Si l’exercice même d’un seul bataillon ne vous transporte pas, si vous ne sentez pas la volonté de vous trouver partout, si vous y êtes distrait, si vous ne tremblez pas que la pluie n’empêche votre régiment de manœuvrer, donnez-y votre place à un jeune homme tel que je le veux : c’est celui qui sera fou de l’art des Maurice, et qui sera persuadé qu’il faut faire trois fois plus que son devoir pour le faire passablement.
Mais, retourné en Angleterre, il trouva un obstacle absolu dans la volonté paternelle, et, après une lutte pénible, il se résigna à son destin : « il soupira comme amant, et obéit comme fils79 ».
[NdA] Homère, avant La Fare, a fait dire à Paris répondant à son frère Hector qui lui reprochait sa beauté : « Ne me reproche point les dons aimables de Vénus : les dons brillants des dieux ne sont jamais à rejeter, car ils ne les accordent que parce qu’ils le veulent bien, et nul ne se les donnerait à volonté. » (Iliade, III, 64.)
Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin.
Avec une intelligence forte et un travail vigoureux, on pouvait sans doute tenir le grand chemin, parcourir la route entière des études classiques, et au plus vite, en toute hâte, se diriger encore à temps, si l’on en avait la volonté, vers les études spéciales, mathématiques et autres, qui ouvraient l’entrée des grandes écoles savantes ; mais la question alors était tout ou rien, et un faux pas au terme faisait échouer.
Que de puissants motifs à l’Académie pour vous choisir, et quel bonheur pour elle de pouvoir, en vous associant, satisfaire en même temps à la justice, à son inclination, et à la volonté de son Auguste Protecteur !
Elle avait de la philosophie dans le meilleur sens du mot, et, avec le sentiment de ce qu’elle était et la volonté de ne condescendre à rien d’indigne, elle souhaitait avant tout une vie sérieuse et tranquille, l’étude, les beaux-arts et la musique, les charmes de la société.
Elle a non seulement ses croyances fermes où elle se fonde, mais aussi ses superstitions flottantes qu’elle admet un peu à volonté : « Ils ne savent pas être heureux, dit-elle, ceux qui veulent tout comprendre. » N’allez pas vous figurer, en pensant à elle, ni une femme poëte, sentimentale et toujours dans l’attitude de la rêverie, ni une catholique raisonneuse et théologienne, ni une demoiselle châtelaine un peu haute ; si elle lit Platon, c’est bien souvent au coin du feu de la cuisine, et les jours de carnaval elle n’est pas chiche de retrousser ses manches pour faire des croustades.
L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta.
Après avoir disposé de tous ses effets pour acquitter ses dettes, le testateur ajoutait : « Mais comme il pourrait se trouver quelques créanciers qui ne seraient pas payés quand même on aura réparti le tout, dans ce cas, ma dernière volonté est qu’on vende mon corps aux chirurgiens le plus avantageusement qu’il sera possible, et que le produit en soit appliqué à la liquidation des dettes dont je suis comptable à la société ; de sorte que, si je n’ai pu me rendre utile pendant ma vie, je le sois au moins après ma mort. » Il faut entendre probablement par là que Vaugelas, depuis longtemps malade d’une tumeur vers la rate ou l’estomac, autorisa l’autopsie après sa mort.
Jamais puissance de la volonté ne se marqua mieux que dans toute la conduite et le manège divers de Victor-Amédée.
Ici l’on a une éloquente et passionnée réponse où Pompéa, comme une prêtresse égarée, évoque et rassemblé dans une idéale image toute la poésie et l’âme de sa jeunesse : « Je te dois tout, s’écrie-t-elle, le bien comme le mal ; pour être, j’ai attendu un signe de ta volonté, et tu m’as faite semblable à toi.
Elle n’était ni une pédante, ni une précieuse et un bas bleu, pas le moins du monde ; et bien qu’il y ait dans ce qu’elle a écrit et ce qu’on a sous les yeux des pages qui, à distance et avec un peu de mauvaise volonté, permettraient de juger d’elle autrement, je reste persuadé et je soutiens que ces taches ou ces roideurs ne sont pas essentielles, qu’elles n’allaient pas en elle jusqu’à affecter et gâter la femme vivante ; c’est de la littérature écrite imitée, un pli de la mode, rien de plus.
Il sut, dans le cas présent, exécuter les volontés impérieuses du maître sans faire d’éclat, et s’accommoder encore avec le marquis de Gonzague, de manière à sauver quelque apparence et à ménager sa délicatesse.
Les volontés de Dieu ne sont pas les nôtres.
Le ministre de la guerre d’Argenson, dans une lettre au maréchal de Saxe, du 9 septembre 1746, approuvait ce choix de Lœwendal en des termes faits pour ménager l’amour-propre du comte de Clermont : « Sa Majesté a aussi approuvé le choix que vous avez fait de M. le comte de Lœwendal, pour faire sous ce Prince le détail du siège, et pour le soulager, autant qu’il sera possible, dans les soins pénibles auxquels sa volonté le porterait à se livrer tout entier, mais que son état de convalescence ne peut ni ne doit lui permettre. » 35.
remy, qui, jeune, ne trouva pas à ouvrir sa voie dans les tentatives d’alors, et qui dissipa ses premiers efforts dans les conceptions les plus hasardées, fit preuve, à un certain moment, d’une volonté forte et d’un bien rare courage : il rompit brusquement avec cette imagination qui ne lui répondait pas, avec ce passé qu’il avait fini par réprouver ; il aborda les études sévères, les hautes sources du savoir et du goût, et il en sortit après plusieurs années comme régénéré.
Quant à Mme de Souza, récompensée par le glorieux sourire, elle aime à citer cet exemple pour preuve que l’habitude du monde et de laisser naître ses pensées les fait toujours venir à propos : « car, dit-elle, cette réponse s’était échappée si à part de ma volonté et presque de mon esprit, que je fus tentée de me retourner aussitôt pour voir si personne ne me l’avait soufflée. »
C’est pourquoi il s’est élevé, superbe en sa hauteur, beau en sa verdure, étendu en ses branches, fertile en ses rejetons ; les oiseaux faisaient leurs nids sur ses branches ; les familles de ses domestiques, les peuples se mettaient à couvert sous son ombre. » Ailleurs Bossuet compare l’homme à un édifice ruiné, et ajoute : « Il est tombé en ruine par sa volonté dépravée », ce qui ne peut se dire d’un édifice et déplaît à Condillac.
Rabusson veut-il nous faire entendre qu’aux heures mêmes où son héros déploie, le plus de volonté, il subit encore des impulsions irrésistibles et cachées et reste passif en pleine action ?
Son impuissance est surtout physique. « Il s’énervait, ne voyait plus, n’exécutait plus, en arrivait à une véritable paralysie de la volonté.
Que fait le poète, en effet, que fait tout artiste, et que font en général tous les hommes, sinon substituer continuellement le sensible aux conceptions pures, ou en d’autres termes saisir des rapports et leur substituer des rapports identiques pris dans un autre ordre d’idées, de même que le géomètre substitue à volonté des nombres aux surfaces, des surfaces aux nombres ?
Jésus n’eut ni dogmes, ni système, mais une résolution personnelle fixe, qui, ayant dépassé en intensité toute autre volonté créée, dirige encore à l’heure qu’il est les destinées de l’humanité.
Vous méprisez notre « paganisme philosophique » qui, oubliant le centre unique de notre âme, se perd dans la divergence inexpliquée des rayons et ne sait, grotesque collectionneur, que classer et étiqueter « les phénomènes de la volonté, de l’amour, de la mémoire ».
Est-ce ainsi qu’est ta volonté ?
La gronderie du père, la câlinerie de l’enfant, sa ferme volonté de ne plus lâcher prise et d’être du voyage, tous ces riens sont retracés au vif et relevés de mille grâces.
Il avait terminé l’un des livres de ses Fables par ces vers, qui pourraient être plus forts d’expression, mais qui sont pleins de sentiment et de philosophie, et qu’il a intitulés Le Voyage : Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain, où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s’endormir, On appelle cela naître, vivre et mourir : La volonté de Dieu soit faite !
Il vaudrait mieux ne songer qu’à la guerre, à vaincre les ennemis, et penser qu’en le faisant, on suit la volonté de Dieu.
Elle a la volonté, la précision, l’enthousiasme, l’attention profonde, la pénétration, la finesse, la force, la patience d’enchaînement, le guet permanent du phénomène, l’ardeur du progrès, et jusqu’à des accès de bravoure.
Si ce n’était un devoir impérieux de respecter dans leur intégralité (aussi bien que ses volontés dernières) les dernières appréciations d’un mourant, l’auteur eût supprimé ce passage évidemment injuste.
Eux qui sont doués du pouvoir de procurer aux hommes tant de choses par une simple manifestation de leur volonté ne doivent pas se donner beaucoup de peine pour faire produire la terre.
Poète par fréquentation et par besoin de se faire remarquer, plus que par tempérament, il n’a aucune idée générale de coordination et de synthèse : il subordonne tout à ses volontés, à ses appétits.
Depuis plus de trente ans, Édelestand du Méril — un bénédictin solitaire — dépense une volonté et une intelligence de premier ordre dans le fossé de l’érudition, dont malheureusement il n’est jamais sorti ; et quand j’écris « malheureusement », je l’écris moins pour lui que pour nous, — les idolâtres de l’esprit, sans aucune conversion possible !
Or, à l’exception de quelques poètes — exception partout — emportés par cette belle démence dont parle Shakespeare, et dont le génie traîne la volonté après soi, comme le cheval sauvage traîna Brunehault, la littérature désintéressée a toujours fort peu existé en Angleterre, dans ce pays de l’intérêt dont Bentham a théorisé les pratiques ; et Macaulay eut l’ambition de son pays.
Il conclut à la faire entrer dans le désir et la volonté de l’homme, qui doit vouloir l’achèvement de son être et sa rentrée, par la souffrance, dans l’Infini qui sera sa béatitude… Effort, travail, souffrance, voilà la loi.
Seulement, comme ceux-là qui regrettent le mal accompli, lorsqu’il est irréparable, Brizeux, à qui l’Italie ne donna pas de facultés nouvelles, voulut revenir une dernière fois aux inspirations premières de sa jeunesse, et le poème de Primel et Nola marqua cette volonté du retour.
d’un parti pris aussi mesquin que celui de la volonté d’un gringalet littéraire qui s’est inoculé dans les veines une goutte d’impiété pour faire son petit effet contre Dieu.
il y a une grande injustice à composer une Histoire de la Littérature française sous la Restauration avec des hommes et des œuvres qui ont appartenu à l’Empire et à la première révolution ; il y a une injustice non moins grande à écrire une Histoire de la Littérature française sous la Restauration avec des œuvres, avec des hommes, avec des passions, des instincts et des volontés qui ont appartenu à la révolution de Juillet. […] Enfin, quel catalogue à écrire, la liste officielle de tous ceux qui, pendant dix-huit ans (le règne du roi Louis-Philippe), ont dominé, par leur volonté ou par les grâces éloquentes de leur esprit, cette nation vouée à toutes les puissances de la parole écrite et parlée ! […] Quel intérêt, d’ailleurs, puis-je porter à cette statue de marbre, à cette volonté de fer ? […] Non, contrairement aux clameurs de l’école, le destin n’est pas le maître des choses humaines ; non, la nécessité n’est pas la maîtresse souveraine : elle a des comptes à régler avec la volonté du héros qu’elle frappe, et qui la peut dominer par son courage, par sa constance, par sa vertu. […] Ceci est une bataille à livrer chaque jour contre toutes les volontés du pouvoir, contre tous les caprices de la multitude.
Tous dans l’état de nature ont la volonté de nuire… L’homme est un loup pour l’homme… L’état de nature est la guerre, non pas simple, mais de tous contre tous, et par essence cette guerre est éternelle. […] Je n’en puis faire à moi-même, puisque c’est ma volonté que je fais, ni aux hommes, puisque tout ce qu’ils ont est à moi. […] Telle pièce est sur le thé, telle autre sur un portrait de la reine : il faut bien faire sa cour ; d’ailleurs « Sa Majesté a commandé les vers. » Une dame lui fait cadeau d’une plume d’argent, vite un remercîment rimé ; une autre peut dormir à volonté, vite un couplet enjoué ; un faux bruit se répand qu’elle vient de se faire peindre, vite des stances sur cette grosse affaire. […] je ne me marierai jamais que je ne sois sûre d’abord de faire ma volonté et mon plaisir. […] Il y a en lui un trop fort courant d’attention et de volonté pour qu’il puisse s’employer à porter des bagatelles ; il lui faut quelque lourd travail utile qui dépense sa force.
Écrire, pour beaucoup de gens qui n’ont pas la volonté de se débarrasser des maladresses de la vanité, c’est être sur des planches et parader. — Rien n’est plus fâcheux que ces mascarades, toujours accompagnées de musiques, de lampions, d’affiches-puffs, de tout le cortège des théâtres, qui attirent le public, l’étourdissent et le renvoient las et dégoûté de ce bruit inutile. […] Il faut une grande science et une grande volonté pour faire un retour sur soi-même, pour se débarrasser des préjugés, des appréciations toutes faites ; et ce n’est que libre de tout préjugé qu’on apprécie sainement. […] La mode a toujours eu et aura toujours son heure de succès, mais à la fin la vérité l’emporte et a seule les applaudissements de la postérité. » « Il persista, dit un traducteur, dans la volonté de peindre la nature comme il la voyait : on ne le comprit point d’abord, vingt-deux ans plus tard il était célèbre et professait officiellement. » « Je sais que l’exécution de mes peintures est singulière, mais j’aime cette règle de Sterne : Ne prenez aucun souci des dogmes des écoles, et allez droit au cœur comme vous pourrez. » Steele parle d’un auteur qui prétendait faire une révolution dans la littérature en décrivant les choses telles qu’elles sont. […] ») « La manière attire par degrés : pour s’en défendre, il faut se maintenir avec une volonté persévérante dans l’observation attentive et continuelle de la nature. […] Les réalistes commencent déjà à lancer convenablement une boule et à lui faire décrire à volonté quelques courbes redoutables.
En ce temps de suffrage universel, de conduite des affaires et de gouvernement du pays par tous les citoyens, jamais, jamais, la volonté d’un seul, qu’il soit Favre ou Thiers, n’aura disposé plus despotiquement des destinées de la France, et dans une ignorance plus entière de tous ses citoyens, sur tout ce qui se passe, sur tout ce qui se fait en leur nom. […] Le passage est encore libre, à la rigueur, mais je n’ai pas la volonté de m’en aller. […] Je songe à ma vocation de peintre, à ma vocation d’élève de l’école des chartes, brisées plus tard par la volonté de ma mère. […] La princesse est dans une grande irrésolution sur le parti à prendre, en l’incertitude des choses, et cette irrésolution, pour un esprit si décidé, une volonté si arrêtée, c’est presque de la souffrance. […] 5 décembre Enfermé chez moi par le rhume, dans la bibliothèque toute nouvellement faite, et où je viens de ranger mes livres, je sens rentrer en moi le désir et la volonté du travail.
Mais nous soutenons que les langues se sont perfectionnées en perdant peu à peu leurs onomatopées et leurs symboles ; ce sont là des signes provisoires et de valeur médiocre ; le signe proprement dit, le signe parfait, est celui qui est un signe et rien autre chose, celui qui n’a de rapport avec la chose signifiée que par la volonté arbitraire de ceux qui s’en servent. […] Mais dans un groupe restreint, individuel, une image ne peut-elle pas jouer par rapport aux autres le rôle de signe, et cela naturellement, sans intention significatrice de notre part, sans que l’intervention de la volonté mentale ait changé l’importance relative des images composantes ? […] Une préférence habituelle de l’esprit peut donner cette prééminence à une image qui, naturellement, resterait au second plan ; mais, si la volonté mentale n’intervient pas c’est l’image visuelle qui, le plus souvent, se présente en tête et en avant du groupe275 [§ 1].
C’est toi seul que je désire, ce n’est rien de ce que tu pouvais donner ; ce n’est point un mariage, une dot ; je n’ai jamais songé à faire mon plaisir ou ma volonté, tu le sais bien, mais la tienne. » Puis des mots passionnés, de vrais mots d’amour1105 ; puis ces mots si libres de la pénitente qui dit tout, qui ose tout, parce qu’elle veut guérir, parce qu’il faut montrer au confesseur sa plaie, même la plus honteuse, peut-être aussi parce que dans l’extrême angoisse, comme dans l’accouchement, la pudeur s’en va. […] Il y montre que Dieu a fait tout pour le mieux, que l’homme est borné et ne doit pas juger Dieu, que nos passions et nos imperfections servent au bien général et aux desseins de la Providence, que le bonheur est dans la vertu et dans la soumission aux volontés divines.
