On sait que ce pays est un de ceux qui a eu le plus d’influence sur le reste du monde ; il fut l’école d’Orphée et d’Homère, de Pythagore et de Platon, de Solon et de Lycurgue. […] Les législateurs de l’Égypte eurent les premiers l’idée d’attacher l’homme fortement à quelque chose qui lui survive, et de l’intéresser encore quand il ne serait plus ; ils virent que l’opinion reste sur la terre, quand l’homme en disparaît, et qu’elle porte à travers les siècles, la renommée et le mépris ; ils soumirent donc l’opinion à la loi : alors la loi atteignit l’homme au fond de la tombe, et l’on redouta quelque chose sur la terre, même au-delà de la vie. […] Les princes eux-mêmes étaient soumis au jugement, comme le reste des hommes, et ils n’étaient loués que lorsqu’ils l’avaient mérité.
Il est vrai que, justement à cause de cette indécision et de cette variété, il reste toujours au descripteur des mœurs mondaines quelque chance d’être tombé juste. […] Mais, au reste, on peut se demander si c’est bien le même monde qu’il a décrit (dans une disposition d’esprit différente), ou si par hasard il n’a pas eu un autre monde sous les yeux. […] Puis, comme le choix est grand dans tout cet étalage, une partie au moins de l’esprit et du cœur reste disponible, prête aux aventures qui peuvent se présenter. […] Au reste, si vous tenez compte de la différence des sexes et des rôles, vous constaterez chez plusieurs des femmes de M. […] » Elles ne veulent pécher que par pensée et par intention ; le reste leur fait peur.
Un grand nombre des morceaux de la peinture antique qui nous reste, est executé en mosaïque, c’est-à-dire, en peinture faite avec de petites pierres coloriées, et des aiguilles de verre compassées et rapportées ensemble, de maniere qu’elles imitent dans leur assemblage le trait et la couleur des objets qu’on a voulu representer. […] Il ne reste dans Rome même qu’un petit nombre de peintures antiques faites au pinceau. […] D’ailleurs ce qui nous reste et ce qui étoit peint à Rome sur les murailles, n’a été fait que long-tems après la mort des peintres celebres de la Grece. […] On voit, dit le poëte, la rage et la compassion mêlées ensemble sur son visage. à travers la fureur qui va commettre un meurtre abominable, on apperçoit encore des restes de la tendresse maternelle. […] On sent donc que malgré la force qui lui reste, il n’a plus qu’un moment à respirer, et l’on regarde long-temps dans l’attente de le voir tomber en expirant.
Arrivé à la dernière limite que les sensations puissent atteindre, et toujours affamé de sensations nouvelles, il s’imagine que de prendre la vie à rebours c’est le seul parti qui lui reste pour y trouver quelque goût et quelque saveur, et il le prend, ce parti de la vie à rebours, et il décrit tous les vains efforts qu’il fait pour l’y mettre. […] II Car la physiologie, qui envahit tout, envahit le roman comme le reste. […] Eh bien, exceptez du roman deux ou trois places où Des Esseintes se contente d’être tout à fait abominable, — par exemple quand il paye trois mois de lupanar à un tout jeune homme pour se donner plus tard le divertissement d’en faire un assassin, — le reste du temps, les moyens qu’il emploie pour échapper aux vulgarités de la vie font pitié. […] Je serais bien capable de porter à l’auteur d’À Rebours le même défi : « Après les Fleurs du mal, dis-je à Baudelaire, — il ne vous reste plus, logiquement, que la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix. » Baudelaire choisit les pieds de la croix.
Le professeur Ramsay m’a donné une évaluation totale de l’épaisseur maximum de chaque formation dans les différentes provinces de l’Angleterre, d’après des mesures prises sur les ; lieux, dans la plupart des cas, et, pour le reste, d’après des estimations approximatives. […] Nous oublions toujours combien la surface de l’Europe est peu de chose comparativement au reste du monde ; nous oublions encore que la corrélation synchronique des divers étages de la même formation n’est pas même bien établie pour toute l’Europe seulement. […] Or, ce même mouvement d’affaissement doit le plus souvent tendre à restreindre l’étendue de la contrée dont le sédiment provient, et à en diminuer la quantité, tandis que la vitesse d’affaissement reste la même132. […] Murchison à leur tête, sont convaincus que nous voyons dans les restes organiques des couches Siluriennes inférieures l’aube de la vie sur notre planète. […] Mais aucune île océanique, sauf la Nouvelle-Zélande et le Spitzberg140, si l’on peut les considérer comme telles, n’a jusqu’à présent livré à nos observations le moindre reste d’une formation paléozoïque ou secondaire quelconque.
Il lui reste, comme l’a excellemment dit M. […] Au reste, concède M. […] Au reste, M. […] Reste son style. […] Au reste.
On n’y voit que la petite noblesse et une partie de la moyenne ; le reste est à Paris53. […] Écarté des affaires, affranchi de l’impôt, le seigneur reste isolé, étranger parmi ses vassaux ; son autorité anéantie et ses privilèges conservés lui font une vie à part. […] C’est pourquoi le grand seigneur qui sort de la première ne peut entrer dans la seconde ; il reste absent, au moins de cœur. […] Reste un point, la chasse, où sa juridiction est encore active et sévère, et c’est justement le point où elle se trouve le plus blessante. […] À Farcy, de cinq cents pêchers plantés dans une vigne et broutés par les cerfs, il n’en reste pas vingt au bout de trois ans.
C’était à qui emporterait un lambeau de cette tunique incendiaire de Déjanire, comme dans l’espoir d’y retrouver un reste des ardeurs qui l’avaient imprégnée. […] Seul Armand reste avec elle. […] Il reste cinq cents francs à la pauvre fille : tout juste de quoi payer son cercueil et la croix de bois noir de sa fosse. […] Que le jeune poète ne reste pas dans ce lazaret des mœurs délétères où il vient de faire une si intrépide visite. […] Quoi qu’elle fasse et quoi qu’elle veuille, elle reste une femme en circulation.
Au reste, sans entrer dans un tel ordre de recherches qui ne laisserait pas assez de prise à la discussion, je puis m’arrêter quelques instants sur les traces incontestables d’usages antiques. […] Au reste, l’invention d’une langue lorsque déjà il en existe, ne prouve rien ; et je sais qu’il en est dans l’Inde qu’on croit avoir été inventées. […] William Jones ; mais il faudrait toute l’érudition et toute la variété de connaissances qui distinguent ces savants hommes pour exposer leurs idées, dont la discussion n’est point, au reste, rigoureusement nécessaire dans cet écrit. […] Au reste, le système de M. […] Quant à moi, je ne puis comprendre la communication de la pensée par la parole qu’en attribuant à la parole l’énergie primitive, ou un reste de cette énergie dont elle fut douée par l’Auteur de toutes choses.
» Il s’estimerait heureux et riche de ses restes. […] Il reste donc royaliste et anti-Mazarin. […] Il a l’air de compter beaucoup sur « le bon duc Gaston » ; il reste et restera attaché à Retz qu’il appelle un honnête homme. […] Je ne sais s’il reste encore de ces médailles un peu ambitieuses à l’effigie de Gui Patin. […] Dans cette visite à Saint-Denis, Gui Patin, en même temps qu’il laisse voir des restes de simplicité, maintient à ses propres yeux sa supériorité d’homme et de mari, en souriant de sa femme qui écoute et croit tout ce qu’on lui raconte de particularités et de bagatelles sur les derniers princes ensevelis.
De tous ces estimables travaux, parmi lesquels on compte une bonne part de créations, que reste-t-il dont on se souvienne et qu’on relise ? […] Ce qui reste beau, ce sont les raisonnements philosophiques d’une haute mélancolie que se font en plusieurs endroits Cléveland et le comte de Clarendon. […] Quant au Doyen de Killerine, le dernier en date des trois grands romans de Prévost, c’est une lecture qui, bien qu’elle languisse parfois et se prolonge sans discrétion, reste en somme infiniment agréable, si l’on y met un peu de complaisance. […] Au reste, le Doyen de Killerine est peut-être de tous les romans de Prévost celui où se décèle le mieux sa manière de faire un livre. […] … Au reste, le caractère de Tiberge, ami du chevalier, est admirable… Je ne dis rien du style de cet ouvrage ; il n’y a ni jargon, ni affectation, ni réflexions sophistiques ; c’est la nature même qui écrit.
Le reste, eût-il des qualités très grandes, peut être négligé sans dommage… Pourquoi les romanciers ne savent-ils pas d’avance quels livres seront leurs chefs-d’œuvre, afin de n’écrire que ceux-là ? […] On a des heures de solitude où l’on reste presque sans pensée, hypnotisé par une idée fixe, celle du sacerdoce où l’on tend. […] Au reste, garder quelque chose pour soi serait douter de Dieu et n’observer qu’à demi son commandement. […] Toutes les énergies du prêtre, refoulées sur d’autres points, se précipitent par la seule issue qui leur reste ouverte. […] Il se peut qu’on ait raison sur ce dernier point ; mais, au reste, l’impétuosité de Rufin n’exclut point l’habileté.
Au reste, tout cela est imprimé avec un soin très exact et très utile, le latin étant d’un côté et le français de l’autre, avec des chiffres et des tables qui en font connaître le rapport, et il y a de doctes remarques qui sont à la fin, de la composition du traducteur. […] Il n’en est pas moins heureux et amusé le reste du temps. […] Au reste, en traitant si durement Marolles traducteur, Chapelain affectait de lui rendre justice à d’autres égards, et il employait le procédé que, plus tard, Boileau lui appliquera à lui-même : Attaquer Chapelain ! […] Quelques commentateurs ont voulu voir Marolles dans l’amateur d’estampes de La Bruyère, dans ce Démocède qui vous étale ses richesses et les plus mauvaises pièces, pourvu qu’elles soient rares, encore plus complaisamment que les bonnes : « J’ai une sensible affliction, lui fait dire La Bruyère, et qui m’obligera de renoncer aux estampes pour le reste de mes jours. […] Il ne me reste plus qu’un mot à dire de Marolles, et ce mot m’embarrasse un peu.
. — Les premières lettres sont remplies de ces prescriptions qui tiennent au corps, à la santé, et qui ont des conséquences morales aussi pour les personnes en évidence et dont toute la vie se passe en public : « Je vous prie, ne vous laissez pas aller à la négligence ; à votre âge cela ne convient pas, à votre place encore moins ; cela attire après soi la malpropreté, la négligence et l’indifférence même dans tout le reste de vos actions, et cela ferait votre mal ; c’est la raison pourquoi je vous tourmente, et je ne saurais assez prévenir les moindres circonstances qui pourraient vous entraîner dans les défauts où toute la famille royale de France est tombée depuis longues années64 ; ils sont bons, vertueux pour eux-mêmes, mais nullement faits pour paraître, donner le ton, ou pour s’amuser honnêtement, ce qui a été la cause ordinaire des égarements de leurs chefs qui, ne trouvant aucune ressource chez eux, ont cru devoir en chercher au dehors et ailleurs. […] On dit que vous vous négligez beaucoup sur ce point ; on l’attribue à Mesdames, qui jamais n’ont su s’attirer l’estime et la confiance ; mais ce qui est pire que tout le reste, on prétend que vous commencez à donner du ridicule au monde, d’éclater de rire au visage des gens : cela vous ferait un tort infini et à juste titre, et ferait même douter de la bonté de votre cœur ; pour complaire à cinq ou six jeunes dames ou cavaliers, vous perdriez le reste. […] Une jeune jolie reine, pleine d’agréments, n’a pas besoin de toutes ces folies, au contraire la simplicité de la parure fait mieux paraître et est plus adaptable au rang de reine ; celle-ci doit donner le ton, et tout le monde s’empressera de cœur à suivre même vos petits travers ; mais moi qui aime et suis ma petite reine à chaque pas, je ne puis m’empêcher de l’avertir sur cette petite frivolité, ayant au reste tant de raisons d’être satisfaite et même glorieuse sur tout ce que vous faites […] Pour Madame, elle a plus d’esprit, mais je ne voudrais pas changer de réputation avec elle. » Il reste évident et plus qu’évident, par ces citations surabondantes, que Marie-Thérèse a parfaitement saisi le faible de sa fille et ce qui a annulé chez elle tant de nobles et charmantes qualités. […] Il me reste à parler d’un sérieux épisode politique qui a sa place dans cette Correspondance, aux années 1778-1779, et qui nous montre Marie-Thérèse aux prises encore une fois avec le grand Frédéric, son antagoniste habituel.
Deux faits notables, deux phénomènes littéraires, sont venus, l’un pas plus tard qu’hier, l’autre depuis quelques années déjà, fournir à l’attention avide un sujet, un aliment tant désiré, sur lequel on a vécu à satiété et qui, par bonheur (cela reste vrai du moins pour l’un des deux), n’est pas près de s’épuiser encore. […] Ces deux événements, ces deux succès, très-sensibles parce qu’ils ont éclaté au théâtre, et dans les circonstances les plus propres à les faire ressortir, ne sont au reste qu’une indication de ce qui se passe ailleurs et à côté dans toute l’étendue d’une certaine couche sociale : en religion, politique, arts, modes et costumes, réaction sur toute la ligne. […] Je pencherais volontiers au fond pour cet avis, mais je crains fort que le relevé ne se fasse pas et que l’héritage ne reste un jour en voie de liquidation. […] En ce judicieux et glorieux règne littéraire, je ne vois guère de fats parmi les écrivains de renom que Saint-Évremond, Bussy, c’est-à-dire des restes de la précédente régence, — un peu Bouhours. […] Quand on fait la contrebande à l’étranger, on expédie des pièces de soie, mais dont les premiers lés seulement sont en soie ; le reste est en calicot ou autre étoffe commune : « Ainsi des romans du jour, dit la spirituelle Mme de V….., quand je les lis, je dis à un certain endroit : Ah !
… Qu’ils sont donc sots et cruels les philosophes athées, ces dialecticiens cruels et bien portants, qui s’évertuent à enlever aux hommes souffrants leur consolation divine, le SEUL calmant qui leur reste. […] Voici la voix grave, pleine et résolue d’un homme dont la conscience se lève : « Il reste toujours à l’honnête homme (dit Heine) le droit imprescriptible d’avouer ses erreurs, et c’est de ce droit que j’userai ici sans crainte ni jactance. […] Le chemin qu’a fait Heine était bien plus long que celui qui lui reste à faire. […] Il ne reste pas, le rossignol, dans cette diablesse de perruque ! […] — amoureux, passionnément amoureux de sa jeune femme, et il constatait avec désespoir que ses lèvres, ses pauvres lèvres, frappées comme tout le reste de son corps, n’avaient plus — supplice épargné à Tantale !
Weiss a tout ce qu’on voudra : l’esprit, la sagacité, la profondeur ; mais, par-dessus tout le reste, il a « l’humeur » au sens où on l’entendait au siècle dernier. […] Weiss se soucie de nous l’expliquer Au reste, ce fervent de Parny est ravi, transporté par la Tour de Nesle, non seulement par le drame, mais par le style. « Le récit de Buridan : En 1293, la Bourgogne était heureuse, est comme le récit de Théramène du grand Dumas. […] Il a dans ses caprices d’imagination une sagacité qui voit loin, et de ses feux d’artifice il reste toujours autre chose que du papier brûlé. […] De Dumas fils, il n’aime sincèrement que la Dame aux camélias, et un peu Diane de Lys ; le reste lui est désagréable. […] Au reste, M.
Au reste, ce n’est pas la première fois qu’on a vu un savant s’interroger avec curiosité sur les principes de la méthode, et on pourrait faire une curieuse histoire de la logique composée presque exclusivement des ouvrages des savants. […] Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants. […] Au reste, Dugald Stewart rapporte les opinions d’un grand nombre de savants et de philosophes tels que Hooke, Hartley, S’Gravesande, Lesage, Boscowitch, qui tous s’accordent à défendre la méthode hypothétique dans le sens et dans les limites que nous venons de dire. […] Au reste, en cherchant des précédents à M. […] Au reste, même de telles hypothèses, si ambitieuses qu’elles soient, sont bien loin d’être sans utilité, et, pour le dire en passant, nous croyons que les systèmes philosophiques eux-mêmes peuvent avoir pour la science plus d’utilité que ne le croient les savants.
Le duc lui répond : Ce jour, qui semble si funeste, Des feux de la discorde éteindra ce qui reste. […] Au reste, la poésie dramatique fit plus de progrès depuis 1635 jusqu’en 1665 ; elle se perfectionna plus en ces trente années-là, qu’elle ne l’avait fait dans les trois siècles précédents. […] Les parties du drame étant ainsi esquissées, ses actes bien marqués, ses incidents bien ménagés et enchaînés les uns aux autres, ses scènes bien liées, bien amenées, tous ses caractères bien dessinés, il ne reste plus au poète que les vers à composer. […] Si, dans le plan qu’on trace de son sujet, on commence par une situation forte, il faut que tout le reste soit de la même vigueur, ou il languira. […] Il ne reste donc à la fable simple que le malheur d’un personnage mixte, c’est-à-dire qui ne soit ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant.
La partie supérieure de la figure est dans la demi-teinte, le reste est éclairé. à droite du lit sur une petite estrade de bois, la crosse, la mitre et l’étole. à gauche, deux prêtres qui administrent l’extrême-onction ; celui qui est sur le devant touche de l’huile sainte les pieds du saint moribond qui sont découverts. […] Vous auriez eu des groupes, des masses, du mouvement, de la variété, du silence, de l’intérêt, une vaste scène, votre composition n’aurait pas été décousue, maigre, petite et froide ; sans compter que ces barques mises en perspective sur le fond, et ces spectateurs élevés en amphithéâtre sur ces barques auraient ôté à votre toile une portion de cet espace en hauteur qui reste vide, espace vide et nu, qui achève par comparaison à réduire vos figures à des marmousets. […] Au reste, ce tableau est très-bon ; il a été fait à Rome, et il y paraît. […] On dirait d’un amas de petits flocons de laine teinte et artistement appliqués les uns à côté des autres, sans lien ; en sorte que, quand le portrait est debout, on est surpris que l’amas reste, que les molécules coloriés ne se détachent pas, et que la toile ne reste pas nue. […] Sur le sommet de sa tête ses cheveux sont partagés en deux tresses relevées de la gauche, le reste est en désordre.
Même quand ils ne deviennent ni des fripons, ni des escrocs avilis, ni des hâbleurs impudents ; quand quelque chose de l’honnête homme leur reste, et qu’on peut leur donner la main, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de scrupules de leur part ; leur sens moral, chatouilleux peut-être et intact sur un ou deux points, vous paraîtra fort aboli et coulant pour tout le reste. […] Ses premiers aveux, qui ne lui coûtent pas plus que le reste, sont d’une belle naïveté ; je me figure que les filles d’Otaïti se seraient confessées de la sorte peu après l’arrivée de M. de Bougainville, ou les jeunes Zélandaises, le soir du départ de l’Astrolabe. […] C’est, au reste, la même J…, qu’après diverses rencontres Casanova retrouvait, six ou sept ans plus tard, dans la galerie de Fontainebleau, devant être présentée au roi Louis XV le lendemain ; mais sa majesté étant venue à passer avec M. le maréchal de Richelieu, lorgna la galante étrangère un peu dédaigneusement, et dit au maréchal assez haut pour que J… pût l’entendre : « Nous en avons ici de plus belles. » L’iris fascinateur avait manqué son triomphe, et la présentation n’eut pas lieu. […] Je te ferai plaisir en t’informant que j’ai si bien mis ordre à mes affaires que je serai pour le reste de mes jours aussi heureuse qu’il peut m’être donné de l’être, privée de toi.
Il regrette — en juillet 1862 — « que la science du moraliste » encore mal organisée, soit à l’état pour ainsi dire anecdotique ; la critique reste donc un art qui demande chez celui qui l’exercice de dons innés. […] Comme elle en est à ses débuts, qu’elle n’a ni entrepris la totalité de sa tâche, ni abordé toutes ses parties, ce qui nous reste à dire est plutôt un programme qu’un exposé. […] Comme critique, outre ses travaux sur le théâtre grec, il reste l’auteur d’une Physiologie des écrivains et des artistes ou essai de critique naturelle (Hachette, 1864), visant à remonter du style au corps de l’écrivain, puis au « climat physique et moral » qui enveloppe l’œuvre (p. 190), et du Romantisme des classiques (Calmann-Lévy, 1883), ouvrages qui ont fait date, et ont donné lieu à discussion. […] Son nom reste notamment attachée à la « querelle de l’impressionnisme » qui l’opposa, aux côtés d’Anatole France, au « dogmatisme » évolutionniste de Brunetière. […] Son nom reste associé à la « percée moderne » de la littérature scandinave.
Au reste, il y a à la fois de l’esprit et de la poésie à supposer que le nectar, si vanté par les poètes, n’est autre chose que la louange. […] Le reste n’est qu’une suite de raisonnemens creux où La Fontaine a cru s’entendre, ce qui était absolument impossible. […] Il avait du bon sens ; le reste vient ensuite. […] Le reste comme il est. […] Tout le reste est de trop.
On me pardonnera de prendre ainsi mes précautions d’avance, puisque c’est pour m’accommoder aux opinions nouvelles, et les expliquer : cela, au reste, n’augmente ni ne diminue en rien le crédit de ces opinions ; c’est une méthode pour mes lecteurs aussi bien que pour moi. […] J’écarte pour le moment, comme on voit, l’examen de l’action continue de la Providence sur les sociétés humaines, parce qu’on l’écarte assez généralement dans la discussion actuelle : au reste, aucune des deux classes ne la nie ; seulement chacune l’explique à sa manière. […] Il me reste donc à établir que notre intelligence, successivement affermie, a pu s’avancer vers un ordre de choses où elle a moins besoin d’un appui, mais que cet appui lui fut très nécessaire. […] Au reste, qu’il me soit permis de dire d’avance que si la mission de la parole est finie dans le monde intellectuel, elle n’est pas finie dans le monde moral, et qu’elle doit toujours trouver un asile dans les sentiments religieux. […] Mes conseils, au reste, pour parvenir à la réconciliation des partis, doivent plutôt s’adresser aux enthousiastes des idées nouvelles ; car je crois que la mesure et la modération sont nécessaires, surtout au parti vainqueur.
Nous n’avons presque rien aujourd’hui des ouvrages philosophiques de Thémiste ; mais il nous reste une grande partie de ses harangues, ou panégyriques de princes. […] Instruit de ces détails, tu es monté sur le trône ; c’est pourquoi, comme si ce vaste empire n’était qu’une famille, tu vois d’un coup d’œil quels sont tes revenus, quelles sont tes dépenses, ce qui manque, ce qui reste ; les opérations qui sont faciles, celles qui ne le sont pas. […] Nous n’avons plus le discours de Thémiste, mais il nous reste celui où il félicite l’empereur de son changement ; c’est l’ouvrage à la fois de l’éloquence et de la raison. […] Prince, s’écrie l’orateur, puisqu’il a rejeté la clémence du tyran, il a droit à la tienne. » Il l’invite à conserver les semences et les restes épars des connaissances et des lettres : « Ce sont elles qui font la gloire d’un siècle et d’un empire ; c’est donc à elles qu’il faut confier le souvenir immortel de ton nom. » Alors il lui fait observer que tant qu’il y aura des hommes sur la terre, il y en aura qui cultiveront la philosophie et les arts ; ce sont eux qui font la renommée : ils se transmettent de siècle en siècle les noms de leurs bienfaiteurs, et ces bienfaiteurs sont immortels comme leur reconnaissance. […] La postérité ne voit que les ouvrages ; la poussière que la foule des mouvements contraires a élevée, s’abaisse et tombe, et la pyramide reste.
Comme au reste il est honnête homme, il serait patriote, ami du bien public, pitoyable au menu peuple : du moment que les petites gens se connaîtraient et ne « prétendraient » rien contre la hiérarchie, Saint-Simon gouvernerait en bon propriétaire et bon père de famille. […] Mais prenons-y garde : il y a au xviiie siècle une foule de Saint-Simons au petit pied, toute une noblesse à l’esprit court, murée dans ses souvenirs et ses préventions, d’autant plus entêtée de ses vains privilèges que l’extérieur est tout ce qui lui reste ; courtisans, nobles de province, ce seront ceux-là qui se rendront insupportables au reste de la nation, exaspéreront les plus pacifiques, et nous condamneront par leur égoïsme inintelligent aux convulsions d’une révolution violente. […] Voilà comment Saint-Simon, qui peut être redressé ou démenti presque à chaque page, reste pourtant le seul peintre qui nous rende la cour de Louis XIV.
J’en pourrais citer d’autres, et aussi des proses du même écrivain et de divers, mais la plupart de ces choses ont été reprises en volumes par leurs auteurs, et les curieux pourront retrouver ce qui reste à la source. […] Mais le vers ne vient pas Et la première page humide reste blanche. […] Mais, en dépit de la rigoureuse unité que le volume emprunte de son titre, il reste acquis que chaque trinité, conçue individuelle, existe en soi et détient sa propre signification. […] C’est aussi, à sa façon, un suggestif et il reste un grand assembleur d’images15.
Maintenant encore, je reste persuadé qu’il sera difficile de détruire on de remplacer ce genre d’enseignement, parce que je l’ai tiré, non de moi, mais des grands écrivains classiques. […] Pour le reste, malgré ses écarts de langage, qui ne peuvent nuire qu’à sa bonne renommée de polémiste, je veux bien continuer à voir dans ses attaques, non pas une hostilité personnelle, mais, comme il me l’écrivit en m’envoyant son livre, « un simple conflit de méthode ». […] Maintenant encore, je reste persuadé qu’il sera difficile de détruire on de remplacer ce genre d’enseignement, parce que je l’ai tiré, non de moi, mais des grands écrivains classiques. […] Pour le reste, malgré ses écarts de langage, qui ne peuvent nuire qu’à sa bonne renommée de polémiste, je veux bien continuer à voir dans ses attaques, non pas une hostilité personnelle, mais, comme il me l’écrivit en m’envoyant son livre, « un simple conflit de méthode ».
Nous avons certainement beaucoup d’estime pour l’homme qui passe neuf ans de sa vie — une année de moins que pour prendre Troie — à purifier le texte imprimé d’un grand écrivain, à lui ôter, avec une loupe pour les voir mieux, ses plus imperceptibles grains de poussière, et à le rétablir dans toute la force et dans toute la beauté de ses points et de ses virgules ; mais il nous reste dans l’âme encore beaucoup d’estime que nous lui aurions offerte, et avec quel élan ! […] Reste, pour l’honneur de cette édition soignée, nous le reconnaissons, par le côté de l’orthographe, de la ponctuation et de la langue, le texte même, qui a été filtré, goutte par goutte, avec un grand soin. […] Excepté son livre, rien ne reste de cet homme, qui eut un cœur pourtant, une humeur, un tempérament, une existence à la façon des autres hommes, et qui n’apparaît dans l’histoire que comme un grand esprit impersonnel, un observateur qui s’efface dans l’intérêt de son observation, et qui provoque d’autant plus la curiosité qu’il la désespère. […] , nous donnerons des explications et des éclaircissements… » Et, de fait, il en donne alors, mais encore, selon nous, d’une façon beaucoup trop rapide ; car, en n’appuyant pas sur cette partie de son sujet, il manque la critique et il manque l’histoire, et, comme dit l’expression pittoresque et vulgaire, il reste assis par terre entre deux selles, le commentateur !
Quoique dans l’introduction qui précède son livre il nous dise, vers la fin : « La conspiration que j’ai rapportée est une conspiration vraie, aussi vraie que la conspiration du général Malet », ce qui est peut-être trop vite dit et pas assez prouvé, et, quoique l’imagination, beaucoup plus intéressée à ce roman d’une conspiration qu’elle ne le serait à une histoire, veuille bien accepter, sans le chicaner, ce qu’affirme si brièvement l’auteur, cependant il reste toujours, non pas uniquement l’embarras de savoir où le personnage historique finit et où le personnage inventé commence, mais il reste encore — et c’est autrement important — que tous les personnages de l’action sont tous vus de par dehors, comme les personnages d’une histoire, au lieu d’être vus de par dehors et de par dedans tout ensemble, comme doivent être vus tous les personnages d’un roman, dont l’auteur peut approfondir à son gré ou idéaliser les caractères, puisqu’il les a lui-même inventés ! […] Bourgeois, le maire de Poitiers, — ni les deux autres espions, Degranges et Méhu, — ni les personnages historiques, qu’il fallait d’autant plus intensément peindre qu’on ne les nommait pas et que leur visage devait crever le masque d’incognito que l’auteur leur attache, — ni le jeune frère de Rochereuil, — ni sa mère, — ni la femme aimée de Rochereuil, profonde comme une grisette, fusain à peine indiqué de fille facile, — rien de tout ce monde ne sort, ne se détache, mais tout reste blafard, exsangue, indécis et inanimé, sous la plume la plus mâle, la plus appuyée, la plus énergique et la plus amoureuse d’énergie. […] L’absence même de composition et d’unité de rythme dans les développements du livre de Ranc, et ses interruptions (ce sont ces interruptions que j’appelle ses bordées) contre l’empereur Napoléon, les gouvernements qui ne sont pas la République, l’armée, le sacerdoce, la magistrature, la police, le prouvent de reste.
