Chargé par sa Cour de reconquérir le Roussillon ou plutôt, comme le prétendait l’Espagne, de réoccuper une de ses anciennes provinces, il résolut d’y procéder pied à pied, avec lenteur. […] Encore une belle figure, un grand portrait militaire de plus, que nous possédons, et cette fois non de profil et à demi, mais en pied et tout entier, grâce au travail de M. […] » Chargé d’une tâche ingrate dans une expédition absurde, d’une diversion sur Céret pendant l’échauffourée sur Roses, il s’en acquitta selon ses instructions et au pied de la lettre, mais cette fois sans entrain ni verve. […] Un jour que ces vaillants hommes demandaient qu’on les conduisît au canon, un bataillon entier était, littéralement, pieds nus ; on hésitait à l’employer. Mais craignant d’être laissés en arrière, les soldats à l’instant découpent leurs havre-sacs, s’en enveloppent les pieds, et courent supplier leur chef de leur permettre « d’aller changer de chaussure avec les Espagnols ».
Le groupe précieux dont je veux vous parler, il est assez inutile de vous dire que c’est le Pigmalion au pied de sa statue qui s’anime. […] Sa tête est un peu inclinée vers la terre, ou plutôt vers Pigmalion qui est à ses pieds. […] Quels pieds ! […] Si ce groupe enfoui sous la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être tiré, avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé, dans les pieds, dans les bras, je le regarderais en admiration et en silence.
Couvrez cette figure, n’en montrez que les pieds à la nature ; et la nature dira, sans hésiter, Ces pieds sont ceux d’un bossu. […] Malgré l’ignorance des effets et des causes, et les règles de convention qui ont été les suites de cette ignorance, j’ai peine à douter qu’un artiste qui oserait négliger ces règles, pour s’assujettir à une imitation rigoureuse de la nature, ne fût souvent justifié de ses pieds trop gros, de ses jambes courtes, de ses genoux gonflés, de ses têtes lourdes et pesantes, par ce tact fin que nous tenons de l’observation continue des phénomènes, et qui nous ferait sentir une liaison secrète, un enchaînement nécessaire entre ces difformités. […] Qu’il me soit permis de transporter le voile de mon bossu sur la Venus de Medicis, et de ne laisser apercevoir que l’extrémité de son pied. Si sur l’extrémité de ce pied la nature évoquée derechef se chargeait d’achever la figure, vous seriez peut-être surpris de ne voir naître sous ses crayons que quelque monstre hideux et contrefait. […] Ce n’est pas dans l’école qu’on apprend la conspiration générale des mouvements, conspiration qui se sent, qui se voit, qui s’étend et serpente de la tête aux pieds.
Elle était peu élevée, si bien que les pieds du condamné touchaient presque à terre. On commençait par la dresser 1169 ; puis on y attachait le patient, en lui enfonçant des clous dans les mains ; les pieds étaient souvent cloués, quelquefois seulement liés avec des cordes 1170. […] D’autres fois, une tablette horizontale était fixée à la hauteur des pieds et les soutenait 1172. […] Les exécuteurs, auxquels on abandonnait d’ordinaire les menues dépouilles (pannicularia) des suppliciés 1176, tirèrent au sort ses vêtements, et, assis au pied de la croix, le gardaient 1177. […] Jean néanmoins déclare avoir été présent et être resté constamment debout au pied de la croix 1180.
Dans les Cordillières, j’ai estimé à dix mille pieds l’épaisseur d’une de ces assises de conglomérat. […] Quelques-unes des formations, qui ne sont représentées en Angleterre que par de minces couches de strates, ont plusieurs mille pieds de puissance sur le continent. […] De bons observateurs ont supputé que le sédiment déposé par le Mississipi à son embouchure ne s’élèverait que de 600 pieds en cent mille années. […] Le professeur Ramsay a décrit un autre affaissement de 2, 300 pieds dans l’île d’Anglesea, et je tiens de lui qu’il évalue à 12, 000 pieds celui qu’on observe dans le comté de Merioneth. […] On pourrait citer beaucoup d’exemples de couches de quelques pieds d’épaisseur qui représentent, dans une contrée, des formations dont les puissantes assises atteignent autre part une hauteur de mille pieds, et qui doivent conséquemment avoir exigé un temps considérable pour leur accumulation.
Il prend un air malheureux qui fait peine à voir ; il se trouble, il hésite, il est prêt à vous dire en frappant du pied, comme cet amateur homme d’esprit qui, jouant le rôle d’Alceste, prit la fuite au beau milieu du rôle en s’écriant : — Ce n’est pas ça ! […] il n’y a qu’elle pour comprendre les grands artistes, pour les aimer, pour les applaudir, pour se prosterner aux pieds des chefs-d’œuvre ! […] Nous voulons parler des couronnes et des bouquets qui se jettent à la fin d’un opéra, d’un ballet ou d’une comédie, aux pieds, souvent assez laids et assez plats, de la divinité à la mode. […] La fatale couronne était donc, moitié noire et moitié blanche, aux pieds de mademoiselle Mars, et, par un grand malheur, c’est celle-là que l’acteur a ramassée et qu’il a présentée ! […] Or, le parterre de ce temps-là, sage et plein de réserve, trouvait très naturelle cette héroïque persévérance ; il applaudissait, de la façon la plus loyale et la plus sincère son unique comédien ; seulement, un jour que ce jeune homme de quatre-vingts ans était aux pieds de sa maîtresse, et comme ses deux laquais tardaient à le venir relever, quelques étourdis du parterre se mirent à rire un peu trop haut.
l’innocence. figure en marbre de 2 pieds 4 pouces de proportion. […] Du reste, figure charmante, bien composée, bien drapée ; le linge qui dérobe sa cuisse et sa jambe à miracle ; jolis pieds, jolies mains, jolie tête. […] Et l’orgueil foule encore mieux aux pieds les couronnes que l’humilité. à gauche, adossée au pilastre correspondant, une autre figure de ronde-bosse, un calice à la main, ce calice surmonté d’une hostie, l’autre main montrant le vase sacré. […] Je dis moi, contre le sentiment général, que cette douleur n’est que celle d’une vierge au pied de la croix ; qu’elle est unie, monotone, sans inégalités, sans passages ; que c’est une vessie soufflée, que, si l’on appliquait un peu fortement les mains sur ces joues, elles feraient la plus belle explosion. […] Falconnet a-t-il eu besoin de graver au pied de son amitié, l’amitié ?
Le bon Pan lui apprend à poser ses doigts sur les roseaux du syrinx et à frapper la terre d’un pied cadencé. […] dans ton auguste temple, accompagné des Grâces ; viens dans ton temple maritime, avec un pied de bœuf ! […] Leurs éléphants, du premier choc, fouleront aux pieds cette troupe d’ivrognes, comme ils foulent eux-mêmes leurs raisins pressés dans la cuve. […] Qu’il se garde de mettre le pied dans l’initiation qu’on lui offre, la mort est au bout ! […] Les Satyres à pieds de chèvre et à queue de singe jettent bas leurs masques de Génies agrestes, et deviennent des diables fétides.
Beaufort Une flagellation. tableau de 9 pieds de haut, sur 6 pieds de large. […] Un bourreau courbé lui lie les pieds à la colonne, celui-ci est sur le devant. […] Debout derrière lui, le dieu des bois avec son instrument champêtre, ses cuisses velues, son pied fourchu et sa mine de bouquin ; il a l’air content. […] C’est n’avoir aucune idée de la fierté avec laquelle certains chrétiens fanatiques se sont présentés au pied des tribunaux des préteurs, de la majesté prétoriale, de la férocité froide et tranquille des prêtres, et de la leçon que je reçois de ces compositions qui m’instruisent bien mieux que tous les philosophes du monde de ce que peut l’homme possédé de cette sorte de démon. […] On voit, dans une chapelle à gauche, au pied d’un autel, un benêt de st Louis… mais j’ai juré de ne décrire aucun mauvais tableau, et j’allais commettre un énorme parjure.
Par un beau soir d’octobre, toute cette société, les jeunes gens à pied, les femmes à cheval, les enfants sur des ânes, partit pour visiter les plus hauts sommets des montagnes qui séparent le bassin de la Loire du bassin de la Saône. […] Quelquefois ils sont si pressés de s’enfuir qu’ils n’ont pas le temps de reprendre leurs sabots, et qu’ils se sauvent pieds nus en abandonnant leur chaussure de bois sur le chemin. […] Ils avaient laissé huit ou dix paires de sabots très petits sur la place : la petitesse des sabots disait l’âge des enfants par la mesure des pieds qu’ils avaient chaussés. […] Je mis pied à terre, et j’attachai mon cheval à un noisetier, pour m’asseoir sur la mousse avec mes convives. […] On eût dit que ce corps si léger n’aurait pas eu besoin de ses pieds pour le porter ; ce n’était qu’une âme habillée.
Quand j’arrivai au pied de ces montagnes, je mis la jument au petit pas. […] Un vent du midi tiède, sonore, méditerranéen, prélude voluptueux d’équinoxe, soufflait de la vallée du Rhône, avec les murmures et les soubresauts alternatifs des lames bleues de la mer de Syrie, qui viennent de minute en minute heurter et laver d’écume les pieds du Liban. […] Quelquefois je m’arrête pour écouter si les vagues de la mer d’Argos ne bruissent pas à leurs pieds. […] Je m’élançai, je franchis le mur, et je me retrouvai dans le sentier ; mais je n’y retrouvai plus ma jument : elle avait été effrayée par les pierres qu’un âne paissant au-dessus du sentier, sur une pente de bruyère granitique, avait fait rouler sous ses pieds. […] J’ai des yeux dans les oreilles », continua-t-il en souriant ; « j’en ai sur les mains, j’en ai sous les pieds.
Taraval Repas de Tantale . tableau de 4 pieds de large sur 3 pieds 9 pouces de haut. […] Ce vieillard, c’est Jupiter, je le reconnais à l’oiseau porte-foudre qu’il a sous ses pieds. […] Sur un grand coussin d’étoffe argentée Vénus est étendue à ses pieds.
J’y avais baisé, en m’en séparant, les marques des pieds de mon père, de ma mère, de mes sœurs sur le sable. […] — Mais comment, ajoutai-je, êtes-vous venues de Renève coucher au petit village de Charnay, qui n’est qu’à deux pas d’ici et où personne ne s’arrête à moins de voyager à pied ? […] On a été touché partout de notre simplicité, et du motif de notre voyage à pied, et le peuple hospitalier nous a traitées en amies. […] Nous n’eûmes pas la force d’aller jusqu’à la ville et nous nous arrêtâmes avant le faubourg, chez un sabotier, marchand de fromages, dont l’enseigne disait qu’il logeait à pied et à cheval. […] Voilà la mare creusée dans le roc vif au pied du toit pour recueillir l’eau des pluies et arroser le jardin l’été !
Tu as mis l’univers sous la plante de ses pieds ! […] « Il égale la vitesse de mes pieds aux pieds des biches ! […] « Il élargit sous moi la plante de mes pieds, « Et mes talons ne glissent pas ! […] C’est le poème national d’un peuple exclusivement théocratique, chanté aux pieds de ses autels par un pontife-roi. […] Je jetai un cri et je me levai de mon bloc de pierre sur la pointe des pieds, pour mieux saisir dans la brise les sons aériens et mourants de ce roseau percé.
XVIII Quand on chemine à pied de Mâcon à Saint-Claude, on trouve d’abord la Bresse, bocagère et plane comme la grasse Attique, ruisselante d’huile, entre le Pirée et Athènes. […] Cette route est serpentante comme la couleuvre d’eau bleue qui se glisse à vos pieds à travers les prairies étroites et les petits caps de rocher qui servent de lit à la rivière. […] La sainte horreur de poète qui habite les bords de l’Océan sur le rivage, habite aussi les pieds des montagnes sans issues ; c’est l’impression du Jura vertigineux au moment où il vous apparaît, s’élevant toujours plus à mesure que vous vous élevez vous-même sur ses premiers plans, pour vous en présenter d’autres plus infranchissables en apparence. […] Puis, il me rappelait mon ascension du lendemain du débarquement à l’acropole, et ma longue station sous les propylées, au milieu d’un groupe prisonnier de soldats turcs qui faisaient leur feu de myrte au pied d’une colonne, foyer auquel deux jambes de déesses séparées des bustes servaient de chenets. […] Le génie de Phidias, qui l’avait bâtie et meublée du céleste mobilier de l’Olympe, nous protégeait seul et devait seul ressusciter cette Athènes toute cadavéreuse à nos pieds ; car, il ne faut pas s’y tromper, c’est Phidias qui a ressuscité la Grèce ; ce sont ses ouvrages que l’Europe a voulu délivrer des Turcs ; la Grèce, pour elle, ne fut qu’un musée captif.
Et partout des rosiers qui mettent dans ce cimetière une odeur d’Orient, des rosiers de jardin qui ont le vagabondage de rosiers sauvages et enveloppent de tous côtés la tombe et, se traînant à son pied, la cachent sous des roses si pressées, qu’elles empêchent le passant de lire le nom du mort ou de la morte. […] A… lâcha vite pied ; la montée n’était pas bien sûre. Mais moi, une fois le pied à l’escalade, je montais sérieusement. […] J’avais été amoureux pendant une longueur de quinze pieds. […] Du temps de mes dettes, du temps que j’habitais chez un pécheur de l’île Saint-Denis, je reçois une lettre de X… que vous connaissez, une lettre qui me disait : « Viens à ma campagne, j’ai un parc où il y a une balançoire et des jeux de bague. » Je me rends à Courbevoie, et trouve mon ami dans un petit salon, jouant bourgeoisement au loto, avec des haricots pour enjeux, en compagnie d’un monsieur et d’une dame, — mais toutefois au dos une vieille robe de chambre du monsieur, et aux pieds de vieilles pantoufles de la dame.
Char sacré et inaccessible : aucun homme n’avait le droit d’y monter ; le cocher suivait à pied, tenant les rênes dans sa main. […] Le jour suivant, Xerxès fit donner sa garde ; les Immortels s’avancèrent et lâchèrent pied comme les autres. […] Avant six mois, il promettait au Roi d’abattre la Grèce esclave à ses pieds. […] Ils dressèrent aussitôt des lits aux pieds d’argent et des tables drapées de pourpre, couvertes de plats et de vins exquis. […] Aucun messager, aurait-il eu les pieds d’Achille ou de Phédippide, n’aurait pu porter, en trois heures, à Mycale, l’annonce de la victoire de Platée.
Il est de Jeaurat.Mais je passais le Songe de Joseph ; c’est que ce Songe de Joseph n’est autre chose qu’un homme qui s’est endormi la tête au-dessous des pieds d’un ange. […] La fuite en Egypte est traitée d’une manière Tableau de 5 pieds piquante et neuve ; mais le peintre n’a pas su de haut sur quatre de large. tirer parti de son idée. […] Le beau tableau, si le peintre avait su faire des montagnes au pied desquelles la Vierge eût passé ; s’il eût su faire ses montagnes bien droites, bien escarpées et bien majestueuses ; s’il eût su les couvrir de mousses et d’arbustes sauvages ; s’il eût su donner à sa Vierge de la simplicité, de la beauté, de la grandeur, de la noblesse ; si le chemin qu’elle eût suivi eût conduit dans les sentiers de quelque forêt bien solitaire, et bien détournée ; s’il eût pris son moment au point du jour ou à sa chute. […] Que la scène se passe donc au bout de l’univers ; que l’horizon soit caché de tous côtés par de hautes montagnes ; que tout annonce l’éloignement des regards indiscrets ; que de nombreux troupeaux paissent dans la prairie et sur les coteaux ; que le taureau poursuive en mugissant la génisse ; que deux béliers se menacent de la corne, pour une brebis qui paît tranquillement auprès ; qu’un bouc jouisse à l’écart d’une chèvre ; que tout ressente la présence de Venus, et m’inspire la corruption du juge ; tout, excepté le chien de Paris, que je ferais dormir à ses pieds.
Bachelier Vous n’imagineriez jamais que les Amusements de l’enfance de Bachelier, c’est cet énorme tableau qui a dix pieds de hauteur, sur vingt pieds de long. […] Les animaux sont bien, et le paysage a de la grandeur et de la noblesse ; mais l’eau qui s’échappe du pied du rocher ressemble à de la crème fouettée, à force de vouloir être écumeuse.
Voilà que son pied touche à la terre promise. […] Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l’Espagne ! […] À droite est assise Kitty Bell ; à ses pieds un enfant assis sur un tabouret ; une jeune fille debout à côté d’elle. […] Les pauvres gens ont fait bien vainement une lieue à pied ! […] Il est assis sur le pied de son lit et écrit sur ses genoux.
Je remontai doucement dans ma tourelle, et je tombai à genoux, au pied de mon lit, pour remercier Dieu de la plus grande de ses grâces de vivre un jour la sposa d’Hyeronimo et de mourir le second jour pour lui avec la confiance de lui préparer son lit nuptial dans le paradis. […] En disant cela, ses yeux tombèrent involontairement sur le berceau du charmant enfant que son pied balançait avec distraction sur le plancher et qui dormait en souriant aux anges, comme on dit dans le patois de Lucques. […] Cette robe, qu’on mettait par-dessus ses habits, ressemblait à un linceul qui cachait les pieds et les mains en traînant jusqu’à terre ; en abattant son capuchon percé de deux trous à la place des yeux, on voilait entièrement son visage. […] et il tomba inanimé à mes pieds ; le ciel s’obscurcit, la tête me tourna et je me sentis évanouir dans les bras de mon époux. […] que de larmes nous versâmes en nous séparant au pied de la montagne !
Rossignol, que depuis la majestueuse épopée jusqu’à la vive épigramme aiguisée en un simple distique, chaque poëme eut son style et son harmonie, ses mots, ses locutions, son dialecte propre, son rhythme particulier ; et quoique la limite qui séparait deux genres fût quelquefois légère et peu sensible, il n’en fallait pas moins la respecter, sous peine d’encourir l’anathème d’un goût difficile et ombrageux. » L’auteur donne ici de piquants exemples tirés de la métrique des anciens ; le déplacement d’un seul pied suffisait pour changer tout à fait le caractère et l’effet d’un chant. […] Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence. […] Rossignol y a ajouté quelque chose, et l’observation du dactyle au troisième pied est de lui.
Son époux, en robe de chambre, est à ses pieds, et la conjure, on ne le voit que par le dos. […] -l’accouchée est bien ajustée. — Trop bien ; est-ce qu’il ne devrait pas y avoir dans sa coëffure, dans le désordre de ses cheveux et de son vêtement, des vestiges de la scène qui a précédé. — Il y a de la douleur dans sa tête, et les bras en sont bien dessinés. — Mais ses pieds ne sont-ils pas trop petits et décolorés par la vigueur du coussin qui les supporte ? […] Un jour qu’il était monté à l’orgue de son église, il mit par hazard le pied sur une pédale, l’instrument résonna, et le curé Cossart s’écria : ah ! […] Monsieur Baudouin, vous avez mis le pied sur la pédale, et puis c’est tout. […] Les bottes de paille, ce rustique théâtre du plaisir, est au pied des murs de quelques étables dont la couverture descend en pente du fond vers le devant.
Ces stances sonnent mélodieusement à l’oreille, comme les grelots d’argent aux pieds des danseuses de l’Orient. […] comme moi, dans les orties, si, nu pieds, maintes fois il vous fallait vaguer ! […] qu’elle était belle, trempant dans l’argent de l’écoulement de la source ses pieds au gué ! […] Ô père dur, qui me foules aux pieds, si tu voyais de mon cœur le déchirement et le trouble, tu aurais pitié de ton enfant ! […] Ses pieds ne touchent pas le sol !
Tout semblait mort au loin, tous les êtres se cachaient, se blottissaient dans quelque trou ; on n’entendait que la glace crier sous vos pieds. […] » Le soir, à la halte, nous étions bien heureux de reposer nos pieds fatigués, moi surtout. Je ne puis pas dire que ma jambe me faisait mal, mais les pieds… Ah ! […] Il paraît que ces bonnes gens le virent, car la femme me dit : « Avant de manger, mon enfant, il faut sortir vos pieds de l’eau. » Elle se baissa et m’essuya les pieds avec son tablier, avant que j’eusse compris ce qu’elle voulait faire. […] … » Et malgré le bruit des canons il s’arrêta, se retourna, et m’aperçut au pied d’un arbre.
Il vient se percher sur le hêtre au pied duquel est Renart : l’un dessus, l’autre dessous, ils y sont tous deux, avec cette différence que l’un mange et l’autre bâille. […] Renart reconnut bien la bête à cette maladresse : il en secoue deux fois la tête, se lève pour mieux voir, et avise là-haut Tiècelin qui était son compère d’ancienne date, tenant le bon fromage entre ses pieds : Par les saints de Dieu, que vois-je là ? […] Chantez donc encore une fois. » Tiècelin, qui veut avoir le prix du chant, s’y met tout entier ; il s’écrie à haute haleine, mais il ne sut si bien faire, quelque peine qu’il se donnât, que son pied droit ne s’en desserrât et que le fromage ne tombât à terre, tout juste devant les pieds de Renart. — Vous croyez la fable finie ; pas le moins du monde. […] Il les voit fuir ; il s’avance fièrement à leur rencontre, la plume au pied, le col redressé ; il les interroge d’un ton de maître. […] — Et il retourne à son sillon de poussière, moins rassuré pourtant qu’il ne le veut paraître ; il regarde souvent de côté et d’autre ; un œil ouvert et l’autre clos, un pied replié et l’autre droit, il s’appuie à un mur, et, comme celui qui est fatigué de chanter et de veiller, il se met à sommeiller peu à peu.
Une femme a ses enfans égorgés à ses pieds, et elle est assise, tranquille dans la position et avec le caractère d’une vierge qui médite sur les événemens de la vie. […] Un meurtrier tient suspendu par un pied l’enfant d’une mère, et cette femme tend son tablier pour le recevoir précisément comme un chou qu’on lui mettrait dans son giron. Ici, une mère renversée à terre, sur le sein de laquelle un soldat écrase du pied son enfant, le regarde faire sans s’émouvoir, sans jetter un cri.
Ainsi, le Vison (Mustela vison) de l’Amérique du Nord a les pieds palmés et ressemble à la Loutre par son pelage, ses jambes courtes et la forme de sa queue. […] Quoi de plus simple que les pieds palmés des Oies et des Canards aient été formés pour la natation ? Et pourtant il y a des Oies terrestres qui ont, comme les autres, les pieds palmés, et qui, cependant, ne vont que rarement ou même jamais à l’eau. […] On peut considérer les pieds palmés de l’Oie terrestre de Magellan (Bern. […] De même, il est possible que le progéniteur du Veau marin n’eût pas de nageoires, mais un pied avec des doigts convenables pour la marche ou la préhension.
Il aime, dit-il, en arrivant dans une ville arabe, à choisir, pour bien voir, le point de vue le plus élevé, le pied d’une tour, ce qu’on appellerait en Grèce l’acropole ; et là, montant dès le matin, il passe en contemplation et en rêverie des heures entières. […] Il s’agit dans ces journées ardentes d’y trouver un peu d’ombre ; cette ombre, nulle à midi même, ne commence à se dessiner faiblement que vers une heure : « Assis, on n’en a pas encore sur les pieds ; debout, le soleil vous effleure encore la tête ; il faut se coller contre la muraille et se faire étroit. […] Mais le sommet, en quelque sorte, du livre, le point culminant, c’est la station du peintre sur la hauteur, au pied de la tour de l’Est : l’aspect grandiose du pays, dans sa sévérité majestueuse et toute-puissante, y est exprimé en des traits qui se transmettent et qu’on n’oublie plus ; le génie du climat y apparaît, s’y révèle tout entier et s’y fait comprendre. […] J’y suis le matin, j’y suis à midi, j’y retourne le soir ; j’y suis seul et n’y vois personne, hormis de rares visiteurs qui s’approchent, attirés par le signal blanc de mon ombrelle, et sans doute étonnés du goût que j’ai pour ces lieux élevés… A l’heure où j’arrive, un peu après le lever du soleil, j’y trouve une sentinelle indigène encore endormie et couchée contre le pied de la tour. […] Je n’ai plus que l’abri étroit de mon parasol, et je m’y rassemble ; mes pieds posent dans le sable ou sur des grès étincelants ; mon carton se tord à côté de moi sous le soleil ; ma boîte à couleurs craque, comme du bois qui brûle.
Derrière ce groupe, un jeune enfant qui s’élève sur la pointe des pieds pour voir ce qui se passe. […] Sur le devant, à terre, dans l’espace vide que laissent les figures, proche des pieds de la mère, une poule qui conduit ses poussins auxquels la petite fille jette du pain ; une terrine pleine d’eau, et sur le bord de la terrine, un poussin, le bec en l’air, pour laisser descendre dans son jabot l’eau qu’il a bue. […] Les deux enfants dont l’un assis à côté de la mère s’amuse à jeter du pain à la poule et à sa petite famille, et dont l’autre s’élève sur la pointe du pied, et tend le col pour voir, sont charmants ; mais surtout le dernier. […] Et cette poule qui a mené ses poussins au milieu de la scène, et qui a cinq ou six petits comme la mère aux pieds de laquelle elle cherche sa vie, a six à sept enfants ; et cette petite fille qui leur jette du pain, et qui les nourrit.
Bientôt, déployant ses ailes, et repoussant du pied le seuil fatal, il s’élève dans des tourbillons de fumée. […] À l’aide de ses bras, de ses pieds, de ses ailes, il franchit les syrtes, les détroits, les montagnes. […] Enfin, il aperçoit au loin une haute structure, dont les marches magnifiques s’élèvent jusqu’aux remparts du ciel… Perpendiculairement au pied des degrés mystiques, s’ouvre un passage vers la terre… Satan s’élance sur la dernière marche, et plongeant tout à coup ses regards dans les profondeurs au-dessous de lui, il découvre, avec un immense étonnement, tout l’univers à la fois.
Il a mis le pied sur sa propre flamme. Je sais bien que ce n’est pas facile à éteindre, ce feu grégeois, ce feu Richepin, qui repart sous le pied mais dont le pied finit pourtant par être le maître. […] Le Nargaud de son livre serait-il lui de pied en cap ? […] Cette incroyable, cette idolâtrique conception de madame André, qui va faire miauler de plaisir toutes les femmes dans leurs pâmoisons de vanité chatouillée, cette création d’une femme impossible de supériorité, devant laquelle l’homme s’aplatit et s’anéantit comme un nain chétif devant une géante toute-puissante, les femmes, flattées jusque sous la plante des pieds de leur orgueil, auraient-elles deviné qu’elles pussent la devoir jamais à M.
« M. de Cazaux, après avoir entendu patiemment et paisiblement M. de Lescar, se leva en pied, et, après l’avoir remercié des égards qu’il avait eus pour lui et de ses prudents et charitables avis, il lui promettait de renvoyer cette fille à son père, pourvu qu’il s’engageât par serment, devant la Compagnie, de ne la point prendre pour lui. […] « Cependant, nous dit Foucault, étant partie le lendemain de Saint-Jean-Pied-de-Port à quatre heures du matin, notre petite troupe n’arriva qu’à dix-heures du soir, ayant trouvé trois pieds de neige à deux lieues de Roncevaux. […] Je jugeai donc à propos de descendre de cheval, et je n’eus pas plutôt mis pied à terre que le cheval, sans hésiter, se jeta dans le penchant du précipice et descendit jusques au fond, en sorte que je fus obligé de faire à pied une lieue de chemin dans la neige. […] Foucault à pied y entra en tête de l’avant-garde. […] Il n’eut besoin que de montrer les troupes, en déclarant que le roi ne voulait plus souffrir qu’une seule religion dans ses États ; et l’hérésie parut tomber à ses pieds.
et quelles chaînes de torture et de servitude traînent à leurs pieds dansants ces saturnales du plaisir ! […] Il jette à ses pieds la poignée de billets de banque qu’il vient d’arracher au hasard, et s’accuse, devant tous, de les lui rendre si tard. […] Terre sacrée, fais pousser, au pied de la stèle de la jolie bacchante, non des épines et des ronces, mais de tendres violettes ! […] Devant lui pose mademoiselle Aurore, une Fornarine au petit pied. […] quelque chose comme la Courtisane amoureuse offrant sa poitrine à fouler aux pieds de son bien-aîmé.
J’ai dit qu’à la mort de Montesquieu l’armée des gens de lettres n’était pas encore debout ni enrégimentée : c’est à la mettre sur pied que travaille ardemment Voltaire. […] Ferney (octobre 1758) ; et, dans le même temps, il s’adresse au président de Brosses pour lui proposer d’acheter de lui, sous une forme ou sous une autre, sa terre de Tourney, qui est à l’extrême frontière de la Franche-Comté, et qui lui donnait un pied en France. […] Thieriot venait de le féliciter d’avoir joint Ferney aux Délices, et d’avoir pied en deux endroits : Vous vous trompez, lui répond joyeusement Voltaire, j’ai quatre pattes au lieu de deux : un pied à Lausanne, dans une très belle maison, pour l’hiver ; un pied aux Délices, près de Genève, où la bonne compagnie vient me voir : voilà pour les pieds de devant. […] Il avait été stipulé que Voltaire userait de tout en bon usufruitier, et comme ferait un bon père de famille, ménageant les arbres qui étaient sur pied, et se modérant lui-même dans ses devis, dans ses plans d’embellissements et d’avenues. […] Un honneur qui ne produit rien est un bien pauvre honneur au pied du mont Jura… Voilà une belle ambition d’être seigneur du trou de Jeannot-Lapin !
Plus près de moi, presqu’au pied des montagnes de la gauche, s’ouvre une large caverne obscure. […] J’avais à ma droite un phare qui s’élevait du sommet des rochers ; il allait se perdre dans la nue, et la mer en mugissant venait se briser à ses pieds. […] Couperai-je ici les testicules à mon fils, là, foulerai-je aux pieds ma fille pour la faire avorter ? […] C’est, dit l’abbé, le carrosse de la maison, il nous débarrassera de ces marmots qui d’ailleurs sont trop las pour s’en retourner à pied. […] Allons, tirons-nous vite cette dernière épine du pied et qu’il n’en soit plus question.
L’Hymette est à deux lieues d’Athènes, et un Européen qui débarque croit pouvoir y aller à pied avant son déjeuner. […] On ajoute le pentamètre à l’hexamètre ; on invente le trochée, l’ïambe, l’anapeste ; on combine les pieds nouveaux et les pieds anciens en distiques, en strophes, en mesures de toutes espèces. […] Pieds nus, vêtus d’un seul manteau, et du même manteau en hiver et en été, ils marchent dans les rues, silencieux, les yeux baissés, comme de jeunes conscrits au port d’armes. […] Ils sont divisés en troupes de cent, chacune sous un jeune chef, et, des pieds, des poings, ils se battent ; c’est un apprentissage de la guerre. […] Une inscription placée sous la statue de Phayllos le Crotoniale disait qu’il franchissait en sautant un espace de cinquante-cinq pieds et qu’il lançait à quatre-vingt-quinze pieds le disque de huit livres.
Bates de se trouver enlacé dans les replis d’un serpent merveilleusement mince, avec un diamètre maximum d’un demi-pouce sur six pieds de long. […] Le fût a pour l’ordinaire de vingt à vingt-cinq pieds de circonférence. Von Martius assure en avoir mesuré, dans le district de Para, qui avaient de cinquante à soixante pieds au bas du fût. Ces énormes colonnes végétales n’ont pas moins de cent pieds de hauteur du sol à la branche la plus basse. On peut estimer la hauteur totale, stipe et cime, à cent quatre-vingts ou deux cents pieds, et chacun de ces géants élève sa tiare de feuillage au-dessus des autres arbres de la forêt, comme une cathédrale fait de son dôme au-dessus des maisons de la ville.
