Cet auteur ne fait en cela que donner à l’espece le nom du genre. […] Mais il y a une autre espece de gestes qui ne signifient que parce qu’ils décrivent la chose qu’on veut exprimer par leur moïen. […] Rien n’est plus vicieux dans un orateur, ajoute Quintilien, que d’emploïer dans sa déclamation des gestes de cette espece. […] Nous voïons que les anciens appelloient indistinctement la même personne, danseur et faiseur de gestes, parce que la saltation étoit le genre, et l’art du geste l’espece. […] Il y avoit à Rome des écoles particulieres pour cette espece de saltation.
Non seulement chaque espèce de nerf a son jeu propre, mais le jeu de chaque espèce de nerfs est différent. L’événement extérieur a beau être le même : s’il met en mouvement des nerfs d’espèce différente, les sensations excitées seront différentes. […] Les mêmes mouvements s’observent chez un autre animal sain de même espèce, aussitôt qu’on l’a forcé d’avaler cette décoction amère. » Voilà donc un centre spécial, la protubérance, dont l’action est la condition suffisante et nécessaire de plusieurs espèces de sensations. — Il y a d’autres centres semblables, qui font le même office à l’égard d’autres sensations. […] Telles sont pour la conscience nos cinq familles de sensations, dans chaque famille plusieurs groupes, dans chacun de ces groupes plusieurs espèces, et, parmi les sensations du goût et de l’odorat, presque chaque espèce. — Du même coup, une lumière jaillit sur la structure et sur le jeu interne de notre appareil sensitif. […] Voilà une chaîne de dix ou douze anneaux de diverses espèces, et l’on a vu les lois qui lient plus ou moins fortement chaque anneau à son voisin.
En d’autres termes, les organes accordent leurs caractères de manière à accorder leurs fonctions, et ils accordent leurs fonctions de manière à entretenir ce circuit de déperdition et de réparation qui est la vie de l’individu, et cette succession d’individus qui est l’espèce. — Par suite, telle espèce de dents entraîne telle espèce d’intestin, et réciproquement. […] Tantôt les intermédiaires simultanés sont de la même espèce et se ramènent au même intermédiaire répété dans tous les éléments de l’objet. […] C’est un édifice vivant dans lequel, d’espèce à espèce, et sur un type commun transmis par hérédité, la sélection a superposé les différences utiles. […] Pareillement, plusieurs lignées d’ancêtres ont travaillé tour à tour pour fabriquer chacune de nos espèces. […] De l’origine des espèces, traduction de Clémence Royer, p. 529.
Que l’espèce à l’espèce avec âpreté livre. […] La justice qu’il n’a pas trouvée dans les rapports des espèces entre elles va-t-il la rencontrer au sein de l’espèce, dans l’espèce humaine surtout ? […] Les états se comportent comme les espèces entre elles. Encore y a-t-il une différence à marquer en faveur des animaux ; les individus de la même espèce ne se déchirent pas entre eux. […] En même temps qu’il rétablit la justice dans le cœur de l’homme, il soutient que, hors l’espèce humaine, elle n’a aucune raison d’être, que nos griefs contre la Nature ou la Divinité sont sans fondement.
Monument unique en son espèce, à qui le pourrait-on comparer au théâtre ? […] Ces espèces une fois bien distinguées, on les évalue séparément. […] Pour telle espèce de comédie, dix-huit. […] Sur le ridicule et sur ses espèces. […] Plaute embrassa les deux espèces ainsi que Térence.
On peut distinguer deux espèces de documents. […] Pour les tirer de ce désordre, il faut les trier et les grouper par espèces. […] et par quelles espèces d’activité différaient-ils ? Alors seulement on verra pour quelles habitudes le groupe peut servir de cadre d’études, et on sera conduit à choisir l’espèce de groupe suivant l’espèce de faits. […] Possédons-nous des documents d’espèce diverse ou d’une seule espèce ?
La société qui lit avec plaisir des productions de cette espèce a certainement quelque infirmité… Ce n’est plus, cela, simple affaire de littérature. […] Mais les Mémoires d’une femme de chambre, c’est-à-dire de la femelle de ce genre d’animal dont on a dit le mot resté proverbe : « Pour un valet de chambre, il n’y a pas de héros » (et, vous le savez, la femelle de toutes les espèces est, en fait d’observation, de finesse et de tact, bien au-dessus de tous les mâles de la terre, même dans cette espèce supérieure de messieurs les valets !) […] Ce qu’a fait dernièrement en Angleterre cette fille de compagnie, cette espèce de gouvernante anglaise chez un garçon, qui a tiré de sa situation même un livre poignant de vérité, une âpre peinture des mœurs anglaises, pourquoi une femme de chambre française ne le ferait-elle pas à son tour ? […] Il a attaché les deux siennes, dans toute leur longueur, au loup de velours noir qu’il a mis sur le visage de sa femme de chambre, pourtraite au frontispice de ce volume qui pue le faux ; et si on ne sait pas le sexe de ces deux oreilles, on en sait l’espèce, et cela suffit… L’auteur, quel qu’il soit, n’a pas même de talent littéraire… Du moins n’en a-t-il pas montré. […] La femme de chambre du Monsieur ou de la Madame de lettres anonyme, qui n’a ni la grâce, ni la griffe, ni la vanité féroce, ni la passion, ni l’astuce, ni le sang-froid de l’espèce de femme que l’un ou l’autre a cru singer, a fait quatre conditions, comme on dit dans le langage des domestiques, chez trois lorettes et chez une princesse russe, laquelle équivaut à une quatrième lorette, puisqu’elle est une princesse pire que les trois premières !
Faut-il d’abord vous prouver qu’il y en a plusieurs espèces ? […] Du genre tragique, de ses espèces, et du nombre de ses règles, ou conditions. […] L’un et l’autre ont deux espèces : le nécessaire et le vraisemblable, ordinaires et extraordinaires. […] Telles sont les deux espèces du nécessaire dans le discours. […] Telles sont les deux espèces du nécessaire dans l’action.
Cet élan se continue ainsi par l’intermédiaire de certains hommes, dont chacun se trouve constituer une espèce composée d’un seul individu. […] Il faut pourtant poser cette morale originelle en même temps que l’espèce humaine, et se donner au début une société close. […] Si un tel effort pouvait se généraliser, ce n’est pas à l’espèce humaine, ni par conséquent à une société close, que l’élan se fût arrêté comme à une impasse. […] Au lieu de lui fournir des instruments, comme elle l’a fait pour bon nombre d’espèces animales, elle a préféré qu’il les construisît lui-même. […] Il voudra faire d’elle une espèce nouvelle, ou plutôt la délivrer de la nécessité d’être une espèce : qui dit espèce dit stationnement collectif, et l’existence complète est mobilité dans l’individualité.
Vous faites plus que d’exiger des beautés nouvelles, vous n’en voulez que d’une certaine espèce : nierez-vous, par exemple, que vous êtes l’ennemie des images, qui sont pourtant l’âme de la poésie ? […] combien même y en a-t-il, comme les vers de sentiment, que toute espèce d’image affaiblirait, qui n’ont que l’expression la plus simple, et qui n’en valent que mieux ? […] Voyez Horace, qui nous fournit des modèles de beautés poétiques de toute espèce : vous trouvez dans ses épîtres et ses satires, des vers qui ne sont que pensés ; dans quelques-unes de ses odes le sentiment domine, dans d’autres ce sont les images. […] Vous seriez bien fâchée qu’Horace n’en eût fait que d’une seule espèce. […] je pense qu’on ne peut jamais savoir parfaitement qu’une seule langue ; c’est la sienne propre : encore cela est-il rare ; et je me souviens que Despréaux avait fait une espèce de dialogue satirique contre les versificateurs latins modernes, qu’il supprima de son vivant, pour ne point blesser trois ou quatre latinistes de ses amis, et surtout de ses admirateurs, qui avaient pris la peine de mettre en vers latins son ode sur Namur ; ouvrage d’ailleurs si faible et si défectueux, que les traductions même, toutes latines qu’elles sont, ne paraissent pas au-dessous de l’original.
Les beautés de cette espèce ne sont que du second ordre, car ce qui est grand est préférable à ce qui n’est que fin ; elles sont néanmoins celles qui demandent le plus de sagacité pour être produites, et de délicatesse pour être senties ; aussi sont-elles plus fréquentes parmi les nations chez lesquelles les agréments de la société ont perfectionné l’art de vivre et de jouir. […] Dans un ouvrage de poésie, par exemple, on doit parler tantôt à l’imagination, tantôt au sentiment, tantôt à la raison, mais toujours à l’organe ; les vers sont une espèce de chant, sur lequel l’oreille est si inexorable, que la raison même est quelquefois contrainte de lui faire de légers sacrifices. […] Notre philosophe croira n’avoir rien ôté à un ouvrage de poésie, en conservant tous les termes et en les transposant pour détruire la mesure ; et il attribuera à un préjugé dont il est esclave lui-même sans le vouloir, l’espèce de langueur que l’ouvrage lui paraît avoir contractée par ce nouvel état. […] Ainsi, sur une impression confuse et machinale, ou bien on établira de faux principes dégoût, ou, ce qui n’est pas moins dangereux, on érigera en principe ce qui est en soi purement arbitraire ; on rétrécira les bornes de l’art, et on prescrira des limites à nos plaisirs, parce qu’on n’en voudra que d’une seule espèce et dans un seul genre ; on tracera autour du talent un cercle étroit dont on ne lui permettra pas de sortir. […] Il est une autre espèce d’erreur dont le philosophe doit avoir plus d’attention à se garantir, parce qu’il lui est plus aisé d’y tomber.
Elles ne sont pas inconnues aux Grammairiens qui dans l’énumération de ce qu’ils appellent les accidens des mots, comptent l’espece & la figure : ainsi, disent-ils, les mots sont de l’espece primitive ou dérivée, & ils sont de la figure simple ou composée. […] D’ailleurs les verbes primitifs, auxquels l’usage a refusé un supin, sont également privés de l’espece de dérivation dont nous parlons, quoique l’action qu’ils expriment soit susceptible en elle même de l’espece de modification qui caractérise les verbes fréquentatifs. […] Les derniers ne conviennent qu’aux individus d’une seule espece ; tels sont noyer, olivier, oranger, &c. ». […] C’est qu’il ne faut pas s’en rapporter uniquement au matériel d’un mot pour juger de quelle espece il est. […] I.) vouloit que l’on donnât aux verbes de cette espece le nom d’augmentatifs.
Une espèce qui surgit apporte avec elle, dans l’indivisibilité de l’acte qui la pose, tout le détail de ce qui la rend viable. […] Le grand mystique serait une individualité qui franchirait les limites assignées a l’espèce par sa matérialité, qui continuerait et prolongerait ainsi l’action divine. […] Il traitait donc hommes et dieux en êtres de même espèce, soumis a la même fatalité. […] L’énergie lancée à travers la matière nous était apparue en effet comme infra-consciente ou supra-consciente, en tout cas de même espèce que la conscience. […] Sur la terre, en tout cas, l’espèce qui est la raison d’être de toutes les autres n’est que partiellement elle-même.
Vous en trouverez de cette espèce (et ce sont peut-être les meilleures) ou il n’y a ni fureur poétique, ni invocation, ni que vois-je, ni que sens-je, ni prétendu beau désordre. […] Laissons donc là les définitions, les dissertations, les législations de toute espèce ; et étudions les modèles. […] De plus l’ode a un air de prétention, et tout ce qui s’annonce avec cet air-là effarouche notre siècle, qui devrait pourtant traiter les prétentions avec quelque indulgence, car il en a de toutes les espèces. […] Le temps des hérésies théologiques, si orageux et si humiliant tout à la fois pour l’espèce humaine, est heureusement passé ; celui des hérésies littéraires, moins dangereux et plus paisible, est peut-être venu : peut-être même, dans ces matières frivoles abandonnées à nos disputes, ce qui serait aujourd’hui hérésie scandaleuse sera-t-il un jour vérité respectable. […] Les préjugés, de quelque espèce qu’ils puissent être, ne se détruisent point en les heurtant de front.
Ce nom commun est appellé nom d’espece, parce qu’il convient à chaque individu d’une espece. […] Cet accident est appellé par les Grammairiens l’espece du mot ; ils disent qu’un mot est de l’espece primitive ou de l’espece dérivée. […] ) c’est une figure de mots qui est une espece d’ellipse. […] les monstres de cette espece. […] Ainsi on dira sans article : cheval, est un nom d’espece, homme, est un nom d’espece ; & l’on ne dira pas le cheval est un nom d’espece, l’homme est un nom d’espece, parce que le prénom le marqueroit que l’on voudroit parler d’un individu, ou d’un nom considéré individuellement.
L’œil saisit non-seulement la couleur, la grandeur et la forme, mais la distance dans l’espace, le mouvement, son espèce, sa direction, sa rapidité. […] Chaque état de conscience rentre instantanément dans la classe, l’ordre, le genre, l’espèce, la variété des états de conscience antérieurs semblables à lui. Ainsi la sensation de rouge est immédiatement rangée dans sa classe (épipériphérique), son ordre (visuel), son genre (rouge), son espèce (écarlate), etc. […] Le rapport qui s’établit entre le sujet et l’objet, dans l’acte de la perception, est d’une triple espèce. […] Toute recherche sur l’origine des êtres et des espèces est inutile.
Becquerel a trouvé que cette réduction ne s’opère qu’avec les sucres de la seconde espèce, et qu’elle n’a pas lieu avec les sucres de la première espèce. […] Mais il pourrait se faire qu’il contint du sucre de canne ou tout autre sucre de la première espèce. […] Si à cette deuxième épreuve il n’y a pas de réduction, on en conclura qu’il n’y avait pas de principe sucré, ni à l’état de sucre de deuxième espèce, ni à l’état de sucre de la première espèce. […] Les sucres de la première espèce dévient tout le plan de polarisation à gauche. […] Le foie, comme une espèce d’éponge, se gorge de sang et devient à ce moment beaucoup plus volumineux, il s’y opère une espèce de congestion physiologique.
On avait pratiqué sur la rampe de ces montagnes une espèce de chemin assez large. […] Le bel éloge de l’espèce humaine que ce jugement impartial du cœur en faveur de l’innocence ! […] La morale se renferme donc dans l’enceinte d’une espèce… qu’est-ce qu’une espèce ? […] La chose commune à tous est de l’espèce, la chose propre à chacun distingue l’individu. […] Quelle est à votre avis l’espèce de poésie qui exige le plus de verve ?
Avant Buffon, on n’étudiait que l’individu, on négligeait l’espèce ; il apprit à mieux étudier l’un, et il créa la science de l’autre. […] Il y a différentes races humaines ; il n’y a qu’une espèce : le nègre est un homme. […] La dégénération des espèces, sous la triple influence du climat, de la nature et de la domesticité ; la loi de la distribution des espèces sur le globe, sont deux grandes vérités que la science doit à Buffon. […] Aidée de la géologie et de l’anatomie comparée, elle a restitué leurs ossements où s’était mépris Buffon, à des animaux d’espèces très différentes et aujourd’hui perdues. […] Variétés dans l’espèce humaine.
Voilà les principales espèces de métonymie. […] Ainsi lorsqu’il ne s’entend que des homes, c’est une synecdoque du genre, c’est-à-dire, que sous le nom du genre, on ne conçoit, on n’exprime qu’une espèce particulière ; on restraint le mot générique à la simple signification d’un mot qui ne marque qu’une espèce. […] Sanadon, j’avoue que je ne saurois trouver une synecdoque de l’espèce dans (…). […] Le genre, l’espèce, la cause, les éfets, etc. […] La catachrèse est la première espèce de métaphore.
. — Trois espèces de sensations pour tous les nerfs du toucher. — Sensation de contact, sensation de température, sensation de plaisir et de douleur. — Chacune de ces espèces peut être conservée ou abolie isolément. — Observations sur les malades. — Conditions connues de chaque espèce. — Expériences et observations. — Opinion de Weber. — Ces conditions sont des types distincts d’action pour le même nerf. — Expériences de Fick. — Les caractères différents que nous trouvons dans les sensations totales de contact, de température, de plaisir et de douleur, s’expliquent par l’arrangement différent des mêmes sensations élémentaires. […] Tantôt la sensation élémentaire correspond, trait pour trait, à l’élément dont la répétition constitue tel événement extérieur ; en ce cas, la sensation élémentaire transcrit, une à une, avec leur ordre et leur grandeur, toutes les variations de cet élément ; mais, si on la met en rapport avec des éléments d’une autre espèce, elle est nulle, ou confuse, ou extrême, et impropre à les bien représenter. […] Si, après lui avoir fermé les yeux, on lui plaçait un objet assez volumineux dans la main, il s’étonnait de ne pouvoir la fermer ; il avait la sensation d’une résistance, mais rien de plus ; il ne pouvait rien dire de l’objet, quelles étaient sa forme, sa grandeur, son espèce, s’il était froid ou chaud, piquant ou émoussé, ni même s’il y en avait un. […] Mais ce n’est point là une différence d’action, c’est une différence d’excitant ; il n’y a dans la sensation musculaire proprement dite qu’une espèce de tiraillement semblable aux autres, et capable comme les autres de devenir douleur s’il est poussé loin. On arrive ainsi à démêler, pour les nerfs des muscles comme pour les nerfs de la peau, trois espèces, et seulement trois espèces de sensations, celles de contact, celles de froid et de chaud, celles de plaisir et de douleur. — De plus, on les retrouve toutes les trois, plus ou moins vagues, partout où il y a des nerfs tactiles.
pourquoi même conserver dans notre alphabet cette lettre qui n’est jamais ou qu’une espèce d’accent ou qu’une lettre qu’on conserve pour l’étymologie ? […] Ces deux espèces de mots radicaux étant marqués et désignés, on reconnaîtra aisément et on marquera les dérivés et les composés. […] est-ce parce que l’uniformité des distiques, les repos qui se succèdent à intervalles égaux, et l’espèce de monotonie qui y règne rendaient cette forme propre à exprimer l’abattement et la langueur qu’inspire la tristesse ? […] En effet, le plus ou le moins d’harmonie est peut-être ce qui distingue le plus réellement les différentes espèces de style. […] Ceux qu’on prononce dans l’Académie Française sont de la première espèce.
Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité Je crois devoir faire ici une espece de digression sur les masques dont les comédiens grecs et les comédiens romains se couvroient la tête en joüant. […] Il étoit rare qu’ils quittassent le masque, et même il y avoit une espece de comédiens qui ne le quittoit jamais. […] Il nous suffit qu’Aulugelle ne l’auroit point louée ni adoptée, si de son temps les masques n’eussent point été une espece d’échos. […] Ma conjecture est que l’on plaçoit dans la bouche de ces masques une incrustation qui faisoit une espece de cornet. […] C’étoit une espece de gueule béante qui faisoit peur aux petits enfans.
Je ne parlerai que des personnages allegoriques de la premiere espece, c’est-à-dire des aînez ou des anciens. […] Il est vrai que Raphael en a produit de cette espece ; mais ce peintre si sage ne les emploïe que dans les ornemens qui servent de bordure ou de soutien à ses tableaux dans l’appartement de la signature. […] Je sçais bien qu’il ne parut aucune des divinitez de la mer à cette ceremonie, et cette espece de mensonge détruit une partie de l’effet que l’imitation faisoit sur moi. […] Mais ces mêmes divinitez ne doivent pas avoir part à l’action dans les compositions historiques qui répresentent des évenemens arrivez depuis l’extinction du paganisme, et dans des tems où elles avoient déja perdu l’espece d’ être que l’opinion vulgaire leur avoit donné en d’autres siecles. […] Les compositions allegoriques de la seconde espece sont celles où le peintre mêle des personnages historiques avec les personnages allegoriques.
Si d’ailleurs la transformation s’opère chez divers représentants d’une même espèce, elle peut ne pas obtenir chez tous le même succès. […] La hantise de la forme sociale, qu’on trouve dans un si grand nombre d’espèces, se révèle donc jusque dans la structure des individus. […] La vérité est que la religion, étant coextensive à notre espèce, doit tenir à notre structure. […] Ils s’habitueront à dire qu’ils n’appartiennent pas à la même espèce. Lors donc qu’ils déclarent constituer deux espèces animales, ce n’est pas sur l’animalité, c’est sur la dualité qu’ils mettent l’accent.
En un mot, la diminution de l’homogénéité intrinsèque des sociétés entraînera celle de leur hétérogénéité extrinsèque, et contribuera par là à cet élargissement de la « conscience de l’espèce » qui est une des conditions du succès de l’égalitarisme. […] Dans notre esprit comme dans la réalité, l’accroissement des « variétés individuelles » efface les limites des « espèces » en constituant des « genres » plus larges. […] La solidarité qu’elle y fait vivre est seulement d’une espèce nouvelle. […] Ce n’est rien moins, en effet, que la conspiration de deux principes opposés qui est nécessaire pour abattre le plus sérieux obstacle à l’expansion de l’égalitarisme : l’idée de classe, d’espèce, de caste. […] Il les augmente d’autant plus que les variétés qu’il engendre sont relativement instables, difficilement transmissibles, et par suite n’arrivent pas à se constituer en espèces durablement distinctes.
Qu’importe, en effet, l’exploitation de l’individu par le Génie de l’Espèce ou par le Génie de la Connaissance, si le moi individuel n’est qu’une apparence inconsistante, le point où, à quelque moment de la durée, se fixent, en un équilibre instable, des forces multiples, complexes et insaisissables, qui l’instant d’après, sous une même étiquette, auront formé des combinaisons nouvelles ? […] Désintéressé des buts illusoires que s’obstine à convoiter une entité imaginaire, il est donc plus aisé de s’attacher, ainsi qu’on a résolu de le faire ici, aux phénomènes qui, parmi l’écoulement des individus, demeurent à travers la durée sur la scène du monde, à ces fins que réalise le désir humain détourné des objets chimériques pour lesquels il se consume : la vie de l’Espèce et la Connaissance. […] Si l’on observe que le cycle des illusions qui aboutissent à favoriser le vœu du Génie de l’Espèce ont du même coup pour effet d’engendrer les êtres qui vont être les spectateurs du drame phénoménal, il apparaît que cet ensemble d’artifices, qui se traduisent chez l’homme par autant de conceptions bovaryques, tend à réaliser cette volonté unique d’un être qui se veut étreindre et posséder dans la connaissance de soi-même. […] Le Libre arbitre, l’Unité du moi, le Génie de l’Espèce, le Génie de la Connaissance.
Enfin, comme la société naissante avait différentes espèces d’ennemis, qu’il fallait faire reculer les bêtes féroces dans les déserts, qu’il fallait repousser les brigands ou les peuples armés, on célébra ceux qui pour le repos de tous sacrifiant le leur, se dévouèrent à combattre les lions, les tigres et les hommes. […] On y trouve une imagination plus forte qu’étendue, peu d’art, peu de liaison, nulle idée générale, nul de ces sentiments qui tiennent au progrès de l’esprit, et qui sont les résultats d’une âme exercée et d’une réflexion fine ; mais il y règne d’autres beautés, le fanatisme de la valeur, une âme nourrie de toutes les grandes images de la nature, une espèce de grandeur sauvage, semblable à celle des forêts et des montagnes qu’habitaient ces peuples, et surtout une teinte de mélancolie, tour à tour profonde et douce, telle que devaient l’avoir des hommes qui menaient souvent une vie solitaire et errante, et qui, ayant une âme plus susceptible de sentiment que d’analyse, conversaient avec la nature aux bords des lacs, sur les mers et dans les bois, attachant des idées superstitieuses aux tempêtes et au bruit des vents, trouvant tout inculte et ne polissant rien, peu attachés à la vie, bravant la mort, occupés des siècles qui s’étaient écoulés avant eux, et croyant voir sans cesse les images de leurs ancêtres, ou dans les nuages qu’ils contemplaient, ou dans les pierres grises qui, au milieu des bruyères, marquaient les tombeaux, et sur lesquelles le chasseur fatigué se reposait souvent. […] Au Mexique, au Pérou, au Brésil, au Canada, et jusque dans des pays où les peuples ignoraient l’usage du feu5, on a trouvé des espèces de poèmes destinés à célébrer des espèces de grands hommes.
L’espèce humaine se renouvelant toujours, un individu ne peut faire de vide que dans l’opinion ; et pour que cette opinion existe, il faut avoir un moyen de s’entendre à distance, de se réunir par des idées et des sentiments généralement approuvés. […] La discipline bannit toute espèce d’opinion parmi les troupes. […] Que deviendrait l’être estimable que tant d’ennemis persécutent, si l’on voulait encore lui ôter l’espérance la plus religieuse qui soit sur la terre, les progrès futurs de l’espèce humaine ? […] Je suis donc revenue sans cesse, dans cet ouvrage, à tout ce qui peut prouver la perfectibilité de l’espèce humaine. […] Les idées philosophiques donnent lieu souvent à tant d’interprétations absurdes, que j’ai cru nécessaire d’expliquer positivement, dans la préface de la seconde édition de cet ouvrage, ce que j’entends par la perfectibilité de l’espèce humaine et de l’esprit humain.
C’est une énigme de l’espèce de tant d’autres qu’on ne devinera jamais, comme la cause de l’exil d’Ovide & l’homme au masque de fer, détenu, d’une manière si mystérieuse, à la Bastille. […] L’histoire, que Saurin lui-même en a donnée, est une espèce de roman. […] La réputation qu’il avoit, & qu’on croyoit usurpée, l’accueil qu’on lui faisoit, l’espèce d’empire qu’il s’étoit établi dans la littérature, révoltèrent tous les esprits, & les ramenèrent à un illustre banni dont le mérite ne causoit plus d’ombrage. […] Rien n’est plus grave que cette accusation faite comme une espèce de testament de mort & de dénonciation à la postérité. […] L’imagination de ces trois espèces de conjurés, échauffée par la vengeance, a du se monter, à l’aide l’un de l’autre, sur le ton poëtique de Rousseau, imiter cet essor prodigieux, ce torrent de poësie dont sa bile étoit susceptible.
Mais dans l’article de l’âne, dans celui du chien, il arrive aux idées essentielles de la science, à rechercher et à déterminer au juste en quoi consiste l’espèce, et quel en est le signe distinctif. […] L’homme peut donc non seulement faire servir à ses besoins, à son usage, tous les individus de l’univers, mais il peut encore, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces ; c’est même le plus beau droit qu’il ait sur la nature. Avoir transformé une herbe stérile en blé est une espèce de création dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu’à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu’il peut tirer du sein de la terre ce pain, souvent amer, qui fait sa subsistance. […] Ses idées relatives à l’influence qu’exercent la délicatesse et le degré de développement de chaque organe sur la nature des diverses espèces, sont des idées de génie qui doivent faire la base de toute histoire naturelle philosophique, et qui ont rendu tant de services à l’art des méthodes qu’elles doivent faire pardonner à leur auteur le mal qu’il a dit de cet art. Les idées de Buffon sur la dégénération des animaux et sur les limites que les climats, les montagnes et les mers assignent à chaque espèce, peuvent encore être considérées comme de véritables découvertes qui se confirment chaque jour, et qui ont donné aux recherches des voyageurs une base fixe dont elles manquaient absolument.
La Fontaine pour nous dédommager d’avoir fait une fable aussi mauvaise que l’est la précédente, lui fait succéder un apologue excellent, où il développe avec finesse et avec force le jeu de l’amour-propre de toutes les espèces d’animaux, c’est-à-dire de l’homme, dont l’espèce réunit tous les genres d’amour-propre. […] Espèce d’interjection qu’on n’emploie que proverbialement et dans le style très-familier. […] Elle me rappelle le trait d’un riche particulier qui avait fait dîner ensemble un antiquaire, qui hors de là ne savait rien, et un physicien célèbre dénué de toute espèce d’érudition.
On divise ordinairement la comédie en deux espèces, la comédie d’intrigue et la comédie de caractère. […] Dans l’autre espèce d’intrigue, beaucoup plus commune, tous les incidents sont prémédités. […] La seconde espèce est la comédie de caractère : c’est celle qui est la plus utile aux mœurs et la plus difficile.
La temperature du climat des Païs-Bas et la nature du sol, y font croître les arbres plus près l’un de l’autre, plus droits, plus hauts et mieux garnis de feüilles, que les arbres de la même espece qui viennent en Grece, en Italie et même en plusieurs provinces de la France. […] n’ont pas les proportions aussi élegantes, ni le corsage et l’air aussi nobles que les chevaux que les sculpteurs ont faits depuis qu’ils ont connus les chevaux du nord de l’Angleterre, et que l’espece de ces animaux s’est embellie dans differens païs par le mêlange que les nations industrieuses ont sçû faire des races. […] Du moins nous voïons certainement que les taureaux, les vaches et les porcs des bas reliefs antiques ne sont point à comparer aux animaux de la même espece que l’Angleterre éleve.
L’histoire de l’esprit humain est pleine de synchronismes étranges, qui font que, sans avoir communiqué entre elles, des fractions fort éloignées de l’espèce humaine arrivent en même temps à des idées et à des imaginations presque identiques. […] Le commerce des idées dans l’espèce humaine ne s’opère pas seulement par les livres ou l’enseignement direct. […] Tout cela se faisait par des canaux secrets et par cette espèce de sympathie qui existe entre les diverses portions de l’humanité. […] La société juive offrait l’état intellectuel et moral le plus extraordinaire que l’espèce humaine ait jamais traversé. […] Cette sublime personne, qui chaque jour préside encore au destin du monde, il est permis de l’appeler divine, non en ce sens que Jésus ait absorbé tout le divin, ou lui ait été adéquat (pour employer l’expression de la scolastique), mais en ce sens que Jésus est l’individu qui a fait faire à son espèce le plus grand pas vers le divin.
Aurait-on par hasard constaté quelques rapports constants entre telle altération et telle espèce de folie ? […] Je vais plus loin ; je suppose que l’on ait trouvé une lésion organique constante dans tous les cas de folie, ou des lésions spéciales corrélatives aux différentes espèces : je demanderai si cette lésion peut être considérée comme le fait caractéristique, essentiel, de la folie, et si elle peut servir à en donner une idée quelconque. […] Si la folie se manifestait par des signes organiques contants et certains, pourquoi ne se serviraient-ils pas de la différence de ces signes pour établir la division des différentes espèces de folies ? […] Esquirol reconnaît quatre espèces de folies : la monomanie ou délire partiel avec prédominance de gaieté, la mélancolie ou délire partiel avec prédominance de tristesse, la manie ou délire général avec excitation, la démence ou délire général avec dépression de toutes les facultés. […] Et puis enfin, lors même que la folie serait une espèce d’erreur, quel mal voyez-vous à cela ?
Rien n’est si commun dans toutes les langues que le nom de l’espece donné au genre et le nom du genre attribué à l’espece en stile ordinaire. […] Nous aurons besoin plus d’une fois de supposer que les anciens se soient permis cette espece d’inexactitude. […] Peut-être les anciens ne mesuroient-ils pas les chants de cette espece là, et laissoient-ils à celui qui battoit la mesure en suivant les principes de l’art rithmique, la liberté de marquer la cadence après tel nombre de temps qu’il jugeoit à propos de réunir, pour ainsi dire, sous une même mesure. […] C’étoit la musique hypocritique ou la saltation, qui enseignoit cette espece d’écriture.