Si Voltaire a beaucoup écrit, on a écrit sur lui encore davantage, et il semble qu’après tout à l’heure un demi-siècle écoulé depuis sa mort, il ne reste plus rien de nouveau à dire ni à connaître de cet homme célèbre. […] Longchamp pour la servir au bain, comment elle oublia l’heure du souper, une fois, avec le mathématicien Clairaut, l’autre fois avec le poète Saint-Lambert, et ce que vit ou crut voir à cette dernière occasion M. de Voltaire, etc., le reste, c’est-à-dire la grande partie du livre, n’est à beaucoup près ni de cette force ni de cet intérêt. […] Qu’on ne s’étonne donc pas que le nom de Voltaire et des autres reste des cris de ralliement, et qu’on batte des mains à tout ce qui les concerne.
Au reste, pourquoi devient-il tout à coup enragé ? […] Au reste, la façon de M. […] Le reste à l’avenant. […] N’en reste-t-il pas dans le samovar ? […] Nikita reste dans la cour.
Et puis si le « nous » agit, le « moi » ne reste pas inactif. […] Cependant cette importance reste considérable. […] Le reste, je n’en ai cure. […] Malgré toutes les tentatives, il reste dans chaque homme un peu de cet individu. […] C’est le propre des spécialistes en tout genre de commettre plus d’erreurs que le reste des hommes.
Elle reste telle au moyen âge : en dehors d’elle, il n’y a que les mathématiques et ce qui s’y rattache ; et des arts, comme la médecine et l’alchimie. […] Mais un amas de faits bien constatés n’est pas une science : il reste à saisir les rapports, à grouper les ressemblances, à induire les lois, à rechercher le général. […] Toutes deux se sont partagé ces âmes fougueuses de la Renaissance, dont Giordano Bruno reste le type accompli. […] Et pourtant il n’est point possible que les effets varient sans cesse, et que la cause reste immobile. […] Qu’importe si un résultat reste acquis ?
Si, au contraire, l’activité de l’animal se développe du centre aux extrémités, la fonction de chaque organe reste la même. […] Ainsi l’ablation des lobes cérébraux fait perdre à l’instant la vue, tandis que l’iris n’en reste pas moins mobile, le nerf optique excitable, la rétine sensible. […] C’est un champ qui reste ouvert à la spéculation ou à l’imagination, en dehors des conditions de l’existence actuelle ; mais, si l’on reste dans ces conditions, il n’y a plus maintenant à discuter la question de savoir si l’homme peut penser sans cerveau. […] Les unes et les autres sont comprises dans la grande oxydation totale de l’organisme, et plus les unes absorbent de force, moins il en reste pour les autres. […] C’est ce qu’il nous reste à examiner.
Partout où il reste une chance à la fortune, il n’y a point d’héroïsme à la tenter. […] Le reste ne m’appartient plus. […] Ce qu’on pense et ce qu’on écrit est la meilleure partie de ce qu’on fut ; le reste ne dépend pas de nous. […] Dieu seul reste grand dans son style, et quelque ombre de cette grandeur divine reste attachée à l’écrivain lui-même et le rend grand comme lui. […] La femme meurt, et Chactas en reste stupéfié pendant sa longue et triste vie.
Et cette cristallisation même clarifiera le reste : les grandes directions apparaîtront, on la vie se meut en développant l’impulsion originelle. […] Sur ce point, on reste encore dans le vague ou dans l’arbitraire tant qu’on voit dans l’intelligence une faculté destinée à la spéculation pure. […] De la matière brute elle-même elle ne retient guère que le solide : le reste se dérobe par sa fluidité même. […] S’il est vrai que l’intelligence humaine vise à fabriquer, il faut ajouter qu’elle s’associe, pour cela et pour le reste, à d’autres intelligences. […] L’intelligence reste le noyau lumineux autour duquel l’instinct, même élargi et épuré en intuition, ne forme qu’une nébulosité vague.
Il y a des vers qui n’auraient pu être écrits avant 1825 ; par exemple, quand Bérengère, suppliant une dernière fois Savoisy qui reste muet, lui dit : On répond quelque chose à cette pauvre femme ! […] Quel beau commencement d’une vie littéraire qui reste l’une des plus dignes d’envie de ce siècle, malgré les fréquentes misères dont elle a été troublée par l’imprévoyance, la prodigalité et le désordre ! […] Eugène Lintilhac Charles VII chez ses grands vassaux ; Kean et Caligula (qui fit créer le verbe caliguler dans le sens de se dépenser beaucoup et de n’amuser guère), pour ne citer que les plus fameux de ces drames innombrables bâclés par Dumas père, avec une si remarquable entente de la scène, qu’une demi-douzaine d’entre eux supportent encore fort bien l’épreuve de la représentation, en dépit de l’improvisation du style, laquelle reste sensible même à la représentation. […] Pour tout le reste du siècle, leur double révolte va défrayer le théâtre.
La sortie de M. de Chauvelin affaiblit le ministère du cardinal de Fleury et laissa libre cours aux mauvaises influences : « Il avait ses défauts, écrivait d’Argenson après quelques années (1748), mais plus de grandeur et de droiture que tout le reste du ministère d’aujourd’hui15 », Il perdit en lui un bon guide et un conseiller utile, qui le tenait en garde contre ses défauts. […] Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille. […] Cependant, sans cette faculté, il n’y a point d’homme d’État, il n’y a que des serviteurs mercenaires, intelligents si vous voulez ; mais, n’étant jamais que le centre de leur cercle, ils ne travaillent que pour ce qui est vu, pour ce qui leur fait honneur, pour ce qui leur attire récompense, et tout le reste est négligé et abandonné ; et bientôt le maître clairvoyant se dégoûte de tel serviteur. […] La politesse sans la sensibilité, voilà quelle était la définition du monde d’alors : Voici où nous en sommes, écrivait d’Argenson : un beau matin tout spectacle disparaît, et il ne reste plus que des sifflets qui sifflent. […] Ce que nous avons aujourd’hui d’hommes d’esprit à la Cour ou à la ville ne le sont qu’avec une telle malignité, qu’ils ressemblent à des singes ou à des diables qui ne prennent leur plaisir qu’au mal d’autrui et à la confusion du genre humain ; et s’il leur reste quelque franchise, c’est pour ne pas cacher leurs grands défauts, de malice.
Au reste, ce que les recueils qui se publient sans relâche (quatre ou cinq peut-être chaque mois) contiennent d’agréables vers, de jets brillants, de broderies heureuses, est incalculable : autant vaudrait rechercher ce qui se joue chaque soir de gracieux et de charmant sur tous les pianos de Paris. […] Le critique, qui sait très-bien se prendre aux vers les plus hasardeux du classique novateur, nous semble pourtant méconnaître le principe et le droit d’une tentative qui reste légitime dans de certaines mesures, mais dont nous-même avons peut-être, hélas ! […] Seul, tu restes muet, et le vent qui s’exhale De la cime des ifs A peine de ton sein tire par intervalle Quelques sons fugitifs. […] si la main de l’art, si les doigts d’une femme Ranimaient tes concerts, Avant que pour jamais les restes de ton âme S’envolent dans les airs ! […] Il fit de bonnes études, je ne sais où ni comment, mais il était plein de grec et de latin, d’Horace et de Philétas, si Philétas il y a ; au reste toute sa vie ne semble qu’une longue école buissonnière.
Il s’y distingue, mais il y oublie trop celle qui le suit de ses vœux, de ses inquiétudes, et qui, au milieu de tous les torts dont elle est l’objet, reste glorieuse de son nom et fière de sa gloire : Mon inquiétude augmente chaque jour, en même temps que votre inexactitude, lui écrit-elle (25 juillet 1717), et je suis aussi constante à me tourmenter que vous l’êtes à me négliger. […] Je ne puis vous parler que de moi pour aujourd’hui, car je ne pense qu’à vous, et tout le reste me devient insupportable. […] Mais il est des moments où elle s’aperçoit de son illusion, et que son cœur fait trop de chemin ; car, après tout, elle le connaît à peine ; elle anticipe sur les temps pour l’aimer ; dix jours de connaissance dans la vie, et puis c’est tout ; le reste n’a été qu’un rêve : Un cœur comme le mien est un meuble bien inutile pour l’agrément de la vie, et bien à charge dans toutes ces circonstances. […] Au reste, le pas est fait : je le ferais encore, s’il ne l’était pas. […] Il avait eu longtemps un gros Plutarque qui ne le quittait jamais, disait-il ; ce reste de Plutarque protestait contre le Rabelais.
Le reste du corps de ce personnage est dérobé par un enfant vu par le dos et appartenant à l’une des deux grandes femmes qui sont debout. Derrière ces femmes, le reste des auditeurs dont on n’aperçoit que les têtes. […] Quand au fond, il est parfaitement d’accord avec le reste, ce qui n’est ni commun ni facile. […] Les spartiates n’étoient pas vraisemblablement d’une autre stature que le reste des grecs. […] Fermez les yeux sur le reste de la composition, et dites-moi si vous reconnoissez là l’homme destiné à être le vainqueur et le maître du monde.
« Dans tout le reste du pays, les Gallo-Romains parlaient une langue en grande partie dérivée du latin, à laquelle les historiens donnent le nom de langue romaine rustique, ou simplement de langue romaine. […] Le premier, il a reconnu et indiqué les règles grammaticales, restes et vestiges transformés de l’ancienne syntaxe latine, et qui se marquèrent également aux xiie et xiiie siècles dans la langue des trouvères. […] Dans ce grand choc que les invasions multipliées donnèrent à l’édifice île la langue latine comme à tout le reste, et qui semblait d’abord devoir tout confondre, il estime qu’après tout les influences destructives et dispersives ne prévalurent pas. […] A la fin, il ne reste plus que la syllabe accentuée qui a fait noyau. […] Ce facilius pourtant semblerait indiquer un reste d’intelligence du latin.
Dès que la sensation est présente, le reste suit ; le prologue entraîne le drame. […] Or, limite signifie cessation ; la surface, la ligne, le point et les figures qui en dérivent ne sont donc que des points de vue de la solidité, des manières diverses de considérer sa cessation et son manque, c’est-à-dire le manque et la cessation de la sensation de résistance. — Reste l’étendue elle-même. […] Que je commence par la droite ou par la gauche, il n’importe ; la double sensation musculaire reste la même dans les deux cas. […] Entre les diverses classes d’événements par lesquels on peut définir les choses, l’homme en choisit une, y ramène la plupart des autres, suppose qu’il pourra un jour y ramener le reste. […] Il reste à décrire l’opération qui l’achève et l’oppose à nous-mêmes en la projetant dans l’au-delà et en la situant dans le dehors.
C’est Dieu qui a tiré des profondeurs de son être le mouvement qu’il a communiqué à tout le reste des choses ; sans lui, le mouvement ne serait pas né, et il ne continuerait point. […] Il y ajoute le mouvement de translation, soit que le corps se déplace dans l’espace et change de lieu, soit qu’il fasse une révolution sur lui-même et reste en place. […] Le moteur tout entier reste immobile ; mais les deux parties dans lesquelles il se décompose ne le sont pas tout à fait comme lui ; l’une est absolument immobile comme il l’est lui-même ; l’autre reçoit l’impulsion, et elle peut la communiquer médiatement au reste des choses. […] Il ne me reste plus qu’à comparer Aristote à ses trois émules, Descartes, Newton et Laplace, comme je l’ai déjà comparé à son maître. […] Il emporta prudemment avec lui le reste de la ciguë de Socrate, et il la but par défiance des hommes, non par foi dans le Dieu unique et immortel du Phédon.
Mais notre souvenir reste encore à l’état virtuel ; nous nous disposons simplement ainsi à le recevoir en adoptant l’attitude appropriée. […] Le souvenir, au contraire, impuissant tant qu’il demeure inutile, reste pur de tout mélange avec la sensation, sans attache avec le présent, et par conséquent inextensif. […] Elle projette donc sa lumière sur les antécédents immédiats de la décision et sur tous ceux des souvenirs passés qui peuvent s’organiser utilement avec eux ; le reste demeure dans l’ombre. […] Au-delà des murs de votre chambre, que vous percevez en ce moment, il y a les chambres voisines, puis le reste de la maison, enfin la rue et la ville où vous demeurez. […] On peut supposer que la perception reste identique à elle-même, véritable atome psychologique qui s’en agrège d’autres au fur et à mesure que ces derniers passent à côté de lui.
J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur. […] Il importe que ces germes, en se hâtant trop, ne se mêlent pas avec d’autres moins purs et qui font partout ivraie ; et d’ailleurs le bon blé ne reste-t-il pas assoupi tout un hiver dans son sillon ? […] Tout ce récit, au reste, du catholique détrompé, est fait avec modération, et, comme il le dit plusieurs fois, avec candeur. « Chacun, ajoute-t-il, en tirera les conséquences qu’il croira devoir en tirer ; je n’ai ni la prétention ni le désir d’exercer aucune influence sur l’opinion d’autrui. » Mais quoi ? […] Au reste, M. de La Mennais est tenu de nous donner, sur ce point du vrai christianisme qu’il professe aujourd’hui, des explications plus précises. […] Je supprime le reste : j’ai voulu seulement donner une idée du genre d’esprit qui caractérise le peuple romain, et de sa mordante verve. » — Le président de Brosses eût-il mieux conté ?
Elle se distingue de l’observation directe par la même nuance qui sépare l’Érudition de la Science ; c’est-à-dire que l’une est aisément acquise, commodément étendue, se diffuse et s’évague au gré des relations professionnelles de « l’érudit écrivain », reste fonction de sa bibliothèque et de sa mémoire aidée d’un nombre imposant de fiches. […] La justification nécessaire de son livre Rome, à propos duquel on le taxait de compilateur, reste en même temps, un excellent aveu de ses procédés préférés : « Me voilà donc forcé de répéter, une fois de plus, quelle est ma méthode de travail. […] Antécédents personnels : Jusqu’à 32 ans, reste sobre et d’excellente santé. […] Mais souvent la Théorie lui échappe ; soit qu’elle lui reste inassimilée, soit qu’elle demeure vraiment réfractaire à toute tentative artistique. […] Peut-être a-t-il, quant à l’essence réelle de son esprit, pleinement raison, et reste-t-il le plus souvent, même au milieu de son laboratoire littéraire, un véritable poète épique 83.
L’homme à peu près seul, ou tout à fait seul parmi les êtres que nous connaissons, reste assez éloigné de ces deux situations extrêmes et nettes. […] Si toute une société se réfléchit ou s’insinue en nous, notre moi n’en reste pas moins une chose originale, isolée, seule de son espèce. […] Et l’individu, cet appareil de synthèse unique, comparable sur certains points à tous les êtres, et sur plus de points aux êtres de son espèce, de sa race, de sa nation, de son temps et de sa famille, reste absolument original dans son existence propre, dans son ensemble concret. […] Si quelque trouble survenait, il suffirait de nous montrer les conséquences de nos actes, de donner quelques conseils pratiques analogues aux conseils d’hygiène que provoque ce qui reste de volontaire dans l’exercice de la respiration ou de la digestion. […] Il se peut que ce soit là un commencement, une ébauche d’une réalité future plus solide, mais le résultat final est bien douteux et un succès suffisant reste assez invraisemblable.
Elle sait la mythologie, l’histoire ; elle cite couramment Burrhus, Pyrrhus, Timon, le centaure Chiron et le reste. […] Une des rares distinctions de ses Mémoires, c’est qu’elle n’y dit pas tout, c’est qu’elle n’y dit pas même la moitié de tout, et qu’au milieu de toutes les accusations odieuses et excessives dont on l’a chargée, elle reste, plume en main, femme délicate et des plus discrètes. […] » ce sont là les expressions les plus communes et les plus terre-à-terre ; le reste monte et s’élève à proportion, et se perd au plus haut de l’Empyrée. […] Henri bientôt dépassa pourtant la mesure dans ses licences, et elle de son côté également ; ils n’étaient pas en reste l’un à l’égard de l’autre. […] Au milieu de cela, elle était aimée : « Le 27 du mois de mars (1615), dit un contemporain, mourut à Paris la reine Marguerite, le seul reste de la race de Valois, princesse pleine de bonté et de bonnes intentions au bien et repos de l’État, qui ne faisait mal qu’à elle-même.
Les ordres sont donnés, les dépêches sont expédiées, les affaires sont finies ; il ne lui reste plus qu’à être Français aimable, à causer dans la chambre des dames. […] Mais cette différence, qui fut si considérable autrefois parmi nous, s’est affaiblie depuis longtemps ; il n’en reste plus que quelques traces qui finiront bientôt par s’effacer tout à fait ; et même on peut dire que la révolution est venue leur rendre un relief qu’elles commençaient à n’avoir plus. […] Au reste, j’ai besoin de le dire d’avance, il sera prouvé aussi, dans la suite de cet écrit, que les mœurs ne doivent pas rester stationnaires. […] Mais il n’en reste pas moins prouvé, pour moi, que les mœurs et les opinions doivent rester sur deux lignes différentes, parce que les mœurs ne peuvent marcher que lentement, sous peine de briser tous les ressorts. […] La légitimité, dont le discrédit dans l’opinion vient uniquement de ce qu’elle est peu comprise, la légitimité est le seul asile qui reste à nos mœurs ; c’est là qu’elles doivent se réunir et se concentrer.
Je lis, et je reste stupéfait. […] J’écrirai que c’est sublime, mais je reste glacé. […] D’autre part, la donnée reste bien mélodramatique. […] Telle qu’elle est, elle reste inadmissible. […] Mikla reste à la cour afin d’endormir les soupçons de Ladislas.
Jules Laforgue, celui qui s’est le plus nettement formulé, parmi ces poètes si bizarrement, naguère, affublés de l’épithète de décadents ; sa poésie peut être partielle et trop exclusivement plastique, mais elle reste une sonore manifestation d’art. […] Au reste, tout est relatif ; pour un symboliste, il est limpide. […] Il reste Ériphyle, mince recueil fait d’un poème et de quatre « sylves », le tout dans le goût de la Renaissance et destine à être le cahier d’exemples où les jeunes « Romans » aiguillonnés aussi par les invectives un peu intempérantes de M.
Je résolus donc, autant que je pourrais, de continuer à lui donner tous les conseils dont je pourrais m’aviser pour son bien, mais de ne jamais m’opiniâtrer jusqu’à le fâcher comme ci-devant, quand il ne les suivrait pas ; de lui ouvrir les yeux sur ses vrais intérêts, chaque fois que l’occasion s’en présenterait, et le reste du temps de me renfermer dans un très-morne silence ; de ménager, d’un autre côté, dans le public, mes intérêts, de telle façon que celui-ci vît en moi le sauveur de la chose publique dans l’occasion. » Le grand chancelier Bestoucheff, à la veille d’une chute et d’une entière disgrâce, s’inquiétait également de l’avenir, comme si de rien n’était, et il avait préparé un plan en prévision du décès de l’Impératrice : d’après ce projet, le grand-duc eut été proclamé comme de droit empereur ; mais en même temps, la grande-duchesse eût été déclarée avec lui « participante à l’administration. […] Sans doute elle comptait bien ne pas réussir dans sa demande ; elle se fiait sur un reste d’affection au cœur d’Élisabeth et sur le mépris souverain que cette princesse avait pour son neveu : elle ne se trompait pas et il y eut à cette occasion, et à la suite d’un d’ouble entretien, non pas un retour durable de confiance et d’amitié de l’Impératrice à elle, mais un replâtrage. […] Au reste, cet écrit même doit prouver ce que je dis de mon esprit, de mon cœur et de mon caractère. […] Un seul mot pourtant nous reste à dire de son caractère, dès aujourd’hui pleinement connu. […] Et cependant il reste toujours très-singulier et très-peu explicable que de ce Soltikoff « beau comme le jour » soit sorti Paul Ier, cet autre grotesque, d’une ressemblance si frappante avec Pierre III, espèce de Lapon camus, rabougri, maniaque, violent, puéril, une sorte de caporal prussien qui semble taillé et calqué sur le modèle de son père putatif et officiel.
Dans l’ambition, au contraire, tout est présent, tout est positif ; rien n’apparaît au-delà du terme, rien ne reste après le malheur, et c’est par l’inflexibilité du calcul, et le néant du passé qu’on doit estimer ses avantages et ses pertes. […] L’homme ambitieux sans doute, alors qu’il a atteint ce qu’il recherche, ne ressent point ce désir inquiet qui reste après les triomphes de la gloire, son objet est en proportion avec lui ; et comme, en le perdant, il ne lui restera point de ressources personnelles, en le possédant il ne sent point de vide en lui. […] Dans une monarchie, il est condamné à l’adoption de toutes les idées reçues, à l’importance de toutes les formes établies : s’il étonne, il fait ombrage, s’il reste le même, on croit qu’il s’affaiblit. […] Quelques-uns d’eux craignent de se tromper, en renonçant au bien qu’il voulait leur faire ; aucun ne peut mépriser ni ses efforts, ni son but ; il lui reste sa valeur personnelle, et l’appel à la postérité ; et si l’injustice le renverse, l’injustice aussi sert de recours à ses regrets. […] Il reste encore des moyens d’acquérir du pouvoir, mais l’opinion qui distribue la gloire, l’opinion n’existe plus ; le peuple commande au lieu de juger ; jouant un rôle actif dans tous les événements, il prend parti pour ou contre tel ou tel homme.
. : il reste dans le vague de son prétexte et de son mensonge. […] On n’est pas édifié non plus de le voir plus ou moins mêlé aux relations adultères d’Henriette Sternay, sa nièce, avec un M. de Nervaux, qui reste d’ailleurs derrière la coulisse. […] Il n’en reste plus qu’une belle ruine, au milieu de laquelle il tient toujours table ouverte. […] Il s’agit, pour André, de faire entendre au comte que la vie qu’il mène est en train de le ruiner complètement, que, de ses quatre millions, il ne lui reste qu’une médiocre épave, et que, pour la sauver du naufrage, il ne faut rien de moins que lui remettre, à lui son fils, le gouvernement absolu de toutes ses affaires. […] Il lui reste à tenter l’épreuve : il parle à André de son faux projet de voyage.
Ne peut-on pas même espérer que leurs ouvrages, dispersés dans la foule des autres livres, obtiendront grâce pour le reste, comme autrefois un patriarche demandait grâce pour une ville coupable en faveur de quelques justes ? […] Ainsi, tandis que la plus grande partie des hommes, condamnés aux sueurs et à la fatigue, envie l’oisiveté de ses semblables, et la reproche à la nature, ceux-ci se tourmentent par les passions, ou se dessèchent par l’étude, et l’ennui dévore le reste. […] J’avouerai cependant, car il faut être juste, que dans ces archives de frivolité, d’erreur et d’ennui, j’ai distingué quelques historiens philosophes, quelques physiciens qui savent douter, quelques poètes qui joignent le sentiment à l’image, quelques orateurs qui unissent le raisonnement à l’éloquence ; mais le nombre en est trop petit, trop étouffé par le reste, pour me réconcilier avec cette vaste collection de livres : je la compare à ces tristes maisons, destinées à renfermer des insensés ou des imbéciles, avec quelques gens raisonnables qui les gardent, et qui ne suffisent pas pour embellir un pareil séjour. […] Il ne me reste plus qu’à être, pour ainsi dire, spectateur de mon existence sans y prendre part, à voir, si je puis m’exprimer de la sorte, mes tristes jours s’écouler devant moi, comme si c’était les jours d’un autre ; ayant reconnu avec le sage, et malheureusement trop tard ou trop tôt pour moi, que tout est vanité ; les sens usés sans en avoir joui, l’esprit affaibli sans avoir produit rien de bon, et blasé sans avoir rien goûté. […] Vous n’auriez pas été surpris en sortant de votre solitude de les trouver tels qu’ils sont ; et vous auriez appris à en aimer quelques-uns, à fuir le reste, et à les craindre tous.
On ne saurait en juger au peu qui nous reste ; mais on doit le présumer, sur la renommée du poëte. […] Mais cette gloire poétique n’est plus qu’un symbole ; il ne reste de ce génie que quelques lettres éparses de l’inscription brisée sur son tombeau perdu. […] Mais là, comme pour le reste, nous sommes réduits aux conjectures des savants sur de rares et faibles indices. […] Nul doute que la chute de Leucade ne fût un reste des temps barbares, où la Grèce avait eu des sacrifices humains. […] Nous l’ignorons ; mais il nous reste à deviner dans de maladroites analyses ou à sentir dans un seul chef-d’œuvre le génie dont elle fut inspirée.
On en reste à ces moralités d’images d’Épinal. […] L’incompréhension du législateur pour la pensée reste constante dans l’histoire. […] Cependant toute cette publicité reste bien inoffensive. […] C’est qu’il reste parmi les hommes un être exceptionnel et incompréhensible. […] Reste qu’en 1928 une édition intégrale de ce Journal est loin de venir.
Voilà ce qu’il a peint admirablement dans son Werther, ce qui en fait l’âme, et qui en reste vrai pour nous encore, à travers toutes les vicissitudes de la mode et des genres. […] Une nouvelle époque commencera alors, et je ne l’aimerai plus, mais j’aimerai ses enfants, — un peu, il est vrai, à cause d’elle, mais cela ne fait rien… Et même cette menace amicale, il ne l’exécute pas ; la silhouette reste là suspendue comme par le passé. […] Goethe reste avec les Kestner et avec la famille de Charlotte dans des termes affectueux et intimes, mais à distance ; et l’on se dit involontairement : Qu’avait-il affaire d’eux désormais ? […] Celui qui change de position perd toujours moralement et matériellement les frais de voyage et d’établissement, et reste en arrière. […] Un moment, dans les premières années de cette existence nouvelle à Weimar, il a l’idée de se plaindre de son esclavage ; un reste de misanthropie werthérienne s’est glissé sous sa plume, mais il a le bon esprit aussitôt de s’en repentir : « Que le style de ma dernière lettre ne vous fâche pas, écrit-il à Kestner (mars 1783).
C’est une épigramme tout à fait à la grecque, mais la similitude de l’image reste frappante : Constiteram exorientem Auroram forte salutans, Quum subito a læva Roscius exoritur. […] Il les donne pour les avoir faites à l’imitation des anciens grecs, latins et modernes italiens voilà qui est franc ; mais, en ces termes généraux, l’indication reste bien vague. […] Voilà certes Larivey fort rabaissé comme ancêtre de Molière ; il lui reste l’honneur d’avoir été l’un des bons artisans du franc et naïf langage. […] Le corps vaincu, le cueur reste vainqueur15 Est-il besoin de faire remarquer l’intention de ces allitérations, assonances et consonnances : cuer, cure, corps, cueur, vainqueur ? […] Ces lettres contiennent, au reste, assez d’indications indirectes pour qu’en s’y appliquant on ait le moyen peut-être d’en déterminer la source.
De ces quatre pièces une seule nous reste. […] Dans les sièges modernes, l’ennemi, tenu à distance par le feu des forts, reste invisible au peuple bloqué. […] Sa place est au gynécée, qu’elle y reste. […] La tragédie reste strictement renfermée dans l’enceinte de Thèbes, elle ne fait aucune sortie au dehors. […] Ainsi donc mon âme reste fidèle à ce malheur : vivante, je serai la sœur de ce mort.
Il montre le reste de la société effrayé de ce spectacle, hostile à tout effort imprévu, n’appliquant ses lumières qu’à la conservation des intérêts et du bien-être, et manquant de l’énergie sagement active qui redresserait et tempérerait l’énergie aveugle. […] Il est des points sans doute sur lesquels ces deux espèces de centralisations viennent se confondre ; mais en somme, et en prenant les objets dans leur ensemble, il reste facile de les distinguer. […] M. de Tocqueville, au reste, ne presse pas trop cette sinistre pensée ; dans l’impartialité philosophique qui le commande, il se contente d’indiquer du doigt à l’horizon l’une des chances mauvaises, et il ne se livre à aucun mouvement vague de découragement ou de plainte. […] En louant ce livre si récemment publié, on ne fait au reste qu’enregistrer le jugement, déjà établi, qu’en ont porté toutes les personnes compétentes et graves.
Ce qui lui reste à faire. […] La langue ancienne, bannie de l’usage, reste sacrée, savante, classique. […] Ce qui reste du travail scientifique. […] Reste la force.
S’il vous en faut une à tout prix, il vous reste la ressource de le traduire vous-même ; mais cela ne vous avancera pas beaucoup, car, même en sachant le grec, qui vous dit que vous comprendrez bien Homère ? […] Voilà qui simplifie les choses, et je ne vois plus ce qu’il reste à dire. […] La Chanson de Roland est à son rang et reste à son rang. […] Tout le reste est peut-être absurde… S’il est parfois utile de rédiger une description historique, on ne voit pas, loin des romans-feuilletons, la place d’un faux naufrage et d’un faux déraillement… » Oui, sans aucun doute, il serait préférable de ne jamais « raconter que ce qu’on a vu de ses propres yeux », et voilà pourquoi nous ne cachons pas notre prédilection pour la méthode d’observation directe.
C’est l’activité créatrice du lecteur et la seule qui lui reste. […] Elle achève de désorienter ce qui nous reste du génie gaulois. […] Il reste Jésus-Christ. Ce qui reste de l’Écriture ? […] Ce qui reste à la foi ?
