé des sons d’un tout autre caractère et que j’appellerais volontiers des sons intellectuels. […] L’érudit : commence et finit par ces types phonétiques ; s’il les méconnaît, ou s’il veut ramener les mots aux cris des animaux ou aux interjections humaines, c’est à ses propres risques.
C’est ici que l’histoire de cette abolition commence. […] Il commençait à trouver la position fausse qu’il avait acceptée plus forte que son courage. […] Florida Blanca, homme dévoué jusqu’à l’esclavage, doit finir l’affaire commencée. […] L’expiation commençait déjà. […] Son récit, commencé avec les événements du Portugal, va plus loin que la mort de Clément XIV.
Puis les ombrages commencent à naître entre le président de la république et la majorité. […] Si tout chapitre d’histoire particulière doit commencer par l’histoire universelle, toute biographie particulière doit commencer par celle d’Adam ; le premier homme explique tous les hommes. […] C’est ici que la difficulté commence pour la critique. […] Vous commencez à entrevoir ce qui manque à la création de M. […] Elle commence parle sublime, et elle finit par le ridicule.
. — Soit par contiguïté, soit par similitude, l’image qui renaît a déjà commencé à renaître. — Pourquoi la renaissance partielle provoque la renaissance totale. […] Toutes les fois que nous mangeons, ou que nous buvons, ou que nous marchons, ou que nous faisons usage d’un de nos sens, ou que nous commençons ou continuons une action quelconque, il en est de même. […] Tous les points éminents dans le groupe des sensations que j’ai eues alors reparaissent l’un après l’autre ou ensemble. — Si maintenant, prenant un de ces points, j’examine comment il émerge, je trouve que c’est lorsqu’il a déjà commencé à émerger. […] Ce qui suscite à tel moment telle image plutôt que telle autre, c’est un commencement de résurrection, et cette résurrection a commencé tantôt par similitude, parce que l’image ou la sensation antérieure contenait une portion de l’image ressuscitante, tantôt par contiguïté, parce que la terminaison de l’image antérieure se confondait avec le commencement de l’image ressuscitante. Étant donnée une image quelconque à un moment quelconque, on pourra toujours expliquer sa présence actuelle par le commencement de renaissance qu’elle avait dans l’image ou sensation précédente, et sa netteté, son énergie, sa facilité à renaître, toutes ses qualités intrinsèques par le degré d’attention et par le nombre de répétitions qu’auparavant, soit en elle-même, soit dans la sensation correspondante, elle aura subies ; toutes remarques comprises dans notre loi fondamentale qui constate dans la sensation et dans son image la tendance à renaître, et qui partant assure à l’image commencée, à l’image accompagnée d’attention, à l’image fortifiée par des répétitions, une prépondérance qui aboutit.
Il commence par aller visiter son trésor enfoui sous l’arbre, et par lui emprunter un bon viatique, jusqu’au moment de lui faire une visite définitive. […] Ici le romanesque du roman commence. […] Où finit le télescope, le microscope commence. […] « Ce que l’amour commence ici-bas ne peut être achevé que par Dieu ! […] Les étoiles commençaient à rayonner.
À dater du livre de la Femme, la Critique a dû constater en lui un affaiblissement qui commence, une lassitude, le pas en arrière qu’on ne fait pas pour revenir en avant, sans un phénomène ! […] Dans ce livre de la Femme, suite au livre de l’Amour, il commence de voir ce qu’il a méconnu si profondément dans l’Amour, c’est que la femme n’est épouse que pour être mère. […] … Et c’est de là, c’est de là qu’il est tombé, qu’il a roulé dans la physiologie, la physiologie qui doit dévorer ce qui lui restait de talent, de vie et de force, et qui ce jour-là a peut-être commencé ! […] Dans ses admirables pages sur Géricault, Michelet cite un mot de ce robuste, qui se débattait dans sa force pour trouver la grâce : « Quand je commence une femme, — disait-il, — cela finit toujours par un lion ! […] Quand il commence un lion, cela finit toujours par une femme… Allez !
Après avoir travaillé l’esprit humain pendant quatre siècles et avoir versé dans ses veines un poison qu’il y retrouvera peut-être toujours, elles se sont enfin senties épuisées et une défaillance secrète a commencé de les saisir. […] Aussi, en Allemagne, quand Luther commença d’y répandre sa doctrine de contradiction et d’erreur, il émut autour de lui quelque chose qui ressemblait à un sentiment public. […] Elles commencèrent à se produire, disent les écrits les plus renseignés, sous le règne de Charles Ier. […] Ce fut vers cette époque, et plus tard, qu’un homme éminent par la science et par la piété, et qui prit une part plus ou moins directe à la rédaction des Tracts, commença de jouer dans le parti anglo-catholique un rôle d’influence à la fois puissante et modérée. […] Est-ce que Newman n’a pas commencé par d’horribles imprécations contre Rome, rétractées et expiées avec le plus ardent repentir ?
L’amitié avec la nature peut vivre autant que nous, mais elle n’a qu’une saison pour commencer : celle de la première jeunesse, l’heure matinale, où le cœur, doué d’une puissance de désir et d’émotion qui ne sera jamais plus grande, n’est encore pris à rien et peut se prendre à tout, parce que les tendresses qui l’occuperont ne sont pas encore nées. […] Des animaux, logés dans un fondouk voisin, commencèrent à s’agiter sur leur litière et à faire un bruit matinal dans leurs mangeoires vides. […] Mais les purs artistes savent où s’arrête le mouvement d’amour d’une âme qui voit ; ils savent où commence le métier d’auteur et où finit la poésie sentie et vécue, et ils ne franchissent pas la limite. […] Elle le plaint, en effet, et la pitié d’amour est si voisine de l’amour, que Madeleine passera de l’une à l’autre, ou plutôt elle verra que certaines pitiés, comme certaines amitiés, ne sont, entre un homme et une femme, que le nom d’emprunt d’un amour qui commence. […] Elle commence très tôt.
Élevé par une mère distinguée, d’un esprit philosophique et d’une grande tendresse, il la perd à l’âge de douze ans, et dès lors son éducation qui commençait sous de doux et heureux auspices est brisée. […] Cependant un sentiment de solidarité s’y développe chez lui ; opprimé, il prendra aussitôt parti pour les opprimés : « Ces souffrances de l’éducation universitaire ont laissé dans mon âme des traces ineffaçables ; elles y ont développé de bonne heure les instincts de solidarité au point que je n’ai jamais été témoin, que jamais je n’ai entendu le simple récit d’une injustice sans en ressentir le contre-coup ; je leur dois encore d’avoir été, dans toute l’étendue du mot, un excellent camarade. » La lecture de Gibbon commença de bonne heure son émancipation en matière de croyances. […] Il n’en usa point et commença par prendre un congé de six mois.
Cette révolution commença bientôt en effet ; mais elle se fit d’abord un peu à part, et hors de la voie commune de la société ; elle se prépara sur les hauteurs et ne descendit pas du premier jour dans la grande route que suivait cette société rajeunie. […] M. de Chateaubriand, plus fort, plus grand homme, et sachant mieux à quoi se prendre, frappa bien davantage ; lorsqu’il commença pourtant, il était moins que madame de Staël en harmonie avec l’esprit progressif et les destinées futures de la société, mais il s’adressait à une disposition plus actuelle et plus saisissable ; il s’était fait l’organe éclatant de tout ce parti nombreux que la réaction de 1800 ramenait vivement aux souvenirs et aux regrets du passé, aux magnificences du culte, aux prestiges de la vieille monarchie. […] Toute cette période rétrograde et militante de l’école de poésie dite romantique se prolonge jusqu’en 1824, et se termine après la guerre d’Espagne et lors de la brusque retraite de M. de Chateaubriand, A cette époque la fougue politique et les illusions honorables des jeunes poètes se dissipèrent ; ils comprirent que la monarchie restaurée, avec ses misérables ruses d’agiotage et ses intrigues obscures de congrégation, n’était pas tout à fait semblable à l’idéal qu’ils avaient rêvé et pour lequel ils auraient combattu ; ils se retirèrent dès ce moment du tourbillon où ils s’étaient égarés ; et, spectateurs impartiaux, ne s’irritant plus de l’esprit libéral qui soufflait alentour, ils s’enfermèrent de préférence dans l’art désintéressé : pour eux une nouvelle période commença, qui vient de finir en 1830.