C’est cette guerre qui ne dura pas moins de trois ans et demi et qui fut marquée par des cruautés sans exemple, même en ces âges cruels, cruautés surpassées et couronnées elles-mêmes à la fin par une vaste scène d’anthropophagie, que l’auteur de Salammbô a prise pour base et pour canevas de son ouvrage, roman ou espèce de poème en prose. […] Les propositions mêmes d’Hannon, si peu faites déjà pour satisfaire les intéressés, étaient encore dénaturées par des truchements infidèles qui les rapportaient en toutes sortes de langues à cette multitude bigarrée, composée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Baléares, de Grecs de la pire espèce, et surtout d’Africains ; c’était bien là le cas de dire que la plupart de ceux qui traduisaient, trahissaient. […] Flaubert a choisie pour fond et pour sujet de son récit, et qu’il a voulu peindre dans tout le détail de ses atrocités, l’offrant comme une espèce de type de la guerre chez les Anciens ou du moins chez les peuples d’Afrique. […] Chaque espèce et chaque nation de soldats est dépeinte avec son air, ses gestes, ses armures. […] De dépit et hors d’eux-mêmes, ils se jettent alors sur les jardins réservés d’Hamilcar et pénètrent dans l’enceinte où étaient de petits bassins peuplés des poissons de la famille Barca, ayant des pierreries et des anneaux à la gueule ; espèces de dieux lares, de pénates aquatiques.
Je fus admis dans le petit cénacle ; nous formions une espèce de franc-maçonnerie qui avait même son langage et son écriture hiéroglyphique. […] Je regrettais enfin qu’il m’eût parlé avec une espèce de dédain de l’abbé Jouffroy, son parent, très médiocre professeur, il est vrai, mais excellent homme et qui avait été pour lui un second père : c’était, selon moi, pousser un peu loin le zèle d’un nouveau converti. […] Le frère de l’abbé, doué comme celui-ci d’une force herculéenne, était dans mes montagnes une espèce de Rob Roy, la terreur des gendarmes et la providence des émigrés.
Il y avait encore une petite niche avec des rideaux ; et c’était une espèce de chambre pour cacher aux spectateurs certains détails qu’on ne pouvait leur représenter. […] On donnait aussi autrefois le nom de moralités à des espèces de ballets ou opéras. On en représenta un de cette espèce au mariage du prince palatin du Rhin avec la princesse d’Angleterre.
Peut-être en effet, au point de vue physiologique, cette loi n’est-elle, comme la gravitation dans les corps et la sélection dans les espèces vivantes, qu’un cas particulier des lois qui règlent la propagation du mouvement selon la ligne de la moindre résistance. […] Nous avons dit que les idées sont des espèces et que la lutte des idées est une lutte d’espèces ; en voilà une preuve nouvelle : l’humanité porte dans sa tête les embranchements, les ordres, les classes, les familles, les genres des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Jussieu. […] Dans la tête de Franklin, le paratonnerre était préparé d’avance, et l’accident en apparence fortuit, en réalité nécessaire, qui y lit se joindre les idées d’étincelle électrique et de foudre, introduisit dans le monde des idées une espèce nouvelle et viable. […] Le cerveau ne connaissait guère que la contiguïté, dont la similarité d’impressions est une conséquence ; l’intelligence ne connaît guère que la similitude, dont la contiguïté est pour elle une simple espèce et une ébauche. […] La loi de conservation, sous une forme d’abord appétitive, puis intellectuelle, joue ainsi le principal rôle dans la sélection des idées comme dans celle des espèces.
De même que la définition d’une espèce ne donne que les caractères communs à tous les individus de l’espèce, et de même que ces caractères communs ne peuvent jamais se présenter isolés, mais s’accompagnent toujours de caractères individuels qui sont infiniment variables, de même la définition d’un mot ne donne que la portion de sens commune à tous les emplois que les écrivains ont fait de ce mot : à cela vient s’ajouter une valeur spéciale, qui résulte de la combinaison particulière où le mot est entré. Quand le philologue, outre le sens primitif ou général du mot, en note les acceptions dérivées ou particulières, il ne fait que ce que fait le naturaliste, qui divise une espèce en variétés et en races : il y a toujours un point où il faut s’arrêter, et les dernières subdivisions où l’on parvient réunissent toujours des individus qui ont des caractères communs et des caractères propres.
Cet homme est sans morale, ou il est tourmenté par une espèce d’inquiétude naturelle qui le promène malgré lui. […] Au bas de la partie circulaire de l’esplanade, au niveau du terre-plein, il y a une espèce d’enfoncement ou de grotte. […] On a pratiqué au haut de cette porte une espèce de petite fenêtre vitrée. […] Au pan opposé, à gauche, vers le milieu de la hauteur, espèce de cellier où l’on voit des tonneaux, une échelle, quelques figures. […] Au-dessus de leur tête, sous la toiture, une fabrique en bois, une espèce de potence tournant sur son pivot, avec sa poulie, sa corde et son crochet.
Mais quelles espèces de groupements doivent occuper la sociologie ? […] Quant aux associations partielles de toute espèce, parfois éphémères et souvent volontaires, par lesquelles les membres des peuples entrent en rapports, elle les laissait volontiers dans l’ombre : il est plus difficile de leur appliquer les métaphores naturalistes. […] Or, malgré toutes les différences que ses espèces peuvent présenter, quels sont les caractères principaux de cette gens que les historiens reconnaissent partout à l’origine de notre civilisation ? […] Ainsi s’explique, par exemple, l’espèce de jeu de bascule dont l’histoire de la compétence judiciaire au moyen âge nous donne le spectacle. […] Par là s’explique encore l’avidité avec laquelle les affranchis, désireux de se rehausser dans l’estime générale, recherchaient toute espèce de distinctions : un inférieur à qui sur certains points on reconnaît une supériorité doit bientôt être traité en égal.
Comme la simple déclamation consiste aussi-bien que le chant proprement dit, dans une suite de tons plus graves ou plus aigus que le ton qui les a precedez, et qui sont liez avec art entr’eux, il doit y avoir de la mélodie dans la simple déclamation aussi-bien que dans le chant proprement dit, et par conséquent une espece de melopée qui enseigne à bien faire la liaison dont parle Capella, c’est-à-dire à bien composer la déclamation. […] Il y a encore quelques especes de melopée, comme la comique, mais qui peuvent se ranger sous les trois genres dont il vient d’être parlé, quoique chacune espece ait son ton propre. […] Quant au chant des comedies, qui étoit une autre espece de mélodie tragique, nous prouverons invinciblement ci-dessous que le chant des pieces comiques des anciens, bien qu’il s’écrivit en notes, et que l’acteur qui le recitoit fut soûtenu d’un accompagnement, n’étoit au fond qu’une déclamation, et même une déclamation des plus unies. […] Ainsi il n’y avoit peut-être pas dans le genre des melopées tragiques, aucune espece de melopée qui composât un chant musical. […] Il n’y a gueres de déclamation qu’on ne puisse écrire en notes avec dix caracteres differens dont chacun marqueroit une inflexion de voix particuliere ; et comme on apprenoit l’intonation de ces accens, en même-temps qu’on apprenoit à lire, il n’y avoit presque personne qui n’entendît cette espece de notes.
Je me contenterai donc d’ajoûter à ce que j’ai déja dit, que les acteurs qui joüoient la comedie n’avoient d’autre chaussure qu’une espece de sandale qu’ils appelloient socque, au lieu que ceux qui déclamoient la tragedie montoient sur le cothurne, espece de brodequin dont la semele étoit de bois, ce qui les faisoit paroître d’une taille fort élevée au-dessus de celle des hommes ordinaires au rapport de Lucien, de Philostrate et de plusieurs autres écrivains qui les voïoient tous les jours. […] L’art d’écrire en notes les chants de toute espece, étoit déja très-ancien à Rome dès le temps de Ciceron. […] Je sçais bien qu’on ne trouveroit pas d’abord des personnes capables de lire couramment cette espece de musique et de bien entonner les notes.
Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence § I. Trois espèces de jugements Les premiers furent les jugements divins. […] Ainsi toutes les nations eurent toujours une espèce d’excommunication. […] Les duels durent être chez les nations barbares une espèce de jugements divins, qui commencèrent sous les gouvernements divins et furent longtemps en usage sous les gouvernements héroïques ; on se rappelle ce passage de la Politique d’Aristote (cité dans les axiomes) où il dit que les républiques héroïques n’avaient point de lois qui punissent l’injustice et réprimassent les violences particulières 99.
Cela a été le sort commun de toutes les espèces races ou variétés qui ont précédé l’homme blanc sur la terre. […] C’est une constance de principe et qui s’applique à l’espèce à la variété. […] L’hypothèse d’une nouvelle espèce animale douée d’intelligence n’est pas anti-philosophique. […] Mais, victime des moyens artificiels par lesquels il a prolongé l’existence de son espèce, l’homme peut se dire qu’il a créé un monde parmi les mondes et une espèce surnaturelle parmi les cent mille espèces naturelles qui vivent ou qui ont vécu sur la terre. […] L’instinct est fixe dans l’individu comme dans l’espèce ; le génie, fixe dans l’espèce humaine, est assez flottant dans l’individu, soumis à des sursauts et à des déclins, évoluant selon une courbe oscillante.
La littérature bourgeoise, en sa forme narrative, se présente à nous sous deux espèces : le Roman de Renart, et les Fabliaux. […] Ainsi chaque espèce est fortement individualisée ; à l’abstraite et vague idée qu’évoque le nom commun de l’espèce, le nom propre, personnel, substitue l’image précise d’une physionomie et d’un tempérament uniques. […] que leurs noms individualisent, redeviennent des types, et figurent la permanence indéfinie de l’espèce. […] Quand eut-on, et qui eut l’idée géniale, épique, d’ajouter au nom de l’espèce un nom propre qui fit surgir l’individu du type ? […] Plus fréquentes sont les farces de provinciaux goguenards, toute espèce de bons tours et d’aventures comiques, toute sorte de bons mots, de calembours et de reparties qui ont paru drôles.
Les regles de la poësie latine prescrivent un certain métre ; elles prescrivent une figure particuliere à chaque espece de vers. […] Nos vers doivent être composez d’un certain nombre de syllabes suivant l’espece du vers. […] Or il ne me souvient que d’un seul morceau de poësie françoise qui soit de cette espece, et qu’on puisse opposer en quelque façon à tant d’autres vers que les latins de tous les temps ont loüez dans les ouvrages des poëtes qui avoient écrit en langue vulgaire. […] La suite des syllabes longues et bréves, entremêlées diversement suivant la proportion prescrite par l’art, amene toûjours dans les vers latins une cadence telle que l’espece dont sont les vers la demande. […] Le nombre arithmétique des syllabes qui doivent entrer dans la composition de chaque espece de vers latins, est déterminé avec égard à la longueur ou à la brieveté de ces syllabes.
Or, si l’on admet cette conception du nombre, on verra que toutes choses ne se comptent pas de la même manière, et qu’il y a deux espèces bien différentes de multiplicité. […] À vrai dire, chacun de nous établit une distinction entre ces deux espèces de multiplicité quand il parle de l’impénétrabilité de la matière. […] Mais la conception d’un milieu vide homogène est chose autrement extraordinaire, et paraît exiger une espèce de réaction contre cette hétérogénéité qui constitue le fond même de notre expérience. […] Bref, il faudrait admettre deux espèces de multiplicité, deux sens possibles du mot distinguer, deux conceptions, l’une qualitative et l’autre quantitative, de la différence entre le même et l’autre. […] Nous entendons par là que notre esprit, lorsqu’il les pense, les retrouve toujours dans une espèce d’immobilité, comme si elles lui étaient extérieures.
Il y en a dans la philosophie du dix-huitième siècle, et d’espèce étrange autant que puissante : car, non seulement il est l’œuvre d’une longue élaboration historique, l’extrait définitif et condensé auquel aboutit toute la pensée du siècle ; mais encore ses deux principaux ingrédients ont cela de particulier qu’étant séparés ils sont salutaires et qu’étant combinés ils font un composé vénéneux. […] Dans l’astronomie, la suite des calculs et des observations qui, de Newton à Laplace, transforment la science en un problème de mécanique, expliquent et prédisent tous les mouvements des planètes et de leurs satellites, indiquent l’origine et la formation de notre système solaire, et débordent au-delà par les découvertes d’Herschel, jusqu’à nous faire entrevoir la distribution des archipels stellaires et les grandes lignes de l’architecture des cieux. — Dans la physique, la décomposition du rayon lumineux et les principes de l’optique trouvés par Newton, la vitesse du son, la forme de ses ondulations, et, depuis Sauveur jusqu’à Chladni, depuis Newton jusqu’à Bernoulli et Lagrange, les lois expérimentales et les théorèmes principaux de l’acoustique, les premières lois de la chaleur rayonnante par Newton, Kraft et Lambert, la théorie de la chaleur latente par Black, la mesure du calorique par Lavoisier et Laplace, les premières idées vraies sur l’essence du feu et de la chaleur, les expériences, les lois, les machines par lesquelles Dufay, Nollet, Franklin et surtout Coulomb expliquent, manient et utilisent pour la première fois l’électricité. — En chimie, tous les fondements de la science, l’oxygène, l’azote, l’hydrogène isolés, la composition de l’eau, la théorie de la combustion, la nomenclature chimique, l’analyse quantitative, l’indestructibilité de la matière et du poids, bref les découvertes de Scheele, de Priestley, de Cavendish et de Stahl, couronnées par la théorie et la langue définitives de Lavoisier. — En minéralogie, le goniomètre, la fixité des angles et les premières lois de dérivation par Romé de Lisle, puis la découverte des types et la déduction mathématique des formes secondaires par Haüy. — En géologie, les suites et la vérification de la théorie de Newton, la figure exacte de la terre, l’aplatissement des pôles, le renflement de l’équateur328, la cause et la loi des marées, la fluidité primitive de la planète, la persistance de la chaleur centrale ; puis, avec Buffon, Desmarets, Hutton, Werner, l’origine aqueuse ou ignée des roches, la stratification des terrains, la structure fossile des couches, le séjour prolongé et répété de la mer sur les continents, le lent dépôt des débris animaux et végétaux, la prodigieuse antiquité de la vie, les dénudations, les cassures, les transformations graduelles du relief terrestre329, et à la fin le tableau grandiose où Buffon trace en traits approximatifs l’histoire entière de notre globe, depuis le moment où il n’était qu’une masse de lave ardente jusqu’à l’époque où notre espèce, après tant d’autres espèces détruites ou survivantes, a pu l’habiter Sur cette science de la matière brute, on voit en même temps s’élever la science de la matière organisée. […] Le sauvage, « le Brasilien est un animal qui n’a pas encore atteint le complément de son espèce ; c’est une chenille enfermée dans sa fève et qui ne sera papillon que dans quelques siècles ». […] Ce que nous trouvons d’abord en lui, c’est la sensation, de telle ou telle espèce, agréable ou pénible, par suite un besoin, tendance ou désir, par suite enfin, grâce à un mécanisme physiologique, des mouvements volontaires ou involontaires, plus ou moins exactement et plus ou moins vite appropriés et coordonnés. […] Sur l’amélioration des espèces utiles, il énonce d’avance les idées de Darwin.
Telle est du moins cette espèce de panthéisme, que l’on peut appeler idéaliste, où Dieu se réduit à l’idée de l’être universel, c’est-à-dire à une pure abstraction. […] Guizot, par ce fait capital que le monde n’a pas toujours été tel qu’il est ; la vie a commencé sur la surface du globe ; les espèces animales ont aussi commencé ; l’homme a commencé également, Or, à moins d’admettre que la vie est le résultat des forces de la matière, et que l’homme, comme toute espèce animale, est le produit d’une lente élaboration des siècles, on est obligé d’avoir recours à la puissance surnaturelle du Créateur ; mais d’une part la doctrine de la génération spontanée, de l’autre la doctrine de la transformation des espèces, sont des hypothèses arbitraires, repoussées par la science. […] Ainsi l’apparition subite de la vie, des espèces animales, de l’homme sur la terre, prouve la création.
Fenouillot une espece de Tragédie intitulée les Jammabos, où l’Auteur se déchaîne courageusement contre des hommes respectables qui n’existent plus, & qui existeroient encore s’ils n’avoient eu pour ennemis que des détracteurs de cette espece.
Dans la seconde, la seule qui soit venue jusqu’à nous, Prométhée est puni par les dieux, jaloux des services qu’il a rendus à l’espèce humaine. […] Le Camp est une espèce de prologue sans aucune action. […] Le chœur ne doit jamais être que l’organe, le représentant du peuple entier ; tout ce qu’il dit doit être une espèce de retentissement sombre et imposant du sentiment général. […] Dans les deux cas, le poëte reparaît, pour ainsi dire, en avant des personnages, et il y a une espèce de prologue ou de préface sous-entendue, qui nuit à la continuité de l’impression. […] Le sentiment brave l’opinion, et elle s’en irrite : l’intérêt cherche à la tromper en la ménageant, et, lors même qu’elle découvre la tromperie, elle sait gré à l’intérêt de cette espèce d’hommage.
Les sotties étaient des espèces de farces, caractérisées par une satire effrénée et souvent même personnelle. […] Les poètes de ce temps cachaient le plus souvent leur véritable nom, ou ne l’indiquaient que dans quelque endroit de leurs ouvrages, par des espèces d’acrostiches ; c’est-à-dire, par les lettres initiales d’un certain nombre de vers, lesquelles répondaient à celles dont était formé leur nom, ou un autre que souvent ils adoptaient et qui pouvait les faire connaître.
Cet homme avoit pourtant une espece de génie ; mais il manquoit de goût & de méthode. […] Boulanger est Auteur de quelques autres Ouvrages, tels que le Despotisme Oriental, l’Antiquité dévoilée, qui respirent plus ou moins l’indépendance de toute espece d’autorité & de Religion.
Il y a dans les libertins, dans ceux qui s’enivrent, dans les joueurs, dans les avares, les deux espèces de mouvement qui font les ambitieux en tout genre, le besoin d’émotion et la personnalité : mais dans les passions morales, on ne peut être ému que par les sentiments de l’âme, et ce qu’on a d’égoïsme n’est satisfait que par le rapport des autres avec soi, tandis que le seul avantage de ces passions physiques c’est l’agitation qui suspend le sentiment et la pensée ; elles donnent une sorte de personnalité matérielle, qui part de soi pour revenir à soi, et fait triompher ce qu’il y a d’animal dans l’homme sur le reste de sa nature. […] Sans doute, c’est un sentiment très pénible que craindre à l’avance le péril qui menace, c’est de la souffrance dans le calme : mais l’instant de la décision, mais le jeu, quelque cher qu’il soit dans le moment où il se hasarde, est une espèce de jouissance, c’est-à-dire d’étourdissement. […] Aimer l’argent, pour arriver à tel ou tel but, c’est le regarder comme un moyen, et non comme l’objet ; mais il est une espèce d’hommes qui, considérant en général la fortune comme une manière d’acquérir des jouissances, ne veulent cependant en goûter aucune ; les plaisirs, quels qu’ils soient, vous associent aux autres, tandis que la possibilité de les obtenir est en soi seul, et l’on dissipe quelque chose de son égoïsme, en le satisfaisant au-dehors.
Excepté dans quelques industries purement mécaniques, qui changent le mode d’une civilisation sans en changer le fond, où sont donc ces symptômes si frappants de la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine ? […] La philosophie de la perfectibilité continue et indéfinie n’est donc pas seulement l’illusion, elle est la dérision de l’espèce humaine. […] Cette conviction intime, qui devient illusion s’il s’agit d’un progrès indéfini et absolu de l’espèce, n’est nullement une déception s’il s’agit d’une amélioration relative, locale, temporaire d’une partie de l’humanité. […] Cet instinct est, comme celui du perfectionnement indéfini de l’espèce, un mensonge ici, une vérité plus loin. […] Rien n’est illimité dans notre petite espèce, bornée à un éclair de durée, à un atome d’espace, à une pincée de poussière.
Comme tout acte constitutif d’une espèce, celui-ci fut un arrêt. […] Tout le long de sa route il rencontre des obstacles, et les espèces successivement apparues sont les résultantes de cette force et de forces antagonistes : celle-là pousse en avant, celles-ci font qu’on tourne sur place. […] Par l’intermédiaire de ces volontés géniales l’élan de vie qui traverse la matière obtient de celle-ci, pour l’avenir de l’espèce, des promesses dont il ne pouvait même être question quand l’espèce se constituait. […] C’est une faculté que l’individu emploie naturellement à le tirer des difficultés de la vie ; elle ne suivra pas la direction d’une force qui travaille au contraire pour l’espèce et qui, si elle prend en considération l’individu, le fait dans l’intérêt de l’espèce. […] Et la dualité elle-même se résorbe dans l’unité, car « pression sociale » et « élan d’amour » ne sont que deux manifestations complémentaires de la vie, normalement appliquée à conserver en gros la forme sociale qui fut caractéristique de l’espèce humaine dès l’origine, mais exceptionnellement capable de la transfigurer, grâce à des individus dont chacun représente, comme eût fait l’apparition d’une nouvelle espèce, un effort d’évolution créatrice.
Comme une espèce favorisée par le sol et le climat, elle envahit tous les terrains, elle accapare l’air et le jour pour elle seule, et souffre à peine sous son ombre quelques avortons d’une espèce ennemie, un survivant d’une flore ancienne comme Rollin, un spécimen d’une flore excentrique comme Saint-Martin. […] Toutes les hautes têtes du siècle sont ses rejetons, et, parmi celles-ci, quelques-unes sont au nombre des plus hautes qu’ait produites l’espèce humaine C’est que la nouvelle semence est tombée sur le terrain qui lui convient, je veux dire dans la patrie de l’esprit classique. […] L’homme qui a écrit les Salons, les Petits Romans, les Entretiens, le Paradoxe du Comédien, surtout le Rêve de d’Alembert et le Neveu de Rameau, est d’espèce unique en son temps. […] Ses boutades, ses sarcasmes, les duretés de toute espèce qu’il adresse aux grands, aux gens à la mode et aux femmes, son ton raide et tranchant font scandale, mais ne déplaisent pas. […] Il y a toute une littérature de cette espèce.
Ce Bescherelle, plus complet, est devenu une espèce de bon dieu, au milieu des réclames et des dévotions de la gent libre-penseuse. […] Il se voit, je ne sais à propos de quel petit méfait, à la suite duquel il avait été sermonné par son précepteur, puis fouetté, puis privé de dîner, il se voit se promenant dans le jardin, et buvant, avec une espèce de plaisir amer, l’eau salée qui de ses yeux, le long de ses joues, lui tombait dans les coins de la bouche. […] Puis il revient à moi, et me crie que le grand Gavarni, l’immense Gavarni, le Gavarni qui touche à Michel-Ange est dans ses premières œuvres, mais qu’au sortir du Charivari, ce n’est plus qu’un procédé, qu’une manière… Il continue, dans une espèce de bagout à la Chenavard, à dire des choses qu’on ne dirait pas à un porteur de bandes. […] J’ai fait construire, au haut de ma maison, une cage en cristal, une espèce de serre, qui m’a bien coûté 6 000 francs. […] Rentré à la maison, à la chaleur de votre feu, une espèce d’ensommeillement s’empare de vous, une plaisante immobilité monte dans vos jambes et vos bras fatigués.
Ces grands anatomistes ont-ils donné à ce sujet autre chose que des opinions, déduites des comparaisons les plus grossières, mais sans aucune espèce de valeur réelle ? […] Le phoque est dans ce cas, mais la maxillaire n’est pas moins développée chez lui que dans les espèces voisines et terricoles. […] Des glandes parotides de chien furent broyées : il en résulta une espèce de pâte couleur de chair ; on y ajouta de l’eau, et le mélange forma une espèce de liquide blanchâtre comme du lait qu’on laissa macérer pendant vingt-quatre heures. […] Dumas explique la formation du tartre en admettant deux espèces de salives, l’une acide, l’autre alcaline, qui sursature la première. […] Si l’on neutralise la salive avec du suc gastrique qui est acide, et qu’on y ajoute ensuite de l’huile, on a beau agiter le mélange, toute espèce d’émulsion est impossible.
J’ai supposé que le sang de celui qui compose s’échauffât ; car les peintres et les poëtes ne peuvent inventer de sang froid : on sçait bien qu’ils entrent en une espece d’entousiasme, lorsqu’ils produisent leurs idées. […] Il faut être inspiré d’une espece de fureur, pour faire de beaux vers. […] Je ne parle point de celle qui consiste dans le ton de voix et dans l’air de tête, cette espece de hauteur n’est qu’une morgue qui marque un esprit borné, et qui rend un homme plus méprisable aux yeux des philosophes, que ne l’est aux yeux des courtisans, le laquais chargé de la livrée d’un ministre disgracié.
On sent très bien que dans ces sortes d’ouvrages, on donne toujours un peu plus à l’appareil et à une espèce de pompe, qu’à l’exacte vérité. […] Il faut avouer que Godeau, évêque de Vence, et Benserade, et Voiture, et Sarrazin, et Coëffeteau et Santeuil, ne sont pas tout à fait des grands hommes de la même espèce ; mais il y en a d’autres, tels que Du Cange, si justement fameux par son glossaire ; Sirmond par son travail sur les conciles de France et sur les capitulaires de Charles-le-Chauve ; Pétau par sa chronologie ; Joseph Scaliger par l’érudition la plus profonde sur l’antiquité ; les deux frères Pithou, et Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque du roi, par la vaste étendue de leurs connaissances sur notre histoire ; tous hommes célèbres dans leur siècle, et qui ne sont peut-être pas assez estimés dans le nôtre. […] Il faut avouer que cette espèce de sentiment a quelque chose de singulier.
L’hérédité les fixe enfin et en fait un attribut de l’espèce. […] Les idées abstraites sont de deux espèces. […] L’instinct est commun à l’espèce. […] Nous ne voyons pas actuellement les espèces se transformer. Actuellement, il y a un abîme entre les espèces.
Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve siècle ; — oh ! […] Après l’espèce de trio chanté par Madeleine et ses deux demoiselles, la toilette ou plutôt le complément de la toilette commence, car c’est dans le boudoir même que nous avons accès. […] Il n’est pas dénué de cette espèce d’avantage et de dédommagement qui semble revenir surtout aux œuvres modernes : il peint les mœurs modernes, les coutumes et costumes d’un temps ; il en est un témoignage. […] Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement. […] Leur conclusion au sujet de l’héroïne d’Orléans, de cette généreuse Pucelle, qui a mis en défaut jusqu’ici toute espèce de fantaisie ou de fiction, et que la vérité seule peut désormais louer, est aussi fort sage.
L’érudit est plein de morgue, parce qu’il fait partie d’une espèce de confrérie occupée de choses mystérieuses, qui a ses traditions, ses rites, son langage. […] Leurs travaux de fourmis et de termites modifient à la longue, chez les êtres les plus intelligents de notre espèce, la vision du monde et de l’histoire. […] Cette recherche désintéressée, pour être soutenue avec l’espèce d’héroïsme qu’y apportent certains esprits, suppose, ou la foi en cette idée que la vérité est bonne, quelle qu’elle puisse être, où la résignation à la vérité même triste, même décevante, même inintelligible. […] Mais, après avoir admiré cette exposition si large et si précise, si majestueuse et si pleine, songeons qu’elle résume tout un amoncellement d’études spéciales, minutieuses, insignifiantes, sans lesquelles cette exposition n’est pourtant pas possible ; qu’un érudit de l’espèce de M. […] Nous sommes revenus à l’absolue liberté, comme avant la Renaissance Le réalisme, si en faveur à présent, est chose du moyen âge Le roman est aujourd’hui une bonne moitié de la littérature, comme au moyen âge Les épopées du moyen âge défrayent notre poésie et notre musique La poésie personnelle et lyrique, ressuscitée de nos jours, est chose du moyen âge plus que de la Renaissance et a été presque inconnue des deux derniers siècles ; Musset est plus proche de Villon que Boileau Le mysticisme, la préoccupation du surnaturel, l’espèce de sensualité triste dont sont pénétrés si curieusement, en plein âge scientifique, les livres de beaucoup de jeunes gens, ce sont encore choses du moyen âge ; Baudelaire est moins loin que Boileau de l’auteur du Mystère de Théophile.
Le nom de pantomime, qui signifie imitateur de tout, étoit donné à cette espece de comédiens, apparemment parce qu’ils imitoient et parce qu’ils expliquoient toutes sortes de sujets avec leur geste. […] En effet, les romains, comme on va le voir, devinrent fous de cette espece de spectacle. […] On se servoit dans ces représentations de flutes d’une espece particuliere, et qu’on appelloit tibia dactilica. […] Mais, comme nous l’avons observé déja, les conversations de toute espece sont plus remplies de démonstrations, elles sont bien plus parlantes aux yeux, s’il est permis d’user de cette expression, en Italie que dans nos contrées. […] J’alleguerai comme une espece de preuve de ce que je viens d’avancer, le livre d’un auteur italien, Giovanni Bonifacio, intitulé, l’ arte de’ cenni ou l’art de s’expliquer par signes.
Depuis un demi-siècle, il s’est fait parmi nous une espèce de révolution ; on apprécie mieux la gloire ; on juge mieux les hommes ; on distingue les talents des succès ; on sépare ce qui est utile de ce qui est éclatant et dangereux ; on ne pardonne pas le génie sans la vertu ; on respecte quelquefois la vertu sans la grandeur ; on perce enfin à travers les dignités pour aller jusqu’à l’homme. […] Ils sont persuadés que l’écrivain, borné au rôle d’historien-philosophe, doit mieux voir et mieux peindre ce qu’il voit ; qu’en cherchant moins à en imposer aux autres, il en impose moins à lui-même ; que celui qui veut embellir, exagère ; qu’on perd du côté de l’exacte vérité tout ce qu’on gagne du côté de la chaleur ; que pour être vraiment utile, il faut présenter les faiblesses à côté des vertus ; que nous avons plus de confiance dans des portraits qui nous ressemblent ; que toute éloquence est une espèce d’art dont on se défie ; et que l’orateur, en se passionnant, met en garde contre lui les esprits sages qui aiment mieux raisonner que sentir. […] Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ? […] Qu’un homme se livre à un de ces mouvements, l’effet est prévu, il ne produit rien ; on croit voir quelqu’un qui s’échafaude pour étonner, et cette espèce d’appareil fait rire ; quelques hommes même ont pris ces formules pour de l’éloquence : autre source de ridicule. […] Vous n’ignorez point qu’il y a entre les idées deux espèces de liaison, l’une métaphysique et froide, et qui consiste dans un enchaînement de rapports et de conséquences ; celle-là n’est que pour l’esprit ; l’autre est pour l’âme, et c’est elle seule qui en a le tact ; elle est produite par un sentiment général qui circule d’une idée à l’autre, qui les unit, qui les entraîne toutes ensemble comme une seule et même idée, et ne permet jamais de voir ni où l’esprit s’est reposé, ni d’où il a repris son élan et sa course.
Nos idées sont des signes, c’est-à-dire des sensations ou des images d’une certaine espèce. Nos images sont des sensations répétées, survivantes, spontanément renaissantes, c’est-à-dire des sensations d’une certaine espèce. […] En dehors de mes sensations tactiles et visuelles, je ne trouve rien en moi qu’un acte d’attention pure, acte spirituel, d’espèce unique, incomparable à tout autre. — Rien d’étonnant dans ce jugement ; si l’acte est spirituel et pur, c’est qu’il est vide ; nous l’avons vidé nous-même, en retirant de lui tous ses caractères, pour les poser à part et faire d’eux un objet. […] Par une conséquence forcée, des jugements affirmatifs suivent ces images ; selon leur espèce, nous croyons avoir devant nous tel ou tel objet, « un livre ouvert imprimé en fort petit texte et que nous lisons péniblement4 un hermaphrodite, un ragoût à la moutarde d’où s’exhale une odeur forte, tel tableau de Michel-Ange, un lion, une figure verte rhomboédrique », quantité de personnages et de paysages. […] Le même travail suit, quelle que soit l’espèce des images.