Thiers (page 168) la scène militaire dans laquelle Napoléon, à Witebsk, reçut le général Friant comme colonel commandant des grenadiers à pied de la Garde, et l’allocution qu’il lui adressa, je reconnus à l’instant le type que je poursuivais ; je me dis que c’était bien là le lieutenant de seconde ligne, mais hors ligne, en la personne de qui Napoléon entendait honorer et récompenser tous les autres. […] Auparavant, dans la campagne d’Italie, il avait combattu dans la division de Bernadotte sous les yeux du général Bonaparte et avait pris une belle part à toute la seconde moitié de cette immortelle campagne (1797). — Les lettres qui lui sont adressées par le général Bernadotte à cette date et depuis, sont écrites encore du style républicain et sur le pied d’égalité. […] Après la capitulation, et en mettant le pied en France, Friant écrivit au général Bonaparte, premier consul, une lettre où il n’accusait personne, mais où sa réserve seule parlait assez : Vous avez sans doute appris les malheurs de l’armée d’Orient et la perte de la colonie, et vous aurez appris également combien les divisions qui ont régné entre plusieurs de nous y ont contribué. […] C’est cette division, surnommée l’immortelle, qu’il conduisit si vaillamment depuis le camp de Boulogne jusqu’en 1812, jusqu’au moment où il fut blessé à la bataille de la Moskowa, et quand il venait d’être chargé, comme colonel général, du commandement des régiments à pied de la vieille Garde. […] Le poste de colonel commandant des grenadiers à pied de la Garde était vacant par la mort du général Dorsenne, et c’était une dignité.
Le poète, pâmé aux pieds de sa maîtresse — non toujours à ses pieds pour dire vrai chante son chant extatique et lamentable. […] Je veux ceindre humblement, de mes bras prosternés, Tes pieds, tes beaux pieds nus, frileux comme la neige Et pareils à deux lis jusqu’au sol inclinés. […] Il faut ajouter, du reste, que parfois, dans les poèmes les plus extasiés, sous la plus magnifique floraison d’images, le pied du faune s’entrevoit çà et là, et, comme chez Hugo « crève l’azur ».
Plus tard, à moins de dix ans de là, lorsqu’en ses moments de répit il écrira ou dictera sa chronique dans quelque château de Romanie, il n’aura pas revu sa Champagne, il sera toujours sur cette terre de conquête qu’il faut défendre pied à pied et payer de son sang chaque jour ; où l’on perd en chaque rencontre un compagnon, un ami, et où le vainqueur en armes n’a pas une nuit sans veille. […] Mais voilà qu’en route, vers la hauteur du cap Malée, la flotte magnifique rencontre tout à point deux vaisseaux chargés de chevaliers et de gens de pied, qui étaient de ceux qui avaient précédemment faussé compagnie, et qui au lieu de venir, comme c’était convenu, au rendez-vous de Venise, s’étaient petitement embarqués à Marseille, étaient allés en toute hâte en Syrie, n’y avaient fait que maigre besogne, et s’en revenaient dégagés de leur vœu à la rigueur, mais chétifs et confus. […] Ce ne fut qu’après mainte zizanie survenue et des manquements de parole qu’il était d’ailleurs trop aisé de prévoir, que la guerre sur un autre pied recommença et qu’il fut décidé qu’on pouvait en toute conscience déposséder des traîtres. […] Ils ne ressemblent pas en ce point-là à nos gens qui abandonnent leur chemise au premier qui la veut prendre, et qui secouent la poussière de leurs pieds lorsqu’on les chasse de leur patrie… Un tel aveu dispense de tout commentaire, et l’on voit encore par là de quel côté était alors la moralité, la vertu sociale ; pour être à l’état brut, elle n’en existait pas moins ; et l’on conçoit que les vainqueurs, parodiant les vaincus dans une mascarade de triomphe, se soient promenés dans les rues de Constantinople vêtus de robes, coiffés à la byzantine, et tenant en main pour toutes armes du papier, de l’encre et des écritoires. […] Je ne saurais pourtant cacher que, lorsqu’on lit dans Nicétas le détail des dévastations, des trois grands incendies de la ville impériale, les belles statues de bronze renversées à terre et fondues sans pitié, la mosaïque et le parvis de Sainte-Sophie brisés sous les pieds des chevaux, les manuscrits sans doute (et quels manuscrits !)
Rabelais nous a donné la liste complète de ceux de Gargantua enfant après ses repas et les grâces dites : Puis… se la voit les mains de vin frais, s’écuroit les dents avec un pied de porc, et devisoit joyeusement avec ses gens. […] Il se fait montrer par le maréchal de Lorges les postes qu’occupaient à Sasbach Montécuculli et Turenne, l’endroit où celui-ci a été frappé à mort, et l’arbre au pied duquel on le transporta pour y mourir. […] Le roi pendant le siège, et malgré la goutte dont il ressent quelque accès, persiste à monter à cheval et à aller à la tranchée : Il n’a mis pied à terre que vis-à-vis de la batterie, raconte Dangeau (27 mars) ; ensuite il a visité tout le travail qu’on a fait, et a été aux travaux les plus avancés. […] Il n’avait jamais eu l’honneur de manger avec le roi. » La garnison, composée d’environ cinq mille hommes, sort de la place le lendemain 10 ; Monseigneur assiste au défilé : « Le gouverneur salua Monseigneur de l’épée, et sans mettre pied à terre ; il lui dit qu’il était bien fâché de n’avoir pu tenir plus longtemps, afin de contribuer davantage à la gloire du roi. » Ainsi tout se passait de part et d’autre en parfait honneur et en courtoisie. […] Il avait cinq grandes armées sur pied : celle de Flandre, sous M. de Luxembourg ; celle d’Allemagne, sous M. de Lorges, de la Moselle, sous M. de Bouliers ; d’Italie, sous Catinat ; de Roussillon, sous le duc de Noailles ; je ne parle pas des flottes, alors si actives.
Doyen Il est de 15 pieds, 9 pouces de largeur, sur 14 de hauteur. […] On aurait vu Enée renversé aux pieds de Diomede. […] Le sang eût coulé sous ses pieds.
Sous les pieds des premiers chevaux, soldats renversés, foulés, écrasés, étouffées. […] On voit au premier de ces paysages à gauche un grand rocher dont le pied est baigné par des eaux traversées par des voyageurs entre lesquels une femme portant un enfant sur son dos ; autour de cette femme quelques moutons ; puis une autre femme, à cheval tenant un petit chien, ensuite son mari arrêté, et fesant boire son cheval. à droite, des eaux, d’autres passagers et un lointain. […] Ils sont prolongés de la droite vers la gauche, et semblent diviser le paysage en deux ; des eaux en baignent le pied. à droite, sur la rive de ces eaux, on voit deux pâtres sur leurs chevaux ; plus sur le devant, entre eux, une chèvre. […] Plus vers la gauche, le fond et de face, un cavalier sur un cheval brun, tenant par la bride un cheval blanc qu’on ferre ; le pied de ce cheval est passé dans la boucle d’une corde qui le tient levé.
II Et cette explication légère, facile, impertinente pour le Saint-Esprit, Paul Meurice, qui en a conscience, finit par en avoir un peu honte, et, redevenu modeste tout à coup : « Nous n’avons nulle prétention — dit-il agréablement — de fonder notre petite religion les pieds sur nos chenets. » Malheureusement, ce n’est pas bien long, cette modestie ; il reprend presque aussitôt le ton de sa maison, l’insupportable ton hugolâtre : « Dieu ! — dit-il — peut cependant être regardé par la pensée, comme par les yeux l’abime et le soleil. » Car ils ont beau se mettre un instant les pieds en l’air, comme Hérodiade dansant devant Hérode, ces culs-de-plomb, pour se faire légers ! […] Césara est un polonais (nécessairement), un grand seigneur polonais, qui foule aux pieds sa naissance comme le marquis de la Fayette. […] Et, en effet, Paul Meurice vaut bien, après tout, la plupart des romanciers de ce temps ; et de talent il était bien capable de nous dresser en pied un Césara grandiose qui aurait été un double héros, tout à la fois le héros de la vie publique et celui de la vie privée.
On rencontre encore dans nos îles et sur notre continent, près des sources ou des fleuves, ces fosses où l’eau se renouvelait, et où on venait fouler le linge sous les pieds. […] Nausicaé les conduit en usant adroitement du fouet, de telle sorte qu’Ulysse et ses compagnes, qui sont à pied, les puissent suivre. […] La colombe malade et les paupières closes Posa sur mes deux doigts ses deux petits pieds roses. […] Son pied était en effet retourné, mais il boitait toujours, et il éprouvait par intervalle des douleurs telles, qu’elles touchaient à la frénésie. […] Et maintenant le voilà mort, sans récompense et sans bruit, non loin de cette ville de Dieppe qu’il aimait, au pied d’une grande falaise, au bruit de l’Océan solitaire qui murmure autour de son cercueil.
Du sommet d’une dernière colline on aperçoit à ses pieds la ville de Belley ; elle répand confusément ses maisons, bâties en pierres grises, dans une plaine ondulée aboutissant au Rhône. […] Mais, le plus souvent, le long et obstiné silence de mon guide, la componction de son visage et de son attitude, le livre qu’il feuilletait, le mouvement imperceptible de ses lèvres qui prononçaient à demi-voix ses hymnes, les ténèbres de la forêt, le bruit des feuilles sous mes pieds, la fuite de l’eau gazouillant entre ses rives, le chant des oiseaux, les senteurs vives et enivrantes des simples de ces collines me portaient aussi à la contemplation. […] J’étais du nombre ; mes deux rivaux et mes deux amis, Louis de V. et Aymon de V., se groupèrent avec moi au pied de la chaire. […] II L’autre jour je te vis (tu ne me voyais pas) ; Tu portais sur ton front ta cruche toute pleine ; Son poids de tes pieds nus rapetissait les pas, Et la pente escarpée essoufflait ton haleine. […] Pour berceuse la mer dont l’écume légère Trempe ce sable tiède où plongent tes pieds nus ?
Je n’oserais prendre sur moi seul, sans l’aveu de mes supérieurs, sans le consentement de vos parents et sans la permission de l’évêque, d’unir secrètement deux enfants qui s’aiment dans un cachot, au pied d’un échafaud, et de mêler l’amour à la mort, dans une union toute sacrilège, si elle n’était toute sainte. […] La petite bête semblait comprendre qu’il y avait un mystère dans tout cela, et, couché sur les pieds de son maître ou sur le tablier de ma tante, il les regardait avec étonnement et il avait cessé d’aboyer, comme il avait l’habitude de faire à notre porte, au passage des pèlerins. […] Jugez donc ce que quatre personnes qui ne font qu’une, et qui sentent le cachot sous leurs pieds et la mort sur leur tête par le supplice prochain d’un seul d’entre eux, prêt à les tuer tous d’un seul coup, peuvent se dire ! […] Elle répondit sans se retourner, comme quelqu’un qui regarde le bout de ses pieds en parlant. […] Dès demain, il faut achever de scier un barreau de fer de la lucarne derrière l’autel de la chapelle des prisonniers, de manière à ce qu’il ne tienne plus en place que par un fil, et laisser la lime à côté, pour qu’un coup ou deux de lime lui permette de le faire tomber en dehors dans le verger de la prison, et qu’à l’aide de l’égout qui ouvre dans ce verger, au pied de la lucarne, et qui traverse les fortifications de la ville, Hyeronimo se trouve hors des murs, libre dans la campagne… Et toi, pourquoi ne le suivrais-tu pas ?
Mais tout en se promenant avec lui sous une allée de châtaigniers devant la maison, tout en prenant le frais près de l’adolescent chéri sur un banc placé dans cette allée, elle le prépare à l’arrivée de M de Thiézac qu’on attend le jour même ; elle l’engage à profiter de cette protection importante pour mettre un pied dans le monde, et elle lui annonce avec gravité et confiance qu’elle est décidée à se laisser marier avec M. de Thiézac : « car, dit-elle, mon père, qui est âgé et valétudinaire, peut mourir. […] Au reste, je loue de grand cœur l’historien véridique de nous avoir montré Mlle de Liron un peu grasse, puisqu’elle l’était sans nul doute au commencement de cette aventure ; mais je voudrais qu’il se fût trompé en nous le rappelant vers la fin, et lors d’une saignée au pied qu’on lui pratique avec difficulté dans sa dernière maladie. […] J’imagine, pour accorder mon désir avec l’exactitude bien reconnue du narrateur, qu’ayant su par un témoin que la saignée au pied avait été difficile, il aura attribué cette difficulté à un reste d’embonpoint, tandis que la saignée au pied est quelquefois lente et pénible, même sans cette circonstance. […] Or Cécile a des rapports singuliers de contraste et de ressemblance avec Mlle de Liron ; écoutons sa mère qui nous la peint : « Elle est assez grande, bien faite, agile ; elle a l’oreille parfaite : l’empêcher de danser serait empêcher un daim de courir… Figurez-vous un joli front, un joli nez, des yeux noirs un peu enfoncés ou plutôt couverts, pas bien grands, mais brillants et doux ; les lèvres un peu grosses et très-vermeilles, les dents saines, une belle peau de brune, le teint très-animé, un cou qui grossit malgré tous les soins que je me donne, une gorge qui serait belle si elle était plus blanche, le pied et la main passables ; voilà Cécile… « Eh bien ! […] As-tu jamais essayé dans ton enfance de replacer ton pied précisément dans l’empreinte qu’il venait de laisser sur la terre ?
Madame Therbouche Un homme, le verre à la main, éclairé d’une bougie. tableau de nuit, morceau de réception, de 3 pieds 6 pouces de haut, sur 3 pieds de large. […] L’Antiope à droite était couchée toute nue, la jambe et la cuisse gauche repliées, la jambe et la cuisse droite étendues ; la figure était ensemble et de chair ; et c’est quelque chose que d’avoir mis une grande figure de femme nue ensemble, c’est quelque chose que d’avoir fait de la chair, j’en connais plus d’un, bien fier de son talent, qui n’en ferait pas autant, mais il était évident à son cou, à ses doigts courts, à ses jambes grêles, à ses pieds, dont les orteils étaient difformes, à son caractère ignoble, à une infinité d’autres défauts, qu’elle avait été peinte d’après sa femme de chambre ou la servante de l’auberge. […] Ce Jupiter satyre n’était qu’un vigoureux porte-faix à mine plate dont elle avait allongé la barbe, fendu le pied et hérissé la cuisse.
Poussés par le désespoir, d’autres se retournent, se jettent en furieux sur leurs imprudents ennemis, et, les foulant aux pieds ou les étreignant dans leurs énormes trompes, en tirent une terrible vengeance. […] N’aperçois-tu pas çà et là, épars au pied des arbres, ces grains de riz consacré, échappés du bec des jeunes perroquets encore dépourvus de plumes, au moment où leurs mères leur portent la becquée ? […] Prince, je retiens les rênes ; vous pouvez mettre pied à terre. […] Toi, chère Sacountala, va, sans perdre de temps, à l’ermitage, chercher des fruits dignes d’être offerts à notre hôte : cette eau, en attendant, peut servir à rafraîchir ses pieds fatigués. […] « Voyez », leur disait-elle en faisant un doux mensonge, « mon pied vient d’être cruellement blessé par cette pointe aiguë de cousa » ; et elle s’arrêta sans sujet.
C’était cependant un grand et vigoureux garçon, aux cheveux touffus, au duvet naissant sur ses joues roses, aux pieds massifs, aux épaules arquées, au poing solide comme des nœuds de chêne. […] au lever du soleil, et les alouettes partiront joyeuses sous vos pieds ! […] La Jumelle, assise sur le banc de sa porte, écoutait d’en haut le chant de son fiancé ; elle entendit sa chute et les cris d’effroi ; elle accourut les pieds nus et tout saignants, sa coiffe restée aux branches du chemin, ses cheveux épars, les bras tendus. […] J’avais suivi à pied le cercueil porté à bras, par quatre paysans de nos amis, à travers les sentiers escarpés d’une chaîne de montagnes, creusés dans un océan de neige. […] Le pied marche, le geste anime la voix, la voix enivre l’oreille, l’oreille remue le cœur.
Tâche d’avoir toujours la tête froide et les pieds chauds : c’est le précepte de la sagesse. […] Kobus le salue en le décrivant avec l’entrain insoucieux du joyeux égoïste qui se sent les pieds chauds. […] — Deux pieds autour de la ferme pendant trois mois, et il n’a fallu que huit jours pour la fondre. […] Tu seras forcé de prendre une autre servante qui te grugera, qui te volera, Kobus, pendant que tu seras en train de soupirer dans ton fauteuil, avec la goutte au pied. […] C’était un petit meuble en bois de rose, à pieds grêles terminés en poire, et qui n’avait que cinq octaves.
« J’étais tenté de m’aller jeter aux pieds d’un prêtre. […] Pour échapper à ce supplice, il est obligé de se déguiser de la tête aux pieds. […] Ce jour-là, Jacquemont n’avait pas trouvé d’obstacle ; bien au contraire, des soldats apostés au pied de la forteresse lui avaient servi de guides. […] Du jour où Victor Jacquemont a mis le pied sur le sol du Punjaub, il tombe une pluie d’or dans sa cassette. […] Il arrive, il la trouve étendue sur un hamac de soie, éclairée par la lueur d’une lampe d’albâtre, pendant que l’inévitable santal brûle à ses pieds.
Dès 1838, il publiait un poème en plusieurs chants dont le Journal des Débats, plus littéraire que les autres, parla seul ; et ce poème, intitulé Volberg, n’était tout simplement que la conversion au catholicisme d’un esprit du xixe siècle, d’un de ces Titans du doute, de l’incrédulité et de l’orgueil, comme Byron, ce grand boiteux d’esprit comme il l’était de corps, en avait tant élevé sur leurs pieds d’argile, — sur des pieds qui ressemblaient au sien ! […] au temps De sa royauté naissante, Tourbillonnait d’un pied sûr À mille pieds en l’air, sur Une corde frémissante !
Il n’échouera pas, quoique avec un livre substantiel et de qualités excellentes, mais qui ne dépassent point le niveau de prudence et de goût prescrit par tous ces mulets d’Académie qui se croient le pied sûr et qui ne veulent pas qu’on l’ait emporté. […] Les six pieds de terre qui suffisent à la mort suffirent à sa vie, et il fut aussi grand dans ces six pieds de terre que s’il avait traîné son génie, pour le développer, partout l’univers ! […] Je sais bien qu’il reprit son cœur aux pieds sous lesquels il l’avait mis, mais en le reprenant, il emporta sa blessure, — la blessure dernière qui ne se ferme plus que quand le cercueil se ferme sur nous.
Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ? […] Mais c’est qu’en effet ces huit mille pieds sont la hauteur du théâtre où se racontent ces histoires. […] Rien de plus simple, dans le plus mauvais sens du mot, et, comme vous le voyez, de plus vulgaire, que le prétexte à conversations et à récits, découvert par l’auteur des Amours d’Italie, et qui n’a d’autre originalité de détail que ces huit mille pieds innocents au-dessus du niveau de la mer dont M.
— Et mon cœur est une poignée de poussière, — et les roues passent par-dessus ma tête, — et mes os sont secoués douloureusement, — car ils les ont jetés dans un étroit tombeau, — seulement trois pieds au-dessous de la rue, — et les pieds des chevaux frappent, frappent, — les pieds des chevaux frappent — frappent jusque dans mon crâne et dans ma cervelle, — avec un flot qui ne cesse jamais de pieds qui passent […] Nous sommes mal à notre aise tant que nous restons collés au sol, clopinant sur nos deux pieds qui nous traînent misérablement çà et là dans l’enclos où nous sommes parqués. […] Ida, indignée, veut partir ; son pied glisse, elle tombe dans la rivière ; le prince la sauve et veut fuir. […] — Si tu ne dois plus voir ma face, prie pour moi ; plus de choses sont accomplies par la prière que ce monde ne l’imagine. — Car par elle la terre, ronde tout entière en toutes ses parties, — est liée comme par des chaînes d’or aux pieds de Dieu. […] Il n’a point enfoncé lourdement un pied rude dans la vérité et dans la passion.
Ce portrait a sept pieds et demi de hauteur, sur cinq pieds et demi de large ; imaginez l’espace que ce panier à guirlandes doit occuper.
Louis Michel Vanloo 8 pieds de hauteur, sur 6 pieds de largeur.
Il est de 3 pieds de large, sur 2 pieds 6 pouces de haut.
» Puis il secoua la poussière de ses pieds, sortit d’Édimbourg et se retira au milieu des bois, dans une cabane de bûcheron, pour attendre ou le supplice ou la vengeance ! […] Le château situé au pied du Ben Lomond, haute montagne d’Écosse, était construit au milieu d’un lac qui battait ses murs et qui interceptait toute fuite. […] Ils se jetèrent à ses pieds, l’entraînèrent dans leurs montagnes, levèrent leurs vassaux catholiques, lui formèrent une armée, révoquèrent son abdication, combattirent sous ses yeux pour sa cause, à Longside, contre les troupes de Murray, et furent vaincus une seconde fois. […] Ces lots, elle les plaça dans autant de bourses pour le lendemain. » Elle demanda ensuite de l’eau ; elle se fit laver les pieds par ses filles d’honneur. […] Après elle, le doyen de Peterborough, en grand costume ecclésiastique, s’assit à droite de la reine sur un pliant sans dossier, un carreau de velours noir à ses pieds.
Le vieux Priam aux pieds d’Achille, qui est si l’on me permet de parler ainsi le maximum du pathétique et du classique et pour ainsi dire le maximum de l’antique, étant le maximum de la supplication antique, ne donne-t-il pas ensemble le maximum de clarté dans le maximum de profondeur. […] On mesurait, (et on comptait), pied à pied, c’est-à-dire le derrière du talon du pied droit juste et modérément appuyé à la pointe de la semelle du pied gauche. […] Et c’était paille qui était devenu le pied gauche, et foin qui était devenu le pied droit. […] Or Descartes est un homme qui dans la deuxième partie du Discours de la Méthode veut que l’on n’avance que pied à pied et qui dans la quatrième partie, se plaçant, allant se placer par le Je pense au cœur même de l’être et du moi et de la pensée, procède pour partir au bond le plus prodigieux qu’il y ait peut-être dans l’histoire des métaphysiques. […] Et il ne dresse plus sa tente au pied des Pyramides.
Marie, pour donner au festin un plus grand air de fête, entra pendant le dîner, portant un vase de parfum qu’elle répandit sur les pieds de Jésus. […] Enfin, poussant les témoignages de son culte à des excès jusque-là inconnus, elle se prosterna et essuya avec ses longs cheveux les pieds de son maître 1049. […] Pour lui, le rite de la Cène, c’est le lavement des pieds. […] Il faut se rappeler que les pieds des convives n’étaient point, comme chez nous, cachés sous la table, mais étendus à la hauteur du corps sur le divan ou triclinium. […] Il résulte de ces passages que Bethphagé était une sorte de pomoerium, qui s’étendait au pied du soubassement oriental du temple, et qui avait lui-même son mur de clôture.
Les pauvres pieds de la sœur Emmerich n’ont jamais chaussé l’orgueilleux bas bleu. […] Elle était la fille de paysans westphaliens, garde use de brebis ou de vaches, dès qu’elle put se tenir debout sur ses pieds en sabots ou nus, qui devaient, un jour, éclater du carmin lumineux des stigmates ! […] cette petite va-nu-pieds, ce brin de genêt à mettre au pied d’un bénitier tout au plus, était, même dès lors, destinée à devenir une Sainte et un poëte du même coup, — du même coup de la grâce de Dieu sur son berceau ! […] Il fallut Brentano, — Brentano, ce poëte profond que le rationalisme allemand a dit égaré, parce qu’il est devenu catholique, — Clément Brentano qui, dès qu’il vit la sainte religieuse, s’arracha du front sa couronne de poëte, — de toutes les couronnes celle qui tient le plus au front des hommes, — et la mit aux pieds de l’Extatique, à ces pieds flamboyants et stigmatisés.
C’est une fort belle chose que le Berger Phorbas qui détache de l’arbre Œdipe enfant qui y était suspendu par les pieds. […] On s’élève également sur la pointe du pied pour suspendre et pour détacher.
Le Bel Il est de 4 pieds, 4 pouces de large ; sur 3 pieds, 6 pouces de haut.
Peut-être parce que ce bruissement et cet ondoiement d’épis mûrs sous la brise folle nous transportent, par l’analogie de leur bruit, sur les vagues ridées de l’Océan, au pied du mât où frissonne ainsi la toile ? […] Une troupe de cygnes s’abat à ses pieds. […] La chaste indignation de l’épouse fidèle est si foudroyante, que, d’un seul regard, elle fait tomber le chasseur mort à ses pieds. […] Un tigre féroce s’approche pour la dévorer ; vaincu par sa beauté et la sainteté de l’épouse, il se couche à ses pieds et il l’adore. […] Damayanti reprend sa route ; elle s’arrête au pied d’un arbre dont l’ombre donne la mort : « Ah !
Trois filles pas trop belles, pas trop jeunes, passant des guirlandes de fleurs autour des bras et des pieds d’un innocent qui les laisse faire. […] Au pied de Bélisaire, une levrette qui dort.
Et foule aux pieds les peuples et les rois. […] Et foule aux pieds les peuples et les rois. […] Et foule aux pieds les peuples et les rois. […] Et foule aux pieds les peuples et les rois. […] Et foule aux pieds les peuples et les rois.
« Longtemps la gloire fugitive Semble tromper leur noble orgueil ; La gloire enfin pour eux arrive, Et toujours sa palme tardive Croît plus belle au pied d’un cercueil. […] Nul ne sortait de ces lieux sans un visage plus serein, et les sourdes clameurs qu’on entendait au dehors semblaient être les flots des passions et les orages du monde, qui venaient expirer au pied du temple du Seigneur. Grand Dieu, qui vis en secret couler mes larmes dans ces retraites sacrées, tu sais combien de fois je me jetai à tes pieds, pour te supplier de me décharger du poids de l’existence, ou de changer en moi le vieil homme ! […] Un jour, je la surpris tout en larmes au pied d’un crucifix. […] Était-ce toi, ô mon Amélie, qui, prosternée au pied du crucifix, priais le Dieu des orages d’épargner ton malheureux frère ?
Il semble qu’on le voie assis sur une plinthe, un glaive à ses pieds, gravant son drame sur l’airain de sa cuirasse dégrafée. […] Au pied du tombeau vénéré se range le Chœur des Fidèles, le grave Divan des vieillards chargés par le Roi de gouverner la Perse pendant son absence. […] Le dénombrement d’Hérodote repasse dans ses strophes, à l’état lyrique : les troupes de pied et les cavaliers, les chars et les navires, les archers et les rameurs innombrables. […] viens, montre-toi, apparais sur le faîte de ce mausolée, soulevant la sandale pourprée de ton pied, et dévoile la splendeur de ta tiare royale. […] Le Détroit d’Hellé, un dieu maritime, outrageusement ployé sous le bat d’un pont, garrotté de cordes, foulé aux pieds d’une armée ; sa grande voix bruyante couverte par les hennissements de la cavalerie !
Nous l’attendîmes ; et voilà que survint, monté sur une bourrique, un étudiant tout gris, car il était habillé de gris des pieds à la tête. […] Cette ancienne romance, qui fut célèbre dans son temps, et qui commence par : Déjà le pied à l’étrier, me revient à la mémoire, hélas ! trop naturellement, en écrivant cette lettre ; car je puis la commencer à peu près dans les mêmes termes : Déjà le pied à l’étrier, en agonie mortelle, Seigneur, je t’écris ceci… Hier, ils m’ont donné l’extrême-onction, et aujourd’hui je vous écris. Le temps est court, l’agonie s’accroît, l’espérance diminue, et avec tout cela je vis, parce que je veux vivre assez de temps pour baiser les pieds de Votre Excellence, et peut-être que la joie de la revoir en bonne santé, de retour en Espagne, me rendrait la vie. […] Un célèbre poëte anglais du temps, Rowe, qui avait un pied dans la politique et qui eût désiré un poste important, reçut un jour de lord Oxford le conseil de se mettre à étudier la langue espagnole.
Vous passez à Van Loo, à son grand portrait en pied, de cérémonie et d’apparat : c’est la même physionomie ; l’œil est d’une extrême finesse. […] Les accessoires sont largement entendus : sur une console aux pieds dorés, un buste de Louis XV pose près d’un coussin fleurdelisé et à côté d’un vase de fleurs. La reine, qui a une magnifique robe à ramages, porte sur les épaules le grand manteau royal de velours bleu semé de fleurs de lis d’or, et dont la doublure d’hermine roule à ses pieds : derrière elle, le fauteuil du trône. Un petit chien King’s-Charles est à ses pieds sur le devant. […] Il règne dans tout ce tableau un ton chaud et doré qui circule des draperies aux pieds de la console, aux rubans ou soutaches de la robe : c’est la note dominante.
Les bons maîtres sont rares, parce qu’ils traînent leurs élèves pied à pied ; et qu’on fait avec eux une route immense, sans qu’ils s’avisent d’arrêter leurs élèves sur les sommités, et de promener leurs regards autour de l’horizon. […] Il est à côté de vous, sous vos pieds, sur vos genoux.
Ce livre éblouissant n’est pas un livre fait avec les combinaisons propres à tout livre, mais un tableau pris du pied des choses, presque contondant de relief, presque poignardant de couleur. […] La patrie, cette patrie qui n’a que quelques pieds d’horizon et qui a porté notre berceau, qui nous entre par les yeux dans le cœur aux premiers moments de la vie, et qui est comme le cœur concentré de l’autre et grande patrie, est entrée trop avant en lui pour que son talent puisse exister sans elle. Comme Antée, il faut qu’il ait sous les pieds ce morceau de terre sacrée pour être fort… Malgré son talent herculéen de peintre, Cladel perdrait la moitié de sa palette s’il ne peignait pas son pays, ou si ce pays perdait lui-même ses mœurs, ses saveurs séculaires, sa puissante originalité.
Il y eut l’être inspiré, naturel et charmant, qui met ses prétentions à ses pieds, — à ces pieds qui, fussent-ils laids, — et elle les avait beaux, — se transfigurent presque comme ceux des Saintes, quand on y met ses prétentions ! […] Ce n’est plus là la fée aux pieds de qui tous ceux qui aiment la grâce tomberaient pour lui rendre hommage, si ces pieds étaient encore là !
Cette doctrine américaine, qui a déjà un pied en France, si elle n’en a pas deux, serait-elle la doctrine du bas-bleu convulsif qui a écrit l’Appel aux femmes ? […] Dumas qui n’aboutit point, ce n’est pas ce catholicisme… futur, qui s’escarbouille comme un fruit avant d’être mûr ; mais c’est encore les opinions physiologiques de toute sa vie, qui en font autant, — et qu’il dépose ainsi écrasées, comme des confitures de citrouille et comme un hommage, aux pieds vainqueurs de son bas-bleu !! […] Dumas s’est permise contre la sainte Vierge, empêcheront aussi qu’on accepte, sur le grand et ridicule pied où il le donne, le livre malade de ce bas-bleu, — qui n’est pas bleu comme l’azur du ciel, mais plutôt comme un commencement de gangrène. […] Achille s’appelait « aux pieds légers ».
Il arpente son terrain d’un pied sûr et le fouille avec intelligence. […] Moret suit pied à pied les négociations mêlées à la guerre, et la guerre elle-même, jusqu’au moment des défections, plus amer peut-être que celui des défaites, où les alliés de Louis XIV commencèrent de l’abandonner, et où Villars, frappé dans le sentiment de sa supériorité méconnue, quitta le théâtre de la guerre pour venir pacifier les Cévennes, déchirées par le calvinisme insurgé. […] Ils discernent bien la faute politique, qu’ils cherchent incessamment « à grand renfort de besicles », comme dirait Rabelais, mais s’ils avaient l’œil plus perçant et l’aile plus robuste, s’ils remontaient d’un cran plus haut que cette politique dans laquelle ils se prennent les pieds, ce qui se détache en faute pour eux rentrerait dans le tissu des nécessités de l’histoire, dont les rois sont bien les tisserands, disait Philippe II, mais à qui Dieu fournit le fil.