III Nous commençons une nouvelle ère, celle des lois écrites sans l’intervention de la parole traditionnelle pour en expliquer le sens. […] D’ailleurs, il va être démontré qu’une autre force morale commence à succéder à celle qui vient de se briser, une force morale modifiante et extensible. […] Quoi qu’il en soit, aujourd’hui que le règne de la lettre commence, comme nous l’avons déjà dit, il faut que l’opinion prenne un ascendant tel que ce soit elle qui dirige tout dans la société ; car la lettre, de sa nature, étant imployable, elle se briserait continuellement par l’effet même de l’expansion des idées.
Il commençait déjà de glisser vers le pouvoir, le long de cette pente de velours qui fut le tapis sur lequel il a toujours joué… Son mérite, en fleur (il en avait un), fut tout de suite discerné. […] Le livre commence par une déception, et une déception de près de cent pages. […] Les négociations racontées dans ce premier volume sont celle de Parme, commencée sous le ministère de Richelieu, et celle de Rome, au conclave de 1656, qui ne finirent, ni l’une ni l’autre, dans le sens, d’abord voulu, des intérêts français.
Il commence par l’adorer, et elle commence par le trouver très bien. […] Et la lugubre tragédie de la vie brisée commence. […] Il commence à se dire qu’il n’y a que la Science. […] Elle a commencé avec celui qui a inventé la charrue. […] Elle a commencé avec celui qui a inventé le feu.
Les Romains ont commencé et ont fini par être alexandrins. […] On commence par admirer les grands modèles que l’on s’est mis sons les yeux. […] Le classicisme commence où l’humanisme finit, à la condition qu’il ait existé ; comme l’humanisme commence où l’alexandrinisme finit, à la condition qu’on ait commencé par lui. […] Le dualisme a vécu, l’unité commence. […] On verra ; mais elle commence.
Liris a commencé par de mauvais vers qui, trop bien recommandés par des amis trop serviables, ont trouvé et ruiné un libraire novice. […] — Quand Musset sent que sa verve traîne et commence à languir, il se jette à corps perdu dans l’apostrophe. […] On ne commence à regarder à sa montre que du moment où l’on prend la file. On ne fait commencer le bal que du moment où l’on entre dans la danse. […] Mais ce qui est très vrai, c’est qu’à dater de ce jour commença mon initiation à l’école romantique des poètes.
Je reviendrai, en finissant, sur la manière dont je conçois une édition de Gui Patin ; commençons d’abord par nous former de lui une idée bien précise. […] Le Médecin charitable de Guybert, publié en français, et qui se composait d’une suite de petits traités simples et d’indications à l’usage de tous, commença de porter la lumière dans le labyrinthe et l’économie dans le laboratoire. […] Les médecins, par exemple, commencèrent à écrire certaines de leurs ordonnances en français. […] Gui Patin plaida sa propre cause aux Requêtes de l’Hôtel (14 août 1612), en présence, dit-il, de quatre mille personnes : Je n’avais rien écrit de mon plaidoyer et parlai sur-le-champ par cœur près de sept quarts d’heure : j’avais depuis commencé à le réduire par écrit, mais tant d’autres empêchements me sont intervenus que j’ai été obligé de l’abandonner. […] Ils commencent leur Défense par ces mots sacramentels : « Aristote nous apprend… » Ils reprochent à Renaudot d’avoir voulu faire d’une salle de fripiers et usuriers (allusion à son mont-de-piété), d’une boutique de journal, « une synagogue de médecins », et concluent que chacun des médecins de Paris a le droit de prendre la verge à la main pour chasser ces profanateurs.
… » « D’El-Arich à Gaza, le pays change de figure ; le sable se couvre de petits buissons, puis on commence à rencontrer des pierres, puis des troupeaux ; enfin on entend un peu de bruit ; le silence est encore une chose qui fait une véritable impression ; on cherche pendant longtemps ce qui manque à la vie, et tout à coup… » Horace Vernet a, depuis, imprimé quelques-uns de ces passages dans une brochure sur les Costumes de l’Orient, il a ôté les familiarités et n’a laissé que le noble et le grave, ce qui allait à son but. […] A peine une émotion passée, une autre toute différente commence. […] L’étonnement ne paraît jamais sur leur visage, ce qui explique les ordres froidement cruels donnés par Moïse et exécutés ponctuellement sans que les victimes se doutassent du sort qui les attendait. » * Tout cela est finement senti, et, sa pensée se précisant de plus en plus à la réflexion, il écrivait de Smyrne, au moment de s’embarquer : « C’est ici que je commence à bien me rendre compte de tout ce j’ai vu d’intéressant, de curieux, de magnifique et de nouveau ; c’est pour le coup que la Bible devient intéressante. […] Il commençait pourtant à s’ennuyer tout de bon d’être traité si continuellement en ami, en homme de la Cour, de passer sa vie dans les parades, dans les voyages et dans les fêtes. […] quand je commence à faire des changements, je m’embarbouille et je ne sais plus comment en sortir. » Ne généralisons rien ; à chacun sa nature.
La difficulté d’y trouver un maire tient à plusieurs causes : d’abord à ce qu’ici comme partout ailleurs les anciens fonctionnaires capables d’administrer ont passé en Allemagne, à la suite de la conquête ; — en second lieu, parce que Worms est une ville de plaisir, où, hors les affaires personnelles de commerce ou de propriété, on se soucie fort peu de se donner d’autres occupations ; — en troisième lieu, parce que les idées et même les prétentions de l’ancienne ville libre et impériale y existent encore, avec plus ou moins de force, dans l’esprit et le cœur de ses habitants ; — 4°, parce que les soins d’un maire sur cette frontière sont pénibles et même dispendieux pour un homme qui a de l’honnêteté, et qui pourtant a un peu de cette avarice, laquelle est aussi un des principaux traits du caractère des habitants… » À Spire, c’était bien pis ; en 1813, le maire qu’on avait cru bon était décidément hostile à la France ; ses sentiments équivoques commencèrent à se démasquer avec nos revers : « Un reste de pudeur, écrivait Jean-Bon (28 mars 1843), lui fait sans doute garder encore une sorte de réserve, mais seulement ce qu’il en faut pour ne pouvoir pas être convaincu légalement de son aversion pour le gouvernement qui l’a cru digne de sa confiance. […] Michel Nicolas, d’ordinaire bien informé, Jean-Bon, dans les premiers temps qu’il était commissaire général, aurait pris sur lui de faire commencer sans ordres la route riveraine de Mayence à Coblentz et d’y appliquer un reliquat de fonds disponibles qui était dans les caisses et qu’on voulait enlever au département. […] Des maladies contagieuses commencent à se manifester dans les villages ; Votre Excellence en aura les rapports détaillés. […] « Les armes de la République triomphèrent sur mer et sur terre. — Je dégageai mes vaisseaux. — L’ennemi, en désordre, fut écrasé et obligé de tenir les vents que j’avais perdus pour aller couvrir l’Indomptable et le Tyrannicide. — Ce combat, commencé à dix heures du matin, finit à sept heures du soir. […] Le refroidissement avait commencé peu avant son départ de France.