Mais un système est une espèce de damnation qui nous pousse à une abjuration perpétuelle ; il en faut toujours inventer un autre, et cette fatigue est un cruel châtiment. […] L’étonnement, qui est une des grandes jouissances causées par l’art et la littérature, tient à cette variété même des types et des sensations. — Le professeur-juré, espèce de tyran-mandarin, me fait toujours l’effet d’un impie qui se substitue à Dieu. […] Je m’appliquerai donc, dans la glorieuse analyse de cette belle Exposition, si variée dans ses éléments, si inquiétante par sa variété, si déroutante pour la pédagogie, à me dégager de toute espèce de pédanterie. […] Souvent il arrive que c’est le principe même qui a fait leur force et leur développement qui amène leur décadence, surtout quand ce principe, vivifié jadis par une ardeur conquérante, est devenu pour la majorité une espèce de routine. […] Quand David, cet astre froid, et Guérin et Girodet, ses satellites historiques, espèces d’abstracteurs de quintessence dans leur genre, se levèrent sur l’horizon de l’art, il se fit une grande révolution.
Quoi qu'il en soit, il ne plut pas à tout le monde, & fit interdire la Chaire à l'Abbé de Villars, qui pour lors avoit dans la prédication une espece de célébrité dont il ne reste à présent aucune trace. […] Il dit contre lui mille autres injures de cette espece, si fidélement copiées sur les pupitres de Ferney.
Dans ces régions désolées et sauvages qui ne sont guère fréquentées que par l’Indien, l’espèce du daim commun était extraordinairement abondante. […] On n’entendait point leur note plaintive ; leur huppe n’était pas redressée et les vibrations de leur queue, si remarquables dans cette espèce, semblaient faibles et languissantes. […] Des centaines d’observations m’ont prouvé, depuis, que cette espèce émigre toujours pendant la nuit. […] Ayant fait couper un arbre de cette espèce, j’ai compté dans l’intérieur du tronc une cinquantaine de ces nids, et, de plus, chaque branche creuse en renfermait un. […] Les canards de toute espèce, les poules d’eau, les outardes fuient par bataillons serrés, que le cours de l’eau emporte ; proies que l’aigle dédaigne, et que ce mépris sauve de la mort.
La monogamie de fait se rencontre chez plusieurs espèces animales et dans certaines sociétés inférieures, non pas à l’état sporadique, mais avec la même généralité que si elle était imposée par la loi. […] Ces deux espèces de sociétés conjugales ont donc une signification très différente, et pourtant le même mot sert à les désigner ; car on dit couramment de certains animaux qu’ils sont monogames, quoiqu’il n’y ait chez eux rien qui ressemble à une obligation juridique. […] En zoologie, les formes spéciales aux espèces inférieures ne sont pas regardées comme moins naturelles que celles qui se répètent à tous les degrés de l’échelle animale. […] Garofalo prend pour le genre ce qui n’est que l’espèce ou même une simple variété. […] C’est la même faute de méthode qui fait que certains observateurs refusent aux sauvages toute espèce de moralité29.
Mais laissons, si l’on veut, la question ouverte sur ce point, au moins est-il clair que pour l’homme, le plus hétérogène des animaux, c’est dans les subdivisions civilisées de l’espèce que l’hétérogénéité s’est le plus produite ; que l’espèce est devenue plus hétérogène en vertu de la multiplication des races et de la différenciation des races entre elles. […] Voilà donc au moins cinq espèces de changements, produits par un simple choc. […] Une espèce vivante, animale ou végétale, à mesure qu’elle se répand et occupe une aire plus étendue, se trouve exposée à des conditions fort différentes de climat, de sol, de lumière, de chaleur ; aussi la voit-on donner naissance à des variétés nombreuses. […] « Finalement, les faits tendent à montrer que chaque espèce de progrès est de l’homogène à l’hétérogène, et que cela est parce que chaque changement est suivi de plusieurs changements. » L’interprétation complète du phénomène de l’évolution, présentée sous une forme systématique et dans un ordre synthétique se réduit, en résumé, aux propositions suivantes : Le principe fondamental de révolution est la persistance de la force : c’est de lui seul que tout se déduit. […] Dans l’évolution sociale, nous voyons une première différenciation d’espèce analogue : celle des gouvernants et des gouvernés, des maîtres et des esclaves, des nobles et des serfs.
En France, il salue donc comme incomparable le siècle de Louis XIV ; et, au xviiie siècle, il ne trouve qu’une classe d’hommes supérieurs et d’une espèce particulière, la seule qui manquât au grand siècle : « Je les appellerai volontiers philosophes de génie : tels sont M. de Montesquieu, M. de Buffon, etc. » Voltaire est le seul des littérateurs purs et des poètes qui soutienne le vrai goût par ses grâces., son imagination et sa fertilité naturelle : mais, selon Grimm il ne fait que soutenir ce qui fléchissait déjà. […] Rousseau prétend toujours ramener l’homme à je ne sais quel âge d’or primitif auquel il regrette que l’espèce ne se soit point arrêtée : Supposons avec M. Rousseau, dit Grimm, que l’espèce humaine soit maintenant dans l’âge de vieillesse qui répond à l’âge de soixante ou soixante-dix ans d’un individu, n’est-il pas évident qu’on ne peut pas faire un crime à un homme d’avoir soixante ans ? […] Or, ce qu’on ne peut reprocher à un individu ne peut non plus faire un reproche pour l’espèce. […] Ces tristes idées qu’il avait de tout temps nourries, et où il faisait bon marché de la majorité de l’espèce, durent lui revenir plus habituelles et plus présentes dans les années de sa chagrine vieillesse, après qu’il eut perdu tous ses amis, et quand le monde, bouleversé en apparence, se renouvelait autour de lui d’une façon si étrange.
Avec les connaissances étendues dont il a fait preuve dans son ouvrage, Cénac-Moncaut nous paraissait digne de traiter ce sujet à son tour et d’essayer ainsi de nous donner un livre d’ensemble, la seule espèce de livres d’histoire que, par parenthèse, il importe de publier aujourd’hui. […] Pour donner une idée des choses excellentes et souvent fort belles que nous perdons dans cette espèce d’étouffement de l’esprit de l’auteur par les détails de son récit, nous transcrirons tout entier un passage que nous trouvons dans son quatrième volume, et qui nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien. […] La tombe est pour les dynasties une espèce de prise de possession plus officielle et plus sainte que leur installation sur le trône. […] Or, cette espèce d’histoire-là, ce ne sont pas les renseignés, les savants, les attachés et les attelés aux faits qui la composent, tous ces gens qui, voulant faire un livre exact et impartial, n’ont qu’à barrer leurs portes et rester assez indifférents pour ne jamais mentir ; mais bien ceux plutôt qui impriment leur pensée et leurs doctrines sur la face brute de l’Histoire.
Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord. […] Cependant sa légèreté qui autrefois se mêlait à de grandes choses, s’amusait des petites, et l’imagination de ses citoyens, impuissante et active, leur donnait cette espèce d’inquiétude et de mouvement qui naît de la faiblesse jointe au souvenir de la force. […] Il semble que cette espèce de vigueur qui donne un mouvement rapide à l’esprit et du nerf aux idées, ait toujours manqué à l’Asie. […] Telle est la fin de ce discours qui est adressé à Trajan même, et où l’on reconnaît par tout le héros qu’il a voulu peindre ; on peut dire que c’est une espèce d’éloge allégorique.
Tous les objets dont on s’y occupe sont grands, et en même temps sont utiles ; c’est l’empire des connaissances humaines ; c’est là que vous voyez paraître tour à tour la géométrie qui analyse les grandeurs, et ouvre à la physique les portes de la nature ; l’algèbre, espèce de langue qui représente, par un signe, une suite innombrable de pensées, espèce de guide, qui marche un bandeau sur les yeux, et qui, à travers les nuages, poursuit et atteint ce qu’il ne connaît pas ; l’astronomie, qui mesure le soleil, compte les mondes, et de cent soixante-cinq millions de lieues, tire des lignes de communication avec l’homme ; la géographie, qui connaît la terre par les cieux ; la navigation, qui demande sa route aux satellites de Jupiter, et que ces astres guident en s’éclipsant ; la manœuvre, qui, par le calcul des résistances et des forces, apprend à marcher sur les mers ; la science des eaux, qui mesure, sépare, unit, fait voyager, fait monter, fait descendre les fleuves, et les travaille, pour ainsi dire, de la main de l’homme ; le génie qui sert dans les combats ; la mécanique qui multiplie les forces par le mouvement, et les arts par l’industrie, et sous des mains stupides crée des prodiges ; l’optique qui donne à l’homme un nouveau sens, comme la mécanique lui donne de nouveaux bras ; enfin les sciences qui s’occupent uniquement de notre conservation ; l’anatomie par l’étude des corps organisés et sensibles ; la botanique par celle des végétaux ; la chimie par la décomposition des liqueurs, des minéraux et des plantes ; et la science, aussi dangereuse que sublime, qui naît des trois ensemble, et qui applique leurs lumières réunies aux maux physiques qui nous désolent. […] Vous les voyez presque tous nés avec une espèce d’instinct qui se déclare dès le berceau et les entraîne ; c’est l’énigme de la nature : qui pourra l’expliquer ? […] Vous en voyez plusieurs passionnés pour l’étude, et indifférents pour la gloire ; éloignés de cette ostentation, qui est toujours faiblesse ; ne s’apercevant pas même de ce qu’ils sont, ce qui est la vraie modestie ; honorant leurs bienfaiteurs, louant leurs rivaux, assez fiers pour faire du bien à leurs ennemis ; vous en voyez quelques-uns, ornés des grâces, qui, dans le monde, font pardonner les vertus ; mais ce qui fait le caractère du plus grand nombre, ce sont toutes les qualités que donne l’habitude de vivre plus avec les livres qu’avec les hommes : je veux dire des mœurs, les sentiments de la nature ; cette candeur si éloignée de toute espèce d’art ; Cette bonne foi de caractère qui agit d’après les choses, non d’après les conventions, et ne songe jamais à prendre son avantage avec les hommes ; une simplicité qui contraste si bien avec le désir éternel d’occuper de soi, vice des cœurs froids et des âmes vides ; l’ignorance de presque tout, hors des choses utiles et grandes ; une politesse qui quelquefois néglige les dehors, mais qui, au lieu d’être ou un calcul fin d’amour-propre, ou une vanité puérile, ou une fausseté barbare, est tout simplement de l’humanité ; enfin cette tranquillité d’âme, qui, ayant apprécié tout, et n’estimant dans ce songe de la vie que ce qui mérite de l’être, c’est-à-dire, bien peu de choses, ne se passionne pour rien, et se trouve au-dessus des agitations et des faiblesses.
C'est de mauvais goût de rappeler qu’un jour, au bal de la cour, invité par la duchesse de Berry à s’asseoir près d’elle sur une espèce de trône, il refusa humblement : On dit qu’un jour de bal, du temps de Charles dix, Sur les degrés du trône il s’arrêta jadis. […] Il doit bien rire vraiment et a droit de mépriser un peu fort l’espèce. […] Il a une très-jolie maison dans le faubourg élégant (rue de la Pépinière), une espèce de petit kiosque chinois, avec rochers, verres de couleur, etc., et surtout un jardin charmant, tout à fait chinois aussi.
De là deux espèces de déterminisme, deux démonstrations empiriques, différentes en apparence, de la nécessité universelle. […] En les faisant cristalliser sous forme de mots bien définis, il enlève par avance toute espèce d’activité vivante à la personne d’abord, et ensuite aux sentiments dont elle est émue. […] Bref, défenseurs et adversaires de la liberté sont d’accord pour faire précéder l’action d’une espèce d’oscillation mécanique entre les deux points X et Y. […] On passera donc insensiblement du premier sens au second, et l’on se représentera la relation causale comme une espèce de préformation du phénomène à venir dans ses conditions présentes. […] Mais ou ces mots perdent toute espèce de signification, ou l’on entend par là que les mêmes causes internes ne provoqueront pas toujours les mêmes effets.
Le Poëme du Jugement de Pâris est une espece de phénomene. […] Versification leste, piquante, coupée avec une agréable variété : morale saine, ingénieuse, utile, & très-heureusement exprimée : fécondité d’invention dans les sujets, dans les tournures, dans les détails, dans les applications : imitations heureuses des graces ingénues de l’Auteur de Joconde : telles sont les richesses que la Muse de ce nouveau Fabuliste offre aux Amateurs de l’Apologue & du Conte, c’est-à-dire à toute espece de Lecteurs.
Elle est une espece de Chimie destructive, qui anéantit les substances en les divisant, & ne tire des corps dépouillés de leurs parties, qu’une cendre stérile, fruit ordinaire de ses opérations. […] Le doute est une espece de fonds héréditaire que les Philosophes se transmettent les uns aux autres : mais la vérité n’est point leur héritage ; elle est celui du bon usage, des lumieres, & de la raison.
Tout cela n’est rien aux yeux du législateur immoral pour qui tout le spiritualisme social, et même sentimental, consiste à nier toute loi morale et tout sentiment, et à ne voir dans la divine loi de filiation de l’être pensant que le phénomène d’une sève nourricière, d’une chair humaine, qui, quand elle a passé d’une veine à une autre veine, ne laisse à l’espèce renouvelée que le devoir de fleurir un jour sur les débris desséchés et indifférents de l’espèce qui fleurissait hier dans le même sillon ! […] Si donc la famille, comme nous l’avons démontré, est nécessaire à la continuation de l’espèce, l’hérédité, sans laquelle il n’y a pas de famille, est donc de souveraineté naturelle, de droit divin, de sociabilité absolue. […] La loi vengeresse des attentats du sophisme contre ces décrets de la nature, c’est la mort de l’espèce […] On se demande si le droit d’aînesse, cette espèce de jugement de Dieu, qui tire au sort la propriété, ce droit du premier occupant dans la vie, doit être la loi de l’hérédité. On se demande si les sexes doivent faire des différences dans la loi de partage ; si les filles, par leur état de faiblesse et de minorité, espèce d’esclavage attribué par la nature à la femme, doivent posséder des propriétés territoriales qu’elles ne peuvent pas assez défendre.
Il ne resterait plus à un pareil législateur qu’à interdire le mariage et qu’à honorer le célibat philosophique pour consommer autant qu’il serait en lui le suicide de l’espèce humaine ! XXIV D’autres philosophes de l’Orient ne se sont pas arrêtés devant ce suicide de l’espèce, témoin les faquirs de l’Inde et les monastères du Thibet. […] Que pourrait inventer de mieux un législateur, s’il avait la nature à sa disposition et s’il était chargé de perpétuer et de moraliser l’espèce humaine ? […] Que dire enfin de l’immolation légale des enfants moins bien conformés que les autres, afin de purifier l’espèce physique en dépravant l’espèce morale ? […] Société d’où seraient expulsés tous les arts qui ennoblissent, cultivent, consolent, sublimisent l’espèce humaine !
Se concevoir autre par le moyen de l’éducation, subir la suggestion de la notion, c’est se déplacer et progresser, c’est se montrer capable de saisir la corde tressée par l’industrie de l’humanité, et de hisser, par un raidissement de l’effort, sa propre et frêle personnalité jusqu’au plateau conquis et aménagé par les meilleurs de l’espèce. […] II Enfermé dans les limites que l’on vient d’indiquer, et pris seulement comme un moyen de fixer dans l’espèce humaine les inventions réalisées par les meilleurs hommes, le rôle qu’il convient d’attribuer au pouvoir bovaryque, demeure, on le voit, d’une importance capitale. […] L’évolution de la série des espèces animales peut, en effet, se figurer par un éventail, dont toutes les branches issues d’un même angle, où il semble qu’elles se confondent, vont par la suite s’écartant les unes des autres, excluant de plus en plus toute possibilité de communiquer entre elles. […] C’est par son pouvoir de se concevoir autre que l’homme peut évoquer, sous le regard de sa conscience et utiliser pour son règne sur les autres espèces et sur les choses, la somme de tous les efforts accomplis par les individus de son espèce.
Si j’avais eu à composer un tableau pour une chambre criminelle, espèce d’inquisition d’où le crime intrépide, subtil, hardi s’échappe quelquefois par les formes, qui immolent d’autres fois l’innocence timide, effrayée, alarmée ; au lieu d’inviter des hommes, devenus cruels par habitude, à redoubler de férocité par le spectacle hideux des monstres qu’ils ont à détruire, j’aurais feuilleté l’histoire ; au défaut de l’histoire, j’aurais creusé mon imagination jusqu’à ce que j’en eusse tiré quelques traits capables de les inviter à la commisération, à la méfiance, à faire sentir la faiblesse de l’homme, l’atrocité des peines capitales et le prix de la vie. […] Au centre de la toile, au-dessus d’une estrade d’où l’on peut descendre par quelques degrés, vers le côté gauche de la toile, ste Julitte debout, entre les mains des bourreaux, dont un, plus sur le fond et la gauche, lui tient les mains serrées de liens ; un second placé derrière la sainte, lui bat les épaules d’un faisceau de cordes ; un troisième à ses pieds, se penche vers les degrés pour ramasser d’autres fouets, parmi des instrumens de supplice. à gauche sur les degrés, le cadavre de st Cyr, les pieds vers le fond, la tête sur le devant. à gauche, une espèce de tribune, le préteur ou juge assis, le coude appuyé sur la balustrade et la tête posée sur sa main. […] Regardez bien ce tableau, Monsieur De La Grenée ; et lorsque je vous disais : donnez de la profondeur à votre scène ; réservez-vous sur le devant un grand espace de rivage ; que ce soit sur cet espace que l’on présente à César la tête de Pompée ; qu’on voie d’un côté, un genou fléchi, l’esclave qui porte la tête ; un peu plus sur le fond et vers la droite, Théodote, ses compagnons, sa suite ; autour et par derrière, les vases, les étoffes, et les autres présens ; à droite, le César entouré de ses principaux officiers ; que le fond soit occupé par les deux barques et d’autres bâtimens, les uns arrivant d’égypte, les autres de la suite de César ; que ces barques forment une espèce d’amphithéâtre couvert des spectateurs de la scène ; que les attitudes, les expressions, les actions de ces spectateurs soient variées en tant de manières qu’il vous plaira ; que sur le bord de la barque la plus à gauche il y ait, par exemple, une femme assise, les pieds pendans vers la mer, vue par le dos, la tête tournée, et allaitant son enfant ; car tout cela se peut, puisque j’imagine votre toile devant moi, et que sur cette toile j’y vois la scène peinte comme je vous la décris ; et convenez que lorsque je vous l’ordonnais ainsi, vous aviez tort de m’objecter les limites de votre espace. […] Au mur de la droite, en haut, une espèce de garde-manger ceintré où sont un panier, des légumes, des ustensiles domestiques. […] Homme nu, à demi-couché sur une espèce de sopha dont le dossier est relevé.
Ce sont donc de grands signes que le choix des mots, la longueur et la brièveté des périodes, l’espèce et le nombre des métaphores ; le tour des phrases explique l’espèce des idées et l’écrivain annonce tout l’homme. […] Considérez maintenant le choix des mots et l’espèce des métaphores. […] Un très-bon moyen de réfuter ces philosophes, serait de transformer les connaissances de la seconde espèce en connaissances de la première espèce, et de faire rentrer la raison contestée dans la conscience incontestée.
Clovis a été découronné dans ces derniers temps de l’espèce d’auréole et, pour tout dire, de perruque à la Louis XIV, dont avaient cru devoir le décorer les derniers historiens ou compilateurs de nos annales. […] M. de Saint-Priest se déclare avec beaucoup d’insistance contre l’origine prétendue germanique de cette nouvelle dynastie, et contre l’espèce de caractère d’invasion franke qu’on a donné à son usurpation sur la première race abâtardie. […] Aux coups que lui porte Pepin d’Héristal, l’antique suprématie mérovingienne, avec l’espèce de fédération allemande et frisonne qui en dépendait, se détruit et se brise. […] La papauté est là tout à propos, qui appose une espèce de sacrement au fait nouveau, et qui le confirme par l’onction, ce qui ne s’était pas vu pour Clovis. […] Charlemagne n’y a pas plus échappé que Dagobert, et il joue souvent dans les romans de chevalerie une espèce de rôle de bonhomme entre ses douze pairs et son archevêque Turpin, qui est son saint Eloi.
Cette dernière espèce d’éloquence n’est peut-être pas la moins puissante ; on est moins en garde contre l’insinuation que contre la force. […] Cependant si l’orateur doit bannir de son discours la finesse épigrammatique, qui n’est souvent que l’art puéril et méprisable de faire paraître les choses plus ingénieuses qu’elles ne sont, il est une autre espèce de finesse qui lui est permise, quelquefois même nécessaire, et qu’il ne faut pas confondre avec l’obscurité. […] L’orateur exercé aperçoit par une espèce d’instinct la succession harmonieuse des mots, comme un bon lecteur voit d’un coup d’œil les syllabes qui précèdent et celles qui suivent. […] La prose de Molière est toute pleine de vers de cette espèce : en voici un exemple tiré de la première scène du Sicilien. […] Ces missionnaires semblent du moins pénétrés de ce qu’ils annoncent ; et leur élocution brusque et grossière produit son effet sur l’espèce d’hommes à qui elle est destinée4.
Cette espèce de stérilité relative dont on ne se doute pas à distance tient-elle à une cause générale ou particulière, momentanée ou plus profonde ? […] C’est toujours la Révolution qui vient sur nous de toute la force de sa nécessité, et qui, quoi qu’on ose et qu’on fasse, emportera tous les gouvernements les uns après les autres pour ne les remplacer par aucune espèce de gouvernement. […] Il pose l’ongle là où la Critique doit enfoncer son scalpel… Eh bien, la Critique sera tout étonnée un jour de ne trouver dans le Caliban du socialisme, dans cette espèce de mastodonte dont les énormités n’épouvantent déjà plus, qu’un talent incontestable, mais facile à apprécier et qui n’étonnera et ne désespérera personne !
Mais cette imitation, qui est dans les usages de l’esprit humain, même quand on a du talent, est moins acceptable lorsqu’il s’agit de fantastique que quand il s’agit de toute autre espèce de littérature. […] C’est enfin un allemand, mais sans niaiserie, un allemand de la bonne espèce, très au courant des choses allemandes, des paysages allemands, des mœurs allemandes. […] Nous ne parlons pas du Sacrifice d’Abraham, une grande diablesse d’histoire dont Rembrandt est le héros, laquelle n’a pas de raison pour être plutôt dans ce volume que dans tout autre volume de nouvelles, et qui en aurait une que je sais bien de n’y être pas… Enfin, dans les Contes de la montagne, où l’auteur se détire de son fantastique et commence de s’en dégager, vous ne trouverez que deux contes de cette espèce : Le Violon du pendu et L’Héritage de mon oncle Christian, aussi faibles d’ailleurs que tout le reste ; car pour le Conte qui a presque proportion de roman, et qui envahit, à lui seul, tout le volume, ce très beau Conte de Hugues-le-Loup, je ne le mets point parmi les tentatives fantastiques de l’auteur, malgré la donnée somnambulique qui en fait le dénouement et qui a été si rabâchée depuis Shakespeare, mais je le place plutôt parmi les autres récits, où le talent d’Erckmann-Chatrian, son talent réel et lumineux, — son talent antifantastique — s’est montré avec le plus de suite et d’éclats.
Gambetta arrive essoufflé, la voix rauque, se présentant avec une espèce de dandinement roulant, titubant, et toutes les marques et les apparences d’une caducité extraordinaire chez un homme, né en 1838. […] … Oui quand il ne pourra plus cracher, il sera nettoyé. » Il est question d’une espèce de maladrerie de banlieue, où demeurent tous ces estropiés, et où, un vieux père Romain vient faire, pour un sou, les lits des gens qui ne peuvent se lever. […] * * * — Aujourd’hui, au dîner Brébant, devenu une espèce d’antichambre de ministère, c’est autour de moi un susurrement à voix basse de gens qui se demandent et se promettent des places pour les amis. […] Sauf deux ou trois bâtonnets de couleur de son pays, entre autres une espèce de jaune, couleur de gomme gutte, et du bleu verdâtre, l’artiste se servait de couleurs au miel, de couleurs européennes. […] Alors brutalement, et comme sans souci de la délicatesse de son dessin, il a fait pleuvoir de gros pâtés d’encre de Chine, qui étendus avec un blaireau, ont détaché sur la légère demi-teinte d’un ciel gris, les branchages et les oiseaux enfermés dans une couche de neige, faite miraculeusement par ces espèces d’archipels gardés secs dans le papier.
Réciproquement, si l’on enlève le cerveau à un autre animal de même espèce en lui laissant le cervelet, on voit qu’il continue à se mouvoir régulièrement, mais comme un automate, étant privé des facultés de percevoir et de vouloir. […] Malgré l’expérience de la poule qui a perdu l’instinct de manger, il n’est pas sûr que l’ablation des lobes cérébraux supprime toute espèce de mouvements instinctifs proprement dits. […] Gall était un esprit trop observateur pour s’en tenir à la doctrine de Cabanis et de l’école de la sensation, qui ne reconnaissait aucune espèce d’innéité ni de facultés ni de penchants. […] La religion peut rêver, quoique le christianisme lui-même ne l’ait point fait, une âme qui contemple, qui aime, qui jouisse, sans aucune espèce de corps, dans une vie future. […] Nous en sommes encore à comprendre comment cette espèce de déterminisme, si l’on veut absolument se servir du mot, serait incompatible avec la notion de liberté, telle que nous la donne la conscience.
Molière, sans songer précisément à la politique, en avait sans doute tiré des jours profonds pour la peinture morale de l’espèce, pour sa comédie dont le rire inextinguible ne saurait faire oublier les sanglantes morsures et les perpétuelles insultes à la guenille humaine. […] Que serait-ce encore si l’on revendiquait ces autres savants d’un ordre élevé, ces moralistes implicites et d’autant plus sûrs qu’ils embrassent plus de rapports d’ensemble, ce Buffon qui se rendait d’autant mieux compte de l’homme qu’il était sorti comme naturaliste de la vue circonscrite de l’espèce, et qu’il inaugurait dans son ampleur l’étude, encore si neuve aujourd’hui, de la physiologie comparée en ce qui est des faits de sensibilité et d’intelligence ! […] Mais il en sortit et il surnagea, au milieu de ce flot de passions, j’allais dire de ce fleuve de sang, une plus grande connaissance des garanties, des forces et puissances sociales, et une idée, malgré tout persistante, d’espérance et de progrès pour l’espèce. […] La Fronde, à ce point de vue, a été une espèce d’école de morale très suffisante, très complète et pas trop forte. […] Et moi je vous dis : Les paradoxes du xviiie siècle ont plus fait pour l’avancement de l’espèce que les magnifiques lieux communs du xviie .
. — Il est abstrait parce qu’il désigne un extrait, c’est-à-dire une portion d’individu, laquelle se retrouve dans tous les individus du groupe ; le nom d’arbre exprime la qualité commune à toutes les espèces d’arbres, peupliers, chênes, cyprès, bouleaux, etc. ; celui de polygone représente la qualité commune à toutes les sortes de polygones, triangles, quadrilatères, pentagones, hexagones, etc. — On voit la liaison de ces deux caractères du nom ; il est général parce qu’il est abstrait ; il convient à toute la classe parce que l’objet désigné, n’étant qu’un morceau, peut se retrouver dans tous les individus de la classe, lesquels, semblables à ce point de vue, restent néanmoins dissemblables à d’autres points de vue. Voilà un couple d’espèce nouvelle, puisque son second terme n’est pas un objet dont nous puissions avoir perception et expérience, c’est-à-dire un fait entier et déterminé, mais une portion de fait, un fragment retiré par force et par art du tout naturel auquel il appartient et sans lequel il ne saurait subsister. […] Le nom est devenu l’équivalent des caractères communs aux divers squelettes de l’espèce, comme des caractères communs aux divers individus vivants de l’espèce ; sa présence, qui auparavant ne réveillait que les images de certaines formes velues, animées, bondissantes, réveille en outre maintenant les images de certaines charpentes osseuses et inanimées. — Elle peut réveiller bien d’autres images, celles de toutes les particularités mécaniques, physiques, chimiques, anatomiques, vitales, morales, qu’un naturaliste ou un moraliste peut remarquer dans l’espèce des chats ; elle les rassemble sous elle en même temps que les noms par lesquels on les désigne ; elle est le substitut de toute cette troupe.
J’en sais de diverses espèces, plusieurs tout à fait excentriques, sceptiques, polythéistes, bouddhistes, matérialistes purs, panthéistes parfaits. […] Beaucoup d’espace, beaucoup de jour, peu de meubles ; en fait de livres, une bibliothèque toujours ouverte où sont les quatre-vingt-quatre volumes de Voltaire, et les trente-deux volumes de Condillac ; une autre, énorme, comblée d’ouvrages de fonds, mémoires des académies, journal des savants, recueils des mémoires et des historiens originaux, catalogues de faits de toute espèce et de toute forme ; dans un cabinet, quelques herbiers, deux ou trois squelettes, des cartons de portraits ou d’estampes, bref un choix de spécimens. […] Étant donnés le climat, les aliments, le type héréditaire, l’espèce de gouvernement et de religion, l’aspect du sol et du ciel, on sait que cet amas de causes produit des gens d’imagination, ayant le don d’inventer et de contempler avec émotion de beaux systèmes de formes, de sons ou de couleurs. […] Quelle espèce de transformation y a-t-elle produite ? […] Quelle est l’espèce et la mesure de son imagination ?
À l’occasion de l’Uranie de Tiedge, j’ai remarqué que les personnes pieuses forment une espèce d’aristocratie comme les personnes nobles. J’ai trouvé de sottes femmes, et j’ai été obligé de supporter de la part de plusieurs d’entre elles une espèce d’examen à mots couverts sur ce point. […] Je vis entre autres des nids de linots et de diverses espèces de fauvettes, à des hauteurs différentes suivant leurs habitudes. […] « Le voici, dit Goethe, en le tirant d’un amas d’objets bizarres de toute espèce. […] La cause, c’est que chaque espèce supporte plus ou moins facilement le froid et l’intempérie.
Je m’en tiens d’autant plus aisément à sa Geneviève, qu’elle est infiniment spirituelle et qu’elle n’a aucune espèce de prétention. […] Cependant madame Lauter est morte de bonne heure, et son mari, reparu incognito et assez fabuleusement, espèce de millionnaire à la façon des héros de M. de Balzac, devient comme le Deus ex machina des péripéties finales.
Si, dans le système du monde, les diverses natures des êtres, des espèces, des choses, des sensations, se tiennent par des intermédiaires, il est certain que la passion du crime est le chaînon entre l’homme et les animaux ; elle est à quelques égards aussi involontaire que leur instinct, mais elle est plus dépravée ; car c’est la nature qui a créé le tigre, et c’est l’homme qui s’est fait criminel : l’animal sanguinaire a sa place marquée dans le monde, et il faut que le criminel le bouleverse, pour y dominer. […] Cet acte irréparable, cet acte qui seul donne à l’homme un pouvoir sur l’éternité, et lui fait exercer une faculté qui n’est sans bornes que dans l’empire du malheur ; cet acte, quand on a pu, dans la réflexion, le concevoir et l’ordonner, jette l’homme dans un monde nouveau, le sang est traversé ; de ce jour, il sent que le repentir est impossible, comme le mal est ineffaçable ; il ne se croit plus de la même espèce que tout ce qui traite du passé avec l’avenir. […] Le scélérat est inquiet et défiant au fond de sa propre pensée ; il traite avec lui-même comme avec une sorte d’ennemi ; il garde avec sa réflexion quelques-uns des ménagements qu’il observe pour se montrer au public ; et, dans un tel état, il n’existe jamais l’espèce de calme méditatif, d’abandon à la réflexion, qu’il faut pour contempler toute la vérité et prendre d’après elle une résolution irrévocable.