Là, dans le désert, le saint désert, comme disaient ces anachorètes, la terrible lionne l’a foulé aux pieds, déchiré, déchiqueté, et elle a répandu autour d’elle ses lambeaux saignants avec une fureur de mépris dont vous pouvez juger encore, car ces lambeaux, ce sont les Pensées de Pascal. […] Jamais il n’en fut de plus tragique, de plus amer, de plus angoissé, de plus méprisant, quand, du pied de la Croix, cette grande âme qui souffre la passion de la raison humaine se retourne vers le monde, et aussi de plus humble, quand, du monde, au contraire, elle se retourne vers la Croix ! […] peut-être n’y a-t-il pas d’autre manière de mettre les pieds sur ces deux révoltés tenaces, le cœur de l’homme et son esprit ! […] Ils en firent un malade et ils inventèrent même une petite légende d’abîme qu’il voyait incessamment ouvert à ses pieds, et cette légende, qui rapetissait Pascal, a eu crédit longtemps, et c’est un poëte, c’est M.
Le principe de destruction que vous portez en vous, comme le fruit porte le ver, ou comme le temps porte la mort, ou comme le commencement porte la fin, commence à vous disputer, pied à pied, avec douleur, cette petite pincée de matière organisée, ce petit point d’espace, et ce petit éclair de durée que la nature a donnés à une âme, assez grande pour contenir des éternités, et assez vivante pour user des mondes. […] Il embarque avec lui son génie descriptif, il fait le tour du monde, il double le cap des Tempêtes, il chante au pied du mât que la foudre brise ; il sauve à la nage, de la fureur des flots, sa vie périssable et sa vie immortelle avec son poème. […] Je ne sais pas comment, au pied d’une colonne D’où l’ombre des vieux jours sur le barde descend, L’herbe parle à l’oreille, ou la terre bourdonne, Ou la brise pleure en passant. […] Je n’ai pas reposé ma tête sur la terre Où Palmyre n’a plus que l’écho de son nom, Ni fait sonner au loin, sous mon pied solitaire, L’empire vide de Memnon. […] « Fouler aux pieds l’esprit comme l’herbe ou le sable ?
Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots. […] Le carnillet moussier, riante parure des rochers élevés, et deux ou trois pieds d’une gentiane qui se plaît dans les lieux que la neige couvre longtemps et qu’elle abreuve sans cesse, fleurissaient exilés sur cette cime déserte. […] Il y mêlera des personnages, des figures selon la rencontre, le berger basque, plus tard le contrebandier aragonais : En ce moment (au moment de la descente), deux jeunes montagnards nous abordèrent ; beaux et bien faits, ils marchaient pieds nus avec cette grâce et cette légèreté qui distinguent éminemment les habitants des Pyrénées. […] À un certain endroit un pont, d’une seule arche se présente, jeté sur le gave, à quatre-vingt-dix pieds environ au-dessus du torrent : « Ce pont lui-même, antique et dégradé, revêtu de lierre qui pend de sa voûte en rustiques festons, a pris en quelque sorte l’uniforme de la nature, et a cessé d’être dans ce sauvage tableau un objet étranger. » L’uniforme de la nature est un de ces traits maniérés ou affectés qui se rencontrent quelquefois chez Ramond, mais qui ne sauraient compromettre le juste effet des ensembles. […] Après les vaches venaient les juments, leurs poulains étourdis, les jeunes mulets, plus malins mais plus prudents ; et enfin le patriarche et sa femme, à cheval ; les jeunes enfants en croupe, le nourrisson dans les bras de sa mère, couvert d’un pli de son grand voile d’écarlate ; la fille occupée à filer sur sa monture ; le petit garçon, à pied, coiffé du chaudron ; l’adolescent armé en chasseur ; et celui des fils que la confiance de la famille avait plus particulièrement préposé au soin du bétail, distingué par le sac à sel, orné d’une grande croix rouge.
Tout gentilhomme qu’il est, Montluc sent l’importance croissante de l’infanterie, et, dès qu’il le peut, il se jette parmi les gens de pied. […] Il se hasarde de propos délibéré, à la tête d’une centaine de gens de pied, pour protéger la retraite de la cavalerie qui s’était imprudemment engagée, et à force d’audace, de ténacité, de ruse, de tours et de retours, il parvient non seulement à sauver les autres, mais à se sauver lui-même le dernier. […] Bientôt, la guerre recommençant après la délivrance de François Ier, il reprit les armes, et, sur l’invitation de M. de Lautrec, il leva en Guyenne une compagnie de gens de pied avec une plus forte proportion d’arquebusiers qu’il n’y en entrait d’ordinaire. […] Il était à peine remis de cette blessure et de nouveau sur pied, lorsqu’il eut ordre de son colonel, le comte Pedro de Navarre, d’aller assaillir une petite ville située sur une hauteur, Capistrano, non loin d’Ascoli. […] Montluc s’en revient à pied pendant la plus grande partie du chemin, continuant de porter son bras en écharpe, « ayant plus de trente aunes de taffetas sur lui, parce qu’on lui liait le bras avec le corps, un coussin entre deux ; souhaitant la mort mille fois plus que la vie, car il avait perdu tous ses seigneurs et amis qui le connaissaient. » Il rentre en sa maison, est deux ou trois ans à s’y guérir, et plus tard, quand la guerre se réveille et qu’il reprend le service, il croit avoir tout à faire et à recommencer sa carrière comme le premier jour.
Oui, le journaliste républicain met sur le même pied les vulgarisateurs et les créateurs, et préfère les écrivains utiles à ceux qui ne sont que des écrivains. […] Son frère, qui est très riche et mourant, doit lui faire 3 000 livres de rente : avec cela, sa place et ses gains de littérature, il se retrouvera à peu près sur ses pieds. […] Après dîner, je tombe sur un petit album de Gavarni, où il a cherché à rendre les penchements de côté et en avant des jockeys, dans la rapidité d’une course : « Tiens, dit-il, regarde ça, c’est curieux, j’ai relevé, un matin, dans une allée de course à Chantilly, une piste », — et il me fait voir un petit losange se resserrant et obliquant jusqu’à une ligne, formée de points qui ferait croire, qu’à la fin le cheval ne court plus que sur un pied : « C’est drôle, n’est-ce pas ? et je n’y comprends rien, mais c’était comme ça… Il y a un moment dans le galop, où le pied gauche ne laissait plus de trace, ne laissait que cette petite marque presque invisible. » Et voilà l’original garçon, qui se met à parler du galop du cheval, avec une grande science, des aperçus nouveaux, des divagations amusantes, tout en me faisant passer sous les yeux des croquetons, où il s’est essayé à saisir la réalité du galop : « C’est le diable, vois-tu, cette jambe est vraie, et elle paraît bête, c’est juste et ça semble faux. Au fond dans les tableaux hippiques, il y a une convention pour le galop… On fait tous les chevaux galopants maintenant, à l’image de Pégase, les quatre pieds dans l’air, et le dévorant… et jamais le galop, à moins d’un éloignement infini, ne se présente ainsi… Enfin c’est la mode moderne… Le curieux, tu connais les bas-reliefs du Parthénon, eh bien, je les ai étudiés à fond, c’est extraordinairement juste… bien plus juste que tous les Horace Vernet du monde… Il y a là dedans une volte d’un cheval sur ses pieds de derrière… c’est d’une rouerie… Oui, dans ces bas-reliefs, c’est tout le contraire, du galop contemporain… toujours les deux jambes de derrière sont ramassées sous l’arrière-train… pourquoi cela ?
L’imbécile tire son épée contre une magicienne qui s’envole dans les airs, qui est hors de sa portée et qui laisse à ses pieds ses enfants égorgés. […] Il y a de la volupté dans ce tableau, des pieds nus, des cuisses, des tétons, des fesses ; et c’est moins peut-être le talent de l’artiste qui nous arrête que notre vice.
À ses pieds Luath et Branno poussaient de tristes hurlements. […] Il s’élève au pied de ce rocher, sur les bords du torrent bleuâtre de Lutha. […] Trois vieux pins pendent de son front sourcilleux ; à son pied s’étend une vallée verdoyante. […] Son pied donna contre un des chefs de Dargo. […] Quelle fut ta douleur, ô Daura, quand tu vis le sang de ton frère couler à tes pieds !
Quant à nous, nous restons tristement au pied de l’échelle, bien convaincu qu’elle porte à faux, et que son sommet n’est qu’un vertige. […] D’une combustion générale il serait sorti ce qui pouvait, un monceau de cendre étouffé sous une pluie de sang, et foulé bientôt après aux pieds par une tyrannie militaire. […] Elle proposait elle-même de négocier cette retraite jusqu’au pied du Tyrol ; elle ne demandait, pour évacuer l’Italie lombarde, que le prix de cet abandon par le payement de sa dette italienne par l’Italie. […] Mais quelle confédération municipale que celle qui a pour municipalités des capitales, Milan, Turin au pied des Alpes, Gênes à droite, Venise à gauche, Florence, Livourne, Bologne au pied des Apennins, Rome au centre, Naples au sommet, Palerme et Messine dans ses eaux ? […] Dès qu’on met le pied sur le sol italien, on entend cette voix dans tous les murmures, dans tous les arbres, dans toutes les vagues, dans tous les vents, comme dans tous les vers.
Une série de petites femmes modernes ayant à leurs pieds des vieillards historiques d’autres siècles. […] Alors une autre planche, où le mari a mis à la torture sa femme qu’on voit battre des pieds dans sa souffrance et qui est après jetée à l’eau. […] Et c’est, après l’impression de chants pour accompagner les danses, une série de planches représentant chacune quatre ou cinq petites figurines de danseurs avec, à la droite ou à la gauche de leur bras ou de leur pied, une ligne droite ou courbe indiquant le développement complet du geste commencé par ce bras ou ce pied. […] Orage au pied de la montagne. […] Moi, quand la rivière est trouble, je me lave les pieds dedans et, quand elle est claire, je la bois !
Ses pieds meurtris portent les marques des coups que peut frapper le plus fort. […] Les dieux d’Homère rient aux éclats, quand il leur verse le nectar en trébuchant sur ses pieds boiteux. […] Déjà une fois, lorsque je voulais te défendre, il me saisit par un pied, et me lança du haut des demeures divines. […] Elle a traversé à la nage la mer qui portera désormais son nom, et elle est arrivée au pied de la montagne expiatoire. […] Les Océanides, restées fidèles à son agonie, lui apparaissaient comme les figures lointaines des Saintes Femmes, pleurant au pied de la Croix.
Elle porte la blouse à faire peur, et la couronne à faire envie ; un pied sur le trône, un pied sur la barricade, elle règne par le droit de sa naissance, elle règne par le droit de sa conquête ! […] Pauvres femmes, dont nos pères se moquaient, leurs petits enfants vous ont cruellement regrettées quand ils se sont vus aux prises avec ces infantes prétentieuses, desséchées, hargneuses, un pied sur la tribune, un pied sur le Parnasse, échevelées avec art, mêlant la déclamation à l’enthousiasme, le hoquet au sourire, un œil en pleurs, un regard en gaîté, « cendre usée d’un flambeau allumé par Vénus » ! […] Elle avait vu à ses pieds, naître et mourir tant de poèmes fameux dont le nom ne s’était conservé que sur cette frêle couronne d’or faite pour son front l Ingénieuse, éclatante et chère couronne ! […] On te salue, on te bénit, et l’on t’aime, ô jeune homme, enivré de la douce rosée matinale ; on se prosterne à tes pieds adorés, ô beauté printanière, ô poésie, éloquence et cantique ! […] Elle tenait à sa gloire, et jusqu’au bout de sa vie elle se battit, pied à pied, contre la vieillesse, semblable à ce maréchal de France sur les bords de la Bérésina qui tient tête aux Cosaques, pendant que l’armée en désordre franchit l’obstacle, et se sauve, à l’abri de ce valeureux !
Mes pieds même ne se font pas à ces marches neuves, ils vont suivant leur coutume et font des faux pas où ils n’ont pas passé tout petits. […] Ces étoiles, je me souviens comme elles me donnaient une belle idée de Dieu, comme je me levais souvent quand on m’avait couchée, pour les regarder à la petite fenêtre donnant aux pieds de mon lit, chez nos cousines, à Gaillac. […] Le pied sur une tombe, on tient moins à la terre. […] J’ai gardé les deux petites pattes de devant si souvent posées sur ma main, sur mes pieds, sur mes genoux. […] Le matin, il venait au pied du lit me lécher les pieds en me levant, puis il allait en faire autant à papa.
Mais, d’autre part, de notre vers de douze pieds, naturel de tenir sa survie d’être le même ou d’avoir ses équivalents en les métriques des langues les plus lointaines, — les poètes ont démontré que la loi mathématique n’est pas par eux saisie entièrement. […] Immanent aux mouvements mêmes de la pensée, dans une unité de temps qui est la mesure de douze pieds, le Rythme — en dehors de prévue mesure de pieds et d’équidistances en retour de durées purement numériques, est pour moi une série mouvementée d’ondes de durées à intensités variées, qui se déterminent par la valeur phonétique de toutes lettres mais essentiellement des Voyelles, distinguées par leurs harmoniques propres. […] Parlons en premier lieu, de la nature du Vers : le vers premier et résumant étant le vers de douze pieds. — Il en est ainsi pour lui, parce que, équivalent du vers-principe en toutes les métriques anciennes et modernes, lui aussi se ramène à une unité de mesure qui est le temps nécessaire à l’expiration : il tient sa nature métrique organiquement, des nécessités de l’appareil vocal. […] (On ne sut d’ailleurs voir ou sentir que la mesure de douze pieds est en vérité, prétendons-nous, une unité de durée en laquelle évoluent les autres durées.) […] Il en résulte que n’est qu’empirique et sans valeur, le sentiment simpliste qu’on eut du rythme : sentiment du retour régulier et équidistant d’une division numérique dans un mouvement quelconque… Or, selon le vers de douze pieds se mesure « l’instrumentation-Verbale », — quand, premièrement et numériquement, la loi en est acquise, que toutes ses quantités partielles sont régies par les valeurs : deux et trois.
En abattant les grands arbres qu’il ronge par la base, le Feu jette aux pieds de l’homme les poutres et les solives qui construiront ses cabanes ; en creusant leurs troncs dépouillés, il lui fabrique les pirogues qui le lanceront sur les flots. […] Il en tire les pointes de la flèche qui percera de loin la proie que ses pieds ne pouvaient atteindre, le glaive qui ajoute un bras de bronze à sa force, et qui terrassera la brute indomptable. […] Tant de pouces pour la tête et pour la poitrine, tant pour le ventre et les hanches, tant pour les jambes et pour les pieds. […] Brama tire les pères des castes de l’Inde de sa bouche et de ses bras, de ses cuisses et de la plante de ses pieds. […] Médée, la sorcière tragique, herborisant dans les lieux sauvages, venait cueillir, au pied de son gibet, une plante qui germait de la terre rougie par son sang, pour en extraire des philtres terribles.
» Une colline se dresse devant le rivage, à demi couverte par un bois sacré ; les statues des Douze grands Dieux la surmontent ; au pied de chaque statue, un autel. […] Ne souffre pas que, suppliante, je sois arrachée du pied de ces statues divines, entraînée comme une cavale, saisie par mes bandelettes bigarrées, tirée par mes voiles. » — Une image bucolique semble évoquer leur mère commune dans sa métamorphose douloureuse : — « Regarde-moi, je suis là, suppliante, exilée, errante, comme la vache poursuivie par le loup sur un haut rocher. […] » — Elles envient « la poussière qui s’envole sans ailes, dans les airs » ; elles voudraient être transportées « sur la pointe d’une roche escarpée, inaccessible à tout pied humain ». — « De là, je pourrais me précipiter, avant de subir, malgré mon cœur, ces noces détestées. » Tous les bruits de la mer résonnent dans le coquillage que l’on approche de l’oreille, tout un monde d’angoisses retentit aussi dans ce chœur navré. […] Les pirates embusqués se jetaient sur elles et les entraînaient, pieds et poings liés, dans leur barque. […] … Le serpent à deux pieds se dresse contre moi !
Ces plantules ont aussi à redouter de nombreux ennemis : ainsi, sur une surface de sol de trois pieds de long et de deux de large, bien bêchée et sarclée, de manière qu’aucune plante ne pût leur faire obstacle, j’observais tous les germes de nos herbes locales à mesure qu’ils levaient, et sur les 357 que je comptais, il n’y en eut pas moins de 295 qui furent détruits, principalement par les Limaces et les insectes. […] Sur vingt espèces croissant sur une petite place gazonnée de trois pieds sur quatre, neuf périssent ainsi par cela seul qu’on a laissé croître librement les autres. […] Cette loi est évidente dans la structure des dents et des griffes du Tigre et dans celle des pieds et des crochets de l’insecte parasite qui grimpe aux poils de son corps. Mais la belle aigrette plumeuse des graines de la Chicorée sauvage, ainsi que les pieds aplatis et frangés des Coléoptères aquatiques, ne semblent en relation directe qu’avec les milieux ambiants, c’est-à-dire avec l’air et avec l’eau. […] Chez les Coléoptères aquatiques, la structure des pieds, si bien disposés pour plonger, leur permet de soutenir la concurrence contre d’autres insectes, de chasser aisément leur propre proie et d’échapper au danger de devenir la proie d’autres animaux.
Ce qui a pu sembler depuis partie gagnée était d’abord un combat pied à pied, et chaque point à emporter voulait un assaut. […] Cousin mit d’abord le pied dans la trace exacte de son respectable devancier ; il se rattacha comme lui à Reid, mais il n’était pas homme à s’y tenir. […] Ces Cours nourris et brillants qui nous avaient instruits et charmés au pied de la chaire de M.
Pour nous, enfants du vieux monde, trop habitués à ramasser les testaments sacrés des grands républicains, nos pères, par lambeaux, au pied des guillotines, dans les recoins des geôles où l’appel se faisait chaque matin, dans les fentes des cavernes où on les traquait, c’est un nouveau et rafraîchissant spectacle d’entrer, par-delà l’Atlantique, dans ces spacieuses résidences rurales, Mount-Vernon, Monticello, ces fermes d’immense culture, peuplées de fabriques, retraites animées d’un Washington, d’un Jefferson, d’un John Adams, d’un de ces vieillards qui ont travaillé et veillé, cinquante ans durant, à la même œuvre. Au sortir surtout de l’atmosphère artificielle qu’infectent nos intrigants de tout âge et de tout étage, quand les corrompus de dix régimes coalisés avec les roués d’hier, avec les parvenus acharnés, les intrus encore tout suants, les avocats-ministres tombés dans l’obésité, composent à la surface du pays une écume vraiment immonde, on se sent soulagé en mettant le pied sur cette terre nouvelle, sur ces seuils antiques et vertueux : c’est au moral comme l’odeur végétale des savanes qu’on respire. […] Jefferson l’appelle quelque part la révolution de 1800 : « Car, dit-il, c’en fut une réelle dans les principes, comme celle de 1776 en avait été une dans la forme du gouvernement ; elle ne fut pas, il est vrai, comme la première, accomplie par la force des armes, mais par le suffrage du peuple, instrument de toute réforme paisible et rationnelle. » Il est douteux pourtant que si Jefferson n’avait pas lutté, comme il l’a fait, pied à pied, seul de son bord au sénat qu’il présidait en qualité de vice-président, durant l’administration d’Adams ; tandis que M.
Au contraire, irritez avec un acide le genou droit d’une grenouille décapitée, elle essaiera de l’essuyer comme d’ordinaire avec le pied droit. — Résultat tout mécanique, disent les partisans de Maudsley : quoiqu’il n’y ait plus aucune sensation, la machine fonctionne quand même, comme s’il y avait encore utilité, but poursuivi. — Fort bien ; mais alors, si vous coupez le pied droit et irritez le genou droit avec de l’acide, la machine devra être réduite à l’impuissance ; tout au plus le moignon droit pourra-t-il s’agiter. Or, ce n’est point-là ce qui se passe, et voici un fait significatif : ne pouvant, comme d’habitude, essuyer le genou droit avec le pied droit, l’animal décapité l’essuie avec le pied gauche ; pour une machine qui ne sent pas, le procédé est assez ingénieux.
Et quand il a taillé dans tout ce marbre, on n’en regrette pas les éclats tombés aux pieds de la statue… car on les retrouve autour du socle même, dans des notes de la plus vigilante et de la plus sûre érudition. […] Grâce à lui, il n’y avait pas « dans toutes les mers de l’Orient — dit Georges Chastelain en ses chroniques — mât de vaisseau revêtu, sinon des fleurs de lys de France. » Il réalisait enfin au pied de la lettre la fière devise d’un blason nouvellement conquis : « À cœurs vaillants rien d’impossible ! […] Il ne l’avait pas foulée aux pieds. […] l’histoire générale, qui est le majorat des hommes de génie, — et un majorat qu’aucune législation ne garde contre l’ambition des esprits inférieurs, — l’histoire générale gagnerait beaucoup à ce que chacun se renfermât dans ses quelques pieds carrés de sol historique, et les défrichât, et les retournât pour leur faire donner toute la moisson de renseignements et de vérités qu’ils contiennent.
… Des esprits attardés, les traînards des questions résolues, peuvent parler encore du livre, comme Jocrisse, dans la pièce, se met à battre les brigands quand il sait qu’ils sont des hommes de paille ; mais, pour tout ce qui n’a pas à l’esprit les pieds et sur l’esprit l’écaille de la tortue, la Vie de Jésus, qui a été les Misérables de 1863, aura le sort des Misérables, dont les flatteurs d’Hugo eux-mêmes n’osent plus parler ! […] Quoique ignorant comme un carpillon des choses de l’Église, Octave Feuillet, ce jeune homme pauvre… en théologie, a eu l’extrême bonté de recommander le catholicisme aux petites dames dont il est le favori et pour lesquelles il fait des petites comédies, et de l’excuser, et de l’arranger, et de l’attifer, ce vieux colosse de catholicisme, de manière à le faire recevoir sur le pied d’une chose de très bonne compagnie dans les plus élégants salons du xixe siècle… Or, voilà ce que madame Sand, cette prêcheuse de la Libre Pensée, qui ne veut pas, elle ! que le catholicisme soit reçu nulle part sur un pied quelconque, n’a pu supporter, et pourquoi, indignée, elle a lancé tout aussitôt sa Mademoiselle de la Quintinie à la tête de la Sibylle de Feuillet !
La piété, l’attention infatigable de madame la Princesse, sa douceur, sa soumission de novice ne purent la garantir ni des injures fréquentes, ni des coups pied et de poing, qui n’étaient pas rares. » Il avait couru après l’alliance des bâtards, et, pendant que sa fille était chez le roi, faisait antichambre à la porte. […] Ceux qui sont par derrière se dressent sur leurs pieds pour accrocher un regard. […] De là une échelle immense, le roi au sommet, dans une gloire surhumaine, sorte de dieu foudroyant, si haut placé, et séparé du peuple par une si longue suite de si larges intervalles, qu’il n’y avait plus rien de commun entre lui et les vermisseaux prosternés dans la poussière, au-dessous des pieds de ses derniers valets. […] Mes yeux fichés, collés sur ces bourgeois superbes, parcouraient tout ce grand banc à genoux, ou debout, et les amples replis de ces fourrures ondoyantes à chaque génuflexion longue et redoublée, qui ne finissait que par le commandement du roi par la bouche du garde des sceaux ; vil petit-gris qui voudrait contrefaire l’hermine en peinture, et ces têtes découvertes et humiliées à la hauteur de nos pieds. » Qui songe à rire de ces pédanteries latines et de ces détails de costumier ? […] « Harlay aux écoutes tremblait à chaque ordinaire de Bretagne, et respirait jusqu’au suivant. » La phrase file comme un homme qui glisse et vole effaré sur la pointe du pied. — Plus loin le style lyrique monte à ses plus hautes figures pour égaler la force des impressions.
Arrivée devant moi, elle se jette à mes pieds. […] cria une petite voix ; puis un piétinement de pieds nus se fit entendre. […] Obaldouï battait la mesure des pieds et remuait les épaules en cadence. […] On étend un tapis sur la téléga, et on place sous vos pieds une boîte renfermant le samovar. […] La terre humide semble élastique sous le pied ; les herbes hautes et desséchées ne bougent pas, et de longs fils étincellent sur l’herbe décolorée.
Y aurait-il, en avant de notre humanité, une humanité plus grande, des hommes de vingt-cinq pieds, des monuments de géants, des villes comme des royaumes. […] Et quand ces immondes pieds sont lavés et essuyés, les confrères, les approchant de leur bouche, les baisent à deux places. […] Pour nous, c’est au-dessus de tout, à vingt mille pieds au-dessus de la Vénus de Milo. […] Un moment, pour aller plus vite et pour dépêcher l’éternel dépiotage, on la pose sur ses pieds, qui cognent comme des pieds au bout de jambes de bois, et l’on voit tournoyer, pirouetter, valser épouvantablement, entre les bras hâtés des aides, ce paquet qui se tient debout : la Mort dans un ballot. […] Une dame de ma connaissance accouche d’un enfant qui avait deux doigts du pied palmés.
À la fin d’octobre, j’en redescendis sous le costume d’un étudiant allemand, un sac sur l’épaule, des guêtres de cuir aux pieds, un livre à la main, pour me rapprocher de Genève. […] Quant à moi, je n’ai que du bien à en dire, car il me jette une pièce blanche et quelquefois même une pièce jaune toutes les fois qu’il me rencontre sous les pieds de son cheval. » — « Savez-vous son nom ? […] Je vis descendre par les rudes sentiers, en face de ma fenêtre, à travers les châtaigniers, une caravane de voyageurs, hommes, femmes et enfants, les uns à pied, les autres sur des mules au pied réfléchi, comme dit le poète. Bientôt la caravane eut atteint le pied sablonneux des montagnes, gayé le ruisseau, traversé les prés et regravi le mamelon du château. […] Il est un de ces deux ou trois hommes par siècle qui ont les pieds sur cette fange, le cœur dans ce peuple, mais qui ont la tête au-dessus des brouillards humains !
Machy Le péristyle du Louvre, et la démolition de l’hôtel de Rouillé . tableau de 4 pieds de large, sur 2 pieds 9 pouces de haut.
Une femme ne peut plier les genoux, un homme ne peut déployer son bras, prendre son chapeau sur sa tête, et tirer un pied en arrière, que sur un écran. […] Je me soucie bien que l’artiste ait disposé ses figures pour les effets les plus piquants de lumière, si l’ensemble ne s’adresse point à mon âme, si ses personnages y sont comme des particuliers qui s’ignorent, dans une promenade publique, ou comme les animaux au pied des montagnes du paysagiste. […] Où est celui de nos peintres qui se soucie de faire des pieds et des mains ? […] Cependant le pied et la main du soldat qui joue aux cartes dans son corps de garde sont les mêmes dont il marche au combat, dont il frappe dans la mêlée. […] C’est que le corps de l’homme, sa poitrine, ses bras, ses épaules, c’est que les pieds, les mains, la gorge d’une femme sont plus beaux que toute la richesse des étoffes dont on les couvrirait.
Elle le sait, elle n’en est point troublée, elle reste toujours maîtresse de soi, elle ne donne jamais de prise, elle n’a point d’éblouissements, elle combat pied à pied, sentant que tout le monde est pour lui, que personne n’est pour elle, qu’elle perd du terrain, qu’elle en perdra davantage, qu’elle tombera, qu’elle tombe. […] Mademoiselle, quand le feu est dans une chambre, on en sort pieds nus, et on ne s’amuse point à demander des pantoufles. […] À ce mot, elle reprend ses supplications ; il grince les dents, il serre les poings, il frappe du pied. « Tu l’épouseras, tu l’auras ! […] Son compagnon racontait qu’il avait voulu absolument arriver du pied droit, et que, n’ayant pas réussi, il avait recommencé avec une attention profonde, comptant un à un tous ses pas. […] L’un est aux pieds ; le second homme expert, vieux boucher sardonique, empoigne un couteau d’une main qui fera bien son office, et fourre l’autre dans les entrailles qu’on dévide plus bas pour les mettre dans un seau.
11 pieds et demi de haut, sur 3 pieds 8 pouces de large.
Il y a bien un Gautier universellement accepté, qui est celui des voyages ; celui-là, on le vérifie à chaque pas, dès qu’on met le pied dans les pays qu’il nous a rendus et exprimés en traits si saillants et si fidèles. […] Il entreprit aussi en vers de dix pieds un poème de l’Enlèvement d’Hèlene d’après celui de Coluthus48 ; il y en avait deux chants et demi de faits, lorsque, son goût ayant mûri d’un degré, il les jeta au feu. […] Printemps au dehors, jeunesse au dedans, soleil sur le gazon, sourire sur les lèvres, neige de fleurs à tous les buissons, blanches illusions épanouies dans nos âmes, pudique rougeur sur nos joues et sur l’églantine, poésie chantant dans notre cœur, oiseaux cachés gazouillant dans les arbres, lumière, roucoulements, parfums, mille rumeurs confuses, le cœur qui bat, l’eau qui remue un caillou, un brin d’herbe ou une pensée qui pousse, une goutte d’eau qui roule au long d’un calice, une larme qui déborde au long d’une paupière, un soupir d’amour, un bruissement de feuille… — quelles soirées nous avons passées là à nous promener à pas lents, si près du bord que souvent nous marchions un pied dans l’eau et l’autre sur terre ! […] Passé de l’atelier dans le cénacle littéraire, il eut quelque temps un pied dans l’un et un pied dans l’autre, et même lorsqu’il eut quitté la peinture, le divorce entier ne s’opéra jamais, il resta peintre avec sa plume. […] La racine en couleuvres s’allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu’il fasse éclater le ventre du vaisseau.
C’est là que je résiderai quand je voudrai prendre mon vol ; et lorsque j’en redescendrai, pour converser avec les hommes pied à pied et de gré à gré, je ne prendrai jamais la peine de savoir ce que je dirai ; comme je fais en ce moment où je vous souhaite le bonjour. » Il y a sans doute quelque chose de fantasque, d’un peu bizarre si l’on veut, dans tout cela : M. […] Mais même lorsqu’il y a quelque affectation chez lui (et il n’en est pas exempt), il n’a que celle qui ne déplaît pas parce qu’elle est sincère, que lui-même définit comme tenant plus aux mots, tandis que la prétention, au contraire, tient à la vanité de l’écrivain : « Par l’une l’auteur semble dire seulement au lecteur : Je veux être clair, ou je veux être exact, et alors il ne déplaît pas ; mais quelquefois il semble dire aussi : Je veux briller, et alors on le siffle. » Marié depuis juin 93, retiré de temps en temps à Villeneuve-sur-Yonne, il y conviait son ami et la famille de son ami ; il voudrait avoir à leur offrir, dit-il, une cabane au pied d’un arbre, et il ne trouve de disponible qu’une chaumière au pied d’un mur. Il parle là-dessus avec un frais sentiment du paysage, avec un tour et une coupe dans les moindres détails, qui fait ressembler sa phrase familière à quelque billet de Cicéron : « Cette chaumière au pied d’un mur est une maison de curé au pied d’un pont.