Mais la Providence et la volonté de Dieu ont ordonné les choses de façon qu’il faut que de nouveau je me résigne à la dure nécessité de donner des leçons, et cela dans une ville où la peine est si mal payée qu’on ne peut en tirer de quoi s’entretenir soi et les siens ; et, malgré cela, il faut être content et s’exténuer à parler pour encaisser du moins quelque chose au bout du mois. […] — C’est ce que j’ai bien vu, et je me suis abandonné à la volonté divine.
Ces philosophes, trop peu instruits, ont cherché à définir le mouvement dans l’âme, comme ils le définissaient dans l’univers, ne voyant pas que dans l’âme (l’âme humaine sans doute, malgré ce qu’en a dit plus haut Aristote), le mouvement tient surtout à cette force qu’on appelle la volonté et la pensée. […] « Le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté… De là… l’extrême différence du corps et de l’âme, parce qu’il n’y a rien de plus différent de celui qui se sert de quelque chose, que la chose même dont il se sert. » Bossuet, Connaissance de Dieu et de soi-même, page 73, a, éd. de 1836.
C’est bien faire ce qu’on fait quand on songe plus à procurer le bien commun qu’à satisfaire sa volonté. […] Ses causeries du Journal nous le montrent baguenaudant à travers sa bonne ville, se mêlant volontiers au populaire, attendri et frondeur, excusant les misérables, sévère aux bourgeois et aux politiciens, paternel aux jeunes gens, évangélique jusqu’à la plus noble imprudence, et conciliant cet évangélisme avec le culte du grand Empereur, qui n’est, chez lui, que le culte de l’effort et de la volonté héroïque ; saluant un vague bon Dieu, célébrant le printemps et sa mie, se racontant lui-même avec une bonhomie charmante ; d’ailleurs artiste toujours soigneux, mais, autant qu’artiste, brave homme.
Le problème n’est ni plus ni moins que ce problème redoutable : la démocratie deviendra-t-elle une réalité par l’existence d’un peuple vraiment libre qui élève ses propres besoins en élevant son intelligence et sa volonté ? […] Je crois cependant que les difficultés que vous aurez à vaincre seront si graves, que votre volonté et l’autorité de votre Revue et de votre talent suffiront à peine pour les vaincre.
La manifestation du premier mai fait causer du mouvement nihilo-socialiste actuel, où il n’y a aucun plan de reconstitution d’une nouvelle société, mais où il n’y a que la volonté de faire table rase de la vieille, et laisser la nouvelle se faire toute seule. […] Callias, il nous le montre sale, dégoûtant, comme si on l’avait ramassé dans le ruisseau, ivre à tomber, et cependant se tenant par la force de la volonté, en équilibre sur le bord du trottoir, sans jamais dévaler sur la chaussée, et toujours occupé à attacher à sa boutonnière une fleur fanée, un brin de verdure, un légume ramassé dans les ordures.
Mélange incroyable d’enthousiasme et de mépris, de volontés et d’obéissance ; un assemblage de paradoxes ; une réunion de vérités ; si active à concevoir, si lente à exécuter ce qu’elle a conçu ! […] Elle annonça cette triste nouvelle à ses amis, d’une voix calme et résignée, sans emphase et sans éclat, tout simplement, si bien qu’il était facile de comprendre que sa volonté était irrévocable.
Une pensée se présente naturellement dans l’étude de cette maladie religieuse de Cowper : c’est qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’entre un Dieu si puissant et si mystérieux jusque dans ses miséricordes et la créature si prosternée, il eût su voir encore, et se donner quelques points d’appui rassurants, soit dans une Église visible ayant pour cela autorité et pouvoir, soit dans des intercesseurs amis comme le sont pour des âmes pieuses la Vierge et les saints ; mais, lancé seul, comme il l’était, sur cet océan insondable des tempêtes et des volontés divines, le vertige le prenait malgré lui, et il avait beau adorer l’arbre du salut, il ne pouvait croire, pilote tremblant et timide, qu’il ne fût point voué à un inévitable naufrage.
Balzac avait précédé Voiture dans la réputation et aussi dans l’art d’écrire ; l’invention en tout est chose si rare, si peu à la volonté de chacun, que même lorsqu’elle ne porte que sur la forme, il faut en savoir un gré infini à ceux qu’elle a une fois visités.
Bref, et comme on l’a vu par le récit deRohan, après la défaite de Soubise en l’île de Ré, la paix se fit, mais non pas telle tout à fait que Rohan se plaît à le dire : le cardinal sans doute, sachant bien « que toute la prudence politique ne consiste qu’à prendre l’occasion la plus avantageuse qu’il se peut de faire ce qu’on veut », et sentant que les grandes et diverses affaires que le roi avait pour lors sur les bras ajournaient plus ou moins cette occasion, dissimula et laissa croire aux réformés qu’il ne leur était pas un irréconciliable adversaire : « Car ce faisant, dit-il, il avait moyen d’attendre plus commodément le temps de les réduire aux termes où tous sujets doivent être en un État, c’est-à-dire de ne pouvoir faire aucun corps séparé et indépendant des volontés de leur souverain. » Toutefois, par ce traité du 5 février 1626, le roi, déjà plus roi qu’auparavant, donnait la paix à ses sujets et ne la recevait pas ; et, du côté de La Rochelle expressément, il se réservait le fort Louis comme une citadelle ayant prise sur la ville, et les îles de Ré et d’Oléron comme deux autres places « qui n’en formaient pas une mauvaise circonvallation ».
Mes goûts, mon caractère, ma conduite, mes volontés, mes passions, tout était décidé avant moi ; mon cœur, mon esprit et mon tempérament ont été faits ensemble, sans que j’y aie rien pu, et, dans leur assortiment, on aurait pu voir ma pauvre santé, mes faiblesses, mes erreurs, avant qu’elles fussent formées, si l’on avait eu de bons yeux.
L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné à un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. » S’il est vrai qu’il y eut une lutte dans le cœur de la jeune fille, et un sacrifice pénible à consommer pour obéir à la décision de son père, si cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage, en flétrissant du premier jour l’avenir, la jeta par volonté et de parti pris dans les voies austères du devoir et de la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans ce passage du livre de M. de Falloux.
Chaque chartreux avait devant lui un pot d’étain, d’une pinte, rempli de bière, un autre de même dimension, rempli de vin de Champagne ordinaire, et une bouteille cachetée de vin vieux ; et ce qu’il ne buvait pas était porté par les frères lais dans le tour placé à côté de la porte de la cellule ; on servait à chacun une tranche d’esturgeon d’une livre, du poisson de rivière en pareille quantité, une omelette de six œufs, du pain frais à volonté, du fromage et les plus beaux fruits.
Il semble que cet esprit distingué, armé des deux mains et adroit à volonté, qui peut choisir dans ses moyens d’expression, se soit dédoublé à dessein de bonne heure, et qu’il se soit dit : « Je ne puis tout exprimer avec mon pinceau, je ne puis tout rendre avec ma plume ; atteignons d’un côté ce qui nécessairement nous échappe en partie de l’autre ; complétons-nous, sans nous répéter.
Les événements s’accélérant chaque jour et le péril croissant, la reine fut bientôt obligée d’être sérieuse, de peser des résolutions graves, de se former un avis sur le mode d’agir, d’avoir enfin de la décision et de la volonté pour deux : ici s’ouvre tout une autre vie pour elle, et elle suffit avec noblesse à ce second personnage qui put et dut commettre bien des fautes, mais qui ceignit la couronne d’épines, épuisa tous les calices et porta sa croix jusqu’au martyre.
» La guerre était décidée ; Catinat, qui n’a que son objet en vue, qui n’a d’yeux que par Louis XIV et par Louvois, s’en réjouit ; il écrivait, dès le 14 avril : « Toutes les allées et venues des ambassadeurs suisses n’ont point eu de succès ; le prince ne les écoute plus que pour leur dire que sa volonté paraît par son dernier édit.
La volonté chez la plupart des hommes est sujette à se rouiller avant l’intelligence, et celle-ci me demeurant des plus nettes et des plus lucides.
Necker qu’il me reproche d’avoir déprécié en disant qu’avec tout son esprit et sa fine intelligence il était, par son indécision et son peu de volonté, « le contraire d’un pilote dans une tempête. » J’aurais trop beau jeu vraiment à me justifier et à répliquer.
Je vous embrasse tendrement ; ne me croyez pas fâchée, mais touchée et occupée de votre bien-être. (30 septembre 1774.) » A un moment elle ne craint pas, elle, l’illustre Marie-Thérèse, de se comparer a ce triste et médiocre trio de Mesdames qui, avec leur vertu, jouaient un si pauvre rôle, et dont elle craignait la mauvaise influence sur sa fille : « Ce qui m’a fait de la peine et m’a convaincue de votre peu de volonté de vous corriger, c’est le silence entier sur le chapitre de vos tantes, ce qui était pourtant le point essentiel de ma lettre, et ce qui est cause de tous vos faux pas… Est-ce que mes conseils, ma tendresse, méritent moins de retour que la leur ?
Nommez celui qui, avec la même volonté que moi, est dans une meilleure position pour agir.
Tout est entre vos mains, le conseil et la force, la volonté et l’exécution.
Mais la volonté absolue, qui allait se briser contre la nature du Nord, n’aimait pas qu’on lui représentât ce qui en était, ni qu’on l’avertît trop de ce qui contrariait ses desseins.
Elle attribue beaucoup, pour l’inspiration élégiaque des Latins, aux obstacles que rencontrait l’amant dans la situation sociale de la femme, obstacles qui ne pouvaient être écartés que par elle ; elle ajoutaït en finissant : « S’il se trouvait donc un individu dont le sort, en aimant, dépendit absolument de la volonté, des désirs, des penchants d’un autre, sans qu’il lui fût permis de rien faire pour se le rendre favorable ; dont tous les sentiments éternellement réprimés se consumassent en souhaits inutiles, n’aurait-il pas un grand avantage pour la peinture des agitations du cœur ?
Il s’attachait aux faits, interrogeait les voyageurs, s’enquérait des coutumes sauvages comme des anecdotes les plus civilisées ; s’intéressait à la forme d’une dague ou d’une liane, à la couleur d’un fruit, aux ingrédients d’un breuvage ; il rétrogradait sans répugnance et avec une nerveuse souplesse d’imagination aux mœurs antérieures, se faisait à volonté Espagnol, Corse, Illyrien, Africain, et de nos jours choisissait de préférence les curiosités rares, les singularités de passions, les cas étranges, débris de ces mœurs premières et qui ressortent avec le plus de saillie du milieu de notre époque blasée et nivelée ; des adultères, des duels, des coups de poignard, de bons scandales à notre morale d’étiquette.
Par malheur, il n’admettait à aucun degré l’indépendance de la pensée, et il oubliait que le talent n’est pas un vernis qu’on commande sur la toile à volonté ; il faut que tout le tableau ressorte du même fond.
Mais, cette fois, sa fierté vaincue céda aux sentiments affectueux, et il appela auprès de son lit de mort l’artiste éminent et bon, qui, durant les six semaines finales, lui prodigua d’assidus témoignages, recueillit ses paroles fiévreuses et transmit ses volontés dernières.
Rien n’aurait donc paru plus singulier que de chercher à rendre ridicule un ordre politique entièrement dépendant de la volonté générale.
» — « Le paysan annonce sans cesse que le pillage et la destruction qu’il fait sont conformes à la volonté du roi. » — Un peu plus tard, en Auvergne, les paysans qui brûlent les châteaux montreront « beaucoup de répugnance » à maltraiter ainsi « d’aussi bons seigneurs » ; mais ils allégueront que « l’ordre est impératif, ils ont des avis que « Sa Majesté le veut ainsi743 » À Lyon, quand les cabaretiers de la ville et les paysans des environs passent sur le corps des douaniers, ils sont bien convaincus que le roi a pour trois jours suspendu les droits d’entrée744 Autant leur imagination est grande, autant leur vue est courte. « Du pain, plus de redevances, ni de taxes », c’est le cri unique, le cri du besoin, et le besoin exaspéré fonce en avant comme un animal affolé.
Mais si, après les sueurs, les labours, les agitations et les lassitudes de la journée humaine, la volonté de Dieu me destinait un long soir d’inaction, de repos, de sérénité avant la nuit, je sens que je redeviendrais volontiers à la fin de mes jours ce que je fus au commencement : un poëte, un adorateur, un chantre de la création.
Il compose avec infiniment de sagacité et d’originalité les deux milieux, dont les pressions, agissant tantôt dans le même sens et plus souvent en sens contraire, produisent les humeurs, les volontés, les actes : le milieu moral, éducation, société, profession, et le milieu physique, où Montesquieu distingue comme facteur principal le climat.
C’est que, cette émotion, l’artiste voudrait la ressusciter à sa volonté.
C’est que, cette émotion, l’artiste voudrait la ressusciter à sa volonté.
Il est difficile de dire combien les choses scientifiques en passant ainsi de main en main, et s’écartant de leur source première, s’altèrent et se défaçonnent, sans mauvaise volonté de la part de ceux qui les empruntent.
Les faits où l’on croit voir des interventions de volontés particulières, supérieures à l’homme et à la nature, disparaissent à mesure qu’on les serre de plus près.
Une œuvre est belle moralement, quand elle montre et par conséquent suggère le triomphe du devoir sur un désir mauvais, de la volonté raisonnable sur les appétits grossiers ; quand elle inspire l’horreur d’un vice comme l’hypocrisie ou l’avarice ; quand elle pousse au dévouement, au sacrifice ; quand elle combat l’injustice, la misère, l’égoïsme.
Tu es le chef souverain qui commande à l’autel et au foyer, tu es seul dans ta volonté, tu sièges seul sur le trône d’où tu régis toute chose !
Elle croit qu’elle aime encore M. de Mora, et qu’elle peut arrêter, immoler à volonté le nouveau sentiment qui la détache et l’entraîne loin de lui.
Mais cette libre et forte disposition de la pensée aux ordres de la volonté, n’est le propre que des grands ou des très bons esprits.
J’ai pour moi la parole directe et l’ordre du grand Jupiter : c’est le seul Dieu dont la volonté compte.
Il excellait à prendre pour un temps et à volonté cet esprit d’autrui, à s’en inspirer et souvent mieux que cet autre n’avait fait lui-même, à s’en échauffer non seulement de tête, mais de cœur ; et alors il était le grand journaliste moderne, l’Homère du genre, intelligent, chaleureux, expansif, éloquent, jamais chez lui, toujours chez les autres, ou, si c’était chez lui et au sein de sa propre idée qu’il les recevait, le plus ouvert alors, le plus hospitalier des esprits, le plus ami de tous et de toute chose, et donnant à tout son monde, tant lecteurs qu’auteurs ou artistes, non pas une leçon, mais une fête.
Napoléon (on n’a pas tous les jours des feuilletonistes de ce calibre-là), entrant dans l’analyse de la pièce, remarque qu’en restant dans les données de l’histoire et de la tradition, l’auteur aurait pu imprimer à sa tragédie une force et une couleur dramatique qui lui manquent entièrement : Le caractère de Philippe le Bel, pense-t-il, prince violent, impétueux, emporté dans toutes ses passions, absolu dans toutes ses volontés, implacable dans ses ressentiments et jaloux jusqu’à l’excès de son autorité, pouvait être théâtral, et ce caractère eût été conforme à l’histoire.
Un de ses principes était : « Il vaut mieux mériter sans obtenir, qu’obtenir sans mériter ; et avec une volonté constante et forte, quand on mérite, on finit toujours par obtenir. » Le père de Marmont, bien qu’il donnât à son fils une éducation si fortemnt préparatoire pour la guerre, l’aurait voulu diriger cependant vers une autre carrière, et préférablement dans l’administration.
Ta volonté, Seigneur, soit faite en toute chose !
Le dévouement d’un chevalier d’Assas, la passion d’un chevalier Des Grieux, la poésie de Parisina ou d’Ariel, tout cela se tient dans la pensée, et il nous semble, au moins dans la jeunesse, que c’est manquer d’ailes et d’essor que de ne point passer à volonté d’un de ces mondes à l’autre.
Ce passage a cela de remarquable qu’il définit admirablement à l’avance les caractères du génie et de la destinée du grand Frédéric, lequel en effet a dû s’appliquer à faire naître les circonstances, ou à s’y approprier au fur et à mesure qu’elles naissaient ; qui porte en tout et qui met à tout le cachet de la volonté, du travail et d’un certain effort, et qui ne le recouvre et ne le revêt point de splendeur, de spontanéité et de poésie, comme il arriva plus tard dans l’apparition étonnante et tout d’un jet de Napoléon.
Il importe de faire un peu obstacle, de montrer au passé de la mauvaise volonté, et d’apporter à ces hommes, à ces dogmes, à ces chimères qui s’obstinent, quelque empêchement.
Il n’y a eu ni chute par trop d’ambition, ni mauvaise foi, ni erreur de jugement, ni une volonté libre, à qui la passion fait prendre le faux pour le vrai : il y a eu l’impossible.