Dans le Dernier Jour d’un Condamné, il s’est plu à rappeler le vieux puisard, la charmante Pepita l’Espagnole, et le tome II des Voyages de Spallanzani ; ailleurs il parle de l’escarpolette sous les marronniers ;le dôme gris et écrasé du Val-de-Grâce, si mélancolique à voir entre la verdure des arbres, lui apparaît sans doute encore toutes les fois qu’il se représente des jardins de couvent : c’est aussi dans ce lieu de rêverie qu’il commença de connaître et d’aimer cette autre Pepita non moins charmante, la jeune enfant qui, plus tard, devint sa femme. […] Victor commença, à treize ans, au hasard, ses premiers vers ; il s’agissait, je crois, de Roland et de chevalerie. […] En 1817, il en commença une autre intitulée Athélie ou les Scandinaves, mais il n’alla qu’à la fin du troisième acte et s’en dégoûta à mesure qu’il avançait : son goût se fit plus vite que sa tragédie. […] Han d’Islande, commencé dès 1820, et qu’il ne publia par suite d’obstacles matériels qu’en 1823, devait être, à l’origine et dans la conception première, un tendre message d’amour destiné à tromper les argus, et à n’être intimement compris que d’une seule jeune fille. […] Voici une liste complète de ses travaux jusqu’à ce jour : Le premier volume d’Odes, publié en juin 1822 ; Han d’Islande, publié en janvier 1823 ; Le second volume d’Odes et Ballades, publié en février 1824 ; La Muse française : ce recueil, qui commence en juillet 1823 et finit en juillet 1824, comprend plusieurs articles de Hugo ; Bug Jargal, publié en janvier 1826 ; Relation d’un Voyage au Mont-Blanc, fait en 1825 avec M.
C’était le moment où des troubles commencèrent à éclater dans cette province, et l’on passa vite à la rébellion ouverte. […] Il faut dire encore que la figure et la situation de Mme de Pontivy commençaient à faire bruit ; que ce dévouement, si naturel chez elle et si simple, allait lui composer, sans qu’elle y songeât, une existence à la mode, et que Mme de Noyon, d’abord indifférente ou contrariée, s’accommodait déjà mieux, dans sa vanité de tante, d’une nièce à réputation d’Alceste. […] Une vie nouvelle commença pour eux. […] M. de Murçay, s’asseyant à la hâte près de celle dont il ne pouvait se croire désuni, commença en des termes aussi passionnés que le permettait le lieu, et avec des regards que mouillaient, malgré lui, des larmes à grand’peine dévorées : « Quoi ! […] Promettez que rien n’est accompli, supposez que rien n’est commencé.
Budé avait vingt-quatre ans, il avait terminé son droit, quand, vers 1491 ou 1492, il reprit les auteurs latins, surtout les poètes, et commença de les comprendre ; Erasme avait près de trente ans, en 1496, quand il s’enferma comme boursier au collège Montaigu. […] Peu après 1500, Henri Estienne commence à imprimer des livres latins. […] De plus, écrivant pour un public d’élite, asservissant son inspiration au goût de ses lecteurs, il ouvre l’ère de la littérature mondaine, il fait prédominer les qualités sociables sur la puissance intime de la personnalité ; avec lui commence le règne — salutaire ou désastreux comme on voudra, ou mêlé de bien et de mal — d’une société polie. […] La grosse obscénité, à la gauloise, commence à tourner chez lui en mignardise polissonne. […] En 1531 commence la querelle de Marot contre Sagou, La Huéterie et leurs adhérents : Fontaine, Despériers et autres défendent Marot.
Éprouvons la valeur de cette conclusion, en prenant pour champ d’expérience une période très voisine de nous, celle qui commence vers 1850 et se termine aux environs de 1885. […] Il aura des adversaires aussi, tel Alphonse Karr, qui mettrait l’initiative du progrès social en de singulières mains, si l’on s’avisait de prendre au sérieux son mot fameux : « Que messieurs les assassins commencent ! […] Le difficile a été toujours de marquer le point précis où finit le droit incontestable de l’art à peindre le vice et où commence l’excitation voulue à la débauche. […] Sous Napoléon III, plagiaire de son oncle, elle ne put durant dix ans retentir qu’à l’Institut ou dans les églises où elle ne risque pas de soulever des orages de passion ; puis elle commença à reparaître dans les assemblées délibérantes, dans des conférences dûment autorisées, dans des réunions publiques strictement surveillées. […] Beaumarchais, le futur père du formaliste Bridoyson, commence sa renommée par le combat épique qu’il soutient contre des juges vendus qui le « blâment » et qui sont blâmés à leur tour par l’élite du Paris d’alors.
La plupart des Français de ce temps-là, avec un orgueil que justifie en partie la docile admiration des autres peuples, sont convaincus qu’avec eux commence une ère de grandeur et de perfection. […] L’époque se rattache ainsi à la grande période classique qui commence à la Renaissance et va jusqu’au romantisme, période où l’imitation des Grecs et des Romains est un des traits essentiels de la littérature française, comme l’étude du grec et du latin est le fond de l’enseignement donné aux enfants de la noblesse et de la bourgeoisie riche. […] L’époque se termine par la révocation de l’édit de Nantes, victoire éclatante de la grande Restauration catholique commencée dans le dernier tiers du xvie siècle en haine de la Réforme. […] Ce n’est pas tout : à mesure que la hiérarchie des castes perd de sa rigueur, la philosophie commence, elle aussi, à rapprocher dans l’homme les deux moitiés inégales entre lesquelles Descartes opérait un divorce si complet. […] On peut commencer par passer rapidement en revue tout ce qui environne la littérature, les milieux divers où elle se développe, les influences qui agissent sur elle du fond des pays étrangers ou des siècles passés, la condition faite alors aux écrivains.
Cependant, avec ses méchants habits, elle ne laissait pas d’être cent fois plus belle que ses sœurs, quoique vêtues magnifiquement. » Ainsi commence, ou à peu près, ce conte charmant de la beauté tirée de la cendre, brillante et joyeuse, comme une flamme soudaine. […] Tout d’abord, et pour commencer par le commencement, je n’aime pas ce nom de Philiberte donné à la beauté voilée et souffrante. […] Un mot de Raymond lui a fait pressentir un rival : il commence donc par insinuer à Philiberte que le gentilhomme ruiné ne soupire que pour les beaux yeux de sa cassette, puis il risque une déclaration : celle d’un vieillard qui propose le mariage… moins le mari ; une sinécure. […] Croyant faire peur à l’amour, Tu n’étais qu’une enfant, ma soeur, jusqu’à ce jour, Tu viens, en un instant, de faire un pas immense, Car c’est à la pudeur que la femme commence, Et la pudeur, au fond, n’est que le sentiment Qu’un homme peut nous voir avec des yeux d’amant. […] Il en résulte bien des tiraillements, des détonations et des discordances ; mais, en somme, la pièce marche, elle arrive, elle se retrempe, après avoir langui, pendant deux actes inutiles, dans une dernière scène pleine d’émotion et de chaleur, et ce dénouement achève le succès que le premier acte avait commencé.