. — Tout finit sous six pieds de terre. […] Desmazis cadet, qui accompagnait Bonaparte, étant son camarade de chambrée et devant occuper un des deux lits, le vit prendre un crayon, c’est Desmazis qui a raconté le fait, et dessiner au-dessous des inscriptions qu’il venait de lire une vague ébauche figurant sa maison d’Ajaccio, puis, à côté de cette maison, sans se douter qu’il rapprochait de l’île de Corse une autre île mystérieuse alors cachée dans le profond avenir, il écrivit la dernière des quatre sentences : Tout finit sous six pieds de terre. […] Pour le héros, pour le soldat, pour l’homme du fait et de la matière, tout finit sous six pieds de terre ; pour l’homme de l’idée, tout commence là. […] Tout finit sous six pieds de terre ! […] Admiration universelle, un grand peuple entre en frénésie, une grande ville tombe en pâmoison, on loue un balcon sur le passage du jeune homme cinq cents guinées, on s’entasse, on se presse, on se foule aux roues de sa voiture, sept femmes sont écrasées par l’enthousiasme, leurs petits enfants sont ramassés morts sous les pieds, cent personnes, un peu étouffées, sont portées à l’hôpital, la joie est inexprimable.
Cette figure est composée d’un nombre de pieds déterminé. La valeur de chaque pied est aussi reglée. […] Quand la regle laisse le choix d’une alternative ; c’est-à-dire, la liberté d’emploïer un pied à la place d’un autre dans la figure ; elle prescrit en même tems ce qu’il faut faire suivant le choix auquel on se determine. […] Secondement nos vers de quatre, de cinq et de six pieds doivent avoir un repos ou une césure. […] Ciceron traite ensuite des pieds comme d’une connoissance aussi necessaire aux orateurs qu’aux poëtes mêmes.
. — Dans une forêt, des brigands et leurs femmes mangent et se reposent auprès d’un chêne, où un pendu, déjà long et maigre, prend le frais de haut et respire la rosée, le nez incliné vers la terre et les pointes des pieds correctement alignées comme celles d’un danseur. […] Il y en eut deux, l’une en pied, l’autre en buste. […] Au milieu de ses instruments émancipateurs, de son matériel d’imprimerie, un ouvrier typographe, coiffé sur l’oreille du sacramentel bonnet de papier, les manches de chemise retroussées, carrément campé, établi solidement sur ses grands pieds, ferme les deux poings et fronce les sourcils. […] Tel nez, tel front, tel œil, tel pied, telle main. […] Un jour, Trimolet fit un tableau ; c’était bien conçu et c’était une grande pensée ; dans une nuit sombre et mouillée, un de ces vieux hommes qui ont l’air d’une ruine ambulante et d’un paquet de guenilles vivantes s’est étendu au pied d’un mur décrépit.
Le tableau de la Piété filiale a quatre pieds six pouces de large, sur trois pieds de haut. Le principal personnage, celui qui occupe le milieu de la scène, et qui fixe l’attention, est un vieillard paralytique, étendu dans son fauteuil, la tête appuyée sur un traversin, et les pieds sur un tabouret. […] Un autre plus âgé est à ses pieds, et rarrange la couverture.
Et ces clous qui pénètrent pieds et mains. […] Mais cette marmoréenne personne avait des pieds, des pieds de flic, des pieds dont la pesée écrasait le serpent, un pauvre serpent qui, dans une ultime convulsion, relevait la tête et dardait, sous forme de langue, une flamme désespérée qui ne saurait être comparée qu’à ce jet de sperme, dont s’accompagne, dit-on, la mort du pendu. […] On connaît l’expression : trouver chaussure à son pied. La chaussure au pied d’Oreste, c’est Electre. […] Et quels dessins animés dans les vallées cervicales, à même la terre labourée, à l’ombre des oiseaux sous les pieds des chevaux.
La tête est coupée, les pieds sont brisés : quelle physionomie initiale avait la statue ? […] Aussi mémorable par ses prodiges que par ses exploits : la foudre y avait combattu à côté des lances, des géants étaient tombés sous ses murs, comme les Titans au pied de l’Othrys. […] Dans l’Iliade, un défi poussé par Ajax retentit distinctement au milieu de Troie ; les héros s’interpellent de la muraille à la plaine ; Hélène, du haut de la porte Scée, désigne à Priam, par leur nom et par leur visage, chacun des rois qui défilent, en tête de leurs phalanges, au pied de l’enceinte. […] On la voit ici, comme dans l’Iliade, telle qu’elle était en réalité, bardée de pied en cap, équipée et harnachée de toutes pièces, blasonnée d’armes parlantes, aussi héraldique et multicolore que l’ost d’une croisade du douzième siècle. […] Ceux qui venaient le consulter lui sacrifiaient un bélier, et se couchaient sur la peau de la victime étendue au pied du sanctuaire.
Quelques-uns croient que son pied mutilé reposait sur un globe ; ce symbole compléterait sa grandeur. […] Elle pourrait fouler sous ses pieds le croissant qu’elle porte à son front. […] Le colosse vidé au dedans, se tient debout encore, les pieds sur deux mondes. […] Ce trépignement perpétuel finit par user leurs pieds ; alors il leur fallut sauter sur les mains. […] Le vent efface l’empreinte de ses pieds.
Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur ! […] À chaque instant, on croit qu’elle va se lever, cette cravache indignée, dans la main de ce prêtre mâle et ferme, qui exige si nettement ce qu’on lui doit, ne fût-ce que pour éviter d’être foulé, lui et la considération de tout prêtre venant après lui en Chine, sous les pieds d’un peuple lâche, gouverné par le bâton, et qui a toujours besoin de sentir le vent du bambou sur sa tête ! […] « La langue des femmes croît de tout ce qu’elles ôtent à leurs pieds.
J’ai le pied coupé. […] — Glissez le pied, une, deux, trois, la révérence ! […] Elle se lève, traverse la chambre pieds nus, entrouvre un volet. […] Aux pieds ! […] J’étais au pied du lit et je voulus tout voir.
« Jean Valjean posa le pied dessus. […] ôtez votre pied, monsieur, s’il vous plaît ! Puis, irrité, quoique tout petit, et devenant presque menaçant : « — Ah çà, ôterez-vous votre pied ? Ôtez donc votre pied, voyons ! […] Il n’a plus sous les pieds que de la fuite et de l’écroulement.
Vois ce col détourné, ce pied droit suspendu, Ce coude replié, ce bras gauche étendu ; La cruauté de l’Art fait plaindre la Nature De tenir si long-temps leurs corps à la torture…. […] Voici comme il décrit le Colosse de Rhodes : Que l’Isle où le Soleil chaque jour se récrée, Ne vante plus l’image à ce Dieu consacrée, Ce superbe Colosse en qui l’art des humains Consomma tant de jours, & lassa tant de mains, Dont la tête élevée au delà du tonnerre, Et les pieds embrassant & la mer & la terre, Sembloient, en leur stature épouvantable aux yeux, Joindre ensemble la mer, & la terre & les cieux.
Brenet Jésus-Christ et la samaritaine. tableau de 12 pieds 6 pouces de haut, sur 9 pieds 3 pouces de large.
fut toute factice et artificielle ; elle n’eut pied nulle part : nous n’avons pas de bergers, de bergers qui chantent. […] ou bien t’en vas-tu de ton pied léger vers le pressoir de quelque bourgeois, que tu fais ainsi en marchant chanter sous tes clous chaque pierre du chemin ? […] Les poires à nos pieds roulaient, et les pommes de toutes parts à nos côtés. […] Gracieuse Vomvyca, tes pieds à toi sont d’ivoire, ta voix est de lin ; et quant à ta manière, je ne la puis rendre. […] Car il faudrait que deux fois l’an, par les prairies, les mères des agneaux donnassent à tondre leurs molles toisons en faveur de Theugénis aux pieds fins, tant elle est une active travailleuse !
Les pêcheurs sont réunis sur l’extrême bord du quai, un pied sur la terre, prêts à mettre l’autre sur le pont du navire. […] Entre le quai et le bord, un bel adolescent, au geste d’Achille, déroule et jette héroïquement sur la barque les lourds filets qui ruissellent en mailles et en cordages sur ses pieds. […] L’adieu est déjà dit ; ces chers parents ont le pied sur le pont de la barque ; la mer les ramènera-t-elle ? […] C’est l’association volontaire de l’animal domestique et de l’homme, l’amour entre deux. — Que disent ces deux joueurs de cornemuse, par leurs gestes et par le mouvement gauche et aviné de leurs pieds poudreux ? Ils disent l’ivresse de la moisson qui commence, et la joie de la terre qui fait bondir les pieds de l’homme à la réception des dons de Dieu. — Que dit le visage de cette jeune et belle moissonneuse, regardant de loin les musiciens des Abruzzes ?
La villa était flanquée du côté du nord par une muraille végétale de hauts et noirs cyprès qui la garantissaient du souffle des Alpes allemandes ; du côté du midi et de l’orient, elle était entourée de belles terrasses enchâssées de caisses d’orangers qui formaient voûte de feuilles sur la terre, et, quand le vent de mer les secouait, tapis de fleurs blanches sous les pieds. […] Ce n’était cependant ni sa taille, plutôt harmonieuse qu’élancée, ni ses cheveux blonds, dorés comme les régimes de mais suspendus aux toits des chaumières de ses collines, ni ses yeux bleus, plus foncés que les eaux de sa mer Adriatique, ni sa bouche souriante, ni ses dents de nacre, ni sa tête ondoyante sur son cou de marbre un peu long, comme la tête légère de la jument arabe sur son encolure, ni sa démarche un peu traînante et un peu serpentante, comme celle de la femme turque accoutumée au divan, et qui traîne ses pieds nus dans ses babouches au bord de ses fontaines ; ce n’était pas même le timbre enchanteur de sa voix, où tintait un rire sonore et léger sur une basse de mélancolie douce et tendre ; non, ce n’était rien de tout cela qui pouvait donner le trait dominant à ce portrait d’Italienne du Nord. […] C’étaient ces heures nonchalantes de l’avant-soirée entre la sieste et la promenade du soir, que nous passions dans la grotte de rocaille à respirer l’air de la mer, à causer sans suite, à rêver tout haut, à jouer de la main avec l’eau courante qui scintillait et chantait dans la rigole de marbre à nos pieds. […] Il se vanta à Ariodant de son intimité nocturne avec Ginevra, et, pour l’en convaincre par ses propres yeux, il le fit cacher dans des masures inhabitées qui couvraient le glacis du palais au pied du balcon de la princesse. […] Nous nous assîmes tous trois sur ses racines veloutées par les nombreux duvets de ses feuilles qui tombent tout l’été des rameaux : les deux femmes, adossées à l’arbre, et moi, un peu plus bas à leurs pieds.
Ce pauvre chemin, je l’ai fait longtemps seule, et que j’étais aise de le faire à quatre pieds aujourd’hui ! […] Je me rappelle quand j’avais mon berceau à ses pieds, et que je m’amusais à voir courir cette aiguille. […] Je viens d’y poser les pieds, et je marque ici cette sorte de consécration du foyer dont la pierre ne gardera point de trace. […] Elle mourut cependant le 2 avril à minuit, à l’heure où je m’étais endormie au pied de son lit. […] Crois-tu que, si je courais vers toi, une fleur sur mon chemin ou une épine au pied m’arrêtassent ?
Tous les catholiques et tous les non-catholiques se dresseraient sur leurs pieds de derrière pour braire contre lui. […] que l’âme humaine hurle sous vos pieds, dans vos bras étreignants et convulsés, dans votre propre cœur déchiqueté par le vautour de l’Inspiration. […] Aucune autre femme n’a ramassé cette vieille mode et les hommes en ont fait un tapis de pied. […] Je ne mets jamais le pied dans une salle de spectacle à cause de l’odeur de la viande humaine dont j’ai le malheur de m’être dégoûté. […] Quand ces fauves ont fini leurs courses, ils réintègrent l’antre lumineux où l’Idéal dompté file aux pieds de leur Fantaisie.
À Seneffe (1674) il se trouva le seul officier sur pied de la compagnie et commanda les gendarmes durant l’action : il y reçut trois blessures et eut deux chevaux tués sous lui. […] Les grâces et les qualités rares de cette jeune personne, sa distinction naturelle, l’avaient mise, même dans ce monde de cour, sur un pied tout différent de celui où la plaçaient sa condition et sa naissance. […] Malgré tout cela, après quelque temps, après quelques années de ce genre de vie, Lassay, qui avait remis un pied dans la société tout en ayant l’autre dans la retraite, comprit trop bien qu’il n’y pouvait tenir, et que ce qui, dans le principe, avait été de sa part une consécration pieuse envers une chère défunte, n’était plus qu’une gageure d’amour-propre envers le monde. […] Si cette lettre habilement flatteuse avait pu être montrée au roi, il avait de quoi espérer de reprendre pied en cour, et peut-être serait-il devenu un personnage employé et utile, au lieu qu’il tourna encore au roman. […] Cette considération, qui le fuyait et qu’il ne rattrapera point, était précisément ce qui lui tenait le plus à cœur : vers la fin, il la regagna petit à petit et en détail moyennant les longues années qu’il vécut, mais jamais à temps ni avec éclat, et sur le pied qu’il aurait souhaité.
Le roi et la reine sont assis, chacun dans un fauteuil ; des religieuses à leurs pieds, et beaucoup de dames qui viennent leur baiser les mains. […] Sa gorge, au pied de la lettre, est déjà trop grosse, quoiqu’elle soit une des plus belles que j’aie jamais vues. […] C’est dans cette rivière si vantée du Mançanarès : au pied de la lettre, la poussière commence à y être si grande, qu’elle incommode déjà beaucoup. Il y a de petits filets d’eau par-ci par-là, mais pas assez pour qu’on en puisse arroser des sables menus, qui s’élèvent sous les pieds des chevaux ; en sorte que cette promenade n’est plus supportable. […] Il est bien plus large et bien plus long que le Pont-Neuf de Paris : et l’on ne peut s’empêcher de savoir bon gré à celui qui conseilla à ce prince de vendre ce pont ou d’acheter une rivière… » Ce Mançanarès tout poudreux est revenu fort à propos en idée au savant et délicat Boissonade dans je ne sais plus quel commentaire, pour lui servir à justifier une expression pareille qu’on rencontre chez les auteurs anciens et qui semblait invraisemblable ; ainsi, le pulverulenta flumina de Stace est vrai au pied de la lettre. — Un jour qu’un spirituel voyageur français (Dumas fils) était à Madrid, et que, mourant de soif, on lui apporta un verre d’eau, c’est-à-dire ce qu’on a de plus rare : « Allez porter cela au Mançanarès, dit-il, ça pourra lui faire plaisir.
Ainsi les romantiques, pour augmenter les moyens d’expression de l’alexandrin ou plus généralement des vers à jeu de syllabes pairs, inventèrent le rejet qui consiste en un trompe-l’œil transmutant deux vers de douze pieds en un vers de quatorze ou quinze et un de neuf ou dix. […] Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique, avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc Oui, je viens dans son temple et dont l’autre Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel serait également blanc, si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique. Donc à premier examen ce distique se compose de quatre vers de six pieds dont deux seulement riment. Si l’on pousse plus loin l’investigation on découvre que les vers sont ainsi scandés 3 3 3 3 Oui je viens — dans son temple — adorer — l’Éternel 2 4 2 4 Je viens — selon l’usage — antique — et solennel soit un premier vers composé de quatre éléments de trois pieds ternaires, et un second vers scandé 2, 4, 2, 4. — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a empiriquement ou instinctivement appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander.
« — Vos bottes commencent à vous tenir aux pieds, dit-il. […] J’entrevis cependant une petite ligne rouge presque sous mes pieds. […] Ils commençaient encore à s’embrasser ; je frappai du pied vivement pour les faire finir. […] … s’agenouiller devant sa Laurette, et lui baiser les genoux et les pieds. […] Nous nous arrêtâmes au pied d’un arbre mort, le seul arbre du chemin.
Vulcain, fils de Junon, conseille à sa mère la soumission ; il lui représente le danger d’irriter le maître des dieux, qui, dans un mouvement d’impatience, le précipita lui-même par le pied du ciel dans l’île de Lemnos. […] « Cependant Pâris ne s’est point arrêté longtemps dans son splendide palais ; revêtu de ses armes éclatantes d’airain poli, il traverse la ville, se confiant dans la légèreté de ses pieds. […] On voit aussi, par la description de la coupe aux colombes, de la table aux pieds d’azur, des plats de bronze, que l’ameublement de campagne de ces temps prétendus barbares ne le cédait guère à nos verres de cristal, à nos plats de faïence et à nos tables d’acajou. […] « Il lui perce les pieds, passe entre la cheville et le talon une forte courroie, l’attache à son char et laisse traîner la tête à terre. […] Priam, prosterné aux pieds d’Achille, pleure amèrement sur Hector ; Achille pleure sur son père, mais par moments aussi sur Patrocle ; la tente retentit de leurs sanglots.
Quoique le bec et les pieds des oiseaux soient en général parfaitement propres, cependant parfois des parcelles terreuses y adhèrent. Une fois j’ai retiré de l’un des pieds d’une perdrix soixante et un grains, et une autre fois vingt et un grains, d’une argile sèche qui renfermait une pierre aussi grosse qu’une graine de Vesce. […] Qu’on songe un instant aux millions de Cailles qui annuellement traversent la Méditerranée, l’on ne pourra mettre en doute que la terre adhérente à leurs pieds ne renferme quelquefois de petites graines. […] J’admets qu’à cette époque d’extrême froid le climat des terres équatoriales, situées au niveau de la mer, était à peu près le même que celui qu’on trouve aujourd’hui à une altitude de cinq ou six mille pieds. […] Mann, en recueillant des plantes dans l’île de Fernando-Po, a commencé à voir apparaître à la hauteur de 5, 000 pieds des formes appartenant à l’Europe tempérée.
Il est ici une ruelle qui n’a pas plus de deux pieds de largeur. […] Le monument de la cité libre, les pieds dans l’ombre, rayonne en haut d’un soleil qui fait aveuglant l’horloge. […] À la place de la Concorde, un rassemblement aux pieds de la statue de Strasbourg. […] Je reviens à pied, le long des quais, dans le léger crépuscule de six heures. […] vraiment, je ne sais pas comment je vais m’en tirer… Je comptais sur trois mille livres, et il n’a produit que deux mille trois cents… Les pieds, vous me demandez le prix des pieds, c’est vingt francs ; les autres morceaux, ça va de huit à quarante francs… Ah !
Si les cieux ne nous cachaient plus rien, qui les distinguerait de la terre que nous foulons sous nos pieds ? […] Hugo, quand ils font des alexandrins sans aucune césure au sixième pied. […] Le vers de quatorze pieds est un alexandrin alourdi, et cependant le nombre impair des pieds dans chaque hémistiche lui donne quelque chose de sautillant qui étonne par contraste. […] Pourquoi le vers de dix pieds, qui a cessé depuis si longtemps de nous suffire, est-il resté le vers héroïque d’autres peuples ? […] L’alexandrin de Boileau se composait de deux vers de six pieds juxtaposés ; le vers romantique juxtapose en outre un vers de huit pieds et un petit vers de quatre.
Il a passé les nuits à la belle étoile, au pied de l’arbre qui logeait dans ses rameaux le peuple dont il venait étudier les mœurs et que jamais il n’a perdu de vue. […] Dépêchez cet Indien. » Elle s’avança doucement, d’un pas assuré mais prudent ; son pied touchait à peine la terre. […] Nous garrottâmes les pieds et les mains de ces trois misérables ; l’Indien se mit à exécuter une de ces danses burlesques et triomphales en usage parmi les tribus du désert. […] Nous déliâmes leurs pieds, mais nous laissâmes leurs mains garrottées, et nous les forçâmes de nous suivre. […] Si vous regardez attentivement, vous compterez cinquante, soixante ou plus de ces nids, les uns séparés par un intervalle de quelques pieds seulement, d’autres à l’écart, à plusieurs pas.
Elle est sortie de l’Angleterre, le pays de l’utilité, des mains et des pieds de l’Angleterre, comme les guerriers et les parias de l’Inde sont sortis des mains et des pieds de Brahma. […] Nous le répétons : il faut lire dans l’œuvre d’Edgar Poe — et ne lire que là — ces détails inouïs, pour en bien comprendre le sortilège et savoir à quel point l’imagination, cette folle sublime, peut fouler aux pieds la raison. […] En présence d’une société grossière, qui aime les tours de force, les difficultés vaincues, qui ferait plus de cas du tableau de la Transfiguration, s’il était fait à cloche pied, la faim explique tout. […] Il n’en serait pas moins mort, je le sais bien, dans le désespoir de la faim, et peut-être même serait-il mort plus vite, cet idéaliste, égaré dans une société matérielle et matérialiste, qui lui mit sur le cœur son pied d’éléphant ! […] Edgar Poe se roula frénétiquement à leurs pieds, mais en vain.
que ne reprends-tu ta forme de ver de terre pour que je puisse t’écraser du pied ! […] Faust, se jetant à ses pieds. […] Elle déposa tout cela aux pieds de la malade ; puis elle s’éloigna, et je repris avec mes chevaux le chemin de la ville ! […] La poussière vole en tourbillons sous leurs pieds rapides. […] « Cependant elle cache la douleur qu’elle éprouve au pied et lui dit en riant : “S’il faut en croire les gens bien avisés, quand notre pied craque non loin du seuil de la maison où l’on se dispose à entrer, c’est un signe de malheur.
Il représente l’homme vivant (animé), non seulement dans une de ses parties, mais dans son être entier de la plante des pieds jusqu’à la tête. […] En tête de ce groupe est la porteuse du Gral (mademoiselle Kramer) qui réalise en son personnage tout un rythme, des pieds à la tête, formant une véritable harmonie de musique ; derrière arrive le cortège du roi blessé. […] Elle lui délace les jambières, lui lave les pieds, agenouillée, et les lui essuie avec ses cheveux, qu’elle a rapidement dénoués, tandis que Parsifal la regarde avec un étonnement silencieux. […] Le seul sentiment qui s’ajoute encore à la mission révélée, c’est une sorte de compassion pour la femme qui pleure à ses pieds. […] Un des premiers rôles de l’opéra Henry VIII exprimait la tristesse en portant en avant le bras gauche et le pied droit ; les mouvements de violence et de résolution étaient réservés au bras droit et au pied gauche.
Le grand poète lyrique, à cet âge de calme et de mélancolique puissance, s’il se dérobe un instant aux obsessions des affaires et du monde pour remettre le pied dans ses solitudes, sent donc aussitôt et à chaque pas déborder en lui des chants involontaires ; il les livre comme la nature fait ses germes, il ne les compte plus. […] Hors de l’enceinte première, au pied du rempart qu’ils semblaient s’être tracé, des essais de culture nouvelle et d’art plus libre s’étendent, d’industrieux faubourgs naissent au hasard et bientôt prennent consistance. […] Après les horreurs des massacres, après les angoisses de la fuite, et celles même d’une route si escarpée, au moment où Jocelyn met le pied, par delà le précipice, dans la haute et douce vallée dont il s’empare, oh ! […] Il s’échappe donc une nuit, pendant le sommeil de Laurence, de la vallée périlleuse et troublée ; il accourt à Grenoble, il se glisse dans le cachot, et là, aux pieds du saint évêque qu’il trouve implorant tour à tour, menaçant et ordonnant, s’agite en lui la lutte pathétique dans laquelle il ne se relève que prêtre et à jamais consacré. […] La nature prise à vol d’oiseau est surtout familière à Lamartine et à Jocelyn ; après qu’il a discerné quelque temps de son œil perçant et doux les détails qui sont à ses pieds, les bœufs qu’on attelle, les rejets de frêne qu’on leur effeuille, les rameaux ombrageux qu’on leur plante sur la tête, et les mouches que les enfants chassent à leurs flancs, le voilà, en un clin d’œil, qui revole à l’autre bout de l’horizon, ou qui repart sur une nuée.
Ils se sont mis sur ce pied d’être splendides, comme on prend des habits de fête pour faire plus d’honneur à quelqu’un. […] Il n’était pas une intelligence unitaire, mais il n’avait pas à mettre son pied dans l’anneau d’or qui enchaîne ordinairement les poètes, ces forçats divins ! […] Et l’on voit par là que si Hugo a, dans sa seconde Légende des Siècles, remis ses pieds dans la trace de ses pieds imprimés si fortement dans la première, c’est qu’il n’avait pas l’imagination des choses autant que celle des mots. […] Ils la veulent tous, sans être des Hugo et même en restant des pieds plats, les libres penseurs et les athées de ce temps, comme l’ont voulue, à toutes les époques de l’Histoire, tous les révoltés, tous les hérétiques, toute l’indomptable canaille de l’humanité. […] Un Pape s’arrachant au Vatican, foulant aux pieds ses deux couronnes, pauvre de plus avec les pauvres, comme si, Pape, il ne pouvait pas plus pour eux que s’il était l’un d’eux, aucune politique n’avait osé encore une conclusion de ce radicalisme absolu.
— Dans l’âge suivant, au xve siècle, dit Gray à la suite du passage que j’ai précédemment cité, je vois que Froissart était lu avec grand plaisir par tous ceux qui savaient lire, et sur le même pied que le Roi Arthur, Sire Tristram et l’Archevêque Turpin ; non pas qu’on le prît pour un romancier auteur de fables, mais bien parce qu’on les prenait, eux tous, pour de vrais et authentiques historiens ; tant il était alors de peu de conséquence pour un homme, de se mettre en peine d’écrire la vérité ! […] Sur les côtés de la haie, parmi les vignes et les épines où l’on ne peut aller à cheval, sont disposés leurs gens d’armes tous à pied, et ils ont mis devant eux leurs archers « en manière de herse ». […] Ni ne peut-on dire ni présumer que le roi Jean de France s’effraya jamais de choses qu’il vit ni ouït dire, mais demeura et fut toujours bon chevalier et bien combattant, et il ne fit mine de fuir ni de reculer quand il dit à ses hommes : « À pied ! à pied ! » et qu’il fit descendre tous ceux qui étoient à cheval, et que lui-même se mit à pied devant tous les siens, une hache de guerre en ses mains, et fit passer en avant ses bannières au nom de Dieu et de saint Denis, desquelles messire Geoffroi de Charny portoit la souveraine (l’oriflamme).
La tradition et l’innovation sont les deux pieds de l’humanité. […] Le pied boiteux est le plus sûr, c’est la tradition. Avant que l’innovation, cet autre pied aventureux, réussisse à enlever de terre le pied lent et solide, il lui faut piaffer longtemps en vain. On ferait, des prétentions et querelles de ces deux pieds inégaux, un apologue qui vaudrait celui des Membres et de l’Estomac. […] Dante l’a bien senti, lorsqu’il le place, non pas dans le groupe des poëtes païens au chant IV de l’Enfer, mais à titre de chrétien (ce qu’il suppose), dans deux chants à part du Purgatoire (XXI et XXII), plus seul alors en face de Virgile, nommant Virgile avec amour, sans savoir que c’est à lui qu’il parle, souhaitant de l’avoir vu au prix même d’une journée de plus dans les limbes, tombant à ses pieds dès qu’il l’entend nommer, et oubliant, dans cet élan d’embrassement, qu’il n’est qu’une ombre devant une ombre !
Que si maintenant, à la hauteur relative où telle famille d’esprits peut s’élever dans l’intelligence d’un poëme, il ne se rencontre pas une qualité correspondante qui soit comme une pierre où mettre le pied, comme une plate-forme d’où l’on contemple tout le paysage, s’il y a là un roc à pic, un torrent, un abîme, qu’adviendra-t-il alors ? […] C’est dans ce chaste paradis Que règne, en un trône de lis, La Virginité sainte ; C’est là que mille anges mortels D’une éternelle plainte Gémissent au pied des autels. […] C’était une conséquence du système de Corneille, qui faisait ses héros tout d’une pièce, bons ou mauvais de pied en cap ; à quoi Racine répondait fort judicieusement : « Aristote, bien éloigné de nous demander des héros parfaits, veut au contraire que les personnages tragiques, c’est-à-dire ceux dont le malheur fait la catastrophe de la tragédie, ne soient ni tout à fait bons ni tout à fait méchants. […] Certains passages des lettres à son fils aîné, alors attaché à l’ambassade de Hollande, font rêver une poésie intérieure et pénétrante qu’il n’a épanchée nulle part, dont il a contenu en lui, durant des années, les délices incessamment prêtes à déborder, ou qu’il a seulement répandue dans la prière, aux pieds de Dieu, avec les larmes dont il était plein. […] Si les esprits supérieurs, les génies à pic, ne prêtent pas pied à divers degrés aux esprits inférieurs, ils en portent un peu la peine, et ne distinguent pas eux-mêmes les différences d’élévation entre ces esprits estimables, qu’ils voient d’en haut tous confondus dans la plaine au même niveau de terre.
Ce sont les ancêtres d’Argos ; leurs barbes blanches tombent sur leurs longs bâtons : « Car — disent-ils avec une tristesse sententieuse — l’extrême vieillesse, quand son feuillage s’est flétri, marche sur trois pieds, débile comme l’enfance. […] Agamemnon détachera ses sandales, et ses pieds nus feront pardonner peut-être l’étoffe orgueilleuse qu’ils auront foulée. […] Elle brise et elle foule aux pieds son sceptre augural, bâton d’aveugle qui l’a conduite à la mort. […] Elle a des façons de dire et de se mouvoir dans le mal qui rappellent les grandes allures de la lionne marchant dans son antre. — « Une lionne à deux pieds », c’est ainsi que le Chœur l’appelle quelque part. […] Lâche et basse figure qui s’élève pourtant, un moment, à la hauteur d’un fantôme, lorsque le fils de Thyeste rappelle, sur le fils d’Atrée gisant à ses pieds, le repas maudit.
Son roman est d’un homme qui n’a pas mis les pieds dans un atelier depuis quinze ans. […] Elle l’appelle trois fois : « Oui, oui, j’y vais. » Et Christine, à l’aube le trouve pendu devant l’idole, devant l’ennemie, comme un amant désespéré qui s’est tué aux pieds de sa maitresse. […] « Un jour Angélique alla à la cathédrale, et elle se cacha dans un petit coin pour attendre monseigneur, et quand elle le vit, elle se jeta à ses pieds et pleura beaucoup, et elle le supplia de permettre ce mariage. […] … Par les nuits chaudes, Angélique, ne sachant ce qu’elle a, saute pieds nus sur le carreau de sa chambre. […] Hubert et Hubertine, vous vous le rappelez, se lamentent de n’avoir pas d’enfant, et, toutes les vingt ou trente pages, l’auteur nous fait entendre délicatement que ça n’est vraiment pas leur faute… « C’était le mois où ils avaient perdu leur enfant ; et chaque année, à cette date, ramenait chez eux les mêmes désirs… lui tremblant à ses pieds… elle se donnant toute… Et ce redoublement d’amour sortait du silence de leur chambre, se dégageait de leur personne » (page 143).
Ainsi les romantiques, pour augmenter les moyens d’expression de l’alexandrin ou plus généralement des vers à jeu de syllabes pairs, inventèrent le rejet qui consiste en un trompe-l’œil transmutant deux vers de douze pieds en un vers de quatorze ou quinze et un de neuf ou dix. […] Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique, avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc Oui, je viens dans son temple et dont l’autre adorer l’Éternel serait également blanc, si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique. Donc à premier examen ce distique se compose de quatre vers de six pieds dont deux seulement riment. Si l’on pousse plus loin l’investigation on découvre que les vers sont ainsi scandés 3 3 3 3 Oui je viens — dans son temple — adorer — l’Éternel 2 4 2 4 Je viens — selon l’usage — antique — et solennel soit un premier vers composé de quatre éléments de trois pieds ternaires, et un second vers scandé 2,4, 2,4. — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a empiriquement ou instinctivement appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander.
Le poète avait consacré les beaux pieds de Thétis, et ces pieds étaient de foi ; la gorge ravissante de Vénus, et cette gorge était de foi ; les épaules charmantes d’Apollon, et ces épaules étaient de foi ; les fesses rebondies de Ganymede, et ces fesses étaient de foi. […] La femme avait fourni ses pieds à Thétis, sa gorge à Vénus ; la déesse les lui rendait, mais les lui rendait sanctifiés, divinisés. […] Alors le voyageur fatigué aura déposé son fardeau à ses pieds, et lui et son chien seront assis et se reposeront sur les degrés du tombeau.