Ici, ce n’est plus la moquerie incrédule qui se rit de ces idées du ciel, tombées d’en haut, montées d’en bas ; c’est la foi, c’est la volonté, c’est l’esprit, c’est tout l’être humain qui se révolte et se cabre devant ces imaginations naïves ou laborieusement combinées qui n’offrent rien que puisse éteindre et dont puisse jouir ce quelque chose qui s’appelle le moi, dans sa plénitude impérieuse !
Le stock immense, dont Edouard Drumont a compulsé les pièces, resta en dehors des Mémoires, sous la garde jalouse des eunuques sans sultan qui les détenaient, par le fait d’un pouvoir, routinier et indifférent, qui les laissait faire, et non par une volonté de maître qui veut ce qu’il veut, et qui ordonne… Ces muets ineptes, qui ne gardaient leur trésor pour personne, pas même pour eux, n’avaient pas même l’égoïsme de leur ineptie.
Cet intelligent pays est trop mûr d’idées et trop jeune d’actes pour n’avoir pas les besoins, les passions et les volontés des peuples qui croient à un avenir prochain.
Aucune loi ni aucune volonté, répond l’histoire.
Il y voyait d’abord une œuvre des forces naturelles ; il y voyait ensuite l’accomplissement d’une volonté surnaturelle.
Bienheureux ceux qui, à l’heure suprême, se trouveront dans votre grâce, pour avoir obéi à votre sainte volonté !
Enfin arrive le jour de la première représentation, qui délivre tout le personnel du théâtre de l’anxiété finale et libère auteur, directeur et acteurs d’un labeur où commençaient à s’user les meilleures volontés. […] À ses drames conviennent les décorations splendides, les ameublements somptueux, les foules innombrables de la figuration ; car partout et toujours, derrière la décoration, derrière les personnages, comme un dieu impalpable derrière un héros de l’Iliade, on devine la grande ombre du poète dont la volonté puissante assemble les choses ou pousse et fait mouvoir ses personnages à nos yeux. […] Ses gestes seront plus rares, car le petit effort qu’il lui faudra faire sera un obstacle suffisant à la plupart de ceux qui ne sont pas le fait d’une volonté déterminée, et ceux qu’elle aura la résolution d’achever seront d’un effet beaucoup plus saisissant, parce qu’ils trahiront l’effort. […] Est-elle le fait de la volonté déterminée de quelques auteurs ? […] Et dans ce cas la mise en scène s’élevait au rôle d’une puissance mystérieuse, supérieure à la volonté humaine : elle nouait ou dénouait le drame comme la fatalité antique.
Il n’a eu d’autre objet que de remplir fidèlement la volonté de Poe, qui l’a nommé son exécuteur testamentaire, quoiqu’il se fût, dans les derniers temps, querellé avec lui. […] J’aurais dû montrer que la volonté échoue fatalement à réaliser son vouloir : une nouvelle défaillance se serait produite, et Ligeia aurait décidément disparu pour céder la place de nouveau, dans la tombe, à lady Rowena… Mais il faudra bien que mon conte reste maintenant tel qu’il est. […] Il avait publié en 1879 un petit traité anonyme : Naïf examen du Théisme, où il déclarait expressément que « la volonté libre était une absurdité » et que « l’hypothèse d’une Providence était superflue ». […] Et nous découvrons ailleurs que le vrai fondement de la morale est dans la volonté de Dieu, et le vrai bien dans une aveugle obéissance à cette volonté surnaturelle. […] Ma foi naïve et pieuse s’agenouille devant toi ; mon amour te suit, frêle et doux comme un agneau ; — ma volonté se fond sous la chaleur de ton regard ; — et le calice de tes lèvres assoupit ma douleur.
Si on l’applique à l’homme, on arrive à considérer les sentiments et les pensées comme des produits naturels et nécessaires, enchaînés entre eux comme les transformations d’un animal ou d’une plante ; ce qui conduit à concevoir les religions, les philosophies, les littératures, toutes les conceptions et toutes les émotions humaines comme les suites obligées d’un état d’esprit qui les emporte en s’en allant, qui, s’il revient, les ramène, et qui, si nous pouvons le reproduire, nous donne par contre-coup le moyen de les reproduire à volonté. […] Ces hommes sont les véritables héros de l’Angleterre ; ils manifestent en haut relief les caractères originels et les plus nobles traits de l’Angleterre, la piété pratique, le gouvernement de la conscience, la volonté virile, l’énergie indomptable. […] Nous avons perdu le ressort de l’action ; nous n’enfonçons plus le devoir au centre de notre volonté comme le fondement unique et inébranlable de notre vie ; nous nous accrochons à toutes sortes de petites recettes expérimentales et positives, et nous nous amusons à toutes sortes de jolis plaisirs, bien choisis et bien arrangés.
Amené à parler de la guerre, « de cet art immense qui comprend tous les autres », des qualités nombreuses qu’elle requiert, qui sont tout autres que le courage personnel, et qu’on ne se donne pas à volonté : Militaire, je le suis, moi, s’écriait Napoléon, parce que c’est le don particulier que j’ai reçu en naissant ; c’est mon existence, c’est mon habitude.
Vis-à-vis de l’homme qu’on chérit le plus, on ne renonce jamais à sa volonté : vis-à-vis d’une femme, il est souvent permis, il est souvent si doux de n’en point avoir !
L’adroite Chausseraye saisit le moment et répondit au roi « qu’il était bien bon de se laisser tourmenter de la sorte à faire chose contre son gré, son sens, sa volonté ; que ces bons messieurs ne se souciaient que de leur affaire et point du tout de sa santé, aux dépens de laquelle ils voulaient l’amener à tout ce qu’ils désiraient ; qu’en sa place, content de ce qu’il avait fait, elle ne songerait qu’à vivre et à vivre en repos, les laisserait battre tant que bon leur semblerait, sans s’en mêler davantage ni en prendre un moment de souci, bien loin de s’agiter comme il faisait, d’en perdre son repos et d’altérer sa santé, comme il n’y paraissait que trop à son visage ; que, pour elle, elle n’entendait rien ni ne voulait entendre à toutes ces questions d’école ; qu’elle ne se souciait pas plus d’un des deux partis que de l’autre ; qu’elle n’était touchée que de sa vie, de sa tranquillité, de sa santé… ».
. — J’abhorre la guerre, j’adore la mort. » En restant quelque temps au service, il faisait le plus grand sacrifice aux volontés de son père.
Je crois que les négligences et les imprudences où ma paresse m’a entraîné en ce genre ont eu lieu par une permission divine, qui a voulu par là écarter les yeux vulgaires des vérités trop sublimes que je présentais peut-être par ma simple volonté humaine, et que ces yeux vulgaires ne devaient pas contempler. — Le monde et moi, disait-il encore pour se consoler, nous ne sommes pas du même âge.
Quel bonheur d’avoir de la volonté et de l’aptitude pour une occupation quelconque !
Il fait la campagne d’Iéna ; mais des circonstances indépendantes de la volonté des chefs empêchent la division Legrand de donner dans cette guerre autant qu’elle l’aurait voulu.
Campaux s’est demandé si avant Villon il y avait eu de ces espèces de testaments poétiques, et il en a retrouvé quelques-uns à l’état d’essais ; mais il reste vrai que si Villon n’a pas entièrement inventé, en littérature, cette forme de contrefaçon et de parodie des volontés dernières, il se l’est appropriée par le dessin net et tranché, par l’ampleur du contenu, et par une Verve de détails, par un sel mordant qui n’appartient qu’à lui.
Laboulaye aurait pu faire quelque chose de plus utile encore que ce qu’il a fait, c’eût été de montrer l’homme complet en Benjamin Constant, de nous expliquer en quoi il avait de belles lumières et de grandes faiblesses ; en quoi il faillit ou varia même dans la défense des idées justes ; comment il manqua toujours d’autorité et d’une certaine considération qui ne suit pas toujours la popularité ; quelles circonstances indépendantes de sa volonté, et quels incidents (il y a toujours des incidents) reculèrent l’application de ses théories générales et absolues.
Vous allez rire de voir Gribeauval et Habacuc contemporanisés par moi : riez tant qu’il vous plaira, puis songez qu’il y avait des curieux autour de moi, ries femmes, des enfants regardant avec attention aussi, mais ne voyant dans ce que nous admirions de mécanisme dans ces machines de guerre, qu’une nouvelle volonté de Dieu, qu’un fléau d’une autre forme envoyé par lui pour les éprouver de nouveau.
Il ne connaît pas de frein à sa volonté ; pourtant sa raison n’est pas assez développée pour lui faire discerner le bon du mauvais, le nuisible de l’avantageux, ce qui est convenable de ce qui peut ne pas l’être. » Et le 29 juin suivant, après l’avoir vu : « Le prince se porte maintenant assez bien.
Mais de telles combinaisons sans la volonté qui les surveille de près, et sans le bras qui les exécute, ne sont que des lueurs et restent à l’état d’idées pures ; Louvois, tout absolu qu’il était, dut bientôt céder aux objections.
Il n’y a pas lieu à une pareille accusation, si la méthode est bien comprise et si elle est employée comme elle doit l’être ; car, quelque soin qu’on mette à pénétrer ou à expliquer le sens des œuvres, leurs origines, leurs racines, à étudier le caractère des talents et à démontrer les liens par où ils se rattachent à leurs parents et à leurs alentours, il y aura toujours une certaine partie inexpliquée, inexplicable, celle en quoi consiste le don individuel du génie ; et bien que ce génie évidemment n’opère point en l’air ni dans le vide, qu’il soit et qu’il doive être dans un rapport exact avec les conditions de tout genre au sein desquelles il se meut et se déploie, on aura toujours une place très-suffisante (et il n’en faut pas une bien grande pour cela) où loger ce principal ressort, ce moteur inconnu, le centre et le foyer de l’inspiration supérieure ou de la volonté, la monade inexprimable.
Il aurait voulu l’être en réalité, sur un si lointain théâtre que ce fût, pour donner carrière à sa forte et libre nature sans gêne aucune, sans assujettissement ni subordination à la volonté ou à la dignité d’autrui.
Chapelier, qui, à l’exemple de Barnave, ne demandait pas mieux que d’entrer dans cette voie de transaction et qui en avait pris même l’engagement secret à la veille de l’ouverture des débats pour la révision de l’acte constitutionnel, fut le premier à y manquer quand on fut à la tribune ; il y manqua, parce qu’on n’est pas libre de rétrograder quand on marche en colonne, parce que la force des choses en ces moments domine les volontés particulières ; parce qu’il y a courant et torrent irrésistible au dedans des assemblées comme au dehors ; parce que les mêmes hommes ne peuvent pas jouer deux rôles opposés à quelques mois d’intervalle devant les mêmes hommes, devant les mêmes murailles ; parce que l’esprit même y consentant, la langue tourne et s’ refuse ; parce que les murs, à défaut des fronts, ont une pudeur ; parce qu’enfin les uns se lassant, d’autres tout frais et tout ardents succèdent, qui ne permettent pas ces petits compromis particuliers avant le complet déroulement des principes et l’entier épuisement des conséquences.
C’était une nature particulière ; une sensibilité poétique, une volonté poétique, plus forte que sa puissance d’exécution et que son talent.
Il est presque évident, au contraire, qu’à part ce que la volonté impose à l’habitude, les heures instinctives où la voix éclate chez Victor Hugo doivent être celles du milieu du jour, du soleil embrasé, du couchant poudreux, ou encore de l’ombre fantastique et profonde.
Amour, politique, indépendance, chevalerie et religion, pauvreté et gloire, étude opiniâtre, lutte contre le sort en vertu d’une volonté de fer, tout en lui apparut et grandit à la fois à ce degré de hauteur qui constitue le génie.
L’homme d’esprit inventif a souvent une infinité de manières possibles de se produire et de faire ; l’occasion décide ; à moins d’une volonté très-haute, on se jette du premier côté qui prête ; les envieux, les routiniers, les admirateurs même, vous y confinent ; on va toujours, et on les dément.
Que si nous osions mêler un conseil au travers d’un travail si médité, et auprès d’un esprit par lui-même si averti, ce serait de borner à un certain moment la recherche, de clore son siége, et de se jeter à l’œuvre avec toute la richesse amassée et en s’occupant surtout à la dominer par l’idée, à la classer d’une volonté un peu impérieuse.
Si les Carlovingiens reconstruisirent cette unité, et avec bien autrement de volonté et de puissance, ils commencèrent aussi par y porter la plus rude atteinte.
L’abus violent qu’on a fait de certains dons, la volonté ambitieuse et bruyante qu’ont marquée certains esprits de conquérir, d’afficher du moins ce qu’ils n’avaient pas naturellement, la perturbation qui s’en est suivie dans les genres les plus graves, bien des circonstances contribuent aujourd’hui à donner un prix tout nouveau et comme un attrait particulier à ces physionomies d’écrivains calmes, modérées, ingénieuses, à ceux qui ont uni l’élévation ou la distinction de l’idée à la discrétion du tour, qui, en innovant quelque peu à leur moment, n’ont détruit ni bouleversé les grandeurs et les vérités existantes, qui se sont mûris à leur tour dans des applications diverses, et ont su imprimer à l’ensemble de leur vie et de leur œuvre la règle souveraine de la bienséance et une noble unité.
Un peu plus d’attention, de volonté, s’y mêla sans doute départ et d’autre, mais pour unir tout et sans rien refroidir.
Cette retraite, si elle avait été possible, aurait sans doute mieux valu pour son repos, et peut-être aussi pour sa gloire ; mais il n’avait pas un de ces tempéraments poétiques qui s’imposent à volonté une continence de quinze ans, comme fit plus tard Racine.
A quelques objections qu’il essaya, elle coupa court d’un mot qui indiquait sa volonté. — M. de Ségur s’inclina et obéit ; mais lorsqu’il revit ensuite l’impératrice, toute bouderie avait disparu : la souveraine et la personne supérieure avaient triomphé de la femme.
La foi servant à la politique, les actes égoïstes sortant d’une volonté de sacrifice, la cruauté et l’intérêt se faisant ministres de la justice et vengeurs du crime, on voit apparaître ici, quand on lit bien, quelques-uns des éternels sophismes, des incessantes contradictions de la faible humanité qui ne peut renoncer ni à rêver le bien ni à suivre son bien.
Il était naturel que ces gens qui’s’étaient faits eux-mêmes, eussent foi en leur esprit, dans la raison humaine qui, en eux, soutenue par la volonté, réglée par la méthode, avait été à la science à travers tous les obstacles.
Ces esprits-là sont, par volonté ou par nature, des miroirs moins changeants que les autres et, si l’on veut, moins inventifs, où les mêmes œuvres se reflètent toujours à peu près de la même façon.
Je répondrai que le mérite de Baju fut surtout dans l’exercice de sa volonté.
C’est ainsi qu’on crut affirmer des vérités nouvelles et même surprenantes en professant la volonté de réintégrer l’idée dans la littérature. » Il me semble que M. de Gourmont met excellemment les choses au point.
C’est le moment correspondant à celui où l’enfant, conduit jusque-là par les instincts spontanés, le caprice et la volonté des autres, se pose en personne libre, morale et responsable de ses actes.
Il cherchait un homme qui eût la puissance et la volonté de l’aider : « Si je trouvais un prince ayant dans l’âme assez d’idéal pour me comprendre, assez de grandeur pour m’aider de sa puissance, — l’avenir de l’art serait assuré. » Trouverez-vous mauvais, Elisabeth, que j’aie considéré ces belles paroles comme un appel du destin adressé à moi, à moi !
. — La volonté du roi, lui ai-je répondu, mon devoir, ma reconnaissance et l’intérêt de mes proches.
Un roi est le maître, en tout temps, et par sa seule volonté, d’abolir le droit public de son pays, d’en substituer un autre, ou de n’en substituer aucun !
cette figure-là n’a qu’à choisir, elle sera tour à tour, et à volonté, Esther ou Célimène 5.
Il expose avec vigueur l’état des choses, la toute-puissance de l’homme extraordinaire qui domine l’Europe, et dont le caractère est avant tout une volonté invincible.
Je passai là quelques jours heureux dans les montagnes de Franche-Comté ; et ses parents encourageaient honorablement la liaison… Gibbon, qui n’avait point encore acquis cette laideur grotesque qui s’est développée depuis, et qui joignait déjà « l’esprit le plus brillant et le plus varié au plus doux et au plus égal de tous les caractères », prétend que Mlle Curchod se laissa sincèrement toucher ; il s’avança lui-même jusqu’à parler de mariage, et ce ne fut qu’après son retour en Angleterre qu’ayant vu un obstacle à cette union dans la volonté de son père, il y renonça.
Règle générale : les nations que les rois assemblent et consultent commencent par des vœux et finissent par des volontés.
Léon Bailby rédacteur en chef de l’Intransigeant de son infatigable confiance dans le talent des jeunes et de sa volonté tenace à signaler les tentatives intéressantes.