Les femmes, ayant toutes la même destinée, tendent toutes au même but ; et cette espèce de jalousie qui se compose du sentiment et de l’amour propre, est la plus difficile à dompter. […] Jamais le commun des femmes ne pourra supporter de chercher à plaire à un homme, devant une autre femme ; il y a aussi une espèce de fortune commune à tout ce sexe en agréments, en esprit, en beauté, et chaque femme se persuade qu’elle hérite de la ruine de l’autre. Il faudrait donc ou une absence totale de sentiments vifs qui, en détruisant la rivalité, amortirait aussi toute espèce d’intérêt, ou une vraie supériorité, pour effacer la trace des obstacles généraux qui séparent les femmes entre elles ; il faut trouver autant d’agréments qu’on peut s’en croire, et plus de qualités positives, pour qu’il y ait du repos dans elle, et du dévouement en soi ; alors le premier bien, sans doute, est l’amitié d’une femme.
Le droit de parler au peuple assemblé, dans Rome libre, avait appartenu aux magistrats, et dans Rome esclave, aux empereurs ; ce droit faisait partie de la souveraineté ; c’était une espèce de magistrature d’autant plus puissante, qu’elle commandait aux volontés en dirigeant les opinions, et que toute opinion, dans un peuple assemblé, a une force terrible, parce que la force de chacun s’y multiplie par la force de tous. […] Du temps de Cicéron et de César, on avait vu fleurir l’éloquence républicaine animée par la liberté et de grands intérêts ; sous les premiers empereurs, une espèce d’éloquence monarchique, fondée sur la nécessité de flatter et de plaire ; vers les temps de Marc-Aurèle, l’éloquence des sophistes, qui, n’ayant aucun intérêt réel, était un jeu d’esprit pour l’orateur et un amusement de l’oisiveté pour les peuples. […] Son goût pour les sciences multiplia encore ses panégyriques ; car c’est une espèce de séduction à laquelle les philosophes même ne résistent pas.
Toute espèce se subdivise en variétés qui tendent à s’écarter, toujours davantage, du type primitif dont elles sont issues. […] Mais, en tout cas, le critérium manque qui permettrait d’établir la supériorité d’une espèce nouvelle sur l’espèce qu’elle supplanta ou à côté de qui elle se développa. […] Ils descendraient, comme nous, d’une espèce aujourd’hui éteinte. […] Plus une espèce fournit d’individus bien nourris, vigoureux, doués de beauté, plus elle est apte à varier. […] Cependant c’est d’une telle recherche que dépend cette transfiguration de l’espèce dont nous ne cessons pas de rêver.
Une espèce est la suite d’une autre espèce, comme un terrain géologique est la suite d’un autre terrain. […] Pour arriver avec ce principe à la transformation des espèces anciennes en espèces nouvelles, il faut encore admettre un facteur d’une importance énorme, l’hérédité des caractères acquis. […] Les espèces ne sont pas toutes contemporaines ; elles sont descendues les unes des autres et ne possèdent qu’une fixité relative et temporaire ; les variétés engendrent des espèces. […] Elle n’est d’ailleurs pas un fait absolument général et son intensité, pour une même cause, est très variable, non seulement dans les différentes espèces animales, mais à l’intérieur d’une même espèce. […] C’est une communion à la fois mystique et réelle, sous les espèces du métal.
Comme l’a montré Darwin, dans la nature organique il ne peut se développer, en moyenne, que des organes utiles de fait à l’individu et à l’espèce. […] Il peut naître, dans un animal, divers organes selon les diverses espèces de mouvements physiques. […] Nous n’avons de sens particuliers que pour les influences extérieures qui peuvent être favorables ou défavorables à notre existence, et seulement dans la proportion des nécessités ou des appétits do notre espèce. […] Peut-être certaines espèces ont-elles un sens de l’orientation qui nous manque et que nous aurions eu si, comme une sorte d’aiguille aimantée, nous eussions été dans la nécessité de nous tourner vers le nord. […] A coup sûr, les organes des sens sont des condensateurs, des espèces d’appareils grossissants.
Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité dans la voix, et une espèce de hoquet, qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] Le genre sérieux et galant n’était pas le génie de Molière ; et cette espèce de poëme n’ayant ni le plaisant de la comédie, ni les grandes passions de la tragédie, tombe presque toujours dans l’insipidité. […] Autant Molière paraît surpasser Plaute dans cette espèce de plaisanterie que les Romains nommaient urbanité, autant paraît-il aussi l’emporter dans l’économie de sa pièce. […] Dès lors les rivaux se réveillèrent ; les dévots commencèrent à faire du bruit ; les faux zélés, (l’espèce d’hommes la plus dangereuse) crièrent contre Molière, et séduisirent même quelques gens de bien. […] La vanité, attribut de l’espèce humaine, fait que les princes prennent le titre de rois, que les grands seigneurs veulent être princes ; et, comme dit La Fontaine, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.
Chacune comprend sous elle plusieurs espèces ou plusieurs individus. […] Mais, à mesure que l’esprit humain se développa, à mesure que l’on trouva les paroles qui signifient des formes abstraites, ou des genres comprenant leurs espèces, ou unissant les parties en leurs entiers, les expressions des premiers hommes devinrent des figures. […] On inventa alors les particules, dont les prépositions, également monosyllabiques, sont une espèce nombreuse. […] En effet, les poètes ayant d’abord formé le langage poétique par l’association des idées particulières, comme on l’a démontré, les peuples formèrent ensuite la langue de la prose, en ramenant à un seul mot, comme les espèces au genre, les parties qu’avait mises ensemble le langage poétique. […] Les fondateurs de la civilisation humaine se livrèrent à une topique sensible, dans laquelle ils unissaient les propriétés, les qualités ou rapports des individus ou des espèces, et les employaient tout concrets à former leurs genres poétiques ; de sorte qu’on peut dire avec vérité que le premier âge du monde s’occupa de la première opération de l’esprit.
Mais en la considérant moins dans la diversité des sujets que dans le procédé qu’elle y emploie, dans la disposition et l’allure qu’elle y apporte, on peut distinguer en gros deux espèces de critique, l’une reposée, concentrée, plus spéciale et plus lente, éclaircissant et quelquefois ranimant le passé, en déterrant et en discutant les débris, distribuant et classant toute une série d’auteurs ou de connaissances ; les Casaubon, les Fabricius, les Mabillon, les Fréret, sont les maîtres en ce genre sévère et profond. […] Ferrier, bon poëte françois, vient de faire imprimer les Préceptes galants : c’est une espèce de traité semblable à l’Art d’aimer d’Ovide. » Et quelques lignes plus bas : « On fait beaucoup de cas de la Princesse de Clèves. […] Il est curieux surtout à entendre parler des poètes et pousseurs de beaux sentiments, qu’il considère assez volontiers comme une espèce à part, sans en faire une classe supérieure. […] On n’était pourtant pas loin du temps où certains grands offraient au spirituel railleur Guy Patin un louis d’or sous son assiette, chaque fois qu’il voudrait venir dîner chez eux ; On se serait arraché Bayle s’il avait voulu, car il était devenu, du fond de son cabinet, une espèce de roi des beaux esprits. […] Se sont-elles rendues, c’est un bénéfice qui « demande résidence… Il est rare qu’on ne tombe qu’une fois dans « cette espèce d’engagement ; on ne s’en retire qu’avec un morceau de chaîne qui forme bientôt une nouvelle captivité.
Ce Chion était un disciple de Platon que l’étude de la vertu enflamma jusqu’au fanatisme, et qui se porta à tuer le tyran de sa patrie ; c’est une espèce de Jacopo Ortis, et ce que j’ai lu de lui et qui se rapporte à Xénophon même, est d’un ton qui simule à merveille l’atticisme. […] Cependant, tout en errant de porte en porte avec l’air d’abandon d’un mauvais sujet et là démarche incertaine d’un homme ivre, je me retrouvai tout à coup, sans le savoir, dans le marché aux comestibles… » Et quand, errant ainsi à travers la ville, il est venu à rencontrer une dame de qualité, Byrrhène, qui se trouve être une amie de sa famille ; quand cette dame, l’ayant conduit jusque chez elle et le voulant retenir pour hôte, essaye du moins de le mettre en garde contre l’hospitalité du vieux ladre chez qui il est descendu et dont la femme, lui dit-elle, est une magicienne du premier ordre et de la pire espèce, Lucius, à cette nouvelle inattendue, qu’il se trouve logé chez une magicienne, est saisi d’un plus violent désir de chercher précisément ce qu’on lui recommande defuir ; il ne sait que prendre, comme on dit, ses jambes à son cou pour courir de toutes ses forces au danger. […] Au réveil, le lendemain, et se croyant tout de bon homicide, il se voit recherché en effet, mené en cérémonie sur la place publique, solennellement accusé par une espèce d’avocat général qui fait un réquisitoire dans les règles : la parodie est parfaite. […] Bétolaud, le traducteur habile d’Apulée et rapproché de la source, n’a point donné dans ces explications tourmentées et forgées après coup ; mais lui-même il n’a pu s’abstenir de sa supposition gratuite quand il a dit : « Sans doute ce mythe avait originairement, dans la tradition païenne, un sens bien certain et bien complet ; mais il avait été amplifié par différents auteurs, et insensiblement, la forme ayant prévalu sur le fond, ce ne fut plus qu’une espèce de conte fantastique… » Je ne crois pas que les choses se passent ainsi à l’égard de ces charmantes fleurs qu’on appelle les contes populaires ou les contes de fées. […] D’une ardeur sans égale, elles démêlent grain à grain tout le monceau ; et, après avoir fait des tas distincts, avoir séparé les espèces, elles se dérobent promptement aux regards.
Les murs de son appartement furent couverts de peintures représentant des armes de toute espèce, des chevaux, des éléphants, des dromadaires et des tigres, des portraits de ces rois et de ces héros de l’Iran, qu’il était chargé de célébrer. […] Il était au bain quand on lui apporta la somme dérisoire en pièces d’argent ; il en fit trois parts : il en donna un tiers au baigneur, un tiers à l’ami qui la lui avait apportée, et, avec l’autre tiers, il paya un seul verre de fouka (espèce de bière) qu’il demanda. […] … Mais le fils d’un esclave ne peut valoir grand-chose, quand même son père serait devenu roi… Quand tu planterais dans le jardin du paradis un arbre dont l’espèce est amère, quand tu en arroserais les racines, au temps où elles ont besoin d’eau, avec du miel pur puisé dans le ruisseau du paradis, à la fin il montrera sa nature et portera un fruit amer. […] Virgile n’a réussi qu’à produire une épopée de cette dernière espèce : Homère nous offre le modèle accompli de la première. […] Hors de là, il se complaît à ce détachement tranquille, universel, à cette espèce d’épicurisme transcendant, le même qu’on retrouve et qui s’exhale dans les livres de la Sagesse de Salomon.
I Pour nombre de penseurs, qui se recrutent, d’ailleurs, dans des milieux assez hétérogènes, la différence entre ces deux espèces de jugements est purement apparente. […] Ainsi peut s’expliquer l’espèce de nécessité que nous subissons et dont nous avons conscience quand nous émettons des jugements de valeurs. […] Or une idole n’est très souvent qu’une masse de pierres ou une pièce de bois qui, par elle-même, est dénuée de toute espèce de valeur. […] Certes, il y a des types différents de valeurs, mais ce sont des espèces d’un même genre. […] Si tout jugement met en œuvre des idéaux, ceux-ci sont d’espèces différentes.
Et s’il ne faut pas dire, avec Jhering 192 que Rome fut l’ange exterminateur des nationalités, — puisqu’à vrai dire les nationalités n’existaient pas encore — du moins elle écrasait toutes les espèces de groupements qui auraient pu constituer des nations. […] Il est d’ailleurs de l’essence d’un pouvoir central de penser, en légiférant, par genres plutôt que par espèces, et d’universaliser les lois. […] Toutes les espèces de groupements à la fois compacts et exclusifs, qui découpent une société en masses nettement distinctes, seront les ennemis nés des pouvoirs centraux. […] Si donc la constitution des États modernes devait y entraîner la suppression de toute espèce d’association partielle, il est vraisemblable qu’ils formeraient en effet des sociétés exclusives et oppressives. […] Il faut distinguer entre deux espèces de groupements : il peut se faire que la centralisation étouffe l’une dans le même temps qu’elle développe l’autre.
Ce roi brave, mais d’une valeur moins éclatante que son père protecteur des lettres, mais sans cette espèce de passion qui tient de l’enthousiasme, et le fait naître chez les autres ; avide de gloire, mais incapable de cette hauteur de génie qui s’ouvre de nouvelles routes pour y parvenir ; gouverné par des favoris qui dirigeaient à leur gré sa faiblesse ou sa force, et poussé en même temps par l’esprit de sa nation et de son siècle, qu’il trouva créé et auquel il n’ajouta rien, n’eut ni dans l’esprit, ni dans l’âme, cette espèce de ressort qui fait la grandeur. […] Ces distinctions accordées au génie, dans certains siècles, sont une espèce de réparation des injustices qu’il a trop souvent essuyées dans d’autres. […] On peut dire qu’aujourd’hui ce prince a une espèce de culte parmi nous ; tous les talents et tous les arts ont été employés à lui rendre hommage. […] On ne peut comparer cette espèce de culte qu’à celui que les habitants de l’ancienne Rome rendirent à la mémoire d’Antonin.
Pour connaître donc et déterminer la destinée de l’espèce ; il suffit de bien connaître et de bien déterminer la destinée de l’individu ; et pour bien connaître la destinée de l’individu, c’est-à-dire ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ou, en d’autres termes, sa nature, son origine et sa fin ; il faut l’observer en lui-même et directement, le soumettre à la méthode expérimentale de Bacon transportée dans les faits de conscience. Un individu humain quelconque, bien organisé toutefois, pris au hasard dam l’époque présente ou dans toute autre époque, et se traitant lui-même par la méthode expérimentale intérieure, découvrira, autant qu’il est donné à l’homme de le faire, sa destinée propre, et la destinée des autres hommes ses semblables, et la destinée de l’espèce tout entière ; il saura déterminer, autant que cela nous est possible, la loi du passé et de l’avenir de l’humanité. […] Cousin, que l’humanité se développe à la manière de l’individu ; que les périodes de l’une répondent aux âges de l’autre ; que dans son enfance elle débute par la spontanéité et la religion, pour arriver dans son âge mûr à la réflexion et à la science, il est bien vrai, en ce sens, de dire que la destinée de l’espèce peut se lire en raccourci dans celle de l’individu ; mais, après quelques rapprochements ingénieux, quelques perspectives neuves du passé, il faut bientôt quitter ce point de vue trop hasardeux, trop vague, et duquel on ne tire rien de certain ni de vivant sur l’avenir. […] C’est nous donner le change et se payer de mots, que d’identifier le problème de la destinée de l’humanité avec celui de la destinée du moi ; la métaphysique et la psychologie ne détermineront pas l’histoire ; l’individu quelconque, s’observant isolément d’après la méthode expérimentale appliquée aux faits de conscience, n’atteindra que certaines formes constantes de sa nature, certains éléments abstraits de son esprit ; il n’acquerra que des probabilités éloignées sur l’immortalité de son âme, et il ne sera nullement en droit ni en mesure de conclure de là au développement de l’espèce à travers les siècles, à l’explication de sa perfectibilité croissante, de son émancipation progressive, de ses conquêtes au sein de la nature ; à la prédiction de son avenir sur cette terre ; pas plus que le chimiste habile qui aurait décomposé et analysé une portion du lobe gauche ou droit du cerveau humain, qui aurait vu certains gaz se sublimer et certains sels se déposer, ne serait en mesure ni en droit de conclure de cette décomposition morte à la loi physiologique du règne animal et de ses évolutions organiques.
… Quand elle parut, ce fut un soulèvement d’articles de journaux et une tempête de discussions de toute espèce. […] pour nous, avec notre faiblesse, notre seule espèce possible d’impartialité11. […] Ce sont là des idées modernes appliquées rétrospectivement et plus ou moins témérairement à l’histoire, Je ne sais pas si Michel de l’Hôpital eut conscience pleine et volonté entière de la liberté religieuse, telle que l’entendent et que la veulent les philosophes du xixe siècle, par la seule raison qu’il rédigea le fameux Édit de tolérance qui fut, jusqu’à l’édit de Nantes, le manifeste sans cesse repris des protestants et le prétexte de leurs rébellions obstinées, mais ce que je crois savoir, c’est qu’on n’est pas au-dessus de tous les partis parce qu’on se met entre tous les partis, et ce que je sais certainement, c’est que le portrait de cet homme de juste-milieu, de cette espèce de La Fayette en toge au xvie siècle a pris, sous le pinceau de M. […] C’est une espèce de marquis de Posa historique, mais qui ne rêve plus, quand il a congédié l’avenir et circonscrit son regard aux hommes et aux choses qu’il veut peindre.
Je ne rougis donc point en avouant les défauts corporels que m’a donnés un accident involontaire et imprévu ; ces défauts ne souillent point l’âme, et l’Église les méconnaît dans ses ministres, pourvu qu’ils ne soient pas d’une espèce à les rendre inhabiles aux fonctions du ministère, ou que leur aspect ne soit pas affreux au point qu’ils puissent être occasion de scandale aux fidèles. Il n’a pas semblé à l’Église que j’eusse aucun défaut ou aucune infirmité de cette dernière espèce, puisqu’elle m’a honoré du sous-diaconat, qui est un ordre majeur. […] Celui-ci lui ayant lu sa pièce du Lot supposé avant la représentation, il l’avait approuvée, et il se croyait comptable devant l’auteur et devant tous de son premier jugement : Il me semble, disait-il, que lorsqu’un ouvrage livré à notre censure nous a semblé bon, nous devons à l’auteur l’hommage public du jugement avantageux que nous en avons porté… Quand il me serait arrivé de trouver bon un ouvrage que le public aurait ensuite jugé mauvais, il n’y aurait pas grand mal à cela, et j’ose assurer que je serais en ce cas moins mécontent de moi, que si, dissimulant lâchement mon estime, je m’étais épargné cette espèce d’humiliation.
Entre deux espèces animales ou végétales voisines, il y a régulièrement une frontière indécise, une série de formes intermédiaires. […] Assurément des faits de cette espèce ont plus de portée dans la vie d’un peuple que la mort d’un prince, voire même qu’une bataille gagnée ou perdue ; mais ils sont cachés, et l’historien n’a pas trop de toute sa perspicacité pour les découvrir ni de tout son talent pour les mettre en lumière. […] Il ne faut pas non plus (c’est une question de mesure) multiplier à l’infini ces espèces de compartiments qui sont destinés à mettre de la clarté dans la longue série des faits, mais qui peuvent, s’ils sont trop nombreux, aboutir au résultat contraire.
En France, le nombre est infiniment plus grand qu’on ne croit des ouvrages épuisés, très dignes pourtant d’avoir leur place au soleil des bibliothèques, et dont les Allemands, par exemple, s’ils les avaient dans leur littérature, n’auraient pas manqué de faire des éditions de toute espèce. […] Aujourd’hui, un mouvement se produit, faible encore, il est vrai, mais qu’on serait heureux de voir s’animer, et ce mouvement semble se manifester en dehors de toute espèce de préoccupation qui ne serait pas l’intérêt et la curiosité littéraires. […] C’est là, sans doute une délicatesse… mais il est évident aussi que des délicats de cette espèce ne sont pas faits pour traiter largement un mâle sujet littéraire et nous l’ouvrir jusqu’aux entrailles ; il est évident qu’ils n’ont pas été créés et mis au monde pour ne rien comprendre aux énergiques trivialités des grands écrivains, et qu’il leur faut renoncer à écrire la biographie intellectuelle du Génie, aussi bien qu’à peigner, la crinière des lions !
Certaines espèces de jugements divins reparurent sous le nom de purgations canoniques ; les duels furent une espèce de ces jugements, quoique non autorisés par les canons.
Elle redresse ou plutôt avertit, la personne avertie et redressée pouvant d’ailleurs être, par une espèce de dédoublement, celle même qui parle. […] Donc, par cela seul que je dis « l’objet A », je lui attribue une espèce d’existence, fût-ce celle d’un simple possible, c’est-à-dire d’une pure idée. […] Et il aboutit ainsi, comme nous venons de le montrer, à trois espèces de représentations : 1º les qualités, 2º les formes ou essences, 3º les actes. […] Qu’il s’agisse de penser le devenir, ou de l’exprimer, ou même de le percevoir, nous ne faisons guère autre chose qu’actionner une espèce de cinématographe intérieur. […] Pour les anciens, en effet, la science portait sur des concepts, c’est-à-dire sur des espèces de choses.
D’un bout de la terre à l’autre, tous les pays n’ont d’autre but que d’augmenter leurs échanges sous les espèces du poids, de l’or et du papier-monnaie. […] Ils pensent qu’une réparation en espèces suffira à compenser le trouble qui a été apporté à l’artiste dans sa liberté de penser. […] Cette espèce de confession politique a été surnommée « Le Rubicon ». […] Au fond, les jurisconsultes sont bien forcés de reconnaître, avec une espèce de mauvaise humeur, que le contenu d’une correspondance est, au moins en partie, la propriété de celui qui l’a écrite, que la pensée d’un homme lui appartient en propre, que la lettre n’est, somme toute, qu’une espèce de dépôt. […] Il me semble qu’il y ait là une espèce de ressentiment à leur égard.
Il fallait entendre Flaubert parler de l’esprit ; et sans que cela s’exprime par des mots, je sens chez d’autres amis, l’espèce d’indulgent apitoiement, qu’ils éprouvent pour ma toquade de l’art. […] Désaffection de cet acte, et espèce d’horripilement de son esprit, qui dans ces bouches odéonesques, ne me semble plus de l’esprit. […] Je ne trouve pas le sommeil, mais j’obtiens une espèce d’engourdissement, en la nuit de ma chambre fermée, dans laquelle mon ennui se formule à ma pensée, d’une manière moins distincte, plus vague, plus estompée. […] — et pour la première fois, j’ai ressenti comme une espèce de peur de mon isolement. […] Quand on m’a dit cela, au souvenir de mon frère, j’ai eu vis-à-vis de moi-même, comme une espèce de honte d’être encore si vivant.
L’Histoire de l’Académie, aussi bien que les Eloges des Académiciens, forment une espece d’Encyclopédie, où tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une manière conforme à leur objet. […] L’Abbé Trublet a fait une espece de Fontenelliana, où l’Admirateur enthousiaste se fait sentir à chaque ligne.
Les dieux des anciens partageant nos vices et nos vertus, ayant, comme nous, des corps sujets à la douleur, des passions irritables comme les nôtres, se mêlant à la race humaine, et laissant ici-bas une mortelle postérité ; ces dieux ne sont qu’une espèce d’hommes supérieurs qu’on est libre de faire agir comme les autres hommes. […] Premièrement, il y a toujours eu dans toute religion, pour le poète et le philosophe, deux espèces de déités.
Le cerveau ne doit donc pas être autre chose, à notre avis, qu’une espèce de bureau téléphonique central : son rôle est de « donner la communication », ou de la faire attendre. […] C’est ainsi que, dans les espèces inférieures, le toucher est passif et actif tout à la fois ; il sert à reconnaître une proie et à la saisir, à sentir le danger et à faire effort pour l’éviter. […] Même, comme nous essaierons de le montrer, la « subjectivité » des qualités sensibles consiste surtout dans une espèce de contraction du réel, opérée par notre mémoire. […] Nous touchons ici du doigt l’erreur de ceux qui font naître la perception de l’ébranlement sensoriel proprement dit, et non d’une espèce de question posée à, notre activité motrice. […] Ainsi naît la douleur, laquelle n’est point autre chose, selon nous, qu’un effort de l’élément lésé pour remettre les choses en place, — une espèce de tendance motrice sur un nerf sensible.
Voilà donc en un instant le fruit des veilles du talent le plus rare mis en pièces ; et qui de nous osera blâmer la main honnête et barbare qui aura commis cette espèce de sacrilège ? […] Au-dessus, poutres, chevrons, espèce de fabrique où voltigent des pigeons. […] Tout à fait à gauche, espèce de retraite ou d’enfoncement où l’on a placé des outils de laboureur.
Son livre sur la Rivalité de la France et de l’Angleterre, très peu connu du gros public, mais très estimé et très invoqué au Ministère des affaires étrangères, finira peut-être par être lu, comme ses Souvenirs et ses Mémoires, restés, jusqu’ici, dans une espèce d’oubli que l’on peut très bien expliquer. […] Sous l’Empire, Napoléon, qui classait les espèces vivantes comme Cuvier classait les espèces mortes, le fit préfet du plus important de nos départements frontières, et sans les malheurs qui suivirent, l’aurait probablement élevé plus haut.
Supposez un Français quelconque ayant les opinions de Prescott ; appelez-le, si vous voulez, Henri Martin ou Michelet, et donnez-lui à écrire la même histoire, quelles déclamations de toute espèce n’aurez-vous pas sur l’horrible règne de Philippe II, sur son bourreau le duc d’Albe, et sur l’Inquisition, leur souveraine ou leur servante ! […] Sardou, pour de la grande histoire, et dont on pouvait prévoir à l’avance les exagérations gongoriques, les turgescences et les difformités, il est bon de recommander la lecture du livre de Prescott comme une précaution salutaire, comme une espèce de tonique froid très bon à employer contre les couleurs fausses et les contagieuses déclamations. […] Chantonnay (le frère de Granvelle) disait de lui : « Il n’avait d’autre résolution que de ne pas en avoir. » Mais il se trompait, il en avait une, et c’était de vouloir toujours, silencieusement, la même chose… Une espèce d’homme comme il n’y en a plus.
, pliée, repliée et figée dans une soixantaine de lettres, à peu près, adressées à Madame d’Albany, une femme dont Sismondi avait hanté la maison à Florence, comme il avait hanté, en Suisse, celle de Madame de Staël, — ces sortes de lanternes magiques où l’on voit passer devant soi beaucoup de figures, ces espèces de belvédères ouverts sur le monde, intéressant beaucoup le badaud qui est le fond de tout érudit, pour peu qu’il ne soit pas un distrait. […] Eh bien, j’ai eu le courage de lire ces lettres, malgré la notice de Saint-René Taillandier, qui n’était pas pour moi une recommandation ; car il est de la Revue des Deux-Mondes et même un des plus gris de cette vieille grisaille, qui ne respire pas précisément les tendresses, les délicatesses et les parfums de toute espèce que Saint-René, ce nez dégustateur, a la puissance de respirer dans ces lettres de Sismondi. […] Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages.
Nous voyons déjà que le genre en question n’a dans le mode sérieux qu’une seule espèce, qui est celle de l’Iliade ; et dans le badin, deux espèces très diverses, celle du roman épique et celle de l’épopée satirique. […] Nous admettons deux espèces dans l’épopée badine. […] A confondre une espèce excellente avec la plus méprisable de toutes. […] Sous ce rapport il sert d’ornement à toutes les espèces d’épopée. […] Les caractères et leurs espèces.
En dépit de la multiplicité de ces dénominations, il s’agit d’une espèce unique d’individus, qui manifestent leur parenté par la similitude de leur physionomie intellectuelle. […] Ou, plus exactement, ils appartenaient à l’espèce des mystiques par ignorance, non par faiblesse d’esprit organique. […] De toute autre espèce est le symbolisme de Swinburne. […] Quand des gens de cette espèce ont l’instinct poétique et artistique, ils veulent naturellement exprimer leur propre état d’esprit. […] Le « circulaire » appartient à la pire espèce des dégénérés.
… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée. […] Il lui semble que le stoïcisme tout pur, quand on ne le tempère point par de l’épicuréisme, est une substance trop forte qui agit comme un poison ; et il continue en ces termes : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage. […] Si nos passions sont des espèces de magiciens, qui, par leurs prestiges, nous font trouver le bonheur, il faut avouer, d’un autre côté qu’ils nous font acheter ces charmes bien cher. […] Mais je suis bien fol moi-même de faire un long sermon de morale à un homme à qui je devrais adresser un épithalame… Je mets en regard ce qu’est devenu ce passage sous la plume fertile de La Beaumelle : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage. […] Ces passions sont des espèces de magiciennes qui, par leur prestige, nous font trouver le bonheur, mais ne nous découvrent pas la vérité.
Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, quelque chose d’éternel comme un principe ? […] On peut diviser les conventions en deux espèces : 1° celles de la vie sociale elle-même ; 2° celles de l’art, qui sont souvent les conséquences mêmes de celles de la vie. […] Ainsi que l’a remarqué Balzac, il existe au sein de l’humanité, comme de l’animalité même, une diversité d’espèces, l’artiste les reproduit toutes ; mais, parmi ces espèces ; il en est qui sont plus ou moins susceptibles de durée, d’autres quidoivent s’éteindre du jour au lendemain. L’amoureux de 1830, par exemple, ou le poitrinaire de 1820, est une espèce disparue ; il nous faut aujourd’hui, pour comprendre les types d’autrefois, des recherches analogues à celles du savant déblayant des fossiles.
Ces réflexions étaient devenues pour moi une espèce d’obsession ; j’ai voulu me soulager. […] Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? […] Ce malheur est quelquefois d’une espèce très-inférieure, une infirmité dans l’ordre physique. […] IV Maintenant, résumons un peu, et établissons plus visiblement les propositions principales, qui sont comme une espèce de théorie du rire. […] Le comique significatif est un langage plus clair, plus facile à comprendre pour le vulgaire, et surtout plus facile à analyser, son élément étant visiblement double : l’art et l’idée morale ; mais le comique absolu, se rapprochant beaucoup plus de la nature, se présente sous une espèce une, et qui veut être saisie par intuition.
C’est d’abord une espèce de patelinage, et des mots qui ressemblent à la caresse d’une patte de chat qui va sortir ses griffes, et les égratignures ne tardent pas. […] Et pendant une heure, il nous tient sous une espèce de sermon rabâcheur et aigre, tournant, par moments, à des accès d’une colère en enfance. […] On dirait qu’elle a, dans ce grand et écrasant Paris, une espèce de gêne remuante, une inquiétude timide et agitée, qui la fait se jeter, à tout moment, à la vitre, qu’elle a derrière la tête. […] La figure bourgeoise des jurés a pris une espèce de sévérité de grands juges. […] Il a la parole nerveuse qui se presse et sort par saccades, et une espèce d’inquiétude générale qui le fait appeler, à tout moment, son fils, qu’il craint de voir écraser par les voitures.