Émotion au début de l’œuvre, émotion dans l’œuvre, c’est la règle commune même à ceux pour qui reste morte la « notion rédemptrice de l’art », chère à l’école allemande. […] Je vais jusqu’à penser que, même comme artiste, l’impassible est impuissant et reste inférieur. […] Qui parfois même lui reste insoupçonné, comme nous le verrons au chapitre suivant (observation ignorante).
il ne me reste De mes contentemens, Qu’un souvenir funeste, Qui me les converit à toute heure en tourmens. Le sort plein d’injustice, M’ayant enfin rendu Ce reste, un pur supplice ; Je serois plus heureux, si je l’avois perdu.
Elle sous-entend que le système, dit isolé, reste soumis à certaines influences extérieures. […] Le fil qui le rattache au reste de l’univers est sans doute bien ténu. […] Les systèmes délimités par la science ne durent que parce qu’ils sont indissolublement liés au reste de l’univers. […] Mais la succession n’en reste pas moins une pure apparence, comme d’ailleurs la course elle-même. […] Il nous reste maintenant à la décrire, avec plus de précision, en elle-même.
Au plus fort de la bouffonnerie comme au plus fort de la licence, il reste homme de bonne compagnie, né et élevé dans ce cercle aristocratique où la liberté est complète, mais où le savoir-vivre est suprême, où toute pensée est permise, mais où toute parole est pesée, où l’on a le droit de tout dire, mais à condition de ne jamais s’oublier. […] En voici un autre, celui du tempérament gai, de l’improvisateur bouffon, de l’homme qui reste jeune, enfant et même gamin jusqu’à son dernier jour, et « fait des gambades sur son tombeau ». […] Sa démonstration se noue, maille à maille, pendant un, deux, trois volumes, comme un énorme filet sans issue, où, bon gré, mal gré, on reste pris. […] Il reste à dire la même chose avec adresse, éclat, gaieté, verve et scandale : ce sera le Mariage de Figaro. […] Mon père causait avec Mme de Puisieux sur la facilité de composer les ouvrages libres ; il prétendait qu’il ne s’agissait que de trouver une idée plaisante, cheville de tout le reste, où le libertinage de l’esprit remplacerait le goût.
Il s’agit d’obtenir la pièce unique dont tout le reste n’est que la monnaie. […] L’esprit reste, comme nous Le disions, sur un seul et même « plan de conscience ». […] Il s’en faut d’ailleurs que le schéma reste immuable à travers l’opération. […] Parfois il ne reste plus rien du schéma primitif dans l’image définitive. […] Le schéma varie de période à période ; mais dans chacune des périodes il reste relativement fixe, et c’est aux images de s’y ajuster.
Ainsi, quand elle dit à propos du premier Avent que Bourdaloue prêcha à la Cour (décembre 1670) : « Au reste, le père Bourdaloue prêche divinement bien aux Tuileries. […] Au reste, tous les reproches à cet égard qu’on peut faire à Bourdaloue, ou plutôt les regrets qu’on peut former à son sujet, se réduisent à ceci : il a été un grand orateur, et il n’est qu’un bon écrivain. […] Bourdaloue même y a peut-être l’avantage par un côté : il y reste plus réel et plus vrai, plus d’accord en tout avec la chaire chrétienne. […] Combien de fois, rempli de vous, ai-je méprisé tout le reste ! […] Quant au Grand Condé, il reste à peu près prouvé qu’il y était très peu dans les derniers temps de sa vie.
Pour le reste, on s’aperçoit trop qu’il y est plus ou moins dépaysé ; dans tout ce qu’on peut appeler invention ou poésie, il n’avait que de brillantes ébauches, des saillies natives qui se répandaient surtout dans la conversation, mais qui s’amortissaient sous sa plume ou qui tournaient lourdement à l’imitation et presque au pastiche. […] Toute illusion a cessé, et il ne reste plus que ce goût vif de l’esprit qui se manifeste encore. […] Je crois être plutôt resté en deçà du vrai, quand j’ai dit que l’attrait de l’esprit entre ces deux hommes survécut même à l’amitié ; car il est évident, à lire de bonne foi toute la suite et la fin de cette correspondance, que l’amitié elle-même n’est pas morte entre eux, qu’elle a repris avec un reste de charme mêlé de raison, et qu’elle se fonde, non pas seulement sur l’amusement, mais sur les côtés sérieux et élevés de leur nature. […] Par un reste de culte et, si l’on veut, d’idolâtrie encore touchante, dans toutes les comparaisons qu’il établit entre eux deux, toujours il donne l’avantage à Voltaire, et d’un ton senti dont la sincérité n’est pas suspecte. […] D’Alembert reste sage, il reste philosophe et ami jusqu’au bout, et fidèle à Mlle de Lespinasse.
Laurent est consolante pour l’orgueil humain : reste à savoir si elle est complètement vraie. […] Nous pouvons dire aujourd’hui : Si Robespierre et Danton eussent agi comme Guadet et Vergniaud, d’autres auraient agi comme Robespierre et Danton. » Pour nous, convenons-en, dont la sensibilité défaillante aurait eu peine à faire un seul pas au-delà de la Gironde, nous ne nous déclarons pas convaincu par ces arguments, tout solides qu’ils puissent paraître, et il reste toujours à savoir si, quand on est certain que la patrie sera sacrée, sinon par nous, du moins par d’autres, il n’est pas mieux de savoir mourir pur que de tremper, même à bonne intention, dans use œuvre cruelle et souillée. Ce sont là au reste des mystères de conscience, où chacun n’est juge que pour soi, et sur lesquels il est permis aux historiens de se partager.
Oύκ ἄνευ θεῶν, avait dit le poëte thébain, bien qu’il ne racontât point lui-même le reste du prodige, que croyaient ses contemporains. […] On racontait encore que, dans la vallée entre le Cithéron et l’Hélicon, le dieu Pan s’était montré chantant lui-même un hymne de Pindare ; et on trouvait une réponse du poëte à cet insigne honneur, dans un hymne dont il ne reste que ce vers : « Ô Pan, protecteur de l’Arcadie et gardien des asiles sacrés. » De là même, d’anciens vers rappelant plusieurs souvenirs merveilleux de la jeunesse du poëte : « Autant le clairon retentit plus haut que des flûtes d’ossements légers, autant, Pindare, ta lèvre domine par l’accent toutes les autres. […] Ce qui nous reste des poésies de Pindare le montrera, plus que nous ne l’avons dit encore, généreux et sensé dans les conseils qu’il donnait à quelques chefs des cités de Sicile et de la colonie grecque de Cyrène.
. — Il ne reste donc pour la milice que les plus pauvres, et ce n’est pas de bon cœur qu’ils y entrent. […] Une fois cette digue emportée, il n’y a plus de digue, et l’inondation roule sur toute la France comme sur une plaine unie En pareil cas, chez les autres peuples, des obstacles se sont rencontrés : il y avait des lieux élevés, des centres de refuges, quelques vieilles enceintes où, dans l’effarement universel, une partie de la population trouvait des abris Ici le premier choc achève d’en emporter les derniers restes, et, dans ces vingt-six millions d’hommes dispersés, chacun est seul. […] Il ne reste en lui pour le conduire que l’habitude moutonnière d’être conduit, d’attendre l’impulsion, de regarder du côté du centre ordinaire, vers Paris, d’où sont toujours venus les ordres. […] Reste une poussière humaine qui tourbillonne et qui, avec une force irrésistible, roulera tout entière en une seule masse, sous l’effort aveugle du vent.
quand elle n’est plus, cette noble Raison, dans sa vérité incommutable, qu’une victime égorgée et souillée par les passions et par les sophismes, c’est un bonheur pour elle que la Poésie s’accroche à ce qui en reste et la pare de ce qu’elle a, elle ! […] — Si tout était vide Comme la coupe de Thulé, Où tout ce que l’on aime et souffre Dans une gorgée a coulé, Que la clé rose reste au gouffre ! […] J’ai nourri le songe vainqueur ; J’ai brûlé des plus douces fièvres Il m’en reste un parfum au cœur, Il m’en reste du miel aux lèvres !
Ayant entendu le 8 décembre 1700, jour de la Conception, le sermon du père Maure de l’Oratoire prêché aux Récollets de Versailles, « notre prélat en a loué, dit Le Dieu, la pureté du style, la netteté, les tours insinuants et pleins d’esprit ; mais il n’y a trouvé ni sublimité ni force ; il le tient même au-dessous de son confrère le père Massillon. » Mais ce n’est pas un jugement définitif, et l’on voit que, le vendredi 4 mars 1701, « il entendit à Versailles le sermon de la samaritaine prêché par le père Massillon, dont il fut très content. » Toutefois, il reste vrai pour nous que Bossuet et Massillon ne sont pas tout à fait de la même école d’éloquence sacrée, Bossuet étant de ceux qui y veulent à chaque instant la parole vive, et Massillon au contraire disant, quand on lui demandait quel était son meilleur sermon : « Mon meilleur sermon est celui que je sais le mieux. » Les jugements de Bossuet sur Fénelon sont encore plus sévères, et ils sont décidément injustes. […] Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur. […] Au reste, le même abbé Le Dieu les rétractera pour sa part ces messéantes paroles, autant qu’il sera en lui ; car Bossuet mort, et peu de mois après, ayant eu l’occasion de faire un voyage à Cambrai, il fut séduit, il fut charmé comme tous ceux qui approchaient de l’aimable et de l’édifiant archevêque ; et ce même homme qui avait couché dans son journal ce que, par égard pour Bossuet même, on en voudrait effacer, écrivait à Mme de La Maisonfort, en racontant tout ce qu’il avait ouï et vu de la vénération unanime partout acquise à Fénelon : Mais je m’en tiens à ce que j’ai vu dans Cambrai, où tout est à ses pieds : on est frappé de la magnificence de sa table, de ses appartements et de ses meubles ; mais, au milieu de tout cela, ce qui touche bien davantage, c’est la modestie et, à la lettre, la mortification de ce saint prélat. […] Tout ce second ordre, au reste, reconnaissait volontiers Bossuet pour son chef et son oracle, et, pour peu qu’il eût fait un signe, lui eût servi d’armée et de cortège. […] Nous assistons, grâce au journal de Le Dieu, aux derniers sermons de Bossuet, qu’il prêche à l’âge de soixante-quatorze et soixante-quinze ans : le 1er novembre 1701, jour de la Toussaint, « il recueille les restes de ses forces pour exciter les cœurs à l’amour de Dieu, dans un sermon de la béatitude éternelle. » Une autre fois, le 2 avril 1702, dimanche de la Passion, il fait un grand sermon dans sa cathédrale pour l’ouverture du jubilé : Il réduit tout à ce principe : Cui minus dimittitur, minus diligit, que plus l’Église était indulgente, plus on devait s’exciter à l’amour pour mériter ses grâces et parvenir à la vraie conversion.
Mais il n’en reste pas moins vrai que cette unité morale est le desideratum de toute société constituée, desideratum qu’elle exprime par l’organe de ses sociologues, de ses moralistes et de ses pédagogues. […] Pour s’être élargi, l’idéal pédagogique n’en reste pas moins autoritaire. — Même les pédagogues anarchistes, ceux qui parlent d’éducation libertaire, d’auto-éducation, comme M. […] Cette discipline éducative qui s’attache à la correction extérieure, à la circonspection, à la surveillance perpétuelle exercée sur les gestes, les actes, les paroles, les attitudes peut être excellente pour former des gens « comme il faut », de bons automates, de bonnes marionnettes sociales ; mais elle ne va pas sans froisser plus d’une fois ce qui reste malgré tout de sauvage et d’indiscipliné en nous. […] Reste enfin l’exemple, le prestige personnel de l’éducateur. […] 156] Il ne faut pas oublier que l’éducation reste sous la dépendance de la vie, sous la dépendance de l’expérience.
Alors il y a un point d’arrêt pendant lequel il semble que le cerveau reste stationnaire, puis il commence à décroître ; il s’amaigrit, se rapetisse, s’amollit ; les circonvolutions se rapprochent et s’effacent. […] Au reste, l’opinion qui attribue à l’homme plus de cerveau qu’à la femme est très ancienne, et on la trouve, dit-on, dans Aristote ; mais tous les physiologistes n’ont pas été de cet avis. […] Couerbe, c’est ce qui reste fort douteux. […] Je dirai volontiers que l’impression qui m’en est restée est plutôt favorable à ceux qui assimilent le cerveau du singe au cerveau de l’homme qu’à ceux qui veillent y voir deux types absolument différents27 ; mais maintenant la difficulté reste aussi grande qu’auparavant. […] Ce tableau, à la vérité, contient un très grand nombre de cerveaux malades, dont, défalcation faite, il reste seulement, suivant M.
Mais tu ne croiras pas, avant d’avoir inondé ces plaines de ton sang, et jusqu’à ce que ce fleuve apporte des milliers de tes morts dans la vaste mer, à l’extrémité de la terre fertile, et que ta chair serve de pâture aux poissons, aux oiseaux, et aux bêtes féroces qui habitent ces terres. » Puis, de cette réminiscence homérique appliquée si tragiquement aux blessures récentes de Rome, la même prédiction, le même texte mystérieux, passait à d’autres révélations plus consolantes : « Romains, disait-il, si vous voulez chasser l’ennemi et ce chancre dévorant qui vous est venu de loin, il faut, c’est mon avis, consacrer des jeux qui, chaque année, se renouvellent pieusement pour Apollon, le peuple en acquittant une partie et les citoyens le reste, chacun pour soi. […] On est bien loin des strophes légères du poëte Euripide, chantant la beauté d’Hélène par la voix de jeunes filles grecques, sur ce même rivage où reste encore enchaînée la vengeance qui poursuit le ravisseur d’Hélène. […] Ils gisent brisés et dispersés ; les sanctuaires ont péri sous le feu ; il reste de hautes murailles brûlées, hideuses, avec des poutres noircies. […] je t’ai vu, dans l’abondance de tes richesses d’Orient, sous des lambris d’or et d’ivoire, royalement paré ; et tout cela, je l’ai vu ravagé par la flamme, la vie arrachée à Priam, l’autel de Jupiter souillé du sang de Priam et les restes du roi à demi consumés, ses ossements à nu déchirés en lambeaux sur la fange sanglante. […] vous l’abandonnez dans l’exil ; vous l’avez laissé chasser ; vous souffrez qu’il reste banni. » Et ces paroles, que l’acteur rehaussait, enflammait par le débit, étaient interrompues ou suivies par les applaudissements, les acclamations, les sanglots étouffés d’une foule immense.
Au reste, sois tranquille, je ne dînerai pas seule ». […] Au reste, si M. […] Au reste, leur liaison n’a duré que trois ans. […] Le reste s’achèvera après le baisser du rideau. […] Au reste, nullement « artiste » de façons.
Mais on en conclurait à tort que le public verra juste ; car il reste encore à examiner l’état de ses yeux, s’il est presbyte ou myope, si, par habitude ou par nature, sa rétine n’est pas impropre à sentir certaines couleurs. Pareillement il nous reste à considérer les Français du dix-huitième siècle, la structure de leur œil intérieur, je veux dire la forme fixe d’intelligence qu’ils emportent avec eux, sans le savoir et sans le vouloir, sur leur nouvelle tour. […] Avec ce style, on ne peut traduire ni la Bible, ni Homère, ni Dante, ni Shakespeare367 ; lisez le monologue d’Hamlet dans Voltaire, et voyez ce qu’il en reste, une déclamation abstraite, à peu près ce qui reste d’Othello dans son Orosmane. […] Tout ce qui concerne la province et la campagne, la bourgeoisie et la boutique377, l’armée et le soldat, le clergé et les couvents, la justice et la police, le négoce et le ménage, reste vague ou devient faux ; pour y démêler quelque chose, il me faut recourir à ce merveilleux Voltaire qui, lorsqu’il a mis bas le grand habit classique, a ses coudées franches et dit tout. […] Le reste est non avenu ; au-dessous de la bonne compagnie qui cause, la France paraît vide Quand viendra la Révolution, le retranchement sera plus grand encore.
Aux environs de Toul, le cultivateur, après avoir payé l’impôt, la dîme et les redevances, reste les mains vides. « L’agriculture est un état d’angoisses et de privations continuelles où des milliers d’hommes sont obligés de végéter péniblement629. […] Ainsi délaissée par la pioche et la charrue, une vaste portion du sol a cessé de nourrir les hommes, et le reste, mal cultivé, ne fournit qu’à peine à leurs premiers besoins634. En premier lieu, si la récolte manque, ce reste demeure inculte ; car le colon est trop pauvre pour acheter les semences, et maintes fois l’intendant est obligé d’en distribuer ; sans quoi, au désastre de l’année courante s’ajouterait la stérilité de l’année suivante635. […] Par l’édit de 1766, une terre défrichée reste affranchie pour quinze ans de la taille d’exploitation, et, là-dessus, dans vingt-huit provinces, quatre cent mille arpents sont défrichés en trois ans652. […] Vers la fin, en quantité d’endroits, sauf le château et la petite ferme attenante qui rapporte deux ou trois mille francs par an653, le seigneur n’a plus que ses droits féodaux ; tout le reste du sol est au paysan.
La vieille foi est impossible : reste donc la foi par la science, la foi critique. […] Car ce qui est partiel est plus fort ; les hommes ne se passionnent que pour ce qui est incomplet, ou, pour mieux dire, la passion, les attachant exclusivement à un objet, leur ferme les yeux sur tout le reste. […] Voilà donc un immense développement, sourdement préparé durant trois siècles en dehors de la politique, grandissant parallèlement à la société officielle, persécuté par elle, et qui, à un certain jour, étouffe la politique, ou plutôt reste vivant et fort, quand le monde officiel se meurt d’épuisement. […] L’humanité fera le reste, sans demander permission à personne. […] Telle est la manière française ; on reprend trois ou quatre mots d’un système, suffisants pour indiquer un esprit ; on devine le reste, et cela va son chemin.
C’est donc un grand progrès dans la science d’avoir établi que nulle souveraineté n’est absolue, pas même celle du peuple ; mais ce point une fois gagné, ne reste-t-il pas encore à savoir à qui appartient cette souveraineté limitée, la seule qui soit possible à l’homme ? […] Si l’on écarte la science, il ne reste que deux signes de capacité : la naissance et la fortune, et ainsi la souveraineté des capables deviendra la souveraineté des nobles et des riches. […] Il nous reste, pour compléter cette étude, à interroger M. de Tocqueville sur ses doctrines philosophiques et religieuses. […] Dans sa jeunesse, Tocqueville avait douté ; mais il s’était arrêté dans le doute, et son esprit, curieux surtout des choses politiques, semble avoir mis en réserve les vérités révélées pour s’exercer en toute liberté sur le reste. […] Il reste donc toujours à examiner comment les choses se passent, et ce qui advient des principes abstraits, lorsqu’ils sont réalisés par les hommes et parmi les hommes.
Ainsi naît l’idée d’une Durée de l’univers, c’est-à-dire d’une conscience impersonnelle qui serait le trait d’union entre toutes les consciences individuelles, comme entre ces consciences et le reste de la nature 18. […] Dès que nous avons extériorisé notre propre durée en mouvement dans l’espace, le reste s’ensuit. […] Si maintenant on remarque que la science opère exclusivement sur des mesures, on s’apercevra qu’en ce qui concerne le temps la science compte des instants, note des simultanéités, mais reste sans prise sur ce qui se passe dans les intervalles. […] Cet avenir nous reste sans doute masqué par un écran ; mais nous l’avons maintenant là, tout fait, donné avec le reste. […] et que reste-t-il de la succession si vous écartez jusqu’à la possibilité de percevoir un avant et un après ?
qu’est-ce qu’il leur reste donc ? […] Et que reste-t-il d’eux ? […] Reste fille. […] Reste à lui procurer cette émotion. […] » Et le reste à l’avenant.
Or il arrive que l’intention avec laquelle une idée a été lancée y reste invisiblement adhérente, comme à la flèche sa direction. […] Pour le reste, la différence était légère. […] Ce retour n’est évidemment pas certain ; l’avenir de l’humanité reste indéterminé, parce qu’il dépend d’elle. […] Or, dans ce corps démesurément grossi, l’âme reste ce qu’elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. […] L’activité de l’esprit a bien un concomitant matériel, mais qui n’en dessine qu’une partie ; le reste demeure dans l’inconscient.
Il lisait Shakespeare avec beaucoup de peine ; mais, aidé et averti, il s’en rendait compte, et son goût surtout (car il faut en revenir là), son intelligence faisaient le reste. […] Magnin reste, somme toute, le vrai jugement, la juste et fine vérité sur lui et sur le meilleur de son œuvre ! […] Ses cours, au reste, ne comptèrent que par les résultats écrits, par les livres ou les articles qui en sortirent. […] Ce sont là, au reste, des questions particulières à débattre entre érudits, et, de quelque côté que l’on penche, il y a lieu à toute estime. […] il savait bien qu’il n’avait pas en lui de quoi la tenter ; — pour faire bruit pendant les huit ou quinze jours qu’une Revue reste exposée dans sa primeur aux yeux du public ?
Général, consul, empereur, il reste officier de fortune et ne songe qu’à son avancement. […] Il le décompose ; il saisit et définit ses facultés maîtresses, et élimine le reste. […] Et il y en a une quatrième, celle des grognards (s’il en reste) qui ne connaissent que « le petit caporal ». […] La seule différence, c’est que Faustus reste monogame. […] Au reste, elle n’exclut pas le mouvement ni la vie.
Maître Guérin s’est fabriqué un homme de paille dans la personne du père Brenu, un idiot de campagne qu’il il nourrit des restes de ses gains véreux. […] Un doute vous reste sur la moralité de ce châtiment : on se demande si celui qui l’inflige n’était pas justement le seul qui dût s’abstenir. […] Il nous reste à vous présenter André Lagarde, qui vient d’entrer, avec sa jeune sœur, dans la maison de M. […] L’escroc reste seul avec Navarette, muette et pensive ; et déjà il peut lire la trahison dans son froid regard. […] L’effet d’une pièce dépend de la première impression : les rajustements n’y font rien ; elle reste dans la mémoire ce qu’elle était lorsqu’elle a paru.
Mais, au reste, que pourrais-je leur dire de plus sur ce sujet qu’ils ne sachent tout aussi bien que moi ? […] Au reste, comme ma cause est celle de tous les gens de lettres bannis du Théâtre-Français, en la plaidant avec franchise et politesse, je crois aussi plaider la leur. […] Reste à savoir si ce privilège ne vous est pas exclusif. […] Au reste, elle ne m’étonne pas ; j’ai bien entendu crier auprès de moi : Mort à l’Institut ! […] Aussi, les honoraires d’auteur payés, que· leur reste-t-il ?
Il a touché durant des années au manteau de Bossuet, et il lui en reste quelque chose ; il en retient une vertu. […] Il y a du mieux dans son mal ; logé rue Sainte-Anne, il peut faire quelques promenades au jardin des Tuileries après la messe ; il y mène son monde : Vendredi et samedi (19 et 20 octobre 1703) promenade aux Tuileries, et le reste comme ces jours passés ; mais, en montant et descendant les terrasses des Tuileries, il nous disait qu’il éprouvait ses forces par les pentes douces, afin de s’accoutumer à monter et à descendre, pour se mettre en état d’aller chez le roi. […] Laissons-les venir, et cependant jouissons de notre liberté. » Et à quelques jours de là, 22 juin 1705 : En parlant de ces meubles (de la maison de Germigny) et de toute la sacristie, j’ai demandé à l’abbé Bossuet un petit calice de vermeil dont je me servais à Paris, disant la messe pour M. de Meaux, et que je le priais de m’en faire présent, afin que je m’en servisse encore le reste de mes jours à prier pour mon bienfaiteur : « Je ne vous demande que ce petit calice, lui dis-je, et non celui que je vous ai rendu ici à Meaux avec la crosse et le reste de l’argenterie qui fait partie de la petite chapelle de M. de Meaux, au lieu que ce petit calice est hors d’œuvre », — « Nous verrons cela à Paris, dit-il, puisque vous y venez. » Je suivrai donc cette demande, puisque la voilà une fois faite, et j’arracherai ce que je pourrai de ces messieurs, puisqu’ils ne me font aucune avance d’honnêteté pour ne me rien offrir ni donner. […] Avec ce missel, voilà ma chapelle complète, au moins telle quelle, venant de feu M. de Meaux ; nous verrons ce que cet abbé fera de plus quand il aura fini ses affaires, et qu’il verra ce qu’il aura de reste en ses mains. […] Ma santé est aussi meilleure, mon rhume fort diminué, et il ne me reste qu’à prendre des forces : c’est pourquoi j’ai retenu ma place au carrosse de voiture pour aller à Paris, Dieu aidant, lundi 30 janvier 1708.
Fils d’un père à qui l’on trouvait un coin de ressemblance avec le grand cardinal de Richelieu, il en avait gardé quelques restes. Je dis restes, car on ne sait réellement si, chez lui, ce sont des restes ou des commencements de grand ministre ; mais les obscurités, les écarts, les bizarreries de forme ou les singularités d’humeur, les préoccupations théoriques venaient bientôt compliquer la marche, entraver les combinaisons : l’or ne put jamais se dégager des scories. […] Au reste, nous sommes tous ainsi plus ou moins, si nous n’y prenons garde. […] M. le Cardinal (et je pense de même) a une politique plus bourgeoise qui va à la bonne économie, à l’ordre, à la tranquillité ; reste le choix ingénieux des moyens pour ce bonheur, l’activité et la fermeté pour y aller, et malheureusement les hommes n’ont pas tout ; mais, dans ce déficit, on aura toujours raison de préférer les qualités du cœur à celles de l’esprit, et la vertu aux talents, pourvu que la disette des talents n’aille pas à l’imbécillité. […] Si je perds l’image du parfait philanthrope et de l’homme de bien modèle qu’on avait réussi à nous faire accepter alors, je me dédommage de reste en retrouvant l’homme de bien original et particulier qui ne ressemble à nul autre.
Il lui reste un fils : Philippe a vingt-huit ans, et, dans l’âme, tous les orgueils et toutes les ardeurs de son âge. […] Pommeau est un clerc de l’âge d’or ; il ne voit rien et rêve le reste. […] Son amant ne les a pas, et il perd l’argent qui lui reste à une table de lansquenet où elle l’a poussé par les deux épaules. […] Le soir venu, il se réfugie dans le seul asile qui lui reste, il entre chez Thérèse, tombe sur un fauteuil, brisé, glacé, mortellement malade ; et, là, entre sa fille adoptive et celui qu’il appelle son fils, ouvre son cœur gonflé et en laisse sortir tout ce qu’il tient de fiel et de larmes. […] Il n’en reste qu’un simulacre de grâce ; au-dedans tout est pourriture et cendre.
Toutefois, pour être juste, il reste encore à la critique, après le triomphe incontesté, universel, du génie auquel elle s’est vouée de bonne heure, et dont elle voit s’échapper de ses mains le glorieux monopole, il lui reste une tâche estimable, un souci attentif et religieux : c’est d’embrasser toutes les parties de ce poétique développement, d’en marquer la liaison avec les phases qui précèdent, de remettre dans un vrai jour l’ensemble de l’œuvre progressive, dont les admirateurs plus récents voient trop en saillie les derniers jets. […] Rien ne reste de nous : notre œuvre est un problème ; L’homme, fantôme errant, passe sans laisser même Son ombre sur le mur. […] Assis dans sa gloire au foyer domestique, croyant pour dernière et unique religion à la famille, à la paternité, il accepte les doutes et les angoisses inséparables d’un esprit ardent, comme on subit une loi de l’atmosphère ; il reste l’heureux et le sage dans ce qui l’entoure, avec des anxiétés mortelles aux extrémités de son génie ; c’est une plénitude entourée de vide.
De même qu’on nous représente Jupiter avec un double tonneau où il puise, de même le poëte a deux types, le bien et le mal purs ; mais Jupiter mélange les doses, et le poëte ne les mélange pas ; il reste dans l’abstrait, surtout relativement à la perception du mal et du laid, à force de les vouloir individualiser sous un seul type constamment infernal. […] On remarquera, au reste, combien la tournure des personnages, dans ce roman, était conforme à l’âge du poëte, à sa naïve loyauté, à cette inflexible logique qui construit a priori les hommes avec une seule idée. […] Tant qu’on reste en effet sur le terrain moyen des aventures humaines dans la zone mélangée des malheurs et des passions d’ici-bas, comme l’ont fait Le Sage et Fielding, on peut garder une neutralité insouciante ou moqueuse, et corriger les larmes qui voudraient naître par un trait mordant et un sourire ; mais dès qu’on gravit d’effort en effort, d’agonie en agonie, aux extrémités funèbres des plus poétiques destinées, le manque d’espérance au sommet accable, ce rien est trop, ce ciel d’airain brise le front et le brûle. […] La pensée en reste un peu dure.
Lorsque Bossuet dit cette superbe phrase : Averti par mes cheveux blancs de consacrer au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint , il s’est trouvé sûrement quelques malheureux critiques qui ont demandé ce que c’était que les restes d’une voix et d’une ardeur, ce que c’était que des cheveux qui avertissent. […] Que restera-t-il donc à ceux qui mettent encore de l’intérêt aux progrès de la pensée, ou qui, se bornant même aux arts d’imagination, veulent exclure tout le reste ? […] J’en citerai deux pour exemple, le reste se trouvera dans les notes de l’ouvrage.