À Dieu ne plaise, répond ce grand homme, que je mêle la sagesse humaine à la sagesse du Fils de Dieu ; c’est la volonté de mon maître, que mes paroles ne soient pas moins rudes, que ma doctrine paraît incroyable224 : Non in persuasibilibus humanæ sapientiæ verbis… Saint Paul rejette tous les artifices de la rhétorique.
Si je ne développe pas ma théorie, c’est que je me suis résolu à ne jamais l’écrire, — crainte de perdre mon manuscrit, comme il est arrivé pour la Théorie de la volonté de Balzac.
Désiré Nisard, dans ce célèbre manifeste, avait pris parti pour la réflexion, l’étude, la volonté inspirée, contre l’improvisation, la précipitation, le gaspillage ; parce qu’il s’était rangé du côté de la conscience littéraire contre les succès à tout prix et au rabais ; parce que, là comme dans ses autres écrits, il n’avait pas sacrifié toutes les qualités de l’écrivain à ce pittoresque que nous ne haïssons pas, mais qui avait positivement alors tourné la tête à toute la littérature ; parce qu’il honorait la tradition, qu’on ne respectait plus et même qu’on insultait très bien ; parce qu’il ne concevait pas la Critique en dehors de la morale chrétienne, quand le Beau seul suffit aux âmes, disaient les délicieux Esthétiques de ce temps ; parce qu’enfin il avait en lui la faiblesse la touchante faiblesse du xviie siècle au lieu d’avoir l’orgueil insensé et insupportable du xixe , il fut bientôt classé, par les ardents et les rutilants de ce siècle-là, parmi les effacés, les chagrins, les retardataires, les professeurs d’ailleurs, les pédantisants !
Devant le malheur qui le frappa si jeune, cet artiste savant qui avait, pour travailler, plus besoin de ses yeux que personne et qui sut s’en passer, à force de volonté, d’attention, d’amour héroïque pour l’art et la science ; devant ce malheur, plus grand pour lui que pour un poète, — car un poète aveugle se replie sur ses sentiments et ses souvenirs, et ils éclatent !
Ce lyrisme, auquel le poète s’est assoupli par la volonté, l’exercice et surtout le compagnonnage littéraire, est le plus grand ennemi de sa nature sincère, de cette poésie qui est la sienne, toute d’observation triste ou cruelle, qui se déchire le cœur dans un coin, et de ce petit coin sombre avec son noir chagrin, comme Alceste, allonge sur le monde extérieur un regard qui, comme celui de certains peintres malades de la bile ou du foie, teint, d’une nuance particulière et soucieuse, les objets sur lesquels il va lentement et longuement se fixer.
Avant de mourir, il appliquait sa volonté, toujours opiniâtre, à noter sous une forme plastique la succession des rêves et des cauchemars, avec la précision d’un sténographe qui écrit le discours d’un orateur.
Si tu insistes, si tu exiges qu’on t’explique quelque chose, demande comment ta volonté s’y prend, à tout moment de la veille, pour obtenir instantanément et presque inconsciemment la concentration de tout ce que tu portes en toi sur le point qui t’intéresse.
Pour les kantiens, il est trop évident que, définissant la moralité par la bonne volonté, et dotant toutes les personnes humaines de volontés également libres, ils décrètent immédiatement, en même temps que l’égalité des devoirs, l’égalité des droits.
L’individu, dont l’influence personnelle n’est plus qu’un élément imperceptible de la volonté sociale qui imprime au gouvernement sa direction, se replie en quelque sorte sur lui-même et met au-dessus de tout sa liberté propre.
Ainsi, dans les premières Odes, dans les Orientales, dans les Feuilles d’Automne, dans les Voix intérieures ou dans les Chants du Crépuscule, sous la diversité de tous ces noms, et avec les nuances mobiles de l’époque et de la volonté, le torrent lyrique s’épanche et jaillit à grands flots.
Tel instruit surtout les gens qui ont la ferme volonté de s’instruire. […] À part l’esprit, le mouvement, la gaieté, la jeunesse dont regorgent ses livres, on lui doit compte d’avoir été le professeur d’histoire de tous ceux qui ont la volonté avouée de ne point étudier l’histoire. […] La volonté, chez lui, domine toujours l’inspiration et le caprice. […] Il a la mélancolie sans énervement, et sous ses incertitudes on sent une volonté persistante qui s’affirmera bientôt. […] Il essaye ensuite de réaliser ses théories, et il y dépense beaucoup de talent, d’énergie et de volonté.
Elle demeurait là, pleurant, sans un effort de volonté, sans un remords et sans un projet, dans la contemplation du sort digne de pitié qui était le sien, et de l’ironie de ces séparations. […] Alors, avec méthode, sans passion, et avec cette suite dans la volonté qui est le propre des forts, Alexandre III résolut de dégermaniser son empire que les Allemands avaient progressivement et très habilement commencé à envahir. […] On y trouvera les détails d’une belle et honnête vie, faite d’importants travaux et de découvertes scientifiques en même temps que de dévouement à la chose publique ; on y remarquera cette volonté persistante que rien ne put rebuter ni distraire, même l’orage révolutionnaire. […] Devant le public, par un héroïque effort de volonté, il redevenait le superbe empereur des beaux jours déjà passés. […] La Lavette mourut ou parut être mort, et ses parents, au lieu de respecter ses dernières volontés et de veiller son corps pendant trois jours, pensèrent que le chaman avait parlé dans son délire.
Malgré les preuves de passion que lui donnait Thérèse, il se sentait devant elle en proie à une défaillance de sa volonté, insurmontable, qui serait devenue de la douleur s’il n’avait pas eu en même temps une immense confiance dans l’âme de cette femme. […] D’autre part, il n’avait, pour déterminer sa volonté, ni la crainte de l’opinion qui sert de guide à presque tous les maris en une semblable crise, — ni le sursaut de l’image physique, cette obsédante, cette intolérable image qui affole un jaloux en lui montrant l’union des sexes, l’abandon de la chair, l’irrémissible souillure. […] Elle l’avait encore là, avec elle ; elle le tenait encore de ses deux pauvres mains… et cependant il partirait ; ni toute sa volonté, ni toutes ses larmes, ni tout son désespoir de grand-mère ne pourraient rien pour le garder ! […] — Mais du moins, du moins, dit le malheureux homme, promets-moi de lui dire que je lui défends… que c’est ma volonté suprême, que je la prie, que je la supplie ! […] Sans contrevenir à ses propres lois et sans faire de miracles, ne peut-il agir sur la pensée et sur la volonté de celui qui l’implore ?
Il m’a semblé, par ce moyen, donner tous les gages possibles d’impartialité ; si je n’y ai pas réussi complètement, c’est que l’exécution n’a pas été à la hauteur de ma volonté. […] Les équipages se succédaient devant l’église, les longues lévites brunes, bleues de la valetaille couraient, s’envolaient, se courbaient, balayaient le parvis au fracas luxueux des portières et des marchepieds ; les groupes de journalistes s’écartaient respectueusement devant la duchesse Padovani, à la haute et fière démarche, Mme Ancelin fleurie dans ses crêpes de deuil, Mme Eviza, dont les yeux longs flambaient sous le voile à faire retourner un agent des mœurs, toute la congrégation des dames de l’Académie, ses ferventes, ses dévotes, venues là moins pour honorer la mémoire de feu Loisillon que pour contempler leurs idoles, ces Immortels fabriqués, pétris de leurs petites mains adroites, vrais ouvrages de femmes où elles avaient mis leurs forces inemployées d’orgueil, d’ambition, de ruse, de volonté. […] Et pour terminer, ces pages que je trouve à la fin du Traité du verbe : L’opportunité de renier de trop puériles idées et d’énoncer intégrales ma pensée et ma volonté d’homme me somma de parler. […] Mais, par une aberration qui le domine malgré sa volonté, il va réveiller les morts qu’il a faits, son esprit les évoque de la tombe d’où personne ne songe à les tirer et en fait des spectres qu’il est seul à voir, seul à entendre. […] Belle et rare tenue, mais qui exige une certaine force de volonté et de travail.
Pareillement, de savoir ce qui fait la beauté de l’Iliade ou celle de l’Enéide, et de pouvoir, au besoin, non seulement le dire avec exactitude, mais le montrer avec évidence, ce n’est pas du tout une raison pour être capables d’écrire nous-mêmes à volonté l’Énéide ou l’Iliade ; et j’ai l’air de dire une naïveté, mais ce n’en est pas une, puisqu’on a cru pendant deux cents ans le contraire, ou qu’on a écrit comme si l’on le croyait. […] Je ne crois pas que nulle part la confiance dans le pouvoir des « règles » et de la « théorie », se soit plus naïvement étalée, dans un plus beau jour, comme on disait alors ; et si la Pucelle est prodigieusement ennuyeuse à lire — quoi qu’en aient dit ceux qui ont eu l’idée singulière, voilà tantôt dix ans, d’en éditer les douze derniers chants, — du moins on ne se lasse pas d’en lire la Préface : Je dirai maintenant en peu de paroles, qu’afin de réduire l’action à l’universel, suivant les préceptes, et de ne pas la priver du sens allégorique, par lequel la poésie est faite l’un des principaux instruments de l’architectonique, je disposai toute sa matière de telle sorte que la France devait représenter l’ami de l’homme, en guerre avec elle-même et travaillée par les plus violentes émotions ; le roi Charles, la volonté, maîtresse absolue et portée aussi bien par sa nature, mais facile à porter au mal sous l’apparence du bien : l’Anglais et le Bourguignon, sujets et ennemis de Charles, les divers transports de l’appétit irascible… Amaury et Agnès, l’un favori et l’autre amante du prince, les différents mouvements de l’appétit concupiscible… « Quand je considère en moi-même la disposition des choses humaines, confuse, inégale, irrégulière, je la compare à certains tableaux que l’on montre comme un jeu de la perspective… » La Pucelle de Chapelain ressemble à ces tableaux dont parle Bossuet ; elle y voudrait ressembler du moins ; regardée d’un côté, c’est de l’histoire, et regardée de l’autre, c’est de la morale ; un paysage, quand on se met à droite ; un portrait, quand on se met à gauche ; mais, par malheur pour Chapelain, comment que l’on se place, et en dépit des règles, ce que ce n’est jamais ni de nulle part, c’est un poème. […] Élève de Fontanes et de Luce de Lancival, on peut regretter encore qu’il y ait trop de rhétorique dans son éloquence, une volonté trop étudiée de plaire, trop de fleurs aujourd’hui fanées, qui n’étaient déjà pas fraîches, en 1828. […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir, et qui me croyaient, déjà à eux.
Paul Bourget en arrive à déclarer que des livres comme Germinie Lacerteux traduisent les volontés maladives de notre époque, sans songer que Manon Lescaut offre un phénomène identique qui n’a pourtant pas la même cause. […] A quoi bon admirer sa volonté prodigieuse et sa résistance d’Hercule ? […] Daudet, disparaissant de son œuvre d’une autre façon que Flaubert, il nous a raconté non seulement les actes de ses personnages, mais leur volonté, leur conscience, leurs luttes ; il a ouvert leurs cœurs, il nous a dit pourquoi ils souffraient ; il a fait enfin de la psychologie animée et agissante. […] La verve vient peu à peu, par concentration et par volonté, non au hasard et par fantaisie. […] Éloquent exemple de ce que peuvent réaliser la volonté et le travail, il a poussé l’art d’écrire à une perfection qui ne sera pas dépassée de longtemps.
Elle résiste à la volonté de son père qui voudrait lui faire épouser un riche héritier qu’elle déteste, mais elle résiste avec humilité, avec décence, ainsi qu’il convient à une enfant chrétiennement élevée. […] Mais maintenant veux-tu d’une volonté forte, Entrer dans l’infini, quelle que soit la porte ? […] Il a le sens de l’au-delà, des faiblesses et des fragilités de la vie, des incertitudes de la condition humaine, et des fatalités qui pèsent sur elle (passions, instincts aveugles, impuissance de la volonté). […] Il ressaisit par un suprême effort de volonté, son esprit paralysé. […] Malgré lui, il· se souvient, et, sans que sa volonté y ait aucune part, il cède à d’obscures réminiscences.
L’honnête négociant qui allait lui donner sa fille la lui refuse, et Laure, pauvre créature obéissante et passive, a l’inexcusable faiblesse de se soumettre aux volontés de son père et de renoncer à son amant. […] Supérieure au fond à Abailard, elle se prosterne devant lui comme devant son maître, et, jusqu’au dernier moment, tout en elle, conscience, volonté, honneur, doutes, irrésolutions, faiblesses, regrets, muettes révoltes contre les rigueurs du cloître et les tourments d’une vocation forcée, tout abdique au profit de ce maître exigeant qui veut que, ne pouvant plus être à lui, elle ne soit à personne. […] L’auteur s’y substitue sans cesse à la Providence et à l’humanité, ou, en d’autres termes, à ce mélange de volonté souveraine et de libre arbitre dont les combinaisons infinies déjouent tous les systèmes dans le passé, tous les raisonnements dans le présent, toutes les prévisions dans l’avenir. […] Destutt de Tracy, qui, renchérissant encore sur Condillac comme Condillac avait renchéri sur Locke, réduisit tout aux sensations, transporta dans le domaine philosophique l’analyse des chimistes et les déductions des mathématiciens, dépouilla l’homme de tout principe actif, de l’active intelligence et de la libre volonté, et « ne désirant connaître que ce qu’il pouvait pleinement savoir, aima mieux demeurer dans l’indifférence lorsqu’il était réduit aux hypothèses » ? […] Ce n’est plus la vérité divine, chrétienne, universelle, qui remplit et anime ce temple ; c’est la volonté, le caprice, la croyance individuelle d’un homme que l’impiété effraye, mais à qui l’orthodoxie ne suffit pas, qui dépasse l’une pour mieux échapper à l’autre, qui se fait le sectaire de l’esprit comme ses voisins se sont faits les sectaires de la matière, et qui proteste à sa façon contre les abus de la raison en touchant de près à la folie.
« Lorsque je vous retiray des mains des infidelles, et que je vous acheptay, mon intention n’estoit pas de me préparer des chagrins et de me rendre malheureux ; au contraire, je prétendis profiter de la décision du destin sur le sort des hommes pour disposer de vous à ma volonté, et pour en faire un jour ma fille ou ma maistresse. […] On y voit qu’à un certain moment M. de Ferriol fut jaloux de quelqu’un dont on commençait à jaser auprès d’Aïssé ; qu’à cette occasion il signifia à celle-ci ses intentions, jusque-là obscures, et sa volonté, dont elle avait pu douter, se considérant plutôt comme sa fille : Le même destin veut que vous soyez l’une et l’autre… Cette parole, remarquez-le bien, s’applique à l’avenir bien plus naturellement qu’au passé.
Il voit si bien tous les effets du vent, il se met si complétement à sa place, il lui suppose une volonté si passionnée et si précise, il tourne et retourne si fort et si longtemps les habits du pauvre homme, il change le coup de vent en une tempête et en une persécution si grandes, qu’on est pris de vertige, et que tout en riant on se trouve en soi-même trop de trouble et trop de compassion pour rire de bon cœur. […] Dans ce pays, où il y a tant de sectes et où tout le monde choisit la sienne, chacun croit à la religion qu’il s’est faite, et ce sentiment si noble élève encore le trône où la droiture de leur volonté et la délicatesse de leur cœur les ont portés.
Allait-il au centre, il n’y trouvait plus qu’un troupeau sans chef, dépourvu de ces supériorités oratoires qui groupent les partis à leur voix, centre prompt à voter, incapable de gouverner, vide d’hommes politiques, foule qui soutient tout par discipline et qui laisse tout crouler par incapacité de génie et de volonté. […] À peine aurez-vous porté tout à l’heure votre démission au roi pour obéir respectueusement à la lettre de la constitution qui commande au ministère de se retirer au premier signal de la volonté des chambres, que le pays, indigné de la déloyauté de vos adversaires et effrayé du vide que votre retraite va faire dans le gouvernement, se retournera tout entier contre la coalition victorieuse et lui demandera compte de sa victoire.
Je réponds : « Parce que Mme la duchesse d’Orléans n’était que la belle-fille de ce roi de l’illégitimité, parce que le comte de Paris n’était que le petit-fils de l’usurpation, parce que le mot de république ne préjugeait rien et apaisait tout jusqu’à l’Assemblée constituante nommée au suffrage universel pour déclarer la volonté du pays ! […] À une époque d’ailleurs où les haines s’apaisent, où les partis se fondent, et où toutes les opinions honnêtes se réconcilient dans une volonté plus éclairée du bien, les réminiscences de colère et d’aigreur seraient funestes et coupables, si elles n’étaient avant tout insignifiantes.
Prêter la vie consciente et une volonté aux choses est toujours délicat, prolonger cette conception devient périlleux ; le sublime est le but visé, mais le mauvais goût, l’absurde même risquent d’être le but atteint ; et cela pour bien des raisons. […] En effet, si la vie des choses, — des montagnes, de la mer, du soleil et des étoiles, — pouvait arriver jusqu’à la conscience, jusqu’à la volonté, cette conscience ne saurait être alors identique à la nôtre ni à celle qu’imagine le poète : son drame, quoi qu’il fasse, sera toujours trop mesquin, trop étroit pour contenir la nature, sa force et sa vie.