Il avait mis d’ailleurs dans tout son jour et en pleine lumière le côté tendre, affectueux, de Vauvenargues, ce côté le plus connu, la beauté de sa nature morale, et avait parfaitement marqué le trait dominant de son caractère, la sérénité dans la douleur ; et il concluait en disant que l’espèce de gloire réservée à Vauvenargues était celle qui peut sembler le plus désirable aux natures d’élite, l’amitié des bons esprits et des bons cœurs. […] Autant pour tous ceux qui sont de l’espèce de Figaro, de Gil Blas et de Panurge, de ce Panurge « sujet de nature à une maladie qu’on appeloit en ce temps là faute d’argent, c’est douleur sans pareille (et toutefois, dit Rabelais, il avoit soixante et trois manières d’en trouver toujours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larcin furtivement fait) » ; — autant pour cette bande intrigante et peu scrupuleuse, la question d’argent est à la fois importante et légère, objet avoué de poursuite et de raillerie, un jeu et une occupation continuelle, et à toute heure sur le tapis, autant c’est un point sensible et douloureux pour ces natures pudiques et fières, timides et hautes, qui n’aiment ni à s’engager envers autrui ni à manquer à personne, qui ont souci de la dignité et de l’indépendance autant que les autres de l’intérêt. […] Le désir extrême qu’avait Vauvenargues de venir à Paris, et pour cela son besoin de trouver 2000 livres à tout prix, nous le montrent dans une singulière veine d’inquiétude et dans une espèce de fièvre qui lui fait écrire à Saint-Vincens des choses assez étranges comme lorsqu’on en est aux expédients, des choses qui dérangent un peu l’idée du Vauvenargues-Grandisson auquel on était généralement accoutumé, et qui n’avait jamais été mieux développé que dans le discours d’un des derniers et des plus honorables concurrents, M. […] Je ne doute pas que beaucoup de gens ne me condamnent de l’avoir donné au public ; on ne pardonne guère dans le monde cette espèce de présomption, mais j’espère de supporter avec patience le tort qu’elle pourra me faire, si on me devine.
Elle s’empare de vous comme une espèce de dictature, qui fait taire toutes les autorités de l’esprit, de la raison et du sentiment : sous cet asservissement, pendant qu’il dure, les hommes sont moins malheureux que par le libre arbitre qui reste encore aux autres passions ; dans celle-là, la route qu’il faut suivre est commandée comme le but qu’on doit atteindre : les hommes dominés par cette passion sont inébranlables jusques dans le choix de leurs moyens ; ils ne voudraient pas les modifier, même pour arriver plus sûrement à leur objet : les chefs, comme dans toutes les religions, sont plus adroits parce qu’ils sont moins enthousiastes ; mais les disciples se font un article de foi de la route autant que du but. […] C’est une passion sans aucune espèce de contrepoids ; tout ce qui se rencontre dans sa route doit être sacrifié au but qu’elle se propose. […] L’esprit de parti est la seule passion qui se fasse une vertu de la destruction de toutes les vertus, une gloire de toutes les actions qu’on chercherait à cacher, si l’intérêt personnel les faisait commettre ; et jamais l’homme n’a pu être jeté dans un état aussi redoutable, que lorsqu’un sentiment qu’il croit honnête, lui commande des crimes ; s’il est capable d’amitié, il est plus fier de la sacrifier ; s’il est sensible, il s’enorgueillit de dompter sa peine : enfin, la pitié, ce sentiment céleste, qui fait de la douleur un lien entre les hommes ; la pitié, cette vertu d’instinct, qui conserve l’espèce humaine, en préservant les individus de leurs propres fureurs, l’esprit de parti a trouvé le seul moyen de l’anéantir dans l’âme, en portant l’intérêt sur les nations entières, sur les races futures, pour le détacher des individus ; l’esprit de parti efface les traits de sympathie pour y substituer des rapports d’opinion, et présente enfin les malheurs actuels comme le moyen, comme la garantie d’un avenir immortel, d’un bonheur politique au-dessus de tous les sacrifices qu’on peut exiger pour l’obtenir. […] Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres.
Il serait à désirer qu’on eût aussi des catéchismes de morale et de politique, c’est-à-dire des livrets où les premières notions des lois du pays, des devoirs des citoyens, fussent consignées pour l’instruction et l’usage du peuple ; et une espèce de catéchisme usuel, qui donnât une idée courte et claire des choses les plus communes de la vie civile, comme des poids et mesures, des différents états et professions, des usages que le dernier d’entre le peuple a intérêt de connaître, etc. […] Ces leçons particulières sont aussi une espèce de baromètre pour déterminer le mérite du préfet d’une classe : car lorsque ce préfet est sot ou paresseux, les parents ne sont pas assez dupes pour envoyer leurs enfants à ses leçons privées, et mon pédant reste sans pratique. […] Ces sortes de fondations peuvent avoir leurs avantages, en ce que l’enfant d’un artisan, d’un pauvre homme dépourvu de toute espèce de moyens, peut apporter en naissant des dispositions si heureuses, qu’il n’y ait rien de mieux que de venir à son secours, et de lui donner les moyens de développer les dons de la nature. […] J’ose recommander très-particulièrement M. le docteur Ernesti, à Leipsick, homme d’un mérite éminent, qui, ayant été toute sa vie occupé de l’éducation de la jeunesse dans toutes les espèces d’écoles, est plus capable que qui que ce soit de dresser un plan excellent.
Quoi qu’il en soit, la différence de caractère des langues ne permet presque jamais les traductions littérales, délivre le traducteur de l’espèce d’écueil dont nous venons de parler, de la nécessité où il se trouverait quelquefois de sacrifier l’agrément à la précision, ou la précision à l’agrément. […] De toutes les langues modernes cultivées par les gens de lettres, l’italienne est la plus variée, la plus flexible, la plus susceptible des formes qu’on veut lui donner ; aussi n’est-elle pas moins riche en bonnes traductions qu’en excellente musique vocale, qui n’est elle-même qu’une espèce de traduction. […] C’est là, si on ose le dire, l’espèce de contresens qui fait le plus de tort à une traduction ; les autres sont passagers et se corrigent, celui-ci est continu et sans remède. […] Mais il y a parmi nous une espèce de fatalité attachée à tous les arts qui consistent à se revêtir d’un personnage étranger.
Concevez une espèce vivante, par exemple, celle des bluets. […] Ce qui persiste et ce qui tend à persister, ce ne sont pas les individus, c’est l’espèce, c’est-à-dire la forme abstraite ou idéale commune à tous les individus, et les individus ne vivent, ne naissent et ne se remplacent que parce que cette forme tend à subsister. L’espèce est donc autre chose que la somme des individus ; elle est nécessaire, et ils sont accidentels ; elle est une cause, ils sont des effets. […] Le nôtre prendra en aversion une métaphysique qui fait de Dieu non un roi et une personne, mais une loi abstraite et une force fatale, et qui remplace l’immortalité de l’individu par l’immortalité de la civilisation ou de l’espèce.
Villemain a quitté l’hôtel du ministère de l’instruction publique, et il s’est logé dans une petite maison à Chaillot, espèce de village à l’intérieur de Paris ; il se promène tous les jours en voiture et reçoit avec plaisir les nombreuses visites qui ne cessent pas et auxquelles il suffit avec sa grâce accoutumée. […] Victor Hugo, en répondant, a eu un vrai succès dans la première partie de son discours ; mais bientôt un grand lieu commun sur les femmes a un peu dérouté les auditeurs ; puis est venu l’éloge des lettrés, et une espèce de tableau idéalisé de ce que c’est que l’Académie ; c’était tout à fait une transfiguration.
Imitez-le en tout, jeunes amis, excepté en cette espèce de tension dangereuse qui fait qu’on ne peut plus associer au devoir le sourire, le divertissement honnête, le plaisir de contempler un monde, où, à côté de tant de parties sombres, il y a des touches si lumineuses. […] L’espèce de providence inconsciente qui veille à la destinée des grandes âmes semble faire en sorte que la récompense ne leur vienne que tard et quand elle a perdu son attrait.
Mais sans parler de Térence, où nous trouverions des scènes aussi touchantes & aussi pathétiques que dans les Pieces de M. de la Chaussée, on ne peut pas nier que les Poëtes qui ont précédé Corneille & Moliere n’aient composé une infinité de Drames de cette espece, qui ont toujours trouvé des contradicteurs parmi les gens de goût. […] Ce seroit avilir le Cothurne, ce seroit manquer à la fois l’objet de la Tragédie & de la Comédie ; ce seroit une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une Comédie & une Tragédie véritable. » Quoique M. de Voltaire ne fasse pas loi dans le genre comique, par le peu de succès de toutes ses Comédies, il grossit donc la foule de tous nos bons Littérateurs qui se sont élevés contre ces esprits médiocres, qui s’efforcent de rembrunir la Scène, ne pouvant l’égayer.
Mais le public s’étant affermi dans son sentiment par l’expérience, il est sorti de l’espece de contrainte où l’on l’avoit tenu, et il a eu la constance de parler enfin comme il pensoit déja depuis long-temps. Il est venu de nouveaux poëtes qui ont encouragé le public à dire que Quinault étoit un homme excellent dans l’espece de poësie lyrique qu’il a traitée.
Il monta une espèce d’escalier roide, étroit, dont les planches craquaient sous chacun de ses pas. […] Sa tête était couverte d’un chapeau noir, et de ses épaules descendait jusqu’aux genoux une espèce de pelisse fourrée dont l’usage n’était pas commun alors. […] Il couvrait, dit-on, ses livres de classe de dessins de toute espèce et négligeait ses autres études. […] Ces détails prouvent la vive ardeur avec laquelle on recherchait alors les ouvrages de l’antiquité, et l’espèce de culte qu’on leur rendait. […] Mais cette espèce de mission de peintre révolutionnaire, qui lui était réservée, ne tarda pas à lui être officiellement confiée.
C’est ainsi que Comte ramène toute la force progressive de l’espèce humaine à cette tendance fondamentale « qui pousse directement l’homme à améliorer sans cesse sous tous les rapports sa condition quelconque58 », et M. […] Mais cette espèce de prépondérance que nous attribuons au milieu social et, plus particulièrement, au milieu humain n’implique pas qu’il faille y voir une sorte de fait ultime et absolu au-delà duquel il n’y ait pas lieu de remonter. […] Tout ce que nous atteignons donc expérimentalement en l’espèce, c’est une suite de changements entre lesquels il n’existe pas de lien causal. […] S’il y a des espèces sociales, c’est que la vie collective dépend avant tout de conditions concomitantes qui présentent une certaine diversité. […] Mais on voit que ces cas sont dus à des accidents individuels et, par suite, ne sauraient affecter les traits constitutifs de l’espèce sociale qui, seule, est objet de science.
L’on a remarqué avec raison que les esprits médiocres montroient, en paroissant, cette espece de perfection froide qui pose à jamais la borne de leur génie. […] Le génie n’est pas toujours une succession perpétuelle d’idées rares & profondes, mais un tissu d’idées de toute espece, & qui ne renferment rien que d’utile. […] Un respect aveugle ne ressembleroit-il pas à une espèce d’idolâtrie ? […] C’est une espèce de métis. […] Corneille avoit singulièrement ennobli l’espèce humaine dans son imagination, & beaucoup au-delà de ce qui résulte de la considération des caractères particuliers vus même dans l’histoire.
Le choix de la nature qu’il se plaisait à représenter m’en donne l’assurance ; car, en général, ici l’espèce est belle et élégante ; l’exception se trouve au coin des rues, et c’est là qu’il cherchait sans doute ses modèles, car ils sont encore identiques avec les pouilleux, les galeux, les teigneux, dont fourmillent nos galeries. […] Il est des races d’esprit, des espèces séparées qui demeurent étrangères l’une à l’autre et qui ne se pénètrent pas. […] » — Au même moment quelque chose d’inusité appela l’attention du roi ; debout à l’une des fenêtres de son cabinet, un binocle sur les yeux, Louis-Philippe cherchait à se rendre compte d’un mouvement de troupes, d’une espèce de charge de cavalerie qui se faisait autour du palais Bourbon. […] Il essaya d’exprimer, dans un tableau qui sort tout à fait de son genre et de sa gamme habituelle, les tristes visions dont il était obsédé : c’est une espèce de satire allégorique de la république et des fléaux ou des menaces de 1848, socialisme, choléra-morbus. […] Ce tableau symbolique, qui, de son espèce, est unique dans l’œuvre d’Horace Vernet, ne saurait être qualifié qu’une singularité et une erreur.
Mais où est la dignité de l’espèce humaine dans ce troupeau d’esclaves involontaires qui n’obéissent que sous la verge de fer de la nécessité, ou ne se révoltent pas que parce qu’ils ont peur de se révolter ? […] L’instinct de la mère et du père, celui-là tout moral, l’instinct de la compassion et de la bonté, leur commande de soigner, d’allaiter, d’élever l’enfant ; il crée la continuité de l’espèce, il dépasse déjà la loi d’égoïsme de l’individu, il devient sans le savoir dévouement spiritualiste. […] De là les lois sur la génération pure de l’espèce, sur l’autorité paternelle, sur la piété filiale ; instincts changés en devoirs de tous les côtés ; spiritualisme de cette trinité plus morale que charnelle ; sollicitude pour l’enfant, assistance dans l’âge mûr, tendresse et culte pour la vieillesse, le plus doux des devoirs, la justice en action, la reconnaissance, mille vertus en un seul devoir ! […] Aussi voyez comme cela civilise, comme cela dure, comme cela multiplie la vie et l’ordre dans l’espèce humaine ! […] Elle n’a pas pour objet seulement la perpétuation de l’espèce humaine par la vile satisfaction des besoins du corps humain sur cette terre ; mais elle a pour but surhumain la grandeur et la glorification de l’âme humaine par la vertu.
Or, il arrive que chez l’homme, la conscience possède la propriété, à un degré beaucoup plus élevé que chez toutes les autres espèces, de refléter, en même temps que l’image des sentiments, des pensées, des actes individuels, l’image aussi des sentiments, des pensées, des actes étrangers. […] La conscience de l’homme, a-t-on dit, se distingue de celle de toutes les autres espèces animales par un pouvoir beaucoup plus grand de refléter des images de sentiments, de pensées, d’actes étrangers. […] La seconde part de sa richesse lui est livrée avec plus ou moins d’abondance par l’éducation qui suscite en lui, par le moyen du mot, des images-notions et le met en possession des résultats acquis par l’effort des meilleurs représentants de l’espèce au cours des âges.
et notre reporter de nouvelle espèce l’a mêlée à son reportage. […] Il dit la toute-puissance magique de ces rhéteurs sur l’opinion, fanatisée jusqu’à la bêtise la plus incompréhensible, le pullulement innombrable de ces rhéteurs, la frénésie d’admiration qu’ils inspiraient, les sommes effroyables qu’ils gagnaient à débiter leurs discours, le vide immense ou la honteuse puérilité de ces discours artificiels, les mises en scène de toute espèce de ces trafiquants de paroles, qui péroraient à la minute et au commandement et qu’écoutaient respectueusement les empereurs, drapés dans leur pourpre, quand ils n’en étaient pas jaloux ! […] Voilà pourtant toutes les raisons de l’espèce d’amende honorable que fait, sans torche, sans-corde au cou et sans escalier de Palais de Justice, l’auteur d’un livre qui n’avait qu’à le signer pour en tirer l’honneur qu’il mérite, et qui ne craint pas d’avilir son livre, en le condamnant… L’auteur d’À travers l’Antiquité ressemble, dans son épilogue, à l’homme qui a peur d’un pétard qu’il vient d’allumer.
Ce n’est pas qu’il ne liât sa grandeur à celle de sa nation ; mais l’espèce de grandeur qu’il lui donna, fut toute en renommée. […] Il est des hommes qui pardonnent encore plutôt le mal qu’on fait avec éclat, que le bien qu’on fait avec faiblesse ; d’ailleurs, le rôle que ce ministre joua dans la Fronde ; ses fuites, ses terreurs, sa proscription, source de plaisanteries ; les bons mots des Marigny et des Grammont, espèce d’armes qui soumettent à l’homme d’esprit l’homme puissant, et qu’il est plus aisé de dédaigner en apparence que de ne les pas craindre ; les vaudevilles et les chansons, qui chez un peuple léger communiquent si rapidement le ridicule et l’éternisent, tout cela devait peu contribuer à exciter l’enthousiasme des orateurs. […] Ce n’est pas que Corneille n’eût véritablement l’âme grande ; mais cette flatterie était alors une espèce d’étiquette à laquelle on se soumettait sans y penser.
Darwin avait été très frappé, dans l’Amérique du Sud, par la succession d’espèces très voisines se remplaçant du nord au sud du pays, par la ressemblance des espèces habitant les îles du littoral avec celles du continent, et enfin par les rapports étroits qui reliaient les mammifères édentés et les rongeurs contemporains avec les espèces éteintes des mêmes familles. […] Darwin en tire cette conclusion que les espèces voisines pourraient bien descendre de quelque forme ancestrale commune. […] Ni l’Origine des espèces, ni les Symphonies de Beethoven ne pouvaient naître n’importe où et n’importe quand. […] La surprise de Darwin en remarquant les rapports des espèces qui se remplacent du nord au sud, des espèces des îles du littoral et celles du continent, des espèces vivantes et d’autres espèces éteintes, indiquait déjà une voie à l’esprit, elle était déjà un germe d’invention. […] Ce sont autant de transformations de la même espèce.
Mais il faut que ce soit la nature même qui les distingue et les maintienne, comme elle maintient à peu près les espèces animales. […] Boileau a parqué trop soigneusement les espèces littéraires : il les a multipliées aussi trop facilement. Il a compté comme espèces de simples variétés : élégie, ode, sonnet, ballade, chanson, il n’a pas vu que tout cela, c’étaient les variétés de l’espèce lyrisme ; tout à la description des variétés, il n’a pas aperçu la définition de l’espèce.
Un bâtiment d’ordre gothique est une espece d’énigme pour l’oeil qui le voit, & l’ame est embarrassée, comme quand on lui présente un poëme obscur. […] J’ai dit que l’ame aime la variété ; cependant dans la plûpart des choses elle aime à voir une espece de symmétrie ; il semble que cela renferme quelque contradiction : voici comment j’explique cela. […] C’est encore pour cela qu’on aime la symmétrie ; il faut une espece de pondération ou de balancement, & un bâtiment avec une aile ou une aile plus courte qu’une autre, est aussi peu fini qu’un corps avec un bras, ou avec un bras trop court. […] Souvent notre ame se compose elle-même des raisons de plaisir, & elle y réussit sur-tout par les liaisons qu’elle met aux choses ; ainsi une chose qui nous a plu nous plaît encore, par la seule raison qu’elle nous a plu, parce que nous joignons l’ancienne idée à la nouvelle : ainsi une actrice qui nous a plu sur le théatre, nous plaît encore dans la chambre ; sa voix, sa déclamation, le souvenir de l’avoir vûe admirer, que dis-je, l’idée de la princesse jointe à la sienne, tout cela fait une espece de mélange qui forme & produit un plaisir. […] Les graces se trouvent plus ordinairement dans l’esprit que dans le visage ; car un beau visage paroît d’abord & ne cache presque rien : mais l’esprit ne se montre que peu-à-peu, que quand il veut, & autant qu’il veut ; il peut se cacher pour paroître, & donner cette espece de surprise qui fait les graces.
L’invention n’est pas une des espèces du travail ; elle en est le principe, la cause initiatrice76. […] Ceci, érigé en principe de toute culture, étudié depuis le plus grossier jusqu’au plus subtil et imposé à toute espèce de vouloir et de savoir, sera la fierté de vous autres, hommes du prochain siècle83. » Tel est le mètre d’évaluation : évaluation de Bourse, question de nombre. […] Mais on peut distinguer, ici comme ailleurs, deux espèces d’individualisme. […] Les économistes ont fait rentrer à tort l’idée d’invention dans celle du travail, comme l’espèce dans le genre. Singulière espèce, sans laquelle le genre ne serait point.
On invoque les découvertes de Darwin ; on remarque que parmi les animaux et les végétaux les plus faibles sont la proie des plus forts, que les espèces inférieures sont détruites ou asservies par les espèces supérieures ; et l’on conclut que de même, parmi les hommes, le progrès est au prix de la disparition des races mal douées, que les nations sont vouées à une entremangerie où les mieux armées, ce qui constitue et implique leur supériorité, ont pour mission de dompter ou d’exterminer les autres. […] Ils ont fait observer que Voltaire77 a répondu par avance à ceux qui ont faussé, en la tirant hors de l’histoire naturelle, la pensée de Darwin. « Tous les animaux, écrivait le philosophe du xviiie siècle, sont perpétuellement en guerre ; chaque espèce est née pour en dévorer une autre. […] Les mâles de la même espèce se font la guerre pour des femelles comme Ménélas et Paris. […] L’arbitraire est là si évident et le public s’est si bien habitué depuis une vingtaine d’années à toute espèce de nudités de style que le cercle des choses jadis défendues s’est étrangement rétréci.
Cet idéal, c’était de fonder une espèce de colonie qui aurait tenu de l’idylle, et où il aurait régi, non sans y mêler quelques sons de la flûte antique, des hommes dociles et heureux. […] Il concevait dans sa tête et portait partout avec lui un monde d’ordre et d’harmonie, une espèce d’Éden ou d’âge d’or, duquel il ne voulait absolument pas se départir et qu’il s’obstinait à réaliser au milieu des désaccords de tout genre qui l’offensaient. […] Ces deux époques de sa vie sont séparées par une espèce de crise et de maladie morale qui est curieuse à observer et qui donne la clef de sa nature. […] Leurs jeux paisibles, la solitude du lieu, le bruit de la mer me donnaient une image de ces premiers temps où les filles de Noé, descendues sur une terre nouvelle, firent encore part, aux espèces douces et familières, du toit, de la table et du lit. […] Pourtant, tandis qu’il achève là son livre des Études, cette espèce de poème ou de concert rustique qu’il dédie à la nature, il a de doux sentiments, précurseurs des joies de la paternité ; il écrit à M.
Toutefois sans la facilité de trouver ce chant, cette espèce de musique, on n’écrit ni en vers ni en prose : je doute même qu’on parle bien ; sans l’habitude de la sentir ou de la rendre, on ne sait pas lire ; et qui est-ce qui sait lire ? […] On voit à droite, un grand pan de murailles ruinées au-dessus duquel, tout à fait de ce côté, une espèce de fabrique voûtée ; au pied de cette fabrique, des masses de roches. […] Sur le devant, vers le sommet de la fabrique, un passage étroit avec une balustrade, conduisant de cette fabrique ruinée à une espèce de phare ; ce passage est construit sur le ceintre d’une arcade d’où l’on descend à la mer par un long escalier. […] Dans une espèce de détroit ou d’anse formée par ces dernières, une mer qui s’y porte avec fureur. […] L’autre y sème des personnages et des incidents de toute espèce, et ces personnages et ces incidens, quoique vrais, ne sont pas la nature commune des champs.
Pierre Quillard M. de Bouhélier a le droit d’écrire, sans nous suggérer d’ironie, « Dieu et le brin de paille », parce que rien ne s’offre à lui que sous les espèces du pathétique ; il sait fort bien reconnaître dans le paysan qui jette le blé au sillon une manière de héros, et telles pages, Le Départ après les moissons, indiquent simplement et sûrement la très ancienne tragédie des adieux sans retour. […] Un adolescent s’intéresse avec anxiété à figurer l’attente de l’Amour dans un décor propice, par le frisson des vents, l’éclat grondant des cieux, des danses langoureuses, bondissantes, selon que son désir s’attendrit ou s’emporte ; cet adolescent s’exaspère de son attente ; d’où l’espèce d’abattement de certains chants où il l’exprime, et leur exagération lyrique parfois.
Cette espece d’injustice a paru principalement dans ses Observations, à l’égard de la Traduction en vers des Géorgiques de Virgile, par M. l’Abbé Delille. […] La Littérature est une espece d’arene, où les combattans sont soumis au jugement de chaque Spectateur, qui a droit d’aller y combattre à son tour ; & personne ne doit s’y engager, s’il refuse de s’assujettir aux loix établies, dont la premiere est la liberté.
Je pense, en un mot, qu’une civilisation commune appartient à l’espèce humaine tout entière dans toutes les parties du globe. […] Otez cette critique, et la philosophie n’est plus qu’une espèce de magie à laquelle Kant se déclare entièrement étranger. […] Le rapport n’étant plus le même, le jugement qui l’exprime n’est donc plus de la même espèce que ceux dont nous avons parlé tout à l’heure. […] Le caractère commun des jugemens de cette espèce est de rapporter à un sujet un attribut qui n’y était pas renfermé logiquement. […] Les jugemens synthétiques sont donc de deux espèces.
La rue de l’Empereur (ainsi nommée de l’empereur Charles-Quint), dans laquelle est située la maison natale, était toute pavoisée et ornée de guirlandes de fleurs et de verdure en long et en travers, de sorte que les façades des maisons en étaient très élégamment décorées, et que l’on circulait sous une espèce de berceau réellement très joli. […] Le buste avait été placé pour ce jour en dehors de l’hôtel de ville, dont le caractère primitif a dès longtemps disparu sous les restaurations diverses, mais qui a conservé de son ancien style une espèce de tribune en saillie à deux étages et avec dôme : c’est ce qu’on appelle la Bretèche, terme fort en usage dans les coutumes d’Artois pour désigner « le lieu où se font les cris, publications et proclamations de justice ». C’est au premier étage de cette espèce de perron ou balcon de l’hôtel de ville que le buste avait été posé. […] Ce livre, avec tous ses étranges aveux et avec l’espèce de mœurs si particulières qu’il présente, ne plaît tant que par le parfait naturel et cet air d’extrême vérité.
Les établissements de l’espèce des cafés ne dataient guère que de ces années-là, et remplaçaient avantageusement pour les auteurs et gens de lettres le cabaret, où s’étaient encore enivrés sans vergogne Chapelle et Boileau. […] Ce café de la veuve Laurens était donc une espèce de café Procope du temps ; on y politiquait ; on y jugeait la pièce nouvelle ; on s’y récitait à l’oreille l’épigramme de Gacon sur l’Athénaïs de La Grange-Chancel, le huitain de La Grange en réponse aux critiques de M. […] Un poëte lyrique, c’est une âme à nu qui passe et chante au milieu du monde ; et selon les temps, et les souffles divers, et les divers tons où elle est montée, cette âme peut rendre bien des espèces de sons. […] Le bon Brossette, ce personnage excellent mais banal, un des dévots empressés de feu Despréaux, espèce de courtier littéraire, qui caressait les illustres pour recevoir des exemplaires de leur part et faire collection de leurs lettres, s’était lourdement avisé, en écrivant à Rousseau, de lui signaler, comme une découverte, dans l’Ode à la Fortune, un passage qui semblait imité de Lucrèce.
Quoique le goût de la musique soit assez vif, c’est avec une espèce d’indolence que l’on va se placer ; l’aspect d’une foule ferait trembler un public italien. […] Cette espèce d’anathème lancé contre M. […] L’Académie ne fut d’abord qu’une espèce de commission établie pour juger ceux qui entreprendraient d’avoir plus d’esprit et de talent que lui. […] Quand les Romains furent maîtres du monde, ils se rappelaient avec une espèce de honte leurs premiers combats, leurs premiers triomphes pour de misérables hameaux. […] La proposition de Cléopâtre est atroce, étonnante, extraordinaire, mais celle qui la fait est aussi une femme unique en son espèce.
Il me semble que cette espèce de nature basse et commune serait bien plus déplacée, bien plus inconvenante dans une tragédie. […] Cette espèce de sublime est à la portée d’un trop petit nombre de spectateurs : ce fut toujours le destin de Racine d’être victime de la perfection de son goût. […] Je crois madame de Caylus meilleur juge d’un fait de cette espèce que Racine le fils. […] Ésope à la cour vaut mieux qu’Ésope à la ville, il y a du moins une espèce d’intrigue, un dénouement heureux et très intéressant : cependant il n’eut d’abord qu’un succès médiocre. […] Le théâtre n’est point fait pour cette espèce de controverse : c’est aux théologiens, et non pas aux comédiens, à convertir les athées.
Conclusion La perfectibilité de l’espèce humaine est devenue l’objet des sourires indulgents et moqueurs de tous ceux qui regardent les occupations intellectuelles comme une sorte d’imbécillité de l’esprit, et ne considèrent que les facultés qui s’appliquent instantanément aux intérêts de la vie. […] L’on dit que les lumières et tout ce qui dérive d’elles, l’éloquence, la liberté politique, l’indépendance des opinions religieuses, troublent le repos et le bonheur de l’espèce humaine. […] Sans doute on ne peut se promettre avec certitude de marcher sans faiblesse dans cette noble carrière ; mais ce qu’on peut, ce qu’on doit à l’espèce humaine, c’est de diriger tous ses moyens, c’est d’invoquer tous ceux des autres, pour répéter aux hommes, qu’étendue d’esprit et profondeur de morale, sont deux qualités inséparables ; et que, loin que la destinée vous condamne à faire un choix entre le génie et la vertu, elle se plaît à renverser successivement, de mille manières, tous les talents qui voguent au hasard sans ce guide assuré.
Nous l’aimons pour cette raison et nous le lui avons dit, quoiqu’il l’ait oublié… C’est, de naturel, un très agréable conteur, naïf et attendri, une espèce de Greuze littéraire, qui aurait toute la pureté de son talent s’il se débarbouillait de cette fumée de pipe qu’on appelle « la philosophie allemande » et qui encrasse (je pourrais dire un mot plus laid si je parlais la langue des tabagies) les plus jolies parties de ses tableaux. […] Ainsi la vierge qui se consacre au service des pauvres et se fiance à Dieu n’est pas de son ressort paternel, et ne lui semble pas, comme la femme mariée à un être de son espèce, « la véritable prêtresse de l’amour (encore textuel) ». […] Faux en métaphysique, si on peut dire qu’il y ait de la métaphysique dans ces bigarrures de philosophie sans étoffe ; — faux en morale, puisqu’il la fait naturelle ; — et faux en conception du rôle social de la femme, qui n’est plus qu’un rôle physiologique, car l’idéal est imposé par la nature au nom des lois physiologiques, lesquelles, pour Weill, doivent comprendre toutes les espèces de lois, il est faux encore, le plus souvent, par le style romanesco-philosophique, et, par-dessus tout cela, il n’est pas amusant !
Hoffmann, en son admirable conte de l’Église des Jésuites, à l’endroit où le peintre Berthold, ce pauvre génie incomplet, s’épuise dans ses paysages à copier textuellement la nature, introduit à son côté un petit Maltais ironique, espèce de Méphistophélès de l’art, qui lui frappe sur l’épaule et lui donne de merveilleux conseils : on dirait que M. […] Rien sur le premier plan, hormis quelques vêtements laissés : une blouse, des instruments de travail, une chèvre couchée auprès ; puis, au premier fond, derrière le monticule du premier plan, une espèce de ravin fourré d’arbres, et, dessous, quelque paysan qui sommeille ; plus haut, la côte du château, blanche, nue, calcaire, avec les ruines sévères qui la couronnent ; mais à droite, cette côte blanche s’amollissant en croupes verdoyantes, souples, mamelonnées, et au sommet de l’une de ces croupes, des génisses qui paissent, et un rayon incertain de soleil qui tombe et qui joue.
On remarquera que ce poëte fait entrer dans son ouvrage un petit nombre de personnages de cette espece, et je n’ai jamais entendu loüer Lucain d’en avoir fait un usage plus fréquent. […] Les actions allegoriques ne conviennent qu’aux prologues des opera destinez pour servir d’une espece de préface à la tragedie, et pour enseigner l’application de sa morale.
Je réponds en premier lieu, fondé sur tout ce que j’ai dit précedemment, que la cause qui est assez puissante pour agir sur les cerveaux de toute espece, peut bien n’être pas assez efficace pour altérer la stature des corps. […] Peut-être trouveroit-on qu’il y a des âges où l’espece des hommes va en se perfectionnant, comme il y en a d’autres où elle décheoit.