Ce qu’il me reste à examiner maintenant, c’est le caractère particulier à l’imagination poétique des Anglais. […] Les romans des Anglais ne sont point fondés sur des faits merveilleux, sur des événements extraordinaires, tels que les contes arabes ou persans : ce qu’il leur reste de la religion du Nord, ce sont quelques images, et non une mythologie brillante et variée, comme celle des Grecs ; mais leurs poètes sont inépuisables dans les idées et les sentiments que fait naître le spectacle de la nature. […] Mais n’est-ce point assez de savoir parler la langue des affections profondes ; faut-il attacher beaucoup de prix à tout le reste ? […] Que de réflexions profondes et terribles ne reste-t-il pas de ces Nuits d’Young, où l’homme est peint considérant le cours et le terme de sa destinée, sans cette illusion qui nous fait nous intéresser à des jours comme à des siècles, à ce qui passe comme à l’éternité !
Le grand lustre qui flamboie à Paris n’apparaît là-bas que comme une chandelle ; toutes les lumières amoncelées au centre laissent le reste dans un demi-jour. […] Au-dessus d’elle, la culture latine a accaparé les idées générales qui pouvaient la nourrir et la développer ; un petit peuple noir de théologiens et de disputeurs les a prises pour son apanage, et cet enclos ecclésiastique en restant stérile, a imposé la stérilité au reste du champ. […] Toujours l’histoire de l’esprit gaulois est la même ; s’il reste gaulois, il n’aboutit pas ; s’il aboutit, il perd sa physionomie vraie. […] Et pourtant je ne voudrais pas finir ainsi, conter qu’il est mort, qu’il s’est confessé, et le reste.
Quand nous pensons à quelque corps ou objet matériel, nous pensons non à une seule sensation, mais à un nombre indéfini et varié de sensations, appartenant d’ordinaire à divers sens, mais si bien liées, que la présence de l’une annonce d’ordinaire la présence possible et au même instant de tout le reste. […] On pouvait admettre à la rigueur que le monde extérieur est une collection de phénomènes sans substratum ; car il reste encore un esprit qui en fait la synthèse et qui lui sert de support. […] Toutefois, cette première difficulté écartée, il en reste une plus redoutable, et c’est celle-ci que, de son propre aveu, M. […] Si vous avez un collier de perles et que vous ôtiez le fil, que reste-t-il ?
Chez le ver de terre, la tête n’a pas beaucoup plus de génie que les autres segments de l’animal ; chez l’homme, la tête est un Bonaparte qui plie tout le reste sous son joug. […] Enlevez à la grenouille ses hémisphères cérébraux et placez-la sous la même vitre ; si vraiment il ne subsiste plus ni sensation ni appétition, s’il ne reste plus aucune trace d’intelligence, la machine vivante pourra bien encore frapper son nez contre la vitre et demeurer là jusqu’à ce qu’elle soit suffoquée ; mais ce n’est point ce qui se passe. […] Au reste, si les centres de la moelle sont presque réduits chez l’homme à l’automatisme des actions réflexes, il n’en est plus de même à mesure qu’on descend l’échelle animale ; nous avons vu qu’alors les centres de la moelle manifestent non seulement une sensibilité rudimentaire, mais de la conscience et de la volonté, parfois même de l’intelligence. […] Si la suggestion est possible, c’est que l’idée suggérée, dont la conscience est distincte, appartenait à un tout donné d’une manière indistincte ; quand cette idée surgit du sein de la masse, le reste demeure non pas « au-dessous du seuil de la conscience », comme on le répète sans cesse, mais fondu dans l’état général de la conscience, dans l’énergie psychique totale de l’organisme.
Au reste, ces articles transitoires, ces stipulations de circonstance, n’ôtent rien à l’importance de l’acte en lui-même ; il est ce qu’il doit être, l’expression de la force même des choses, et il deviendra bientôt le point de départ de toutes les institutions dans lesquelles l’Europe va chercher le repos. […] Voudriez-vous soutenir de tristes pans de muraille lorsque le reste de l’édifice, consumé par un incendie dévorant, est déjà presque tout entier caché sous l’herbe ? […] Elle fut à peine achevée ; et l’on sent avec douleur que le peu qui reste à faire ne se fera jamais. […] Au reste, pour ne pas heurter l’ombrageuse susceptibilité de certains esprits, je vais expliquer la raison de mon regret.
quand à cet arcane du génie se joint l’arcane d’un sentiment religieux qui fut autrefois une chose vivante, même lorsqu’elle était haïe, mais qui est devenue une chose méprisée, indifférente, presque détruite et de plus en plus incompréhensible, on reste incompréhensible comme elle. […] Ce grand mystique, qui est un grand écrivain, ignoré et déplacé dans un temps où l’esprit humain brutalisé n’est plus fier que de son sens pratique et descend chaque jour plus bas dans sa poussière., reste donc dans le désert de l’inconnu, comme Saint Siméon Stylite sur sa colonne, mais avec cette différence que des populations tout entières allaient se grouper d’admiration et de respect aux pieds du Solitaire miraculeux, comme autour d’un Prophète, pour entendre tomber ses oracles, tandis que le Saint Siméon Stylite du xixe siècle reste sur la colonne de ses écrits, sans que la foule qui passe y prenne garde et s’aperçoive que cette colonne est rayonnante ! […] Ce mystique les prend les unes après les autres, et il les creuse jusqu’au tuf, avec une verve de vilebrequin merveilleuse, jusqu’à ce qu’il n’en reste absolument rien sous son implacable vilebrequin.
Reste la Vie de saint Dominique, livre médiocre, d’une érudition incertaine, et dont la célébrité du révérend P. […] L’enseignement du prêtre qu’on pouvait craindre y est remplacé par la sentimentalité d’un philosophe, chrétien encore, mais d’un christianisme qui n’est point farouche, d’un christianisme humanisé ; et le moine, le moine qui inquiète toujours les yeux purs et délicats de la Philosophie, s’y est enfin suffisamment décrassé dans les idées modernes, pour qu’il n’en reste rien absolument sur l’académicien, reluisant neuf ! […] D’ailleurs, il y a l’émotion et la voix transfigurant cette langue qui passe et dont il ne reste dans le souvenir qu’un écho ! […] Lacordaire ne vient pas de l’ignorance de la langue ni de l’audace des néologismes ou des barbarismes qui ont quelquefois, quand l’écrivain a de la pensée et reste intelligible, la sauvage grandeur de toute barbarie.
Seulement, Joubert ne l’aurait pas prévu, cet heureux joueur de dominos s’est établi dans la renommée mieux qu’on ne s’établit au café, où l’on s’attable, mais où l’on ne reste pas, et il est resté à la même place dans une renommée tout de suite faite, et conservée par les générations qui ont suivi et qui se transmettent héréditairement les admirations enseignées et les réputations apprises… Et tout le monde est, plus ou moins, victime de cela ! […] Que reste-t-il donc ? Il reste l’aventure, — les petits événements qui se succèdent, s’entrelacent, et qui tiennent la curiosité en haleine. […] Turcaret, dont il ne reste plus que le nom, qui, à lui seul, vaut toute la pièce, a été claqué presque aussi haut que Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro.
Lerminier en a déjà parcouru une bonne longueur ; il est, pour quelques années encore, sur une ligne de travaux historiques, qui aboutissent de toute nécessité à une théorie plus ou moins formelle, dont au reste la tendance, les principes et de nombreuses parties s’aperçoivent aisément. […] Son style, au reste, la liberté de ses tours, sa nouveauté et son éclat d’expression, l’acception excellente et parfaitement française des mots qu’il emploie et qu’il découvre presque, au sein de la langue du xviie siècle, ces qualités si rares, et que M. […] Quand on entend les hommes renommés par l’étendue de leur savoir et de leur esprit épuiser les sophismes de la logique et mille fausses lueurs détournées de l’histoire, au service d’une négation cynique de tout progrès social, il y a plaisir à contempler un esprit ardent qui, l’œil sur un but magnifique et lointain, ne ménage aucune étude, aucune indication empruntée aux philosophies et aux révolutions du passé, pour diminuer l’intervalle qui reste à franchir, pour tenter d’ajouter une arche de plus à ce pont majestueux où l’humanité s’avance.
Depuis la perte de notre ami commun, mon âme a beau s’agiter, elle reste enveloppée de ténèbres, au milieu desquelles une longue suite de scènes douloureuses se renouvellent. […] Mais qu’est-ce que cette affectation de rassembler toute la lumière sur un seul objet, et de jeter le reste de la composition dans l’ombre ? […] C’est de l’imitation de nature, soit exagérée, soit embellie, que sortiront le beau et le vrai, le maniéré et le faux ; parce qu’alors l’artiste est abandonné à sa propre imagination : il reste sans aucun modèle précis.
Il reste toute sa vie clerc tonsuré. […] Au reste, je ne prétends pas à la précision sur ce point. […] Au reste, Racine ne s’oublie ni ne s’abandonne. […] Reste à savoir ce qu’il souffrira. […] La couleur locale de Racine reste surtout intérieure.
Il reste deux ou trois ans, à Genève, chez son oncle Bernard. […] On le met au séminaire ; il n’y reste pas. […] Elle reste. […] Thérèse refuse, Thérèse reste. […] On y voudrait un petit reste de faiblesse maternelle.
Tout le reste du chant est employé par Agamemnon à parcourir le camp et à encourager les confédérés par de belles harangues militaires. […] Si beau de jeunesse, prends donc pitié de mon désespoir ; reste ici sur la plate-forme de cette tour ; ne laisse pas ton épouse veuve, ton fils orphelin ! […] On reste confondu d’admiration quand on pense qu’elle est en même temps chantée dans les plus beaux vers imitatifs de la plus belle des langues ! […] « Reste ici, dit-il à Machaon blessé, reste ici et continue à boire ce vin coloré, en attendant que la blonde Hécamède ait chauffé le bain pour que tu y laves le sang de tes blessures. […] j’avais aussi des fils vaillants dans la vaste ville de Troie ; je crois qu’il ne m’en reste plus un seul !
Sainte-Beuve n’a pu vouloir, au reste, dans ce parallèle, que poser la limite du talent de Béranger ; il l’a apprécié et loué ailleurs, et il ne prétend rien retrancher sans doute de ses premiers jugements ; mais, cette fois, il aura tenu à faire sa restriction sur ce seul point où Béranger prête le flanc. […] Ce qui reste fondamental et essentiel chez Béranger à travers toutes ses petites combinaisons que nous, nous n’avons fait qu’entrevoir autrefois, c’est la haute probité, la hauteur de l’âme, le caractère plébéien indélébile ; voilà ce qui rachèterait au besoin bien des petitesses et des raffinements.
et ce reste de feu que j’avois crû si fort ? […] Au reste, malgré tous les défauts que j’ai remarqués dans cette scene, elle demeure toujours très-belle par le fond des passions qui y regnent. […] Il ne me reste qu’une réflexion à faire sur cette matiere. […] Au reste celui qui feroit une tragedie en prose auroit à se garder d’un piege. […] Pourquoi ce reste de musique dans la représentation des choses ordinaires ?
Elle peut cheminer à l’intérieur d’un cercle aussi large qu’on voudra ; le cercle n’en reste pas moins fermé. […] Le comique est donc accidentel ; il reste, pour ainsi dire, à la surface de la personne. […] Le comique reste donc ici à l’état latent. […] Il nous reste, pour conclure, à les combiner ensemble et à voir ce qui en résultera. […] Une troisième et dernière voie nous reste ouverte.
Reste donc J. […] Il faut que son adversaire tombe à ses pieds, qu’il reste muet d’admiration, ou qu’il meure de honte. […] Que les méchants n’espèrent rien de ce qui nous reste à dire ! […] Le reste appartient à d’autres temps et à d’autres hommes, il ne m’appartient pas d’en parler. […] D’ailleurs, que reste-t-il dans l’âme quand on l’a lu ?
Du groupe de caractères qui constituent un corps terrestre, Newton n’en avait conservé qu’un, la propriété d’être une masse en rapport avec une autre masse ; il avait éliminé le reste. Du groupe de caractères qui constituent une planète, il n’en avait conservé qu’un, la propriété d’être une masse en rapport avec une autre masse ; il avait aussi éliminé le reste. […] Or, il est aisé de remarquer que dans tout nombre la somme des unités du deuxième, troisième, quatrième ordre, etc., est divisible par 9 avec un reste égal ait chiffré qui la représente ; que partant la somme de ces sommes est divisible par 9 avec un reste égal à la somme des chiffres qui la représentent ; que par conséquent le nombre lui-même tout entier est divisible par 9 avec un reste égal à la somme totale des chiffres qui le représentent ; d’où il suit que, si la somme totale des chiffres est elle-même divisible par 9, le reste disparaît, et le nombre tout entier, divisé par 9, ne laisse aucun reste. — Ici l’intermédiaire explicatif est un caractère inclus dans tous les éléments du nombre, sauf le premier, et commun à toutes les unités représentées par un chiffre placé à la gauche du premier ; ce caractère ainsi répété oblige tout nombre à se laisser diviser par 9 avec un reste égal à la somme de ses chiffres, et, par suite, le rend divisible par 9, à la seule condition que la somme de ses chiffres soit divisible par 9. […] Le naturaliste, qui en dissèque un, sait d’avance ce qu’il trouvera dans le reste ; d’après l’apparence extérieure, il prédit la structure intérieure et peut dessiner la forme de l’estomac, du cerveau, du cœur, du squelette, avant de les avoir mis à nu. […] Il reste à savoir si elle n’est pas encore autre chose.
Il est fâcheux que, chez lui, tout reste si souvent à l’état confus. […] Au reste, un poète qui peint la Nature et l’anime est toujours plus ou moins panthéiste. […] Ces impressions ne durent pas ; un beau vers aussi bien qu’un beau paysage ne reste pas longtemps incompris. […] L’enthousiasme est une chose sans prix, et si, dans tout enthousiasme humain, il y a toujours une part destinée à se flétrir, il y a aussi, plus qu’en tout le reste, une part de force vive impérissable : ce qui est chaud reste toujours jeune, et, quoique la flamme vacille, nul objet au monde ne vaut une flamme. […] Il ne reste plus qu’à disséquer le cerveau de V.
Et pourtant l’Académie a subsisté, a revécu du moins, et sans trop se modifier encore ; elle a peu dévié de l’esprit de sa fondation, elle y est revenue dès qu’elle a pu ; elle a même gardé de son prestige, et le mot de d’Alembert, dans son ingénieuse préface des Éloges, qui répond d’avance à tout, reste parfaitement vrai : « L’Académie française, dit-il, est l’objet de l’ambition secrète ou avouée de presque tous les gens de lettres, de ceux même qui ont fait contre elle des épigrammes bonnes ou mauvaises, épigrammes dont elle serait privée pour son malheur, si elle était moins recherchée101. » Montesquieu, Boileau lui-même, Charles Nodier, avaient commis bien des irrévérences contre le corps ou contre les membres immortels, et ils en ont été ; et, chose plaisante ! […] C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner. Il importe que l’Académie redevienne ou reste autant que possible une Compagnie. […] l’Académie est un salon ; pour qu’il reste le premier de tous, à de certains jours, il faut qu’il n’y manque aucune des formes et des distinctions possibles du langage. […] Molé ; si je ne me trompe, il en reste encore d’inédites, et non pas des moins curieuses.
Toutefois, malgré cette connexion intime et nécessaire, chacun de ces trois éléments n’en reste pas moins indépendant et distinct organiquement. […] En effet, cette recherche reste stérile, parce qu’elle nous pose des problèmes qui sont inabordables à l’aide de la méthode expérimentale. […] Ce qui est vrai, c’est que la nature ou l’essence de tous les phénomènes, qu’ils soient vitaux ou minéraux, nous reste complétement inconnue. […] Tout ce qui reste en dehors de ce caractère n’est qu’empirisme ou ignorance, car il ne saurait y avoir des demi-sciences ni des sciences conjecturales. […] Les propriétés vitales ne sont en réalité que dans les cellules vivantes, tout le reste n’est qu’arrangement et mécanisme.
C’est une matière toute neuve jetée dans la circulation et qu’il reste à mettre en forme. […] C’a été le cas de plusieurs dont, au reste, la poésie est bientôt morte d’inanition. […] Ou bien le lyrisme reste seul maître de la place. […] C’est cela qui est capital dans son œuvre : tout le reste n’y est que gentillesses. […] Cette idée a beau se propager du cerveau d’un seul dans le cerveau de tous, elle reste la même… Mais l’émotion jointe à cette idée et qui se propage avec elle ne reste pas la même en se propageant.
Il reste donc qu’il ne veut pas collaborer au journal d’un malhonnête homme. […] Au reste, il plaide, en faveur de Georgette, les circonstances atténuantes. […] Il ne reste aux amoureux qu’à reprendre le train de Paris au plus vite. […] Le reste de son œuvre est prodigieux ; mais que voulez-vous ? […] Au reste, remarquez ceci, je vous prie.
Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit Quand on a longuement médité un sujet, et qu’on a reconnu les idées qui lui appartiennent, quand on a distribué ces idées selon leur importance particulière et leurs rapports mutuels, quand enfin on a mis par écrit tout ce qu’on avait conçu, et bien exécuté le plan qu’on avait arrêté, a-t-on fini sa tâche, et ne reste-t-il qu’à se reposer dans la joie de l’effort qui vient d’aboutir ? Non ; il reste une dernière partie du travail, non la moins nécessaire et la moins délicate, mais dont on se dispense souvent, parce qu’elle est moins matériellement indispensable, parce qu’on est las de l’activité dépensée, parce que ce travail est minutieux, ennuyeux, parce que l’on n’est plus soutenu par le plaisir d’inventer, de créer, et qu’enfin l’œuvre étant si avancée, vivant par elle-même, l’auteur s’en détache et n’y prend plus le même intérêt.
Au reste, ce qu’il désire avant tout, c’est qu’on ne lui croie pas la prétention de frayer une route ou de créer un genre. La plupart des idées qu’il vient d’énoncer s’appliquent principalement à la première partie de ce recueil ; mais le lecteur pourra, sans que nous nous étendions davantage, remarquer dans le reste le même but littéraire et un semblable système de composition.
L’émigré paye sa dette à son opinion en mettant là l’ancienne monarchie ; mais pour tout le reste, comme il sent qu’on a rompu à jamais avec tout un passé, et qu’on est entré sous l’invocation des tempêtes dans un océan nouveau ! […] Il n’est personne à qui l’on doive confier des secrets dont la publication peut compromettre la vie et le bonheur : il faut donc séparer d’avance dans sa pensée tout ce qui doit être l’objet d’un profond silence avec le plus intime ami, et s’abandonner à lui pour tout le reste. C’est une vaste maison ouverte à l’amitié ; dont une seule pièce reste fermée. […] Il y avait, dans la première édition des Considérations sur les mœurs, quelques passages assez peu honnêtes qu’elle n’avait pas bien compris : « Ce que j’entends le moins dans ce recueil, disait-elle en lui en renvoyant le manuscrit, c’est ce qui touche mon sexe ; mais pour le reste, je l’ai souvent pensé. » Mme de Créqui, malgré sa longue expérience du monde et son esprit mordant, avait l’âme neuve et par certains endroits assez naïve. […] n’y eut-il pas un reste de chaleur de cœur tardivement ranimé ?
Campaux s’est demandé si avant Villon il y avait eu de ces espèces de testaments poétiques, et il en a retrouvé quelques-uns à l’état d’essais ; mais il reste vrai que si Villon n’a pas entièrement inventé, en littérature, cette forme de contrefaçon et de parodie des volontés dernières, il se l’est appropriée par le dessin net et tranché, par l’ampleur du contenu, et par une Verve de détails, par un sel mordant qui n’appartient qu’à lui. […] Au train qu’il menait jour et nuit, on devinerait, si on ne le savait de reste, qu’il eut souvent affaire aux gens du roi : il connut le Châtelet, peut-être la Bastille. — Un tel écolier, croisé de bandit, avait-il eu le temps d’acquérir un grade académique ? […] Tant qu’on ne produira pas un exemple ancien de cette façon de réplique qui donne ici tout l’agrément, et qui a surtout son à-propos quand il s’agit de femmes et de beautés célèbres, Villon reste en possession de son titre ; il garde en propre son plus beau fleuron. […] Campaux, on aura pour tout le reste un commentaire aussi ample qu’utile, et conçu dans un esprit mieux encore que littéraire, je veux dire sympathique et presque filial. — Il a dû y avoir, je m’imagine, du temps de Villon, quelque écolier un peu plus jeune que lui, aussi laborieux, aussi bon sujet que l’autre était mauvais et dérangé, mais grand admirateur du poète, sachant ses premières chansons, récitant à tous venants ses plus jolies ballades, en étant amoureux comme on l’est à cet âge de ce qu’on admire. […] [NdA] Au reste il n’est pas mal que Villon ait été délivré de prison par Louis XI.
Comme il a fait une pièce de vers intitulée Bon Temps, que ces mots reviennent assez souvent sous sa plume et qu’il avait pour prénom Roger, on a conjecturé que c’est de lui que vient le nom et le masque populaire de Roger Bon-Temps, ce qui reste très douteux ; car, dans le cas contraire, et en supposant que Roger Bon-Temps ait eu cours avait lui pour signifier un personnage de nul souci et de joyeuse humeur, il serait tout naturel que, s’appelant Roger, il eût fait des pièces de poésie sur le Bon Temps pour faire honneur à son prénom et pour le faire cadrer avec le terme courant que consacrait la locution vulgaire. […] Il n’y a donc aucun moyen de se le dissimuler, Louise Labé fit beaucoup parler d’elle ; mais, comme la renommée a deux voix, on reste dans un certain embarras pour accorder des médisances si explicites et si formelles avec les éloges de chasteté et de vertu que d’autres lui ont décernés. […] Aujourd’hui la question a fait un pas ; on en sait trop long sur elle ; sa réputation reste quelque peu endommagée, difficilement réparable, et ce qu’on peut en dire de mieux, c’est qu’elle continue de flotter un peu indécise entre les noms d’Héloïse et de Ninon. […] Apollon, pour faire valoir Amour, s’attache à dépeindre sous les plus laides couleurs celui qui y reste étranger et insensible. […] Il ne reste plus rien de cet ancien nous-mêmes ; Sans pitié ni remords le Temps nous l’a soustrait.
Les journaux, par cette baisse de prix, par cet élargissement de format, sont devenus de plus en plus tributaires de l’annonce ; elle a perdu son reste de pudeur, si elle en avait. […] Les théâtres s’en tirent parfois pourtant mieux que le reste. […] L’auteur reste dans l’ignorance de ce détail et se lave les mains du procès. […] Au reste, nous parlons d’autant plus à l’aise de cette Société des Gens de Lettres, que, le grand nombre nous en étant parfaitement inconnu, une portion suffisante du moins nous semble offrir, par les noms, toute sorte de garanties. […] De nos jours le bas-fond remonte sans cesse et devient vite le niveau commun, le reste s’écoulant ou s’abaissant.
Au reste, comme les bourgeois se faisaient dire aussi par les jongleurs des chansons de geste, la noblesse, les hommes du moins, se divertissait des triviales ou burlesques aventures qui avaient été rédigées pour l’amusement des bourgeois. […] Les « branches » s’ajoutèrent aux « branches », sans que jamais une refonte générale en fit un tout bien lié, un poème unique et d’une sensible unité : ce qu’on ne saurait au reste regretter. […] Les défauts cependant s’accroissent ; et sans parler des obscénités, je ne retrouve plus, dans les morceaux que j’ai cités, ni dans le reste du roman, l’exquise mesure qui fait la valeur de l’épisode de Pinte et de Copée. […] Au reste, jongleur ou légat, prêtre ou baron, notre roman n’en veut à personne, s’il se moque de tout le monde. […] Renart au reste n’est pas le seul trompeur : il n’est que le plus fort.
Que reste-t-il alors de la thèse de M. […] Il reste ceci : le savant intervient activement en choisissant les faits qui méritent d’être observés. […] Le choix entre les deux attitudes reste libre, et se fait par des considérations de commodité, quoique ces considérations soient le plus souvent tellement puissantes qu’il reste pratiquement peu de chose de cette liberté. […] Et alors nous avons une relation entre A et C que nous pouvons supposer rigoureuse et qui est le principe ; et une autre entre C et B qui reste une loi révisable. […] Mais, dira-t-on, sans doute, les Français seraient capables de comprendre les Allemands même sans avoir appris l’allemand, mais c’est parce qu’il reste entre les Français et les Allemands quelque chose de commun, puisque les uns et les autres sont des hommes.
Par ce côté d’une gaieté naïve, d’une ronde et franche bonhomie, l’aimable Désaugiers lui reste supérieur. […] Je passe les atours, reste de vieux style : …… Pourquoi ces atours Entre tes baisers et mes charmes ? […] L’étincelle sous laquelle son idée lui arrive, il la développe, il l’étend, il la divise, mais c’est ce qui reste de mieux après tout dans sa chanson. […] Parce que M. de Pontmartin a gardé un reste de cocarde blanche et que moi je n’en ai pas de cocarde (car je n’en ai pas), il se croit un singulier droit, et il abuse étrangement de son symbole. […] Il me reste cependant à déclarer que, si quelqu’un s’emparait de ce précédent jugement sur M. de Pontmartin pour m’en faire penser sur son compte plus que je n’en ai dit, je protesterais de même, et que, ces réserves une fois posées, je n’ai plus que des compliments à lui faire.
Je ne tiens qu’à bien faire comprendre et à bien décrire un personnage remarquable, et, malgré les restes de flamme qui peuvent s’attacher à son nom, à le mettre à son rang dans ce monde froid et durable où une critique respectueuse s’enquiert de tout ce qui a eu bruit et éclat parmi les hommes. […] Cela, au reste, est perpétuel chez lui. […] Une fois convenu pour tout le monde, roi, peuple, assemblées, qu’on ira à la découverte de l’avenir, il ne reste plus à disputer que sur le degré de vitesse à employer. […] Au reste, comme talent, la pleine opposition va bien à Carrel ; l’opposition ambiguë le gênait et lui imprimait souvent une contrainte visible. […] On l’a appelé, dans la forme définitive où il nous reste à l’étudier, le Junius de la presse française.
Reste à la définir par son objet. […] Cela reste encore à déterminer. […] Reste donc seulement l’activité. […] C’est ce qui nous reste à examiner. […] C’est ce qui nous reste à voir.
Il reste dans la conjugaison des traces de l’usage du moyen âge : le latin nous donne sa proposition infinitive, qu’on trouve, il est vrai, déjà acclimatée dans Commynes et dans Marot, mais qui devient alors tout à fait commune : il nous donne aussi toutes les constructions du relatif, soit éloigné de son antécédent, soit dépendant d’un participe ou d’un infinitif, et non d’un mode personnel du verbe. […] On sent bien que la langue s’est réglée plutôt par une sorte de lassitude générale que par une intime solidité d’organisation qu’elle reste livrée à tous les hasards de la fantaisie individuelle de toutes parts on aspire à l’ordre, à la stabilité, à l’unité. […] Étienne Pasquier estime que les changements n’ont pas été toujours de : progrès, conseille de laisser la langue digérer ce qu’elle pourra de latinismes qu’elle a déjà absorbés, et rejeter le reste ; et, pour l’enrichir à l’avenir, il compte sur l’exploitation des matériaux que l’usage du peuple fournira.
Y reste celui qui peut voir avec patience un peuple qui se prétend civilisé, et le plus civilisé de la terre, mettre à l’encan l’exercice des fonctions civiles ; mon cœur se gonfle, et un jour de ma vie, non, un jour de ma vie, je ne le passe pas sans charger d’imprécations celui qui rendit les charges vénales. […] Le financier donna le ton, que le reste suivit. […] Le reste s’est perdu de débauche par l’imitation et l’influence du libertinage des grands.
Si l’impartialité est de rigueur pour l’historien tout le temps qu’il raconte les faits, scrute les causes et peint les caractères, une fois cette triple trame de l’histoire impassiblement déroulée, il reste la conclusion dernière, le jugement suprême à prononcer ; et cette conclusion et ce jugement ont toujours autant de chaleur, de passion et de vie, qu’il y en a dans la conscience et le sentiment moral de l’historien. […] Il y a bien une phrase dans l’introduction où il est question de l’image gracieuse de l’amour d’Henri IV et de Gabrielle ; mais c’est de suite fini, et l’auteur, qui a encore ce vieux œil de poudre sur la pensée, ne retourne plus à cette bergerie : il redevient et reste sérieux. […] De tout cet Henri IV de Pont-Neuf, d’illusions et de préjugés, il reste le vrai, le Henri de Capefigue, cet Henri d’une duplicité gausseuse, de cette duplicité qu’il opposa à tout dans la vie et même à lui : car, sans l’indiscrétion de sa raillerie, il eût été facilement hypocrite.