Tout précepte s’applique à des faits passés qui, pour une part, le motivent, et des faits à venir doivent un jour le sanctionner ; la révélation morale doit donc s’entourer et se compléter par une révélation qui porte sur des événements indépendants de la volonté de l’agent moral : les voix ont raconté à Jeanne les malheurs de la France ; voilà pour le passé ; elles lui ont aussi et surtout prédit l’avenir : elles lui ont garanti le succès de sa mission ; elles lui ont annoncé qu’elle serait prise, aux mains des Anglais, délivrée, etc181. […] Mais c’est qu’alors la passion s’en mêle à quelque degré, et, si la volonté intervient, elle ne fait que servir d’appoint à la passion.
Il est de grands esprits, — même très grands, — réfléchis et cultivés, qui ont atteint des développements considérables et une haute stature intellectuelle par la volonté et par le travail ; mais ce ne sont pas des hommes de génie s’ils n’ont pas le jaillissement incoercible, la spontanéité, qui est la chiquenaude de Dieu mettant en mouvement l’univers. […] Et quoi d’étonnant, puisque, de nature et de volonté, Gœthe ne voit jamais les choses que par leur côté extérieur ?
On sait, du reste, que cette esthétique démente s’appuie sur une éthique de combat où se manifeste la volonté aveuglément révolutionnaire de bouleverser les valeurs morales sur lesquelles s’entend encore la majorité des Français. […] Par la suite, après la guerre, il devait adopter le dispositif fixe et transformable à volonté que vous avez devant les yeux, multiplier les plans sur lesquels se meuvent les personnages : proscenium, degrés, loggia. […] Il suppose une foi, une religion et la volonté ferme chez celui qui en est le bénéficiaire d’édifier sur elles son art.
Ayant confié à Fauriel le manuscrit de son traité d’économie politique ou de la Volonté, M. de Tracy lui écrivait ces lignes bien honorables pour tous deux : « …..Avant de me remettre à travailler, j’ai besoin de savoir positivement si je dois tout jeter au feu et m’y reprendre d’une autre manière, moins méthodique peut-être, mais plus pratique. […] Au sortir de ces études préliminaires, Manzoni aurait été en mesure, à volonté, d’entreprendre une histoire des Lombards comme auraient pu le faire Augustin Thierry et Fauriel, ou bien d’écrire une tragédie. […] Mais, placé comme nous venons de le montrer, confident et un peu partner des meilleurs, une oreille aux brahmes, l’autre aux Lombards et aux Toscans, et, au sortir d’un épanchement d’Augustin Thierry sur les Anglo-Saxons, pouvant opter à volonté entre Milan et Bonn, entre Schlegel et Manzoni, on comprendra mieux, ce semble, toute son étendue intellectuelle et son rang caché. […] Il fait assez bon marché en Charlemagne des vues générales d’administration et de politique, et ne paraît l’apprécier, en définitive, que comme un grand caractère et une volonté énergique appliqués avec intelligence à des cas journaliers de gouvernement.
Les opinions du négociateur et du héros des treize États unis furent quelquefois opposées ; mais leurs volontés se rencontrèrent toujours, lorsqu’il fallut travailler au bien commun de la patrie. […] Bientôt, nous en avons sa volonté pour gage, et son génie guerrier, s’il était malheureusement nécessaire, bientôt l’hymne de la paix retentira dans ce temple de la guerre ; alors le sentiment universel de la joie effacera le souvenir de toutes les injustices et de toutes les oppressions : déjà même les opprimés oublient leurs maux, en se confiant à l’avenir ; les acclamations de tous les siècles accompagneront enfin le héros qui donnera ce bienfait à la France, et au monde qu’elle ébranle depuis trop longtemps. […] Ils ne blâment ni n’approuvent ; ils transmettent les vérités morales comme les faits physiques, les beaux discours comme les mauvaises actions, les bonnes lois comme les volontés tyranniques, sans analyser ni les caractères ni les principes. […] On ne lui demande pas son histoire, on ne le questionne point ; il demeure ou continue sa route à volonté.
J’étais gourmande et je savais qu’elle cédait toujours à mes volontés. […] Pauline, qui avait cinq ou six ans, était naturellement la moins soumise à mes volontés, elle me résistait quelquefois et, vite rappelée à l’ordre, demeurait boudeuse, avec, je le crois, de la jalousie. […] Les tantes m’inquiétaient moins ; je les sentais sans volonté, assouplies à l’obéissance, et craintives devant leur père. […] Que de volontés inflexibles ! […] Il voulut d’ailleurs choisir ce couvent, où j’avais vécu, loin de lui, et un peu contre sa volonté, pour y enfermer la jeune fille déçue par l’amour, de son œuvre ; il en donna même, d’après mes indications, une description assez développée, dans le livre.
Donnons-lui par surcroît un goût très fin, l’amour du beau, une volonté persévérante, le désir intense de bien faire tout ce qu’il fait, quoi encore ? […] À certaines contractions dans les muscles des paupières, on voit qu’ils sont habitués à changer fréquemment et à volonté leur accommodation, pour brouiller la vision ou la rendre distincte. […] Considérant une figure géométrique qui représente par exemple un cube, on supposera qu’elle représente une boîte creuse, et passant d’une hypothèse à l’autre on renversera à volonté le relief apparent de la figure. […] Il n’est pas facile de se replacer à volonté dans ces dispositions d’esprit. […] Quelle ressource pour le décorateur que des ailes qui se redressent, des griffes qui s’allongent, des croupes tortueuses qui se recourbent à volonté !
Durantin, non seulement n’avait pas osé l’aborder de front, mais il l’avait dénouée par un incident dépendant absolument de sa volonté : un duel où l’honnête homme tue le coquin. […] La colère, la consternation de l’oncle n’ont d’égales que l’obstination du neveu qui, ne pouvant supporter l’idée de la vie sans pouvoir la partager avec celle qu’il aime, tombe malade et voit, sans changer de volonté, s’approcher les ombres de la mort. […] Il n’est opinion au monde, et surtout en France, qui n’ait le triste privilège de se rallier immédiatement un troupeau de fous et de déséquilibrés ; si demain on annonçait dans un journal qu’un citoyen quelconque a trouvé le moyen de parler chinois sans l’apprendre, sans l’aide de grammaire ni de dictionnaire, et rien que par la volonté de parler chinois, soyez sûrs que vous verriez apparaître des défenseurs de cette méthode, qui affirmeraient que pour bien savoir s’exprimer dans la langue du Céleste Empire, il est inutile et même nuisible de l’apprendre. […] « C’est la volonté du nombre, et le nombre est notre loi. […] En vain les philanthropes ont-ils voulu les rapprocher de notre société, les y faire entrer par l’instruction, l’éducation, des moyens de communication comme une écriture que tout le monde devrait connaître, la fusion absolue ne s’est pas faite, et ceux qui sont privés de la vue doivent, en dépit de leur volonté, de leur intelligence, continuer à vivre entre eux, « emmurés » ensemble, comme le dit très justement M.
La poupée est souveraine, elle règne, elle gouverne, elle impose aux plus grands esprits ses volontés et ses caprices ; la poupée a créé le rococo, le joli, le bouffon, le mignard, les amours enrubannés, la poudre aux cheveux, la mouche à la joue ; elle était l’inspiratrice de Dorat et de Gentil-Bernard ! […] Long corps, jambes sans fin, longue figure et des bras qui n’en finissaient pas : celui-là faisait rire et pleurer à volonté. […] répond Gillette, songez que je viens à vous par la volonté de Dieu. […] Cependant notre jeune homme n’ose pas résister longtemps à la volonté du roi, son maître. […] et il a été forcé, avant de se nommer en plein théâtre, d’avoir quarante ans accomplis (c’était en effet la volonté de la loi, qui regardait la poésie dramatique comme un sacerdoce) !
S’il s’est donc séparé de Ronsard, c’est assez tard, comme on le, voit, par un effet des circonstances plutôt que de sa volonté peut-être : pour des raisons tirées de son désir de réussir en cour et à Paris autant que de son inspiration ; et, très habilement, bien loin de débuter « par supprimer tout ce qui l’avait précédé », au contraire, il a commencé par en sauver, pour le retenir, tout ce qui lui semblait de convenable à son nouveau dessein. […] Le Dieu qu’il nous a montré a bien une autre puissance ; il peut faire et défaire ainsi qu’il lui plaît, il donne des lois à la nature, et les renverse quand il veut… « Si, pour se faire connaître dans le temps que la plupart des hommes l’avaient oublié, il a fait des miracles étonnants, et forcé la nature à sortir de ses lois les plus constantes, il a continué par là à montrer qu’il en était le maître absolu, et que sa volonté est le seul lien qui entretient l’ordre du monde. […] On pouvait dire de lui, bien plus encore que de Spinosa, que ses livres étaient pleins de Dieu ; mais son Dieu dont les volontés générales enveloppaient des conséquences quelquefois regrettables, n’était déjà plus celui de l’Écriture ; et sa manière de traiter le miracle ne tendait à rien moins qu’à le nier, en le faisant rentrer dans des lois qu’il faut qu’il interrompe, ou qu’il contrarie, ou qu’il renverse, pour être le miracle. […] Une Providence particulière, et en quelque sorte personnelle à chacun de nous, sans le décret ou le consentement de laquelle il ne saurait, selon l’expression consacrée, tomber un seul cheveu de notre tête ; un Dieu caché, qui se manifesterait de préférence dans les cas qu’on appelle fortuits, et dont le triomphe, quand il veut paraître, serait d’interrompre, pour les faire tourner à sa gloire, les conséquences naturelles ou nécessaires de nos actes ; un Père céleste, accessible à nos yeux, à nos prières, à nos supplications, et dont la volonté se laisserait fléchir à l’intercession des saints ou de la Vierge, telle est donc l’idée que les chrétiens se forment de la Providence. […] Et nous, aujourd’hui même, quand nous concevons le progrès sous le christianisme, il ne faut pas nous le dissimuler, c’est à peu près comme Bossuet concevait la liberté sous la Providence, à la lumière de la foi, sans espérance de pénétrer le mystère, et par un effort de la volonté.
Elle lui a enseigné que tout en lui comme autour de lui était déterminé par des lois fatales, que la volonté était une illusion et qu’il n’était qu’une machine ignorante de son propre mécanisme. […] — À la volonté du bon Dieu ! […] On conçoit très bien qu’une rame puisse être prise pour cet instrument par des hommes qui n’avaient aucune idée de navigation ; car, disaient les anciens, le van de la mer c’est la rame, et la rame de la terre, c’est le van. » Vous voyez que malgré la meilleure volonté du monde, cette scolie qui a été pour vous l’occasion et le prétexte de développements…, n’est pas à mettre en marge du xie chant de l’Odyssée, du moins dans la traduction de Bareste, et sous peine de faire double emploi avec la note que j’ai transcrite à votre intention. […] « J’ai résolu, dit-il, d’user de douceur et d’humanité envers les galiléens ; je défends qu’on ait recours à aucune violence et que personne soit traîné dans un temple ou force à commettre aucune autre action contraire à sa volonté. » Il n’a jamais démenti ces belles paroles et il disait encore peu de temps avant sa fin : « C’est par la raison qu’il faut convaincre et instruire les hommes, non par les coups, les outrages et les supplices. […] Si je n’ai pas réussi, c’est que le succès dépend de la volonté des dieux.
Il suppose que son républicanisme prend à volonté toutes les formes : « Il a serpenté avec succès, dit-il, au travers des orages et des partis, se réservant toujours des expédients, quel que fût l’événement. » Rien ne paraît moins juste que cette assertion quand on a suivi, comme je viens de le faire, la ligne de Roederer jour par jour d’après ses écrits.
Il conserva quatre ponts sur le Rhin par lesquels il pouvait toujours repasser à volonté sur la rive droite.
Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M.
mon pauvre ami, je voulais t’écrire tranquillement ; mais ces cruelles idées sont plus fortes que ma volonté, et je vois à peine ce que j’écris.
Dès les premières discussions qui s’étaient élevées devant Alexandre, Jomini avait représenté à l’empereur qu’isolé et sans fonctions il lui était fort difficile de juger des affaires et de donner un conseil ; on décida donc de l’attacher officiellement à l’état-major de Schwartzenberg, en lui donnant Toll, général russe, pour adjoint ; mais la volonté du puissant autocrate ne parvint jamais à l’accréditer comme il aurait fallu.
« J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection.
Servi par eux, Louis XIV sut se guider lui-même, choisir et trouver ses voies, suffire à tout, réparer les fautes, diviser ses adversaires, ne rien relâcher qu’à la dernière heure, et à force de suite, d’artifice et de volonté, enlever à point nommé la paix la plus glorieuse.
Ainsi cette âme passionnée, et par trop maniable aux impressions successives, ne pouvait se fixer à rien ; elle était du nombre de ces natures déliées qu’on traverse et qu’on ébranle aisément sans les tenir ; elle avait puisé dans l’ingénuité de son propre fonds et avait développé en elle, par l’excellente éducation qu’elle avait reçue, mille sentiments honnêtes, délicats et pieux, capables, ce semble, à volonté, de l’honorer parmi les hommes ou de la sanctifier dans la retraite, et elle ne savait se résoudre ni à l’un ni à l’autre de ces partis ; elle en essayait continuellement tour à tour ; la fragilité se perpétuait sous les remords ; le monde, ses plaisirs, la variété de ses événements, de ses peintures, la tendresse de ses liaisons, devenaient, au bout de quelques mois d’absence, des tentations irrésistibles pour ce cœur trop tôt sevré, et, d’une autre part, aucun de ces biens ne parvenait à le remplir au moment de la jouissance.
Il expira doucement, dans le silence et dans la contemplation des grandeurs et des volontés du Tout-Puissant.
C’en est fait dès lors : plus fort que leurs volontés, plus fort que le devoir, plus fort que la religion, l’amour souverain les lie jusqu’à la mort.
On a pu trouver que Montaigne y faisait la part vraiment bien petite à l’effort, et l’on se demande quel esprit, quelle volonté peuvent se former sans l’effort.
Cet indomptable, cet orgueilleux, ce féroce, il l’avait maté à force de douceur impérieuse et flegmatique : il avait brisé en lui tous les ressorts de la volonté ; il l’avait jeté dans la piété austère, étroite, formaliste, dans des pratiques de moine imbécile ; il l’avait fait incapable d’activité et de décision, à tel point que lui-même s’appliqua plus tard à lui refaire un peu d’énergie et de spontanéité.
Une ambition de cet ordre ne laisse donc le plus souvent ni scrupule ni inquiétude de conscience : en priant Dieu de l’éclairer sur sa vocation épiscopale, le prêtre se convainc presque inévitablement qu’il se conforme, en effet, à la volonté divine.
Et, quand même ils n’y seraient pas obligés par la volonté du défunt, comment oseraient-ils décider que ce sont en effet des rognures ?
Esprit malheureux, et pour cela plus à plaindre qu’à blâmer, il n’avait que l’ambition d’un dégoûté, et, ne sachant être ni de ceux qui commandent ni de ceux qui servent, il se dissimulait cette impuissance de sa volonté par l’ardeur de ses attaques contre les uns et par l’injustice de ses mépris pour les autres.
On peut regretter le temps où le grand homme se formait sans y penser et sans se regarder lui-même ; mais les déportements ridicules de quelques faibles têtes ne sauraient faire condamner la volonté réfléchie et délibérée de viser à quelque chose de grand et de beau.
Mais on n’est acharné que quand on montre une volonté maligne d’anéantir l’objet de sa haine.
En face de la famille officielle, l’auteur nous fait voir la famille exclue et déshéritée, s’enrichissant par le travail, prospérant par l’accord parfait de deux volontés courageuses, de deux cœurs unis.
La jeune fille, se croyant délaissée, s’est soumise à la volonté paternelle.
En 1681, il put prolonger ce séjour de Paris à volonté ; et en 1682, le 12 avril, le roi lui fit la grâce de le rappeler à la Cour !
Si cela empoisonne un peu la jouissance présente, l’imprévu ne vous désarçonne pas, — et vous êtes toujours prêt à aller au bout de tout ce que vous avez entrepris, avec une résolution délibérée, une volonté amassée, une patience constante des mauvais hasards.
Le public est donc en somme un souverain raisonnable ; mais il ne l’est pas à toute heure : il faut savoir l’attendre, le pressentir et distinguer ses volontés de ses caprices.
Le langage vaut ce que vaut la pensée, et la pensée elle-même vaut plus ou moins selon l’énergie plus ou moins grande de la volonté qui la dirige.
6° La volonté de vaincre ou de mourir dont fait preuve Konkobo en alourdissant sa culotte avec de la terre, pour s’interdire la fuite au cas où son courage aurait une défaillance.