C’était un propos qui avait cours dans la ville, que, « là où la folie finit chez les autres, elle ne faisait que commencer chez les Brentano ». […] Elle sentait l’art et la nature comme on ne les sent qu’en Italie ; mais ce sentiment, commencé à l’italienne, se traduisait, se terminait trop souvent en vapeurs et en brouillards, non sans avoir passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. […] La préface de l’auteur commence par ces mots : « Ce livre est pour les bons et non pour les méchants. […] « C’est par là que je veux commencer, répondit-il ; plus tard je me distinguerai par toutes sortes de choses. » — Et cela s’est réalisé », ajoutait la mère. — Bettina sait toutes ces choses des commencements mieux que Goethe lui-même ; c’est à elle qu’il aura recours dans la suite, quand il voudra les retrouver pour les enregistrer dans ses Mémoires, et elle aura raison de lui dire : « Quant à moi, qu’est-ce que ma vie, sinon un profond miroir de ta vie ? […] Ce n’est qu’au réveil qu’elle commença un peu à causer.
Lesage est né, s’est formé et a commencé à se produire sous Louis XIV. […] Celui-ci sut l’espagnol à une époque où l’on commençait à ne plus le savoir en France, et il y puisa d’autant plus librement comme à une mine encore riche qui redevenait ignorée. […] Dès cette pièce de Crispin commence l’attaque aux gens de finance : on voit poindre Turcaret. […] « C’était commencer le métier d’intendant par où l’on devrait le finir. » Le troisième volume, publié en 1724, et qui est le plus distingué de tous, nous montre Gil Blas montant par degrés d’étage en étage ; et, à mesure que la sphère s’élève, les leçons peuvent sembler plus vives et plus hardies. […] Le plus haut point de sa prospérité est juste le moment où va commencer, s’il n’y prend garde, sa dépravation véritable.
Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] Il avait commencé par trouver que Mme de La Vallière allait un peu lentement : « Un naturel un peu plus fort que le sien aurait déjà fait plus de pas, écrivait-il ; mais il ne faut point l’engager à plus qu’elle ne pourrait soutenir. » Sa résolution extrême, une fois qu’elle l’eut déclarée, ne manquait pas de contradicteurs, et surtout de moqueurs. […] Et montrant l’âme qui se dépouille peu à peu des ornements extérieurs, colliers, bracelets, anneaux, parure, et qui commence à être plus proche d’elle-même, il ajoutait : « Mais osera-t-elle toucher à ce corps si tendre, si chéri, si ménagé ? […] Mme de Sévigné avait d’abord commencé par plaisanter là-dessus comme les meilleures personnes du monde ne peuvent s’empêcher de faire : « On dit qu’elle (Mme de La Vallière) a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, et assaisonné sa tendresse de mère avec celle d’épouse de Jésus Christ. » Mais quand elle fut allée elle-même à la grille et qu’elle eut vu Mme de La Vallière, elle n’eut plus qu’un cri d’admiration pour une simplicité si véritablement humble et si noble encore : Mais quel ange m’apparut à la fin !
Jeune, en débutant dans le monde littéraire, il commença par blesser la vanité de la foule des petits auteurs ; ils s’en vengèrent en s’en prenant à sa naissance. […] On peut remarquer qu’il commence par le nom d’un homme qui a depuis acquis une certaine célébrité dans la médecine, Alibert, et qui n’était connu alors que par une fable insérée dans un Recueil des Muses provinciales. […] Il montre les gens d’esprit, les gens riches trouvant la noblesse insupportable, et si insupportable que la plupart finissaient par l’acheter : « Mais alors commençait pour eux un nouveau genre de supplice, ils étaient des anoblis, des gens nobles, mais ils n’étaient pas gentilshommes… Les rois de France guérissent leurs sujets de la roture à peu près comme des écrouelles, à condition qu’il en restera des traces. » Cette cause morale, la vanité, qui fut si puissante alors dans la haine irréconciliable et l’insurrection de la bourgeoisie excitée par les demi-philosophes, est démêlée et exposée par Rivarol avec une vraie supériorité. […] Règle générale : les nations que les rois assemblent et consultent commencent par des vœux et finissent par des volontés. […] … Était-ce donc à toi à commencer une insurrection, ville insensée ?
M. de Humboldt, dans le voyage aux régions équinoxiales qu’il entreprit au commencement de ce siècle avec son ami le botaniste Bonpland, et qui est une date mémorable dans la science, a reconnu en mainte rencontre cette vérité intime et pittoresque de Bernardin et le charme pénétrant de ses observations naturelles : Que de fois, dit le savant voyageur, nous avons entendu dire à nos guides dans les savanes de Venezuela ou dans le désert qui s’étend de Lima à Truxillo : « Minuit est passé, la Croix commence à s’incliner ! […] Dans la seconde partie de sa vie qu’il ne commence que tard, trop tard, et après bien des souffrances et des aigreurs, il n’est plus qu’un auteur et un homme de lettres, aspirant, sous un toit à lui, à dégager, comme il le dit, sa Minerve de son tronc rustique, et à mettre, s’il se peut, un globe à ses pieds ; sa véritable voie est trouvée. […] Il commence même à porter ses vues plus loin ; son esprit de système l’entraîne vers les spéculations physiques : J’ai recueilli, dit-il, sur le mouvement de la terre des observations, et j’en ai formé un système si hardi, si neuf et si spécieux, que je n’ose le communiquer à personne. […] Le peintre ému se reconnaît pourtant dès les premières lignes ; les descriptions ne sont pas sèches ; le paysage n’est là que pour se mettre en rapport avec les personnages vivants : « Un paysage, dit-il, est le fond du tableau de la vie humaine. » Avant de s’embarquer à Lorient, et sans avoir encore quitté le port, en s’y promenant et en nous y montrant le marché aux poissons avec tout ce qui s’y remue de fraîche marée, l’auteur nous rend une petite toile hollandaise ; en nous peignant avec vérité le retour des pêcheurs par un gros temps, il y mêle le côté sensible dont il abusera : « C’est donc parmi les gens de peine que l’on trouve encore quelques vertus. » On reconnaît le petit couplet philosophique qui commence, mais il ne le prolonge pas trop, et cela ne va pas encore jusqu’au sermon56. […] Je pourrais citer d’autres délicieux petits tableaux tout à côté, notamment celui qui commence par ces mots : « Si jamais je travaille pour mon bonheur, je veux faire un jardin comme les Chinois… » Malgré ces touches heureuses, il manquait pourtant au Voyage de l’île de France, et à son exactitude complète, cette vie intime et magique que Bernardin, en y revenant, saura mêler plus tard à ces mêmes peintures, quand il les reverra de loin, non plus dans l’ennui de l’exil, mais avec la tendresse du regret et avec la vivacité de l’absence.
Penser à un acte de violence, c’est commencer la violence en pensée, c’est esquisser l’acte de violence dans sa tête ; on peut s’en tenir là, on n’en a pas moins déjà commis un premier acte ; on a eu non seulement une « mauvaise pensée », mais encore une mauvaise impulsion, un mauvais vouloir, et, en définitive, on a déjà fait une mauvaise action, dont on se repent aussitôt, et dont on réprime le développement interne, puis externe. […] Il n’en est pas moins vrai qu’une seconde est toujours une durée, qu’un millimètre est toujours une étendue, que la pensée d’une action est toujours une action, que l’idée d’un mouvement est toujours ce mouvement commencé ; s’il est arrêté ensuite, cela ne l’empêche point d’avoir existé tout d’abord. Quand nous pensons à une action simplement possible pour nous, nous voulons déjà cette action et nous la commençons. […] C’est donc parce qu’un centre est, physiologiquement et psychologiquement, représentatif d’un membre déterminé qu’il est moteur de ce membre déterminé, non de tel autre : la représentation est un dessin de mouvement commencé qui, par la coordination du système nerveux, se propage jusqu’aux muscles de l’organe dont on s’est représenté le mouvement. […] En méconnaissant le principe fondamental des idées-forces, selon lequel toute conception d’un acte implique la représentation d’un mouvement et celle-ci un mouvement commencé, on se met dans l’impossibilité d’expliquer l’action de la volonté sur les muscles sans recourir finalement, soit à des entités, soit à des miracles.