Il nous reste à suivre, avant cette époque, le jeu de la lyre dans les soins, les passions, les plaisirs familiers de la vie. […] Nous ne rassemblons pas ici le reste des refrains épars de ce peuple poétique, chants de guerre ou de fête, chants du marin ou du moissonneur ; mais, l’histoire ne peut oublier ce qui sert à l’expliquer et fit battre des cœurs généreux, même en les égarant. […] nous habitions autrefois la belle ville de Corinthe ; maintenant l’île d’Ajax, Salamine, nous retient ; et de là, vainqueurs des vaisseaux phéniciens, des Perses et des Mèdes, nous avons préservé le sol sacré de la Grèce104. » Puis encore, et pour mieux expliquer cette présence des Grecs de Corinthe dans l’île de Salamine, c’est-à-dire la sépulture qui conservait sur ce rivage les restes d’une partie d’entre eux, Simonide disait avec une familière énergie : « Quand la Grèce entière se tenait sur la lame d’un couteau, au prix de nos vies, nous l’avons délivrée, nous ensevelis ici.
I Il nous reste à étudier cet avortement et ses divers stades. […] Reste donc un seul correctif, l’image proprement dite, l’image du mur vert ou brun que Nicolaï tâche de se figurer à la place de ces fantômes, l’image du papier uniformément blanc que le micrographe se représente à la place de son papier tacheté de petits reliefs gris. Mais cette image reste simple image ; elle ne s’exagère pas jusqu’à ébranler le centre sensitif et à se transformer en sensation. […] Par conséquent, dans le reste, la tendance hallucinatoire a son effet ; l’image, n’étant pas niée comme sensation, mais comme sensation présente, apparaît comme sensation non présente, et la négation qu’elle subit n’a d’autre conséquence que de la rejeter en apparence hors du présent. […] Dans ce dédoublement, quand nous avons posé d’un côté le fantôme avec tous ses caractères distinctifs, il ne nous reste plus rien pour constituer de l’autre côté l’acte de connaissance.
Tout au plus en ressort-il un devoir de systématisation croissante qui reste extrêmement abstrait et qui n’est peut-être qu’une tautologie. […] Mais, quoi qu’il fasse, l’antagonisme reste irréductible. […] C’est ainsi qu’ils peuvent faire apprécier et apprécier eux-mêmes ce qui leur reste. […] Sous toutes ses formes elle a pour caractéristique de ne se retourner jamais contre son auteur, ni contre elle-même, elle reste insuffisante. […] Leur ironie — quand elle n’est pas encore une simulation de timide impressionnable, qui s’adapte mal au caractère, craque et se fend çà et là — reste roide et guindée.
Du moment que le christianisme n’était pas la vérité, le reste me parut indifférent, frivole, à peine digne d’intérêt. […] Berthelot tenait aussi de son père un reste de croyances chrétiennes. […] Nous demander un service serait à nos yeux un acte de corruption, une injustice à l’égard du reste du genre humain ; ce serait au moins reconnaître que nous tenons à quelque chose. […] Il me reste trop de choses à faire pour que je m’amuse désormais à un jeu que plusieurs taxeront de frivole. […] Tout arrive, les quaternes comme le reste.
Par malheur il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire et, plus tard, votre mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses. […] — Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond.
Son père s’en plaint : il s’excuse ; Masséna se tait assez volontiers sur Joubert dans quelques-uns de ses bulletins : Au reste, si vous me demandiez où j’étais, je vous répondrais que je laisais l’avant-garde de Masséna le 2, le 3 (août, combat de Lonato), et qu’à la bataille du 5 (Castiglione), je faisais celle du général Augereau, attaquant le centre de l’ennemi. […] Les héros de Lodi, de Millesimo, de Castiglione et de Bassano, sont morts pour leur patrie ou sont à l’hôpital ; il ne reste plus aux corps que leur réputation et leur orgueil. […] Au reste, sous vos ordres j’agirai toujours avec confiance. […] Mais à la guerre rien n’est fait tant qu’il reste à faire quelque chose.
S’il n’y va point, il reste dans la vie ordinaire, dans la conscience ordinaire, dans la vertu ordinaire, dans la foi ordinaire, ou dans le doute ordinaire ; et c’est bien. […] Non, tu ne restes pas court. […] Il s’est dépensé tout entier dans cet homme-ci ; il ne reste plus assez de Dieu pour faire un homme pareil. » Quand tu les entends dire ces choses, si tu étais homme comme eux, tu sourirais dans ta profondeur terrible ; mais tu n’es pas dans une profondeur terrible, et étant la bonté, tu n’as pas de sourire. […] Michel-Ange créé, il te reste de quoi produire Rembrandt.
Tout le reste est dispositif d’écriture, simple indication pour les yeux qu’il y a lieu de conserver, mais qui, pour l’oreille, est d’une utilité beaucoup plus lointaine, sans doute. […] Il nous reste maintenant à nous expliquer sur le rythme. […] La poésie reste pour nous l’évangile de l’ineffable qu’elle investit de sa toute-puissance émotionnelle. […] Mais pour nous, qui n’en sommes plus à croire que l’âme humaine, à travers les âges, reste imperturbablement égale à elle-même ; qui la concevons en perpétuel devenir, formée par toutes les capitalisations du passé et de l’hérédité, par toutes les acquisitions et par toutes les influences du savoir et des milieux, il est difficile d’admettre que le poète se doive complaire indéfiniment dans la contemplation de deux ou trois phénomènes généraux de la nature, signalés, d’ailleurs, depuis fort longtemps sous toutes les latitudes.
Reste à savoir ce qu’il souffrira […] On sait de reste qu’il était étrangement sensible. […] Le reste… eh bien ! le reste m’est égal. […] Tout compte fait, il reste intéressant.
Même quand ils ne deviennent ni des fripons, ni des escrocs avilis, ni des hableurs impudents, quand quelque chose de l’honnête homme leur reste, et qu’on peut leur donner la main, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de scrupules de leur part ; leur sens moral, chatouilleux peut-être et intact sur un ou deux points, vous paraîtra fort aboli et coulant pour tout le reste.
Dors, mignon chat blanc, dors ; Reste à ronronner, reste couché Et ferme un peu tes yeux semés d’or ; Les souris montrent leur nez aux trous du plancher.
s’écria-t-elle au fort de sa misere, Quel projet désormais me reste-il à faire ? […] Mourons donc, puisqu’enfin, dans l’état où je suis, La mort est l’espoir seul qui reste à mes ennuis.
Il reste à parler d’un état de l’âme, qui, ce nous semble, n’a pas encore été bien observé : c’est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet. […] On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l’on n’a plus d’illusions.
Il n’en reste plus que deux qui aient été témoins du fameux passage de l’armée française. […] Le reste, c’est à vous de le faire et de le conduire. […] Je me réjouirai dans mon tombeau, et, en attendant, c’est auprès de vous que je dois aller passer le reste de ma courte vie. […] Je donnerais le reste pour une obole ! […] Qu’importe le reste ?
Rohan ne passa point le reste de sa vie à pleurer et à, soupirer, ni même à servir inviolablement, comme il en faisait voeu en terminant cet écrit, la France, le jeune roi et sa mère. […] Le fait est que dans les discours, dans les apologies, dans les lettres, dans ce qui se rapproche de la parole vive et parlée (où il devait exceller), le style de Rohan est bien meilleur que dans la narration, qui reste chargée sous sa plume et parfois assez obscure. […] Au reste, il ne laisse pas entrevoir d’abord une politique bien différente. […] La ruine de ceux de la religion n’est pas si prochaine qu’elle ne donne aux mécontents loisir de former des partis… Songez que vous avez moissonné tout ce que les promesses mêlées de menaces vous pouvaient acquérir, et que ce qui reste combat pour la religion qu’il croit… Il finit en refusant de se prêter à aucune conclusion particulière et qui le sépare de l’intérêt général. […] Bref, après la mort de Luynes, après bien des pourparlers semblables entremêlés aux coups de main, M. de Rohan, qui voit tout le peuple las de la guerre, à qui il ne reste pas de fourrage pour nourrir huit jours sa cavalerie très diminuée, et qui n’a plus aucun espoir de secours de la part des coreligionnaires étrangers, s’abouche avec le connétable de Lesdiguières pour rédiger un traité (octobre 1622) qui sauve et maintient les points principaux nécessaires au parti, et où ses propres intérêts aussi ne sont pas tout à fait oubliés : après quoi il n’est pas seulement pardonné par le roi, il a un éclair de faveur en Cour.
Au reste, une chose étrange, Le prince Bourbon Tout comme nous, quand il mange, Branle le menton, Branle le menton, Brunette, Branle le menton. […] La cause reste inconnue ; il ne faut la chercher ni dans l’exercice d’une glissoire, espèce de montagne russe, que le jeune roi avait fait établir exprès dans le parc de Versailles, et où il se livrait au plaisir d’entraîner et d’émouvoir Mlle de La Vallière : il dut bientôt y renoncer d’ailleurs, par défense du médecin. […] Et a ceux qui ne sont pas médecins (quoique tout le monde, dans une bonne éducation, dût l’être plus ou moins), je dirai : Laissez le désagrément léger de ces explications techniques, de ces termes médicinaux ; voyons, n’admirez-vous pas maintenant un peu plus que vous ne faisiez auparavant ce roi qui, toute sa vie, sujet à une pareille infirmité et inquiétude, travaille assidûment, ne ralentit en rien son application, garde devant tous son égalité d’humeur, reste doux, ferme, et en apparence tranquille ? […] Si bien qu’on soit, il reste cependant à penser au peuple. […] N’abusons de rien, et que ceux qui sont sans aucun reste d’intempérance et sans un seul petit vice à soixante ans, lui jettent la première pierre.
Mais les prêtres de celui-ci, qui sont de race vigoureuse, qui mordent à la vie à pleine grappe et se nourrissent de chair et de sang, ne veulent pas accueillir le pâle et efféminé transfuge ; on le traite en apostat, et le malheureux conspué reste désormais sans dieu, errant et comme mis à pied entre les deux idoles. […] Il ne reste plus qu’à prendre Mâtho, qui est sur un autre point du pays avec un lambeau d’armée, à le faire prisonnier, et à épuiser contre lui les supplices, le jour où il est traîné en triomphe à Carthage et livré en victime au tenaillement de la populace. […] Au reste, ce défaut-là n’est point particulier à M. […] Flaubert a été surtout dans son système : le talent reste intact. […] Qu’il reste l’homme de sa nature, en laissant seulement de ses partis pris.
Cet esprit ferme, qui n’a jamais connu la défaillance et que l’âge a respecté dans l’intégrité de sa nature, ne peut supporter l’idée que sa ligne morale, politique, historique, religieuse, reste entamée et rompue sans qu’il y ait de sa part réponse et riposte, réparation à la brèche ou même une dernière sortie vigoureuse. […] Ce grand pas fait, le reste découle : à la chute il faut une réparation. […] La société, en se perfectionnant, s’est faite protectrice, et elle a entouré de plus de soins et de plus de garanties la vie des hommes : la nature reste dure et implacable. […] Il est protestant ; il reste tel, mais il ne concède pas aux protestants une latitude indéfinie. […] Sa communion, les jours même où il l’étend le plus, a sa barrière infranchissable et reste fermée d’un côté.
Pour la métaphysique et la psychologie, un homme qui reste amateur en philosophie choisira, parmi la multitude des essais historiques, dogmatiques ou critiques, les forts écrits de M. […] Au reste, il faut ici réserver la part de ce que l’avenir révélera. […] Mais toutes les suggestions de la personnalité, les pressions du milieu prennent vite chez Fustel de Coulanges la forme scientifique : elles deviennent des idées d’enquêtes historiques, qu’il poursuit méthodiquement, sans parti pris, cédant aux textes critiqués, contrôlés avec la dernière rigueur ; et s’il reste une cause d’erreur, elle est dans l’infirmité humaine, dans la complaisance dont le plus sévère esprit ne peut se défendre pour les pensées qui sont sa conquête ou sa création, dans la facilité avec laquelle il laisse écouler toujours un peu de lui-même dans les choses, et sollicite l’imprécise élasticité des textes. […] Un doute me reste : dans quelle mesure ne lui font-ils pas expier ces dons littéraires par où il était si loin lui-même de chercher le succès ? […] Si souvent qu’on le prenne en faute, si nombreuses qu’aient été ses erreurs certaines et ses hypothèses téméraires — je m’en rapporte absolument aux gens compétents, — il reste que nous n’avons en France aucun travail synthétique qui se compare à ces deux ouvrages.
À travers ce sang et cette boue, il a jeté des restes de voie lactée et d’arc-en-ciel. […] Il les a vus, il les a pratiqués, il les juge aujourd’hui, après avoir été des leurs, et il lui en reste quelque chose. […] Enfin, quoi qu’il fasse (pour parler comme au xviie siècle), il y aura en lui cette fois bien des restes de l’honnête homme. […] Mais ce sont là des bagatelles : ce qui reste important et clair, c’est le procédé général expéditif de composition. […] Mais, quoi que j’aie pu dire à M. de Lamartine ce jour-là, et quand même, à l’exemple de tant d’autre il m’aurait échappé en parlant quelque sottise, qu’a de commun, je vous prie, un pareil propos avec un article de critique aussi motivé que celui qu’on vient de lire, et dans lequel il se trouve d’ailleurs, ce me semble, d’assez beaux restes d’admiration ?
Et enfin, pour qu’aucun nuage ne reste sur sa pensée, l’auteur ajoute quelques pages plus loin : « La constitution de beaucoup d’hommes de génie est bien réellement la même que celle des idiots. […] Mais si c’est là une description fantastique, si, au lieu de décrire le génie vrai, on n’a décrit que le faux génie, le génie malade et égaré, rien n’est fait, rien n’est prouvé, et il reste toujours à établir comment l’état le plus sain de l’esprit se trouve avoir la même origine que ses maladies les plus déplorables. […] Que reste-t-il donc de l’argument de l’auteur ? Il reste ceci, ni plus ni moins : « Dans les conditions organiques qui contribuent pour une part indéterminée à la formation du génie, il y a une part, également indéterminée, qui provient de l’hérédité d’une façon indéterminable. […] Au reste, il ne doit pas désirer qu’on loue son livre.
La nature, jouant de son reste, ramassait toutes ses forces pour produire ce dernier bouquet d’illumination et d’artifice. […] Joubert, dans une lettre à Fontanes, a dit : « Il me reste à vous dire sur les livres et sur les styles une chose que j’ai toujours oubliée. […] Sur tout le reste, il se montre ouvert, équitable, accueillant. […] Morcau, l’ancien professeur de Naudé et de Guy Patin, ce dernier écrivait à Spon : « Ce qui reste de la bibliothèque de M. […] III) est trop connue et résume le reste.
Le reste… Oh ! Le reste est le comble de l’art, et même de l’artifice. […] Quoi qu’il fasse, il reste épris de la beauté, même humaine. […] Et il me semble, à vous parler franchement, qu’il ne me reste presque plus que vous. […] Comme eux, elle en reste à La Calprenède ; elle est pour Corneille contre Racine.
Elle reste bien une fille de son pays. […] Notez que le sens même du titre reste incertain. […] Lia reste seule, dans le foyer attristé et rétréci, avec sa dernière sœur, Dorothée. […] Mais, au reste, je constate avec équité que, plus le « milieu » est bas, et mieux Mme Réjane y déploie son immense talent. […] Au reste, il faut ici rendre justice à M.
Sainte-Beuve, l’un des plus anciens amis du docteur Paulin, a prononcé sur la tombe les paroles suivantes : « Messieurs, vous avez désiré que nous ne quittions pas, sans lui adresser un dernier adieu, les restes du médecin habile, de l’ami excellent, du cœur dévoué que nous perdons. […] Son dernier bonheur à lui s’éteignit avec l’épouse à jamais regrettée, dont les restes sont ensevelis ici. […] Ainsi pour le reste.
Aucune manifestation d’art ne lui reste étrangère. […] Il reste préoccupé de l’écriture artiste, de cette littérature que Barbey d’Aurevilly appelle la littérature du tabac, littérature d’impulsifs, de sensitifs, d’impressionnistes, toute en nerfs aigus, vibrants. […] Il s’est dépris de Leconte de Lisle pas assez humain, de Cazalis trop dilettante, de Sully Prudhomme trop froid, trop technique, mais il reste envoûté de Baudelaire, ce damné de Paris, du contumace Corbière, du somnambule et magnétique Rimbaud et un peu aussi de Mallarmé, orfèvre du brouillard.
Au reste, nous avons l’habitude de grouper toujours nos sensations, parce que c’est pour nous une économie de force et d’attention. […] Ainsi, dans une de ses expériences, les images suivantes se présentèrent : un arc, une flèche, une personne tirant de l’arc et n’ayant que les mains visibles, un vol de flèches occupant complètement l’œil de la vision (contiguïté), des étoiles tombantes, de gros flocons de neige (ressemblance), une terre couverte d’un linceul de neige (contiguïté), une matinée de printemps avec un brillant soleil (contiguïté et contraste), une corbeille de tulipes, disparition de toutes les tulipes à l’exception d’une seule ; cette tulipe unique, de simple, devient double ; ses pétales tombent rapidement, il ne reste que le pistil, le pistil grossit, etc. […] Fait d’importance capitale, sans doute, qui n’est cependant encore qu’une complication des lois nécessaires de l’association ; c’est toujours l’introduction d’un courant supérieur qui, comme un tourbillon atmosphérique de force irrésistible, se subordonne le reste, emporte tout dans son cercle propre, impose sa direction aux feuilles des arbres qu’il détache, à la poussière qu’il soulève, aux vagues de la mer qu’il agite, aux voiles des barques qu’il gonfle et pousse devant lui.
Le style le plus recherché ne peindrait pas la vanité de la vie avec la même force que ce peu de mots : « Il vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. » Au reste, tout le monde connaît ce passage où Dieu daigne justifier sa puissance devant Job, en confondant la raison de l’homme ; c’est pourquoi nous n’en parlons point ici. […] Au reste, l’esprit de tout l’Évangile de saint Jean est renfermé dans cette maxime qu’il allait répétant dans sa vieillesse : cet apôtre, rempli de jours et de bonnes œuvres, ne pouvant plus faire de longs discours au nouveau peuple qu’il avait enfanté à Jésus-Christ, se contentait de lui dire : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. […] Au reste, plus on lit les Épîtres des Apôtres, surtout celles de saint Paul, et plus on est étonné : on ne sait quel est cet homme qui, dans une espèce de prône commun, dit familièrement des mots sublimes, jette les regards les plus profonds sur le cœur humain, explique la nature du souverain Être, et prédit l’avenir97.
Celui qui a acquis le sentiment de la chair, a fait un grand pas ; le reste n’est rien en comparaison. […] Couvrez le reste du tableau, et ne regardez que le vêtement ; peut-être ce satin vous paraîtra-t-il sale, mat, peu vrai. […] Ainsi la couleur d’un coin de leur toile étant donnée, on sait tout le reste.
III Cela dit, la Critique, pour peu qu’elle reste élevée, a tout dit du livre de Forneron. […] Le fanatisme religieux ôté de l’âme de Philippe II, il se fait à l’instant en lui le vide de l’homme qui a besoin de l’idée de Dieu pour être quelque chose, et Forneron, avec son regard exercé, voit, dans ce vide où l’idée de Dieu s’embrouillait avec les passions et les vices, ce qui reste de Philippe II, c’est-à-dire un des plus vulgaires despotes qu’ait corrompus la royauté. […] Dans un temps où l’on n’avait pas vu que Mayenne, — le dernier des Guise, de toutes les manières, — mais le grand Guise lui-même, le magnifique Balafré, le charmeur de la France, recevoir vingt-cinq mille écus par mois du roi d’Espagne, non pour les besoins de son parti, — ce qui eût été légitime, — mais pour les besoins de sa maison, de son luxe et de sa personne ; quand les plus grands seigneurs de France tendaient leurs mains gantées d’acier, et les évêques leurs mitres de soie, à l’argent du roi d’Espagne qui y tombait ; quand partout, dans l’abominable politique du temps, il n’y a que gens qui se marchandent, espions tout prêts qui se proposent, assassins qui s’achètent, la Ligue ne fut pas plus innocente que les autres des vices qui dévoraient son siècle, et elle y ajouta le sien, qui était d’être une Démocratie… Philippe II fut ruiné, du reste, avant d’avoir acheté la France, et les victoires d’Henri IV firent le reste.
La mort approche, et la pauvreté reste. […] Tout disparaît pour lui dans la fougue de la passion présente ; elle lui arrive au cerveau comme un flot soudain qui noie le reste. […] Quand un homme a cela, passez sur le reste ; avec ses excès et ses folies, il vaut mieux que tous vos dévots gantés. […] Reste à savoir quelles idées l’ont rendu populaire. […] En vain l’art a-t-il dégénéré ; même chez des Français, chez des faiseurs d’épigrammes, chez des abbés poudrés du dix-huitième siècle, il reste lui-même.
Mais, dans cette transformation, le bon périt, le mauvais reste. […] Le dernier assaut — a coupé le reste. […] Voilà qui contre-pèse tout le reste. — Eh ! […] » Le lecteur lira lui-même le reste ; on n’en peut rien citer. […] Dryden, comme les autres, reste confiné dans des raisonnements et des insultes de secte et de faction.
Un père s’est enrichi par le commerce ; il a un grand nombre d’enfants ; parmi ces enfants il en est un qui ne veut rien faire, ses bras faibles et délicats lui ont donné de l’aversion pour la navette, la scie ou le marteau ; il se lève tard ; il reste assis la tête penchée sur la poitrine, il réfléchit, il médite ; il se fait poëte, orateur, prêtre ou philosophe. […] Elle publie de beaux recueils que personne n’achète et ne lit, parce que personne ne les entend ; de ces recueils il en passe au loin quelques exemplaires qui ne compensent pas les dépenses, et la nation reste au même point d’ignorance ou d’instruction.
Ces querelles au reste déplaisent au monde : mais M. […] C'est Sacy qui a fait le reste.
Son livre repose sur cette vue très juste que dans le relâchement actuel de tous les liens et de toutes les disciplines, l’affection de la femme, de la mère, est ce qui reste de plus puissant sur les jeunes âmes et de plus tendrement respecté. […] Nous croyons qu’il y a dans la nature un reste de mal qu’il faut attaquer par le sacrifice, et contre lequel la nature elle-même est infirme sans une sorte de grâce. — Et puis, quand on aurait trouvé théoriquement quelle devrait être l’éducation des mères de famille, ne faudrait-il pas que cette éducation pût matériellement s’adresser à toutes ?
Au reste, tout cela ne valait peut-être pas plus la peine d’être fait que d’être dit. […] Au reste, ces idées sont de jour en jour mieux comprises.
Il faut raconter tout cela pour nous montrer la vie, sinon on reste froid et ennuyé. […] Au reste, La Fontaine ne décrit pas seulement les mouvements de l’âme. […] Elle peut être un reste du style sentencieux des premiers sages. […] Cette raison ignorante est le génie, qui reste vivant en devenant ordonnateur. […] Le sanglier rappelant les restes de sa vie, Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps.
De plus, ayant spécifié son devoir et s’obligeant à le remplir, il se sent par là même plus libre sur tout le reste. […] C’est un spectacle qui n’est pas rare, mais qui reste toujours curieux, que de voir, en ce cas, une personne montrer quelque remords d’avoir sainement et naturellement agi, à l’encontre des idées morales qu’elle révère. […] Au reste, la santé physique n’excite pas non plus l’intérêt. […] Le reste est pour le rêve et pour l’art. […] Et la morale reste si bien en dehors de la vie que jamais peut-être un seul acte n’a été accompli conformément à la loi même du devoir.
Entre lui et le reste des hommes, rien de commun que l’air du ciel. […] Que reste-t-il donc de part et d’autre ? […] Le bourreau a beau se retirer à la campagne, comme un bon bourgeois, dans une jolie maison à contrevents verts, sa fille n’en reste pas moins la fille du bourreau… un vilain parti. […] Reste M. […] Reste encore la mère Morin, une caricature tragi-comique d’une effrayante ressemblance.
Tout cela admis, le reste n’est plus que complication des données primitives. […] En effet, deux différences en sens contraire s’annulent et, s’il n’y a rien de plus dans la conscience, il ne reste rien. […] Au reste, l’état neutre et indifférent qui correspond au non-différent est lui-même dérivé. […] Il reste donc toujours à savoir s’il n’existe pas une impression complexe d’égalité concrète. […] Nullement, et il nous reste à déterminer cette part.
Pour arriver à l’unité absolue de mouvements, il ne reste plus qu’un degré à franchir ; c’est de confondre avec les actions cérébrales les actes psychiques proprement dits, regardés jusqu’ici comme absolument différents des mouvements organiques. […] On ne sait jamais, dans les analyses et les descriptions de la psychologie théologique, où finit l’œuvre de l’homme, où commence l’œuvre de Dieu, quelle part de mérite et de démérite reste en définitive à la nature humaine ainsi tiraillée entre la grâce ou la tentation. […] Tant qu’il ne s’agit que du sentiment, on reste dans la sphère intérieure du moi, où ne se pose jamais le problème de la réalité objective de nos sentiments et de nos idées. […] Or, qu’on fasse ou non de cet idéal une réalité, la loi n’en reste pas moins la même dans ses caractères essentiels, loi de pure conscience pour la morale, loi de volonté divine pour la religion. Et non-seulement la loi reste la même ; mais au fond les deux voix qui la proclament se confondent en une seule.
Fontanes reprenait : « Mais que reste-t-il de vos orateurs anglais ? pas une page. » Et, lui, répondait : « Il reste l’Amérique. » Il est vrai que l’Amérique n’était pas et n’est pas encore une page bien littéraire, ce qu’appréciait le plus Fontanes. […] Après cela, un reste de convenance traditionnelle l’emporte encore par instants et continue de masquer certains endroits. […] Villemain, il n’a pas mal fait de l’ignorer ou du moins de ne la savoir que par ouï-dire ; les questions sur ce terrain mouvant sont peu commodes à aborder ; on se perd dans des restes de Forêt-Noire. […] Quand il vous combat, magicien habile qu’il est, par un aimant secret et invisible, il attire à lui tout l’or de votre armure ; il ne vous reste, si vous n’y prenez garde, que l’étain et le cuivre.
Pour quelques-uns, l’action de reconnaître une idée est la chose du monde la plus secondaire ; c’est un phénomène d’éclairage intérieur qui se surajoute à tout le reste, mais qui n’est nullement nécessaire ; qu’importe que la mémoire soit consciente ou inconsciente ? […] La différence entre le cerveau et le phonographe, c’est que, dans la machine encore grossière d’Edison, la plaque de métal reste sourde pour elle-même, la traduction du mouvement dans la conscience ne se fait pas ; « cette traduction est la chose merveilleuse, et c’est ce qui se produit sans cesse dans le cerveau ». […] D’une part, l’esprit se représente moins aisément les émotions que les perceptions et idées ; d’autre part, il est certain que ce qui nous a ému reste plus longtemps dans notre souvenir. […] Au reste, de même que le souvenir d’un sentiment, comme tel, en est la production réelle, mais incomplète, de même tous les autres souvenirs sont des renouvellements partiels. […] Ces systèmes d’associations mentales et de mouvements réflexes peuvent être atteints par la maladie sans que le reste le soit.
Il ne reste qu’une conscience spontanée qui passe comme un éclair et ne produit pas de changement appréciable dans la cœnesthésie. […] Il n’est donc plus resté de volontaire chez l’individu que le premier branle de l’appétit : tout le reste se déroule machinalement, en vertu des associations acquises et enregistrées dans les organes. […] Il n’est pas étonnant que, dans la volition, l’idée se voie agissante, puisque la volition est en effet déterminée par l’idée même de notre moi se posant en face de tout le reste. […] Au reste, il n’y a pas de motif détaché : toute raison d’agir, dans les circonstances graves, intéresse la personnalité entière, qui tout entière détermine l’action. […] Au reste, qu’est-ce que la spontanéité ?
Il n’en reste pas moins que l’Espace-Temps de Minkowski et d’Einstein est une espèce dont la spatialisation commune du Temps dans un Espace à quatre dimensions est le genre. […] Bref, comme nous l’annoncions, la représentation est doublement inadéquate : elle reste en deçà, elle va au-delà. […] J’ai construit ma figure sur vos indications, mais votre hypothèse reste une hypothèse. […] Mais la ligne brisée A′ C′ B′ est Espace et Temps ; et il en serait ainsi d’une infinité d’autres lignes brisées A′ D′ B′, A′ E′ B′, …, etc., correspondant à des vitesses différentes du système S′, tandis que la droite A′ B′ reste Espace. […] Elles sont toutes soumises à cette loi que le carré de leur partie Espace, diminué du carré de leur partie Temps (on est convenu de prendre pour unité de temps la vitesse de la lumière) donne un reste égal au carré invariable de la ligne droite A′ B′, celle-ci ligne de pur Espace, mais réelle.