Un jour cette dame, qui a sa maison de campagne dans un lieu assez rapproché, voit son fils, son petit enfant, languir, devenir malade, très souffrant, et avoir de ces caprices de malade, de ces volontés pathologiques que vous savez.
La haute raison des libres-penseurs ne se déformera pas beaucoup en découvrant que ce fut la routine d’une religion timorée, comme si tout ce qui ne change pas, tout ce qui se suit et ce qui dure n’était pas aussi une routine, depuis la fidélité dans l’amour jusqu’au train du ciel étoilé au-dessus de nos têtes, depuis la persévérance dans la volonté de l’homme jusqu’à l’adoration perpétuelle des Anges devant le trône de Dieu !
En vain les stoïciens voudraient nous présenter ici Jupiter comme soumis à leur destin ; Jupiter et tous les dieux ont tenu conseil sur les choses humaines, et les ont par conséquent déterminées par l’effet d’une volonté libre.
Le gain le plus précieux, c’est celui qui s’obtient de la volonté libre ; mais la violence fait trébucher tôt ou tard même le plus superbe.
Et plus tard, et toujours, quand la Bible devient la principale nourriture des âmes, combien ce langage, approprié sans cesse par la passion aux hommes qui s’en servaient, n’eut-il pas de pouvoir sur l’esprit et la volonté !
Sans doute, nous avons devant les yeux les mouvements de cet homme et ses manifestations qui sont, nous en sommes sûrs, les modes d’expression de sa sensibilité et de sa volonté. […] Une volonté personnelle de l’empereur Napoléon III l’appela au Sénat. » Je m’arrête, ce bout de biographie est suffisant pour établir un court parallèle entre Claude Bernard et M. […] Il a lutté contre la faillite avec une volonté surhumaine, il n’a pas cherché dans les lettres que de la gloire, il y a trouvé de la dignité et de l’honneur. […] Je l’ai montré tout à l’heure, ce jeune homme, vivant du journal plutôt mal que bien, arrivant, par un effort de volonté, à écrire des œuvres, en dehors de sa besogne quotidienne. […] Mais c’est surtout dans cette œuvre incomplète qu’on peut prévoir les belles qualités du romancier, le souffle, l’ampleur, la volonté des sujets vastes et la puissance pour les réaliser.
Elle les exprime par des volontés qui s’appellent lois. Les lois sont donc des volontés, d’où résultent pour les membres de la société des actions appelées devoirs. […] Dans tous les modes particuliers de la société, le pouvoir veut la société, c’est-à-dire sa conservation ; le ministre agit, en exécution de la volonté du pouvoir. Le sujet est l’objet de la volonté du pouvoir et le terme de l’action des ministres. […] Les facultés dont se compose notre esprit, les causes des égarements de notre esprit, la force de notre volonté, l’ascendant de nos passions, l’amour du beau et du bon, ou notre penchant pour la vertu, sont donc l’objet de la première partie.
De ce point de vue, son existence entière peut être considérée comme une œuvre d’art à laquelle la chance et la volonté avaient concouru en proportions pareilles. […] Elle-même était souffrante, et, à maint indice, bien qu’elle prétendît dominer la maladie à force de volonté, elle sentait les signes de la faiblesse physique se multiplier. […] l’âme de Flaubert aussi valait mieux que son esthétique, et c’est cette âme insufflée, contre sa propre volonté, dans ses pages, qui leur assure cette place à part dans l’histoire du roman français contemporain. […] — dans un groupe d’êtres humains, les formes d’esprit doivent être différentes, par suite là marche de là volonté. […] Il n’y a point d’éducation ni de volonté qui puisse amener dans l’intelligence la production d’images d’un certain ordre, si ces images ne surgissent point par une reviviscence instinctive.
Cela donne au vers une facture délibérée, complète, un achèvement plein carré, une absence d’hésitation, une volonté d’emplir. […] Marquons, signifions notre volonté souveraine. […] On ne querelle souvent aussi bien, à ce point d’âcreté, à ce point de cruauté, à ce point de volonté, et en même temps d’instinct, à ce point de pénétration, à ce point de sûreté, à ce point de pointe, que ce que l’on est (demeuré) soi-même. […] — Agis, dit Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés libres et raisonnables. […] Hélas la république des volontés libres et raisonnables
Mais il y a des actes nobles, comme de se dévouer, ou, sans aller jusque-là, comme tous les actes qui sont une victoire de l’esprit sur la chair, de la volonté sur l’instinct, de la civilisation sur la nature ; et de ces actes la noblesse s’en communique aux mots et pour ainsi parler jusqu’aux syllabes qui les expriment. […] C’est qu’aussi bien, en même temps qu’une époque de l’histoire des mœurs, le changement en marquait une aussi de la grandeur française ; et, parmi tout cela, du milieu même des divertissements, l’action du maître se faisait sentir : l’énergie de sa volonté, la puissance de son application, l’ubiquité de son regard et le poids de son bras. […] Le Cid, Horace, Rodogune, Héraclius] ; — il n’est que le triomphe de la volonté [Cf. […] Lemaître, Corneille et Aristote] sur les obstacles qui s’opposent à son développement ; — et de là, dans ce théâtre : — le goût de la tragédie politique, dont le domaine est justement le « lieu » de l’exercice de la volonté ; — le mépris des passions de l’amour, qu’il considère comme étant trop « chargées de faiblesse » ; — l’intention ou plutôt l’apparence de l’intention morale ; — de là encore, la tension des sentiments ; — et de là enfin, cet art d’épuiser les sujets qu’il traite [Cf. […] — Considérons en ce cas qu’il nous suffit d’y croire pour être aussi bons que nous le puissions être parmi les hommes ; — que ces dogmes ont d’ailleurs été figurés par l’ancienne loi, — annoncés par les prophètes, — confirmés par les miracles ; — et qu’enfin, à défaut de notre raison, nous y pouvons toujours incliner nos volontés.
— Eh bien, donc, s’écria Christel, que la volonté du Seigneur s’accomplisse ! […] — Bénissons la volonté de l’Éternel !
Il mourait dans la religion de son maître, se conformant à la loi de la nature et ne voulant d’autre médecin que la confiance en Dieu et la résignation à la volonté suprême qui appelle les êtres à la vie et qui les rappelle à son heure. […] A-t-il besoin d’employer quelque signe extérieur pour exécuter sa volonté, lui qui agit sans cesse dans tous ses ouvrages par un travail intérieur ?
Le goût de la vérité, le don de l’attirer par la douceur et les grâces, en mettant à l’aise ceux qui pouvaient la lui dire, le don non moins rare de se l’approprier, pour en faire usage dans sa conduite, ce sont là des qualités supérieures, parce que la volonté y a peut-être plus de part que la nature. […] J’en crois La Fontaine, quand il dit : Vous savez conquérir les Etats et les hommes ; Jupiter prend de vous des leçons de grandeur, Et nul des rois passés, ni du siècle où nous sommes, N’a su si bien gagner l’esprit avec le cœur… Vos moindres volontés sont autant de décrets, Vos regards sont autant d’arrêts215 .
Dans une démocratie qui vit de liberté, et que féconde la variété des inspirations individuelles, le gouvernement n’a rien à édicter, rien à diriger, rien à entraver ; il n’a qu’à remplir, s’il le peut, et comme il le peut, un rôle discret d’amateur clairvoyant, respectueux des talents sincères, des belles passions et des volontés généreuses. « Or, de talent plus fier que le vôtre, de passions plus ardentes que celles que vous avez nourries, de volonté plus souveraine que celle que vous avez appliquée aux recherches d’art et au travail de style, il me paraît difficile d’en découvrir ; et c’est vraiment, par excellence, une vie d’écrivain, que cette vie si droite et si pleine, que vous aviez commencée à deux, côte à côte, dans la joie de vos cœurs jumeaux, et que vous avez reprise, avec une vaillance inébranlable, dans la mélancolie de la solitude.
La nature ne lui avait pas donné de voix, mais une volonté qui se passe de la nature. […] Guizot la volonté ?
Je n’ai plus mes désirs pour maîtres ; Chacun me mène à volonté, Et je suis meilleur pour les êtres, Si mon cœur a moins de bonté… Laissez-moi vous copier aussi la Chanson sur un thème chinois : Où donc est l’hirondelle ? […] Enfin, si vous passez son œuvre en revue, si vous considérez l’austérité de quelques-uns de ses sujets, la probité scrupuleuse de l’exécution, l’effort continuel vers quelque chose de nouveau (sans nul souci du public qui aime qu’on recommence les mêmes choses), vous sentirez peut-être ce que tout cela suppose de volonté et d’énergie patiente. […] Ajoutez une sensibilité excessive, un besoin de bienveillance autour de lui, un art merveilleux et déplorable de se faire souffrir avec rien ou pas grand’chose… Disons donc, si vous le voulez bien, qu’il a, avec une intelligence et une volonté viriles, des nerfs un peu féminins. […] À l’heure qu’il est, on obtient à volonté du sucre d’orge, des bonbons acidulés, de la parfumerie, des épingles, des pelotons de fil, du savon, du papier à cigarettes, etc.
C’est, selon elle, sa volonté seule qui faisoit le destin ; mais en ce cas, je demande quel étoit donc le destin avant que Jupiter fût né ? […] Idomenée dit à Neptune sous la figure de Thoas, que s’il ne combat pas, ce n’est ni lâcheté, ni paresse ; mais qu’il faut que ce soit la volonté de Jupiter. […] telle est donc la volonté du puissant Jupiter, qui a renversé tant de forteresses, et qui en renversera encore tant d’autres ; car son pouvoir est infini. […] Malgré tous ces adoucissemens, le discours est encore vicieux, parce que j’y fais trop valoir les secours des troyens, et que j’y mêle trop aussi la volonté des dieux.
Ce premier vice du plan, qui, contre la volonté même de M. […] Leur volonté n’en a peut-être pas tout le mérite. […] Taine, cependant, malgré ce qui les distingue, ont ce trait de semblable, que ni l’un ni l’autre ne reconnaissent l’intervention d’une volonté libre dans le jeu de nos facultés. […] Or, Philippe a contre lui la volonté du roi, sa mauvaise réputation, la jalousie des princes légitimés, déjà investis de moyens d’action considérables, plus que tout, les préventions de la cour. […] Ce n’est pas le jeu qui le perd ; c’est une faiblesse de caractère et un manque de volonté.
L’auteur parle des femmes de mauvaise vie qui osent prier les saintes, leurs patronnes. « La femme impudique n’a pas crainte avec son bordeau se mesler parmi les saintes vierges, et de invoquer celle dont elle porte le nom, qui est tant différente et dissemblable par sa luxure et mauvaise volonté, sans avoir été contraincte et ces dames ont tant souffert pour garder leur intégrité. » Lisez : « Elle n’a pas crainte de se mêler… et d’invoquer la vierge dont elle porte le nom, elle qui est si différente de cette sainte patronne par sa luxure et sa mauvaise volonté, et cela bien qu’elle n’ait subi aucune contrainte, au lieu que les saintes ont souffert pour garder leur vertu. » Vous voyez ce que j’entendais tout à l’heure par « syntaxe amorphe », et comme cela est loin de la précision et de la netteté de Rabelais. […] S’il estime que la jeune fille doit être sévèrement gardée, il lui fait du moins la grâce de croire qu’elle apprend par là à se garder elle-même : car obéir, c’est se dompter ; c’est se préparer à vouloir, et, ce qu’on retranche au désir, on l’ajoute à l’énergie de la volonté… Ecoutez ceci, Jeannine, Raymonde, et vous aussi, Denise : « Ne doivent être ouyes que celles qui se dient avoir été contrainctes, car c’est excusation en péché. […] Dans sa méconnaissance haineuse des volontés de la bonne nature, notre saint homme en vient à parler des douleurs de l’enfantement, — douleurs que sa piété devrait estimer saintes et expiatrices, — comme le pourrait faire la plus égoïste et la plus sèche des petites bourgeoises ou des mondaines. « Au commencement, si la nouvelle mariée ne devient enceinte, non seulement elle ne doit pas s’en chagriner, mais elle s’en doit réjouir, car elle est quitte de l’incroyable douleur qu’on a de l’enfantement. » Et il énumère les souffrances, les inconvénients et périls auxquels la femme grosse est exposée. […] Corneille n’était pas seulement le poète sublime de la raison et de la volonté : c’était aussi le peintre exact de l’esprit de son temps ; il y avait en lui, outre le génie tragique que nous savons encore admirer, une faculté d’observation exacte que nous n’apercevons plus et que tout le monde alors comprenait. » Vivante encore, la tragédie de Racine. […] Alceste, par un effort de volonté, échappe à Célimène.
Il n’en est pas moins vrai que, pour occuper les premiers rangs dans l’ordre de l’art, la condition est un certain équilibre et une ordonnance entre les éléments humains, une volonté supérieure qui en dispose, tout en les déchaînant, une élévation qui, au sommet, triomphe des orages eux-mêmes et se rit des déchirements au sein d’une sereine clarté.
Là encore, il a l’honneur, du moins, de devancer la plus noble des imitations modernes, André Chénier dans cette belle élégie : Ô Muses, accourez, solitaires divines… Mais n’allons point nous amuser, après tant d’années, à épeler de nouveau Du Bellay pour les quelques bons vers ou les quelques passables strophes de sa première manière ; c’est dans sa seconde qu’il devint tout à fait lui-même ; que, croyant la gageure perdue et détendant son effort, il se mit à chanter pour lui et pour quelques-uns dans une note plus voisine de son cœur ; et dès lors, l’expérience aidant, le sentiment intime l’emportant sur la volonté et sur le parti pris, il trouva sa veine.
Ses volontés feraient ses lois, et ses lois feraient son bonheur. » La nation va être régénérée : cette phrase est dans tous les écrits et dans toutes les bouches.
Chaque sensation tendant à renaître dans son image, la sensation deux fois répétée laissera après elle une tendance double, à cette condition pourtant que l’attention soit aussi grande la seconde fois que la première ; d’ordinaire elle ne l’est pas, parce que, la nouveauté diminuant, l’intérêt diminue ; mais si d’autres circonstances renouvellent l’intérêt, ou si la volonté fait son office, la tendance incessamment accrue accroîtra incessamment pour l’image les chances de résurrection et d’intégrité.
Je m’y rendis, car bien qu’éloigné des sentiments de Lamennais en matière religieuse, j’étais et je suis toujours très-ennemi du concordat de Bonaparte assujettissant le prince aux volontés du pape, et le pape aux ordres du prince.
Par moments, des volontés individuelles se manifestent ; elles s’attirent, s’agglomèrent, se généralisent pour un but qui, atteint ou manqué, les disperse en leurs éléments primitifs. — Tantôt de mythiques phantasmes évoqués, depuis l’antique Démogorgôn jusques à Bélial, depuis les Kabires jusques aux Nigromans, apparaissent fastueusement atournés sur le roc de Caliban ou par la forêt de Titania aux modes mixolydiens des barbitons et des octocordes.
Derrière tout ce qui se fait ouvertement et par une volonté claire, que d’actions n’a-t-il pas découvertes qui se font pour ainsi dire en cachette de la conscience, ou à son insu, par cette corruption insensible de notre nature qu’il a si profondément remuée ?
A ceux qui reprochaient à Balzac le titre de Lettres donné à ses pièces d’éloquence, disant qu’une inscription si basse ne devait couvrir que des choses ordinaires, ses admirateurs répondaient « qu’il n’avait tenu qu’à la fortune que ce qu’on appelait Lettres n’eussent été harangues ou discours d’Etat ; mais que, dans un pays où la volonté d’un seul avait remplacé le gouvernement populaire, n’y ayant ni peuples opprimés à défendre devant un sénat, ni oppresseurs à accuser, il n’y avait pas lieu à l’éloquence politique ; que quant au barreau, les affaires y étaient tellement étouffées par la chicane, que là non plus il n’y avait pas place pour l’éloquence judiciaire : qu’il restait les chaires des prédicateurs, mais que ce n’étaient pas des hommes tels que M. de Balzac qu’on appelait aux fonctions ecclésiastiques », — allusion à Richelieu, qui l’avait critiqué et ne l’avait pas fait évêque, pas même abbé, à quoi Balzac, dit-on, s’était rabattu ; — « que dès lors il avait fallu que son éloquence s’enfermât dans ce petit espace. » C’est là, en effet, le malheur de cette éloquence.
L’étude, la comparaison, toute cette intervention de la volonté que suppose le goût, ne font que dégager ce que nous sommes réellement de ce que nous a faits d’abord, soit l’imitation du tour d’esprit de notre temps, soit une mauvaise éducation.
Quoique philosophiquement elle ne fasse encore là que se juxtaposer, la Musique (je somme qu’on insinue d’où elle poind, son sens premier et sa fatalité,) pénètre et enveloppe le Drame de par l’éblouissante volonté du jongleur inclus dans le mage ; de fait, on peut dire qu’elle s’y allie : pas d’ingénuité ou de profondeur qu’avec un éveil enthousiaste il ne prodigue dans ce dessein, sauf que le principe même de la présence de la Musique échappe.