C’était Voltaire qui en France avait commencé le feu contre ce barbare. […] Ce qu’on ne s’avoue pas, la chose obscure qu’on commence par craindre et qu’on finit par désirer, voilà le point de jonction et le surprenant lieu de rencontre du cœur des vierges et du cœur des meurtriers, de l’âme de Juliette et de l’âme de Macbeth ; l’innocente a peur et appétit de l’amour comme le scélérat de l’ambition ; périlleux baisers donnés à la dérobée au fantôme, ici radieux, là farouche. […] Avant d’ôter de l’art cette antithèse, commencez par l’ôter de la nature. […] Les exils des écrivains commencent à Eschyle et ne finissent pas à Voltaire. […] On commence à être un peu reçu à l’Académie sur billets de confession.
Pour le héros, pour le soldat, pour l’homme du fait et de la matière, tout finit sous six pieds de terre ; pour l’homme de l’idée, tout commence là. […] Non, tout y commence. […] L’éblouissement du genre humain commence quand ce qui était un génie devient une âme. […] Il a fallu trois cents ans pour que l’Angleterre commençât à entendre ces deux mots que le monde entier lui crie à l’oreille : William Shakespeare. […] L’Angleterre commence à épeler ce nom, Shakespeare, sur lequel l’univers lui a mis le doigt.
Une moitié des mots de notre langue est terminée par des voyelles, et de ces voyelles l’ e muet est la seule qui s’élide, qu’on me permette ce mot, contre la voyelle qui peut commencer le mot suivant. On prononce donc bien sans peine fille aimable ; mais les autres voyelles qui ne s’élident pas contre la voyelle qui commence le mot suivant, amenent des rencontres de sons desagréables dans la prononciation. […] Elles défendent la liaison des mots qui commencent et qui finissent par ces voyelles dont la prononciation ne se peut faire sans un hiatus. […] En cette langue toutes les voyelles font élision l’une contre l’autre, lorsqu’un mot terminé par une voyelle rencontre un mot qui commence par une voyelle. […] Les hommes ont commencé de faire des vers avant qu’il y eut des regles pour en bien faire.
Qu’est-ce que cela, sinon le Roman de mœurs qui commence à poindre ? […] 6° Ici commence l’histoire de la critique moderne et avec elle une période nouvelle. […] Il va s’agir maintenant de les transformer elles-mêmes en préceptes, et c’est une seconde période de l’histoire de la critique qui commence. […] Entendons bien ceci : la langue française commence à se sentir en état de marcher toute seule et, selon l’expression de Sainte-Beuve, sa rhétorique est achevée : voilà ce que Balzac et Malherbe veulent dire. […] Mais, tous ou presque tous, ils étaient amis de Boileau, à commencer par le plus fameux et le plus considéré du parti, celui que l’on saluait alors du nom du « grand Arnauld ».
C’est là que commence l’action. […] L’histoire du bonheur commence par les divins enfantillages. […] Notre liaison avait commencé sous de meilleurs auspices. […] Une fois en voiture, et quand on commença à respirer. […] Je commençais à comprendre.
Les Vers commencent toujours à lineâ, & par une lettre capitale. […] Les Dictionnaires sont rangés selon l’ordre alphabétique ; mais on a tort de ne pas séparer les mots qui commencent par i, de ceux qui commencent par j ; ensorte qu’on trouve ïambe sous la même lettre que jambe. Il en est de même des mots qui commencent par u, ils sont confondus avec ceux qui commencent par v, ensorte qu’urbanité se trouve après vrai, &c. […] Ce retranchement est plus ordinaire quand le mot suivant commence par une voyelle. […] terme de Grammaire ou plûtôt de Prosodie ; c’est l’élevation de la voix quand on commence à lire un vers.
L’éducation commence de bonne heure en Angleterre. […] combien vaine est la course que ton ardeur a commencée ! […] Vraisemblablement l’ancien continent de l’Amérique ne commençait que derrière ces montagnes. […] Une génération moyenne ne s’est point formée entre les écrivains qui finissent et les écrivains qui commencent. […] Heureusement l’opinion du siècle qui commence cherche à prendre un autre cours.
Segrais, qui, avec Mme de Sévigné, suffit à faire connaître Mme de La Fayette, nous dit : « Trois mois après que Mme de La Fayette eut commencé d’apprendre le latin, elle en savoit déjà plus que M. […] Zayde est encore dans l’ancien et pur genre romanesque, quoiqu’elle en soit le plus fin joyau ; et si la réforme y commence, c’est uniquement dans les détails et la suite du récit, dans la manière de dire plutôt que dans la conception même. […] Mme de La Fayette connut Du Guet, qui commençait à prendre un grand rôle spirituel pour la direction des consciences, et qui, dans cette décadence de Port-Royal, n’en avait que les traditions justes et intimes, sans rien de contentieux ni d’étroit. […] Il faut donc commencer par le désir sincère de se voir soi-même comme on est vu par son Juge. […] Petitot, dans sa notice érudite sur Mme de La Fayette (Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, seconde série, tome LXIV), a fait commencer l’étroite liaison dix ans trop tôt, à ce qu’il me semble.
Je commence par son chef-d’œuvre, Eugénie Grandet. […] Tout commence chez lui par ce milieu de ses personnages, préface de l’homme. […] Quand les enfants commencent à voir, ils sourient ; quand une fille entrevoit le sentiment dans la nature, elle sourit comme elle souriait enfant. […] Matinale comme toutes les filles de province, elle se leva de bonne heure, fit sa prière, et commença l’œuvre de sa toilette, occupation qui désormais allait avoir un sens. […] Eugénie commençait à souffrir.
Vers 1750 commencent à retentir en France des mots qu’on n’y entendait plus depuis longtemps. […] L’Oratoire commence par l’admettre dans les classes inférieures ; Port-Royal renonce à l’étrange coutume de faire apprendre à lire en latin et introduit des compositions françaises. […] Le mouvement commencé ne s’arrête point. […] C’est en vue de mettre dans le français toute la dose possible d’élégance et d’immobilité qu’elle commença son fameux dictionnaire. […] On commence à comprendre qu’il ne peut exister de beau immuable, de forme éternellement la même pour les conceptions changeantes de l’intelligence humaine ; qu’en ce domaine, comme en tous les autres, l’immobilisme est la pire des utopies.
Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. […] C’était l’heure où commençait à paraître l’Encyclopédie, où la congrégation des philosophes allait régner sans partage, et où le monde était jeté bien loin des études silencieuses. […] Dom Rivet employait à un travail, qui eût semblé ingrat et aride à d’autres que lui, de longues heures, régulièrement commencées, interrompues et terminées par la prière. […] Commençons par un de ces récits quelconques où Renart figure, et prenons-en un où il y ait de l’agrément, et pas trop d’allégorie ou de satire.
Cependant je sens que je commence à te goûter, et je l’admire comme un rare génie, surtout pour le temps où il a vécu… Mais cette lecture ne profite pas à de Brosses, qui continue de trouver Dante un poète tout à fait sec et sans aménité : Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ici que plus je lis le Dante, plus je reste surpris de cette préférence que je lui ai vu donner sur l’Arioste par de bons connaisseurs : il me semble que c’est comme si on mettait le Roman de la rose au-dessus de La Fontaine. […] La poésie en langue vulgaire, qui commençait à fleurir en Italie, n’y avait pas encore obtenu l’estime qui lui était due ; goûtée des femmes et des jeunes gens, elle était peu prisée des théologiens et des doctes. […] Il avait déjà commencé ce poème avant les événements politiques qui le mirent à la tête des affaires de son pays, et qui bientôt le firent bannir de Florence à l’âge de trente-sept ans (1302), pour errer près de vingt ans encore (1321) sans y rentrer jamais. […] L’hymne d’amour dès ce moment a commencé, et l’on nage déjà dans l’allégresse.