Peu importe après tout comment se passe le peu qui me reste de vie. […] Une armée étrangère peut seule le maintenir sur le trône ; et si cette année reste en France, si le pillage régulièrement organisé continue, en un mot si l’on nous traite comme Buonaparte a traité l’Espagne, nous n’avons non plus qu’un exemple à suivre, celui des Espagnols ; car il n’y a point de maux pour un peuple qui ne soient préférables à la perte de l’honneur et de l’indépendance. […] Enfin elle est ce qu’elle est, et tout ce qui me reste à faire est de m’arranger de mon mieux, et, s’il se peut, de m’endormir au pied du poteau où l’on a rivé ma chaîne : heureux si je puis obtenir qu’on ne vienne point, sous mille prétextes fatigants, troubler mon sommeil ! […] il l’a en horreur comme tout le reste : « (A l’abbé Jean, 4 janvier 1847)… On me presse pour la quatrième fois d’écrire sur le Concordat. […] Mais la recette avec La Mennais était insuffisante : il versait du noir avec éclat dans ses pages, et il en gardait encore de reste dans son esprit.
Charles devint, par l’appui de son père, chanoine de Prato, et l’un des notaires apostoliques ; et comme il résidait ordinairement à Rome, son père et ses frères eurent souvent recours à lui pour se procurer, par ses soins et par ses conseils, les manuscrits anciens et les autres précieux restes de l’antiquité, dont la possession était l’objet de leurs désirs. […] Mariotto, abbé du monastère, présenta les uns aux autres ses doctes amis ; et le reste du jour, car c’était vers le soir que cette rencontre eut lieu, se passa à écouter les discours d’Alberti, dont Landino nous peint le génie et les talents sous le jour le plus favorable. […] Au reste, l’idée mise en avant par Alberti est appuyée d’une érudition si étendue et si variée, que son commentaire dut être extrêmement amusant pour ses jeunes auditeurs. […] XIII Pendant que Florence jouissait ainsi de la paix philosophique sous un citoyen digne de rappeler Périclès, le reste de l’Italie était bouleversé par des crimes et des assassinats. […] Un seul, Montesicco, avec le reste de loyauté qui honore toujours même le crime dans l’homme dévoué, ayant appris qu’il fallait frapper ses victimes dans une église, au pied de l’autel, au moment de l’élévation qui courbe toutes les têtes devant l’image de Dieu, se récusa, non pour le crime, mais pour le lieu de la scène ; les deux prêtres, Maffei et Bagnone persévérèrent.
Il ne reste plus qu’à trouver un continu physique, qui soit pour ainsi dire équivalent à l’espace, de telle façon qu’à tout point de l’espace corresponde un élément de ce continu, et qu’à des points de l’espace très voisins les uns des autres, correspondent des éléments indiscernables. […] Soit maintenant P le point occupé par mon doigt et où il reste puisqu’il ne bouge pas. […] Comment sommes-nous conduits à les considérer comme identiques à l’espace visuel, comme identiques à l’espace géométrique, c’est ce qui reste à examiner. […] Je fais ensuite les mouvements correspondants à la série σ ; dans ces mouvements, par hypothèse, la position du doigt D ne change pas, ce doigt reste donc au contact de l’objet a et continue à éprouver l’impression A. […] Quand le premier objet reste immobile, le second reste immobile.
« Elle en use insolemment », ajoutait Baudelaire, qui ramasse les préjugés et les méfiances du dogme et reste obsédé par l’image de l’Ève fatidique, l’éternelle tentatrice, dont le sourire est l’artisan de notre damnation, la source du Péché, Machine aveugle et sourde, en cruautés féconde. […] Reste ainsi : l’ombre violette Se joue aux roses plis des hanches ; Ouvre tes grands yeux puérils Où rit l’orgueil de tes chairs blanches. […] Sa passion reste clairvoyante et, sous les perfections de l’amie, découvre ses défauts. […] Il reste, lui-même, intoxiqué du poison syrien et préoccupé du péché. […] Il reste toujours à expliquer l’existence, sous la forme d’un dieu comme sous celle du monde. » Albert Samain n’a pas mis son espoir dans le ciel vide.
Qu’on déplore tant qu’on voudra les vices qui souillèrent le xviiie siècle, c’est par cette énergie de pitié, de bienfaisance, de passion pour la justice et la vérité qu’il reste grand ; c’est par là qu’il mérite, non seulement l’estime, mais la reconnaissance de ceux qui en parlent aujourd’hui. […] Ils ont beau être moribonds : les restes de leur vigueur sont encore effrayants. […] Il coupe avec son épée ceux qui le gênent ; puis, il dit à ses compagnons : Passez-moi le reste autour du corps et attachez-moi à mon cheval. — Ainsi équipé, le mourant se rue au milieu des Sarrasins et en fait un carnage épouvantable ; après quoi, se confessant avant de rendre le dernier soupir, il a un remords, bien inattendu. […] Elle lui dit adieu avec une austérité qui n’exclut pas un reste de presse, mais qui interdit toute espérance à celui qu’elle appelle Trop malheureux et trop parfait amant. […] Reste à savoir en quels cas et en quelle mesure ces forces font du bien ou du mal.
L’action, le développement, le jeu des situations et des caractères, tout le reste était à trouver. […] — Hier encore, je possédais une richesse mal acquise ; je m’en suis dépouillé volontairement ; il ne me reste que mon fusil et mon bissac. — C’est bon ! […] Mademoiselle Letellier a bien offert quarante mille francs à son hôte, les restes de son petit patrimoine ; mais ce modique acompte ne tiendrait guère plus qu’un grain de sable pour arrêter le flot montant des créances : demain, ce sera la ruine et le déshonneur, La mère reste seule avec son fils, elle l’invite à secourir M. […] Un pareil acte est, sans doute, une exception ; la question est toujours urgente, la plaie reste ouverte ; mais on ne pouvait l’apaiser par un exemple plus cordial et plus salutaire. […] Le bâtard reste un étranger chez les siens, et avec joie, et avec orgueil ; car, par cette abnégation généreuse, le voile qui couvre l’honneur de sa mère ne sera pas soulevé.
Mauriceau a voulu « jouir de son reste », — comme dit l’énergique et trivial dicton. […] Au reste, c’est surtout une rivale que la duchesse hait dans l’Etrangère. […] Elle-même reste éclaboussée de cette lessive de famille : on doutera qu’elle soit honnête, comme le veut la pièce, en la sachant, d’un côté du moins, si mal engendrée. […] Sur quoi le commissaire de police rédige son procès-verbal, fait sortir Nourvady par une porte, le mari par l’autre, et Lionnette reste seule avec son faux déshonneur. […] Nourvady l’écarte d’un geste brutal, l’enfant tombe sur le parquet et reste sans mouvement, étourdi par cette brusque chute.
En août 1830, il y avait tant de générosité et de pitié dans l’air, un tel esprit de douceur et de civilisation flottait dans les masses, on se sentait le cœur si bien épanoui par l’approche d’un bel avenir, qu’il nous sembla que la peine de mort était abolie de droit, d’emblée, d’un consentement tacite et unanime, comme le reste des choses mauvaises qui nous avaient gênés. […] Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l’exemple. — Il faut faire des exemples ! […] Au reste, qu’on ne s’y trompe pas, cette question de la peine de mort mûrit tous les jours. […] À ceux qui ont regretté les dieux, on a pu dire : Dieu reste. À ceux qui regrettent les rois, on peut dire : la patrie reste.
Tout cela est aujourd’hui rejeté bien loin par une philologie plus précise et plus vaste ; mais on ne peut nier qu’il ne reste encore de singulières coïncidences entre les sources hébraïques et le génie des Hellènes. […] L’âme humaine, par son origine et sa destinée, est capable d’extase, mais pour un moment : elle y atteint, elle n’y reste pas. […] L’érudition critique peut rapprocher et finement approfondir ce qui nous reste de notions appréciables sur les diverses formes de pouvoir théocratique établies chez les différents peuples. […] De Babylone je détruirai et le nom et les restes, et le germe et la postérité, dit Jéhovah. […] Ainsi, dans quelques restes d’un vieux chant guerrier, le poëte s’écriait : « Hélas !
Si l’on fait la part des copies ou transcriptions qui en prennent à peu près un tiers, il reste environ six centsvolumes de pièces originales à lire, à étudier. […] Les historiens spéciaux de l’administration de la guerre (Audouin, par exemple), en lui accordant d’avoir été le plus grand administrateur militaire, en le proclamant « créateur d’un système d’approvisionnements, auteur des règlements de discipline et d’avancement, fondateur d’une école de cadets et de l’hôtel des Invalides », n’expliquaient pas avec détail en quoi consistaient toutes ces créations et n’insistaient guère que sur le chapitre des vivres et subsistances : le reste ne figure qu’en abrégé, et le peu qu’on en dit n’est pas d’une entière exactitude. […] La concentration des troupes à l’improviste devant Gand, en 1678, parut alors un prodige de combinaison et de manœuvres, et reste un beau fait de stratégie. […] Les premiers n’étaient pas toujours purs et nets ; les seconds avaient bon dos, on trichait à leurs dépens, et il se faisait bien des tours de passe-passe : « Assurément, disait Vauban, s’il y avait quelque bon tour dans la filouterie que le Diable ne sût pas, il pourrait le venir apprendre ici… Il n’y a pas une telle école au reste du monde. » Mais les officiers vont plus loin ; quelques-uns, et des plus coupables, pour se blanchir, osent se plaindre des gens qu’emploie Vauban, comme s’il ne surveillait pas son monde : on semble dire que lui-même interrogé ne pourra disconvenir de certains faits. […] Je reste donc pour contredire ou pour chicaner M.
Philosophie, musique, roman, comédie, peinture, médecine, amours, luxe et misère, noblesse et roture, tout cela vit ensemble, rit ensemble ; et quand ces intelligences barbues et ces plâtres vivants habillés de satin sont partis, il reste ici pendant deux jours une odeur de punch, de cigare, de patchouli et de paradoxe, à asphyxier les bourgeois. […] Il a mis sous le nom et le masque de cette espèce de monstre, de ce personnage « à demi Quasimodo, à demi Diogène » (comme le définit M. de Saint-Victor), toute sa misanthropie et son amertume, son noir, ce qui reste de l’ancien Michel quand toutes les aurores sont éteintes, quand tous les soleils sont couchés. […] Le reste est horrible ; les jambes sont d’un squelette, les pieds de je ne sais quel animal fourchu. […] Tel est le triste spectateur final que Gavarni va donner à la farce humaine après que le bal est fini, quand le feu d’artifice est tiré, et qu’il ne reste plus que les lampions fumants et des décors vus à l’envers. […] Ce Vireloque, au reste, comme il l’entend, exprime bien moins la haine des hommes que la haine de tous les mensonges humains.
Pour comprendre un tableau et se bien représenter le genre de talent qui l’a conçu et exécuté, on n’est pas un peintre ; pour comprendre l’idée et l’exécution d’une action de guerre, on n’est pas un général : on reste un critique ; l’essentiel est de l’être avec le plus d’ouverture autour de soi et le plus d’étendue qu’on le peut. […] Villars de son lit de souffrance, envoyant au roi des drapeaux pris sur l’ennemi, put écrire sans trop de fanfaronnade : « Si Dieu nous fait la grâce de perdre encore une pareille bataille, Votre Majesté peut compter que ses ennemis sont détruits. » Ce qui reste vrai et ce qui est reconnu pour exact par les historiens militaires et les gens du métier les plus compétents, c’est que Villars, avec une armée inégale, recevant d’une telle vigueur le choc de ces énormes forces combinées des généraux alliés, et leur mettant plus de trente mille hommes hors de combat, garantit cette année-là nos frontières et obligea la Coalition à de nouveaux efforts qui demandaient du temps. […] Il en eut tant de honte qu’il se dénonça lui-même au général, offrant sa tête, en expiation, renvoyant sa croix de Saint-Louis et se condamnant à une humiliation publique pour le reste de ses jours. […] Aussi l’historien des Mémoires militaires, rédigés sous Louis XVI et publiés seulement de nos jours, n’hésite-t-il pas à conclure son récit de la campagne de 1710 en ces termes, si avantageux à Villars : « Ce général sauva, pour la deuxième fois, la France ; peut-être aurait-il conservé quelque place de plus si, d’un côté, un reste d’espérance de paix, et, de l’autre, le danger de mettre le royaume au hasard d’un événement douteux, n’eût dicté les ordres du roi à son général, et si le général lui-même n’eût été retenu et par la crainte des risques auxquels un combat pouvait l’exposer, et par le mauvais état dans lequel étaient les troupes. […] Il reste donc vrai de dire avec Napoléon dans son jugement résumé des campagnes du prince Eugène : « En 1712, il prit Le Quesnoi et assiégea Landrecies.
Rien n’est plus commun, au reste, que ce genre d’illusion chez les auteurs comme chez les pères. […] Tâchez de rattraper votre bête, et cheminons en causant pendant le peu de chemin qui nous reste à faire. » On vint à parler de ma maladie, et le bon étudiant me désespéra en me disant : « C’est une hydropisie, et toute l’eau de la mer océane ne la guérirait pas, quand même vous la boiriez goutte à goutte. […] Vous êtes venu bien mal à propos pour faire ma connaissance, car il ne me reste guère de temps pour vous remercier de l’intérêt que vous me portez. » — Nous en étions là quand nous arrivâmes au pont de Tolède ; je le passai et lui entra par celui de Ségovie. […] On se contentait d’avoir beaucoup de talent dans ses œuvres ; pour le reste, et dans le courant de la vie, on économisait les idées. […] Cervantes échappe tout à fait à de telles applications, et son rire sensé reste innocent.
Pope, en attendant, reste un vrai poète et, sous ses défauts physiques, une des plus fines et des plus belles organisations littéraires proprement dites qui se soient encore vues. […] Il paraît bien, au reste, que William Cowper, avec ses vers sans rime et qui tiennent de la manière un peu forcée de Milton, n’a pas mieux réussi de son côté à rendre, non plus la continuité, mais la rapidité du fleuve homérique21. […] Il savait bien, au reste, que c’était chose nouvelle, inusitée et longtemps inouïe dans sa nation, que cette tentative de régularité et cette exacte codification du goût : « En France, disait-il, la nation y est accoutumée, on obéit, on se soumet ; mais nous, braves Bretons24, nous méprisons les lois étrangères, et non conquis, non civilisés, défenseurs hardis et féroces des libertés du talent, nous défions toujours les Romains comme autrefois. » Cela était vrai du moins la veille encore et avant Dryden. […] Un progrès moral reste à faire en notre xixe siècle qui se vante d’être un siècle de tolérance, et qui ne l’est encore qu’à demi. […] Reste l’accusation de spinosisme : ici chacun se signe ou se voile la face.
D’Argenson, on le sait de reste aujourd’hui, était un singulier personnage ; son arrière-petit-neveu a bien été forcé de nous le livrer à la fin, tel qu’il était, dans sa peau rugueuse et avec toutes ses verrues : l’excellente et complète édition de ses Mémoires, par M. […] Que ne nous dit-il pas, au reste, que ne nous apprend-il pas, de ces choses qu’on n’aurait jamais l’idée de demander ! […] La reine aurait bien désiré accompagner le roi le reste de la campagne ; elle se risqua un soir à lui dire qu’ayant appris qu’il allait à Saverne et à Strasbourg elle espérait qu’il lui permettrait de l’y suivre. […] Elle lisait au reste en toute langue, et, avec cette facilité des Polonais, elle n’en savait pas moins de cinq. […] Il ne reste plus, ce me semble, qu’à prendre congé de la reine dont Mme d’Armaillé nous a rafraîchi si gracieusement la mémoire, et qu’à présenter le Portrait accompli qu’a tracé d’elle Mme Du Deffand, cette fois toute bonne, toute désarmée et d’autant plus spirituelle : « Thémire a beaucoup d’esprit, le cœur sensible, l’humeur douce, la figure intéressante.
Si votre nouveauté vient me faire brèche dans la tradition et me trouer la muraille, la faire sauter par places, j’examine, je fais la part de la nécessité, de la vérité neuve ; et quand vous croyez avoir tout gagné et n’avoir plus qu’à raser le reste, holà ! […] Il reste beaucoup à faire pour établir avec sûreté et précision les premières années de Catinat : une Vie critique de ce guerrier de tant de mérite n’est pas écrite encore. […] Catinat, le probe, l’homme de la régie et du devoir, l’ennemi des passe-droits et des exactions, était son contraire ; on le savait de reste, mais on aurait pu l’oublier : le propos cité nous le rappelle. […] On ne se laisse point payer de mots, ni même d’espèces ; on a des restes d’honneur ; on ne veut voir qu’abus de la force dans cette première et si prompte inexécution du traité ; on ne peut croire à un pareil oubli de générosité chez Louis XIV, un si puissant roi ! […] Au reste l’intérêt de ces volumes est tout entier dans les pièces.
Chéruel sur presque tous les points, lorsqu’on a reconnu la justesse de la plupart de ses observations, pourtant rien n’est changé au mérite de Saint-Simon ; il reste ce qu’il est, Saint-Simon après comme devant, le plus prodigieux des peintres de portraits et le roi de toute galerie historique. […] Saint-Simon n’était fait, à aucun degré, pour être ni ministre, ni général, ni homme de finance et de budget ; il est, pour un homme d’esprit, singulièrement court, j’allais dire inepte, sur tous ces divers objets qui font les branches principales du gouvernement des États ; il n’est pas, même dans l’ordre philosophique, un esprit supérieur ; il reste soumis et astreint aux croyances les plus étroites de son temps ; s’il lui arrive de varier en religion, c’est pour passer par les préventions des sectes et des opinions particulières, plus porté dans le principe qu’il ne l’a dit pour les Jésuites et leurs adhérents, puis tournant plus tard et avec une sorte d’âpreté au Jansénisme et à l’anti-Constitutionnalisme. […] En un mot, ce n’est pas rendre justice à un homme de génie que de faire ainsi en lui l’accessoire du principal, et, après lui avoir soigneusement compté tout ce que les faiblesses humaines lui ont apporté d’imperfections et de défauts, d’accorder qu’il lui reste quelque chose de bien. […] Je ne savais auquel courir, du général ou de mon père ; la nature en décida : je me jetai dans les bras de mon père et je lui cherchais un reste de vie, que je craignais ne plus lui trouver, lorsqu’il m’adressa ces paroles que toute la France trouva si belles, qu’elle compara le cœur qui les avait dictées à ceux des anciens et véritables Romains ; et je crois que la mémoire s’en conservera longtemps. […] Il reste à Saint-Simon une dernière épreuve à traverser, une dernière confrontation à subir, et cette fois avec lui-même : c’est lorsqu’on publiera ses lettres.
Cette lenteur et cette temporisation à s’expliquer est d’autant plus fâcheuse que la principale des collections battues en brèche par la critique93 n’est entamée qu’en partie et reste solide et précieuse à beaucoup d’égards. […] Il en reste encore plus que je n’en voudrais ; mais l’âge et le changement d’état la mettront au point convenable. […] Elle s’est déshabituée d’un nombre de mauvaises expressions ; il lui reste quelques mauvais tours de phrases dont elle se corrigera promptement lorsqu’elle n’entendra plus l’allemand et le mauvais français des personnes qui la servent. […] Au reste, la chose est possible et ce serait le plus grand de tous les maux à craindre pour la reine. […] Il est arrivé de là qu’elle s’est laissée aller à passer une couple d’heures chez Mme de Guemené, où on ne parle que d’objets à sa portée, où il y a peu de personnes qui soient ou qui fassent paraître qu’elles sont plus instruites qu’elle, où on est fort occupé de la flatter et de l’amuser, et où elle croit se dédommager de l’ennui qu’elle croit avoir pris pendant tout le reste de la journée. » Si ce n’est pas pure négligence, c’est assez finement dit.
Dans les bons siècles on proportionne l’estime et la louange : l’abbé Goujet reste à sa place, et Voltaire à la sienne. […] Bossuet l’a tout d’abord pris par la main et patronné ; Despréaux l’a accepté, sauf une légère réserve ; Racine l’a tout à fait accueilli : et en même temps, il précède Montesquieu ; il l’annonce et le présage pour ses Lettres persanes, il reste son maître en ce genre. […] Au reste, si je m’égare, j’égare bien peu les autres : je reste dans le temps que j’ai fort étudié ; chez l’homme même que j’ai travaillé profondément, et avec qui, par là, à force de familiarité, j’ai cru pouvoir me permettre, j’en conviens, certains abandons d’hypothèses, où malgré soi l’on se laisse entraîner par la suite des faits réagissant l’un sur l’autre, et pour ainsi dire par l’engrenage des déductions trop tendues. […] Fougères, officier de la maison de Condé depuis plus de trente ans, disait que M. de La Bruyère n’était pas un homme de conversation, et qu’il lui prenait des saillies de danser et de chanter, mais fort désagréablement. » On a beau vouloir en rabattre, il en reste quelque chose qui semblait alors un défaut, un inconvénient.
Et ne dites pas : « C’est tout ce qui nous reste de l’ancienne France ; gardons une institution si vénérable par son antiquité. […] Au reste, je crois surtout à la mienne et, comme je sens qu’elle ne vaut que pour moi, je tire de là des conséquences. […] Car enfin, quoi qu’il lui soit arrivé, il reste académicien, secrétaire perpétuel, logé à l’Institut ; et les choses s’oublient, et dans huit jours on ne songera plus à son affaire, ou même sa loyauté et son courage lui auront ramené des défenseurs… Vous me direz que, au moment de son suicide, il est revenu de tout, même des vanités académiques… Mais justement il m’avait donné l’idée d’un homme absolument incapable de revenir jamais de certaines vanités. […] Et, si vous répondez que la colère l’emporte, je m’étonne donc qu’elle se possède si bien dans tout le reste du livre. […] Donc, pour tout le reste, je ne veux plus qu’aimer et admirer.
Là, pourtant, fut la souche première dont tout le reste est sorti ; la matière toute neuve dont, avec le temps et l’art, il forma sa gloire. […] Mais il commence par nous déployer en plusieurs pages, au moment de sa naissance, ses parchemins et titres d’antique noblesse ; il est vrai qu’après cet exposé généalogique il ajoute : « À la vue de mes parchemins, il ne tiendrait qu’à moi, si j’héritais de l’infatuation de mon père et de mon frère, de me croire cadet des ducs de Bretagne… » Mais, en ce moment, que faites-vous donc, sinon de cumuler un reste de cette infatuation (comme vous dites) avec la prétention d’en être guéri ? […] Ce qui reste évident pour lui, c’est qu’on ne sent nulle part l’unité de l’homme ni le vrai d’une nature ; et, à la longue, ce désaccord devient insupportable dans une lecture de mémoires. […] Je lui pardonne d’autant plus que, quand il épanche sa bile, au moins je retrouve sa physionomie de gentilhomme breton, et je sens en lui quelque chose de vivant ; mais, le reste du temps, c’est un fantôme ; et un fantôme en dix volumes, j’ai peur que ce ne soit un peu long. […] M. de Chateaubriand est seulement le premier écrivain d’imagination qui ouvre le xixe siècle ; à ce titre, il reste jusqu’ici le plus original de tous ceux qui ont suivi, et, je le crois, le plus grand.
J’ai cent fois projeté d’écrire à Paris pour faire chercher le reste des paroles, si tant est que quelqu’un les connaisse, encore : mais je suis presque sûr que le plaisir que je prends à me rappeler cet air s’évanouirait en partie, si j’avais la preuve que d’autres que ma pauvre tante Suzon l’ont chanté. […] Leur esprit, nous le connaissons de reste et nous en jouissons ; mais où est leur cœur ? […] Ce n’est qu’alors, nous assure-t-il, « quand il faisait route à pied, par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé », ayant pour terme du voyage un objet agréable qu’il ne se hâtait pas trop d’atteindre, c’est alors qu’il était tout entier lui-même, et que les idées, froides et mortes dans le cabinet, s’animaient et prenaient leur essor en lui : La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées ; je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. […] Je ne prévoyais pas que j’aurais des idées ; elles viennent quand il leur plaît, non quand il me plaît. » Ainsi, dans tout ce qu’il a raconté depuis, nous n’aurions, à l’en croire, que des ressouvenirs lointains et des restes affaiblis de lui-même, tel qu’il était en ces moments. […] Toutefois, le style de Rousseau reste encore le plus sûr et le plus ferme qu’on puisse offrir en exemple dans le champ de l’innovation moderne.
Là-dessus il reçoit l’ordre d’aller en Avignon (avril 1618) ; il y reste près d’un an à l’écart. […] Richelieu reste attaché à la reine mère dans son gouvernement d’Anjou ; il est le surintendant de sa maison, et proprement le ministre de ce demi-exil et de cette disgrâce ; car, malgré l’entrevue et l’embrassement de Cousières, les mauvaises passions s’interposent et travaillent à semer des divisions nouvelles entre le fils et sa mère. […] Richelieu reste l’ancien et le futur ministre de la monarchie, même dans la disgrâce et dans l’exil ; il sent à l’avance sa destinée ; il ne dément pas son avenir. […] Le reste des jeunes gens serait naturellement allé aux arts mécaniques, à l’agriculture, au commerce, à l’armée, tandis qu’en les appliquant tous indifféremment aux études « sans que la portée de leurs esprits soit examinée, presque tous demeurent avec une médiocre teinture des lettres », et remplissent ensuite la France de chicaneurs. […] Quelque ardent qu’ait été le caractère de Richelieu et son feu d’ambition, il reste évident que son esprit au fond est juste par essence et bien tempéré.
marquise, quel dommage que vous ayez employé l’épithète qui ne veut rien dire : « beauté surprenante », ou plutôt l’épithète qui montre jusqu’à l’évidence que c’était là un amour de littérature, qui reste dans l’esprit et ne passe pas dans le cœur ! […] Mais aujourd’hui, les rares costumes provinciaux qui subsistent en France, personne ne songe plus à les trouver ridicules ; on les aime, on les célèbre, ils font partie de la précieuse « couleur locale », et chacun sait qu’il en reste bien peu, non seulement en France, mais en Europe. […] Elles flattent un goût de notre époque, ces affiches, elles sont nées d’une observation psychologique, et le succès de leur propagande est dû à un reste de romantisme encore vivant dans les masses. […] Ils croiraient moins à la couleur locale, ils croiraient plus à la dramatique humanité, à l’égalité des âmes et des douleurs, qui fait que le reste est secondaire, le temps, le lieu et toute l’enveloppe de ces âmes. […] Ils reconnaîtraient que ce qui fait le génie de la France s’agite, plus ou moins obscurément, dans toute la France ; que les paysans, les ouvriers, les bourgeois des moindres bourgs n’ont pas seulement un esprit qui leur est propre, mais un fond de qualités solides sans lesquelles un peuple ne survivrait pas à tant de causes de désagrégation, bon sens, courage, initiative, générosité, et le reste ; ils diraient ce monde merveilleux de travail qu’est notre patrie, et comment nulle race n’est peut-être mieux douée pour la diversité des métiers et des arts ; et quelles preuves d’endurance et de probité peuvent offrir les plus humbles existences.
L’abbé Le Dieu n’a peut-être pas sur ces points toute l’exactitude et la connaissance de détail qu’on désirerait : ce qui du moins reste bien manifeste, c’est que la littérature profane, en prenant alors une grande place dans les études de Bossuet, n’y envahit rien, n’y empiète point sur le reste ; elle a ses limites arrêtées à l’avance : bien qu’on nous dise qu’il lui arrivait quelquefois de réciter des vers d’Homère en dormant, tant il en avait été frappé la veille, il n’éprouva jamais dans ces sortes de lectures cette légère ivresse poétique qui, dans l’âme et rimagination séduite de Fénelon, se produira par le Télémaque. Bossuet, en un mot, reste de tout temps l’homme de la parole de Dieu ; il l’aime, il n’aime qu’elle essentiellement. […] La vraie critique, à son égard, ramène à cette conclusion, à cette consécration, et, après plus d’un circuit et d’un long tour, elle aboutit au même point que l’admiration la moins méditée. — Je n’ai rendu aujourd’hui que l’impression générale que laisse la lecture des mémoires de l’abbé Le Dieu ; il me reste à parler de son journal, qui donne une impression moins nette, moins agréable, mais qui en définitive ne permet pas de tirer un jugement différent, C’est ce qu’il n’est pas inutile de montrer.
Entre ces esprits de nouvelle portée et que la nature, comme en réaction elle-même contre les formes précédentes, tentait de façonner sur un autre moule, l’abbé de Saint-Pierre n’est pas le moins remarquable ni le moins curieux à observer, par l’insistance et l’opiniâtreté de sa vocation dans sa ligne unique, par ses absences et ses lacunes sur tout le reste. […] La Bruyère fut surtout frappé chez le jeune abbé du manque absolu de tact, de la confiance à se mettre en avant soi et ses idées, de la distraction sur tout le reste, et de ce parfait oubli des nuances sociales. […] C’est lui qui, un jour qu’un homme en place, excédé de son procédé, lui en faisait sentir l’inconvenance, répondait sans s’émouvoir ; « Je sais bien, monsieur, que je suis, moi, un homme fort ridicule ; mais ce que je vous dis ne laisse pas d’être fort sensé, et, si vous étiez jamais obligé d’y répondre sérieusement, soyez sûr que vous joueriez un personnage plus ridicule encore que le mien. » C’est lui qui, s’apercevant un jour qu’il était de trop dans un cercle peu sérieux, ne se gêna pas pour dire : « Je sens que je vous ennuie, et j’en suis bien fâché ; mais moi, je m’amuse fort à vous entendre, et je vous prie de trouver bon que je reste. » Tout cela est bien de l’homme dépeint par La Bruyère dans son portrait chargé, mais reconnaissable, de celui même que le cardinal de Fleury, à son point de vue de Versailles, appellera un politique triste et désastreux ; malencontreux, du moins, et intempestif, qui avait reçu le don du contretemps comme d’autres celui de l’à-propos, et qui, lorsqu’il se doutait du léger inconvénient, prenait tout naturellement son parti de déplaire, pourvu qu’il allât à ses fins. […] » — Admirable vue, mais qui reste à l’état de vue chez La Bruyère et dont il ne tire aucun parti.