On nous citait une femme gagnant une très grosse somme par jour, avec le talent qu’elle a seule d’enfiler un collier de perles : c’est-à-dire d’assembler les perles, de les faire valoir l’une par l’autre, de les harmonier, de chercher pour ainsi dire leurs accords, sur des espèces de registres de musique en ébène. […] La dedans une femme, Mme A…, me dit-il, une espèce de paysanne ; deux caniches crottés, ses aides en train de fouiller le dessous du lit ; et sur le marbre d’un chiffonnier, une pauvre colombe, habituée à être escamotée, immobile et qui semble de bois. […] À côté une espèce de vieux petit mayeux bordelais, le menton dans son assiette, au fausset inouï, aux notes comiques de casse-noisette, le soprano du gazouillement, et sa femme, une figure qui fait penser à la Reine des Merlans dans une féerie. […] Dans ce milieu bas, Sainte-Beuve devient un petit bourgeois, fermé à tous les grands côtés de sa vie d’en haut, une espèce de boutiquier en goguette, l’intellect rapetissé par les ragots, les âneries, les rabâchages imbéciles des femmes. […] Il s’y faisait bâtir une maison, et servir par une espèce de jardinier, qui lui fricotait son petit repas du matin et du soir, et sans vouloir recevoir âme qui vive, il restait sept ans en cravate blanche, sur cette hauteur, à prendre son vol pour l’éternité.
Et je l’ai aimé davantage, à mesure que j’ai compris quelle rare et forte et originale espèce de chrétien il avait été. […] Mais s’il y a une destinée humaine par-delà la mort, quelle qu’elle doive être pour moi, je serais fou de redouter un sort qui me sera forcément commun avec des milliards d’individus de mon espèce. » Cela ne l’eût point rassuré. […] Toutes les variétés de l’espèce libre penseuse l’exaspèrent : non seulement le libre penseur militant, celui dont il a férocement tracé le type sous le nom de Coquelet et qui ressemble déjà très exactement à M. […] Toute espèce de haine me semble totalement ridicule, sauf une qui est totalement abominable : la haine du bien. […] Et j’aime les saints, les prêtres, les religieuses — non par une affectation de « largeur d’esprit » ou par une espèce de niaise et suffisante coquetterie morale.
Ce délire, c’était une espèce de course folle dans tous les magasins de bibelots de Paris, où j’achetais tout, tout, tout, — et l’emportais moi-même. […] Le monde intime de la maison, quelques hommes et les femmes des académiciens, sont ramassés dans l’espèce d’enceinte d’un petit cirque, défendu par une balustrade. […] Je m’en vais là-bas, avec une espèce de joie de sortir de mon isolement, qui, pendant ce mois, m’a pesé plus que jamais. […] Il m’apparaît ainsi qu’un espèce de Goliath, au nez tuberculeux d’un abbé napolitain, aux yeux de jettatore, effrayants, diaboliques. […] Là-dessus quelqu’un parle d’un ménage, apparenté aux de Noailles, dont l’amour longtemps contrarié, s’était dépensé avec une espèce de fureur, après la célébration du mariage.
Émile Augier, déjà connu par le succès qu’avait obtenu son gracieux essai de l’année dernière, la Ciguë, une espèce de petit proverbe athénien. […] — N’oublions pourtant pas d’ajouter que l’oncle Bridaine, si bien joué par Provost, et qui rentre dans les anciennes données comiques, est excellent : il prête aux meilleures scènes de l’ouvrage, et le second acte lui a dû son espèce de succès.
On peut dire de l’espèce ce qu’Aristote dit de l’individu : Il n’y a rien dans l’intelligence qui n’ait été auparavant dans le sens ; c’est-à-dire que l’esprit humain ne comprend rien que les sens ne lui aient donné auparavant occasion de comprendre. […] D’après cela, nous distinguerons à plus juste titre que Varron, trois espèces de théologie : théologie poétique, propre aux poètes théologiens, et qui fut la théologie civile de toutes les nations païennes ; théologie naturelle, celle des métaphysiciens ; la troisième, qui dans la classification de Varron est la théologie poétique42, est pour nous la théologie chrétienne, mêlée de la théologie civile, de la naturelle, et de la révélée, la plus sublime des trois.
Quoique cette première forme de la philosophie théologique se retrouve avec évidence dans l’histoire intellectuelle de toutes nos sociétés, elle ne domine plus directement aujourd’hui que chez la moins nombreuse des trois grandes races qui composent notre espèce. […] La majorité de notre espèce n’est point encore sortie d’un tel état qui persiste aujourd’hui chez la plus nombreuse des trois races humaines, outre l’élite de la race noire et la partie la moins avancée de la race blanche. […] Aussi, en tout temps, celui qui a pu devenir suffisamment conséquent a-t-il acquis, par cela même, la faculté de rallier graduellement les autres, d’après la similitude fondamentale de notre espèce. […] Si l’idée de société semble encore une abstraction de notre intelligence, c’est surtout en vertu de l’ancien régime philosophique ; car, à vrai dire, c’est à l’idée d’individu qu’appartient un tel caractère, du moins chez notre espèce. […] Mais, pour compléter la formule fondamentale, il suffit, en premier lieu, de placer, au début de ce vaste ensemble, la science mathématique, seul berceau nécessaire de la positivité rationnelle, aussi bien pour l’individu que pour l’espèce.
C’est esquiver la difficulté que de distinguer, comme on le fait d’habitude, deux espèces de quantité, la première extensive et mesurable, la seconde intensive, qui ne comporte pas la mesure, mais dont on peut dire néanmoins qu’elle est plus grande ou plus petite qu’une autre intensité. […] Il entrera donc dans le sentiment du gracieux une espèce de sympathie physique, et en analysant le charme de cette sympathie, vous verrez qu’elle vous plaît elle-même par son affinité avec la sympathie morale, dont elle vous suggère subtilement l’idée. […] Et plus vous y réfléchirez, plus vous verrez que ce sont là autant de sensations qualitativement distinctes, autant de variétés d’une même espèce. […] Et non seulement le lourd et le léger constituent pour notre conscience des genres différents, mais les degrés de légèreté et de lourdeur sont autant d’espèces de ces deux genres. […] Que si, pour couper court à toute question de ce genre, on distingue deux espèces de quantité, l’une intensive, qui comporte seulement le plus et le moins, l’autre extensive, qui se prête à la mesure, on est bien près de donner raison à Fechner et aux psychophysiciens.
Voici quelques notes qui se rapportent au projet du premier chant et le caractérisent : « Il faut magnifiquement représenter la terre sous l’emblème métaphorique d’un grand animal qui vit, se meut et est sujet à des changements, des révolutions, des fièvres, des dérangements dans la circulation de son sang. » « Il faut finir le chant Ier par une magnifique description de toutes les espèces animales et végétales naissant ; et, au printemps, la terre prœgnans ; et, dans les chaleurs de l’été, toutes les espèces animales et végétales se livrant aux feux de l’amour et transmettant à leur postérité les semences de vie confiées à leurs entrailles. » Ce magnifique et fécond printemps, alors, dit-il, Que la terre est nubile et brûle d’être mère, devait être imité de celui de Virgile au livre II des Géorgiques : Tum Pater omnipotens, etc., etc., quand Jupiter De sa puissante épouse emplit les vastes flancs. […] C’est là, sans doute, qu’il se proposait de peindre « toutes les espèces à qui la nature ou les plaisirs (per Veneris res) ont ouvert les portes de la vie. » « Traduire quelque part, se dit-il, le magnum crescendi immissis certamen habenis. » Il revient, en plus d’un endroit, sur ce système naturel des atomes, ou, comme il les appelle, des organes secrets vivants, dont l’infinité constitue L’Océan éternel où bouillonne la vie. […] Ce végétal est mangé par quelque animal ; alors ils se transforment en sang et en cette substance qui produira un autre animal et qui fait vivre les espèces… Ou, dans un chêne, ce qu’il y a de plus subtil se rassemble dans le gland. « Quand la terre forma les espèces animales, plusieurs périrent par plusieurs causes à développer. […] Toute édition d’écrits posthumes et inachevés est une espèce de toilette qui a demandé quelques épingles : prenez garde de venir épiloguer après coup là-dessus.
Rappelons qu’en parlant d’idées-forces, nous ne considérons pas les idées, ainsi que l’a fait parfois l’école de Herbart, comme des espèces d’entités ayant chacune une existence à part, agissant l’une sur l’autre à la façon d’un acide et d’une base mis en présence : les idées ou images sont pour nous des états de conscience qui s’accompagnent de sentiments et aboutissent à des mouvements66 ; ces sentiments et ces tendances motrices n’ont pas toujours des formes déterminées, des limites et des contours précis : ce sont des états continus et reliés à d’autres états par des transitions souvent insensibles. […] Si l’on prend le mot d’idées au sens plus étroit de représentations ayant un objet, on peut dire que les idées, ayant presque toutes pour objets des genres et des espèces, animaux, hommes, Français, etc., sont elles-mêmes des espèces plus ou moins viables et stables. Le mot même d’idée signifie espèce, εἶδος, species. Les lois de la mémoire et de l’association pourraient s’appeler des lois de sélection cérébrale ou intellectuelle, et il n’est pas moins intéressant de savoir comment survivent ou revivent les idées que de savoir comment subsistent les individus ou les espèces dans la lutte pour l’existence. […] Probablement il existe dans le cerveau des voies particulières et une sorte d’organisme particulier répondant à ces espèces d’organismes qu’on nomme les langues, les signes, les mouvements vocaux.
Donat en ajoute une quatrième espèce, dans laquelle entrait quelque chose de toutes les autres, et qu’il appelle, par cette raison, prologue mixte. Les anciens distinguaient encore les prologues en deux espèces : l’une où l’on n’introduisait qu’un seul personnage, l’autre où deux acteurs dialoguaient. […] On connaît encore, sur le théâtre français, une espèce d’ouvrages nommés comédies épisodiques, ou pièces à tiroir. […] Les anciens ne connaissaient point les pièces épisodiques ; mais ils avaient une autre manière d’attaquer en même temps plusieurs espèces de ridicules et de les immoler à la fois. […] Racine semble s’être proposé cette espèce de beauté pour modèle dans Andromaque.
La philosophie ne rend impropre qu’à gouverner arbitrairement, despotiquement, et d’une manière méprisante pour l’espèce humaine. […] Rien n’anime et ne régularise les méditations intellectuelles, comme l’espoir de les rendre immédiatement utiles à l’espèce humaine. […] Il ne craint plus de consumer en lui-même le flambeau de la raison, sans pouvoir jamais porter sa lumière sur la route de la vie active ; il n’éprouve plus cette espèce de honte que ressentait le génie condamné à des occupations spéculatives devant l’homme le plus médiocre, si cet homme, revêtu d’un pouvoir quelconque, pouvait sécher des larmes, rendre un service utile, faire du bien au moins à quelqu’un sur la terre.
J’ai eu, sans la chercher, une impression de cette espèce, m’étant donné la tâche de parcourir d’affilée cinq ou six volumes de chroniques parisiennes, cependant que des feuillages frissonnaient sur ma tête et que la Terre vivait autour de moi son éternelle vie. […] Je vous assure que je ne mets dans ces critiques aucune espèce de pédanterie, rien de dédaigneux ni de suffisant. […] Il a toujours su ce qu’il faut à ses lecteurs, la dose exacte et l’espèce de philosophie, de fantaisie et de liberté d’esprit qu’ils peuvent admettre.
Le fait de la femelle dévorant le mâle après en avoir joui, fait si fréquent dans certaines espèces, surtout chez les insectes, est le prélude et l’annonce de ce qu’on appelle si justement le « duel des sexes » dans l’espèce humaine. […] Notre cœur est troublé par nos mille naissances, par nos mille hérédités animales et humaines ; par notre obscure descendance animale qui nous a fait sortir sans doute d’une espèce très médiocrement socialisée.
Rien ne contribue autant à sauver la poésie française de l’espèce de monotonie qu’on lui reproche. […] Mais ce mérite devint bientôt une prétention, et plusieurs se rendirent ridicules ; on distingua alors différentes espèces de précieuses, mais le nom fut encore respecté. […] C’est à ce trait et à quelques autres de la même espèce que La Fontaine fait allusion en parlant du lion de cette fable.
Là elle toucha à Chateaubriand et à Sainte-Beuve et s’en mit une goutte dans son verre d’eau claire, où depuis tombèrent des larmes qui firent reprendre au verre d’eau sa limpidité et sa clarté premières… Mme Swetchine, sans sa piété vraie et avec son éducation pédantesque, aurait été un bas-bleu de forte espèce, parfaitement caractérisé, et Mme de Blocqueville tient beaucoup plus d’elle que d’Eugénie de Guérin, sous le charme de laquelle elle se débat un peu, comme elle se débat, mais plus convulsivement, sous la puissance magique de cet enchanteur à poison qui s’appelle Henri Heine, et qui est le péché mignon de la haute Dévote de son livre, — la duchesse Eltha, qui pourrait bien, au fond, n’être qu’une marquise… Mme de Blocqueville a beau assurer dans sa préface, avec des airs oraculaires et mystérieux, qu’Eltha et Lucio, qui se font l’amour tout le temps du livre, ne sont pas des amants et qu’elle ne peut pas en dire davantage. […] Il y en a de toute espèce. […] … On compte dix-huit espèces de jaunes différents, dit Haller le naturaliste poëte.)
Ils ont rapproché des travaux épars çà et là, et ils ont formé de ces détails une espèce de synchrétisme historique où la confusion des faits entassés produit quelque chose de très chinois, car cela manque entièrement de perspective et de cette clarté qui est la vie des livres écrits en français. […] avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses.
Les peines édictées, qui sont « la mort et la confiscation des biens » au profit des hôpitaux, pour les DEUX combattants, pouvaient être d’autant plus sévères que, dans cet édit de 1679, le législateur créait ce fameux tribunal d’honneur composé des maréchaux de France, qui devaient juger en dernier ressort et punir les injures de l’honneur outragé… Le législateur avait fait de sa loi une espèce de filet, tissé de précautions et de peines, dans lequel il pût prendre tous ceux qui participaient à un duel d’une manière quelconque : combattants, seconds, témoins, porteurs de cartels ou d’appels, même jusqu’aux laquais qui, le sachant, porteraient une lettre de provocation de leurs maîtres, — condamnés par ce fait seul au fouet et à la fleur de lys, et, si récidive, aux galères à perpétuité ! […] Serait-il même possible de prévoir l’espèce de loi qu’ils décréteraient contre le duel, pour rester modernes et républicains, dans ce temps si béatement humanitaire et si pourri d’indulgence, qui a aboli la confiscation comme trop dure, et qui va peut-être demain abolir la peine de mort contre les assassins ? […] Toutes les questions relatives au duel et qui le constituent : l’offense, l’appel, la nature des armes, les témoins et leurs devoirs, les différentes espèces de duels, les duels ordinaires et exceptionnels, sont examinées et discutées dans ce livre avec une compétence profonde.
Il est vrai qu’ils n’avaient pas mis leurs vingt-deux têtes dans le même bonnet, et qu’ils n’étaient, après tout, que les pierres d’une mosaïque intellectuelle, composée par un éditeur… Chacun de ces vingt-deux fragments d’un traducteur intégral avait son petit coin, son alvéole, dans la ruche, sa petite pièce sur laquelle il s’était rué et avait épuisé son petit génie, — et puisque chacun avait choisi le morceau (ode, épode, épître ou satire) qui convenait le plus à son genre d’esprit ou d’imagination, ce n’était pas peut-être, en tant qu’il faille traduire un auteur, la plus mauvaise espèce des traductions que celle qu’ils faisaient à eux tous. […] Pourquoi les voluptueux d’ailleurs que de l’esprit lisent-ils Horace, Horace qui est bien plus le contemplateur de l’amour que l’amoureux espèces sonnantes ? […] Poétiquement, Horace me fait l’effet d’une espèce de Ronsard romain, mais avec beaucoup plus de goût, de mesure, de tact que le Ronsard français, et avec une bien autre langue, une langue dans laquelle Virgile avait chanté !
Sa Madame de Montmorency 20, dont il s’occupait avec un soin presque religieux, cette histoire qui commence par la Cour, l’éclat et le monde, et qui finit par l’affliction et une cellule, sa Madame de Montmorency a été pour lui pendant longtemps comme une espèce d’oratoire littéraire dans lequel il revenait à la dévotion de toute sa vie : l’amour des choses de l’esprit et des recherches de l’histoire. […] C’est une mort de grand seigneur d’une espèce perdue, qu’il faut apprécier avec l’esprit des anciens jours. […] Il n’y avait pas de martyr, en effet, et de martyr d’aucune espèce, dans Henry de Montmorency ; il y avait un homme justement condamné.
On lui avait appliqué une espèce de faux axiome qu’il avait inventé : c’est que la vie des hommes célèbres est dans leur pensée et qu’on ne doit la chercher que dans leurs écrits. […] À ce déchiquètement moral de la vie d’un homme qui, lui aussi, déchiqueta pendant soixante ans tant de réputations au gré de ses passions et de ses caprices, on croirait à cette espèce de haine qui dit œil pour œil et dent pour dent, et on se tromperait. […] Son génie, qui fut tout action, pose ici admirablement dans son action même, et les soixante volumes qu’on a de lui, et qui ne sont pas ses plus grands chefs-d’œuvre, ne valent pas, pour bien s’attester sa valeur réelle et suprême, cette chronique pied à pied, — cette espèce de livre de loch de sa vie où l’historien et le flibustier apportent l’un son masque, l’autre sa plume et sa plaisanterie taillée en stylet.
Ce n’est qu’une empreinte, une espèce de plâtre de sa philosophie. […] Ermite là, espèce de Timon enragé dans la carapace d’obscurité qui l’écrasait, il publia, en 1836, un nouveau livre, qui tomba à pic dans l’oubli avec la précision des premiers : La volonté dans la nature. — Il n’en démordait pas, de la volonté ! […] Comme la tourbe de tous les athées, comme Goethe, chez lequel il alla valeter, Schopenhauer ne croit qu’à l’immortalité très commode de l’espèce, — ce qui supprime l’immortalité assez gênante de la personne, et, du même coup, la loi morale, qui a pour sanction ce genre d’immortalité.
Elle fait comprendre, en le montrant, cet être hybride et manqué, qui n’est ni un savant ni un poète, mais quelque chose des deux, cette espèce de Centaure intellectuel dont la partie inférieure n’est pas un cheval, comme le Centaure mythologique, mais une autre bête que je ne nommerai pas. […] Son système, s’il est possible d’entendre la voix ferme et distincte d’un système à travers cette tempête de mots lâchés par un homme véritablement attaqué d’une tympanite verbale, son système n’est qu’une espèce de métempsycose toujours en évolution… idée chétive, trouvaille de peu d’efforts, vulgarité niaise à force d’être commune. […] Le fossoyeur d’Hamlet disait ce qu’il y avait eu dans le crâne d’Yorick, parce qu’il l’avait connu durant sa vie ; mais Quinet, le fossoyeur des cimetières antédiluviens, raconte tout le monde… qu’il ne connaît pas. « Dans le crâne surbaissé du Néanderthal », dit-il, il voit apparaître « les premières opinions grossières de l’esprit, de l’homme, les embûches tendues aux espèces gigantesques, l’émulation avec l’elephas antiquus — (le bonus, bona, bonum de Sganarelle !)
Mais voilà un roman multiple sur toute une espèce de femmes, et qui, malgré ses détails et son ampleur, vise pourtant à l’unité. […] Mais Messaline n’est qu’un organe… IV Ainsi donc, répétons-le pour qu’il n’en soit plus question, il n’y a, dans ce livre, de Messaline d’aucune espèce, ni de brune, ni de blonde, et, s’il y en avait, le livre serait bien moins spirituel qu’il n’est, bien moins intéressant, bien moins ironique ; car il est ironique, et je l’ai dit, mais j’insiste : c’est là sa plus charmante qualité. […] À coup sûr, un tel homme doit insurger les pédants de toutes les espèces.
II Cette espèce de roman, du reste, ce n’est pas M. […] Dans l’espèce de roman dont il est victime, dans ce roman à tiroirs et à double fond, dans lequel il renferme des facultés assez vives pour faire sauter tout cela (le feront-elles un jour ?) […] Féval doutait encore de la vérité de tout ce que nous lui avons dit sur cette espèce de roman, auquel nous désirerions l’arracher, nous la lui prouverions par lui-même… La réputation de M.
Mais il est bien certain aussi que cet étrange talent a une origine plus haute qu’une espèce de gageure artistique. […] Celle-ci, que notre siècle, pour qui rien n’est difficile à expliquer, grâce à son double caractère d’incrédulité et d’ignorance, qualifierait simplement de fantaisies et de caprices, contient, ce me semble, une espèce de mystère. […] Or, je défie qu’on explique le capharnaüm diabolique et drolatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique.
Trop souvent il retombe dans la métaphysique de l’esprit, qui paraît une espèce de luxe, mais un luxe faux qui annonce plus de pauvreté que de richesse. […] On dirait qu’ils apprennent cette vérité pour la première fois, car tout ce qu’on sent fortement est une espèce de découverte pour l’âme. […] Ces idées, par elles-mêmes, inspirent à l’imagination une espèce de terreur qui n’est pas loin du sublime.
Il ne s’est soucié d’aucune espèce de rapport immédiat avec ses semblables. […] Il n’a aucune espèce de sensibilité. […] Ils n’ont aucune espèce de caractère. […] Chaque grande idée générale qui traverse le monde donne seulement matière à ce besoin impérieux de l’espèce. […] Il est homme nouveau essentiellement ; et il n’a aucune espèce de respect.
Mahomet n’a jamais commis de crimes de cette espèce. […] … Ne peut-on pas essayer d’attaquer, dans une tragédie, cette espèce d’imposture qui met en œuvre à la fois l’hypocrisie des uns et la fureur des autres ? […] Corneille, en honorant un homme de cette espèce, ne se déshonorait, pas lui-même. […] L’espèce d’intérêt que l’on trouve dans la tragédie de Tancrède, coûte fort cher : il faut acheter au prix d’un long ennui quelques moments agréables. […] Les dieux sont aussi des tyrans aux yeux de cette espèce de républicains qui font consister la liberté dans l’anarchie.
Ces livres, ce sont les Kings, livres sacrés, espèce de Védas de l’Inde, triple recueil religieux, législatif, littéraire, poétique même ; il contient les dogmes, les rites, les lois, les chants d’un peuple anéanti et renaissant. […] Il est vêtu d’un manteau d’étoffe à plis lourds qui enveloppe ses épaules et ses bras, et qui est ramené sur ses genoux ; ses deux mains, petites et maigres, sont jointes sur sa poitrine ; elles s’appuient sur une espèce de houlette à deux pieds, qui, à son extrémité inférieure, a un peu la forme allongée d’une lyre grecque. […] Ses pieds sont cachés sous les plis flottants du manteau, ses coudes sont appuyés sur les bras du fauteuil ; une espèce de bonnet carré, pareil à la mitre persane, coiffe la tête ; une frange à longues torsades retombe du sommet de cette coiffure sur un large bandeau qui ceint le front du philosophe comme une tiare. […] Cet instrument, appelé le kin, est une espèce de lyre à cordes de soie qui rend des sons d’une extrême ténuité et d’une grande douceur, pareils à ceux du vent dans les brins d’herbe. […] Ils montent, selon leur aptitude, au rang de mandarins ou de fonctionnaires publics de toute espèce.
Il distingue donc plusieurs espèces de mouvements, et il en porte le nombre tantôt à dix, tantôt à sept, sans les séparer toujours bien nettement entre elles. […] Tel est le système du monde, mû durant l’éternité par le premier moteur, qui n’a lui-même, dans son unité, dans son infinitude et dans son immobilité, ni parties ni aucune espèce de grandeur possible. […] Ce grand homme, qui voulait conquérir l’univers asiatique non-seulement pour sa gloire, mais pour la gloire de la civilisation, mit quelques milliers d’hommes armés à la disposition de son ancien maître, uniquement employés à lui fournir et à lui amener à Athènes des animaux de toute espèce, pour servir de texte à ses observations. […] Le miel du mont Hymette les rendait chères aux Athéniens : « On distingue plusieurs espèces d’abeilles : la meilleure est petite, ronde et de plusieurs couleurs ; la seconde est allongée et semblable au frelon ; la troisième est l’abeille qu’on nomme voleuse : sa couleur est noire, son ventre large ; la quatrième espèce est celle du bourdon : il est plus grand que les abeilles des trois premières espèces. […] Peut-être les hommes vivraient-ils en troupes comme quelques autres espèces d’animaux ; mais ils ne pourraient jamais avoir entre eux ces rapports et ces liens durables qui forment les peuples et les nations, avec les gouvernements plus ou moins parfaits qu’ils se donnent et qui subsistent des siècles.
L’espèce d’étude pourtant à laquelle il demanda tout d’abord une consolation virile, et où il s’enfonça jour et nuit « pour ne point se dévorer le foie à voir tout ce qu’il voyait », ne fut point celle sans doute qu’il aurait choisie avant d’avoir passé par ces grands enseignements de la politique et par l’école pratique de l’homme d’État. […] Ce n’est point en trempant sa plume dans la couleur vénitienne, c’est avec la seule correction du dessin français et l’espèce de réflexion raisonnable qui s’y mêle, qu’il a exposé cette suite de tableaux. […] Cependant l’espèce de disgrâce et de persécution qui avait atteint M. […] Sa capacité de travail, sa facilité prodigieuse à de grands emplois, resteront mémorables et seront toujours citées comme type dans l’espèce, à la faveur du cadre historique lumineux où elles se sont produites et d’où elles provoquent l’étonnement.
Si l’on demande à quoi cette activité est bonne, on peut répondre d’abord qu’elle est bonne à répandre dans la société plus de bien-être, plus d’instruction, plus de jouissances de toute espèce ; mais on peut dire surtout que l’activité est bonne par elle-même, parce qu’agir, c’est vivre. […] Ce que l’école libérale appelait le despotisme de la démocratie, c’était la violence démagogique, le gouvernement brutal et sauvage des masses ; mais Tocqueville avait en vue une autre espèce de despotisme, non pas celui de la démocratie militante, entraînée par la lutte à d’abominables violences et manifestant à la fois une sauvage grandeur : non, il croyait voir la démocratie au repos, nivelant et abaissant successivement tous les individus, s’immisçant dans tous les intérêts, imposant à tous des règles uniformes et minutieuses, traitant les hommes comme des abstractions, assujettissant la société à un mouvement mécanique, et venant à la fin se reposer dans le pouvoir illimité d’un seul. C’était là l’espèce de despotisme qu’il craignait pour les sociétés démocratiques. […] Nous ne devons pas tendre à nous rendre semblables à nos pères, mais nous efforcer d’atteindre l’espèce de grandeur qui nous est propre. » Un de ses amis les plus intimes, M. de Corcelles, avait paru comprendre son livre dans un sens trop défavorable à la démocratie.
Exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ; faire apparaître, dans une sorte de miroir sombre et clair ― que l’interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu’il ait la dimension rêvée par l’auteur ― cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l’Homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l’on veut, est sortie la Légende des Siècles. […] L’épanouissement du genre humain de siècle en siècle, l’homme montant des ténèbres à l’idéal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l’autre ; une espèce d’hymne religieux à mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute prière ; le drame de la création éclairé par le visage du créateur, voilà ce que sera, terminé, ce poëme dans son ensemble ; si Dieu, maître des existences humaines, y consent.
Exemple d’une autre espèce. […] On a exposé dans le Salon un tableau de la Mort de Socrate qui a tout le ridicule qu’une composition de cette espèce pouvait avoir : on y fait mourir sur un lit de parade le philosophe le plus austère et le plus pauvre de la Grece.
Béranger en 1832 Dans ces esquisses, où nous tâchons de nous prendre à des œuvres d’hier et à des auteurs vivants, où la biographie de l’homme empiète, aussi loin qu’elle le peut, sur le jugement littéraire ; où ce jugement toutefois s’entremêle et supplée au besoin à une biographie nécessairement inachevée ; dans cette espèce de genre intermédiaire, qui, en allant au delà du livre, touche aussitôt à des sensibilités mystérieuses, inégales, non encore sondées, et s’arrête de toutes parts à mille difficultés de morale et de convenance, nous reconnaissons aussi vivement que personne, et avec bien du regret, combien notre travail se produit incomplet et fautif, lors même que notre pensée en possède par devers elle les plus exacts éléments. […] Soit que des plumes ingénieuses et sagaces nous aient déjà dérobé heureusement ce qui nous eût attiré peut-être ; soit que cette prédilection vive que nous apportons dans l’étude des modèles et qu’on a pu blâmer, mais à laquelle nous tenons, ne s’étende pas à l’infini ; soit qu’enfin l’espèce de détails que l’indulgence ou la convenance prescrit de taire, les faiblesses qui enchaînent, les vanités qui rapetissent, ces sentiments mêlés et attristants, nous semblent, dans plusieurs des cas que nous excluons, à la fois trop essentiels et trop impossibles à dévoiler ; par tous ces motifs, nous serons plus que jamais sobre de choix à l’avenir. […] La révolution continuant, il quitta Paris pour Péronne, où il fut confié à une tante paternelle, qui tenait là une espèce d’auberge. […] parce qu’elle avait une espèce de mari qui prenait soin de sa garde-robe, vous vous fâchez contre elle ! […] Il faut que, toutes les deux ou trois secondes, la pensée revienne faire acte de présence à un coin marqué, jaillir à travers un nœud étroit et fixe, rebondir sur une espèce de raquette inflexible et sonore : elle est à cent lieues, au bout du monde, dans le ciel ; n’importe, il faut qu’elle revienne et qu’elle touche à point.
On le distingue ordinairement en deux espèces : induction et syllogisme. Mais il y a une troisième espèce de raisonnement distincte des deux précédentes, « et qui, néanmoins, non-seulement est valide, mais encore est le fondement des deux autres. » C’est l’inférence, qui va du particulier au particulier. […] En vertu de la loi d’association, c’est-à-dire d’une loi d’habitude mentale, les actions de la première espèce étant associées constamment dans l’expérience et dans la pensée, avec ce qui produit le bonheur, deviennent elles-mêmes un objet d’approbation : les actions contraires étant associées constamment, dans l’expérience et dans la pensée, avec ce qui détruit le bonheur, deviennent un objet de condamnation. » Par suite le sens moral serait un sentiment acquis, non primitif, dont un exemple grossier, disent les Utilitaires, peut suffisamment expliquer le mode de formation. […] L’objet de la morale doit donc être de déduire des lois de la vie et de ses conditions d’existence, quelles sont les espèces d’actions qui tendent nécessairement à produire le bonheur et quelles sont les espèces d’actions qui tendent au contraire.
Et n’est-ce point un Bovarysme de cette espèce qui, à l’instigation des Deshoulières et des Rousseau, donna naissance aux Trianon ? […] C’est cette même force mensongère et fatale qui désorbitait les individus et qui maintenant manifeste son pouvoir sur l’espèce tout entière, contraignant l’humanité à se concevoir autre qu’elle n’est, faite pour d’autres destins, pour un autre savoir. […] À posséder les résultats du labeur accompli au cours d’une longue civilisation par le génie de ses meilleurs représentants, quelques-uns des plus médiocres parmi les derniers venus prennent le change sur leur propre valeur ; ils se gonflent, comme d’un mérite individuel, des conquêtes intellectuelles dues à l’élite de l’espèce et dont ils bénéficient en vertu d’un privilège commun à toute l’Humanité. […] Par cette disproportion, ils montrent à nu, avec une exagération qui résulte de leur médiocrité, ce fait essentiel : l’écart prodigieux qui existe, parmi toutes les espèces animales, chez la seule espèce humaine, entre l’apport individuel du meilleur de ses représentants et la richesse qui lui est transmise par l’être collectif Humanité.