Spendius, qui sera la cheville ouvrière du roman, joue Hannon sous jambe ; il se constitue son truchement et fait accroire à l’armée ce qu’il veut : elle commence à s’agiter. […] Par lui le payement de la solde commence à s’effectuer ; mais ce qui devait arriver arrive : avant que l’opération soit terminée, les cupidités, les récriminations, la colère des Baléares dont les frères ont été égorgés, les intrigues de Spendius, rompent le semblant d’accord. […] Il traverserait maintenant les flammes, dit-il ; — et, pour commencer, il se dirige tout droit, sans vouloir rien entendre, vers la maison d’Hamilcar, bien résolu de voir Salammbô. […] Les opérations de la guerre commencent.
Ayant commencé très-jeune à produire et à publier, dans un temps où le peu de concurrence des talents et un goût vif des Lettres renaissantes mettaient l’encouragement à la mode, il a subi l’inconvénient d’achever et de doubler, en quelque sorte, sa rhétorique, en public, dans les concours d’académie. […] Son premier recueil d’Élégies est de 1812 ; il en avait composé la plupart dans les années qui avaient précédé, et sa Chute des Feuilles, par où le recueil commence, avait, un peu auparavant, obtenu le prix aux Jeux Floraux. […] Je recommanderai encore, d’après mon ami qui la chantait à ravir, la romance intitulée le Tombeau du Poète persan, et ce dernier couplet où la fille du poëte expire sous le cyprès paternel : Sa voix mourante a son luth solitaire Confie encore un chant délicieux, Mais ce doux chant, commencé sur la terre, Devait, hélas ! […] Millevoye avait chanté l’un, et commençait à fêter l’autre.
. — « Avril : Absorption complète, refus de parler, toute l’après-midi, son chapeau de paille lui barrant la vue, il reste assis en face d’un arbre, dans une immobilité tristement farouche. » 8 avril : « Peu à peu il se dépouille de l’affectuosité, il se déshumanise ; les autres commencent à ne plus compter pour lui et recommence en lui le féroce égoïsme de l’enfant. » 16 avril : « Ce qu’il y a d’affreux dans ces abominables maladies de l’intelligence, c’est qu’elles détruisent souterrainement et à la longue, chez l’être aimant qu’elles frappent, la sensibilité, la tendresse, l’attachement, c’est qu’elles suppriment le cœur… cette douce amitié qui était le gros lot de notre vie, de notre bonheur, je ne la trouve plus, je ne la rencontre plus… Non je ne me sens plus aimé par lui, et c’est le plus grand supplice que je puisse éprouver, et que tout ce que je puisse me dire n’adoucit en rien… ! […] Et l’opération commença. […] Gustave Flaubert, son frère aîné revenu docteur à Rouen, Bouilhet qui commençait sa médecine, en étaient les premiers auditeurs26. […] Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments.
Nous sentons bien que quelque chose vient de finir : et par là nous pouvons en quelque mesure distinguer ce qui commence. […] L’Angleterre, d’abord, avec sa George Eliot952, et puis la Russie, avec son Dostoïevski953 et son Tolstoï954 ; et enfin955 sont venus les Scandinaves avec leur Ibsen956, derrière qui commence à se dessiner leur Bjœrnson957 . […] S’ils ne viennent nulle part, tout ira en dissolution, jusqu’à ce qu’ils apparaissent : et nul ne peut prévoir où, quand et comment commencera le renouvellement. […] Lemaître a commencé de s’acquitter par deux remarquables pièces : l’Age difficile et le Pardon (saison théâtrale de 1891-1895), où se poursuit avec bonheur le développement de son fin et vigoureux talent.
L’immodestie commence chez celui qui excède la mesure qui convient. […] La télépathie, ou communication directe de la pensée à distance, avec ou sans apparition, est la partie du spiritisme que la science commence à s’annexer. […] Intellectualiste, voici vingt fois que j’écris ce mot et il commence à m’agacer furieusement et il est temps de le décomposer. […] Il faut qu’ils puissent parachever l’œuvre à peine commencée.
Avant la fin de la soirée, le duc de Reichstadt s’approcha une seconde fois du maréchal, et, très prudent et circonspect de caractère comme il était, il lui dit qu’il serait bon peut-être, avant de commencer, d’en dire un mot à M. de Metternich. […] Il commença par les débuts de son père, qu’il connaissait depuis le temps de l’École militaire, et depuis Toulon. […] Il me semblait qu’en touchant cette terre sacrée, berceau de notre croyance, je commençais une nouvelle vie. — Oh ! […] Non, la France ne saurait renier celui qui justifia si bien les grandeurs déjà commencées de l’histoire, et qui montra de sa présence et de sa personne, dans ces diverses contrées du monde où il parut, que la renommée lointaine ne mentait pas.
La plus belle disgrâce ministérielle que l’on puisse citer est celle du duc de Choiseul à Chanteloup ; elle fut triomphante d’abord comme une faveur ; l’idée de popularité commençait à naître. […] Là est l’écueil, là est la tentation en effet pour ceux qui ont dû se lever de table avant la fin du repas : ils aiment à se persuader qu’à partir de là l’empoisonnement commence. Il est permis à l’un de ceux qui se tiennent debout à regarder, de leur répondre : Non, le monde n’est pas en train d’aller plus mal depuis hier seulement ; s’il dégénère, c’est de votre temps et du temps de vos pères que cela a commencé, non pas du jour où vous n’y avez plus la haute main. […] Il commence à voir à contresens le monde, et, si un retour de fortune lui ménage un rôle dans l’avenir, il n’y rentre plus qu’à contretemps.
Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable. […] Ce talent énergique et brillant commence d’abord, et à tout hasard, par donner des coups d’épée à travers son sujet, et de cette épée jaillissent des éclairs. […] On la dirait imitée d’une tempête de l’Énéide, et faite de seconde main ; par exemple : Cependant l’horizon se chargeait au loin de vapeurs ardentes et sombres ; le soleil commençait à pâlir ; la surface des eaux, unie et sans mouvement, se couvrait de couleurs lugubres dont les teintes variaient sans cesse, etc. […] Chez Barthélemy, Platon commence à parler ; la vue de cette tempête ayant amené l’entretien sur les époques primitives de la nature, sur le débrouillement du monde au sein du chaos, il débute en disant : « Faibles mortels que nous sommes !
Les hommes ont commencé par améliorer leur situation sur la terre, soit par un instinct plus ou moins semblable à celui des animaux, soit par une sorte de tâtonnement empirique, se développant au jour le jour, en raison des circonstances et des besoins : c’est ainsi que se formèrent les premières industries et les premières sociétés ; puis un premier degré de réflexion survint. […] Ainsi les hommes commencent à vouloir gouverner la société comme ils gouvernent la nature, mais d’une manière bien plus incertaine, les faits étant infiniment plus nombreux et plus compliqués. […] S’il s’agit surtout d’une science toute jeune, et qui commence à peine à se constituer en science positive, de la science la plus complexe et la plus délicate d’entre les sciences physiques, de celle qui nous touche de plus près, puisque par un côté elle confine à la médecine, par l’autre à la psychologie et à la morale, on attachera plus d’importance encore à cette entreprise. […] Commençons par une petite querelle : c’est à propos du chancelier Bacon, notre maître à tous, mais dont le nom a toujours été et est encore une pomme de discorde entre les savants et les philosophes21.