II L’humanité est arrivée, a dit l’éloquent professeur, à une de ces époques où l’inquiétude la saisit, où elle s’agite confusément en proie à un malaise profond ; où, après avoir renversé par une révolte glorieuse les obstacles qui la retenaient dans sa marche, et avoir brisé son antique lien, devenu trop étroit pour elle et trop douloureux, elle s’arrête, tourne un instant sur elle-même, interrogeant chaque point de l’horizon, se demandant et demandant à son histoire passée et à tout ce qui l’entoure où elle va, d’où elle vient, et la raison de de qu’elle a fait, et la règle de ce qui lui reste à faire ; la loi, en un mot, de son progrès et de sa vie. […] Jouffroy au reste ne se pose pas la question dans ce sens ; il entend surtout par destinée de l’individu, la fin pour laquelle le moi a été placé sur la terre, eu égard à ce qu’il était avant cette vie et à ce qu’il deviendra après la mort. […] Tant qu’une révélation reste à faire, et lorsque l’époque en est venue, le seul grand psychologiste possible, le seul psychologiste capable de tirer directement de l’observation individuelle l’avenir de l’humanité, c’est le révélateur lui-même ; car déjà l’humanité transformée vit en lui et remplit son moi ; mais ce révélateur alors ne s’amuse jamais à faire une psychologie, il fonde une religion. […] Au reste, l’inspiration du révélateur, pour être plus compréhensive et plus puissante, n’est pas elle-même d’une autre nature que toute découverte, toute conception d’un progrès quel qu’il soit.
L’utilité intellectuelle est nulle, ou plutôt il y a dommage manifeste ; il est meilleur à tous égards d’entretenir soigneusement sur ces choses l’ignorance naturelle : au moins la curiosité reste-t-elle aussi. […] Quand les écoliers ont appris et répété les déclinaisons, les conjugaisons, la syntaxe de l’ancien français, quand ils ont mené jusqu’au bout un cours de grammaire historique, il ne leur en reste qu’un grand ennui, beaucoup de confusion dans l’esprit, et un peu plus de penchant à faire des fautes d’orthographe : quant à lire vingt vers de la Chanson de Roland dans le texte après un an de ce labeur, il n’en faut pas parler. […] Au reste, c’est l’honneur singulier, c’est l’immortel mérite des classiques, que, si élevée que soit leur œuvre au-dessus de la médiocre réalité, vous ne vous y sentirez jamais tout à fait dépaysé. […] Quand on lira comme il faut, c’est-à-dire sans tenir les yeux collés au livre, mais en cherchant sans cesse en soi et autour de soi la vérité de ce qu’il contient, on amassera un riche fonds de connaissances morales, et l’on aura acquis pour le reste de ses jours le don si rare de voir les faits moraux.
Malgré le pédantisme des fausses sciences et les restes de barbarie, la disposition et le tour particulier à l’esprit français ne laissaient pas de se faire jour, et les natures originales prenaient le dessus. […] Mais les Mémoires de Grammont, voilà ce qui reste, et ce que la fée a touché de toute sa grâce. […] Le héros des Mémoires est le chevalier, depuis comte de Grammont, l’homme le plus à la mode de son temps, l’idéal du courtisan français à une époque où la Cour était tout, le type de ce personnage léger, brillant, souple, alerte, infatigable, réparant toutes les fautes et les folies par un coup d’épée ou par un bon mot : notre siècle en a vu encore de beaux restes dans le vicomte Alexandre de Ségur et le comte Louis de Narbonne. […] Il est bon pourtant d’en causer quelquefois et de tourner autour ; il en reste toujours quelque chose.
Aucun avis n’avait été donné par le corps qui précédait ; et il ne s’agissait pas d’un simple détachement ennemi qui interceptait la route, c’était toute une armée de 80 000 hommes sous les ordres de Miloradovitch, qui s’interposait entre Ney et le reste de l’armée française. […] À un moment, les restes de son régiment, à l’arrière-garde de Ney, se trouvent coupés et perdus de nuit dans un bois de sapins. […] Ce sont pourtant les restes de ce corps, joints à quelques autres débris, qui reçoivent l’ordre de faire l’arrière-garde jusqu’à la fin, et de défendre tant qu’ils le pourront le pont de Kowno, pour donner au gros de la déroute le temps de s’écouler. […] Tout ce qui est acquis, tout ce qui est appris disparaît ; il ne reste que la fibre fondamentale.
Plusieurs ouvrages de Libanius se sont perdus, mais il nous en reste encore une partie. […] Libanius, dans tout le reste du discours, qui est fort étendu, parcourt en détail la vie de Julien, depuis sa naissance jusqu’à sa mort ; quelquefois éloquent, quelquefois plus historien qu’orateur, toujours pittoresque dans son style, ayant en général moins d’élévation que de dignité, et un genre de sensibilité plutôt tendre que forte. […] Il nous reste encore un panégyrique dans cette langue, prononcé en l’honneur de Julien ; on y trouve de la noblesse dans les sentiments, quelques belles idées, et des défauts de goût. […] qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Desmarest ne se défend pas au reste de toute partialité : la grande figure de Napoléon domine, il l’avoue, sa pensée et son livre. […] Bonaparte rendit, au reste, justice à Georges, et l’admira ; il lui offrit un régiment de sa garde, dit-on, et de le faire un de ses aides de camp ; mais, au point où il en était venu, le poste d’honneur pour Georges ne pouvait être qu’en Grève, et la tête haute, il y marcha. […] Est-ce méconnaître l’homme, que de lui croire un petit reste de rancune pour la prison de quelques heures qu’il a partagée avec MM.
Mais, comme il reste l’exceptionnel auteur d’À rebours, « écrivain bizarre et maladif », comme il s’appelle, ce qu’il a vu au premier plan dans le catholicisme, c’est le satanisme, soit le catholicisme morbide. […] Alors que lui reste-t-il à faire ? […] Au surplus, l’incohérence du dessin reste loisible, mais mal défendable.
Il reste terre à terre, portant le poids de son sujet, un sujet magnifique qui a été touché par des mains sans force ou indignes, mais qui n’a jamais été écrit. […] Et quant au style qui revêt tout cela, le style qui donne parfois aux livres les moins agencés et les moins approfondis au moins la valeur d’un noble langage, il a péri, ou plutôt il s’est amolli, avec tout le reste, dans le piquant auteur des Césars. […] Enfin il a encore — nous ne voulons rien perdre de ce qui nous reste !
Pour être poète, dit le terrible et opiniâtre railleur, qui ne se déferre jamais de sa plaisanterie effrayante de vulgarité, il faut d’abord « ne pas croire à Dieu et lire la Bible pour y prendre des métaphores ; — ne rien savoir, puisque les plus beaux génies de ce temps n’ont pas, en connaissances, de quoi couvrir une pièce de six pence au fond d’une cuvette ; — traiter tous les auteurs comme des homards, dont on choisit le meilleur dans la queue et dont on rejette le reste au plat ; — avoir toutes prêtes des comparaisons comme le cordonnier a ses formes ». […] Mais ce qui la rend insupportable, ce n’est pas son horreur oratoire, qui pouvait produire un salutaire effet sur les oppresseurs de l’Irlande et les épouvanter de l’état de malheurs et de misère dans lequel ils tenaient ce pauvre pays, mais c’est le détail avec lequel elle est travaillée et retravaillée, pendant je ne sais combien de pages, comme un outil compliqué pourrait l’être par un ouvrier de Birmingham ou de Manchester, et c’est encore plus que tout le reste la froideur avec laquelle elle est travaillée. […] Je ne parle point du bruit qu’il a fait, je parle du bruit qui lui reste à faire.
Mais au reste il a bonne volonté. […] Cela compense pour elle tout le reste. […] Et, dans tout le reste, quelle profondeur ! […] Il ne me reste donc qu’à résumer sa pièce. […] Elle ne restera que si Henri reste.
garde tout le reste, je ne veux plus rien de toi ! […] Quant à la seconde, il faut souhaiter qu’elle reste toujours une réalité vivante. […] Au reste, Joinville est du treizième siècle. […] Au reste, ici encore, rien d’absolu. […] Au reste, peu soucieux du vraisemblable : voyez la pose de la Nuit !
Réveillé, il reste à demi plongé dans son rêve. […] Il lui reste deux choses à supporter. […] Une pierre peut tomber dans la plus belle machine, casser un ressort, et déconcerter le reste, la machine n’en reste pas moins un chef-d’œuvre. […] La plus intelligente, qui est Dieu le père, a organisé le reste. […] Je porte Mitra, Indra, Agni, les deux Açvins et le reste.
Là sont arrêtés, dans les ténèbres, les chars qui apportent les présents du souverain de Troie ; et à quelque distance, les restes défigurés du généreux Hector sont abandonnés, sans honneur, sur le rivage de l’Hellespont. […] Si Priam eût d’abord nommé Hector, Achille eût songé à Patrocle ; mais ce n’est plus Hector qu’on lui présente, c’est un cadavre déchiré, ce sont de misérables restes livrés aux chiens et aux vautours ; encore ne les lui montre-t-on qu’avec une excuse : Il combattait pour la patrie, ἀμυνόμενον περὶ πάτρης.
quelque part sur cet atome, etc. », il reste bien loin de ce morceau de l’auteur des Pensées : « Qu’est-ce qu’un homme dans l’infini ? […] » La Bruyère dit encore : « Il n’y a pour l’homme que trois événements : naître, vivre et mourir ; il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre. » Pascal fait mieux sentir notre néant : « Le dernier acte est toujours sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste.
. — Bon, répond-il j’ai beau avoir faim, il me reste assez de force pour lui creuser une tombe. […] Arrivé chez le chef, l’avare lui parle ainsi : « Chef, on m’a volé mon mil : il ne me reste rien pour nourrir ma femme et mes enfants.
Reste à savoir si ses expériences furent bien faites. […] Si un animal inventait le feu, il trouverait tout le reste. […] Le reste de sa vie n’est que somnambulisme. […] La nature reste injuste jusqu’au bout. […] Presque tout le reste est folie.
De sorte qu’il reste une petite incertitude. […] Je reste de la seconde. […] Il en reste le parfum. […] Un reste d’inclination, certes ! […] La question reste obscure.
De cela dépendra le reste. […] Voilà donc la direction officielle tout à fait mise à l’écart. — À sa place que reste-t-il ? […] En ceci comme dans le reste, il était désenchanté, et à la fin on le trouve dégoûté. […] Ingres reste bien loin derrière lui. […] Ils ont eu beau former et instruire leurs jeunes gens ; dans ces corps déjà si beaux, il reste des imperfections ; du moins il en reste pour un œil plus perçant.
Il nous reste à découvrir Sudermann. […] Reste à savoir si cet ornement est plaisant. […] Et dès lors, que reste-t-il ? […] Tu ne restes pas ? […] Au reste bonne femme, et très expérimentée.
Tibère, dissimulé surtout le reste, protégeait ouvertement les délateurs. […] Ainsi donc, reste. […] Reste cependant ; oh ! reste quelque temps. […] Mais il n’en reste pas moins un génie créateur.
Il reste trois ans seul avec son idée, habitant et voyageant dans son idée, parcourant les monts, les champs de bataille, buvant aux fleuves qui se rapportent à son idée. […] Il se trompe et doit se tromper à tout moment sur ces détails, sur le nez grec qu’il donne à Mme Roland et sur le reste. […] La dernière pièce, qui est une parodie des Tu et des Vous, reste tout à fait inintelligible. […] Mais il est toujours bon de flétrir en passant son adversaire ; il lui en reste quelque chose. […] » Au reste, ces opinions exprimées par Thiers ne sont curieuses et ne font autorité que pour témoigner de sa propre nature.
Est-ce qu’une commère comme Marthe, bavarde et sotte, est-ce qu’un ivrogne comme Frosch, braillard et sale, et le reste des magots hollandais sont indignes d’entrer dans un tableau ? […] Attendez, vous ne connaissez pas encore tout le venin du livre : à côté de Juan, il y a dona Julia, Haydée, Gulbeyaz, Dudu, et le reste. […] L’idée unique, le besoin présent, absorbe le reste : c’est en cela qu’une femme est femme. […] Encore une fois, que reste-t-il ? […] La réforme des idées finit par réformer le reste, et la lumière de l’esprit produit la sérénité du cœur.
S’il était reste le docile et aveugle serviteur de cette réaction mesquine, aucune opposition n’aurait réussi à l’ébranler. […] Ces sortes d’aperçus doivent être pris d’une façon très large ; on peut dire cependant que ce qui reste encore d’esprit militaire dans le monde est un fait germanique. […] Il est clair que tout ce qui reste de patriotisme français n’aura de longtemps qu’un objectif, regagner les provinces perdues. […] La conscience d’une nation réside dans la partie éclairée de la nation, laquelle entraîne et commande le reste. […] Si le pape reste dans Rome, capitale de l’Italie, les non-Italiens souffriront de voir leur chef spirituel ainsi subordonne à une nation particulière.
La science se trouve décapitée ; mais tout est pour le mieux, car la vie pratique s’améliore, et le dogme reste intact. […] Toutes tendent à devenir déductives ; toutes aspirent à se résumer en quelques propositions générales desquelles le reste puisse se déduire. […] 40 Tout problème a ses données accidentelles ou arbitraires : on en déduit le reste, mais on ne les déduit de rien. […] Nous considérons la substance, la force et tous les êtres métaphysiques des modernes comme un reste des entités scolastiques. […] Ou peut conclure que l’antécédent qui reste est lié au conséquent qui reste.
Ici, la bonne foi de l’historien reste intacte. […] Le reste suivra bientôt. […] On y plaça les restes du poète. […] On se doit à ce que l’on est et on le reste. […] Il y reste l’Ombre prépondérante.
Ce sont ces conditions qu’il nous reste à mieux déterminer. […] La parfumerie, elle aussi, est une sorte d’art, qui d’ailleurs reste bien au-dessous de la nature même. […] Rien de tel n’étant à craindre aujourd’hui, l’artiste peut faire bon marché de tout le reste. […] Par malheur ou par bonheur, l’invention reste toujours dans l’art la chose essentielle. […] Il reste à le grouper avec d’autres.
Il n’y a pas besoin au reste pour se plaire aux choses dont Weiss parle de les connaître à fond. […] Antoine reste là cloué à terre et comme pétrifié d’admiration. […] Elle n’a été exempte, dans ces dernières années, d’aucune des maladies morales qui travaillent le reste de l’Europe. […] Au reste, à partir de ce moment, les traductions se multiplient. […] En tout le reste, il suit presque servilement la traduction de Deyverdun.
Que reste-t-il, après cela ? Il reste l’homme, ses désirs, ses besoins.
Son existence dans le monde était finie depuis longtemps ; les traditions de sa société étaient dispersées et en faisaient fleurir de nouvelles ; la duchesse de Montausier, sa fille, était employée à la cour ; des honneurs de cour remplaçaient, dans ce reste de sa famille, les honneurs personnels que la marquise avait obtenus ; on ne connaissait plus qu’une gloire, celle qu’on tenait de la faveur de Louis XIV. […] Cette place de dame d’honneur attira à la suite à la duchesse de Montausier des imputations plus graves, qui eurent une fatale influence sur le reste de sa vie, dont elles abrégèrent la durée par mi profond chagrin.
Il ne reste donc plus qu’à adapter ces matériaux, toujours identiques à eux-mêmes, aux convenances des milieux, incessamment modifiés. […] Une dame, moins timorée que le reste, s’arrêtant devant l’Homme à la houx, formula hautement son impression. […] Le sujet est délicat, scabreux même, mais Diderot, bien que poussant assez loin les détails, reste dans les limites du convenable. […] Un simple littérateur, un lettré, en ce qui concerne le style quant au reste, c’est un observateur amateur ; tout le monde peut l’être. […] Zola, il nous reste à examiner le côté littéraire.
Mais au reste Louis Veuillot nous est tout à coup redevenu « actuel ». […] Quand on ne peut pas être un penseur, il reste d’être « un homme ». […] Personne, au reste, mieux que M. […] Son goût, lorsqu’il reste spontané, est à la fois très large et très pur. […] Reste donc l’Église.
Reste à savoir si l’humanité lui survivrait. […] Mais cela fait penser à tout ce qui fut détruit au cours des cent dernières années et dont il ne reste parfois qu’une médiocre gravure, dont il ne reste parfois rien qu’une ancienne description, moins encore, qu’une mention dédaigneuse. […] Il croyait en Dieu en disant sa messe et le reste du jour vénérait Épicure. […] Il nous reste cependant une liberté ; nous sommes libres d’inventer des motifs, libres de colorer à notre gré les actes où la nécessité nous incline. […] On croyait fermement, dans le reste de la France, que le Limousin était un pays de rustres, quasi de sauvages, et ce nom seul suffisait à faire rire.
il ne reste plus que Lamartine : Lamartine génie aisé et puissant, torrent d’harmonie, fleur d’amour, océan d’idéal. […] Entre trois poètes si excellents, s’il faut en laisser, je reste avec Raissac. […] Au reste les sonorités unies des cordes et des bois sont pour moi le charme suprême. […] Reste le jour d’Apollon : je le consacre à « Tous-les-autres » morts et vivants, peut-être même surtout à un vivant, mais je me tais, puisque la question n’est pas posée. […] Tout ceci m’inquiète peu, au reste, dans la sélection d’un poète.
Dumas qui, en un ou deux moments, avait pu sembler forcer la sienne, a bien plutôt, le reste du temps, donné à regretter qu’il en abusât en sens contraire par son trop de facilité à la répandre et à l’égarer dans des collaborations peu dignes de lui. […] Une fois le ton pris et accepté et applaudi, le reste passe ; le sujet a beau être scabreux, graveleux même : peu importe ! […] Une comédie pourtant qui ne roulerait au fond que sur une certaine plaisanterie physiologique et sur une aventure matérielle, serait classée par là même ; en amusant beaucoup, elle ne passerait jamais un étage secondaire ; un conte de La Fontaine reste un conte, et Sganarelle, bien que né d’un même père, n’est en rien cousin germain du Misanthrope.
D’abord, la disposition qu’il faut donner à son esprit pour admettre les dogmes de certaines religions, est souvent, en secret, pénible à celui qui, né avec une raison éclairée, s’est fait un devoir de ne s’en servir qu’à de telles conditions ; ramené, par intervalles, à douter de tout ce qui est contraire à la raison, il éprouve des scrupules de ses incertitudes, ou des regrets d’avoir tellement livré sa vie à ces incertitudes mêmes, qu’il faut ou s’avouer l’inutilité de son existence passée, ou dévouer encore ce qu’il en reste. […] Enfin, les affections du cœur qui sont inséparables du vrai, sont nécessairement dénaturées par les erreurs, de quelque genre qu’elles soient ; l’esprit ne se fausse pas seul, et quoiqu’il reste de bons mouvements qu’il ne peut pas détruire, ce qui dans le sentiment appartient à la réflexion est absolument égaré par toutes les exagérations, et plus particulièrement encore par celle de la dévotion ; elle isole en soi-même, et soumet jusqu’à la bonté à de certains principes qui en restreignent beaucoup l’application. Que serait-ce, si, quittant les idées nuancées, je parlais des exemples qu’il reste encore, d’intolérance superstitieuse, de piétisme, d’illumination, etc. de tous ces malheureux effets du vide de l’existence, de la lutte de l’homme contre le temps, de l’insuffisance de la vie ; les moralistes doivent seulement signaler la route qui conduit au dernier terme de l’erreur : tout le monde est frappé des inconvénients de l’excès, et personne ne pouvant se persuader qu’on en deviendra capable, l’on se regarde toujours comme étranger aux tableaux qu’on en pourrait lire.
Au reste c’est l’éternelle antinomie : l’exercice de la vertu suppose l’homme libre, et les doctrines qui marquent le plus haut degré de l’effort moral dans la vie de l’humanité, stoïcisme, calvinisme, jansénisme, sont celles qui théoriquement suppriment la liberté. […] Mais voici où il se différencie : il reste grave, décent, il ne rit pas, et il reste aussi raisonneur, savant, instructif.
Tout le reste est vanité et affliction d’esprit. […] La faiblesse de notre âge d’analyse ne permet pas cette haute unité ; la vie devient un métier, une profession ; il faut afficher le titre de poète, d’artiste ou de savant, se créer un petit monde où l’on vit à part, sans comprendre tout le reste et souvent en le niant. […] Le saint est celui qui consacre sa vie à ce grand idéal et déclare tout le reste inutile.
Une partie des gentilshommes, la moins honnête et la moins généreuse, reste à la cour. […] De toute cette belle vie flamboyante il ne reste pas même de la fumée ; elle s’est envolée. […] Il n’a plus d’or, mais il lui reste le soleil, cette richesse de ceux qui n’ont rien.
Au reste, le Prologue que lui adresse ici La Fontaine me paraît assez médiocre ; mais la petite historiette qui fait le sujet de cette prétendue fable, est très-agréablement contée. […] Au reste, elle est contée plus gaiment que l’autre. […] Au reste, des deux Apologues suivans, le premier, sans être excellent, me paraît beaucoup meilleur que l’autre.
Malgré le fléchissement des mœurs, l’abbé d’Olivet reste toujours, il est vrai, autant que Pélisson, l’homme de sa corporation littéraire, parlant d’elle devant elle, ce qui rappelle le mot si comique de Vernet dans le Père de la Débutante : « Ma fille, dites donc quelque chose de Monsieur à Monsieur ! […] Nous avons sous les yeux les catalogues des académiciens jusqu’à 1700, et ces catalogues ressemblent aux restes noirs d’un papier brûlé et consumé, sur lequel brillent encore çà et là deux ou trois étincelles. […] Les étincelles qui durent toujours, dans ce néant et dans cette cendre, c’est Corneille, La Fontaine, Racine, quatre à cinq noms, et le reste est destiné aux vents… Ludibria ventis !
L’esprit oriental n’est pas très compliqué… Mais faire l’Anglais, c’est-à-dire entrer, tout botté, dans l’originalité du peuple le plus original, le plus profond, le plus insulaire d’esprit, d’impression, de jugement, qui ait jamais existé ; pénétrer, pour se les assimiler un instant, dans les manières de sentir et d’exprimer d’une nation qui a jusqu’à une gaîté à elle, — laquelle ne ressemble à la gaîté de personne et dont le nom même est intraduisible, et reste, dans toutes les langues, de l’humour, — c’est là une chose qui demandait plus qu’une prodigieuse souplesse de talent. […] Mais, fonctionnaire trop vivant pour s’encadrer exactement dans sa fonction sans la dépasser jamais, et s’endormir quand elle est remplie, c’est en courant des Archives d’un département aux Archives d’un autre département qu’il nous a écrit son Dick Moon, ce Guide des voyageurs comme on n’en avait pas encore vu, ce livre de poste intellectuel dans lequel, à travers tant de choses, l’Érudition trotte et galope, légère, court vêtue, en petite veste, les houppes rouges au fouet qui claque et qui cingle, et ne s’était point vue en pareil costume et à pareille course, cette formidable cul-de-jatte d’Érudition, décente Callipyge qui d’ordinaire reste assise et qui n’a jamais enlevé sa base de plomb dans les airs ! […] Il regarde le dedans et le dehors, le dessous comme le dessus des choses, l’envers et l’endroit, la ville en ruines, la ville bâtie, la ville partie, la ville qui reste, la grande tournure des monuments, le profil des maisons, la rue, le visage des passants, le paysage, et jusqu’à l’air ambiant et la lumière dans lesquels tout vit, se tient ou se meut !
Le troisième jour, on mettait les restes de ces braves citoyens sur des chars ornés de branches de cyprès. […] Malheureusement il s’était trouvé à cette bataille, et il avait été entraîné dans la fuite par le reste des citoyens. […] Au reste il paraît que ce dernier discours ne fut pas prononcé.
Dans la Macédoine, près du mont Olympe, s’élevait une colonne avec un cippe de marbre, qui avait reçu, disait-on, les restes d’Orphée, tué près de ce lieu par les femmes de Thrace. […] Un pâtre, endormi sur sa tombe, s’était mis à chanter dans le sommeil ; et les bergers accourus pour l’entendre, ayant, de leur foule tumultueuse, renversé la colonne qui portait l’urne funèbre, le soleil avait vu les restes d’Orphée. […] Tel apparaît, dans quelques faibles restes, ce poëte antérieur à Pindare, mais qu’on ne peut nommer qu’après lui, par rapport à lui et dans d’imparfaites conjectures.
Le principe de tout cela est éternel : qu’importe le reste ? […] Mais toute science a son commencement et reste longtemps dans l’enfance. […] Il reste donc que nous nous adressions à une autre méthode. […] tout le reste n’est rien. […] Auprès des masses, les faits sont tout, le reste n’est rien.
Ce personnage de la nourrice était un reste de la comédie ancienne. […] Plusieurs fois elle lui dit de partir ; il croit lui obéir et reste toujours. […] que ce soit moi qui reste, et vous, mon père, sauvez-vous. […] Aussi ne reste-t-il pas longtemps sans rencontrer une bonne fortune. […] Vous reste-t-il encor quelque scrupule en l’âme ?
C’est, au reste, à la suite de ces deux épistolaires que vient se classer le chevalier et qu’il mérite d’avoir rang dans notre littérature. […] Il vous reste encore une habitude que vous avez prise en cette science, à ne juger de quoi que ce soit que par vos démonstrations, qui, le plus souvent, sont fausses. […] Au reste, ceux et surtout celles qui sont dignes d’avoir du goût y arrivent assez tôt, et de bien des manières. […] Que la composition y soit absente, que l’intention générale reste énigmatique, eh ! […] Ces maîtres me disoient que, si une fois on a le corps fait, le reste ne coûte plus guère.
. — En quoi il reste au-dessous de Molière. — Manque de philosophie supérieure et de gaieté comique. — Son imagination et sa fantaisie. — L’Entrepôt de nouvelles et la Fête de Cynthia […] Comment Jonson reste poëte jusque sur son lit de mort. […] Il est comme le joueur à demi ruiné, qui d’une main convulsive jette sur le tapis le reste de sa fortune. […] Fermez votre bouche, Ou j’en arracherai la seule dent qui y reste. […] Il a beau vieillir, son imagination, comme celle du Titien, reste abondante et fraîche.
Napoléon avait déjà 170 000 hommes cantonnés en Allemagne sous ses meilleurs lieutenants ; en vingt jours le reste est organisé et en route pour recevoir ou pour porter le premier coup à la Prusse. […] Thiers rétablit partout dans le reste de cette histoire l’équilibre et même la supériorité fréquente du génie des campagnes en faveur de Davout. […] Le corps d’armée d’Augereau reste presque tout entier dans la neige, écrasé par les batteries russes. Le reste de cette armée se replie en ordre sur le cimetière d’Eylau, comme pour se grouper et pour mourir autour de son empereur. […] Il ne discute plus, il impose à la Russie, devenue sa complice, et à la Prusse vaincue, des traités qui lui livrent le continent tout entier, à l’exception de ce qui reste à l’Autriche.
Au reste, par la suite tout ceci s’éclaircira. […] Placez un enfant au milieu de grandes montagnes, il reste insensible à ce spectacle, mais il voit un jouet avec plaisir. […] Mais, en se simplifiant, le procédé reste identique et consiste toujours à saisir des égalités. […] Le seul fait important qui reste encore à montrer, c’est l’harmonie qui subsiste entre ce résultat final et celui qu’atteint une science voisine. […] D’autres approuvent quelques-unes de ses principales doctrines, mais point le reste : ceux-là font une adhésion partielle.