Rien n’est plus contraire à l’esprit de l’œuvre wagnérienne, à la volonté formelle du maître.
Sa harangue est mâle et concise comme le langage qu’il tient durant tout le drame ; l’accent de la volonté y domine, il y a de l’Imperatoria brevitas romaine dans son laconisme.
Croyant obéir aux lois d’une raison universelle, à laquelle, dans le domaine de la pratique morale, aucune réalité ne répond, elle ne va faire que se soumettre à la volonté de puissance d’une autre collectivité.
Tête de femme aux cheveux rebroussés en arrière, dégageant le bossuage d’un petit front étroit, les sourcils remontés vers les tempes, l’arcade sourcilière profonde, l’œil fendu en longueur avec une prunelle coulant dans les coins, le nez d’une courbure finement aquiline, la bouche serrée et tirée par une commissure à chaque bout, le menton maigre et carré : un type physique curieux de l’énergie et de la volonté féminine.
Il se prosterne encore, il attend, il espère, Mais il remonte et dit : « Que votre volonté Soit faite, et non la mienne, et pour l’éternité. » — Une terreur profonde, une angoisse infinie Redoublent sa torture et sa lente agonie ; Il regarde longtemps, longtemps cherche sans voir.
l’intérêt et la pitié du spectateur, si telle est la volonté d’un poète tout-puissant, vont se porter même sur le vice et même sur le crime, à condition qu’ils seront mélangés d’une certaine dose d’honnêteté et de vertu.
J’ai retranché, par exemple, une assez longue scène entre les généraux, après un festin durant lequel Tersky leur a fait signer l’engagement de rester fidèles à Wallstein, contre la volonté même de la cour.
Dira-t-on que, en nous révélant les causes des phénomènes, elle nous fournit les moyens de les produire à notre guise et, par suite, de réaliser les fins que notre volonté poursuit pour des raisons supra-scientifiques ?
L’inconséquence entre les opinions qu’on a et la vie qu’on mène est bien plus commune que l’hypocrisie, ce vice des sociétés fortes, qui gêne comme un masque et suppose une volonté et un caractère inconnus aux sociétés faibles, lâchement et cyniquement sincères, mais cette inconséquence ne fausse pas la vérité des principes, parce qu’en pratique elle les viole, et tout au contraire, elle la proclame de plus haut !
Serait-ce là une prudente réserve, posée à l’avance, pour revenir sans trop de lâcheté et d’inconséquence à des sujets irrésistibles, plus forts que la volonté et que la pensée ?
…) et de grande volonté, et ensemble, soulevés d’une grande alacrité d’âme, mettez-vous simplement à marcher devant le peuple.
Si ce n’est pas le signe d’une nature très souple, c’est au moins celui d’une nature puissante, et la volonté est ici-bas la première des forces.
Cette égalisation même, dont nous venons de prouver qu’elle est rendue nécessaire par la différenciation des individus coopérants, n’est rendue possible que par leur accord préalable, par une volonté de vivre en commun qui leur fait préférer à la lutte anarchique les conventions égalitaires.
Au lieu de ce sceptre équitable, de ce soin de cueillir la fleur des plus hautes vertus, de cette patience à supporter la plainte, de cet amour de la justice et des arts, dont Pindare félicitait Hiéron, au lieu de ces lois justes et de cette liberté paisible qu’il attendait du roi d’Etna, fils d’Hiéron, ce que Callimaque célèbre dans Ptolémée, c’est la rapidité de la puissance arbitraire, ce sont ces images, empruntées à l’Orient, d’une volonté suprême aussi promptement obéie que connue.
Et le menton mignon, sans avancer, disait quelque volonté, muettement exprimée par les incarnadines lèvres, à intervalles, pressées, mordillées à peine. […] Raskolnikoff est autre, il s’occupe de choses pratiques, sociales, il croit au développement de l’individu, au devenir de la volonté, mais au devenir social surtout ; il a pu être Hegelien, tous les disciples allemands d’Hegel, beaucoup du moins, sont partisans du développement de la force, et même brutale au nom de leur concept de justice ; il a pu lire Malthus, dont le remède, ou du moins la prophylaxie contre l’assassinat, en restreignant le nombre des facteurs possibles de cette sorte d’opération, est assez spécieux. […] Nous savons aussi que par une fatale loi d’impulsion, tout malade est porté à accomplir spécialement les actes qui peuvent empirer son état, jusqu’à ce qu’un choc réveille sa volonté et l’incite à remonter le courant de la vie nuisible. […] Car tu possèdes l’être réel de toutes choses en ta pure volonté, et tu es le dieu que tu peux devenir. […] À côté de cette influence sur la façon d’écrire (car il n’en est guère trace dans l’intime pensée Que reflètent les livres), Wagner eut encore pour l’écrivain français le prestige de celui qui avait fait son œuvre, tout son œuvre, grâce au concours des circonstances et de sa volonté (voir la Légende moderne, Histoires insolites), et peut-être l’exemple du réformateur allemand arrivé, après transes, au faite de toute gloire, soutint-il souvent, dans la pénible vie littéraire, Villiers, et l’aida-t-il vers la force qui permet les œuvres de longue haleine.
Sans doute nous avons devant les yeux les mouvements de cet homme et ses manifestations qui sont, nous en sommes sûrs, les modes d’expression de sa sensibilité et de sa volonté. […] En effet, quand l’expérimentateur est parvenu à connaître les conditions d’existence d’un phénomène, il en est en quelque sorte le maître ; il peut prédire sa marche et sa manifestation, la favoriser ou l’empêcher à volonté. […] Ce qui veut dire en d’autres termes que la condition d’un phénomène une fois connue et remplie, le phénomène doit se reproduire toujours et nécessairement, à la volonté de l’expérimentateur. […] Puis, ces conditions étant connues, il peut, en les réalisant ou non, maîtriser le phénomène, c’est-à-dire le faire apparaître ou disparaître suivant sa volonté. […] Cette glande fournit à l’état normal une sécrétion intermittente que l’on peut exciter ou faire cesser à volonté.
Les autres nous semblent situées dans un corps qui nous appartient et qui nous est lié tout particulièrement, que nous remuons à volonté, qui nous accompagne dans tous nos changements de lieu, qui répond à tous nos attouchements par une sensation de contact, dans lequel nous nous situons de façon à y répandre, y enclore et y circonscrire notre personne. […] Il est le seul que ma volonté mette directement en mouvement.
Ce soir, au dîner des Spartiates, on soutenait que l’homme de l’Occident, était une individualité plus entière, plus détachée, plus en relief sur la nature, moins mangée par l’ambiance des milieux, par cela même une individualité plus déteneuse d’une volonté propre que l’homme de l’Orient, dont l’individualité est comme perdue, fondue, noyée, dans le grand Tout, en son exubérance de végétalité et d’animalité, et faisant de l’homme de là-bas la proie du nirwanisme, de cette lâche et souriante veulerie d’une volonté, qui semble avoir donné sa démission, devant le rien qu’est l’humanité en ces contrées exotiques.
D’autres ont objecté que le terme de sélection implique un choix conscient chez les animaux qui se modifient, et on a même argué de ce que, les plantes n’ayant aucune volonté, la sélection naturelle ne leur était pas applicable ! […] Mais si la variété et son espèce mère se sont adaptées à des habitudes de vie légèrement différentes, elles peuvent vivre ensemble, bien que, parmi les animaux qui croisent librement et se meuvent à volonté, les variétés semblent devoir être généralement confinées dans des localités distinctes.
« Si mon faible corps manque ou défaille, — ma volonté est qu’elle garde toujours mon cœur. — Et quand ce corps sera rendu à la terré, je lui lègue mon ombre lassée pour la servir encore272… » Amour infini et pur comme celui de Pétrarque, elle en est digne ; au milieu de tous ces vers étudiés ou imités, un admirable portrait se détache, le plus simple et le plus vrai qu’on puisse imaginer, œuvre du cœur cette fois et non de la mémoire, qui, à travers la madone chevaleresque, fait apparaître l’épouse anglaise, et par-delà la galanterie féodale montre le bonheur domestique. […] Par-delà les preux, images glorifiées des vertus morales, il y a les dieux, modèles achevés de la beauté sensible ; par-delà la chevalerie chrétienne, il y a l’olympe païen ; par-delà l’idée de la volonté héroïque qui ne trouve son contentement que dans les aventures et le danger, il y a l’idée de la force sereine qui d’elle-même se trouve en harmonie avec les choses. […] En somme, avec les alchimistes, avec Paracelse et Gilbert, avec Kepler lui-même, avec tous les hommes de son temps, gens d’imagination et élevés dans Aristote, il se représente la nature comme un composé d’énergies secrètes et vivantes, de forces inexplicables et primordiales, d’essences distinctes et indécomposables, affectées chacune, par la volonté du Créateur, à la production d’un effet distinct. […] Car les idées, j’entends les grandes et les efficaces, ne naissent point à volonté et au hasard, par l’effort d’un individu ou par l’accident d’une rencontre.
Je les vois, et je me demande dans quel dessein il a plu à Dieu de se rendre plus manifeste à leur humble intelligence qu’au philosophe, qui le cherche par l’esprit sans avoir au cœur la volonté de le trouver. […] * Cela a été une inconséquence de ma destinée plutôt que de ma volonté, de me voir enveloppé dans la politique, sans en avoir le goût ni les mœurs ; d’être entraîné dans ses chances, sans en avoir ni voulu, ni su jouer le jeu ; complice de ses fautes sans en être coupable ; et, finalement, d’en payer les frais sans en avoir eu les profils. […] … Ô mon Dieu, si votre volonté est que je meure, faites que dans ce monde meilleur où vous avez promis une place aux mères chrétiennes, je sache que la France est sauvée, et que mon fils est victorieux et vivant. […] La foi, le caractère de celui que nous pleurons apparaissent avec une si vive clarté dans ces quelques vers, dans cet extrait de ses dernières volontés, que je ne me crois pas permis de ne pas les faire connaître à ceux qui, en lui, aimaient l’ami ou vénéraient le maître.
Le chrétien est dévoré d’une sourde révolte, d’une mauvaise volonté de rural, d’une rébellion sournoise de paysan. […] Ou plutôt la volonté de Dieu a créé, s’est créé deux limitations et pour ainsi dire deux manquements : l’un est la liberté de l’homme, dans l’ordre de la vie ; l’antre est la force de l’habitude, dans l’ordre de l’amortissement et de la mort. […] C’est par un plein jeu de sa liberté et de sa volonté, c’est par un plein jeu de sa volonté libre qu’il s’est fait homme, qu’il est devenu homme : et homo factus est. […] D’adopter à volonté, et pour les besoins de sa bassesse, les situations les plus contradictoires, et les plus inconciliables. […] Les routes se prennent à volonté dans l’un ou l’autre sens.
Nous sommes rentrés… Il s’est assis et il a repris la lecture de ses journaux… Sa main tremblait un peu, mais il lisait cependant… Il a une telle énergie, une telle force de volonté… Au bout d’un quart d’heure, il a levé la tête, il était redevenu tout à fait calme, et il m’a dit : — Ce geste que j’ai fait tout à l’heure du haut du perron pour chasser ces écervelés, vous n’avez pas remarqué ? […] sa volonté s’irrite avec les obstacles. […] Non pas que le Dauphin ait dit ou fait de grandes choses ; ce n’est pourtant pas la volonté qui lui a manqué comme on pourra le voir, mais ses ardents désirs de faire le bien, son amour profond de la patrie, tout cela dut s’éteindre devant la froideur, l’égoïsme du roi Louis XV. […] « Elles lui donnèrent à ce dernier moment de sa vie tout le secours édifiant que l’on pouvait attendre de leur charité, et il leur fit paraître tous les sentiments d’un bon chrétien et toute la résignation qu’il devait à la volonté du seigneur. […] Claude, c’est l’homme qui a souffert dans son âme et dans l’âme des autres, qui a compris, qui a réfléchi, qui s’est élevé, qui a maintenant une volonté bien ferme, un but bien net, et qui marche droit à ce but, en laissant de côté tout ce qui est inutile, en s’associant à tout ce qui est valable, eu exterminant tout ce qui est hostile.
Le tranchant, par exemple, et la pointe de ce glaive de volonté et de pensée pénétrante dont nous avons parlé, se réfléchissent assez peu et tiennent dans l’intelligence contemplative moins de place qu’ils n’ont réellement de valeur et d’effet dans le progrès commun.
XXV Mais ce n’était pas la volonté qui avait chanté en moi, c’était l’instinct.
« Quant à lui, par une dissimulation contraire, triste et comme affligé de son propre salut, il affectait de verser des larmes sur la mort de sa mère ; mais, comme la physionomie des lieux ne change pas à volonté comme la physionomie des hommes, que l’aspect pénible de cette mer et de ce rivage importunait ses regards, et qu’on entendait de plus, disait-on, sous les collines de Baïes le son d’une trompette et des gémissements de deuil autour du tombeau de sa mère, il se réfugia à Naples, et il adressa de là des lettres au sénat. » LII « Ces lettres disaient qu’Agérinus, affranchi et confident intime d’Agrippine, avait été surpris le fer à la main pour l’assassiner ; qu’Agrippine s’était fait justice à elle-même en se punissant de la même mort qu’elle avait tramée contre lui.
La prétention n’en est que le masque : ce masque, au lieu de montrer un homme racontant simplement les pensées et les événements de sa vie, montre sans cesse un personnage en attitude de pose devant le lecteur, pour se faire admirer ; voilà pour la naïveté, il n’y en avait point, il ne pouvait y en avoir, l’attitude est l’inverse de la nature, la volonté tue le génie : c’est de la naïveté de commande, c’est-à-dire de la naïveté voulue.
Ces pensées qui se pressent dans l’esprit sans qu’on puisse les changer en acte de la volonté, le contraste singulier d’une vie beaucoup plus monotone que celle des anciens et d’une existence intérieure beaucoup plus agitée, causent une sorte d’étourdissement semblable à celui qu’on prend sur le bord de l’abîme ; et la fatigue même qu’on éprouve, après l’avoir longtemps contemplé, peut entraînera s’y précipiter.
D’autre part, toute œuvre durable comporte une difficulté vaincue ; cette victoire souvent lente, exige la volonté de travail, la discipline, l’obstination dans l’effort, vertus qui ne sont pas, dit-on, caractéristiques des races du Midi et que, d’ailleurs, les conditions de vie trop facile, dissolvent.
Je crois, je suis certain même, que l’auteur de Chérie, si fier, si noble, si digne, si pointilleux, sur le point d’honneur littéraire, aurait jeté au feu son testament, s’il avait prévu la façon dont ses volontés seraient respectées.
Et, en même temps, il en a tenu note avec une curiosité que ne rebutait point la difficulté de se reconnaître soi-même dans ces ténèbres de la volonté et de l’humeur, de se saisir dans cette mobilité, et que n’effarouchait pas la honte de se trouver des faiblesses.
Tréguier a d’ordinaire beaucoup de fous ; comme toutes les races du rêve qui s’usent à la poursuite de l’idéal, les Bretons de ces parages, quand ils ne sont pas maintenus par une volonté énergique, s’abandonnent trop facilement à un état intermédiaire entre l’ivresse et la folie, qui n’est souvent que l’erreur d’un cœur inassouvi.
On doit en conclure, ce me semble, qu’il possède, cette rare intensité du sentiment, cette ardeur intérieure, cette puissance de volonté, cette foi qui subjuguent, émeuvent et entraînent. » Et il termine son article par le fameux serment : « Si telle est cette religion (« le beau est horrible, l’horrible est beau ») je suis fort loin de la professer ; je n’en ai jamais été, je n’en suis pas, je n’en serai jamais… Je lève la main, et je le jure : Non credo !
C’est les tourbillonnants ébats de la danse ; des légèretés royales : et cela se mène d’une poussée si vive, que l’on aperçoit sans arrêt, sous cette frénésie, la volonté créatrice : impétueusement, l’artiste projette loin du monde son ivresse tumultueuse, tandis que rôde aux coins du cœur, guettant la première fente, le mai dépossédé.
Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.
Cette méprise du bon Ducis dédoublant ses personnages, et taisant, du masque tragique, la tête, à double profil, de Jean qui pleure et de Jean qui rit, n’est-elle pas, à des degrés différents, celle de tous les auteurs qui changent à volonté leurs ouvrages ?
Ce champ de tombes prêche le dénouement de la volonté… Une mélancolie emportée bientôt par les niaiseries de la douleur bourgeoise.
Toutefois, malgré sa volonté et son courage, le changement qui se faisait en sa personne, apparaissait à tous les yeux, et le bruit se répandait qu’il avait un cancer.
Du conflit des idées elle tire une idée nouvelle, qui ne doit aux idées d’où elle sort que parfois les lettres qui forment leur commune armature ; la langue transporte à volonté l’idée de rouge au mot noir, ou l’idée de tuer au mot protéger : et cela est très clair.
Leur malheureuse position, pour ne pas dire leur misère, ne leur a déjà prouvé que trop clairement combien ils se sont trompés en descendant, de leur propre volonté, au niveau des petits théâtres.
Elle n’est pas, comme le croient les chercheurs politiques ou littéraires de raison d’État, dans l’action de l’homme, de sa volonté et de son génie, sur l’événement, mais dans la prévision de l’événement qui se produira à peu près certaine dans les esprits de l’an 2000, et telle est la conclusion de M.
Mais la pensée, qui déborde le pur entendement, sait bien que, si l’intelligence a pour essence de dégager des lois, c’est afin que notre action sache sur quoi compter, c’est afin que notre volonté ait plus de prise sur les choses : l’entendement traite la durée comme un déficit, comme une pure négation, afin que nous puissions travailler avec le plus d’efficacité possible dans cette durée qui est pourtant ce qu’il y a de plus positif au monde.
Nous pourrons par conséquent dire, à volonté, que Paul s’éloigne et puis se rapproche de Pierre, ou que Pierre s’éloigne et puis se rapproche de Paul.
Entre autres phrases héroïques qui nous ont été conservées dans la jurisprudence antique, les Romains nous ont laissé celle de fundum fieri, pour auctorem fieri ; de même que le fonds de terre soutient et la couche superficielle qui le couvre, et ce qui s’y trouve semé, ou planté, ou bâti, de même l’approbateur soutient l’acte qui tomberait sans son approbation ; l’approbateur quitte le caractère d’un être qui se meut à sa volonté, pour prendre le caractère opposé d’une chose stable.
» Puis, il fait rentrer sa femme dans sa chambre et, froidement, brièvement, signifie ses volontés à Gerfaut. […] Qui n’a senti agir en lui, à certains moments, une volonté qui lui était étrangère ? […] Même on utilisera l’insensibilité produite par cet étrange sommeil, et surtout cette substitution complète d’une volonté à une autre, qui s’appelle la suggestion. […] Et alors, on pourra dire que les hommes supérieurs portent réellement en eux la conscience, la volonté et l’âme de l’univers. […] Dumas nous dit quelle chose extraordinaire, quel long miracle de la volonté servie par le génie furent la vie et la destinée de Victor Hugo. « Il a l’idée fixe ; cette idée fixe, c’est tout simplement, dès qu’il arrive à l’âge de raison, de devenir le plus grand poète de son pays et de son temps, et, à mesure qu’il avance dans la vie, d’être le plus grand homme de tous les pays, et de tous les temps… À quinze ans, il monte dans sa tête et il n’en redescend plus jusqu’à sa mort. » La démonstration suit ; et l’ordre, la force, la couleur en sont admirables.
Polynice se retire… Tirésias vient révéler à Créon la volonté des dieux. […] Redevenu Tirésias, ou à peu près, le pâtre révèle la volonté des dieux à Créon, et ici, je n’hésite pas à le dire, il y a, sérieusement, une bonne correction d’Euripide. […] Il fallait nous montrer tous ces hommes et toutes ces femmes affreusement pénétrés de l’indiscutable, impénétrable et toujours vénérable (quelle qu’elle soit) volonté divine. […] (Entendez, ce sera ma volonté que je leur immole.). — D’autres comprennent : ce n’est pas vous que je leur sacrifie : c’est Trissotin. […] Transformer des velléités en volontés formelles et ces idées en passion véritable, par conséquent, non seulement exposer, mais faire naître, développer et mûrir le caractère d’Alceste, tel est, selon moi, l’objet du Misanthrope.
Il y a peu de monuments littéraires où éclate plus que dans celui de Dumas fils la marque d’une volonté. […] Dès le premier jour jusqu’aux derniers, en Dumas fils, sous l’homme d’imagination, de fantaisie et de vision, sous l’homme de volonté, de combat et de défi ou de gageure, il y avait un vigoureux observateur et un homme qui avait le sens du réel. […] Peut-être aussi s’attendait-on à trop, à trop beau et à trop grand, à cause de l’énorme réclame que, contrairement, j’en suis sûr, aux volontés de l’auteur, on avait organisée par avance autour de cet ouvrage. […] Il y a mainte raison pour que cette duchesse très chrétienne ne devienne pas amoureuse de ce carabin libre penseur, qui du reste, sauf la volonté énergique, n’a absolument rien de séduisant. […] Ribot, et qu’ils ont tous deux une petite maladie de la volonté.
De toi que la nuit veut connaître, De toi que demande le jour, De toi que chaque son murmure, De toi que l’immense nature Dévoile et n’a pas défini… » Autrement dit : « Sans la nature qui est son verbe, et qui exprime, semble-t-il, une volonté aimante et bienfaisante, nous ne saurions rien de Dieu. » Or, de là à songer : « Ce verbe, c’est Dieu, puisque, sans lui, Dieu serait pour nous comme s’il n’était pas », y a-t-il si loin Et, d’autre part, lorsque les poètes hindous écrivent : « Écume, vagues, tous les aspects, toutes les apparences de la mer ne diffèrent pas de la mer : nulle différence non plus entre l’univers et Brahma », ou lorsqu’ils font dire à Dieu : « Je suis dans les eaux la saveur, la lumière dans la lune et le soleil, le son dans l’air, la force masculine dans les hommes, le parfum pur dans la terre, la splendeur dans le feu, etc. », n’avouent-ils pas implicitement que Dieu n’est point, proprement, l’eau, la lune, le soleil, l’air, les hommes, la terre, le feu, mais qu’il se manifeste sous ces « apparences » ; et que le feu, la terre, l’air, le soleil, l’eau, la race humaine sont les signes, les symboles, la parole de Dieu ? […] Jocelyn devient prêtre afin de pouvoir donner l’absolution… Personne n’oserait dire qu’un homme pieux perd son titre à l’héritage céleste parce que, contre sa volonté et son vœu, il serait mort loin des consolations de l’Église… Le fanatisme est beau en poésie, mais le poète ne doit pas laisser lieu de penser qu’il épouse les emportements du zèle aveugle et amer. […] Il comprit la partie par le tout : La fin justifia la voie et le moyen ; Ce qu’il appelait mal, fut le souverain bien ; La matière, où la mort germe dans la souffrance, Ne fut plus à ses yeux qu’une vaine apparence, Épreuve de l’esprit, énigme de bonté, Où la nature lutte avec la volonté Et d’où la liberté, qui pressent le mystère, Prend, pour monter plus haut, son point d’appui sur terre.
Écoutons ces strophes d’un Chœur de sa Didon : Les Dieux des humains se soucient, Et leurs yeux sur nous arrestés Font que nos fortunes varient, Sans varier leurs volontés. […] Ce Dieu qui en fleur t’a changée N’a point changé ta volonté ; Encor, belle fleur orangée. […] Que la volonté de Dieu s’accomplisse ! […] L’âme est donc toute esclave, une loi souveraine Vers le bien ou le mal incessamment l’entraîne, Et nous ne recevons, ni crainte ni désir, De cette liberté qui n’a rien à choisir : Attachés sans relâche à cet ordre sublime, Vertueux sans mérite, et vicieux sans crime, Qu’on massacre les rois, qu’on brise les autels, C’est la faute des dieux, et non pas des mortels : De toute la vertu sur la terre épandue, Tout le prix à ces dieux, toute la gloire est due, Ils agissent en nous quand nous pensons agir, Alors qu’on délibère on ne peut qu’obéir, Et notre volonté n’aime, hait, cherche, évite, Que suivant que d’en haut leur bras la précipite.
J’y trouve cette indication : « Page 25, 7e vers, au lieu de : Sa rumeur murmure effrénée Lisez : Sa rumeur mugit effrénée Je cherche le 7e vers de la page 25 avec la ferme volonté de faire mugir cette rumeur qu’un goût trop vif pour l’allitération fit accuser de murmurer effrénément. […] Ce sont des éloges bien sentis de « cette forte race de l’Est, ayant plus de volonté que d’imagination » ; ou plutôt, de ces deux races, l’une si grossière, l’autre si fine, mais également agaçantes et pratiques, et qui, suivant un mot qu’affectionne la bonne Alsacienne Gevin-Cassal, aiment par-dessus tout « le butin » ; de ces deux races dont les plus nobles expressions littéraires sont Erckmann-Chatrian, gros bons vivants habiles, et Maurice Barrès, le plus sec et le plus avisé des stendahliens. […] D’ailleurs je ne suis pas toujours certain d’attraper la pensée de ces dames ; elles font facilement de la prose difficile : « Et pendant que s’élucubrent ces controverses oiseuses et puériles, gigantesques « moi » de faux brillants, enchâssé de faux ors, dressés pour hypnotiser les snobs, l’esprit public s’égare, le mal persiste, augmente et s’amoncelle, jusqu’à former entre les individus mêmes une barrière énigmatique, presque aussi compliquée et inconnue qu’invincible et redoutable, une barrière contre laquelle se heurteront peut-être trop tard les efforts chimériques des lois et de la morale, et qui n’est autre que l’homme nouveau, celui dont la volonté de se rendre maître de son champ d’évolution n’a d’égale que la prétention de faire son ciel tout seul et d’édifier à sa guise son temple et son autel. » Si on croyait que l’élégant René Maizeroy, ayant dessiné cette période, en a confié le peinturlurage au fougueux Jean Grave, on se tromperait. […] et les mêmes volontés, ont mené l’un à travers les banquises polaires, l’autre à travers les banquises cérébrales… » Le verbe n’a pas de sujet ; mais la phrase ne cesse pas pour si peu de nous heurter à des banquises diverses.
Si je m’étonne d’une chose, c’est que Molière, après nous avoir montré George Dandin faisant des excuses à Clitandre, après nous avoir montré Sganarelle s’armant d’une cuirasse contre la pluie, et l’autre Sganarelle, celui de Dom Juan, associé à des infamies qu’il déteste ; après nous avoir montré Sosie renonçant à être Sosie, parce que le seigneur Mercure le bâtonne, je m’étonne, dis-je, que Molière ne nous ait pas montré le Pauvre reniant Dieu, parce que telle est la volonté, l’inéluctable volonté du seigneur Dom Juan. […] Je sais bien que les fils et les filles ne se marient plus malgré eux, que la loi a prévu vingt moyens de les défendre contre la force ; mais n’arrive-t-il jamais que par un système de contrainte trop rigoureuse, on éteigne chez l’enfant qui s’éveille à l’action, jusqu’à la notion de la volonté ? […] Honnête commerçant du faubourg Saint-Denis, qui avez fait fortune et qui vers trente ans songez au mariage, prenez garde : vous savez que la Révolution française a détruit les castes, vous vous êtes élevé par votre travail, vous en êtes fier ; mais vous voulez une femme qui ait le relief d’une bonne éducation, et vous allez choisir, bien loin du faubourg Saint-Denis, la fille de quelque fonctionnaire illustre qui a été élevée dans un autre monde et qui a reçu d’autres habitudes que vous ; vous songez qu’il n’y a plus de castes en France, vous la recherchez ; et, tout doucement, sans vous en douter, vous allez épouser Angélique de Sotenville, vous aussi ; établir, de votre volonté, une démarcation entre votre femme et vous ; si votre femme est honnête, souffre et remplit ses devoirs, elle ne vous rendra pas malheureux, mais elle ne vous donnera pas la félicité ; vous n’aviez pas besoin d’aller chercher si loin votre femme, au lieu de la prendre dans la boutique ou l’usine d’à côté !
Il a mis pour préface à son livre du Peuple ce grand exemple de misère, de patience et de volonté. […] L’œuvre ecclésiastique lui paraît mauvaise et dangereuse, dangereuse par son absorption de la volonté, dangereuse aux individus comme aux États. […] Comme le célèbre conteur américain, il aime les êtres d’action, d’aventure et d’énergie, les événements et les circonstances qui exaltent en l’homme les forces les plus violentes de l’instinct et de la volonté. […] Ce qu’il guette, c’est moins l’occasion de tuer le Roi que l’instant furtif où il sera d’accord avec lui-même, où son désir d’agir et sa répugnance à agir se confondront en une seule volonté. […] C’est ainsi qu’on crut affirmer des vérités nouvelles et même surprenantes en professant la volonté de réintégrer l’idée dans la littérature. » Il me semble que M. de Gourmont met excellemment les choses au point.
Ils figurent, celui-ci les prémisses, celui-là les conséquences ; leur vie n’est pas cette suite d’événements imprévus qui se succèdent et se poussent au hasard de la destinée ou à la volonté de Dieu, sans que ceux qui les subissent en aperçoivent clairement le lien ni la raison ; elle forme une chaîne prolongée à perte de vue, sinon toujours très fortement serrée, de maximes et de conclusions. […] Réduit à être le spectateur passif et le théâtre de cette mêlée, il n’a proprement ni idées, ni sentiments, ni passion, ni volonté ; il n’est point sûr de savoir quelque chose ni de ne rien savoir du tout ; il vit étourdi et abasourdi dans le perpétuel devenir, voyant tout passer, se voyant passer lui-même, incapable de se saisir et de se retenir à aucun moment de son existence fluide, incapable d’avancer, d’aller à droite ou à gauche, d’agir en un mot, crainte de la conséquence infinie des actions qu’aucune force au monde, pas même cette autre substance vaporeuse, désignée du nom de Dieu, n’a le pouvoir d’arrêter, et qui est, suivant les maîtres de la doctrine, la seule immortalité de l’individu, la seule justice qui le frappe et le récompense. […] Ils nous exhortent à vaincre nos passions les plus vives ; nous avons en nous-mêmes, ils le proclament, tout ce qu’il faut pour leur résister, même quand elles sont si douces et si attrayantes qu’elles mettent notre volonté de leur parti, si subtiles et si ingénieuses qu’elles séduisent jusqu’à notre raison. […] Gentilhomme de naissance, Fink, voué au négoce par la volonté paternelle, est cependant demeuré gentilhomme. […] Lorsque le baron eut achevé, Bernard fit signe à son père : « Approche, dit-il, écoute tranquillement mes paroles. » Le père approcha son oreille des lèvres de son fils. « Ce que je vais le dire, murmura doucement Bernard, c’est ma ferme volonté, et ce n’est pas d’aujourd’hui que ma résolution est prise.
Il y a, entre autres, une mémorable scène, c’est quand Bernier, le loyal vassal, qui a retrouvé sa mère religieuse dans un couvent de ce même pays du Vermandois qu’on va ravager, est tout d’un coup surpris par l’incendie de l’abbaye, à laquelle Raoul, le fougueux baron, avait pourtant la veille accordé la paix ; mais un incident survenu a retourné soudainement sa volonté aveugle et enflammé sa colère ; il a commandé qu’on mit le feu, et il a été trop bien obéi : Brûlent les cellules, s’effondrent les planchers ; Les vins s’épandent, s’enfoncent les celliers ; Les jambons brûlent et tombent les lardiers ; Le sain-doux fait le grand feu redoubler ; Il (le feu) s’attache aux tours et au maître-clocher : Force est bien aux couvertures de trébucher ; Entre deux murs est si grand le brasier, Que toutes cent (les nonnains) brûlent écrasées ; Marcens y brûle, qui fut mère à Bernier, Et Clamados, la fille au duc Renier… De pitié pleurent les hardis chevaliers.
Les célèbres discours sur l’influence des lettres et sur l’origine de l’inégalité nous semblent des amplifications de collège ; il nous faut un effort de volonté pour lire la Nouvelle Héloïse.
Nous avons plusieurs fois essayé de lire ce voyage tant vanté, sans pouvoir y découvrir autre chose que des prétentions pénibles : l’effort d’un savant réel pour atteindre le génie, et la volonté constante, infatigable, acharnée, de mériter, à force de flatteries, des flatteurs.
XC Voilà, monsieur, comme tout fut fait par la volonté des juges de Lucques.
CXXV — Aussi, vous le savez bien, mon père, et vous, ma tante, nous n’avions jamais deux volontés, lui et moi.
— Résignez-vous à la volonté de Dieu, quel que soit le sort d’Hyeronimo, nous dit-il en s’en allant ; je monte au monastère pour instruire le prieur de votre angoisse et du motif de mes absences.
Il se laissait emporter comme un débris inerte et sans volonté par ce courant de ruine.
Oresme a fait encore un Traité des monnaies, où sans déclamation, par bonnes et solides raisons, appuyées sur l’amour du bien public, il condamne fortement les rois et princes qui les altèrent : il pose très nettement à ce propos la limite des droits du roi, mettant au-dessus de sa volonté l’intérêt de la communauté, qu’il a charge de procurer.
Il évalue la pression des réalités brutes, des faits, sur les hommes, la réaction des volontés et des intérêts humains, et le poids qu’ils jettent dans la balance à un moment donné.
Tu n’as pas d’idée de Mars, elle y met du cœur et une volonté qui récompense de tout ce que je lui ai porté d’admiration désintéressée dans ma vie.