Il faut bien discerner le moment où l’action doit commencer et où elle doit finir, bien choisir le nœud qui doit l’embarrasser et l’incident principal qui doit la dénouer, considérer de quels personnages secondaires on aura besoin pour mieux faire briller le principal, bien assurer le caractère qu’on veut leur donner. […] Soit que l’on travaille, dit-il, sur un sujet connu, soit que l’on en tente un nouveau, il faut commencer par esquisser la fable et penser ensuite aux épisodes ou circonstances qui doivent l’étendre. […] Si, dans le plan qu’on trace de son sujet, on commence par une situation forte, il faut que tout le reste soit de la même vigueur, ou il languira. […] Il faut commencer par le plus faible pour aller par degrés au plus fort.
Dans le premier cas, au moment où la confidence commence, il est naturel qu’instinctivement elle veuille se rapprocher de la personne à qui elle la fait et que, puisque cette personne est debout, elle se lève elle-même. […] Abner lui répond : « Oui, je viens dans son temple adorer l’Eternel. » C’est assez théâtral ; sans doute ; car, à montrer les deux personnages comme continuant une conversation commencée, on est forcé de les faire apparaître sortant de la coulisse ensemble, côte à côte, pour ainsi dire presque bras dessus bras dessous et cela est un peu bourgeois. […] Non, c’est bien une conversation commencée qui continue, et c’est ainsi que l’a voulu Racine ; et donc il faut présenter Joad et Abner plus bourgeoisement, entrant par le fond, de front, et conversant déjà ensemble. […] Au contraire, quand Agamemnon réveille Arcas et lui dit : « Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille », il y a jeu de scène évident et il n’y a point conversation commencée qui continue.
L’intelligence, dans l’homme, continue de se perfectionner lorsque son être physique commence à perdre de ses forces et de ses facultés : il en est de même du genre humain. […] Les sociétés humaines se régénèrent et renaissent pour commencer une nouvelle vie, après avoir passé par des périodes assez peu en rapport avec celles qui amènent la mort de l’homme, et surtout sa renaissance ; car ici finit toute espèce d’analogie : la perpétuité des sociétés humaines et l’immortalité de l’être spirituel n’ont aucune ressemblance, l’une étant placée dans le temps et dans la sphère du monde sensible, l’autre s’élançant hors des limites du temps et dans la sphère infinie d’un monde où ne règnent que les lois de l’intelligence. […] Une génération ne commence pas et ne finit pas dans un désert : aucun fait n’est isolé ; rien, en un mot, n’existe de soi et sans raison de son existence. […] Les opinions humaines ne ressemblent donc point à la pièce de toile que le tisserand commence et achève : toutes se croisent, et se feutrent, pour ainsi dire.
Je conçois bien, dans l’hypothèse idéaliste, que la modification cérébrale soit un effet de l’action des objets extérieurs, un mouvement reçu par l’organisme et qui va préparer des réactions appropriées : images parmi des images, images mouvantes comme toutes les images, les centres nerveux présentent des parties mobiles qui recueillent certains mouvements extérieurs et les prolongent en mouvements de réaction tantôt accomplis, tantôt commencés seulement. […] On a commencé par faire du cerveau une représentation comme les autres, enchâssée dans les autres représentations et inséparable d’elles : les mouvements intérieurs du cerveau, représentation parmi des représentations, n’ont donc pas à susciter les autres représentations, puisque les autres représentations sont données avec eux, autour d’eux. […] Or, vous avez commencé par vous donner un cerveau que des objets extérieurs à lui modifient, dites-vous, de manière à susciter des représentations. […] On peut poser l’existence du réel en général derrière la représentation : dès que l’on commence à parler d’une réalité en particulier, bon gré mal gré on fait plus ou moins coïncider la chose avec la représentation qu’on en a.
C’est un Père de l’Église, très-connu et très-antique, élevé par la renommée et par le temps au-dessus de l’amour et de la haine ; et la postérité peut commencer pour lui de son vivant. […] Une Allemande, dit Gœthe, reconnut que son amant commençait à la tromper, parce qu’il se mettait à lui écrire en français. Un Français peut conclure qu’un philosophe commence à se tromper, lorsqu’il introduit en français des mots allemands. […] Vous voyez, mon pauvre Kant, que votre système tombe en ruine ; c’est que je me suis enfoncé dans l’intimité de la conscience, à un degré où vous n’avez pas pénétré27. » Je me suis quelquefois représenté le sentiment d’horreur qui eût pénétré Condillac et les analystes du dix-septième siècle, s’ils avaient lu cette préface, et si on leur eût dit que l’auteur, écrivain admirable, avait commencé par écouter leurs leçons.
On se corrige des métaphores excessives, on fuit les images hasardées, on diminue le nombre des mots familiers, on commence à n’employer que les termes généraux. […] Il y voit la perfection même ; c’est la Beauté qui descend sur la terre, et commence son voyage par l’hôtel de Rambouillet. […] Ce dix-huitième siècle, tant méprisé, « ces poupées charmantes, musquées et poudrées », Voltaire et Montesquieu le recueillirent, et la vraie conversation commença. […] « Commençons par celui qui l’a le mieux connue et qui certes ne l’a pas flattée, La Rochefoucauld. » Ne vous méprenez pas, lecteur zélé ; souvenez-vous que « les deux seules bonnes et complètes éditions sont celles de Renouard, 1804 et 1817, et celles de la collection Petitot.
C’est de là qu’il part, toutes les fois qu’il commence une expédition philosophique. […] Votre vie a commencé ; donc vous n’avez remarqué qu’un nombre limité de cas ; donc le total de votre addition ne comprendra qu’un nombre limité de cas. […] Votre vie a commencé ; donc vous n’avez pu en observer qu’un nombre fini ; donc en les joignant bout à bout, vous n’avez encore qu’une quantité finie. […] Prenons l’axiome des substances, et commençons par l’entendre.
Il faut bien en venir pourtant aux hommages littéraires, à commencer par le plus magnifique et le plus royal de tous, celui de Lamartine. […] Il fit donc cette admirable pièce qui commence avec grandeur, et où il montre le vaisseau de haut bord qui, dans l’orgueil du départ, se rit des flots et se joue même de la tempête ; puis, en regard, la pauvre barque comme il en avait tant vu dans le golfe de Naples, une barque de pêcheur dans laquelle habite toute une famille, et qui, jour et nuit, lui sert d’unique asile et de foyer : le père et le fils à la manœuvre, la mère et les filles aux plus humbles soins. […] La postérité commençait pour l’humble poète.
D’abord, les héros du jour, les thermidoriens, Tallien à leur tête, la plupart anciens amis de Danton, gens sans principes, sans considération personnelle, voulant au fond la république, mais capables de trop d’indulgence par faiblesse, de trop de rigueur par mauvaises passions ; en face d’eux, les Montagnards décidés, la plupart républicains convaincus, austères et fanatiques, les uns croyant encore à la vertu de Robespierre, les autres n’y croyant plus, mais n’en tenant pas moins au système qu’il avait fondé ; enfin, entre ces deux côtés ennemis, les hommes du Marais, qui commençaient à lever la tête, à demander des garanties et des amnisties, gens longtemps inertes et muets par peur, mais qu’on allait voir se ranimer, grandir de jour en jour, et expier leur nullité coupable par des services éminents, par du génie et même par de l’héroïsme : Sieyès et Boissy d’Anglas en étaient. La réaction antijacobine, commencée par les thermidoriens, et à laquelle la masse de la Convention prit part jusqu’au 29 prairial de l’année suivante, frappa tour à tour les choses et les hommes de la Terreur. […] Au reste, ce ne fut point par eux qu’on commença.