En général, et à ne les considérer que d’après les points qui leur sont communs, ces doctrines de Mirabeau et des autres réformateurs aristocratiques ou monarchiques d’alors tendaient à opérer la réforme par en haut, pour éviter une révolution par en bas, à refaire, à relever après Louis XIV ce qu’il avait en grande partie détruit et nivelé sans parvenir à le simplifier définitivement : elles tendaient à remettre quelque peu les choses sur le pied et comme à partir de Louis XIII et de Henri IV, et à introduire dans l’État une constitution moyenne en accord à la fois avec les besoins nouveaux et avec les mœurs et les restes d’institutions de l’ancienne France. […] Serré de près dans ses retranchements, Vauvenargues répond et ne peut dissimuler quelques-unes des idées que nous lui savons sur et contre la littérature : Je n’ignore pas les avantages que donnent les bons commerces ; je les ai toujours fort souhaités, et je ne m’en cache point ; mais j’accorde moins que vous aux gens de lettres : je ne juge que sur leurs ouvrages, car j’avoue que je n’en connais point ; mais je vous dirai franchement, qu’ôtez quelques grands génies et quelques hommes originaux dont je respecte les noms, le reste ne m’impose pas. […] La correspondance est des plus actives et des plus engagées à ce moment ; Vauvenargues ne reste pas court, comme bien l’on pense. […] lui qui croit sentir mieux que Mirabeau ce que c’est que l’ambition et la grande, ce que c’est qu’être acteur tout de bon dans ce monde ; qui ne ferait pas fi de cette scène de la Cour s’il y était ; qui ne verrait dans ce Versailles même qu’un vaste champ ouvert à ses talents de toute sorte, y compris l’insinuation et le manège (l’honnête manège, comme il l’entend et dont il se pique avec un reste d’ingénuité), il éclate et tire le rideau de devant son cœur, par une admirable lettre, qui sera suivie de plusieurs autres pareilles ; de sorte que Mirabeau, arrivé en cela à ses fins, a raison de s’écrier : « Ne vous lassez pas de m’en écrire… Je vous aurai par morceaux, mon cher Vauvenargues, et quelque jour je vous montrerai tout entier à vous-même. » Ces lettres, en effet, qui sont mieux que des pages d’écrivain, manifestent l’âme même de l’homme, l’âme virile dans sa richesse première et à l’heure de son entrée en maturité. Il nous reste à les voir avec le détail qu’elles méritent, paraissant aujourd’hui pour la première fois. — Heureux âge de vingt-cinq ans qui permet et sollicite de tels épanchements entre égaux, qui ouvre un infini de perspective dans toutes les carrières, les montre plus simples et plus droites qu’elles ne sauraient jamais l’être à les parcourir en réalité ; qui, des oppositions même et des contrariétés du sort, sait tirer des combinaisons nouvelles, et se fraye en idée, par-delà l’obstacle, de plus belles routes inconnues !
Pas un instant d’intervalle, pas une ligne d’interstice, pas une maille brisée dans ce réseau : tout s’y prend, tout y reste, le gros, le médiocre, et jusqu’au plus menu ; tout est saisi à la fois ou tour à tour, et comparaît à la surface. […] Le mal, au reste, n’est pas bien grand pour ces sortes de génies, s’ils savent de bonne heure, abjurant l’apparence, se placer au point de vue du vrai, et il conviendrait de les féliciter, plutôt que de les plaindre, de cette obscurité prolongée où ils demeurent. […] Tout dévoués au réel, à l’effectif, au vrai, ils ne sont pas privés pour cela d’une manière de beauté et de bonheur ; beauté nue, rigide, sentencieuse, expressive sans mobilité, assez pareille au front vénérable qui réunit les traits sereins du calme et les traits profonds des souffrances ; bonheur rudement gagné, composé d’élévation et d’abstinence, inviolable à l’opinion, inaccessible aux penchants, porté longtemps comme un fardeau, pratiqué assidûment comme un devoir, et tenant presque en entier dans l’origine à cette âpre et douloureuse circoncision du cœur, dont on reste blessé pour la vie. […] Mais jugeant que la raison et la foi sont chez l’homme inconciliables et sans rapport réel, lisant dans l’histoire que la tradition révélée anathématise le reste, il oppose d’ordinaire une aversion un peu rancuneuse à la foi et à la tradition. […] Préoccupé du christianisme atrabilaire de Nicole, de Pascal et du xviiie siècle, qui range le très-petit nombre d’élus sur un pont étroit et dévoue le reste du monde à l’abîme du feu, il commet lui-même quelque chose d’analogue, sans y prendre garde ; il sépare le très-petit nombre de sages et de vérités, qu’il enferme dans l’arche de sa théosophie, délaissant l’humanité entière sur un océan d’erreurs, de rites bizarres et de vertiges : c’est moins cruel qu’une damnation, mais presque aussi contristant.
Au reste, il est précisément le contraire du Français. […] « D’abord, la nature du malheur n’étant pas parfaitement connue, cette question reste pour ainsi dire insoluble. […] Que celle-ci varie à l’infini : que l’un regrette un trône, l’autre une fortune, un troisième une place, un quatrième un abus : n’importe, l’effet reste le même pour tous. […] Il voit l’impératrice tombée faire un reproche touchant à la seule suivante qui lui reste, et qui elle-même l’abandonne ; il observe l’anxiété augmentant à chaque minute sur le visage de cette malheureuse princesse, qui dans une vaste solitude écoute attentivement le silence. […] Mon âme se dissoudra-t-elle avec le reste de ma poussière ?
Il nous suffira de saluer Olivier de Serres243, le gentilhomme protestant, qui ne céda qu’un instant aux passions de la guerre civile, et donna tout le reste de son existence à la culture de son domaine. […] Voici que décidément tout le technique de la théologie reste dehors. « Monsieur de Genève » Il fut aussi le vrai restaurateur de l’éloquence de la chaire. […] Au reste il écrit « à la vieille française », avec une belle furia, enjambant les obstacles de la syntaxe, forçant la phrase à le suivre par-dessus les barrières des règles, n’ayant souci que d’aller au but, et sans crainte de se casser le cou : toujours clair, toujours vif, toujours fort, il a des constructions troubles, incorrectes. incohérentes, étirées ou estropiées : que lui importe ? […] La France reste catholique, mais elle accepte des fils protestants. […] Il reste aussi chez les poètes des traces de pétrarquisme, mais nous sommes loin pourtant de Desportes.
Au lieu que le XVIIe tout imprégné de philosophie cartésienne, mettait l’homme à part de la nature, nous nous sommes replacés au milieu des choses ; nous nous sommes mieux saisis comme une partie intégrante et inséparable de l’univers visible ; nous nous sommes sentis mêlés à tout le reste par nos obscures et profondes origines, plus proches du monde des plantes et des animaux, plus proches de la terre dont nous sortons, et nous l’avons mieux aimée. […] Le sens du livre reste un peu obscur. Mais, au reste, tout ce que mon dessein m’oblige à signaler ici, c’est un je ne sais quoi dans le ton, une nuance, un rien, ce qui fait que c’est bien une « magistrature » que d’Artannes exerce sur sa jeune amie, et que la gravité du charmant directeur sent quelquefois la barrette du juge. […] La vieille demoiselle Geneviève Bourgeois, propriétaire d’un beau domaine acquis par plusieurs générations de fermiers, reste seule avec les deux enfants de son frère défunt, Gustave et Adèle. […] Et il reste aussi dans la mémoire, André Fleuse, le grand berger. « Le grand berger s’arrête au sommet de la colline… » C’est la silhouette entrevue par Sully Prudhomme : Dans sa grossière houppelande, Le pâtre, sur son grand bâton Penché, les mains sous le menton, Est ramant rêveur de la lande.
Enfin, les restes les plus anciens que l’on connaisse de la classe des mammifères, sont ceux des petits marsupiaux qui sont le type le plus inférieur de cette classe, tandis que le type le plus élevé, l’homme, est le plus récent. […] Il fait remarquer d’ailleurs que s’il y a en réalité des causes complexes, là où nous en avons parlé comme de causes simples, il reste cependant vrai que ces causes sont bien moins complexes que leurs résultats. […] Dans ce sujet purement scientifique, qui est hors de notre domaine, la conclusion nous importe ; je la traduis : « Si cette hypothèse rend compréhensible la genèse du système solaire et des autres systèmes sans nombre qui lui ressemblent, le dernier mystère reste aussi impénétrable. […] N’explique-t-on pas de même l’histoire par des interventions surnaturelles, par l’action prépondérante des grands hommes ; au lieu de comprendre que le grand homme ne peut que troubler, retarder ou aider l’évolution générale, mais que, prise dans sa totalité, elle reste en dehors de son atteinte. […] Après tout ce qui a été dit, le dernier mystère reste ce qu’il était.
Ce qui décide des grands succès pour les ouvrages d’imagination, c’est lorsque la création de l’auteur est telle, qu’une foule de contemporains, à la lecture, croient aussitôt s’y reconnaître : ils s’y reconnaissent d’abord par quelques traits essentiels qui les touchent, et ils finissent par s’y modeler pour le reste. […] Au reste, il aurait bien tort de se contraindre ; car ces deux femmes, dans les lettres qui suivent, vont entrer à leur tour dans ces détails de santé, non seulement avec intérêt et affection, mais avec importunité et harcèlement, jusqu’à discuter, par moments, les voies et moyens et les vices de conformation, comme feraient des chirurgiens et des anatomistes. […] » Je crois sentir, en un mot, dans ce style si régulier, si ferme, si admirable aux pages heureuses, un fond de prononciation âcre et forte, qui prend au gosier, un reste d’accent de province. […] Reste un article qui, à mon sens, tient assez à la personne pour qu’on en fasse mention, et que vous-même n’avez pas dédaigné : la façon de se mettre. […] Elle aspira à se faire une place et à laisser une empreinte dans son cœur, sans y parvenir ; mais que du moins son nom reste attaché à la renommée de celui qui si souvent la repoussa, et à qui elle se dévoua sans murmure ; qu’il lui soit donné (seule consolation qu’elle eût choisie) de vivre à jamais, comme une suivante, dans sa gloire !
Il était évident que chez lui l’esprit était plus délicat que le reste. […] Dans cette formation du parti libéral où il entrait alors tant d’éléments divers, Courier reste ce qu’il était de tout temps, le plus antibonapartiste possible, ennemi des grands gouvernants, se faisant l’avocat du paysan, l’homme de la commune, prêchant l’économie, parlant contre la manie des places, voulant de gouvernement le moins possible, faisant des sorties contre la Cour et les gens de cour toutes les fois qu’il y a lieu, méconnaissant ce qu’il y a eu de grand, d’utile, de nécessaire dans l’établissement des Louis XIV, des Richelieu, des grands directeurs de nations, disant en propres termes, pour son dernier mot et son idéal : « La nation enfin ferait marcher le gouvernement comme un cocher qu’on paie, et qui doit nous mener, non où il veut, ni comme il veut, mais où nous prétendons aller, et par le chemin qui nous convient » ; disant encore, et cette fois plus sensément : Il y a chez nous une classe moins élevée (que les courtisans), quoique mieux élevée, qui ne meurt pour personne, et qui, sans dévouement, fait tout ce qui se fait ; bâtit, cultive, fabrique autant qu’il est permis ; lit, médite, calcule, invente, perfectionne les arts, sait tout ce qu’on sait à présent, et sait aussi se battre, si se battre est une science. […] Cette légère incohérence du rôle, et que toute l’habileté du jeu ne saurait couvrir, se retrouve un peu dans l’expression même, qui reste sensiblement artificielle et sans une complète fusion ; style de campagnard manié par un docte. […] Il le sentait bien au reste ; dans son Pamphlet des pamphlets il a fait sa théorie tout à sa portée et à son usage ; mesurant la carrière à son haleine, il a posé en principe qu’il fallait faire court pour faire bien : La moindre lettre de Pascal, dit-il, était plus malaisée à faire que toute l’Encyclopédie… Il n’y a point de bonne pensée qu’on ne puisse expliquer en une feuille, et développer assez ; qui s’étend davantage, souvent ne s’entend guère, ou manque de loisir, comme dit l’autre, pour méditer et faire court. […] Cette reprise du procès, avec la solution finale, n’étant pas aussi connue que le reste, je résumerai les points incontestables.
Pour tout le reste, pour l’esprit et le ton, Grimm venait de faire ses preuves ; il avait gagné ses éperons en français : « De quoi s’avise donc ce Bohémien, disait Voltaire, d’avoir plus d’esprit que nous ? […] Dans les éloges qu’il lui prodigue, et toute part faite à l’amitié, il y a un reste de germanisme. […] En qualité de solitaire, nous confesse Rousseau, je suis plus sensible qu’un autre ; si j’ai quelque tort avec un ami qui vive dans le monde, il y songe un moment, et mille distractions le lui font oublier le reste de la journée ; mais rien ne me distrait sur les siens ; privé du sommeil, je m’en occupe durant la nuit entière ; seul à la promenade, je m’en occupe depuis que le soleil se lève jusqu’à ce qu’il se couche : mon cœur n’a pas un instant de relâche, et les duretés d’un ami me donnent dans un seul jour des années de douleurs. […] À cette époque où nous le voyons et où il est aux dernières années de sa jeunesse, sa froideur apparente cachait mal un reste d’ardeur intérieure, et sa fermeté n’ôtait rien à la délicatesse de ses sentiments. […] Mme d’Épinay, qui était surtout douée d’une droiture de sens fine et profonde, appréciait cette sûreté de tact à son prix : « Il ne me reste aucun doute lorsque M.
Au reste, ce travail de restauration, qui consiste à retrouver et à préserver la tradition philosophique, à sauver cet héritage successivement accru par les âges, mais trop souvent renversé et détruit par les révolutions et les réactions, les révoltes et les coups d’État, les anarchies et les dictatures (car les écoles passent par les mêmes crises que les États), ce travail conservateur et réparateur ne doit pas être confondu avec ce que l’on a de nos jours appelé l’éclectisme. […] Il y a d’ailleurs dans ce système quelque chose qui n’est pas expliqué : il reste toujours à savoir pourquoi certains hommes sont dans l’erreur. […] Au reste, que l’indifférence, la neutralité et le scepticisme puissent être souvent la fâcheuse conséquence d’une trop large manière de concevoir les choses, c’est ce qu’il serait difficile de nier. […] On peut donc affirmer qu’à l’heure qu’il est le système hégélien ne subsiste déjà plus à titre de système, et qu’il n’en reste que des débris épars et un certain esprit. […] Nous ne pouvons connaître que des parcelles de vérité, nous ne pouvons former que des synthèses partielles ; lors même que nous nous élevons jusqu’au premier principe, nous ne saisissons pas le lien qui l’unit à tout le reste.
Les deux crises financières de 1856 et 1857 ont fait le reste. […] Cette souscription, à l’exception d’un petit nombre de cœurs d’or dont les noms se confondront à jamais avec le mien, ayant été jusqu’ici dérisoire ou insuffisante, que me reste-t-il ? Il me reste l’option entre la ruine de mes créanciers ou un redoublement de travail. […] Les défiances et les soupçons entre le père et les enfants et des enfants entre eux, les haines implacables et l’oubli de tous les devoirs achèveront ce que le reste n’avait fait, pour ainsi dire, qu’ébaucher. […] Son successeur abdiqua comme lui l’empire, et, comme lui encore, il porta la tristesse jusqu’au tombeau et pleura le reste de ses jours.
Au reste, il n’est pas sûr que l’amour soit incompatible avec un petit reste au moins de sens critique. […] Il reste donc qu’elle soit naturelle et que M. […] Sceptique, pessimiste, nihiliste, on l’est quand on y pense : le reste du temps (et ce reste est presque toute la vie), eh bien ! […] Il reste que, pour M. […] Qu’on refuse tout le reste à M.
Paris reste plus fidèle à son rôle historique qu’il ne le semble. […] Il reste de l’opposition sous la République. […] Si les Français perdent rieur héritage, la France reste un héritage, et le Français figure, en Europe, le grand héritier. […] L’autorité du passé reste la matière rigide et résistante dont sont faits les cadres qui la commandent et l’utilisent. […] Et pourtant le socialisme reste ou doit rester un parti d’idées.
Ces restes de richesses, piquantes à retrouver sur les lieux, et qui sont comme des fleurs de plus qui les embaument, n’ont guère d’ailleurs d’application littéraire, et les écrivains du pays en profitent trop peu. […] Quant à la langue, on conçoit que l’effet de ces mélanges y reste plus sensible, et que, de tous ces styles continuellement versés et déteignant l’un sur l’autre, il résulte une couche superficielle un peu neutre, précisément ce style mixte que nous accusons. […] Mais, au milieu des jeux folâtres et au sortir du bain qu’il prend en s’ébattant dans une petite anse, voilà tout d’un coup qu’à la vue d’un débris, ou, pour parler net, d’une carcasse de cheval étendue sur le sable, l’idée obscure de la mort se pose à lui pour la première fois : un vague frisson l’a saisi pour tout le reste du jour. […] La femme reste sans protecteur ; il l’épouse, il devient père, il est heureux ; il écrit à son ami de Suisse, confident de ses anciennes douleurs : « Envoyez-moi donc vos bossus, nous leur trouverons femmes… » Ceci me choque. […] L’exécution générale du style, dans ce que j’appelle l’idylle, reste à la fois naturelle et neuve, pleine de particularités et d’accidents, riche d’accent et de couleur ; c’est un style dru, il sent son paysage.
On a remarqué que certaines natures poétiques, voluptueuses et sensibles, se flétrissent vite ; la première fleur passée, elles ne donnent qu’un fruit peu abondant, après quoi ce n’est plus qu’une écorce mince et sèche, à laquelle, s’il se peut, s’attache un reste de l’ancien parfum. […] il faut bien faire quelque chose de son talent, lorsqu’une fois on l’a développé ; il vous reste et vous sollicite, même après que la fraîcheur ou l’ardeur première du sentiment s’est dissipée ; car, tout poëte élégiaque l’a dû éprouver amèrement, ce n’est pas tant la vie qui est courte, c’est la jeunesse. […] Au reste, il m’a dit que les sites décrits par Saint-Pierre dans Paul et Virginie étaient faux ; mais Parny enviait Bernardin. […] Tu souris trop peu à nos amours que tant d’obstacles jaloux traversèrent ; tu y souris pourtant assez, ô Plaisir, pour que l’image en reste, au fond de mon cœur, pleinement couronnée. […] Reste pour moi le Dieu au front humide, à l’œil brillant, à la branche d’amandier.
Les deux élèves qui primaient sur tout le reste étaient un jeune homme de Chambéry, nommé Louis de Vignet, et moi. […] Au reste, elle était paresseuse, n’aimant pas à prendre la peine de montrer son esprit, et c’était une faveur qu’elle n’accordait pas à tout le monde. […] Au reste tout cela se faisait si simplement et si fort sans conséquence, que quand M. […] C’était le seul lien par lequel je tenais encore au reste des humains ! […] Vous voyez ce reste de treillage que j’ai négligé ; c’était alors une haie de houblon que j’entretenais avec soin et qui partageait le jardin en deux parties.
Hors du théâtre, le vers romantique chante : mais sa structure reste presque classique. […] L’image se développe, s’assimile tous les éléments qui peuvent la compléter, s’organise, devient une réalité vivante, qui reste le symbole d’une pensée profonde. […] Le seul bien qui me reste au monde Est d’avoir quelquefois pleuré. […] , 31 : par habitude, par tradition, le poète s’astreint à commencer et finir par une pensée : au reste les mots ne sont plus pour lui que des coideurs. […] Plusieurs des Orientales ne sont au reste que des Espagnoles : une même est une Espagnole de Paris (Fantômes).
Mais deux faits que j’ai observés jettent quelque lumière sur cette question, et, sans nul doute, il en reste nombre d’autres à découvrir. […] Outre ces divers moyens de dispersion, il ne faut pas oublier que, lorsqu’un étang ou un cours d’eau se forme pour la première fois sur une île récemment émergée, cette station aquatique reste longtemps inoccupée ; de sorte qu’une seule graine ou un seul œuf a toute chance de réussir à se développer. […] Il ne reste donc plus qu’à supposer que quelques-unes de ces espèces voyageuses se sont modifiées par sélection naturelle dans leur nouvelle patrie et d’après leur nouvelle situation : la présence de Chauves-Souris autochtones sur des îles nous sera ainsi expliquée avec l’absence des mammifères terrestres. […] Je ne nierai point qu’il ne reste encore beaucoup de questions à résoudre, et qu’il ne soit encore très difficile de comprendre comment plusieurs habitants des îles les plus éloignées ont pu atteindre leur patrie actuelle, qu’ils aient gardé la même forme spécifique ou qu’ils se soient modifiés depuis leur arrivée. […] Harcourt. » L’auteur a modifié une première fois ce passage et sa rectification a été insérée dans la première édition allemande et dans notre première édition française, qui portait : « Madère ne possède non plus qu’un seul oiseau particulier, que plusieurs regardent comme une simple variété ; mais aussi, etc. », le reste comme précédemment.
Dans la vieillesse, à mesure que l’existence physique s’éteint, l’homme illustré par ses talents voit s’accroître la vaste carrière de la célébrité ; le court avenir qui lui reste se confond aisément avec celui que la postérité lui prépare, et s’agrandit par cette compensation heureuse ; tout l’invite à se rappeler avec délices les époques les plus brillantes de son histoire, et peut-être l’habitude que l’on a de vivre, jointe à cette douce illusion, est-elle plus que suffisante dans ces derniers moments pour détourner l’idée importune et fatigante d’une mort prochaine. […] Dans l’Éloge de Lieutaud, de ce docteur peu avenant qui fait contraste aux grâces de Lorry, et qui avait gardé même à la Cour un reste d’esprit professorial, il le montre néanmoins habile. […] Sanchez était naturellement faible, non de cette faiblesse qui se prête aux impressions du vice et qui fait oublier la vertu, mais de celle qui se laisse accabler par le malheur et qui reste sans force au milieu de l’infortune. […] Dans le transport de la fièvre, il ne cessait de parler du Tribunal révolutionnaire ; il croyait voir Bailly, Lavoisier, tous ses amis immolés l’appeler sur l’échafaud : « Ce délire d’un mourant, a dit éloquemment Lémontey, montra au jour ce qu’était alors en France le sommeil des gens de bien. » Vicq d’Azyr est trop oublié, ou du moins, si son nom reste connu, ses ouvrages le sont trop peu.
Non, je ne crois pas que Dangeau, même en cet endroit, ait été si près de sourire ; on n’a jamais pris plus constamment au sérieux toutes ces puérilités majestueuses, qui avaient, au reste, leurs avantages, si on ne les avait poussées si à bout. […] Il donne beaucoup d’audiences, et travaille tout le reste du jour ; il s’est accoutumé à dicter et fait écrire à M. de Barbezieux, sous lui, toutes les lettres importantes qui regardent les affaires de la guerre. […] À une action, pendant le siège du château, il reste toujours à cheval à une demi-portée de mousquet de la place, et quelques gens sont blessés fort loin derrière lui. Valeur et politesse, discipline et humanité, l’impression qui nous reste de, tout cela, sans aller jusqu’à l’enthousiasme lyrique de Boileau, est celle de quelque chose de noble, d’honorable et de bien royal.
. ; mais il y a toujours une réserve sur certain chapitre ; elle ne professe certain vice que jusqu’à un certain point, et il faut, dit-elle, ne prendre mes discours qu’en bonne part ; « car mon souhait n’est que civil. » L’honneur, comme elle l’entend (et plus d’une femme l’entend comme elle), reste sauf. […] Au reste, toutes ces toilettes féminines se ressemblent fort. […] Je laisse de côté le reste de l’histoire connue. […] Jeanne d’Arc J’ai sincèrement à m’excuser auprès des savants éditeurs du Mystère du Siège d’Orléans pour le peu d’espace qu’il me reste à leur consacrer.
On reste dans ces classes un an, six mois ; dans les plus basses, moins longtemps que dans les hautes. […] On reste dans ces écoles illustres jusqu’à douze années en Allemagne, après quoi on va passer quatre années dans quelque université, et puis on est savant. […] Ces leçons particulières sont aussi une espèce de baromètre pour déterminer le mérite du préfet d’une classe : car lorsque ce préfet est sot ou paresseux, les parents ne sont pas assez dupes pour envoyer leurs enfants à ses leçons privées, et mon pédant reste sans pratique. […] Le tribunal, qui consulte ainsi la faculté (ou même les facultés de plusieurs universités sur le même procès), n’est pas obligé de suivre leur décision, il reste le maître de prononcer suivant ses principes et ses lumières ; mais dans les villes impériales, par exemple, où le magistrat est intéressé à convaincre ses sujets de la plus grande intégrité et impartialité dans l’administration de la justice, il s’en tient volontiers, et surtout dans les cas criminels, à la décision d’une faculté.
Au reste toute la littérature du temps prouve une extraordinaire sensibilité. […] Dans le reste cueillons le Coffre de fer ou le Juge de son crime ; le Château des Apennins ou les Mystères d’Udolphe ; et enfin la très célèbre Cœlina ou l’Enfant du Mystère, adaptation à la scène d’un roman de Ducray-Duminil. […] De tous ces livres aux appellations saugrenues et bizarres, il ne reste pourtant plus guère que le titre lorsque les modes sont passées. […] Le reste n’est qu’un ornement futile, mais qui, néanmoins, donne une indication quasiment infaillible sur l’esprit de l’auteur, le caractère du livre et la date de la publication.
Je me permettrai quelquefois d’évoquer l’esprit des traditions anciennes ; mais je suis loin, en cela comme en tout le reste, d’exiger une confiance aveugle ; car je n’ai point laborieusement étudié ces traditions : elles me sont apparues bien plus que je ne les ai cherchées ; je pourrais presque dire qu’elles se sont trouvées en moi. […] Le siècle se refuse à une doctrine imposée : les croyances sociales non seulement sont toutes ébranlées, mais ont péri ; il ne reste plus d’autre tradition que celle des mœurs, antique héritage de nos premiers aïeux. […] Au reste, l’impossibilité où est l’usurpation de pouvoir se consolider, et il n’est question ici que de cela, prouve en faveur des doctrines anciennes contre les doctrines nouvelles ; car l’utilité toute seule ne pourrait pas opérer les prodiges que l’on attend, et qui sont, en effet, nécessaires pour la stabilité des états. […] En effet, lorsque la Providence veut punir les hommes, elle semble leur enlever pour un temps la liberté dont ils abusèrent, et les placer en quelque sorte sous l’empire de la nécessité : alors paraît au milieu des peuples, ou le fléau de Dieu, ou l’homme du Destin ; mais aussitôt que cette mission redoutable est accomplie, le fléau de Dieu est brisé, l’homme du Destin reste sans pouvoir, les nations sont rendues à la liberté.
Au reste, les ennemis dont je me défie le plus, ne sont pas ceux dont le cœur reste attaché au roi George, et si on doit condamner leurs principes, on peut estimer leur caractère. […] Une telle allégorie est belle, sans doute ; mais le reste cache des vérités plus sublimes encore. […] « Il est vrai que ce peu de traits est excellent comme le reste de leurs ouvrages. […] Ses premiers regards tombaient sur les restes du grand homme dont la mémoire lui était confiée par la reconnaissance publique. […] Et c’est Apollonius qui, penché sur les restes de ce grand homme, déplore sa perte, et raconte ses vertus devant le peuple romain.
Ces deux cent cinquante pages qui composent la vie d’Abélard suffisent pour classer le livre de M. de Rémusat, quand même le reste serait aussi difficile à étudier qu’un traité de géométrie ou d’algèbre, et que la scolastique elle-même. […] Au reste tous les exilés en sont là, et, dès qu’on émigre, on ne voit plus les choses du dedans qu’avec une lorgnette toute particulière.
La vengeance et le dépit l’y poussaient plus qu’une ambition sérieuse : de beaux restes de roman venaient à la traverse ; la vie privée et sa douce paresse, par où il devait finir, l’appelaient déjà. […] Ce fut la fin à quoi lui servit tout le reste. […] J’y ai mis cet endroit qui vous est si sensible…, et je n’ai pas craint de le mettre parce que je suis assurée que vous ne le ferez pas imprimer quand même le reste vous plairoit. […] Elle fut conseillère, mais pas autre chose : La Rochefoucauld reste l’auteur tout entier de son œuvre. […] Des lieux cités, la moitié est à rabattre, une moitié seule reste divine.
Il recommande la vérité des caractères, le développement des passions, l’unité d’intérêt et de temps, sinon de lieu, enfin, la perfection des vers pour faire durer tout le reste. […] Mais encore faudrait-il que le reste de la pièce nous montrât Gengis-kan et Mahomet tels qu’ils sont ou tels que nous les imaginons. […] Quand le poète met en scène un personnage fameux, il éveille à la fois beaucoup de curiosité et quelque crainte ; on veut voir du grand, et l’on a peur que le poète ne reste au-dessous de ce qu’on attend. […] Il ne reste qu’un certain étonnement d’une invention si ingénieuse. […] Et puisque je me règle d’ordinaire, dans mes jugements, sur l’impression dernière, celle qui me reste, au moment où j’écris ces lignes, est une impression de fécondité, de variété et de vie.
Reste à réunir et à classer méthodiquement les matériaux ainsi vérifiés. […] La conclusion, dans la plupart des cas, c’est que l’affirmation reste anonyme. […] Il reste des cas douteux en grand nombre. […] Il reste encore à classer les faits de façon à en embrasser l’ensemble, il reste à chercher les rapports entre eux ; — ce sont les conclusions générales. […] La dernière question de l’histoire reste insoluble par les procédés historiques.
Jusqu’à nouvel ordre, la croyance chrétienne reste ici-bas notre meilleur, notre unique viatique. […] Que reste-t-il des hommes et des siècles évanouis ? […] Mais d’Annibal, qui n’a rien écrit ni rien fondé, que reste-t-il ? […] Le sonnet d’Arvers est l’unique chose qui reste de lui, et il durera autant que la langue française. […] Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Que m’en reste-t-il ? […] Au reste, M. […] Mais son vrai fond reste intact. […] Le reste, comme dans le roman. […] Le reste est à l’avenant.
C’était un reste des vieilles opinions, qui tenaient le commerce à déshonneur. […] Mais pourquoi semblent-ils encore manquer de vérité comme tout le reste ? […] reste sans parallèle. […] Reste encore ; il n’est pas encore nécessaire que tu me quittes. […] Mackenzie, ce qui reste maintenant à faire au nord est très peu de chose.