Nous avons seulement lieu de croire, que l’inversion leur donnait plus de facilité qu’à nous pour être harmonieux dans leurs phrases ; mais l’espèce d’harmonie qui résulte des mots pris en eux-mêmes et de la suite des mots, il faut convenir de bonne foi que nous ne la sentons guère. […] Il n’y a, ce me semble, dans les phrases latines et grecques, qu’une seule espèce d’harmonie qui puisse être sensible pour nous jusqu’à un certain point. […] Voilà, je pense, tout ce qu’on peut dire de raisonnable et d’intelligible, sur l’espèce de plaisir que nous goûtons par l’harmonie des langues mortes. […] Il avait fait ou projeté sur ce sujet une espèce de dialogue, qu’il n’osa publier, de peur de désobliger deux ou trois régents qui avaient pris la peine de mettre en vers latins l’ode que ce poète avait faite en mauvais vers français sur la prise de Namur ; mais depuis sa mort on a publié et imprimé dans ses œuvres une esquisse de ce dialogue. […] De se borner, dans ses critiques, à relever les erreurs de dates, de noms propres, d’une lettre mise pour une autre, d’une virgule de trop ou de moins, et autres méprises de cette espèce, à condition cependant qu’il y sera fort exact, ce qui ne lui arrive pas toujours ; mais de ne pas toucher aux raisonnements bons ou mauvais, et de s’abstenir de raisonner lui-même le plus qu’il lui sera possible.
Le cerveau est en relation avec les mécanismes de la moelle en général, et non pas seulement avec tel ou tel d’entre eux ; il reçoit aussi des excitations de toute espèce, et non pas seulement tel ou tel genre d’excitation. […] La première marque en gros la direction du monde animal (je dis « en gros », parce que bien des espèces animales renoncent au mouvement, et par là sans doute à la conscience) ; la seconde représente en gros celle des végétaux (je dis encore une fois « en gros », car la mobilité, et probablement aussi la conscience, peuvent se réveiller à l’occasion chez la plante). […] Il est inutile d’entrer dans le détail des observations qui, depuis Lamarck et Darwin, sont venues confirmer de plus en plus l’idée d’une évolution des espèces, je veux dire de la génération des unes par les autres depuis les formes organisées les plus simples. […] Mais il ne faut pas croire qu’elle ait lancé la matière vivante dans une direction unique, ni que les diverses espèces représentent autant d’étapes le long d’une seule route, ni que le trajet se soit effectué sans encombre. […] Vue du dehors, la nature apparaît comme une immense efflorescence d’imprévisible nouveauté ; la force qui l’anime semble créer avec amour, pour rien, pour le plaisir, la variété sans fin des espèces végétales et animales ; à chacune elle confère la valeur absolue d’une grande œuvre d’art ; on dirait qu’elle s’attache à la première venue autant qu’aux autres, autant qu’à l’homme.
Si quelque habitant d’une autre planète descendait ici pour nous demander où en est notre espèce, il faudrait lui montrer les cinq ou six grandes idées que nous avons sur l’esprit et le monde. […] Elle est dure et carrée ; cela signifie encore qu’étant poussée, puis parcourue par la main, elle y suscitera deux espèces distinctes de sensations musculaires. […] L’espèce de surface a donc beaucoup d’influence. […] Nous pouvons bien ramener l’un à l’autre des phénomènes de degré différent, mais non des phénomènes d’espèce différente. […] C’est une assertion d’une espèce extraordinaire, la plus féconde et la plus précieuse de toutes, qui résume toute une science, et en qui toute science aspire à se résumer.
Si quelque habitant d’une autre planète descendait ici pour nous demander où en est notre espèce, il faudrait lui montrer les cinq ou six grandes idées que nous avons sur l’esprit et le monde. […] Elle est dure et carrée : cela signifie encore qu’étant poussée, puis parcourue par la main, elle y suscitera deux espèces distinctes de sensations musculaires. […] L’espèce de surface a donc beaucoup d’influence. […] Nous pouvons bien ramener l’un à l’autre des phénomènes de degré différent, mais non des phénomènes d’espèce différente. […] C’est une assertion d’une espèce extraordinaire, la plus féconde et la plus précieuse de toutes, qui résume toute une science, et en qui toute science aspire à se résumer.
Nous pouvons donc considérer que notre corps est composé par des millions de milliards de petits êtres ou individus vivants et d’espèce différente. […] Les éléments de même espèce se réunissent pour constituer nos tissus, et nos tissus se mélangent pour former nos organes ; les éléments d’espèce différente se soudent entre eux afin de pouvoir réagir les uns sur les autres et concourir avec harmonie à un même but physiologique. […] Chaque espèce d’éléments représente ainsi une véritable espèce d’individus qui dépend d’un tout auquel il est associé, mais qui a toujours son indépendance et sa vie propre, qui a sa manière particulière de se nourrir et d’être excité, qui a ses poisons spéciaux et sa manière spéciale de mourir. […] Toutefois ces réactions de la modification circulatoire sur les organes nerveux demandent pour s’opérer un temps très-différent selon les espèces. […] Priestley, Expériences et observations sur différentes espèces d’airs, t.
Dans le même temps on m’en tendit un d’une espèce plus dangereuse, auquel j’échappai, mais qui lui fit sentir que les dangers qui me menaçaient sans cesse rendaient nécessaires tous les préservatifs qu’elle y pouvait apporter. […] Vous avez su réunir ici bien des plantes différentes : voilà des vignes et des arbres fruitiers de plusieurs espèces. […] Il est devenu pour moi une espèce de propriété ; il me semble qu’une réminiscence confuse m’apprend que j’ai vécu là jadis dans des temps plus heureux, et dont la mémoire s’est effacée en moi. […] Il est possible que vous ayez la fièvre pendant ces cruelles insomnies, et c’est elle sans doute qui vous cause cette espèce de délire. […] Je fus longtemps dans une espèce de stupeur qui m’ôtait la faculté de sentir toute l’étendue de mon infortune ; lorsque enfin je revins à moi, et que je fus à même de juger de ma situation, ma raison fut prête à m’abandonner.
Toujours un peu humiliant pour celui qui en est l’objet, le rire est véritablement une espèce de brimade sociale. […] J’entends ici par gestes les attitudes, les mouvements et même les discours par lesquels un état d’âme se manifeste sans but, sans profit, par le seul effet d’une espèce de démangeaison intérieure. […] Le naturaliste ne procède pas autrement quand il traite d’une espèce. […] La condition essentielle, nous le savons, est que la particularité observée apparaisse tout de suite comme une espèce de cadre, où beaucoup de personnes pourront s’insérer. […] Nous aurons donc ici une espèce de comique dont les variétés pourraient être déterminées à l’avance.
Je crains que l’érudition contemporaine, avec ses procédés et ses méthodes, n’en ait abondamment multiplié l’espèce. […] Il faut donc que l’avocat apprenne voir les questions sous toutes leurs faces, et combien un seul genre légal est capable d’engendrer d’espèces. […] que, parmi les espèces il y en a d’inférieures et de supérieures ? […] Il y a d’ailleurs aussi ce qu’on appelle des espèces douteuses, qui même le sont d’autant plus que l’on en connaît mieux les caractères. […] Paul Verlaine, eux, ne sont souvent qu’une espèce de prose ; et ceux de M.
Les espèces zoologiques résultent de ces différences… Sous ce rapport, la société ressemble à la nature. […] La première consiste dans une espèce de recul de la notion même de l’art. […] On lui pardonne jusqu’à ses palinodies, ou plutôt, telle est ici la force d’une espèce d’envoûtement ! […] Jusqu’au bout, il a été aux prises avec les difficultés d’argent et il a vécu dans une espèce de dénuement. […] Très probablement, l’histoire de la littérature ne lui fera aucune espèce de place.
Vous considérez ses écrits, ses œuvres d’art, ses entreprises d’argent ou de politique ; c’est pour mesurer la portée et les limites de son intelligence, de son invention et de son sang-froid, pour découvrir quel est l’ordre, l’espèce et la puissance habituelle de ses idées, de quelle façon il pense et se résout. […] Pour saisir l’ensemble des espèces minéralogiques, il faut considérer d’avance un solide régulier en général, ses faces et ses angles, et dans cet abrégé apercevoir les innombrables transformations dont il est capable. […] Certainement, à chacun de ces deux points extrêmes, la conception générale n’a pas changé ; c’est toujours le même type humain qu’il s’agit de représenter ou de peindre ; le moule du vers, la structure du drame, l’espèce des corps ont persisté. […] Il en est ainsi pour chaque espèce de production humaine, pour la littérature, la musique, les arts du dessin, la philosophie, les sciences, l’État, l’industrie, et le reste. […] : Darwin, De l’origine des espèces. — Prosper Lucas, De l’hérédité.
Elle retrouve, momentanément corrigé de son ivrognerie et de sa crapule, une espèce de bohème de génie, Eilert, qui lui a jadis fait la cour. […] Mais, au surplus, je n’ai voulu que vous suggérer cette idée, que la Guerre et la Paix et l’Éducation sentimentale étaient, au fond, deux œuvres de même espèce et de composition analogue. […] L’espèce de volupté que nous cause la forme chez nos grands artistes, il est certain que ni Eliot, ni Tolstoï, ni Ibsen, ne nous la procureront jamais. […] Sous cette forme neutre, cette espèce de cote mal taillée qu’est une traduction, sous ces mots français recouvrant un génie qui ne l’est pas, de vieilles vérités ou des observations connues me font l’effet de nouveautés singulières. […] Et au surplus, pour en revenir au règlement présent de cette espèce de compte de « doit et avoir » ouvert entre les races, ne resterait-il pas à chercher si le piétisme d’Eliot, l’idéalisme contradictoire et révolté d’Ibsen, le fatalisme mystique de Tolstoï sont nécessairement quelque chose de supérieur soit à l’humanitarisme, soit au réalisme français ?
Cette espèce d’illustration est aussi d’un prix réel quand elle est avouée par les suffrages publics ; et la considération sociale qu’elle répand sur les écrivains et les artistes émane de la même source que les honneurs accordés aux services rendus à l’état dans les places et les professions les plus éminentes. […] Andromaque fut la seconde, et n’eut pas moins d’éclat : ce fut une espèce de révolution. […] à ce parti si nombreux des écrivains médiocres, qui, sans s’aimer d’ailleurs et sans être d’accord sur le reste, se réunissent toujours comme par instinct contre le talent qui les menace, se joignait cette espèce d’enthousiastes qui avaient déclaré qu’on n’égalerait pas Corneille, et qui étaient bien résolus à ne pas souffrir que Racine osât les démentir. […] Telle est cette première espèce de beautés dont tous les ouvrages de l’art ne sont pas également susceptibles. […] Cette seconde espèce de beautés demande plus de temps pour être aperçue et sentie, et diffère surtout de la première, en ce que celle-ci est embrassée par le sentiment, au lieu que l’autre est admirée par la réflexion.
Il est clair, d’après cela, que, quoiqu’il soit infiniment plus facile et plus court d’apprendre que d’inventer, il serait certainement impossible d’atteindre le but proposé si l’on voulait assujettir chaque esprit individuel à passer successivement par les mêmes intermédiaires qu’a dû suivre nécessairement le génie collectif de l’espèce humaine. […] C’est ce qui doit avoir lieu inévitablement si, en réalité, nous prenons, comme cela doit être, pour principe de classification, l’enchaînement logique naturel des diverses sciences, le point de départ de l’espèce ayant dû nécessairement être le même que celui de l’individu. […] Tous les êtres vivants présentent deux ordres de phénomènes essentiellement distincts, ceux relatifs à l’individu, et ceux qui concernent l’espèce, surtout quand elle est sociable. […] Dans tous les phénomènes sociaux, on observe d’abord l’influence des lois physiologiques de l’individu, et, en outre, quelque chose de particulier qui en modifie les effets, et qui tient à l’action des individus les uns sur les autres, singulièrement compliquée, dans l’espèce humaine, par l’action de chaque génération sur celle qui la suit. […] Car il serait impossible de traiter l’étude collective de l’espèce comme une pure déduction de l’étude de l’individu, puisque les conditions sociales, qui modifient l’action des lois physiologiques, sont précisément alors la considération la plus essentielle.
Ce qui peut frapper dans le récit, d’ailleurs intéressant, que Duclos nous fait de ses jeunes années, c’est le ton brusque et sans charme ; l’espèce de gaieté qui s’y montre est une gaieté sèche et sans fleur ; il ne s’étend un peu et ne marque un sentiment de complaisance que lorsqu’il y parle des hommes qu’il a connus, et qu’il se met à développer les caractères. […] Il montre, dans ces grandes perturbations financières, la souffrance frappant surtout et d’abord les artisans des villes, et il en suit les conséquences dans les diverses classes de la société telle qu’elle était constituée alors : La souffrance gagne toutes les classes de citoyens par une espèce d’ondulation, jusqu’à ce que l’État ait repris un peu de consistance. […] C’est ainsi que, dans un chapitre de ses Considérations, il a très bien décrit ce travers du persiflage et de la méchanceté qui fut quelque temps une mode, une fureur, une espèce de grippe qui régnait sur tout Paris, et qui, du cercle brillant des Forcalquier, des Stainville et des duchesse de Chaulnes, gagnait les sociétés même subalternes : il n’était cercle bourgeois se piquant de bon ton, qui n’eût son petit héros de scélératesse, son Cléon : c’est, en effet, le moment où Gresset eut l’idée de faire sa comédie du Méchant (1747). […] Le puissant commande, les gens d’esprit gouvernent, parce qu’à la longue ils forment l’opinion publique, qui tôt ou tard subjugue ou renverse toute espèce de despotisme. » Cette vérité est devenue, depuis, un lieu commun et commençait à l’être déjà.
L’un d’eux pourtant, le dernier et qui survécut longtemps à ses frères, devint une espèce de peintre de cour qui jouissait de la faveur des grands. […] Un autre de leurs chefs-d’œuvre, s’il était effectivement d’un des Le Nain, ce serait la Procession d’un prélat en grand costume, accompagné de son clergé, dans une espèce de chapelle ou de sanctuaire ; mais la richesse, la chaleur des tons, le magnifique et l’étoffé de l’ensemble, tout ce lustre de premier aspect, ont paru trop forts pour les modestes Le Nain, et l’on a généralement, dans ces dernières années, retiré leur nom à cette toile, sans pouvoir indiquer auquel des peintres flamands ; ou peut-être italiens, on l’attribuerait. […] Derrière, adossé au manteau de la cheminée et tournant le dos à tout le monde, un charmant petit garçon blond, à longs cheveux négligés, à veste rouge, joue de tout son cœur et de toute son attention d’une espèce de flûte ou flageolet. […] C’est un herboriste du métier dans cette espèce de botanique qui consiste à ne prendre dans nos terres si cultivées que de vrais simples et des fleurs des champs.
L’espèce d’insurrection montagnarde qui s’était tout à coup réveillée et soulevée contre elle avec fureur, grâce à je ne sais quel appel insensé (je ne puis trouver un autre mot) et à je ne sais quelle aberration d’auteurs d’ailleurs estimables, MM. […] Un moment, à la veille et à l’entrée de la politique, elle noua une espèce de lien de cœur, elle fila une espèce de petit roman sentimental avec Bancal des Issarts. […] — Là se taisent les préjugés funestes, les exclusions arbitraires, les passions haineuses et toutes les espèces de tyrannies !
Ce Vernouilhet vous représente un faiseur d’assez basse espèce, à peine échappé d’une faillite dont il est encore tout éclaboussé. […] La marquise donne trop vite dans ce piège grossier ; elle devrait au moins pressentir quelle espèce d’homme est ce Vernouilhet. […] Le monde du ridicule a, lui aussi, ses espèces perdues. […] Giboyer qui survient, avait quitté Maxime libéral, il le retrouve clérical : des ailes de pigeon lui ont poussé pendant son absence ; le lis planté sur un fumier a pris les opinions de son espèce héraldique ; il demande à s’épanouir sur le drapeau blanc.
Le texte, typographiquement, est admirable ; les titres sont d’un grand goût ; les portraits sont beaux : je ne trouve à blâmer que les espèces de vignettes qui terminent les pages à la fin des chapitres, et qui font ressembler par moments ce volume royal à un livre d’illustrations : ces enjolivements, dont le sujet est souvent énigmatique, ne conviennent pas à la gravité monumentale de l’édition. […] Et, par exemple, je ne vois pas, dans les histoires qu’il a écrites, un mot qu’il n’ait justifié dans sa conduite et dans sa vie : Un prince, disait-il et pensait-il, est le premier serviteur et le premier magistrat de l’État ; il lui doit compte de l’usage qu’il fait des impôts ; il les lève, afin de pouvoir défendre l’État par le moyen des troupes qu’il entretient ; afin de soutenir la dignité dont il est revêtu, de récompenser les services et le mérite, d’établir en quelque sorte un équilibre entre les riches et les obérés, de soulager les malheureux en tout genre et de toute espèce ; afin de mettre de la magnificence en tout ce qui intéresse le corps de l’État en général. […] La monarchie qu’il avait laissée à ses descendants était, s’il m’est permis de m’expliquer ainsi (c’est toujours Frédéric qui parle), une espèce d’hermaphrodite, qui tenait plus de l’électorat que du royaume. […] car si l’espèce humaine est si sotte et si digne de mépris, et s’il n’y a rien ni personne en-dessus d’elle, pourquoi s’aller dévouer corps et âme à l’idée de gloire, qui n’est autre que le désir et l’attente de la plus haute estime parmi les hommes ?
Aucun moment n’était perdu, et les voyages mêmes de l’intendant procuraient des occasions variées d’exercices et de conférences : M. d’Aguesseau emmenait ses enfants avec lui, et son carrosse devenait une espèce de classe, où l’étude exacte et régulière s’entremêlait doucement avec l’entretien. […] Une autre raison très fine, très judicieuse, et qui va au fond du caractère, c’est que, dans ce long usage du parquet, d’Aguesseau, esprit étendu et lumineux, s’était accoutumé à ramasser, à examiner, à peser et à comparer en tout les raisons des deux parties, « à étaler, dit Saint-Simon, cette espèce de bilan devant les juges avec toutes les grâces et les fleurs de l’éloquence », et de plus, selon la recommandation voulue, « avec tant d’art et d’exactitude, qu’il ne fût rien oublié d’aucune part, et qu’aucun des nombreux auditeurs ne pût augurer de quel avis l’avocat général serait, avant qu’il eût commencé à conclure ». […] Il se reproche en un endroit assez vivement de n’avoir pas étudié, comme il aurait dû, l’histoire ; malgré les emplois importants dont il fut de bonne heure chargé, il aurait certes pu le faire encore : « Mais, d’un côté, les charmes des belles-lettres qui ont été pour moi, dit-il, une espèce de débauche d’esprit, et, de l’autre, le goût de la philosophie et des sciences de raisonnement, ont souvent usurpé chez moi une préférence injuste… » Pourtant, il s’en fallut de peu, nous raconte-t-il agréablement, qu’il ne se ruinât tout à fait dans l’esprit du père Malebranche, qui avait conçu une bonne opinion de lui par quelques entretiens sur la métaphysique ; mais ce père le surprit un jour un Thucydide en main, non sans une espèce de scandale philosophique.
Le caractère de courtisan n’est point très noble ni très relevé ; mais le duc d’Antin en a été en son temps un type si accompli, si merveilleux et si fin, qu’il mérite de rester à son rang dans une galerie morale, comme représentant à nos yeux l’espèce. […] Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités. […] Il y a longtemps qu’Aristote a remarqué que les deux espèces de flatteurs se ressemblent et ont, au fond, des traits identiques. […] Il s’afflige bien moins encore de l’arrêt de sa fortune que de cette sorte d’ingratitude qu’il croit rencontrer au cœur du maître ; et c’est ici que nous trouvons chez d’Antin ce qui le caractérise dans l’espèce et ce que j’ai déjà appelé le platonisme du courtisan.
De physionomie, c’est une espèce de Du Châtelet sans Voltaire, qui fut, mais dans le privé, astronome et mathématicienne ; de lady Byron sans lord Byron. […] Espèce de Christine de Suède à sa manière, qui n’a pas abdiqué le trône, mais la royauté de la femme, le trône de sa grâce et de sa faiblesse ; elle a pris l’habit équivoque dont nous parle la Palatine et elle a mis sur sa pensée, qu’elle a cru viriliser, une forme qui n’a pas gagné en énergie ce qu’elle a perdu en abondance. […] « Je ne pense pas mal de l’espèce humaine, nous dit-elle, car je la crois plus abusée que perverse : je la plains plus que je ne la condamne, car je la vois toujours rectifiant de plus en plus ses erreurs et redressant ses voies à mesure que s’étendent ses lumières et que s’exerce dans de plus vastes limites sa liberté. » On l’entend : c’est la ritournelle du progrès chantée aux bornes sur toutes les orgues de Barbarie philosophiques. […] Mme Stern n’est pas de cette petite espèce dont le bas-bleuisme frivole n’est qu’une vanité de plus parmi les vanités des femmes ; une bague de plus, — saphir ou turquoise, — qu’elles font chatoyer parmi les autres bagues de leurs doigts.
Et ici, ce n’est pas même l’Histoire, pour laquelle il me semble beaucoup moins fait que pour l’analyse des œuvres de l’esprit et leur appréciation, que je reproche à l’écrivain : c’est l’absence de moralité certaine, de cette moralité qui doit être le fond de toute Histoire, et qui, pour cet homme trop anglais, n’est jamais tout au plus que cette espèce de comfort moral que les plus délicats parmi ses compatriotes expriment adroitement du grossier principe de l’utilité ! […] Je sais bien qu’il y a les historiens immortels de la nature et de l’espèce humaine à travers les formes accidentées des peuples, et ceux-là ne font jamais grimacer l’impartialité de l’esprit ; mais il y a les historiens des partis qui passent et qui demain ne seront plus, et malheureusement c’est parmi ces derniers que Macaulay alla perdre la sérénité de sa pensée et la bonne humeur de son génie. […] Tout ce qui écrivait voulut écrire dans cette espèce de rhythme, oserai-je dire, dans cette forme équilibrée et docte où le critique pouvait se montrer aussi grand à sa manière que l’homme qu’il critiquait s’était montré grand à la sienne, et créer à son tour, comme l’homme dont il jugeait l’œuvre avait créé. […] Nous avons exprimé déjà notre regret de voir une misérable préoccupation politique tacher la pureté littéraire d’un travail aussi magnifique que l’article consacré à Milton, par exemple, et l’espèce d’irritation que nous eûmes la faiblesse d’en ressentir.
Mais dans son Origine des espèces il a posé la question de l’instinct sous un nouveau jour. […] Les deux chapitres283 qu’il a consacrés à étudier ce fait psychologique chez l’homme et chez les autres animaux, à en montrer les conséquences sociales, à rechercher comment la puissance intellectuelle et les aptitudes morales ont dû jouer un grand rôle dans le struggle for life de l’homme contre la nature, contre les autres espèces animales, contre les formes inférieures de sa propre espèce, renferment un grand nombre de faits intéressants, de vues curieuses et neuves ; bref, sont très propres à initier à la nouvelle méthode philosophique les esprits imbus des idées courantes. — Son Expression des Emotions traite un point de la corrélation du physique et du moral.
Ce second vers paraît froid après le premier ; mais La Fontaine l’ajoute à dessein, pour rentrer un peu dans son caractère de bonhommie, dont il vient de sortir un moment par un vers si satirique contre l’espèce humaine. […] n’est-ce pas exposer l’esprit des jeunes gens à saisir un faux rapport entre la violence que les différentes espèces d’animaux exercent les unes à l’égard des autres, et les injustices que les hommes se font mutuellement ? […] Nul animal ne peut mal faire, soit qu’il dévore un être d’une espèce plus faible que la sienne, ou un être de la sienne même.
Ils constituent donc une espèce nouvelle et c’est à eux que doit être donnée et réservée la qualification de sociaux. […] Ce qui les constitue, ce sont les croyances, les tendances, les pratiques du groupe pris collectivement ; quant aux formes que revêtent les états collectifs en se réfractant chez les individus, ce sont choses d’une autre espèce. […] Sans doute, si les phénomènes d’ordre morphologique étaient les seuls à présenter cette fixité, on pourrait croire qu’ils constituent une espèce à part.
Or, cette espèce est très moderne en France et il a fallu les transformations successives par lesquelles nous sommes passés depuis la Révolution française, pour que des femmes qui n’étaient ni bossues, ni laides, ni bréhaignes, eussent l’idée de se mettre en équation avec l’homme, et que les hommes, devenus aussi femmes qu’elles, eussent la bassesse de le souffrir. […] C’est maintenant une espèce perdue. […] En effet le genre d’influence que la femme exerçait en France et en Europe, aux temps chevaleresques de leur double histoire, n’est plus, et toute trace en est effacée ; mais elle a été remplacée par une autre, moins généreuse et plus grossière, — et cette autre espèce d’influence tend à devenir un empire, — le Bas-Empire d’un temps où les Monarchies ne tombent plus en quenouille, mais les Mœurs, — si on peut dire de quelque chose « tomber en quenouille » alors que les femmes n’en veulent plus !
Mais dans ces mœurs de cristal, — non par la pureté, mais par la transparence, qui font à présent une espèce d’aquarium de Paris, — personne n’ignora que la main, — beaucoup trop et vainement gantée, — qui avait écrit ce livre sur Byron, était, puisque la main de Byron est glacée, celle de toutes les mains qui avait le plus le droit de récrire, pour être restée dans la sienne… Si les femmes que nous avons aimées deviennent une part de nous-mêmes, c’était une part de Byron, — encore vivante ici-bas, — qui allait continuer les Mémoires et dire leur vérité dernière. […] Toujours est-il que cette substance de femme grasse et blonde faite pour la sieste et l’amour turc, que cette espèce d’indolente houri qui a peut-être posé pour la Dudu du Don Juan, de sa main languissante, lança un livre, qui n’était ni un éclair, ni une foudre… Il ne pouvait l’être, d’ailleurs, qu’à la condition de fouler aux pieds toutes les mesquines considérations de la femme et du bas-bleu et il ne les y foulait pas… Le bas-bleuisme, cette affectation enragée de la personnalité des femmes tue, en elles, plus ou moins l’amour, comme il tue plus ou moins le génie. […] C’est une de ces femmes-là, qui, seule, pouvait écrire le livre que voici, fade et myope, sur un aigle désaccouplé qui n’a rien trouvé qu’une pigeonne où il croyait peut-être trouver une femelle de son espèce et de sa race.
Dans ce sens-là, c’était, s’il est permis d’écrire le mot de réhabilitation dans la splendeur du nom de Colomb, une espèce de réhabilitation historique. […] Biographiquement, nous ne croyons pas qu’il soit possible d’ajouter aux documents de toute espèce que M. […] Il y a dans le premier jet d’une chose considérable, qui se projette avec véhémence, des formes de polémique, des avertissements familiers, une espèce de conversation désordonnée avec le lecteur, qui nuisent à l’effet d’une composition qu’on souhaiterait plus nettement dessinée et ramassée dans un calme plus solennel et plus auguste.
Ici, il n’y eut ni queue de paon, ni paon d’aucune espèce. […] Il ne voit pas, en disant cela, qu’il fausse l’espèce de caractère qu’il lui accorde. […] C’est cette inépuisable psychologie qui lui a fait redécouvrir dans l’amazone une sybarite, — une sybarite de nouvelle espèce, qui resta voluptueusement pendant dix-sept ans, et jusqu’à sa mort, sur la paillasse des Carmélites, — et non pas en vertu d’une grâce divine, comme nous dirions, nous autres imbéciles, mais en vertu de « l’essence des choses », comme il dit, ce philosophe, qui a sans doute dans sa poche un flacon de cette mystérieuse essence-là !
Partout, en effet, quand au lieu d’être journaliste il eût été corsaire, — ce qui, du reste, ne fait pas une si grande différence déjà, — partout, même quand il serait resté marchand d’anchois dans son excellente ville de Marseille, il aurait eu ce génie du mot, qui nous est donné, à pur don, comme tous les autres génies ; cette faculté qui, tout à coup, met une idée sous sa forme la plus concentrée, espèce de cristallisation de l’esprit d’une rapidité foudroyante. […] comme un lion d’une autre espèce que cet immense lion de l’Atlas ? […] Esprit individuel toujours, et, je le veux bien, de la plus distinguée et de la plus nerveuse individualité, mais qui ne suffisait pas dans l’espèce, et qui n’a pas non plus suffi absolument, puisque Balzac et même Stendhal, qui furent, eux, plus qu’individuels, doivent, dans le défilé du xixe siècle, marcher et passer avant lui !
(cela fait trembler) la moyenne des femmes dans les sociétés sans croyances, cette espèce d’être faible sans grandes passions, sans l’étoffe des grandes vertus ou des grands vices, inclinant de hasard au bien comme au mal, selon la circonstance, et qui, positives et chimériques tout, à la fois, se perdent par la lecture des livres qu’elles lisent, par les influences et les suggestions du milieu intellectuel qu’elles se sont créé, et qui leur fait prendre en horreur l’autre milieu dans lequel elles sont obligées de vivre. […] Il aime sa femme de cette affection des imbéciles du genre tendre, qu’ont certaines espèces inférieures pour les espèces supérieures, ce qui est une question de physiologie animale bien plus que de moralité sensible.
C’est pour ne pas l’avoir compris que les philosophes ont dû distinguer deux espèces de quantité, l’une extensive, l’autre intensive, sans jamais réussir à expliquer ce qu’elles avaient de commun entre elles, ni comment on pouvait employer, pour des choses aussi dissemblables, les mêmes mots « croître » et « diminuer ». […] Car si, par hasard, les moments de la durée réelle, aperçus par une conscience attentive, se pénétraient au lieu de se juxtaposer, et si ces moments formaient par rapport les uns aux autres une hétérogénéité au sein de laquelle l’idée de détermination nécessaire perdît toute espèce de signification, alors le moi saisi par la conscience serait une cause libre, nous nous connaîtrions absolument nous-mêmes, et d’autre part, précisément parce que cet absolu se mêle sans cesse aux phénomènes et, en s’imprégnant d’eux, les pénètre, ces phénomènes ne seraient pas aussi accessibles qu’on le prétend au raisonnement mathématique. […] Nous verrions enfin que l’idée même de détermination nécessaire perd ici toute espèce de signification, qu’il ne saurait être question ni de prévoir l’acte avant qu’il s’accomplisse, ni de raisonner sur la possibilité de l’action contraire une fois qu’il est accompli, car se donner toutes les conditions, c’est, dans la durée concrète, se placer au moment même de l’acte et non plus le prévoir.
Nourri dans son sein, élevé dans les principes rigides de la même secte, fanatique de la liberté, passionné pour la patrie, ennemi ardent et irréconciliable de toute espèce d’oppression, l’âme de Caton respirait dans Brutus. […] Parmi ces discours il y en a deux qui renferment des espèces d’éloges. […] Le second, qui est un morceau très court, mais éloquent, est une espèce d’éloge funèbre des soldats morts en combattant pour la cause de Rome et de la liberté, contre Antoine.
Cette espece d’exagération demande une grande justesse de raison & de goût. […] La politesse gase les vices ; mais c’est une espece de draperie légere, à-travers laquelle les grands maîtres savent bien dessiner le nud. […] Il n’est point de scene, soit tragique, soit comique, où cette espece d’action ne doive entrer dans les silences. […] Nous entendons ici par esprit, cette espece de chicane qui analyse tout, & même ce qui ne doit pas être analysé. […] Quelle est donc l’espece d’illusion qui rend la fable si séduisante ?