Après la mort de Louis XIV, les mêmes abus n’étant plus défendus par le même pouvoir, la réflexion s’est tournée vers les questions qui intéressaient la religion et la politique ; et la révolution des esprits a commencé. […] La liberté des opinions a commencé, en France, par des attaques contre la religion catholique ; d’abord, parce que c’étaient les seules hardiesses sans conséquence pour l’auteur, et, en second lieu, parce que Voltaire, le premier homme qui ait popularisé la philosophie en France, trouvait dans ce sujet un fonds inépuisable de plaisanteries, toutes dans l’esprit français, toutes dans l’esprit même des hommes de la cour. […] Du moment où la littérature commence à se mêler d’objets sérieux ; du moment où les écrivains entrevoient l’espérance d’influer sur le sort de leurs concitoyens par le développement de quelques principes, par l’intérêt qu’ils peuvent donner à quelques vérités, le style en prose se perfectionne.
Tout ce qui ne commence pas, ne se développe pas, ne s’achève pas dans les limites d’une année, ne laisse qu’une impression confuse, à moins que par un travail qui veut du temps et de la patience on ne rejoigne les tronçons épars de l’événement démembré par la chronologie. […] Selon les sujets, selon la force différente de chaque catégorie de preuves, on commencera d’abord par les faits ou par la théorie : de façon que toujours la vraisemblance augmente et fasse place enfin à l’évidence. […] Mais il n’est guère possible qu’il ne faille pas démolir la thèse adverse avant d’élever la sienne : c’est une règle qui ne souffre guère d’exception, et l’on peut dire que dans toute question sujette à controverse, où l’on peut répondre sans absurdité : oui ou non, il faut examiner d’abord les raisons qui engagent à répondre oui, quand on doit répondre non, et commencer par les raisons qui sont en faveur du non, quand on doit conclure par le oui.
Après 1645, quand la société de Rambouillet commença à se dissoudre, comme nous l’avons vu, il s’en forma de nouvelles de l’élite des personnes qui la composaient ; il s’en forma de son rebut, il s’en forma de mêlées ; il s’en forma même des partis opposés de la cour et de la ville ; la pruderie et la galanterie se mêlèrent. […] Les anciens recueils ne commencent même qu’à 1661. […] Le duc de La Rochefoucauld, âgé de quarante-huit ans en 1661, époque où madame de Longue ville commença à se retirer du monde, fréquemment attaqué de la goutte, réunissait chez lui, au moins quand la goutte l’y retenait, des personnes de son affection particulière, avec celles qui fréquentaient les maisons d’Albret et de Richelieu, et qui se partageaient entre elles et lui.
Filles à soldats Nul effort ne parviendrait à mettre dans la revue que je commence un ordre réel. […] Toutefois, je tiens à commencer la visite par uns de nos garces les plus indéniables. […] vains mots qui n’existiez pas il y a deux mille ans et qui, dans deux mille ans ; ne serez plus que des noms historiques : les vents de folie qui soulèvent ici ou là votre poussière d’une heure ne peuvent faire douter du soleil moral que ceux qui sont esclaves de leur temps et des mouvements de foule ou eux chez qui les persistants instincts de la brute triomphent de l’homme à peine commencé.
Quel que soit le temps auquel on appartienne, quelle que soit la grandeur des événements qu’on représente dans les mille facettes d’une polémique qui n’a souci, le plus souvent, que de les briser, — et ce n’était pas le cas pour Armand Carrel, homme de petite époque, vulgaire et abaissée, — le journalisme, qui fait litière pour l’histoire, n’est jamais de l’histoire, et voilà pourquoi, quand elle commence, lui n’est déjà plus. […] En 1833, Carrel avait trente-trois ans, l’âge de la force juvénile sur laquelle la réflexion doit commencer de jeter ces ombres qui sont une lumière. […] Littré et Paulin ont commencée !
Il n’est plus, il est vrai, dans la période ascendante d’une célébrité qui monta comme la mer, mais qui commence de s’abaisser et de reculer comme elle, et non pas, comme elle, pour revenir. « Trente ans, — disait le plus positif des esprits de ce siècle positif, — trente ans, voilà ce que dure à peu près toute gloire philosophique allemande ! […] Vera est un philosophe qu’il a commencé sa publication par cette traduction de la Logique. Mais, s’il avait plus songé à l’éducation à faire de l’intelligence du public, qu’il doit, avec ses convictions, vouloir rendre hégélien, qu’à l’éducation toute faite des philosophes comme lui, il eût commencé par les autres œuvres d’Hegel, moins cruellement abstraites (par exemple, les idées sur la Religion, sur l’État, sur l’Art, etc.), et il serait remonté de là vers les principes philosophiques d’où dépend toute la philosophie de son maître, et il eût placé ainsi le lecteur, familiarisé avec les idées et le langage hégélien, à la source même du système.
L’auteur, qui commence par imiter Fontenelle, finit, ma foi ! […] … Nous commencerons par M. […] Doublet devait commencer son histoire.
… Et cependant ce spiritualiste, ce religieux et ce mystique, qui a commencé l’éducation de sa pensée et le développement de son âme en nous traduisant Ruysbrœck et les Visions de sainte Angèle de Foligno, ne se résigne pas tranquillement à cette destinée d’obscurité. […] L’homme est confisqué au profit de Dieu, qui devient en revanche le profit de l’homme… Le livre de Hello, dit-il encore dans sa préface, commence et finit par le nom de Dieu. […] Il commence le volume et, en le commençant, il l’écrase ; car en continuant de lire, on ne rencontrera plus rien de pareil… Ce conte est intitulé Ludovic, et le sujet en est l’avare, l’avare pur, l’avare complet, l’avare jusqu’aux dernières profondeurs ; en un mot qui dit tout : l’idolâtre de l’or.
Avant de juger cet étrange ouvrage et ce qu’il renferme, il faut commencer par le raconter. […] … Le livre commence par une anecdote, non d’invention, mais historique. […] Notre mission n’est pas de chanter un hymne, mais de conjurer un fléau. » Et il ajoute : « Nous prendrons de plus l’engagement de n’appeler à notre aide que l’élite de la science, ou les autorités les plus graves, car ce premier mémoire n’est guères qu’une exposition sur pièces officielles, exposition raisonnée, il est vrai, discutée et terminée par des conclusions ; mais ces conclusions auront leur conséquence et ne sont, en définitive, que le prélude de débats et de questions bien autrement graves, réservés pour un second mémoire. » Après avoir tracé et déterminé les caractères qui doivent donner son autorité à tout témoignage et garantir l’authenticité de chaque fait, il commence l’histoire de ces phénomènes qui ne sont pas d’hier dans le monde, mais qu’une science infatuée et superficielle y croit d’hier, parce qu’elle les a nommés de noms nouveaux.
Les Souvenirs (une rêverie digne de la jeunesse du Dante), L’Anse des Dames, et cette Promenade dans la Lande qui commence à donner, distincte et profonde, cette note si particulière que le génie de Maurice de Guérin ne perdra plus. […] Les Études de Bernardin avaient été le vase vivant dans lequel il avait commencé de boire le lait des tendresses humaines pour la Nature… Mais, comme l’enfant grandi, qui a essuyé sa ronde bouche rose du lait maternel et qui n’a plus là que son propre souffle à lui, sa virginale haleine, Guérin ne fut plus que Guérin, et il ne resta pas dans les flots de sa chevelure ambroisienne, livrée à tous les vents de ses paysages, une seule des fleurs tombées de ce lilas de Bernardin sous lequel il s’était une minute assis. […] Tel il est dans ces deux volumes que j’ai appelés les deux bords d’une coupe qu’il faut plus hardiment incliner, et tel on va commencer de le lire et de le goûter.