Fétides sous le Directoire, mais tonifiées et bonifiées par la gloire, ces mœurs étaient telles encore que Napoléon, ce génie romain, ce grand pater familias de son empire, avait besoin de toutes ses impériales sévérités pour ramener aux vertus de la famille ses généraux mal disciplinés à ces vertus, mais dont c’était la seule indiscipline… Eh bien, au plus brûlant et au plus entraînant de ces mœurs qui avaient en tout l’emportement de la mêlée et de la victoire, voilà qu’apparut cet être étrange et ravissant, et alors, comme depuis, si chastement inviolable, que, malgré toutes les qualités qui éveillent l’envie, jamais la calomnie n’eut le courage d’envoyer même sur ses pieds immaculés une gouttelette de boue. […] Cette Correspondance de Madame Récamier fait descendre la Déesse de son nuage et la met à pied sur la terre. Si encore on voyait le pied, qui était joli, on se consolerait peut-être, mais le pied n’est plus ; la grâce, la beauté, la figure de la femme qui faisait croire qu’elle était spirituelle à tous les hommes qu’elle grisait avec un sourire, ont disparu, et il reste ça pour en donner l’idée.
Il veut relever la noblesse : il fait un rêve féodal, il remonte jusqu’à Philippe le Bel, au temps où il s’imagine voir les « fiers légistes » aux pieds des nobles pairs qui composent le Parlement, la cour du roi. […] Mais prenons-y garde : il y a au xviiie siècle une foule de Saint-Simons au petit pied, toute une noblesse à l’esprit court, murée dans ses souvenirs et ses préventions, d’autant plus entêtée de ses vains privilèges que l’extérieur est tout ce qui lui reste ; courtisans, nobles de province, ce seront ceux-là qui se rendront insupportables au reste de la nation, exaspéreront les plus pacifiques, et nous condamneront par leur égoïsme inintelligent aux convulsions d’une révolution violente. […] Il y a dans ces Mémoires une abondance, une variété de silhouettes, de croquis, de charges, de portraits en pied, de vastes tableaux, qui font vivre devant nous, comme réels et tangibles, les contemporains du grand roi, ses courtisans, sa famille et lui-même.
Or cinq pensées, tombées de l’esprit d’un homme ou du sein d’une femme et nouées ensemble, c’est là un bouquet bien fragile, qui peut être vite écrasé et disparaître sous les mille pieds de l’animal aux têtes frivoles, comme dit La Fontaine. Les têtes frivoles ont les pieds si lourds ! […] Cette manière, que l’on croyait enterrée à cent pieds sous terre avec les frivolités et les parfilages du dix-huitième siècle, pourrait donc reparaître au dix-neuvième avec des choses de moins, il est vrai, mais aussi avec quelque chose de plus !
Et ces bœufs qui se reposent au pied de ces montagnes, ne vivent-ils pas, ne ruminent-ils pas ? […] Je serai à vos pieds, tranquille et en sûreté, comme ce chien, compagnon assidu de la vie de son maître et garde fidèle de son troupeau.
Voici le projet : cent mille pieds d’ananas étaient plantés dans le clos des Jardies, métamorphosé en serres qui n’exigeraient qu’un médiocre chauffage, vu la torridité du site. […] Noire front n’atteint pas à ses pieds ; mais c’est d’en bas qu’on apprécie les statues : la sienne mérite d’être taillée dans le plus beau marbre de Paros ou de Carrare, pure de toute tache. […] Lamartine se trouva en face des îlots qu’il avait déchaînés et qui arrivaient jusqu’à ses pieds, pleins d’écume, de rumeurs roulant dans leurs plis furieux les débris de la monarchie noyée. […] J’aurais peur d’être taxé d’exagération en disant que la vue de cette peinture me rendit malade et m’inspira la nostalgie de l’Orient, où je n’avais jamais mis le pied. […] Pourtant, dès qu’il met le pied sur le rivage d’Alexandrie, on sent qu’il aborde à sa terre natale, à la patrie réelle de son talent ; il s’étonne, il se récrie et ne procède que par exclamations.
Dix pieds en carré. […] Nos cuisses sont coupées par des jarretières, le corps de nos femmes étranglé par des corps, nos pieds défigurés par des chaussures étroites et dures.
Les pieds et les mains sont faits avec plus grand soin. […] Ce sont des physionomies à tourner la tête ; des pieds, des mains et des bras à baiser mille fois.
Le mauvais larron s’est donc soulevé sur son gibet, et dans cet effort que la douleur lui a fait faire, il vient d’arracher la jambe qui a reçu le coup en forçant la tête du cloud, qui tenoit le pied attaché au poteau funeste. La tête du cloud est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pied à travers lequel elle a passé.
Voici un vers d’Hugo muni d’une césure demi-voilée au sixième pied : Apparaissait dans l’ombre horrible, toute rouge. Voici le même vers sans le contre-temps du sixième pied : Et toute rouge apparaissait dans l’ombre horrible. […] Sur quels pieds tombez-vous, parfums de Madeleine ? […] Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité ; Et puis qu’un seul te dise, s’il l’ose : je fus meilleur que cet homme-là. […] Un jour, le roi Behram-Gor était aux pieds de la belle Dail-Aram. « Il lui disait son amour ; elle lui répondait le sien.
Le guerrier hardi mit pied à terre sur le sable, et en hâte il attacha son cheval à un arbre. […] Plusieurs superbes chevaliers mirent pied à terre. […] Et quand je verrais marcher contre nous le Roi avec tous ses hommes, tant que je vivrai, je ne reculerai pas d’un pied de vos côtés, par crainte. […] Pourtant le landgrave tomba mort au pied du joueur de viole. […] Enfoncez-les avec les pieds plus profondément dans le sang.
Il ruisselait ensuite dans un bassin, s’engouffrait de nouveau sous terre, et allait s’étendre et se reposer enfin dans un étang au pied du monticule de mousse. […] Oui, ce sont bien là les pieds d’Ulysse ! » (dans ce temps-là on ne portait pas de souliers, et les pieds avaient leur physionomie comme les mains) ; « ce sont ses mains, l’éclat de ses yeux, sa tête, et même la chevelure dont elle est couverte. […] En ce moment le berger était occupé à ajuster à ses pieds une semelle qu’il avait taillée lui-même dans le cuir rougeâtre d’un bœuf. […] Là, dans sa propre demeure, il allait souffrir une indigne insulte des chiens ; mais le gardien des porcs, s’élançant d’un pied rapide, franchit le vestibule, et le cuir de bœuf tombe de sa main.
Ce que je dis pour la nature des troupes, je le dis pour l’argent, pour les vivres, pour les voitures, et pour tout ce qui regarde la dépense : on ne peut pas ôter de la tète de M. le maréchal de Catinat que le roi et l’État ne seront pas en état de la fournir, de sorte que l’amas de toutes ces difficultés le prévient qu’il n’y a rien de bon dans la suite de cette guerre-ci que de l’entretenir sur le pied de l’épargne, d’où dérive la défensive. […] Catinat put écrire au roi, le 22 juillet 1696 : « L’échange des otages va se faire aujourd’hui… C’est une grande affaire que d’avoir l’épine de cette guerre ici hors du pied, et je suis persuadé que ceux qui en parleront autrement et qui en contrôleront les conditions, c’est qu’ils ne la connaissent pas. » Il y a peu de militaires qui, pour tout chant de triomphe, à la fin d’une guerre où ils ont acquis de la gloire, se félicitent et félicitent leur pays d’avoir « une épine hors du pied ». […] Il continuait d’ailleurs de conférer et de s’entendre en tout avec les généraux et vivait sur le meilleur pied avec eux. Le 13 novembre, dans une marche près d’Urago, l’ennemi ayant fait mine d’attaquer, Catinat, qui avait mis pied à terre pour regarder plus commodément avec une lunette, fut blessé à l’avant-bras gauche d’un coup de carabine qui lui déchira ensuite son justaucorps au-dessous de la mamelle ; la balle ne fit que traverser les chairs.
C’était au pied de l’acropole d’Athènes qu’un art nouveau, et si grand déjà, faisait accourir les autres citoyens de la Grèce comme spectateurs et non comme rivaux. […] Entre ces deux villes, Thespies et Tanagre, que visitait Pindare tout jeune, et dans les campagnes fertiles et boisées qui les séparaient, tout était parsemé d’autels, de statues des dieux et de symboles poétiques, depuis le souvenir du chantre religieux venu de Lydie, Olen, jusqu’à des vers d’Hésiode que, du temps de Pausanias, on lisait encore, à demi-effacés, sur des lames de plomb gardées dans un temple du village d’Ascra, au pied de la montagne des Muses. C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie108 : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis, élancées de là, sous le voile d’un épais nuage, ont marché dans la nuit, jetant d’harmonieuses clameurs, en hymnes à Jupiter porte-égide, à la sainte Junon, reine d’Argos aux brodequins dorés, à la fille du dieu porte-égide, Minerve aux yeux pers, à Phébus Apollon, à Diane chasseresse, à Neptune qui enceint la terre et l’ébranlé, à la vénérable Thémis, à Vénus aux roulantes prunelles, à Hébé parée d’une couronne d’or, à la belle Dioné, à l’Aurore, au Soleil immense, à la Lune brillante, à Latone, à Japet, au ténébreux Saturne, à la Terre, au vaste Océan, à la Nuit sombre et à la race sacrée des autres dieux : célébrons ces Muses, qui enseignaient une si belle chanson à Hésiode, occupé de paître ses agneaux, aux bords de l’Hélicon divin. » Cette poésie brillante et gracieuse, non moins ancienne que les chants homériques, mais indigène en Béotie, offerte aux yeux et gravée dans les temples de cette religieuse contrée, suffisait à dénouer la langue du jeune homme, né pour les vers, qui vivait dans ces lieux. […] Mieux vaut toute jours, en tout, regarder la chose présente à nos pieds. […] viens, avance, montre à l’extrémité de la tombe la semelle empourprée de tes pieds ; et dévoilant l’éclat de ta royale tiare, viens, ô père, ô tutélaire Darius, afin d’entendre nos nouveaux, nos derniers malheurs ; et apparais-nous comme le maître du monde.
Comparez en une sculpture antique, cet éphèbe, assis d’une manière théâtrale sur un siège de fer, à ce jeune seigneur crayonné sur une chaise aux pieds tors par Cochin. […] Il fait bon de passer des heures, couché dans le parc, sous une rochée de trois immenses tilleuls, réunis et joints au pied, vieux tilleuls sur lesquels s’étend par plaques une mousse sèche et verdegrisée, qu’imitent si bien les naturalistes sous les pattes de leurs animaux empaillés. […] Il ne reste plus de la magnifique abbaye que de quoi faire la plus belle propriété mélancolique de France, soixante-dix arpents d’eau où se mirent des arbres centenaires renfermant, écroulées à leurs pieds, des pierres de taille à bâtir un petit Versailles. […] Elle va, elle marche, elle volte sur ses larges pieds, élastique et lourdement rebondissante, et, vous frottant l’épaule, à chaque assiette qu’elle donne, de ces orbes à la Jules Romain, sur lesquels on se figure couché un Jupiter métamorphosé en taureau. […] — mettent L’Artiste à mes pieds, Aubryet me salue comme un succès, m’adresse la parole comme à un grand homme, et moi-même, je me mets à lui parler comme du haut d’un piédestal.
Que le pied, sans glisser, puisse y passer demain. […] Un secret remords de talent perdu semble par moment l’avertir qu’il ne faut pas ainsi répandre la poésie, cette huile des parfums, sur les pieds des courtisanes. […] Elle sortait de la prairie ; Son pied rasait l’herbe fleurie ; C’est une étrange rêverie ; Elle s’efface et disparaît. […] S’ils ne le peuvent plus, que ces vers oubliés Aillent au moins frémir et tomber à tes pieds ! […] J’allais seul à pied, inconnu au pays, m’agenouiller sur le gazon qui avait eu le temps déjà d’épaissir et de verdir sur sa dépouille mortelle.
« Donc ces deux êtres vivaient ainsi, très haut, avec toute l’invraisemblance qui est dans la nature ; ni au nadir, ni au zénith, entre l’homme et le séraphin, au-dessus de la fange, au-dessous de l’éther, dans le nuage ; à peine os et chair, âme et extase de la tête aux pieds ; déjà trop sublimés pour marcher à terre, encore trop chargés d’humanité pour disparaître dans le bleu, en suspension comme des atomes qui attendent le précipité ; en apparence hors du destin ; ignorant cette ornière, hier, aujourd’hui, demain ; émerveillés, pâmés, flottants ; par moments, assez allégés pour la fuite dans l’infini ; presque prêts à l’envolement éternel. […] Épopée tragi-burlesque où il se dépense autant d’héroïsme qu’au siège de Troie, et où l’auteur ramène à la porte d’un cabaret douze ou quinze personnages tombés des nues dans ce trou de six pieds, parmi lesquels Valjean, qui ne sait non plus que faire et qui tire quelques coups de fusil, s’amusant à tuer des hommes ; douze ou quinze gamins de Paris et autant d’étudiants buvant dans une salle basse, pérorant et se battant tour à tour, Marius en tête, pour l’honneur du drapeau rouge. […] Parce que cette histoire, avec ses situations bizarres et ses tiroirs plus longs que le bras, ne serait pas relevée par ce qui relève tout : la magie unique du style, la verve adolescente de l’écrivain, l’incroyable souplesse de ce génie infatigable qui va, de trapèze en trapèze, tantôt à cent pieds au-dessus de notre tête, tantôt à cent pieds au-dessous du pavé, sans donner un moment signe de lassitude, et nous entraînant toujours où il veut, même dans l’incroyable. […] IX « Il y avait, à quelques pieds au-dessous de la croisée de Cosette, dans la vieille corniche toute noire du mur, un nid de martinets ; l’encorbellement de ce nid faisait un peu saillie au-delà de la corniche, si bien que d’en haut on pouvait voir le dedans de ce petit paradis. […] N’est-ce pas misère que d’être classé d’avance dans telle ou telle catégorie supérieure, moyenne ou subalterne, parmi cette horde humaine jetée dans un monde tout fait, où les uns s’appellent grands, les autres petits, sans qu’aucune égalité y soit possible, si ce n’est l’égalité du cercueil qui n’a que six pieds pour les uns comme pour les autres ?
(Il tombe à ses pieds.) […] (Il tombe à ses pieds.) […] Celle de Bavahbouti, au contraire, grandiose et passionnée, fait éclater un chaos sublime d’accords majestueux, semblable au géant des tempêtes, qui, d’un pied d’airain frappant les portes infernales, touche de son front le dôme des cieux, et couvre de ses ailes obscures l’Océan, qui mugit et bondit sous sa puissance. […] (Il s’incline aux pieds de Sita.) Fille adorable du roi de Vidéha, pour la dernière, oui, pour la dernière fois, que tes pieds charmants servent d’oreiller à la tête de Rama !
Le trait distinctif et caractéristique de Mme Récamier est d’avoir inspiré de l’amour, un amour très vif, à tous ceux qui la virent et la cultivèrent, et, en ne cédant à aucun, de les avoir conservés tous, ou presque tous, sur le pied d’amis. « Il n’y a guère que vous dans le royaume, écrivait Bussy à sa charmante cousine, qui puissiez réduire un amant à se contenter d’amitié. » Mme Récamier, plus belle, et d’une beauté plus irrésistible, que Mme de Sévigné, peut-être aussi un peu plus coquette et plus irritante au temps de ses élégances, eut bien plus à faire qu’elle pour réduire ensuite au devoir et à la douceur d’un commerce uni ceux qu’elle enflammait. […] Je ne veux point vous faire meilleure que vous n’êtes ; l’impression que vous produisez, vous la sentez vous-même ; vous vous enivrez des parfums que l’on brûle à vos pieds. […] Le Chateaubriand politique, que nous avons autrefois essayé de peindre, achève de s’y dessiner tout entier, jamais content, toujours prêt à rompre, en ayant, dès le second jour, de cent pieds par-dessus la tête, voulant tout et ne se souciant de rien, n’ayant pas assez de pitié et de dédain pour ses pauvres amis, ses pauvres diables d’amis (comme il les appelle), croyant que de son côté sont tous les sacrifices, et se plaignant de l’ingratitude des autres, comme si seul il avait tout fait. […] C’est vraiment incomparable : cette clarté qui meurt par degrés, ces ombres qui enveloppent peu à peu les merveilles de Michel-Ange ; tous ces cardinaux à genoux, ce nouveau pape prosterné lui-même au pied de l’autel où, quelques jours avant, j’avais vu son prédécesseur ; cet admirable chant de souffrance et de miséricorde, s’élevant par intervalles dans le silence et la nuit ; l’idée d’un Dieu mourant sur la croix pour expier les crimes et les faiblesses des hommes ; Rome et tous ses souvenirs sous les voûtes du Vatican : que n’étiez-vous là avec moi !
De trois pieds de large, sur cinq de haut. […] Du même De trois pieds et demi de haut.
Ces seigneurs et ces dames parées qui passent leur vie à représenter ne se trouvent à leur aise qu’entre des panneaux sculptés, devant des glaces resplendissantes ; s’ils mettent le pied par terre, c’est sur des allées ratissées ; s’ils souffrent les bois et les eaux, ce sont des eaux lancées en gerbes par des monstres d’airain ; ce sont des bois alignés en charmilles. […] Elle marche pieusement, posant avec précaution le pied sans faire bruit, les yeux demi-fermés, observant tout, sans avoir l’air de rien regarder. […] Mais il pose si lourdement ses larges pieds sur le sol, il se meut si fort en bloc, il s’étaye si solidement sur ses quatre jambes charnues et massives, qu’il est encore plus paysan que gentilhomme. […] S’il a la poitrine d’un guerrier, il a les pieds d’un rustre et la démarche d’un capitan. […] Otons-lui les pieds. » Or trouvez-moi Chose par les humains à sa fin mieux conduite Quel autre art de penser Aristote et sa suite Enseignent-ils, par votre foi ?
V À l’extrémité de cette rue immonde, une rampe rapide, gravissant le flanc d’une des sept collines, montait vers un petit monastère inconnu, qui s’élevait dans une lueur du soleil au-dessus de la fumée et du brouillard du faubourg, comme un promontoire éclairé des rayons du jour qui s’éteint, pendant que la mer à ses pieds est déjà dans l’ombre de la brume. […] Je me disais qu’après une vie agitée et peut-être avant les orages et les mécomptes de cette vie, il serait doux d’avoir son tombeau sous ces orangers, d’y dormir ou d’y rêver, car l’homme est si essentiellement un être pensant qu’il ne peut croire au sommeil sans rêve, même de la tombe ; j’y écoutais mourir le sourd murmure de la grande ville qui s’assoupissait à mes pieds, semblable au bruit d’une mer qui diminue à mesure qu’on s’élève sur le promontoire ; j’y regardais les derniers rayons du soleil, dorant comme des phares les pans de murailles jaunies du Colisée. […] Son cachot, ou plutôt sa loge, est un petit réduit de quelques pieds carrés, dans lequel on descend une ou deux marches aujourd’hui, mais qui devait être alors de niveau avec la cour de l’hospice. […] Nous avons nous-même respiré souvent ces brises au pied de ces mêmes lauriers noueux, dont les feuilles tombèrent sur le berceau du Tasse. […] Quant à lui, seul, à pied, ne portant pour tout bagage que deux chemises et son poème manuscrit d’Amadis, il se mit en route pour Ravenne et pour Venise, où il espérait faire imprimer son poème.
Hermès est là qui lui prêtera les ailes de ses pieds, le vent de son vol. […] Mais moi je m’élance violemment sur elle, et l’inévitable vengeance poursuit ceux dont les jambes ploient, dont les pieds saignent en fuyant au loin. […] Autrefois esclave du foyer, encore sujette de son époux, pupille de ses fils lorsqu’elle était veuve, exclue de l’héritage, mineure éternelle, la femme traînait toujours à son pied un anneau de sa vieille chaîne. […] vous avez foulé aux pieds les lois antiques, en arrachant cet homme de mes mains ! […] Installées au pied de l’Aréopage, en communication constante avec lui par les prières et les sacrifices, elles en recevront des influences de pitié humaine ; elles lui inspireront, à leur tour, le zèle de l’enquête active et du châtiment mérité.
Pélagie, les mains et les pieds enveloppés de ouate, se traîne avec des gestes gauches, se demandant si jamais l’adresse des mouvements lui reviendra, et moi, la poitrine déchirée par des quintes de toux qui me font vomir, je me demande si je pourrai, ce soir, au sortir de mon lit, m’asseoir à la table de famille des Lefebvre de Béhaine. […] Il se plaignait de n’être pas obéi, et il disait que Ricasoli, qu’il avait mandé, se refusait à venir, sous le prétexte d’un mal de pied, et que Cialdini voulait aller en avant… Comme je l’interrompais, lui disant qu’il n’avait qu’à donner des ordres. […] M. de Zeddes, le châtelain, après nous avoir promenés dans tout l’immense château, où l’architecture Louis XV se greffe sur la Renaissance, et où le jour entre par des fenêtres de tous les siècles, nous fait monter dans les greniers, dans la forêt, équarrie de charpente, qui asseyait autrefois un toit sur une habitation aux murs de six pieds d’épaisseur. […] Ce soir, conversation sur les mauvaises odeurs des pieds, du nez, de la bouche : conversation dans laquelle se complaît et s’épanouit Flaubert. […] J’étudiais ce poisson à l’œil carnassier, j’étudiais ses immobilités mortes au profond de l’eau, le ventre sur la grève, puis tout à coup les frottements de côté de ses flancs sur les cailloux : frottements fous et comme électriquement voluptueux, qui, à chaque contact du corps du poisson avec le fond, le fait remonter deux ou trois pieds en l’air.
Mais, outre que cette découverte est une de ces petites fleurs de vérité qui viennent aux pieds de l’esprit de tout le monde et que le premier qui passe peut ramasser, cela n’influe d’aucune sorte sur le train de sa pensée en la surprenant par une goutte de lumière, et le derviche pâmé tourne toujours ! […] Il a mis ses pieds ailés dans cette bouse de vache. […] Autrefois, sous les influences du Moyen Âge, il se teinta de Christianisme, mais si, depuis, il a eu sa petite haine sifflante de serpent qui pique au pied contre le Christianisme, cette petite haine n’en a pas moins cherché à s’étoffer dans une idée philosophique qu’il a campée jusque dans ses derniers travaux d’histoire, mais qu’il était absolument et radicalement incapable de trouver et de formuler. […] L’esprit humain peut s’agiter tant qu’il voudra, et battre du pied et s’ébrouer comme un cheval encastré dans l’entrepont d’un vaisseau, il ne peut pas plus sortir du Christianisme que, de l’entrepont du vaisseau qui remporte, la bête hennissante ! […] Le croiront-ils, ceux-là qui prennent Michelet sur le pied du divinateur historique et du rénovateur social qu’il se donne, dans ce Cours de 1847 ?
Les comparaisons qui parlent naturellement à l’imagination du poëte appartiennent à la plus jolie et à la plus fraîche nature ; on y voit des chevreuils, des faons timides, qui, les pieds dans le torrent, aspirent les derniers feux du soleil ou boivent la rosée matinale sous le fourré. […] Lui, poëte, il aime le beau et le saint, la pitié et l’harmonie, la noblesse et la blancheur, Sophocle, Dante et Raphaël ; il s’écrierait volontiers avec l’esprit qui le tente, et serait heureux de répéter toujours : Quel bonheur d’être un ange, et, comme l’hirondelle, De se rouler par l’air au caprice de l’aile, De monter, de descendre, et de voiler son front, Quand parfois, au detour d’un nuage profond, Comme un maitre le soir qui parcourt son domaine On voit le pied de Dieu qui traverse la plaine ! Quel bonheur ineffable et quelle volupté D’être un rayon vivant de la divinité ; De voir du haut du ciel et de ses voûtes rondes Reluire sous ses pieds la poussière des mondes, D’entendre à chaque instant de leurs brillants réveils Chanter comme un oiseau des milliers de soleils !
Le colosse couvrait l’Asie, entamait l’Afrique, et, par la mer, allongeait déjà son pied sur l’Europe. […] Ajoutez l’obligation rigoureuse de n’aborder le monarque, pour une audience ou pour une requête, qu’en déposant à ses pieds un présent mesuré à la fortune du solliciteur. […] Qui l’approchait devait d’abord l’adorer, c’est-à-dire se prosterner à ses pieds : Thémistocle lui-même, pour voir Artaxerxe, dut plier sa taille de héros à cette servile étiquette.
L’on aura atteint au bout de ces travaux le résultat le plus haut auquel tend tout l’embranchement des sciences organiques : la connaissance d’un homme analyse et reconstitué, de ses fibres intérieures, des délicates agrégations de cellules cérébrales traversées par le jeu infiniment mouvant et complexe des ondes récurrentes, de ce centre de la trame intime de vibrations qui, phénomène physiologique pour l’observateur idéal placé au dehors et percevant son envers, est, pour ces cellules mêmes, immatérielles ou s’ignorant matière, de la pensée, des émotions, des douleurs, des joies, des souvenirs d’êtres et de choses, — jusqu’à l’aboutissement même des nerfs infiniment déliés, infiniment ramifiés, qui par des voies encore inconnues, à travers l’encéphale, le cervelet, la moelle allongée et la moelle épinière, recevant les répercussions actives de tout ce travail intérieur, conduiront aux muscles, à l’épiderme, à cette surface de l’homme colorée et conformée, — jusqu’aux êtres qui forment les antécédents de ce corps, — jusqu’à ceux qui le touchèrent ou dont les actes, par des manifestations proches ou lointaines, l’affectèrent, le réjouirent ou le contristèrent, — jusqu’aux cieux qui se reflétèrent dans ses yeux, — jusqu’au sol qu’il foula de sa marche, — jusqu’aux cités ou aux campagnes dont la terre souilla ses pieds et résorba sa chairec. […] Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante. […] Pater et Vernon Lee, les romanciers archéologues tels que Flaubert, se sont servis pour décrire les milieux humains passés et disparus, sera ici mis à profit avec de plus importants résultats, puisque cette enquête par le dehors, par le visible, par ce dont l’histoire rend témoignage, aura été précédée et affirmée par des données probables ou sûres sur l’intérieur, sur le gros mécanisme mental de ces gens que l’on va dresser en pied dans leur chair et leur costume.
Il n’est, ajustement parler, qu’une destinée, mais les êtres volontaires, passionnés et forts, qui l’ont faite, cette destinée, se relèvent en même temps que ce cadavre quand on le met sur ses deux pieds, et viennent tout à coup se ranger autour de lui comme dans sa vie, — comme, dans Shakespeare, les victimes autour de Richard III. […] Lui fit la plus fière des contenances, — une contenance à la Kœnigsmark, — et comme, en mourant, ce dernier chevalier de cette maison de chevaliers attestait l’innocence de Sophie-Dorothée, elle lui ferma la bouche avec son pied. C’est cette marque de pied sur sa bouche sanglante qui fera désormais ta Kœnigsmark, dans l’Histoire, une physionomie qu’on n’oubliera plus !
Il a fait comme le normand avec le pied de Charles-le-Simple. […] Il est entré dans l’histoire et il a parlé comme on entre et on parle au café de Madrid ; et cette façon sans cérémonie d’être historien, ce lâché, ce débraillé, ce cure-dents aux lèvres, devront paraître très piquants dans une société qui ne se gêne plus et où les hommes, dégingandés dans leurs ganaches, mettent leurs pieds sur la cheminée de leurs maîtresses. […] Il va aux écoles, aux assemblées, aux conférences, aux thermopoles, qui étaient des cafés (sans café) et des lieux publics ; il va partout, enfin, où l’histoire des Universités, des Instituts et des enseignements officiels n’a jamais mis un pied, qu’elle respecte trop pour l’y risquer… Et de tout ce qu’il regarde et recueille, en mille citations étonnantes et en mille anecdotes inouïes, ce qui se dégage uniquement, c’est ce honteux et misérable résultat que ce monde de l’antiquité, traité de sublime, a péri moins par l’épée des Barbares que par les phrases et sous les phrases de la plus bavarde des civilisations.
dont l’existence entière s’écoula dans des pèlerinages aux églises les plus lointaines, et qui alla je ne sais combien de fois, à pied, son bréviaire pendu au cou, la besace au dos, les jambes ouvertes par ses marches forcées et les pieds saignants, de Notre-Dame-de-Lorette à Rome, et de Rome à Notre-Dame-de-Lorette. […] Ce vagabond sublime, dont les pieds saignaient sur les cailloux et dans la boue des chemins, marchait la tête dans la lumière, voyant Dieu nettement dans le bleu du ciel, et répandant de ses lèvres infatigables des torrents de prières.
Il était une équation superbe entre l’âme humaine et l’Absolu, à laquelle ceux qui ne sont pas au courant de la mathématique de l’Absolu et de l’âme ne comprennent et ne comprendront jamais rien, l’ai entendu quelquefois dire aux abjects de ce temps abject, qui ne regardent que la terre où ils mettent leurs pieds de devant comme ils y mettent leurs pieds de derrière, que le naturel divin de Lamartine n’était pas du naturel. […] C’était l’arbre qui laisse tomber ses fruits et qui ne sait pas que les fruits qui roulent à ses pieds sont tombés de sa tête.
On se contenta donc, au lieu de préluder à la grande guerre et, par un coup d’essai immortel, de frayer la route à la campagne de Marengo, de faire une campagne dans le vieux style, le style ordinaire, selon la bonne méthode chicanière, savante, manœuvrière, pied à pied. […] Enfin, pour te le faire court, les ennemis avaient une armée fraîche, entrée en campagne seulement les premiers jours d’août ; ils avaient trente escadrons de la plus vieille et meilleure cavalerie de l’Empereur, et douze des meilleures troupes de M. l’Électeur, et trois vieux régiments de dragons… Ils avaient assurément cent escadrons dans leur armée, cavalerie ou dragons, et quinze à seize mille hommes de pied. […] Catinat, qu’on avait laissé en sentinelle à la frontière durant tout l’hiver, ne reçut que plus tard les dernières instructions de Louis XIV écrites au pied levé et au moment même où le roi partait pour l’armée de Flandre (10 mai). […] Les grâces du roi avaient alors un tel pouvoir de grandir, que le frère de Catinat, Croisilles, si tendrement lié avec lui dès l’enfance, n’osait plus le traiter par lettres sur le même pied qu’auparavant, et qu’il changea de ton aussitôt.
Le maréchal de Saxe me rappelle, par quelques-uns des traits qu’on vient de lire, le sacrifice d’Amélie au pied des autels dans René. […] Je ne sais pas comment elle a pu se tenir huit ou neuf heures sur ses pieds avec ce poids énorme. » Le maréchal de Saxe, qui à cet instant du règne a plus que personne l’oreille du roi, travaille de son côté auprès du ministre du roi son frère, et par le canal de la Saxe, à persuader aux Alliés (les alliés de l’Angleterre) de se montrer modérés dans leurs prétentions et de conclure sans retard la paix. […] Vers ce même temps, il aurait voulu encore, sinon être reconnu par le roi comme duc de Courlande, du moins être traité sur le pied de prince de maison souveraine et en avoir les honneurs comme il en affectait l’allure. […] On croit avoir mis le pied dessus, et il s’envole plus loin et il recommence ! […] L’abbaye de Thélème ou le paradis d’Odin, il y avait de l’un et de l’autre à Chambord. — La Bruyère a fait une remarque où, sans avoir l’air d’y toucher, il dit leur fait aux bourgeoises de son temps : « Tout le monde connaît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se je ter dans l’eau, on les en voit sortir : c’est un amusement.
Pendant que ses ennemis préparaient son acte d’accusation à quelques pieds au-dessus de sa tête, sa voix, comme celle de la postérité, grondait dans ces souterrains de la Conciergerie. […] C’était le colosse de la Révolution, la tête d’or, la poitrine de chair, le torse d’airain, les pieds de boue. […] « Le 9 mai, au moment où les princesses, à demi déshabillées, priaient au pied de leur lit avant le sommeil, elles entendirent frapper à la porte de leurs chambres des coups si violents et si répétés, que la porte trembla sur ses gonds. […] En se voyant au pied de la guillotine entourée de cette fidèle noblesse, elle pourra se croire encore à Versailles.” » « Les accusations furent dérisoires, les réponses dédaigneuses. […] IX « On coupa ensuite ses longs cheveux blonds, qui tombèrent à ses pieds comme la couronne de sa jeunesse.
Il a découvert sous ces traits obscurs quelque chose qui ressemble à de la beauté ; il a frappé sur cet esprit engourdi et il en a fait sortir de vives étincelles ; bref, le chevalier est amoureux, autant qu’il peut l’être, et le voilà qui se jette aux pieds de la délaissée en lui proposant d’être… sa maîtresse. […] Ainsi agit Philiberte, et elle n’a pas de peine à faire tomber à ses pieds cet écervelé de chevalier, qui lui offre son cœur, sa main et l’héritage de son oncle par-dessus le marché. […] Pour qui sait quelle grande ombre jetait un duc dans le monde, même à ce crépuscule de la monarchie, de quel pied de pourpre il foulait la terre, et quelle solennelle étiquette régnait jusque dans l’intérieur de ces grandes familles rangées en face du trône et en vue du peuple, les incartades du chevalier de Talmay divaguent d’inconvenance et de contresens. […] Et il dit vrai : l’amour et l’amitié se rencontrant aux pieds d’une femme, c’est le lion et l’agneau qui viennent boire à l’onde de la même source : l’un mangera l’autre ; et l’histoire naturelle est là pour vous dire que le mangeur ne sera ni l’amitié ni l’agneau. […] Vous trouverez des matelots hollandais qui marcheront sur le crucifix pour entrer au Japon ; Vous ne trouverez jamais un grand artiste qui consente à fouler aux pieds sa lyre, sa plume, son ciseau, sa palette, quand ce serait pour entrer dans le palais des Césars.
L’abbé Ferdinand Galiani, né dans le royaume de Naples le 2 décembre 1728, élevé à Naples auprès d’un oncle archevêque, y avait développé les dispositions les plus précoces pour les lettres et pour toute espèce de science ; mais, au physique, il ne put jamais s’élever au-dessus de la taille de quatre pieds et demi. […] Ce petit homme de quatre pieds et demi, si gai, si fou, si sensé et si savant, était donc abbé mitré et avait titre monseigneur. […] Il fit les délices des sociétés qui se l’arrachaient ; ses amis particuliers, surtout Grimm et Diderot, appréciaient hautement la nouveauté et l’étendue de ses vues, de ses lumières : Ce petit être, né au pied du mont Vésuve, écrivait Grimm, est un vrai phénomène. […] Je suis assis sur le bon fauteuil, remuant des pieds et des mains comme un énergumène, ma perruque de travers, parlant beaucoup, et disant des choses qu’on trouvait sublimes et qu’on m’attribuait. […] En pareil cas on a un plancher qui recouvre la poutre, et de plus, si l’on a moyen, on met un tapis sous ses pieds.
Target ayant commencé une harangue au roi par ces mots : « Sire, nous apportons aux pieds de Votre Majesté », on lui crie : À bas les pieds ! […] Il mordrait arrogamment tous les partis jusque-là en lutte, se détruisant successivement l’un l’autre, jusqu’au jour où les derniers vaincus venaient se briser aux pieds de ses amis et aux siens : C’est ainsi que tour à tour vaincus, Maury le royaliste, par Mounier-les-deux-Chambres ; Mounier-les-deux-Chambres, par Mirabeau-le-veto-absolu ; Mirabeau-le-veto-absolu, par Barnave-le-veto-suspensif ; Barnave-le-veto-suspensif, par Brissot qui ne voulut d’autre veto que le sien et celui de ses amis ; tous ces fripons balayés des Jacobins les uns par les autres, ont enfin fait place à Danton, à Robespierre, à Lindet, à ces députés de tous les départements, montagnards de la Convention, le rocher de la République. […] La Liberté, c’est le bonheur, c’est la raison… Voulez-vous que je la reconnaisse, que je tombe à ses pieds, que je verse tout mon sang pour elle ? […] Cette descente ne nous offrira aucuns paysages inconnus, aucuns sites qui ne se soient offerts mille fois plus délicieux à ce Salomon qui · disait, au milieu de ses 700 femmes, et en foulant aux pieds tout ce mobilier de bonheur : J’ai trouvé que les morts sont plus heureuses que les vivants, et que le plus heureux de tous est celui qui n’est pas né.
Elle est muette, en pensant à la dernière heure de cet homme fatal ; et elle ne sait pas quand pareille empreinte d’un pied mortel marquera sa poussière ensanglantée. […] « L’immense cours d’eau passait en rugissant devant moi, et tombait presque à mes pieds, lancé de si haut. […] Des couronnes de fleurs tombèrent aux pieds de l’auteur ; des sérénades la suivirent à sa demeure, et on la nomma la Melpomène castillane. […] Laisse, laisse au monde ce sépulcre isolé, austère, où le destin rigoureux garde le colosse de l’ambition et de l’orgueil, entre des roches arides et désertes, tandis que la mer, avec un bruissement confus, vient briser à ses pieds les vagues écumantes. […] Ils foulaient sous les pieds de leurs coursiers la splendeur de l’Europe, rassasiés qu’ils étaient de combats et d’exploits.
Ils avaient planté leurs pieds dans le sol, et le chaos mouvant des choses croulantes s’était fixé par l’effort de leurs grands cœurs et de leurs bras. […] C’est en vers français que Robert Wace lui rédige l’histoire légendaire de cette Angleterre qu’il vient de conquérir et l’histoire positive de cette Normandie où il a pied encore. […] Regardez-les à l’œuvre : « Ce serait une honte de t’attaquer, dit le joyeux Robin au garde144, nous sommes trois, et tu es seul. » L’autre n’a pas peur, « il fait en arrière un saut de trente pieds, — même un saut de trente et un pieds, — s’appuie le dos contre une broussaille, — et le pied contre une pierre — il combat ainsi toute une longue journée, — toute une longue journée d’été, — jusqu’à ce que leurs épées se soient brisées entre leurs mains sur leurs larges boucliers145. » Souvent même Robin n’a pas l’avantage. […] Fortescue va plus loin : il oppose, pied à pied, la loi romaine, héritage des peuples latins, à la loi anglaise, héritage des peuples teutoniques : l’une, œuvre de princes absolus, et toute portée à sacrifier l’individu ; l’autre, œuvre de la volonté commune, et toute portée à protéger la personne. […] Leurs femmes et leurs enfants vont pieds nus… Car plusieurs d’entre eux qui avaient coutume de payer chaque année à leur seigneur un écu pour leur terre, payent maintenant au roi, par-dessus cet écu, cinq écus.
Je mis pied à terre, et suivis la voiture. […] Yégor surtout se mouvait comme une ombre ; il ne faisait pas crier une feuille sèche en posant le pied dessus. […] Je mis pied à terre, et marchai à sa rencontre. […] Antoine resta le dernier sur pied. […] En mettant pied à terre, il se retourna une dernière fois, avec un sourire involontaire de reconnaissance.
Elle parle avec amour des bêtes, de son cheval qui lui écrase les pieds, et auquel elle ne peut s’empêcher de porter tous les jours des morceaux de sucre, des chats qu’elle adore, des chiens, dont son hôtel est une maison de refuge. […] À cette marche de Huysmans, Raffaëlli opposait la marche appuyée sur la plante du pied du Norvégien Thaulow, cette marche pesante et dandinante sur la terre, d’un marin marchant sur le pont d’un navire. […] Puis enfin les scènes émotionnantes de la préparation du crucifiement, comme Le premier clou, Le clou des pieds, Les cinq coins. […] Ce châtaignier était dans un buisson de ronces d’une hauteur d’une dizaine de pieds, « Il y a un homme là… tenez ! […] Et ce bronze repose sur un pied admirable, un morceau de bois plié à la façon d’une serviette, avec l’incrustation d’une grecque en argent sur les rebords, et, sur le plat, des poésies également incrustées en argent.
Le bambin est assis en chemise dans un site poétique, les pieds dans un ruisseau. […] Il est vrai que c’était la taille du bonhomme, et la mère avait ses cinq pieds cinq pouces ; c’était la plus belle femme du pays. […] N’est-ce rien que d’avoir maté l’orgueil d’une femme et de l’avoir jetée à ses pieds ? […] tu as un pied de rouge sur les joues ! […] tu as un pied de blanc sur les joues !
Mais quoi de plus bas que sa pie margot caquet bon bec, si ce n’est les longs pieds de son héron au long bec emmanché d’un long cou ? […] Avec précaution il se baissa, et, armé de sa loupe, se servant de son cure-dents comme de pioche, il souleva quelques feuilles mortes qui étaient à ses pieds. […] Des combattants pressés l’haleine âpre, enflammée, N’est, qu’un nuage épais de sang et de fumée Où la Mort s’enveloppe et pousse l’ennemi Pied à pied. […] Leurs pieds sont scellés l’un contre l’autre ; leurs bras descendent à angle droit sur leur corps où ils adhèrent ; leurs mains se touchent, posées sur leurs genoux serrés. […] Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, le héron au long bec emmanché d’un long cou.
Dans la croisée la plus rapprochée de la porte, se trouvait une chaise de paille dont les pieds étaient montés sur des patins, afin d’élever Mme Grandet à une hauteur qui lui permît de voir les passants. […] La grande Nanon, ainsi nommée à cause de sa taille haute de cinq pieds huit pouces, appartenait à Grandet depuis trente-cinq ans. […] Depuis trente-cinq ans, elle se voyait toujours arrivant devant le chantier du père Grandet, pieds nus, en haillons, et entendait toujours le tonnelier lui disant : “Que voulez-vous, ma mignonne ? […] Pardieu, tu auras jeté notre fortune aux pieds de ce va-nu-pieds qui a des bottes de maroquin. […] Puis elle finit par aimer des douceurs qu’elle mettait secrètement aux pieds de son idole.
J’aime le mois de Marie et autres petites dévotions aimables que l’Église permet, qu’elle bénit, qui naissent aux pieds de la foi comme les fleurs aux pieds du chêne. […] Dans cette vie d’amitié, de silence, de gracieuse causerie, elle a des soupirs, des velléités d’au-delà : Marie (l’amie chez qui elle était) fait de la musique dans le salon sous mes pieds, et je sens quelque chose qui lui répond dans ma tête. […] En m’y voyant, en mettant le pied où tu l’avais mis, la tristesse m’a rempli l’âme.
La jeunesse est sujette à prendre au pied de la lettre tout ce qui s’écrit ; et, ce qui doit donner à penser à ceux qui écrivent, elle met ses actions, sa personne et sa vie au bout des phrases ; elle s’embarque, corps et âme, sur la foi des paroles. […] Aux pieds de mon rocher d’où la cascade tombe, Sous les saules penchés qui pleurent sur la tombe, Et sur mon lac tranquille au flot doux et serein, Lorsque tu voyageais de l’un à l’autre monde, Je suivais de mes vœux ta course vagabonde, Immortel pèlerin ! […] Un jour, au pied d’un arbre, à ma jeune Marie Je lisais Atala ! […] Comme il était petit de taille, on lui avait pratiqué une cachette en travers et au pied d’un de ces larges lits d’autrefois où était couchée sa femme malade.
C’est certainement un gentil motif d’idylle, charmant peut-être dans l’original, que celui qui se présente à nous, ainsi traduit : Mona Sur le bord de la rivière, les pieds dans l’eau, assise sur le gazon frais, un soir Mòna Daoulas était dans la prairie, sous les aulnes verts. […] Sur la branche un petit oiseau dit alors, par son chant : « Ne troublez pas l’eau, ô jeune fille, de cette façon, avec vos deux petits pieds ; Car je ne pourrai plus y voir mon image, ni davantage les étoiles du ciel : écoutez la prière d’un petit oiseau, ne troublez pas l’eau, la belle enfant ! […] Il appartenait par bien des côtés à l’ancienne école poétique en même temps qu’il avait un pied dans la nouvelle. […] Siméon Pécontal, Aniel, qui se trouve dans son recueil de Ballades et Légendes ; la voici : Aniel baigne ses pieds, pensive, Aux bords d’un paisible ruisseau ; Un cygne, amant de cette rive, Lui dit : Pourquoi troubles-tu l’eau ?
Demain il sera transporté à Port-Royal des Champs, où il a prié la maison de lui accorder la sépulture aux pieds de M. […] Je crois avoir eu l’honneur de vous mander qu’il n’avait point fait d’autre testament que pour demander sa sépulture dans le cimetière (des domestiques) de Port-Royal des Champs au pied de la fosse de M. […] Le Maître107 pour d’autres études, qu’il disait un jour confidemment à un ami de qui je le tiens : « Je ne me soucierais pas d’être disgracié et de faire « la culbute (ce fut son terme), pourvu que Port-Royal fût « remis sur pied et fleurit de nouveau. » La bonne tante l’aimait aussi bien tendrement. […] Nullement insensible ni indifférent à ses succès d’esprit en haut lieu, dès qu’il s’était senti souffrant ou affaibli dans ses organes, il avait pris bravement son parti et avait quitté Versailles pour n’y plus remettre les pieds.
Jean Racine, le grand poëte, Le poëte aimant et pieux, Après que sa lyre muette Se fut voilée à tous les yeux, Renonçant à la gloire humaine, S’il sentait en son âme pleine Le flot contenu murmurer, Ne savait que fondre en prière, Pencher l’urne dans la poussière Aux pieds du Seigneur, et pleurer. […] Au pied de l’autel avancée, La douce et blanche fiancée Attendait le divin Époux ; Mais, sans voir la cérémonie, Parmi l’encens et l’harmonie Sanglotait le père à genoux28. Sanglots, soupirs, pleurs de tendresse, Pareils à ceux qu’en sa ferveur Madeleine la pécheresse Répandit aux pieds du Sauveur ; Pareils aux flots de parfum rare Qu’en pleurant la sœur de Lazare De ses longs cheveux essuya ; Pleurs abondants comme les vôtres, Ô le plus tendre des apôtres, Avant le jour d’Alleluia ! […] Il traite ses confidentes sur le même pied que ses reines ; Arcas s’exprime tout aussi majestueusement qu’Agamemnon.
Du poète c’est le mystère ; Le luthier qui crée une voix Jette son instrument à terre, Foule aux pieds, brise comme un verre L’œuvre chantante de ses doigts ; Puis d’une main que l’art inspire, Rajustant ces fragments meurtris, Réveille le son et l’admire, Et trouve une voix à sa lyre, Plus sonore dans ses débris104 !… Ainsi le cœur n’a de murmures Que brisé sous les pieds du sort ! […] Et ce mot, je ne l’entends pas : Car je suis une faible femme, Je n’ai su qu’aimer et souffrir ; Ma pauvre lyre, c’est mon âme, Et toi seul découvres la flamme D’une lampe qui va mourir… Je suis l’indigente glaneuse Qui d’un peu d’épis oubliés À paré sa gerbe épineuse, Quand ta charité lumineuse Verse du blé pur à mes pieds… Envoyant à M.
C’est ainsi qu’en foulant d’un pied ignorant ou étourdi le cadavre du Moyen Âge, égorgé par nos pères, nous nous retrouvons les dignes fils de ceux qui l’ont assassiné ! […] Idée vulgaire et fausse que Thierry a traînée toute sa vie à la queue de son beau talent, et qu’il en aurait détachée pour la fouler à ses pieds s’il avait vécu davantage. […] Ernest Semichon n’a point coupé l’herbe sous le pied des historiens qui demanderaient à naître.
Par lui, le dieu pour les uns, le monstre pour les autres, sera mis debout, les pieds sur la terre, à portée de main. […] On souffre de voir un pareil homme suivre Hegel, les pieds dans la trace de ses pieds, et presque servilement, si on pouvait être servile quand on suit ce qu’à tort ou à raison on a pris pour la vérité.
Quelle férocité dans cet Archiloque de la guerre, qui ne mord pas seulement le pied de l’homme qui l’a abattu, mais qui mord même le sabot de son cheval ! […] « Pour que nos vieux cœurs allemands· Se repaissent de funérailles, Viens fouler sous tes pieds fumants Des cervelles et des entrailles. […] Mais toujours, comme nous le sommes, Soyons des faiseurs de corps morts : Crève, mais foule aux pieds des hommes !
» et il partit, à pied, naturellement. […] Mes pieds en ont gardé une pénible souvenance pendant un mois ! […] Qu’on lui mette les fers aux pieds ! […] Pendant que l’on m’emboîte les pieds dans la machine, je me plains d’une douleur à la cheville. […] Par quels juges absoute, Offenses-tu mon seuil de ton pied criminel ?
Durant plusieurs générations, les seigneurs de Mauréac, du Parlement de Bretagne, ont occupé une des quatre charges de présidents aux enquêtes, presque toujours « ordonnés pour tenir la Tournelle », — honneur redoutable que justifiaient d’ailleurs des travaux successifs sur les édits criminels, par suite une connaissance héréditaire des âmes scélérates et une pratique familiale de la question « selon l’usage de Rennes », c’est-à-dire de la torture par brûlement des pieds et des jambes. […] Il lui arrache le mot en la « chauffant », c’est-à-dire en lui faisant brûler les pieds et les jambes jusqu’aux os, et il laisse ses compagnons l’enterrer encore vivante.
Cependant elle se lève, et, descendant les degrés, elle franchit le seuil de pierre, et va s’asseoir à la lueur du feu, en face d’Ulysse, qui était lui-même assis au pied d’une colonne, les yeux baissés, attendant ce que lui dirait son épouse. […] Pénélope assise en silence, Ulysse immobile au pied d’une colonne, la scène éclairée à la flamme du foyer : voilà d’abord un tableau tout fait pour un peintre, et où la grandeur égale la simplicité du dessin.
Je vois ses pieds encore et meurtris et percés Des indignes liens qui les ont traversés. […] Ce fantôme qui regarde Énée en silence, ces larges pleurs, ces pieds enflés, sont les petites circonstances que choisit toujours le grand peintre, pour mettre l’objet sous les yeux.
Il répondit : « Eh bien, Sakaye Macina, laisse ici ta monture et viens avec moi jusqu’au pied de cette haute montagne. […] Quand ils furent au pied de cette montagne, le yébem dit à son compagnon : « Grimpe là-haut.
Il console celui que Pline désespère ; il relève celui que Pline foule aux pieds. […] Il faut que son adversaire tombe à ses pieds, qu’il reste muet d’admiration, ou qu’il meure de honte. […] Une cabane que j’ai bâtie dans la forêt, au pied d’un arbre, un petit champ défriché de mes mains, une rivière qui coule devant ma porte, suffisent à mes besoins et à mes plaisirs. […] Ensuite nous dormîmes sur l’herbe, au pied d’un arbre. […] On a mis auprès de Virginie, au pied des mêmes roseaux, son ami Paul, et autour d’eux leurs tendres mères et leurs fidèles serviteurs.
Tous deux ont une voix douce et musicale, des pieds d’une petitesse exquise, des mains douées pour prendre les choses, de la préhension délicatement tâtonnante des singes. […] Il s’était trouvé dans une flaque d’eau, au milieu de laquelle il essayait de se relever et de se remettre sur ses pieds sans le pouvoir, et il retombait chaque fois, en criant : hurrah ! […] Enveloppé de loques sans couleur, il était assis sur la première marche d’un escalier, la tête baissée, les bras pendants, des pantoufles roses à ses pieds. […] Le père, un géant mayençais, la mère, une géante ayant toujours une fluxion, et la tête embéguinée dans une fanchon, terminée par un petit nœud, ressemblant à un bouton de potiche, les deux filles, deux beautés de six pieds. […] Un des habitués de là, était un curieux type de bohème, le peintre X…, ramassé par le banquier Halphen, pour lui donner des leçons de peinture, puis ensuite, pour veiller à ce que, dans sa maison de banque, quelqu’un du dehors ne prît pas de l’argent, ou une traite traînant sur un bureau, et passant toute la journée, sur un pied, en fumant tous les vieux bouts de cigare, oubliés par les uns et par les autres sur les coins de cheminées.
Nos pieds se prolongeraient dans le miroitement des mosaïques qui dallent les mosquées. […] Cette forêt a sous ses pieds de gras pâturages dans la pente de la montagne. […] — On se secoue les pieds en entrant sur le seuil. […] Des voisins se secouaient les pieds en rentrant chez eux. […] Les pieds dont il foule vos citez, d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vostres ?
Leurs tableaux se sont appauvris dès qu’ils n’ont plus été à portée de rencontrer à point nommé dans les ouvrages des grands maîtres, la tête, le pied, l’attitude, et quelquefois l’ordonnance dont ils avoient besoin. […] Le Sueur, qui n’avoit jamais été à Rome, et qui n’avoit vû que de loin, c’est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale de beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de peintres qui se glorifioient d’un sejour de plusieurs années au pied du Capitole.
« — Caïrbar, repartit Fergus, a péri par l’épée de Ducomar, au pied d’un chêne, sur le bord du torrent. […] Aimable fille de Cormac, je t’aime comme mon âme ; j’ai tué pour toi un magnifique cerf ; sa tête était parée d’un bois à plusieurs rameaux, et ses pieds égalaient la légèreté des vents. […] Le timon est d’if poli ; le siège est formé d’os éclatants de blancheur ; ses flancs sont remplis de lances entassées, et le fond est foulé par les pieds des héros. […] Dusronnal hennissait sur les corps des héros, et Sifadda11 baignait ses pieds dans le sang. […] Calmar les attend de pied ferme, le feu du courage s’allume dans son âme irritée, mais le visage du guerrier pâlit.
Combien de fois, sur ce rivage admirable, appuyé contre une colonne, et la vague se brisant amoureusement à ses pieds, il dut ressentir, durant des heures entières, ce charme indicible, cet attiédissement voluptueux, cette transformation éthérée de tout son être, si divinement décrite par Chateaubriand au cinquième livre des Martyrs ! […] En voyant ses relations rétablies sur le pied de l’amitié et de la confiance avec les gens les plus distingués, j’ai cru qu’il y aurait de ma part du pédantisme et de la pruderie à être plus difficile que tout le monde. […] » « Ghérard s’en revint tristement à la cheminée, cachant son front dans ses mains, puis tout à coup se retourna, les yeux humides de larmes ; il se jeta à ses pieds, et ses mains s’avançaient vers elle, de sorte qu’il la serrait presque dans ses bras. […] Il était là, tombé à ses pieds avec grâce, et elle ne se sentit pas la force de l’obliger à s’éloigner. […] Littré, son ami, qui combattait au même rang et aux pieds duquel il tomba, le fit transporter à la distance de quelques pas, dans la maison du marchand de vin, et le hasard lui amena précisément M.
Il est, avec elle, nombre de vérités de détail, de racines salutaires que le pied rencontre en chemin ; mais dans la prétention principale qui la constitue, et qui s’adresse à l’abîme infini du ciel, la philosophie n’aboutit pas. […] Jouffroy, Damiron, Bautain, Albrand jeune, qui survinrent en 1813, achevèrent de constituer en bon pied les provinciaux. […] La justice avait été foulée aux pieds par les factions ; la liberté devait périr avec elle : aussi ne la revit-on plus. […] » L’amphithéâtre glorieux encadrant le pays de Vaud, le miroir du Léman, dans un coin la Savoie rabaissée au pied du Mont-Blanc sublime ; cet ensemble solennel que la plume, quand l’œil n’a pas vu, n’a pas le droit de décrire ; la vapeur et les rayons du matin s’y jouant et luttant en mille manières, voilà ce qui l’assaillit d’abord et le stupéfia. […] A propos de son cours sur la Destinée humaine, où il semblait n’indiquer qu’à peine aux jeunes âmes inquiètes un sentier religieux qu’on aurait voulu alors lui entendre nommer, on disait dans un article du Globe de décembre 1830 : « Comme un pasteur solitaire, mélancoliquement amoureux du désert et de la nuit, il demeure immobile et debout sur son tertre sans verdure ; mais du geste et de la voix il pousse le troupeau qui se presse à ses pieds et qui a besoin d’abri, il le pousse à tout hasard au bercail, du seul côté où il peut y en avoir un. » Le propre de M.
III Othon, suivi des corps d’élite, d’éclaireurs, des cohortes et des vétérans du prétoire, nerf des armées impériales, et des nombreuses légions de marine, s’avance jusqu’au pied des Alpes, au-devant du lieutenant de Vitellius, Cécina. « La marche d’Othon, dit Tacite, n’était ni ralentie ni amollie par le luxe ; mais Othon, revêtu d’une cuirasse de fer, à pied, marchant devant les aigles, souillé de poussière, les cheveux en désordre, contrastait par son apparence avec son ancienne réputation de mollesse. […] « Les Dieux, comme pour mieux illuminer et convaincre le forfait, lui prêtèrent une nuit resplendissante d’étoiles, et assoupie par le calme complet de la mer. » XLI « Le navire, sur lequel Agrippine n’avait auprès d’elle que deux personnes de sa familiarité, n’était pas encore bien éloigné de la rive : l’une des deux, Crépérius Gallus, se tenait debout à côté du gouvernail ; l’autre, Acéronia, accoudée sur les pieds du lit de repos de sa maîtresse, à demi couchée, l’entretenait avec congratulation du retour de son fils et de sa tendresse qu’elle lui rendait tout entière, lorsqu’à un signal donné, le plafond de la chambre s’écroula tout à coup sous le poids du plomb dont il était alourdi. […] « Pendant qu’Agérinus s’acquitte du message dont Agrippine l’a chargé, Anicétus fait glisser un glaive à ses pieds, puis, comme s’il l’eût surpris sur le fait d’un assassinat, il ordonne qu’on le charge de chaînes, afin de pouvoir répandre qu’Agrippine avait tramé le meurtre de l’empereur, et que, de honte de voir son crime découvert, elle s’est elle-même donné la mort. » XLV « Cependant, au bruit du péril auquel venait d’échapper Agrippine, comme si son naufrage n’eût été qu’un hasard, chacun était accouru vers le rivage. […] Voyez le tableau de cette femme couchée sur le lit de repos de sa galère, avec sa confidente accoudée sur ses pieds, qui l’entretient de son bonheur, au moment où les assassins soldés par son fils font écrouler la mort sur sa tête, et chavirer la barque triomphale pour l’engloutir.
Leur tombe est sur la colline, Mon pied le sait : la voilà ! […] Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi, Ô Père, ô Juge suprême, Ah ! […] Rien n’était triste alors dans ma vie, rien vide dans mon cœur ; un soleil répercuté par les cimes dorées des rochers m’enveloppait ; les ombres des cyprès et des vignes me rafraîchissaient ; l’écume des eaux courantes et leurs murmures m’entretenaient ; l’horizon des mers m’élargissait le ciel, et ajoutait le sentiment de l’infini à la voluptueuse sensation des scènes rapprochées que j’avais sous les pieds ; l’amitié, l’amour, le loisir, le bonheur, m’attendaient au retour à la villa Ludovisi. […] Elle était debout, les pieds nus, plus blancs et plus délicats que les cailloux qui sortent de la source ; sa robe, à gros plis noirs perpendiculaires, tombait avec majesté sur ses chevilles ; son corset rouge à demi délacé laissait l’enfant sucer le lait et le répandre de sa bouche rieuse, comme un agneau désaltéré qui joue avec le pis de la brebis, ou comme un enfant qui trouble la source avec ses petites mains après avoir bu. […] Leur fils leur avait creusé une fosse en terre sainte, là où vous avez vu le terrain bossué sous une croix de pierre taillée dans les blocs et rougie par les mousses, où les hirondelles se rassemblent, la veille de leur départ, avant le coup de vent de mer de septembre, quand les châtaignes tombent d’elles-mêmes au pied du châtaignier.
Elle s’est mariée, elle s’est démariée, elle a pris un amant, puis deux, puis trois, puis quatre ; et maintenant qu’elle a fait son petit tour de bohème et que la bise est venue, elle ne demanderait pas mieux que de rentrer, de son pied léger, dans la maison conjugale. […] Elle se traîne donc à genoux aux pieds de l’amant irrité, perdue dans ses cheveux, noyée dans ses pleurs, et elle avoue, elle se confesse, elle demande grâce, et l’homme de guerre ne résiste pas à cette pantomime de Madeleine apprise au théâtre ; seulement il exige qu’elle renvoie, sur l’heure, à M. de Thonnerins la fortune infamante qu’elle doit à son caprice. […] Ainsi la comédie reste parisienne jusqu’au bout, c’est-à-dire raffinée, précieuse, élégante, et sachant traverser la boue d’un pied de déesse marchant sur les nues. […] C’est encore un type de fine race que celui de Raymond de Nanjac, ce soldat, crédule comme un enfant et pur comme une vierge, qui rapporte de l’Afrique guerrière un nom sans tache, une fierté d’Arabe, une loyauté de gentilhomme, une vie épargnée par les balles, un honneur intact, comme le drapeau de son régiment… tout cela pour le jeter aux pieds d’une femme perdue qui se joue et trafique, comme d’une pacotille, de ces saints trésors. […] Seulement, M. de Jalin met une légèreté gaie dans ses polémiques, il les voile d’élégance et d’aisance mondaine, tandis que M. de Ryons les pousse à la familiarité brutale, à l’agression tyrannique, et met, comme on dit, les pieds dans le plat.
La déesse des flots s’élève au-dessus de la mer « comme un brouillard bleuâtre », et « ses pieds d’argent » se confondent avec l’écume des vagues. […] Chez eux comme chez les Indiens, « le soleil qui se lève lance ses flèches d’or aux blanches nuées qui se teignent de rouge, comme si elles étaient blessées, et s’évanouissent ensuite dans la lumière, jusqu’à ce qu’enfin la lutte cesse et que le jour pose en triomphateur ses pieds rayonnants sur la nuque de la montagne »149 « Comme des bayadères assoupies vers le matin, les montagnes frissonnent dans leurs blancs peignoirs de nuages que la brise matinale soulève. […] 151 Il est vrai qu’un jour il se souvient de sa majesté officielle, et ordonne « à tout ce qui respire de s’en venir comparaître aux pieds de sa grandeur. » Mais peut-on rester sublime parmi de tels sujets ?
Une jeune fille qu’on croyait morte à la suite de cette maladie, — son père pleurant au pied de son lit, — rejette soudain le drap qu’elle avait sur la tête, se soulève dans une attitude de prière, montrant un visage à la beauté surnaturelle qui fait croire à un miracle, et après un petit discours de consolation adressé à son père, se recouche et repose le drap sur sa tête, en disant : « Je puis dormir maintenant. » * * * — J’ai connu un amant qui disait à sa maîtresse se plaignant d’avoir perdu une fausse dent de 200 francs : « Si tu la faisais afficher ? […] Août 1852 Je trouve Janin toujours gai, toujours épanoui, en dépit de la goutte à un pied. « Quand on vint guillotiner mon grand-père, nous dit-il, il avait la goutte aux deux pieds… du reste, je ne me plains pas… c’est, dit-on, un brevet de vie pour dix ans… Je n’ai jamais été malade et ce qui constitue l’homme, je l’ai encore », — fait-il en souriant.
Là, seul comme le matin, plus seul encore, car aucun chevrier n’oserait se hasarder dans des lieux pareils à ces heures que toutes les superstitions font redoutables, perdu dans l’obscurité, il se laissait aller à cette tristesse profonde qui vient au cœur quand on se trouve, à la tombée du soir, placé sur quelque sommet désert, entre les étoiles de Dieu qui s’allument splendidement au-dessus de notre tête et les pauvres étoiles de l’homme qui s’allument aussi, elles, derrière la vitre misérable des cabanes, dans l’ombre, sous nos pieds. […] Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse. […] Sous ces griffes d’acier, sous ces pieds de pierre, faites broyer le cœur humain.
Ce tableau a dix-neuf pieds de haut sur onze pieds de large, l’espace est immense et tout y répond. […] La femme de Putiphar s’est précipitée du chevet au pied de son lit. […] L’artiste a prosterné les deux sœurs aux pieds du Christ.
Il écrivit, après leur publication, près de trente volumes qu’il jeta dans le torrent de la publicité avec l’insouciance d’une de ces natures qui se sentent supérieures à ce qu’elles produisent, et qui, malheureusement pour elles, ne s’incarneront jamais de pied en cap dans une œuvre quelconque. […] Il fonda, à la suite de M. l’abbé Massart et de M. l’abbé Cross, l’œuvre de Saint-François-Xavier, mettant ses pieds dans la trace des pieds de ces hommes bénis et n’aspirant là, comme partout, selon son expression humble et pittoresque, qu’à n’être rien de plus qu’une marionnette intelligente aux mains du clergé.
Tu seras ce caillou des routes que le voyageur chasse d’un pied dédaigneux. […] Un halo septicolore nimbe la croix au pied de laquelle l’Ermite est en prière. […] Son chien sommeille à ses pieds. […] Aux pieds, des pantoufles de même nuance avec des agrafes en diamant. […] je ne sens plus mes pieds, et j’ai des engelures plein les mains !
Le matin d’une des chaudes journées du mois de juin 18**, je partis seul et à pied de la petite ville pastorale et batelière de Neuchâtel en Suisse, pour gravir le mont Jura. […] Toute la paix des steppes où elles vivent est dans leurs yeux ; ils sont bleus comme le ciel, limpides comme la goutte d’eau que la rosée du matin a laissée au fond de la pervenche qu’elles foulent aux pieds ; leur profondeur n’a point d’abîmes comme les yeux humains. […] La petite ville de Sonnino, au pied des Abruzzes, était peuplée presque tout entière de cette race héroïque et belle de brigands romains. […] Arrêtez-vous au musée du Louvre devant le groupe des deux jeunes filles qui dansent autour du char du tableau de la Madonna dell’ Arco ; celle qu’on ne voit que de profil et qui relève des deux mains son tablier pour que les plis ne gênent pas ses pieds nus, c’est Thérésina. […] Son profil est tout à fait féminin, presque enfantin ; elle sourit à peine, elle baisse les yeux et regarde ses pieds avec l’expression d’une pudique honte.
On voit que, las de la terre, il a tenté d’escalader le ciel par des échelons surnaturels qui se sont brisés sous ses pieds. […] Je verrais dans un éternel crépuscule ce globe dont je n’entendrais pas le bruit à mes pieds. » Voici la poésie de l’infini devenue mélancolie lyrique ; elle dicte à Faust des vers dignes d’être répétés par l’écho des firmaments. […] Et cette robe courte qui laisse entrevoir ses pieds fugitifs ! […] comme il serait petit devant toi, comme il rentrerait en terre sous tes pieds, le grand homme ! […] Ainsi tu m’as reconnu, petit ange, dès que j’ai mis le pied dans le jardin ?
» Les supplices de ces misérables, qui ne vécurent jamais, étaient d’être piqués par des taons et des mouches faisant dégoutter de leur visage des larmes rougies de sang qui abreuvaient des vers immondes à leurs pieds ! […] « Quand nous eûmes atteint ainsi le quatrième jour, Gaddo vint s’étendre à mes pieds en me disant : “Mon père, pourquoi ne viens-tu pas à mon secours ? […] Ils sont dans ce plus jeune et plus aimé des enfants qui se jette et s’étend pour mourir aux pieds de son père, et qui lui adresse dans le délire de l’agonie ce mot plus cruel que mille morts, ce reproche déchirant du mourant au mourant : « Mon père, pourquoi ne me secours-tu pas ? » Ils sont dans l’erreur des enfants qui, voyant le père se ronger les mains de rage, croient qu’il veut dévorer sa propre chair et lui offrent celle qu’il leur a donnée avec la vie ; Ils sont enfin dans ces quatre fils venant successivement se coucher et mourir aux pieds du père, un à un, dit le poète, et le faisant mourir ainsi quatre fois en eux avant sa propre mort. […] Combien de fois, en voyageant à pied dans ces montagnes, n’ai-je pas été étonné et attendri par la rencontre inattendue d’un de ces monuments invocatoires dans des sites inaccessibles aux pas des voyageurs, mais non à la pieuse commémoration des veuves, des fiancées, des enfants, des frères, des amis !
C’est un grondeur et un mécontent par humeur que d’Aubigné ; il était inapplicable en grand et n’aurait su devenir tout à fait homme d’État ni principal capitaine ; il était né ce que nous appelons de nos jours un homme d’opposition : pourtant, dès qu’on le presse et qu’on lui met la main au cœur, comme il est fier de son Henri IV, du « grand roi que Dieu lui avait donné pour maître », dont les pieds lui ont servi si souvent de chevet ! […] Il comprend la dignité du genre qu’il traite ; il est des particularités honteuses ou incertaines que l’histoire doit laisser dans les satires, pamphlets et pasquins, où les curieux les vont chercher : d’Aubigné, qui aime trop ces sortes de pasquins ou de satires, et qui ne s’en est jamais privé ailleurs, les exclut de son Histoire universelle, et, s’il y en introduit quelque portion indispensable, il s’en excuse aussitôt : ainsi en 1580, à propos des intrigues de la cour du roi de Navarre en Gascogne, quand la reine Marguerite en était : J’eusse bien voulu, dit-il, cacher l’ordure de la maison ; mais, ayant prêté serment à la vérité, je ne puis épargner les choses qui instruisent, principalement sur un point qui, depuis Philippe de Commynes, n’a été guère bien connu par ceux qui ont écrit, pour n’avoir pas fait leur chevet au pied des rois… Quand il s’étend longuement sur certaines particularités purement anecdotiques, il s’en excuse encore ; il tient à ne pas trop excéder les bordures de son tableau ; il voudrait rester dans les proportions de l’histoire : mais il lui est difficile de ne pas dire ce qu’il sait de neuf et d’original ; et d’ailleurs, s’il s’agit de Henri IV, n’est-il pas dans le plein de son sujet, et n’est-il pas en droit de dire comme il le fait : « C’est le cœur de mon Histoire ? […] On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc. […] Il continuait sur ce ton élevé : Oui, il faut montrer notre humilité ; faisons donc que ce soit sans lâcheté ; demeurons capables de servir le roi à son besoin et de nous servir au nôtre, et puis ployer devant lui, quand il sera temps, nos genoux tout armés, lui prêter le serment en tirant la main du gantelet, porter à ses pieds nos victoires et non pas nos étonnements.
De même, dans la harangue de Henri IV à l’assemblée des notables de Rouen, Voltaire semblait prendre au pied de la lettre cette gracieuse et débonnaire promesse de se mettre en tutelle entre leurs mains, tandis que Henri entendait bien ne faire là qu’une politesse ; et comme Gabrielle, au sortir de cette séance, s’étonnait qu’il eût ainsi parlé de se mettre en tutelle : « Il est vrai, répondait-il, mais, ventre saint-gris ! […] Je sais que la religion et la justice sont les colonnes et fondements de ce royaume, qui se conserve de justice et de piété ; et quand elles ne seraient, je les y voudrais établir, mais pied à pied, comme je ferai en toutes choses. […] Ils sont à nous : je le juge par l’envie que vous avez de combattre ; mais pourtant nous devons tous croire que l’événement en est en la main de Dieu, lequel sachant et favorisant la justice de nos armes, nous fera voir à nos pieds ceux qui devraient plutôt nous honorer que combattre.
Il y épousa la fille de l’intendant de la duchesse d’Angoulême, et s’attacha dès lors à cette princesse, qui était de Bourgogne et née de La Guiche ; il eut un pied à la Cour. […] Il est extrêmement rapide… Et voilà les ingéniosités quintessenciées et glaciales que Sénecé met dans la bouche de Virgile, en prétendant que rien ne ressemble plus au siècle d’Auguste que celui de Louis XIV ; c’est du Scudéry tout pur, c’est la carte du royaume de Tendre transportée dans la description du goût. — Et puis, quand on est embarqué sur le fleuve d’Imagination, l’arrivée à l’endroit nommé le Péage des critiques, la garde qu’y font les capitaines Scaliger, Vossius et autres, les « petits bateaux couverts qu’on appelle métaphores », et dont quelques-uns échappent à grand-peine à ces terribles douaniers ; et plus loin, quand on a pénétré dans le cabinet du Bon Goût, l’attitude et l’accoutrement baroque de ce bon seigneur qui m’a tout l’air d’être fort goutteux, appuyé d’un côté sur la Vérité et de l’autre sur la Raison, qui, tenant chacune un éventail, lui chassent de grosses mouches de devant les yeux (ces mouches sont les Préjugés) : les deux jeunes enfants qui sont à ses pieds, aux pieds du seigneur Bon Goût, et qui le tirent chacun tant qu’ils peuvent par un pan de son habit, l’un, un petit garçon toujours inquiet et remuant, nommé l’Usage : l’autre, une petite fille toujours fixe et assise, une vraie poupée nommée l’Habitude, que vous dirai-je de plus ? […] Acanthe, assis au pied d’un aulne, exhale donc ses regrets et maudit la poésie, qu’il accuse fort injustement de son malheur ; il allait de dépit briser ses chalumeaux, lorsque du lit profond de la Saône, qui coule devant lui, il voit sortir et apparaître un fantôme, une ombre vêtue à la romaine, celle du poète Maynard, l’auteur de deux ou trois belles odes et de quantité d’épigrammes oubliées.
Mme des Ursins, qui s’appelait auparavant Mme de Bracciano, est à Rome ; elle y a, depuis des années, une grande existence, un salon politique et diplomatique ; elle est accoutumée à voir les souverains et les vice-rois à ses pieds 56, et aussi le Sacré Collège. […] Il semble que sa carrière ainsi établie soit close ou du moins toute tracée, et qu’il n’y ait plus pour elle qu’à continuer sur ce pied-là ; car elle a près de soixante ans. […] Mme des Ursins, en recevant les ordres du roi par Torcy, ne se sent pas de joie ; Mme de Noailles en a la première effusion et le rejaillissement : « Au reste, madame, je suis transportée de joie, et depuis le matin jusqu’au soir je ne suis occupée qu’à penser combien vous êtes aimable. » Il est curieux de voir comme d’abord elle diminue la portée et la visée de sa mission : elle est choisie pour accompagner Mme la princesse de Savoie jusqu’à Madrid ; voilà tout ; rien au-delà ; qu’elle mette le pied en Espagne, cela lui suffit ; elle ne restera que juste autant qu’il le faudra pour ses affaires et autant que le roi le lui commandera : elle n’est qu’un instrument docile, obéissant et presque inerte dans la main des puissances de Versailles. […] M. de Vendôme n’était point maréchal de France ; M. de Turenne n’en a jamais pris le titre. » C’était parce que M. de Turenne avait le léger faible d’être traité sur le pied de prince, qu’il rejetait le titre de maréchal comme inférieur et secondaire.
Parfois hors des fourrés, les oreilles ouvertes, L’œil au guet, le col droit, et la rosée au flanc, Un cabri voyageur, en quelques bonds alertes, Vient boire aux cavités pleines de feuilles vertes, Les quatre pieds posés sur un caillou tremblant. […] C’est au contraire un débutant, mais un débutant très-préparé et très-décidé à poursuivre, quoi qu’il arrive, et à tenir de pied ferme, que M. […] En effleurant le sol, sa main tremble, et ses pieds Frissonnent au toucher du fleuve qui les baise. […] Parfois tous ces beaux corps par les bras reliés De suaves rondeurs font une chaîne rose, Où sur chaque poitrine une tête repose ; L’eau trahit par un flot l’essor caché des pieds.
Une autre fois, dans le même temps du séjour de Rousseau à l’Ermitage, Deleyre, au retour de quelque absence et de quelque poursuite de fortune, écrivait à celui dont l’amitié était sa première ambition : « Rappelez-moi, cher citoyen, dans votre retraite, sur vos bancs de gazon, au pied du grand escalier à six marches, qui s’élève devant votre porte. […] J’aime à traverser des abîmes, à franchir des précipices, à découvrir des lieux où le pied de l’homme n’ait point imprimé sa trace. […] Vous m’avez dit souvent dans nos promenades solitaires : « Que ne suis-je encore dans ce jardin d’une maison de Jésuites, dans cette retraite pieuse et champêtre, à genoux, au pied du vieux sycomore, où j’adressais à Dieu les élans d’une première ferveur et d’un vif amour ! […] Adieu, mon ami, il faut vivre au jour le jour, et ne compter sur rien : il n’y a de sûr que la douleur. » Une telle lettre redouble encore de valeur après tout ce que nous savons, et adressée comme elle l’est à un homme sensible, honnête, tourmenté, qui a eu la foi, et à qui il n’est resté pas même un dernier débris de croyance ; à un disciple de Diderot ou de Lucrèce, et qui, dans le jardin, au pied du sycomore, avait eu autrefois, lui aussi, des soupirs à la saint Augustin.
Talleyrand est donc rentré en France sous le Directoire ; l’ancien constituant a été amnistié, et mieux qu’amnistié ; mais du moment qu’il a remis le pied dans Paris, ce n’est pas pour y rester observateur passif et insignifiant : partout où il est, il renoue ses fils, il trame, il intrigue ; il faut qu’il soit du pouvoir, et il en sera. […] À peine avait-il le pied hors de la chambre que de Perray s’empressa de repêcher la lettre compromettante et de la tirer du feu. […] D’après le témoignage d’un abbé-comte de l’ancien régime, cousin de M. de Talleyrand et qui avait été de ses camarades et collègues à Saint-Sulpice, à Reims et ailleurs, il paraîtrait qu’il était pied bot et qu’il y avait toujours eu un pied bot dans la famille.
Giboyer père, c’est Vautrin ramolli et tombé dans le pied plat et dans le marchand d’encre ; Giboyer fils, c’est Julien Sorel, moins l’orgueil tigre, Julien Sorel, petit drôle vertueux et sentimental. […] Voilà pourquoi, dans le Fils de Giboyer, il n’y a pas une seule plaisanterie que l’on n’ait entendue cent fois, pas un mot cherchant à faire trait que l’on n’ait ramassé sous les pieds de tous dans les conversations !
Il s’est mis à table à Rome ; il s’est assis à l’ombre de son buisson de lauriers à Ustica, au pied de ses oliviers à Tibur, au bord de sa source de Blandusie à Venouse ; et si un souffle d’air a frémi mélodieusement dans l’arbre, si un gazouillement de la source a ému son oreille, si un flacon du falerne écumeux a répandu l’ivresse à la fin du festin d’amis, si les cheveux dénoués de la jeune Napolitaine Leucothoé ont eu un pli gracieux sur ses épaules ou exhalé un parfum de Syrie dans l’air, il a écrit, le jour même ou le lendemain, en deux ou trois strophes négligées, mais accomplies, son impression du moment, sans autre ambition que de perpétuer son plaisir. […] » La même passion natale de la liberté et de la campagne se retrouve dans ce billet écrit, dit-il, au pied des ruines du vieux temple de Vacuna, dans sa chère Sabine, en se promenant aux environs de sa métairie de Vacuna : « Salut ! […] Si ton corps est sain, si tes flancs respirent librement, si tes pieds sont à l’aise, toutes les richesses des rois ne t’achèteront rien de mieux. » Une épître charmante à son jardinier d’Ustica, qui a servi de modèle à celle de Boileau au jardinier d’Auteuil, est pleine d’un charme vraiment rural. […] XXIII « Sortis de Rome, la grande Aricia nous offre une halte mesquine » (aujourd’hui c’est encore l’Aricia, fameuse par ses chênes gigantesques, au pied desquels on trouve toujours assis un peintre, un amant ou un poète) ; « de là nous arrivons au marché d’Appius » (sorte de marché de Poissy de Rome). […] Attendez la saison d’hiver où un livre est une société toujours bienvenue au coin du feu ; attendez surtout la saison d’été, où un compagnon est agréable pour répercuter en vous les douces sensations du soleil, de l’ombre des bois, des eaux, de la montagne, de la mer ; achetez cette délicieuse miniature d’Horace illustrée par les Didot ; asseyez-vous à la lisière de vos bois au bord du ruisseau, sous les saules où les oiseaux gazouillent à l’envi de l’onde, et lisez, et prenez les heures comme elles viennent, et dites, comme Horace : Carpe diem, saisissez le jour, tout est pour le mieux, pourvu qu’on ait les pieds au soleil et la tête à l’ombre !
Il flairait, comme un chien, le sable, avant d’y poser ses pieds. […] Lui qui vous aime, que vous aimez, vous découvrira la poitrine, vous découvrira les pieds. […] Des gargouilles, au pied des arcs-boutants, déversaient les eaux des toitures. […] Dans l’herbe, ses petits pieds couraient, très blancs. […] Mais voilà que derrière eux, au pied de l’escalier, l’aumônier surgit.
Dans cette nature, la jeune poétesse entre pieds nus et prend un contact direct avec elle : L’herbe est froide à mes pieds comme de l’eau qui coule. […] Près des lys, les pivoines « semblent de grands péchés au pied de purs autels ». […] La terre est vaste, Ses chemins useront les pieds des voyageurs ! […] Il serait trop facile de dire que ces vers de quatorze, de quinze ou de seize pieds ne sont en somme que deux vers de mètres connus, soudés. […] Digne de Sapho, ce distique : Dans les jardins où se parfume le silence L’instant fuit avec les pieds blancs d’Atalante.
Henri, dès qu’il l’aperçut, lui ordonna de mettre ses arquebusiers à pied afin qu’ils servissent d’éclaireurs et d’enfants perdus ; il le plaça, lui, avec sa compagnie de gens d’armes à son aile droite, et, l’emmenant un moment sur la ligne : « Tenez avec moi, dit-il, car je vous veux montrer toute la disposition des deux armées, afin de vous instruire à votre métier. » Rosny, même à la guerre, n’est qu’un élève de Henri IV. […] En toute occasion, Henri lui demande de la patience, du temps, d’aller doucement, peu à peu et pied à pied : « Vous pouvez vous assurer que, si je puis un jour être roi et maître absolu, je ferai du bien et de l’honneur à ceux qui, comme vous, m’auront bien et utilement servi. […] Il faut une adresse et des précautions infinies pour le faire entrer au Conseil des finances (1596) et pour l’y installer en pied : il n’y devient maître qu’un an ou deux après.
Dans les considérations qui sont de plus en plus positives en avançant, et où il a déjà pied sur son terrain, il a de bonnes vues, des exemples neufs. […] Suard, ce portrait en charge, qui est d’ailleurs amusant : L’auteur de la grande et superbe Histoire de l’Empire romain avait à peine quatre pieds sept à huit pouces ; le tronc immense de son corps à gros ventre de Silène était posé sur cette espèce de jambes grêles qu’on appelle flûtes ; ses pieds assez en dedans pour que la pointe du droit pût embarrasser souvent la pointe du gauche, étaient assez longs et assez larges pour servir de socle à une statue de cinq pieds six pouces.
L’un des premiers, il fut de ces hommes de lettres, intrépides et hardis causeurs, qui passaient leur vie dans la société, y marquaient d’abord leur place, l’y maintenaient de pied ferme tant qu’ils étaient présents, mais s’y dissipaient et ne devaient point laisser d’ouvrage égal à leur renommée ni peut-être à leur valeur. […] M. de Forcalquier a tracé de Duclos en 1742, c’est-à-dire quand celui-ci était déjà un homme de lettres en pied et un académicien des Inscriptions, un portrait qui conserve encore et laisse voir quelques airs de jeunesse : « L’esprit étendu, l’imagination bouillante, le caractère doux et simple (ceci est pour le moins douteux), les mœurs d’un philosophe, les manières d’un étourdi. […] Je l’entendis un jour dire après dîner, en parlant du lieutenant de police : « Je tirerai ce drôle-là de la fange pour le pendre dans l’histoire. » — C’étaient là des vanteries d’après dîner, comme lorsqu’il disait encore de je ne sais quel plat personnage : « On lui crache au visage, on le lui essuie avec le pied, et il remercie. » Et tant d’autres mots piquants, excessifs et applaudis, par où s’en allait sa verve57. […] L’ami de La Chalotais allait chaque année reprendre pied sur sa terre celtique, et il ne s’en tenait que plus ferme ensuite dans les salons.
À cet égard, le traitement que nous recevons du Temps dépend de l’accueil que nous lui faisons… Il est clément pour ceux qui, tels que vous, savent se tenir comme sur la pointe du pied au sommet de la colline de la vie, jetant un regard en bas avec plaisir sur la vallée qu’ils ont traversée, et de temps en temps étendant leurs ailes pour s’envoler avec espérance vers l’éternité… » Le charme de la correspondance de Cowper est dans cette succession d’images, de pensées et de nuances qui se déroulent avec une vivacité variée, mais d’un cours égal et paisible. […] Je suis un brave drapier qu’on estime à la ronde : certainement, pour cette fête, mon ami le décatisseur me prêtera sa bête. » Il est convenu aussi qu’on emportera le vin du logis, car le vin cette année-là est cher. « Le matin venu, la chaise s’avance, mais non jusqu’à la porte, afin qu’on ne puisse pas dire que Mme Gilpin est fière. » Surviennent les contretemps du voyage : au moment où part la chaise de poste, Gilpin, prêt à la suivre et déjà en selle, voit arriver trois pratiques ; on ne refuse jamais des pratiques, et il met pied à terre pour les servir. […] Puis l’invention commença, grossière en naissant et pesante : on eut l’escabeau à trois pieds, la table massive qui servait de siège : l’immortel Alfred n’avait point d’autre trône, et c’est de là que, sceptre en main, il vendait la justice à ses royaumes enfants. […] Aucun sopha alors ne m’attendait à mon retour, et je n’avais point besoin de sopha alors ; la jeunesse répare la dépense de ses esprits et de ses forces en un rien de temps ; par un long exercice elle n’amasse qu’une courte fatigue ; et quoique nos années, à mesure que la vie décline, s’enfuient bien rapidement et qu’il n’y en ait point une seule qui ne nous dérobe en s’en allant quelque grâce de jeunesse que l’âge aimerait à garder, une dent, une mèche brune ou blonde22, et qu’elle blanchisse ou raréfie les cheveux qu’elle nous laisse, toutefois le ressort élastique d’un pied infatigable qui monte légèrement le degré champêtre où qui franchit la clôture ; ce jeu des poumons, cette libre et pleine inhalation et respiration de l’air qui fait qu’un marcher rapide ou qu’une roide montée ne sont point une fatigue pour moi ; tous ces avantages, mes années ne les ont point encore dérobés ; elles n’ont point encore diminué mon goût pour les belles vues naturelles ; ces spectacles qui calmaient ou charmaient ma jeunesse, maintenant que je ne suis plus jeune, je les trouve toujours calmants et toujours ayant le pouvoir de me charmer.
Ce jour-là, le jeudi d’après Pâques, il se mit en route à une heure de l’après-midi, par un beau temps et un vent frais, à pied, en compagnie d’Edmond de Cazalès, qui n’était pas encore dans les ordres. […] Le tumulte immense de la mer, la course bruyante des vagues, celle, non moins rapide, mais silencieuse, des nuages, les oiseaux de marine qui flottaient dans le ciel et balançaient leur corps grêle entre deux ailes arquées et d’une envergure démesurée, tout cet ensemble d’harmonies sauvages et retentissantes qui venaient toutes converger à l’âme de deux êtres de cinq pieds de hauteur, plantés sur la crête d’une falaise, secoués comme des feuilles par l’énergie du vent, et qui n'étaient guère plus apparents dans cette immensité que deux oiseaux perchés sur une motte de terre : oh ! […] Féli pour ce même labeur ; — les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous rappelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, seulement un peu moins éclatantes parce que le soir voile tout, tempère tout ; — la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et de lectures en lectures, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; — et à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, je ne sais quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence qu’y répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les petits pieds, les petits pas, les rires, les petites moues pleines d’intelligence d’une enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange ; qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ? […] Il supposa le dernier des centaures interrogé au haut d’un mont, au bord de son antre, et racontant dans sa mélancolique vieillesse les plaisirs de ses jeunes ans à un mortel curieux, à ce diminutif de centaure qu’on appelle homme ; car l’homme, à le prendre dans cette perspective fabuleuse, grandiose, ne serait qu’un centaure dégradé et mis à pied.
Son hôte de l’auberge du Raisin, en rentrant du Conseil de la ville et d’un palais magnifique et tout doré, vient servir les voyageurs à table, et l’homme qui sert à boire a autrefois mené quatre enseignes de gens de pied contre le roi, sous le comte Casimir, dans les guerres de religion. […] Ces cérémonies semblent être plus magnifiques que dévotieuses. » — Les courtisanes ont leur part de son attention. — L’ambassadeur de France (M. d’Elbène) l’engage cependant à aller baiser les pieds du Pape : Montaigne et son compagnon de route, M. d’Estissac, sont donc présentés un jour à Sa Sainteté par l’ambassadeur. […] Quand ils furent avancés jusqu’à être devant Sa Sainteté, l’ambassadeur, mettant lui-même un genou en terre, « retroussa la robe du Pape sur son pied droit, où il y a une pantoufle rouge avec une croix blanche au-dessus. » Montaigne ne perd pas une occasion de regarder et de bien voir. Il note la politesse du Pape « qui avait haussé un peu le bout de son pied », comme pour épargner à son adoration le reste du chemin.
Ainsi, du côté paternel et maternel, tout avait contribué à faire d’Horace l’homme du crayon, un peintre involontaire, irrésistible : sa main fine, mince, longue, élégante, naissait avec toutes les aptitudes, toute formée et dressée pour peindre, comme le pied du cheval arabe pour courir. […] Le Soldat laboureur. — Un soldat assis, pleurant et cachant sa face devant une mappemonde, où il vient de chercher sans doute l’île de Sainte-Hélène ; son chien est couché à ses pieds, sous sa chaise. — Une Scène d’Auvergne en 1815 ; un vieux soldat entre une bergère et un joueur de cornemuse. […] Le tableau qu’il exposa en 1822 et qui représente l’Intérieur de son atelier donnerait, je crois, une idée un peu fausse si on le prenait au pied de la lettre et si on ne voyait Horace Vernet que dans cette heure de spirituelle ivresse, dans cette débauche de gaieté perpétuelle. […] » Si on prenait son dire au pied de la lettre, on serait tenté de moins l’estimer.
Quand l’enfant de cet homme Eut reçu pour hochet la couronne de Rome ; Lorsqu’on l’eut revêtu d’un nom qui retentit ; Lorsqu’on eut bien montré son front royal qui tremble Au peuple émerveillé qu’on puisse tout ensemble Être si grand et si petit ; Quand son père eut pour lui gagné bien des batailles, Lorsqu’il eut épaissi de vivantes murailles Autour du nouveau-né riant sur son chevet ; Quand ce grand ouvrier, qui savait comme on fonde, Eut, à coups de cognée, à peu près fait le monde Selon le songe qu’il rêvait ; Quand tout fut préparé par les mains paternelles Pour doter l’humble enfant des splendeurs éternelles ; Lorsqu’on eut de sa vie assuré les relais ; Quand, pour loger un jour ce maître héréditaire, On eût enraciné bien avant dans la terre Les pieds de marbre des palais ; Lorsqu’on eut pour sa soif posé devant la France Un vase tout rempli du vin de l’espérance ; Avant qu’il eût goûté de ce poison doré, Avant que de sa lèvre il eût touché la coupe, Un cosaque survint qui prit l’enfant en croupe, Et l’emporta tout effaré. On loue les métaphores bien soutenues comme dans ces vers de Boileau : À peine du limon où le vice m’engage J’arrache un pied timide, et sors en m’agitant, Que l’autre m’y reporte et s’embourbe à l’instant. […] Alors on ne disait pas : « Mon père labourait son champ ; un soldat est venu lui saisir ses bœufs », on disait noblement : Mon père, au pied des monts Qui bordent Unterwald et que nous habitons, Ouvrait avec le soc son antique héritage ; Un soldat se présente avide de pillage, Et d’un bras forcené saisit les animaux Qui servaient à pas lents ses rustiques travaux. […] J’ai regret qu’André Chénier ait dit dans ses admirables Iambes : Peut-être avant que l’heure en cercle promenée Ait posé sur l’émail brillant, Dans les soixante pas où sa course est bornée, Son pied sonore et vigilant, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière.
Hugo un exemple de comparaison symbolique : Il (Napoléon) a bâti si haut son aire impériale, Qu’il nous semble habiter cette sphère idéale Où jamais on n’entend un orage éclater ; Ce n’est plus qu’à ses pieds que gronde la tempête ; Il faudrait pour frapper sa tête Que la foudre pût remonter. […] Montesquieu écrira : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied, et cueillent le fruit ; voilà le gouvernement despotique » ; mais, outre que la forme de comparaison est encore conservée ici, ces exemples étaient rares et remarqués. […] C’est que les pures conceptions se présentent toujours à Byron, comme autrefois à Shakespeare, sous une forme sensible ; les idées ont, pour ainsi dire, pour lui, des pieds et des bras, et, tourmenté par son démon, il ne fait jamais difficulté de donner au lecteur leurs membres dispersés. […] Les pieds d’acier , les froides ailes , toutes les expressions qui étaient prises au propre reviennent au figuré.
Ici, on le retrouve ce qu’il sera toute sa vie, combattant pied à pied, un peu formaliste, tenant à n’avoir pas eu un tort, retranché dans la question de droit, disputant le terrain comme il aurait pu le faire avec Mina dans les plis et replis des montagnesa, tendant la situation au risque de la briser, jouant sa tête en toute témérité et bonne grâce plutôt que de se laisser entamer de l’épaisseur d’un cheveu ; en un mot, si j’ose le dire, à la fois chevaleresque et raisonneur comme le sont certains héros de son compatriote Corneille. […] Ce n’est qu’un homme d’un sens ferme et d’une logique serrée, défendant pied à pied et au jour le jour le gouvernement constitutionnel représentatif, d’abord sous forme de monarchie, plus tard sous forme de république.
En un mot, nous ne fîmes point alors sur son compte le travail historique complet, et nous restâmes un pied dans la polémique. […] Boileau ne fait semblant d’être si fort dans l’embarras que pour demander malignement pardon aux gens en leur marchant sur le pied. […] La seconde période, de 1669 à 1677, comprend le satirique encore, mais qui de plus en plus s’apaise, qui a des ménagements à garder d’ailleurs en s’établissant dans la gloire ; déjà sur un bon pied à la Cour ; qui devient plus sagement critique dans tous les sens, législateur du Parnasse en son Art poétique, et aussi plus philosophe dans sa vue agrandie de l’homme (Épître à Guilleragues), capable de délicieux loisir et des jouissances variées des champs (Épître à M. de Lamoignon), et dont l’imagination reposée et nullement refroidie sait combiner et inventer des tableaux désintéressés, d’une forme profonde dans leur badinage, et d’un ingénieux poussé à la perfection suprême, à l’art immortel. […] Aussi ces hommes de talent, se sentant dans un siècle d’anarchie et d’indiscipline, se sont vite conduits à l’avenant ; ils se sont conduits, au pied de la lettre, non comme de nobles génies ni comme des hommes, mais comme des écoliers en vacances.
Ils leur supposent de très longs cheveux et une barbe qui tombe jusqu’aux pieds. […] Selon les Peuhl, le guinnârou est de taille gigantesque ; ses pieds sont tournés à l’envers et sa bouche fendue verticalement. […] Leurs pieds ne présentent pas le caractère anormal de ceux des guinâdyi. — Les gotteré sont robustes et trapus et porteurs d’une très longue barbe. […] Haut d’un mètre au plus, il a les pieds tournés en arrière et porte la longue barbe qui semble à peu près générale chez les nains ; il est toujours de couleur sale par suite de l’habitude qu’il a de se coucher parmi la cendre.
Les Allemands venaient de quitter Alexandrie au moment où le général Masséna et moi nous y faisions une reconnaissance avec 200 chevaux et 600 chasseurs à pied. […] Qu’il suffise de dire que Joubert, avec sa division, a été comme le centre et le noyau de Rivoli, qu’il a porté le premier poids de l’affaire, qu’elle a roulé longtemps sur lui, qu’il avait commencé la veille, qu’il a été chargé d’achever le lendemain de la victoire ; que dans l’immortelle journée, au moment le plus critique de la mêlée, quand on était tourné au revers de la chapelle de San Marco et qu’on allait être cerné, quand pendant deux heures d’horrible confusion et de refoulement les charges étaient alternatives ainsi que les déroutes, quand chacun sur son point et par où il pouvait, faisait rage (Berthier, Masséna, Leclerc, Lasalle), lui, il redevint grenadier, chargea à pied le fusil à la main, et reprit à la baïonnette les ouvrages de Rivoli. […] Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.
le pied de sa maîtresse qui s’appuie sur le pied de son ami intime. […] Il est clair qu’on ne laisse aucun des personnages ayant pied sur un sol stable ; on n’a, en fermant le livre, la clef finale de la destinée d’aucun.
Il avait vu beaucoup, et peu lu ; il avait eu déjà de grandes sensations, mais il était complètement étranger à l’art de les exprimer, il avait erré comme un pauvre enfant aux pieds de ces Alpes où il avait reçu le jour ; et l’abondance de sentiments qu’il avait éprouvés au milieu des misères d’une vie incertaine n’avait trouvé d’autre forme pour se répandre que la musique, cette langue de l’air, du vent et de l’orage, que le génie a ravie à Dieu, et que ce jeune homme avait apprise tout seul en écoutant les échos de ses montagnes. […] Tandis que son regard nageait dans l’espace, il sentit une ombre se placer devant son soleil ; aussitôt, sautant sur ses pieds, il s’écria : « — C’est lui ! […] « Les hautes montagnes, a-t-on dit, consternent aisément celui qui habite au pied, ou du moins elles le modèrent et le calment ; elles mettent l’homme à la raison. » Simiane reste dans la raison, ainsi que dans le bonheur ; lorsque Rousseau, déjà célèbre, les visite encore, il emporte de leur dernier embrassement une de ces fraîches et à la fois solennelles images, qui, en présence de Thérèse et de tant d’illusions flétries, sauvaient l’idéal dans son cœur.
Quand pourrai-je, à ce monde ayant payé rançon, Suspendre comme toi ma veste à ton buisson, Et, déchaussant mes pieds saignants de dards sans nombre, Te dire, en t’embrassant : « Ami, vite un peu d’ombre ! […] Je vends ma grappe en fruit comme tu vends ta fleur, Heureux quand son nectar, sous mon pied qui la foule, Dans mes tonneaux nombreux en ruisseaux d’ambre coule, Produisant à son maître, ivre de sa cherté, Beaucoup d’or pour payer beaucoup de liberté ! […] Pour bêcher plus à l’aise, Il fait bien moins de vent au pied de la falaise ; Heureux qui du gros temps, où sombra son bateau, A sauvé comme toi sa bêche et son râteau !
Avoir cette terre ferme sous son pied, de forts gages, est une chose qui plaît. […] Voltaire, griffes cachées, faisait le gros dos aux pieds du roi. […] De la Courtille, des Porcherons, de la Cunette, c’est pieds nus, c’est bras nus, c’est en haillons.
. — Le rayon solitaire brillait et s’éteignait inaperçu, dans un cercle de quelques pieds. […] Comme ils secoueront vivement l’échelle, aussitôt qu’il posera le pied sur le premier échelon ! […] Les candidats de concours, que Toulouse aura sacrifiés aux pieds de Clémence Isaure, se poseront en victimes de la centralisation (toujours !).
D’Arpentigny, qui ne répète point les observations des autres s’il en répète les procédés, a pris la main comme l’expression résumante de l’homme tout entier ; mais avec les ressources variées de son esprit, avec le sentiment des analogies, qui est en lui à une haute puissance, il aurait pu tout aussi bien prendre le pied, et pas de doute qu’il ne nous eût dit, à propos du pied comme à propos de la main, une foule de choses vraies et charmantes. […] Il est toujours un talent plein d’alacrité et de force, qui se moque bien, par l’attitude, des idées qu’il a l’air de respecter le plus, naturellement à cinq cents pieds de toutes les niaiseries dont sa réflexion le rapprocherait, s’il l’écoutait !
nous sommes trop catholique, nous connaissons trop le respect qu’on doit à une sainte dont les pieds transfigurés posent actuellement sur nos autels, pour risquer une opposition inconvenante entre la grande mystique de l’Espagne et cette nonne d’un comte Ory impossible, introduite au xviie siècle dans la légende dorée du scandale. […] Elle prend le corps, le cœur, l’esprit, leur dresse un Thabor sous les pieds et les transfigure. […] Elle devint, cette fille coquette, innocemment coquette, qui aimait le monde et les propos du monde, elle devint une épouse ardemment chaste et tendrement austère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une carmélite incomparable, qui, ne trouvant pas son ordre assez sévère, le réforma et le mit pieds nus.
mais que chacun reste ferme en avant, de ses deux pieds pressant la terre et serrant sa lèvre des dents, les cuisses, les jambes, la poitrine et les épaules couvertes d’un large bouclier ! […] Que dans le rang, pied contre pied, le bouclier s’appuyant au bouclier, l’aigrette à l’aigrette, le casque même au casque et les poitrines s’entrechoquant, il combatte l’ennemi, la poignée du glaive ou la longue lance à la main !
Son geste est celui d’un furieux, et pour lancer sa pierre avec plus d’impetuosité, il ne se soutient que sur un pied. […] C’est celui qui répresente les reines de Perse aux pieds d’Alexandre.
Derrière le bâtiment est une cour large d’environ vingt pieds, où vivent en bonne intelligence des cochons, des poules, des lapins, et au fond de laquelle s’élève un hangar à serrer le bois. […] Notre bonheur, mon cher, tiendra toujours entre la plante de nos pieds et notre occiput ; et qu’il coûte un million par an ou cent louis, la perception intrinsèque en est la même au-dedans de nous. […] Seulement, sache-le bien, Nathalie : en t’obéissant, j’ai dû fouler aux pieds des répugnances inviolées. […] Mon regard se régalait en glissant sur la belle parleuse, il pressait sa taille, baisait ses pieds, et se jouait dans les boucles de sa chevelure. […] Elle avait le pied d’une femme comme il faut, ce pied qui marche peu, se fatigue promptement et réjouit la vue quand il dépasse la robe.
Ils ensevelissent ensemble le corps embaumé de Zerbin dans un riche cercueil ; ils le chargent sur le cheval du jeune guerrier, et voyagent ensemble à pied derrière le cercueil. […] Le Sarrasin, trompé par l’assurance de la victime, tombe dans ce piége de vertu ; du revers de son épée il frappe le cou de la jeune fille, croyant que son épée se brisera dans sa main, mais la charmante tête d’Isabelle roule à ses pieds dans l’herbe et bondit trois fois en balbutiant encore le nom de Zerbin ! […] Il se déguise à tous les yeux ; il combat à pied de peur que son cheval Frontin, si souvent caressé par Bradamante, ne la reconnaisse ; il prend une lance du bois le plus fragile, il en émousse la pointe ; il revêt la cotte de mailles de Léon. […] Demandez-le à Thérésina ; est-ce que vingt fois, pendant la lecture, au moment où les touchantes aventures de Ginevra, d’Angélique, de Médor, d’Isabelle, suspendaient sa respiration et faisaient nager ses yeux dans une rosée de larmes, elle n’a pas frappé du pied avec impatience le pavé de la grotte ou le plancher de la gondole en maudissant le poète ? […] si nous étions encore au temps des miracles de l’imagination chantés par l’Arioste, je trouverais au pied de la colline un cheval tout sellé, une amazone, un nain, une tour, une beauté captive, une aventure qui ferait à la fois le miracle, la gloire, le bonheur de ma vie !
Elle domine elle-même la mer, qu’on voit luire à ses pieds, à travers la claire-voie de pampres. […] À midi, nous rentrions pour déjeuner à l’ombre plus fraîche des terrasses de la Sentinella, puis la sieste napolitaine, la musique, la peinture, abrégeaient les heures du milieu du jour ; quand le soleil baissait et que les grandes ombres dentelées de l’Epoméo se déroulaient sur les flancs de la montagne, nous parcourions, tantôt à pied, tantôt sur des mules aux pieds agiles, les sentiers escarpés de l’île, en contemplant les feux souterrains du Vésuve briller à l’horizon comme un phare tournant, tantôt visible, tantôt flamboyant sur les bords des mers aux yeux des matelots. […] Va-t-il, le cœur brûlant d’une foi magnanime, Conquérir une tombe au désert de Solyme ; Ou, pèlerin armé, son bourdon à la main, Laver ses pieds souillés dans les flots du Jourdain ? […] Jamais, d’aucun autel ne baisant la poussière, Sa bouche ne murmure une courte prière ; Jamais, touchant du pied le parvis d’un saint lieu, Sous aucun nom mortel il n’invoqua son Dieu ! […] On chante encore au pied du Capitole.
« Les plus parfumées et les plus salubres sont ramassées soigneusement au pied de l’arbuste qui les a portées par les jeunes filles des bords du Bosphore ou de Fontenay-aux-Roses ; elles en remplissent leurs tabliers et leurs corbeilles. […] Il aurait dû naître curé de village, vicaire de Wakefield, uniquement occupé à sarcler les herbes de son jardin l’été, à regarder l’hiver les pieds sur ses chenets, la bûche jaillir en étincelles sous les coups distraits, de ses pincettes, et à prolonger le souper avec quelques voisins sans affaires jusqu’à l’aurore dans les entretiens sans suite et intarissables de son foyer. […] Poésie de la paresse qui ne laisse, en retombant comme une couronne de convive, que des feuilles de roses séchées et foulées aux pieds. […] Il te fallait un poète à l’image de ta politique ; car enfin les poètes sortent de terre comme en France sortent les soldats, quel que soit le parti qui frappe du pied cette terre féconde. […] La république a surgi sous tes pieds, et tu n’as pas fait un geste pour la modérer et pour l’asseoir sur ta propre souveraineté, comme si tu t’étais sentie indigne de ce règne de la raison et de l’énergie civiles que le hasard t’offrait pour te relever à tes propres yeux et aux yeux du monde.
Au pied de la porte de cette sépulture est la pierre que Roland trancha près de la fontaine ; comme je l’ai dit, elle est fendue par le milieu. […] On arrive ainsi à une chambre qui a environ douze pieds en hauteur, et qui est entourée de bancs taillés dans le rocher. […] Mais dès qu’on a mis les deux pieds sur le pont, il se trouve assez large, et plus on avance, plus il s’élargit et plus le bruit de l’eau s’apaise. […] Notre ami, alpiniste aguerri, finit pourtant par décider un jeune homme à l’accompagner, et part à pied au milieu de la nuit. […] Chacun le fuit et purifie le sol que ses pieds ont foulé, et lui-même, dès qu’il approche d’un homme, il crie sans relâche : Ne me touchez pas !
La ville était aux pieds de l’enchanteresse, attendant son heure et son bon plaisir. […] quelle est cette voix qui sort de ce nez de mauvais augure, un pied de nez, autant que de cette bouche pincée en cœur ? […] Si Tragaldabas eût été vraiment ivre, il n’eût pas retrouvé sa mâchoire béante à ses pieds. […] le docteur Loewe finit par mettre aux pieds d’Anna sa fortune et sa main. […] un pied qui brûlait le pavé sans le toucher !
(Le bruit des conversations particulières couvre la voix de l’orateur ; quelques sénateurs se groupent alors au pied de la tribune pour mieux l’entendre.) […] La poursuite ne pourra être exercée que sur la plainte de la partie intéressée. » Tel est l’article qui, s’il est vain et non appliqué, est une tache dans la loi ; qui, s’il est appliqué au pied de la lettre, devient d’une gravité excessive. […] (Le bruit incessant des conversations continue à rendre très-difficile, même pour les membres placés au pied de la tribune, l’audition des paroles de l’orateur.) […] (L’orateur s’adresse aux membres placés au pied de la tribune.) […] Mais maintenant, il est vrai, moyennant le cache-nez et le voile de gaze dont on l’a muni, le Français pourra sortir en tout temps, aller au bois à pied ou en voiture, à cheval ou en panier, seul ou même en compagnie, sans avoir peur des piqûres de mouches et de cousins.
Il avance un pied nu sous une botte qui n’avait guère que le dessus, et saisissant la pièce d’or avec l’orteil, il reste jusqu’au matin, sans le ramasser, de peur d’être soupçonné. […] Et pour porter un torse flamand, elle a gardé les jambes fines d’une Diane d’Allegrain, et le pied aux doigts longs d’une statue, et des genoux d’un modelage… Puis l’homme a besoin de dépenser, à certaines heures, des grossièretés de langue, et surtout l’homme de lettres, le brasseur de nuages, en qui la matière opprimée par le cerveau, se venge parfois. […] Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi. […] Dans la visite des chambres, il entend un frôlement de robe, aperçoit un pied sous un lit, tire à lui un bas de soie noire, au bout duquel il y a une jolie femme, et encore un autre pied et une autre jolie femme.
Les paysans qui marchent à pied appellent volontiers leur bâton, mon cheval ; plaisanterie qui se retrouve un peu partout. Ainsi, comme on voyait toujours les franciscains marcher à pied, on avait jadis surnommé le bâton des voyageurs el caballo de S. […] Les noms qui veulent expliquer sa feuille contiennent presque tous l’idée de pied de poule (ou de coq), ou l’idée de patte de grenouille180, cette dernière idée souvent abrégée en l’idée de grenouille ; ceux qui veulent peindre sa fleur, l’idée d’or ou de jaune. « Pied de poule » se rencontre en letton, gaila pehdas ; en allemand, hahnenfuss ; en hollandais, haanevaet ; en danois, hanefod. […] On relève, mais moins souvent et pêle-mêle, les termes : pas, pied ou patte de loup, de lion, de corbeau, d’oie, de canard.
Bouchardy, qui est dans son genre un géant aux pieds d’argile, et l’on se demande comment il a fait pour reconnaître, lui-même, au fond des cinq actes où ils s’agitent et se débattent en poussant leurs gloussements, les divers personnages de Christophe le Suédois ? […] Le paravent représente tour à tour le palais et la chaumière ; le grand fauteuil joue le rôle du père qui gronde toujours ; la chaise de paille vous représente la soubrette alerte et vive, le guéridon, posé sur un pied, saluez ! […] qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent. […] Aujourd’hui, prenant ses ébats sur les gazons fleuris, le jour d’après marchant à grand peine sur le théâtre, et déchirant ses petits pieds aux clous d’un tapis poudreux ! […] Elle en dit tant, que Molière, qui aime cette femme de tout son cœur, s’écrie, en frappant du pied : — Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête !
Il s’est donné toutes les peines du monde pour refaire un portrait en pied de Mme de Longueville, avec toutes les prétentions à la vie. […] Où la gloire n’est pas, où les faits sont chétifs, équivoques et obscurs comme la chronique de ces femmes qui ne furent quelque chose que par leur rang social, et qui seraient à mille pieds dans l’oubli mérité des hommes, si elles n’avaient porté, pendant leurs deux jours d’existence, l’ineffaçable épitaphe du nom historique qui les couvre, il n’y a plus guère à introduire que de la psychologie. […] Qui n’a pas le flambeau du ciel doit sonder, en tâtonnant un peu, les cœurs de ces dames, et voilà comment la Philosophie du xixe siècle se retrouve tout à coup aux pieds de ces Omphales. […] Cousin, qui ne ferait pas une biographie de la Sainte-Vierge, si on la lui demandait, n’écrirait pas non plus celle de toutes les Hérodiades au petit pied qu’il rencontre ballant dans l’histoire du xviie siècle, et tendant l’assiette à des têtes, qui, heureusement n’y tombèrent pas ! […] La première fois qu’il aperçut Marie de Hautefort, ce fut au sermon, parmi les filles de la reine, assises par terre à ses pieds, selon l’étiquette, et, touché de sa mine discrète, il lui envoya, pour s’asseoir, le coussin de velours fleurdelisé qu’il avait mis sous ses genoux.
Quoique ignorant comme un carpillon des choses de l’Église, Octave Feuillet, ce jeune homme pauvre… en théologie, a eu l’extrême bonté de recommander le catholicisme aux petites dames dont il est le favori et pour lesquelles il fait de petites comédies, et de l’excuser, et de l’arranger, et de l’attifer, ce vieux colosse de catholicisme, de manière à le faire recevoir sur le pied d’une chose de très bonne compagnie dans les plus élégants salons du xixe siècle… Or, voilà ce que George Sand, cette prêcheuse de la Libre Pensée, qui ne veut pas, elle ! que le catholicisme soit reçu nulle part sur un pied quelconque, n’a pu supporter, et, indignée, elle lança aussitôt sa Mademoiselle La Quintinie à la tête de la Sybille d’Octave Feuillet. […] » Voyez enfin la scène du billet par lequel elle se donne à lui, corps et âme, et qui le foudroie de plus belle, qui le fait tomber sous ce pied qui le roule dans la fange et qui l’y maintient jusqu’au moment (car il faut bien que les romans finissent) où une autre femme, la sienne, et son enfant, l’arrachent à cette domination honteuse, si longtemps subie, pour le faire mourir de désespoir ! […] … Qu’elle soit ce qu’elle pourra, indigente, misérable, petite, facile à ramasser, comme une paille, à nos pieds, et non difficile à rapporter, comme une perle, du fond des mers, c’est toujours quelque chose qu’une vérité ! […] Eh bien, aux premières pages de ce roman si peu romanesque, Philippe déclare cette volonté à son père, un gentilhomme de l’ancien temps qui croit qu’on peut continuer, dans son château de province, la tradition des gentilshommes, en ce temps-ci qui les a mis à pied comme des postillons qui ont mal mené !
Le dehors, comme il vit et qu’il figure encore, on sait comme il est fait pour le corps : des pieds, des mains, une corpulence de paysan et la pesanteur de sa marche, promettaient la taille où il est parvenu. […] Il est en pied, visible à partir du genou, immobile ; et néanmoins, à première vue, l’imagination se représente la détente brusque des jambes, flexibles et fortes comme l’acier des arbalètes, qui donneront un élan redoutable à ce buste élégant, dès que l’ennemi se montrera. […] Madeleine, un jour, tombera dans tes bras en te demandant grâce ; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s’évanouir de lassitude à tes pieds ; tu l’épargneras, j’en suis sûr, et tu t’en iras, la mort dans l’âme, pleurer sa perte pendant des années. […] » Rappelez-vous comme il pèse et comme il est précieux à soutenir, dans quelle attitude exténuée il glisse le long du suaire, avec quelle affectueuse angoisse il est reçu par des bras tendus et des mains de femme… Un de ses pieds, un pied bleuâtre et stigmatisé, rencontre au bas de la croix l’épaule nue de Madeleine.
Si tu as mal au pied, nous trouverons un cheval, et alors tu n’auras plus d’excuse pour retourner à Florence. […] Alors Michel-Ange s’étant redressé : On baise, dit-il, les pieds au pape ; mais on baise les joues aux anges. […] J’ignore s’il était à pied ou à cheval, à cause de la fumée qui m’empêchait de distinguer les objets bien nettement. […] Puis, se jetant à ses pieds, il lui demanda de lui accorder le pardon des homicides commis par lui pour le service de l’Église. […] Je suis à présent aux pieds de Votre Sainteté, qui est le véritable confesseur, et je la supplie de me pardonner, et de me permettre de me confesser et de communier, pour que je puisse obtenir la grâce de Dieu.
Dès sa jeunesse, Élisabeth-Charlotte se distingua par un esprit vif et par un caractère ouvert, franc et vigoureux : Mlle de Quadt, dit-elle, a été ma première gouvernante et celle de mon frère ; elle était déjà vieille : elle voulut une fois me donner le fouet, car j’étais un peu volontaire dans mon enfance ; mais je me débattis si fort, et je lui donnai avec mes jeunes pieds tant de coups dans son vieux ventre, qu’elle tomba tout de son long avec moi et faillit se tuer. […] À Fontainebleau, elle se promenait souvent à pied et faisait chaque fois une bonne lieue à travers la forêt. À son arrivée en France et à son début à la Cour, quand on lui présenta son médecin, elle dit « qu’elle n’en avait que faire, qu’elle n’avait jamais été ni saignée ni purgée, et que, quand elle se trouvait mal, elle faisait deux lieues à pied, et qu’elle était guérie ». […] Un jour qu’elle chantait sans y songer les psaumes calvinistes ou les cantiques luthériens (car elle mêle l’un et l’autre) en se promenant seule dans l’Orangerie de Versailles, un peintre qui était à travailler sur son échafaudage descendit en toute hâte et tomba à ses pieds, en disant avec reconnaissance : « Est-il possible, Madame, que vous vous souveniez encore de nos psaumes ?
Chanoine et chancelier de la cathédrale, ayant avec cela un prieuré, Le Dieu est dans une situation très honnête : « Je suis sur mes pieds, Dieu merci, dit-il ; je n’ai que faire d’eux (des Bossuet). […] il faut à présent faire bien aller la cuisine et tout assaisonner de bon vin. » Il dit une messe en sortant d’une indisposition, et remarque que l’appétit lui est revenu. — Rien n’est parfait en ce monde ; Le Dieu commence à souffrir d’une tumeur au pied gauche ; puis son pied droit s’enfle. À partir de ce moment, il n’y a plus que des détails sur ses maux de pied.
. — Son nom d’abord n’était pas Sismondi, mais Simonde ; son père Gédéon Simonde était pasteur protestant d’un petit village au pied du mont Salève, et descendait d’une famille française du Dauphiné réfugiée a Genève après la révocation de l’Édit de Nantes. […] En quelque lieu qu’il s’arrête, sur quelque métairie qu’il porte ses regards, il voit tout ensemble devant lui, la vigne qui, élégamment suspendue en contre-espalier autour de chaque champ, l’environne de ses festons ; les peupliers, rapprochés les uns des autres, qui lui prêtent l’appui de leur tronc, et dont les cimes s’élèvent au-dessus d’elles ; l’herbe, qui croît au pied de ces élégants contre-espaliers et qui gazonne les bords des nombreux fossés, destinés à l’écoulement des eaux ; les mûriers qui, plantés sur deux lignes au milieu des champs, et à une distance assez grande pour ne pas les offusquer de leur ombre, dominent les moissons ; les arbres fruitiers qui, çà et là, sont entremêlés aux peupliers et à la vigne ; les blés de Turquie qui, s’élevant à six ou huit pieds au-dessus de terre, entourent leurs magnifiques épis de la plus riche verdure ; les trèfles annuels dont les fleurs incarnates se penchent sur leur épais feuillage ; les lupins dont le coup d’œil noirâtre et l’abondante végétation contraste avec la souplesse, l’élégance et la légèreté des seigles non moins vigoureux qu’eux et qui s’élèvent au-dessus de la tête des moissonneurs ; enfin, les blés dont les longs épis dorés sont agités par les vents et rappellent par leurs ondulations le doux mouvement des vagues d’un beau lac. » Le second morceau consacré aux Collines est comme un pendant au tableau des plaines ; celles-ci, dans aucun pays, ne peuvent plaire aux yeux que par l’abondance et la fertilité qui les caractérise. […] Sa correspondance avec la comtesse est sur le pied d’une grande déférence et d’un profond respect, qui a besoin cependant d’arriver et de se fixer à une sorte d’amitié : c’était pour lui, dans toute liaison, la pente naturelle.
De son côté, don Diègue, après être allé se jeter aux pieds du roi pour conjurer la vengeance de Chimène et implorer la grâce de son fils, cherche partout ce fils devenu tout d’un coup invisible. […] Il est venu, comme on dit, la mettre au pied du mur, pour mieux voir de ses yeux la pure passion déployer ses ailes et s’envoler. […] Rodrigue n’est pas mort : loin de là, il a vaincu, désarmé son adversaire, et l’a envoyé pour toute satisfaction porter aux pieds de Chimène cette vaine et inutile épée. […] Et Rodrigue à son tour, se répétant aussi, apporte encore une fois sa tête aux pieds de sa maîtresse, — une pure formalité qui ne saurait être sérieuse et qui se résout en beaux vers.
… » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant. […] Aussitôt que je l’ai aperçu, je me suis jetée toute confuse à ses pieds ; il m’a reçue dans ses bras en m’embrassant à plusieurs reprises et m’appelant sa chère fille avec une bonté dont ma chère maman aurait été touchée. […] De quelle façon la Dauphine dut-elle se conduire à son égard, et sur quel pied dès le premier jour ? […] Une mère, pour obtenir la grâce de son fils compromis par un duel, s’était jetée aux pieds de Mme Du Barry et avait été repoussée ; alors elle recourut en second à la Dauphine ; et comme on essayait de lui faire un tort de sa première démarche : « Mais si j’étais mère, s’écria Marie-Antoinette, pour sauver mon fils, je me jetterais aux genoux de Zamore. » C’était le petit nègre de Mme Du Barry.
Enfin il prend une partie de leurs armes à ses adversaires et les retourne contre eux, en remontant pied à pied. […] De cette ressemblance et de cette similitude de l’homme avec Dieu, il résulte qu’il y a société, au pied de la lettre, entre Dieu et l’homme, et que celui-ci a reçu de Dieu la loi, la pensée et la parole, sans laquelle la pensée humaine n’est pas. […] Êtes-vous pour la Création de l’homme par Dieu prise au pied de la lettre, ou pour une génération à la manière des naturalistes purs ?
Voilà qui est bien conforme et « en parfaite harmonie avec le goût théâtral du moment où nous vivons71. » Pour peu donc qu’on ait le sentiment dramatique et qu’on se mette à envisager les choses à ce point de vue, on indiquerait d’avance, comme dans un bon cours de rhétorique, les endroits, les motifs qui prêtent à une jolie lettre et qui font canevas ou thème : Le moment où la Dauphine quitte les terres de l’empire ; Le moment où elle met le pied sur la terre de France ; Le moment, la minute qui suit la célébration du mariage ; Le moment, la minute où elle devient reine, Louis XV venant de rendre le dernier soupir ; Le moment où, souveraine outragée, elle apprend l’Arrêt du Parlement dans l’affaire du Collier, etc., etc. […] Feuillet ne commence qu’au moment où elle a mis le pied en France, à Strasbourg.
Les chœurs d’Œdipe lus à Colone ; et ceux d’Ion à Delphes ; les odes de Pindare étudiées en présence des lieux célébrés ; un grand historien suivi pied à pied sur le théâtre des guerres qu’il raconte ; l’Arcadie parcourue, Xénophon en main, à la suite d’Épaminondas victorieux, ce seraient là des études parlantes qui résoudraient, j’en réponds, plus d’une difficulté géographique ou autre, née dans le cabinet.
Il y a à Londres un jargon mondain et diplomatique : thé dansante, landau sociable, style blasé, morning-soirée ; solide s’exprime par solidaire, bon morceau par bonne-bouche et de pied en cap par cap à pied 78.
Lépicié Jésus-Christ ordonne à ses disciples de laisser approcher les enfans qu’on lui présente. tableau ceintré de 7 pieds 9 pouces de haut, sur sept pieds 6 pouces de large.
Certains artistes stériles n’ont qu’un petit nombre de positions de corps, qu’un pied, une main, un bras, un dos, une jambe, une tête, qu’on retrouve partout. […] Qu’on prétende que son élève exécutait à merveille la singerie française du respect, j’y consentirai ; mais que cet élève sût mieux qu’un autre se désoler de la mort ou de l’infidélité d’une maîtresse, se jeter aux pieds d’un père irrité, je n’en crois rien.
« Il semblait mourir parce qu’il le voulait ; il y avait de la liberté dans son agonie ; les jambes étaient immobiles, les ténèbres le tenaient par là, les pieds étaient morts et froids, la tête vivait de toute la puissance de la vie, et paraissait en pleine lumière. […] Ce fut le conventionnel qui le rompit (car évidemment l’évêque, confondu, ne savait plus que dire) ; il se souleva sur un coude, présenta son pouce et son index replié un peu vers sa joue, comme on fait machinalement lorsqu’on interroge et qu’on juge (c’était donc maintenant le conventionnel qui, arrogamment, interrogeait et jugeait l’évêque ; le pénitent intervertissait les rôles, et jetait à ses pieds le confesseur au nom de ses doctrines glorifiées) ; il interpella l’évêque avec un regard plein de toutes les énergies de l’agonie. […] Tomber du trône dans les mains meurtrières du savetier Simon jusqu’à ce que mort s’ensuive, ne fut jamais la même chose que tomber d’un mur de dix pieds sur le pavé de la rue. […] Le fait est que, quand il a entendu le terrible évangile du terroriste qui lui confesse son patriotisme sans scrupule pour toute faute ou plutôt pour toute vertu, il tombe à ses pieds, et ne lui demande ni confession, ni repentir, ni sacrements : sa confession, c’est sa vertu mise au jour ; son repentir, c’est l’orgueil avec lequel il s’en va à Dieu, avec son bonnet rouge sur la tête et sa hache en main ; son viatique, c’est l’idéal, ce moi de l’infini ! […] À ses pieds ce qu’on peut cultiver et recueillir ; sur sa tête ce qu’on peut étudier et méditer : quelques fleurs sur la terre, et toutes les étoiles dans le ciel. » XII Nous venons de voir ce que c’est que le paradoxe en matière de sentiment sous la plume d’un écrivain de génie : une absolution de mauvais exemple chantée comme un Te Deum aux excès et aux forfaits de la démagogie de 1793 sur les lèvres d’un saint ; des maximes pernicieuses de fausse économie sociale dans la bouche d’un homme charitable égaré par sa passion de soulager le pauvre peuple.
» XVI Bientôt, aussi mécontent de son nouveau protecteur que du duc de Ferrare, il partit à pied de la cour du duc d’Urbin pour se rendre à la cour de Turin, où son poème avait popularisé son nom. […] Je me retournai et je vis un bouquetin des Alpes poursuivi par deux lévriers pleins d’ardeur ; comme il était fatigué, ils l’atteignirent bientôt, il expira presque à mes pieds. […] Tandis qu’il me parlait ainsi, je le regardais avec attention, et je crus découvrir en lui quelque chose d’extrêmement noble et gracieux ; je vis bien, quoiqu’il fût à pied, que j’avais affaire à une personne au-dessus du vulgaire. […] Je me tus et je suivis en silence ; il se retournait fréquemment et m’examinait de la tête aux pieds, comme pour deviner qui j’étais ; sentant qu’il était convenable de satisfaire jusqu’à un certain point sa curiosité, je lui dis : C’est la première fois que je vois ce pays, car quoique, dans un voyage en France, j’aie traversé autrefois le Piémont, c’était par une autre route ; mais je ne saurais regretter d’avoir pris celle-ci, car le pays est très beau et il est habité par des gens d’une parfaite courtoisie. […] Tandis que nous étions ainsi à converser vint un jeune homme, moins âgé que l’autre, mais non moins beau, qui nous dit que son père était rentré, et, en effet, il arriva aussitôt suivi d’un valet à pied et d’un autre à cheval.