Il a débuté par une espèce de poëme dantesque : la Cité des hommes. […] Guizot patiente, gêné peut-être à cet endroit par sa position même de protestant et par les ménagements dus à la conscience de la reine. — Mais viennent Thiers, Rémusat, les autres… Si le clergé remuait alors, il ne trouverait plus cette espèce de sympathie politique que les hommes essentiellement conservateurs sont accoutumés à lui accorder.
Littérairement, et après le bouillonnement écumeux de sa première moitié, la Restauration peut être comparée à une espèce de lac artificiel, qui cessa du moment où les écluses s’ouvrirent, mais qui se prêta assez longtemps aux illusions et aux jeux de l’art, de la philosophie, de la poésie ; on y voguait à la rame, l’été ; on y patinait agréablement l’hiver. Au milieu de l’espèce de lac, il y avait un grand courant, un Rhône qui traversait, qui ébranlait la masse et qui finit par la précipiter ; sur ce courant du milieu, s’agitaient des orateurs, des guerriers, la jeunesse à la nage, le peuple, un poëte libéral, un seul vrai, Béranger avec sa lyre !
On lui a contesté encore la vérité des mœurs qu’il s’est piqué de rendre et l’espèce de haute société où il s’est voulu tenir. […] Le grand monde, l’espèce de grand monde où s’est confiné M.
Mais la division par genres n’a rien de moins artificiel ou de moins arbitraire, si les genres ne se définissent, comme les espèces dans la nature, que par la lutte qu’ils soutiennent en tout temps les uns contre les autres. […] Tels sont les deux ou trois points que j’ai tâché de ne pas perdre de vue dans l’espèce de Discours qui forme à peu près une moitié de ce Manuel : voici maintenant ceux auxquels je me suis attaché dans les Notes perpétuelles qui en sont l’autre moitié ; et qui doivent servir à la première d’illustrations ou de preuves.
L’auteur anglois prétend que l’ancienne chevalerie et ses infantes ont laissé dans l’esprit de quelques nations le goût qui leur fait aimer à retrouver par tout un amour sans passion et ce qu’elles appellent galanterie, espece de politesse que les grecs et les romains si spirituels et si cultivez n’ont jamais connuë. […] Elle s’est donc imaginée qu’il y eut une espece de vertu à dépendre en esclave des volontez, ou pour parler plus sincerement, des caprices de quelqu’infante, à lui rapporter tout ce qu’on faisoit, à ne vivre que pour la servir.
On trouve presque par toute la France que le tuf est de marne ou d’une espece de pierre grasse, blanchâtre et tendre, et dans laquelle il y a beaucoup de sels volatils. […] Il y auroit une espece de regle dans ce dérangement s’il venoit du rallentissement de l’action du soleil, je veux dire que tous les pays sentiroient ce dérangement à proportion de la distance où ils sont de la ligne, et que l’élevation du soleil décideroit toujours du dégré de chaleur, quelle que fut cette chaleur en une certaine année.
On aura bien là, si l’on veut, une espèce de système ; mais le principe même du système sera flexible, indéfiniment extensible, au lieu d’être un principe arrêté, comme ceux qui ont donné jusqu’ici les constructions métaphysiques proprement dites. […] Comme elle s’est toujours astreinte à parler le langage de tout le monde, elle n’a pas été le privilège d’une espèce de caste philosophique ; elle est restée soumise au contrôle de tous ; elle n’a jamais rompu avec le sens commun.
C’est ce qui fait que probablement jamais l’homme ne pourra agir aussi facilement sur les espèces animales ou végétales que sur les espèces minérales. […] En effet, c’est là que nous trouverons les différences dues aux influences de l’âge, du sexe, de l’espèce, de la race, de l’état d’abstinence ou de digestion, etc. […] La zoologie, donnant la description et la classification des espèces, n’est qu’une science d’observation qui sert de vestibule à la vraie science des animaux. […] Ces agents sont les mêmes chez tous les animaux, sans distinction de classe, de genre ni d’espèce. […] On pourrait distinguer, à notre point de vue, plusieurs espèces de moyennes : les moyennes physiques, les moyennes chimiques et les moyennes physiologiques ou pathologiques.
que les Cartouche et les Mandrin soient à leur manière des espèces de chevaliers errants ? […] et la vie pour une espèce de géométrie, à peine plus délicate que l’autre ? […] Il continue cependant d’exister une société de cartésiens, et, comme nous l’avons dit, l’espèce a bien pu s’en cacher, elle ne s’est pas perdue. […] Par là encore s’expliquent l’espèce et la profondeur du comique de Molière. […] Le président de Montesquieu, qui faisait en gros trop d’estime de l’espèce humaine, la méprise trop en détail.
En vérité, je n’avais pas tout à fait tort de considérer le dandysme comme une espèce de religion. […] C’est une espèce d’idole, stupide peut-être, mais éblouissante, enchanteresse, qui tient les destinées et les volontés suspendues à ses regards. […] Une espèce de promenade mystique des deux jeunes gens sur la montagne, etc., etc.) […] Manier savamment une langue, c’est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. […] Cette partie est peut-être la plus personnelle, c’est le développement d’une philosophie un peu ténébreuse, une espèce de mysticité amoureuse.
On dirait que le drame a été piqué de la tarentule, tant il bondit de place en place sous l’influence d’une danse de Saint-Guy d’une espèce toute particulière, affectée à l’art théâtral. […] C’est une espèce non pas d’airain de Corinthe, mais de carton-pâte de Corinthe. […] Franchement, je m’attendais presque à du scandale, — au moins à des réclamations et à des contradictions de toute espèce, dans la sphère d’action, si bornée qu’elle soit, où je me meus. […] Prudent, comme un serpent qui craint pour sa queue, il fermait la main sur la vérité quand parfois il en attrapait une, — espèce de Fontenelle, moins la grâce, avec un air de charlatan majestueux que le bonhomme Fontenelle n’avait pas. […] Il n’était guères propre qu’à quêter dans tous les buissons de la science, comme le chien de chasse qui évente le gibier… Espèce de lévrier scientifique, qui a fait lever deux ou trois lièvres.
ce n’est pas moi qui reprocherais à Louis Veuillot de mépriser l’espèce humaine en général et la présente génération en particulier. […] Une espèce de paganisme mollasse s’y combinait avec je ne sais quels détritus infects de Port-Royal. […] Barbey d’Aurevilly de pratiquer sur les âmes cette espèce d’opération césarienne qui les accouche par force du triste aveu de leur misère. […] Quelle espèce d’intérêt littéraire ou philosophique peut-il sortir des anecdotes de M. […] Je viens donc de lire le vieux roman de la Bibliothèque bleue avec une espèce d’enthousiasme.
Est-ce l’égalité que d’être traités partout en lépreux de l’espèce humaine ? […] J’aimais à observer le progrès lent de quelques oiseaux vers la perfection de leur être, et à voir certaines espèces à peine écloses fuir à tire d’aile et secouer en volant les débris de leur coque transparente. […] Pendant les grandes inondations, ce poisson ne veut d’aucune espèce d’amorce ; mais alors on peut le prendre à l’épervier ou à la seine, à condition que le pêcheur ait une parfaite connaissance des lieux. […] Espèce de brodequins très usités dans l’Amérique du Nord. […] Espèce de massue indienne.
Il est peu vraisemblable que la supériorité intellectuelle de l’homme tienne uniquement aux conditions sociales dans lesquelles a évolué l’espèce humaine. Il y a des espèces animales qui ont une vie et une organisation sociales très perfectionnées, avec une division du travail très avancée, par exemple les abeilles et les fourmis. Nous ne voyons pas que ces espèces manifestent une intelligence supérieure à celle d’autres espèces animales où l’individu vit solitaire ou réduit au groupement familial ou à un groupement social très faiblement organisé. […] Il ne resterait plus à la fin qu’une sorte de raison collective, anonyme, impersonnelle, se réfléchissant d’une façon uniforme dans les consciences individuelles, c’est-à-dire quelque chose d’analogue à ce qu’est l’instinct chez les espèces qui n’ont qu’une existence sociale. […] Elle semble tourner indéfiniment dans le même cercle Notre science a multiplié, il est vrai, les découvertes techniques et pratiques ; mais toutes ces conquêtes de la science nous laissent aussi ignorants des destinées de notre espèce et de la valeur même de noire science.
Les caractères, par exemple, n’y sauraient avoir cette espèce de flottement, pour ainsi parler, ou d’indétermination qu’on leur souffre, et qui souvent même nous charme, dans le roman. […] Si la guerre est la loi du monde, elle ne s’exerce que d’une espèce à l’autre, — du tigre à la gazelle ou du vautour à la colombe, — et tous les hommes ensemble ne forment peut-être qu’une seule espèce. Pour établir l’universalité de la loi de la guerre, il fallait donc essayer de ruiner la doctrine de l’unité de l’espèce humaine, et c’est ce que M. […] Bien loin d’être dans le passé, c’est dans l’avenir que serait l’unification de l’espèce humaine. […] Et je veux bien, messieurs, qu’en raison de la malignité trop ordinaire à notre espèce, il y ait peu de devoirs dont on s’acquitte plus allègrement.
. — Procédé commun par lequel s’édifient toutes nos espèces de connaissances. […] Les deux ensemble forment alors une représentation complexe, à deux temps : dans ce composé, la seconde nie la première, sur un point ou sur un autre ; et l’altération ainsi produite varie en grandeur et diffère en nature, suivant l’espèce des deux représentations qui sont unies et en conflit. […] Toutes les hallucinations qu’on nomme psychosensorielles16 sont de cette espèce ; à cet égard, les témoignages des hallucinés raisonnables et les actions des hallucinés fous sont d’accord. — À la même classe appartiennent les hallucinations qui précèdent le sommeil et composent le rêve ; chacun de nous peut observer sur soi-même la transformation spontanée par laquelle, à mesure que le sommeil gagne, les images confuses et ternes s’avivent, se précisent et acquièrent toute l’énergie, tout le relief, tout le détail des sensations. […] Partant il est disposé à considérer cette connaissance comme un acte pur d’attention, acte d’espèce unique, incomparable à tout autre, dont l’essence, toute spirituelle, consiste en cela seulement qu’il nous met en communication avec notre passé. — Mais si cet acte lui paraît spirituel et pur, c’est qu’il est vide ; il l’a vidé lui-même en lui retirant tous ses caractères, pour les poser à part et fabriquer avec eux l’objet. […] En deux mots, elle crée des illusions et des rectifications d’illusion, des hallucinations et des répressions d’hallucination. — D’une part, avec des sensations et des images agglutinées en blocs suivant des lois que l’on verra plus tard, elle construit en nous des fantômes que nous prenons pour des objets extérieurs, le plus souvent sans nous tromper, car il y a en effet des objets extérieurs qui leur correspondent, parfois en nous trompant, car parfois les objets extérieurs correspondants font défaut : de cette façon, elle produit les perceptions extérieures, qui sont des hallucinations vraies, et les hallucinations proprement dites, qui sont des perceptions extérieures fausses. — D’autre part, en accolant à une hallucination une hallucination contradictoire plus forte, elle altère l’apparence de la première par une négation ou rectification plus ou moins radicale : par cette adjonction, elle construit des hallucinations réprimées qui, selon l’espèce et le degré de leur avortement, constituent tantôt des souvenirs, tantôt des prévisions, tantôt des conceptions et imaginations proprement dites, lesquelles, sitôt que la répression cesse, se transforment, par un développement spontané, en hallucinations complètes. — Faire des hallucinations complètes et des hallucinations réprimées, mais de telle façon que, pendant la veille et à l’état normal, ces fantômes correspondent ordinairement à des choses et à des événements réels, et constituent ainsi des connaissances, tel est le problème.
Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, de la Cour des comptes et du ministère des affaires étrangères ; enfin je me rappelais Germain, ce vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin. […] 10 janvier Le trouble, l’étourdissement, une espèce d’épouvante : voilà ce qu’aujourd’hui les foules produisent sur mon pauvre être nerveux. […] je ne le pourrais pas dire, mais c’est une espèce d’obsession… Je le reprends donc ce journal, et l’écris sur des notes jetées, dans mes nuits de larmes, des notes comparables aux cris, avec lesquels les grandes douleurs physiques se soulagent. […] … » C’étaient des flux de phrases tronquées, dites avec l’air de tête, le ton ironique, le mépris d’intelligence hautaine, l’espèce d’indignation qui lui était particulière, quand il entendait une bêtise, ou l’éloge de quelque chose d’inférieur… Parfois, dans l’incessante agitation de la fièvre et du délire, il répétait toutes les actions de sa vie, indiquant le geste de mettre son lorgnon, soulevant ces haltères dont je le fatiguais pendant les derniers mois, faisant enfin son métier, faisant le simulacre d’écrire. […] Pour aller au cimetière, nous prenons le chemin qui nous a conduits si souvent chez la princesse, puis nous passons par des parties de boulevards extérieurs, où nous avons tant de fois vagué pour Germinie Lacerteux et Manette Salomon… Des arbres étêtés à la porte d’un cabaret, me rappellent une comparaison qui est dans un de nos livres… Puis je tombe dans une espèce de somnolence, dont je suis tiré par la secousse d’un tournant raide, le tournant du cimetière.
— Mais cette méthode est insuffisante dès qu’il s’agit de l’appliquer à une autre espèce que la vôtre. […] Il est un des modes d’expression de notre espèce au même titre que la science par exemple. […] Tu es un poète : et l’expérience prouve que, malgré leurs contradictions, les poètes servent l’espèce en lui infusant la beauté. […] Ainsi, ayant servi l’espèce, tu t’augmentes et tu montes plus haut. […] De plus en plus, la foi aux rêveries nébuleuses qui assiégèrent l’âge ingrat de l’espèce se dissipe.
Elle est devenue une espèce de monarchie orientale. […] Il ne change qu’à disparaître, qu’à se transformer en une autre espèce très différente. […] Mais si l’espèce animale, telle que nous la connaissons, ne change point, les récentes hypothèses des naturalistes nous invitent à croire qu’au cours du temps illimité les espèces ont changé, se sont transformées, les unes en les autres, ont évolué d’origines très éloignées de l’état actuel aux formes sous lesquelles nous les voyons de nos yeux. […] Et surtout appliquer à l’histoire, si courte, les lois qui ont peut-être régi les transformations des espèces dans des périodes immenses de temps et à travers des monceaux de siècles ; dire : les espèces évoluent selon telle loi en trois cent mille ans, donc l’humanité évolue selon la même loi au cours de six siècles, c’est-à-dire en dix-huit générations : rien n’est plus arbitraire ni plus téméraire. […] Les organes de l’animal, ce sont ses outils. 0u dans l’évolution des espèces, « quand un groupe animal acquiert une faculté nouvelle, un organe meilleur, feuille, racine, antenne, écaille, œil, dent ou défense ; beaucoup de ses congénères ont à souffrir de cette supériorité ; l’espèce entière en profite.
Dire : l’homme est un animal, c’est classer l’espèce homme dans le genre des animaux ; ce qui suppose une série de raisonnements où l’on tient compte des différences, des ressemblances et de leurs rapports selon les lois de la nature. […] Car il aurait fui tout aussi bien si, la première idée disparaissant de son esprit au moment même où la seconde y faisait son entrée, et la seconde au moment où apparaissait la troisième, il avait été, par cela même, dans l’impossibilité d’apercevoir aucune espèce de rapport. […] Il y a une espèce de panorama intérieur, de vision interne qui finit par se dégager du conflit des représentations, et c’est l’intensité présente ainsi que la netteté de cette vision interne qui déterminent l’intensité de la croyance corrélative. […] De plus, elle nous fait entrevoir comment la nature, par une lente sélection, opère le triage des caractères d’une espèce et leur fusion dans les individus. […] Le raisonnement procure une espèce de vision imaginaire qui remplit les lacunes de la vision réelle.
., une espèce de petite académie qui se réunissait deux fois par semaine, et où l’on traitait des questions de littérature et de philosophie. […] Sur la nouvelle de l’assassinat des plénipotentiaires français à Rastadt, Daru composa d’indignation une espèce d’hymne ou de chant de guerre dans le genre de ceux de Marie-Joseph Chénier, et il l’adressa au ministre de l’Intérieur François de Neufchâteau, qui désira le faire mettre en musique et l’envoya, à cet effet, au Conservatoire. […] Dans l’espèce de pompe triomphale qui fut célébrée à Paris, lorsqu’on y reçut les trophées des arts venus d’Italie, les immortelles statues d’Apollon et de Vénus arrachées du Vatican ou de Florence, on avait chanté le Poème séculaire d’Horace : Ce fut un antique de plus dans cette cérémonie, et malgré l’infériorité de la traduction, a dit M. […] Dans une lettre datée de Neuilly (septembre 1801), au moment où parut la traduction des Satires d’Horace que son ancien élève lui avait dédiée : « Je croyais, mon cher ami, disait-il, m’être guéri à force de philosophie de toute espèce d’amour-propre, et voilà que vous me donnez de l’orgueil.
Les lettres telles qu’il vient de les définir, c’est une espèce de paisible et magnifique hôtel des Invalides pour les passions ; elles n’y sont plus qu’à l’état de goûts innocents, comme dans les champs Élysées du poète. […] Dans une lettre du prince Henri, du 8 janvier 1771, une espèce de post-scriptum, écrit en revenant d’une soirée chez l’impératrice, nous montre comment fut jeté, d’un air de plaisanterie, le premier propos du partage de la Pologne. […] Le roi surtout, à l’exemple de Bayle et de Montaigne, tient fort à rabattre, à humilier notre espèce : « Je suis persuadé que les fourmis de votre jardin de Rheinsberg se font souvent la guerre, mon cher frère, pour un grain de millet, et que vous n’avez aucune notion de leurs fameuses querelles. […] Un jour que Frédéric lui avait envoyé un écrit de sa façon, un Essai sur les formes de gouvernement et sur les devoirs des rois (1777), le prince Henri, en remerciant son frère, lui disait : Vous avez fait le plus beau portrait des devoirs d’un souverain ; ce tableau cependant ne peut guère être imité : il faudrait toujours des princes doués de votre génie, et qui eussent vos connaissances ; la nature n’en produit pas de cette espèce : je désirerais donc encore un chapitre utile pour un homme que la naissance place sur le trône, mais auquel la nature a refusé les dons que vous possédez.
Elle a, dit-elle, été prévenue (prévenue par la Grâce, style de Nicole), un peu après son amie ; elle a agi jusqu’à onze ans par cette espèce de raison, encore enveloppée des ténèbres de l’enfance : ce n’est qu’alors que le rayon divin a commencé de luire. […] La plupart s’imaginent que le plus léger sentiment d’une autre espèce altérerait ou effacerait l’amitié, qui leur semble le pis aller d’un cœur désœuvré. […] Je l’estime au-dessus du commun des hommes, et surtout de ceux de son âge ; mais ce n’est plus une idole de perfection, ce n’est plus le premier de l’espèce, enfin ce n’est plus mon amant : c’est tout dire. » Ces quelques passages des lettres, mis en regard de certaines pages des Mémoires, sont une leçon piquante sur le faux jour des perspectives du cœur. […] Sa vie déborde, elle se compare à un lion en cage : elle devait naître femme spartiate ou romaine, ou du moins homme français ; osons citer son vœu réalisé depuis par des héroïnes célèbres : « Viens donc à Paris, écrit-elle à la douce et pieuse Sophie ; rien ne vaut ce séjour où les sciences, les arts, les grands hommes, les ressources de toute espèce pour l’esprit, se réunissent à l’envi.
Le goût, une espèce de goût, ne lui viendra que tard, à force de finesse et de réflexion. […] Il y a des moments où ce second Fontenelle, si impartial, si intelligent et si impassible, me fait l’effet d’un Goethe un peu aminci et réduit, mais d’une espèce approchante et qui mène à l’autre. […] Fontenelle, qui marque mieux que toute définition (comme l’a si bien dit Fontanes) la limite de l’esprit et du génie ; et Diderot, une espèce de génie extravasé et en ébullition, qui ne peut se contenir à une limite ; l’un qui ouvre discrètement le siècle, et qui retient dans sa main à demi fermée plus de vérités qu’il n’en laisse sortir, qui semble dire chut ! […] Sur Fontenelle, ma conclusion sera précise : c’est que par sa tenue, par sa longévité, par sa multiplicité d’aptitudes et d’emplois, avec ce composé de qualités rares et de défauts qui ont fini par assaisonner ses qualités, il n’a point son pareil, qu’il demeure hors ligne, au-dessous des génies, dans la classe des esprits infiniment distingués, et qu’il se présente, dans l’histoire naturelle littéraire, à titre d’individu singulier et unique de son espèce.
La plupart des hommes, absorbés par les affaires, ne cherchent, en Angleterre, le plaisir que comme un délassement ; et de même que la fatigue, en excitant la faim, rend facile sur tous les mets, le travail continuel et réfléchi prépare à se contenter de toute espèce de distraction. […] Il faut des secousses fortes à cette espèce d’abattement, et les auteurs partagent le goût des spectateurs à cet égard, ou s’y conforment.
Les noms sont une espèce de signes. — Exemples. — Noms d’individus. — Un nom d’individu est une sensation ou image des yeux ou des oreilles, qui évoque en nous un groupe d’images plus ou moins expresses. […] II Dans cette grande famille des signes, il est une espèce dont les propriétés sont remarquables ; ce sont les noms.
Et si l’on songe aux facilités qu’offre une langue déjà vieille par la multitude des phrases toutes faites et des figures ajustées d’avance, on concevra comment tant de métaphores ou d’hyperboles, qui naissent spontanément au premier effort de la pensée, ne sont que de vains échappatoires par lesquels on se dispense de faire acte de réflexion en donnant une espèce de satisfaction à la sensibilité. […] Les joueurs aiment à appeler une partie du nom de bataille, ils livrent combat au hasard ; un coup heureux est une victoire ; un coup malheureux est une défaite, et quand ils ont tenu longtemps, quand ils se sont obstinément, stupidement acharnés à se ruiner, ils se donnent le mérite d’une héroïque résistance et ne sont pas bien sûrs de n’avoir pas déployé la même espèce de courage que Wellington à Waterloo : s’ils nommaient les choses par les mots propres, peut-être auraient-ils moins de complaisance pour leur passion ; du moins elle ne se colorerait pas à leurs yeux d’une telle beauté ; ils céderaient peut-être autant, ils s’en feraient moins honneur.
Il produit les espèces comme il les trouve dans la nature, dans la même confusion, dans le même isolement : comme il faut un ordre, il prend la première division venue, animaux sauvages, animaux domestiques, les gros d’abord, les petits ensuite. […] Il a entrevu la doctrine du transformisme : après avoir hésité, il s’était arrêté à l’hypothèse de la variabilité des espèces vivantes.
Cependant il est vrai que la majeure partie du génie se compose de cette espèce de souvenirs. […] Si Montesquieu, dans un ouvrage de sa jeunesse, laissa tomber sur la religion quelques-uns des traits qu’il dirigeait contre nos mœurs, ce ne fut qu’une erreur passagère, une espèce de tribut payé à la corruption de la Régence204.
C’est une espèce de boîte ceintrée qui renferme un tableau principal, et dont les deux vantaux peints en dedans montrent chacun l’image d’un saint, quand la boîte ou chapelle portative est ouverte. […] Il faut partager une nation en trois classes : le gros de la nation qui forme les mœurs et le goût national ; ceux qui s’élèvent au-dessus sont appellés des fous, des hommes bizarres, des originaux ; ceux qui descendent au-dessous sont des plats, des espèces.
Un sauvage maniéré, un paysan, un pâtre, un artisan maniérés, sont des espèces de monstres qu’on n’imagine pas en nature ; cependant ils peuvent l’être en imitation. […] Il semble seulement que ce soient deux espèces diverses de belle femme.
Mais nous avons dans nos annales une preuve encore plus forte que celle-là, pour montrer qu’il est dans les spectacles les plus cruels une espece d’attrait capable de les faire aimer des peuples les plus humains. […] Ils tiennent donc l’ame dans une espece d’extase, et ils l’y tiennent encore sans qu’il soit besoin qu’elle contribuë à son plaisir par une attention serieuse dont notre paresse naturelle cherche toujours à se dispenser.
Il piétine ces deux idées du christianisme et du catholicisme, et, à force de les piétiner, il en fait sortir une troisième idée, qui n’est qu’une espèce de bouillie exprimée de la substance des deux autres. […] La Religion progressive ne serait donc qu’une espèce de protestantisme rationnel.
Ce regard singulier, avec quelque chose de retourné en dedans, pas très net, un peu brouillé, vraiment d’un homme qui voit des abstractions, et qui doit se réveiller pour saisir la réalité, contribuait à lui donner, quand il causait idées, un air de surveiller sa pensée et non son interlocuteur, et ce défaut devenait une espèce de beauté morale. […] Taine a très bien senti l’insuffisance, le verbalisme où aboutissent tant d’efforts, tant d’enthousiasmes dépensés et tant de sang versé ; mais si le but qu’on déclarait viser n’a pas été atteint, si, dans l’entreprise révolutionnaire, il y a des puérilités, de l’agitation et du vide, une grandeur pourtant y apparaît : certaines dépenses d’énergie, fussent-elles infécondes, contribuent à manifester les hommes ; elles accroissent sinon le bien-être, du moins la beauté et puis aussi la dignité de notre espèce.
Montesquieu regarde la France par les yeux d’un Persan, et Voltaire, revenant d’Angleterre, décrit les Anglais, espèce inconnue. […] La voici : Il existait un homme naturel, on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie… Si vous vous proposez d’être son tyran…, empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire à la nature, faites-lui des entraves de toute espèce, embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantômes qui l’effrayent… Le voulez-vous heureux et libre, ne vous mêlez pas de ses affaires… Et demeurez à jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux que ces sages législateurs vous ont pétri et maniéré comme vous l’êtes. J’en appelle à toutes les institutions politiques, civiles et religieuses ; examinez-les profondément, et je me trompe fort, ou vous verrez l’espèce humaine pliée de siècle en siècle au joug qu’une poignée de fripons se permettait de lui imposer… Méfiez-vous de celui qui veut mettre l’ordre ; ordonner, c’est toujours se rendre maître des autres en les gênant. » Plus de gêne ; les passions sont bonnes, et, si le troupeau veut enfin manger à pleine bouche, son premier soin sera de fouler sous ses sabots les animaux mitrés et couronnés qui le parquent pour l’exploiter409. […] Autour de cette idée centrale se reforme la doctrine spiritualiste Un être si noble ne peut pas être un simple assemblage d’organes ; il y a en lui quelque chose de plus que la matière ; les impressions qu’il reçoit par les sens ne le constituent pas tout entier. « Je ne suis pas seulement un être sensitif et passif413, mais un être actif et intelligent, et, quoi qu’en dise la philosophie, j’oserai prétendre à l’honneur de penser. » Bien mieux, ce principe pensant est, en l’homme du moins, d’espèce supérieure. « Qu’on me montre un autre animal sur la terre qui sache faire du feu et qui sache admirer le soleil. […] « La société est naturelle à l’espèce humaine, comme la décrépitude à l’individu.
-il n’y a donc aucune espèce d’injure qu’on ne doive supporter et qu’on ne doive croire vous être bien due ? […] Ces saints personnages réunirent leurs prêtres en communautés et ces communautés devinrent des écoles de cléricature, des espèces de pensions où se formèrent à la piété des jeunes gens qui se préparaient à l’état ecclésiastique. […] Hortus conclusus, fons signatus, très bien figurés en des espèces de miniatures murales, me donnaient fort à rêver ; mais mon imagination, tout à fait chaste, restait dans une douce note de piété vague. […] Si, plus tard, j’ai aimé l’Hermon et les flancs dorés de l’Antiliban, c’est par suite de l’espèce de polarisation qui est la loi de l’amour et qui nous fait rechercher nos contraires. […] L’histoire de la philosophie et l’espèce de scepticisme dont j’étais atteint me retenaient dans le christianisme plutôt qu’elles ne m’en chassaient.
Le Cid est d’une autre espèce : le Cid est à part. […] Ils y ont vu les notaires et les hommes de loi sous les espèces de M. […] Mais les vieux sages rustiques de son espèce le sont volontiers. […] Lahirel est un mari jaloux, mais d’une espèce originale. […] Cette espèce se fait rare, mais elle n’a pas complètement disparu, je vous assure.
Elle doit montrer que, formulée relativement à quelques espèces d’un ordre inférieur, elle s’applique à toutes espèces de l’ordre le plus élevé, même à l’espèce humaine. Elle doit expliquer le passage d’une espèce à une autre. […] A-t-elle expliqué le passage d’une espèce végétale à une espèce animale ? […] Seulement Restif, dans son ignominie, a une espèce de génie très amusant : ridicule, abominable, une espèce de génie cependant. […] Mais un poète, — en l’espèce, M.
Il y en a autant qu’il y a d’individus vivants dans toutes les espèces animales. […] D’abord partiellement, mais réellement, sous les espèces d’une nourriture. […] Si la lumière est constante, le jugement qui admet son existence est variable selon les espèces, et, dans les espèces les plus élevées, selon les individus. […] Si on l’abandonnait à elle-même, un été suffirait à en éteindre l’espèce. […] Vaisseau serait-il donc une espèce particulière de vaisselle ?
Renan, jusqu’à « comprendre plusieurs espèces de beauté » ; et ce Phocéen conçoit quand il le veut la mélancolie des Sarmates et des Saxons et les tristesses et raffinements d’art et de pensée des hommes du Nord. […] Amour coup de foudre, amour-passion, amour-caprice, amour-galanterie, tous les amours que ce grand fendeur de cheveux en quatre qui est Stendhal a décrits et classés, je comprends tout, j’excuse tout ; parfois même j’envie… Mais ce qu’il préfère, je crois, c’est une espèce d’amour en même temps idyllique et mondain, franchement sensuel, mais relevé d’un peu d’illusion, de rêve, d’« idéal » (ce mot revient souvent sous sa plume), l’Oaristys de Théocrite dans un salon de nos jours. […] Il a très finement analysé, et avec grande pitié, l’espèce de sentiment qui pousse les Manons du plus bas étage à avoir des Desgrieux.
L’idée que le Christ souffrait en eux les remplissait d’orgueil et, des plus faibles créatures, faisait des espèces d’êtres surnaturels. » Et encore : « Ceux qui avaient été torturés résistaient étonnamment. Ils étaient comme des athlètes émérites, endurcis à tout… Le martyre apparaissait de plus en plus comme une espèce de gymnastique, ou d’école de gladiature, à laquelle il fallait une longue préparation et une sorte d’ascèse préliminaire. » Peu s’en faut que Renan ne dise : « Le martyre était un sport. » — Il est certain que, d’être regardé, c’est une grande force : cela donne le courage de souffrir beaucoup, même pour des causes chétives et frivoles. […] Si l’on considère en elles-mêmes ces deux espèces d’hommes, rien de plus faux qu’un tel rapprochement, puisque les chrétiens étaient chastes, doux, résignés, qu’ils combattaient en eux la « nature » à laquelle nos « libertaires » font profession de s’abandonner ; qu’ils pratiquaient justement les vertus qu’un bon anarchiste doit avoir le plus en horreur ; et qu’ils ne tuaient pas, mais, au contraire, se laissaient tuer.
Shakespeare, fidèle à l’esprit de son temps, devait ajouter Laërtes vengeant son père à Hamlet vengeant son père, et faire poursuivre Hamlet par Laërtes en même temps que Claudius par Hamlet ; il devait faire commenter la piété filiale de Cordelia par la piété filiale d’Edgar, et, sous le poids de l’ingratitude des enfants dénaturés, mettre en regard deux pères misérables, ayant perdu chacun une des deux espèces de la lumière, Lear fou et Glocester aveugle. […] Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab. […] L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses.