Or, la qualité sensible n’est pas objet d’idée claire. […] En mécanique, on considère une force qui conserve toujours la même nature et la même qualité ; en physique, au contraire, la qualité diffère ; le travail est d’une qualité supérieure à la chaleur ; la chaleur à 100° est d’une qualité supérieure à la chaleur à 99°. […] Qu’est-ce à dire, sinon que la physique ne peut faire abstraction de la qualité, au moins de la qualité ainsi entendue ? […] La physique a compliqué ce rapport en y introduisant une notion de qualité, la notion de la qualité de l’énergie. […] Les qualités ne peuvent pas se mettre en dehors les unes des autres comme des choses externes.
Leur seul mérite est de s’être débarrassés de certains défauts et d’avoir perfectionné certaines qualités de la langue littéraire courante. […] » Et il le veut réduire à la qualité de simple écrivain. […] On ne cessa pas d’être juste pour quelques morceaux que feront toujours lire avec plaisir et profit les belles qualités de Balzac. […] Les mêmes défauts y gâtaient l’effet des mêmes qualités. […] En évitant les fautes qu’il note dans Balzac, il imite les qualités qu’il est forcé d’y louer.
Nos sens nous informent de certaines qualités sensibles, étendue, couleur, etc. Mais notre raison nous dit que ces qualités doivent être les qualités de quelque chose. […] c’est la substance inconnue qui sert de support aux qualités. […] Analysez le concept de matière, et vous découvrirez qu’il n’est qu’une synthèse mentale de qualités. […] Analysez votre concept d’esprit, et vous découvrirez qu’il n’est qu’une synthèse de qualités (états de conscience) qui sont les activités de l’organisme.
Écrivain, il ne l’est à aucun degré ; il n’est, en ce genre, que ridicule : et cette dernière et malheureuse prétention, qui lui a pris sur le tard, gâte toutes tes autres qualités qu’il a réellement. […] Mais Turenne fit toujours la sourde oreille et refusa de délivrer un titre pour autoriser une chose si contraire à la vérité : « C’est ainsi, disais-je, qu’il m’a toujours paru, si parva licet componere magnis, qu’un vrai critique ne devait pas accorder à Véron la seule qualité précisément à laquelle il n’avait aucun droit. » Règle générale et qui, du petit au grand, ne souffre pas d’exception : il n’est jamais permis à un homme réputé expert dans un métier de mentir et d’aider à tromper le public sur une chose essentielle au métier. […] Les gens de lettres, comme vous le dites, lui doivent de la reconnaissance pour cette fondation de la Revue de Paris en 1829 : il leur offrait de la place, et une belle place, élégante, en lumière, et un prix honorable qui n’existait pas auparavant et qui ne s’est pas élevé depuis, du moins pour ce cadre des revues qu’on a fait au contraire de plus en plus compact et dévorant. — Et puis n’est-ce donc rien que la vie sociale et les qualités qui en font l’agrément ?
Qu’est-ce qu’un sujet pur qui ne se manifeste d’aucune manière, qui n’a ni qualité propre, ni intensité propre, ni durée propre ? […] Faut-il en conclure qu’il y ait là simplement une sensation de qualité différente, quoique semblable sous certains rapports ? Mais une qualité qui admet du plus et du moins enveloppe des relations quantitatives, fussent-elles irréductibles à cette mesure subjective de la quantité qu’on nomme le nombre. […] Au reste, la qualité et l’intensité s’impliquent. […] À notre avis, donc, tout changement de qualité implique une sommation différente d’impressions et un changement d’intensité ; réciproquement, tout changement d’intensité est une addition d’impressions ou une soustraction d’impressions qui ont une qualité et dont la somme a également une qualité spécifique.
La langue sous Louis XIV acquit bien des qualités, et elle les fixa au commencement du xviiie siècle par un cachet de correction et de concision, mais elle y avait perdu je ne sais quoi de large et l’air de grandeur. C’est cet air de grandeur que Retz prisait le plus, qu’il ambitionna d’abord en tout, dans ses paroles, dans ses actions, et qu’il porta dans tous ses projets ; mais, s’il affectait la gloire, il avait en lui bien des qualités de premier ordre pour en former le fonds. […] Retz était petit, laid, noir, assez mal fait et myope ; voilà des qualités peu propres à faire un galant, ce qui ne l’empêcha point de l’être, et avec succès. […] Il était persuadé « qu’il faut de plus grandes qualités pour former un bon chef de parti que pour faire un bon empereur de l’univers ». […] Il excelle à donner aux mots toute leur valeur de sens, toute leur qualité, et il la fait quelquefois mieux sentir en la développant.
(Celui de Thiers, par exemple, est légèreté, présomption, imprudence, nonobstant toutes les autres heureuses qualités.) […] Les détracteurs de Villemain lui ont souvent fait un sujet de reproche de ses qualités habiles de diction, comme si elles excluaient chez lui des qualités plus solides. […] A force d’esprit, en un mot, et de souplesse, Villemain aura toujours toutes les qualités qu’on lui contestera.
Les qualités qu’il possède en effet, instruction, dignité, conscience, honnêteté, il sait les mettre en dehors dans ses écrits, et ne les laisse pas à deviner. […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond. […] Nisard, après tout, ne met en dehors et sur sa devanture que beaucoup des qualités qu’il a. […] On ferait une vraie académie de province des auteurs médiocres qu’il a loués en faveur de leurs qualités négatives et de leur abstinence de métaphores. […] L’esprit est le même ; mais on peut dire que les meilleures qualités de l’auteur se sont donné carrière dans ce dernier ouvrage.)
Or, c’est ce tableau, ou plutôt ce livre, que nous demanderons aujourd’hui à deux voyageurs contemporains qui viennent chacun de publier son voyage, tous deux appartenant à cette race d’écrivains préoccupés du pittoresque, qui ne vivent que pour le pittoresque, et qui vont l’un et l’autre justifier, l’un malgré des qualités souvent charmantes, et l’autre par ses défauts très réels et très persistants, ce que nous venons de dire des livres de voyages. […] À ces qualités de son esprit ajoutons encore les qualités de son livre, car il en a, ce livre, et la première, à nos yeux, est d’être le moins possible un livre de voyage, comme son auteur est le moins possible un voyageur. […] voilà des qualités, n’est-ce pas ? qualités d’écrivain, qualités de livre : talent, intérêt romanesque, qui n’est pas seulement l’intérêt de ce gros je que détestait Pascal et qui est le mot damné de tout voyageur.
Les premiers ne sentent guère que des mouvements, les derniers perçoivent de la qualité. […] D’abord, il se résout en un groupe de qualités, et toute qualité, disions-nous, consiste en une succession de mouvements élémentaires. Mais, même si l’on envisage la qualité comme un état stable, le corps est encore instable en ce qu’il change de qualités sans cesse. […] Mais notre esprit passe naturellement, ici, de la sphère de la quantité à celle de la qualité. […] Ainsi pour la qualité et la quantité, pour l’âme et le corps.
Si vous portez une nation vers les amusements et les voluptés, si vous énervez en elle toutes les qualités fortes et courageuses pour la détourner de la pensée, qui vous défendra contre des voisins belliqueux ? […] La valeur guerrière, cette qualité qui produit toujours un enthousiasme nouveau, cette qualité qui réunit tout ce qui peut frapper l’imagination, enivrer l’âme, la valeur guerrière que vous appelez à l’aide du despotisme, inspire l’amour de la gloire, et l’amour de la gloire devient bientôt le plus terrible ennemi de ce despotisme. […] Dans cette imperfection, à laquelle la nature humaine est condamnée, des qualités fortes et généreuses font oublier des égarements terribles, pourvu que le caractère de la grandeur reste encore imprimé sur le front du coupable, que vous sentiez les vertus à travers les passions, que votre âme enfin se confie à ces hommes extraordinaires, souvent condamnables, souvent redoutés ; mais qui, néanmoins, fidèles à quelques nobles idées, n’ont jamais trahi le malheur, ni frémi devant le danger. […] Sans doute on ne peut se promettre avec certitude de marcher sans faiblesse dans cette noble carrière ; mais ce qu’on peut, ce qu’on doit à l’espèce humaine, c’est de diriger tous ses moyens, c’est d’invoquer tous ceux des autres, pour répéter aux hommes, qu’étendue d’esprit et profondeur de morale, sont deux qualités inséparables ; et que, loin que la destinée vous condamne à faire un choix entre le génie et la vertu, elle se plaît à renverser successivement, de mille manières, tous les talents qui voguent au hasard sans ce guide assuré.
Les qualités d’un poète sont aussi, à un degré moindre, celles de ses lecteurs. […] Si l’on veut estimer la « valeur d’art », il ne suffit point de noter la qualité ou la quantité des émotions accessoires que suscite l’œuvre, et il ne s’agit pas seulement de savoir si elle provoque en nous un sentiment de vive sympathie ou d’ardent patriotisme ; il faut étudier la langue même de l’émotion, le rapport choisi entre les perceptions qui en sont l’instrument, la « mise en œuvre ». […] Au point de vue historique, où nous sommes maintenant placés, les auteurs ne valent plus, en effet, par leur origine et leurs qualités, mais par leur popularité. […] On peut admirer dans l’œuvre d’autrui des qualités qu’on n’apporte pas dans la sienne propre, ou qu’on ne possède point dans son propre caractère. […] Le rapport est enfin beaucoup plus lâche, il faut bien le dire, des qualités de l’œuvre à celles de ses admirateurs, qu’il ne l’est à celles de son auteur.
Je sais trop de quoi il est fait pour annoncer qu’il vient de naître un homme de génie de plus à la littérature française, et pourtant il est vrai de dire que le Poème humain de Gustave Rousselot, malgré les énormes défauts que j’y signalerai tout à l’heure, a plusieurs des qualités fortes qui constituent le génie poétique, et je suis d’autant moins suspect lorsque j’affirme qu’il les a, que le poème en question, avec son titre que je n’aime pas, est écrit tout entier dans une inspiration que je déteste. […] Elle le laissera vivre, cet agneau… Mais, dans l’intérêt de sa poésie future, elle lui signalera les défauts de sa poésie actuelle, qui sont grands, — aussi grands que ses qualités. IV Ces qualités, je les ai dites sans presque les montrer ; car les beautés du Poème humain, réelles et nombreuses, ne sont guères citables, par le fait de l’ampleur de leurs développements et de ce long souffle qui les emporte tellement d’ensemble qu’on ne peut pas plus les détacher que les planches unies du vaisseau qui cingle au fil d’un flot puissant et qui monte toujours ! Ces qualités — et c’est leur gloire — ne sont pas du tout celles de la poésie de ce temps dévasté de poésie. […] Son enthousiasme, à lui, qui est sa qualité première, et qui le lance trop loin du détail pour qu’il puisse en avoir jamais le fini, roule dans ses bouillonnements par trop d’écume et de bavures.
Ce n’est qu’un verre d’eau, mais qui a des qualités d’eau et qui vient à temps. […] c’est un livre où nous trouvons justement le défaut le plus opposé à la qualité le plus ordinaire à M. […] Qui doute que cette enfant, qui a toujours froid, parce que sa mère ne l’aime pas, ne se prenne bientôt de passion pour un homme ayant toutes les qualités, excepté de n’être pas gentilhomme, comme le gendre de M. […] J’y vois d’anciennes qualités qui baissent, et je n’en vois point qui remplacent celles qui s’en vont. […] Jules Sandeau, avec ses qualités les meilleures, ne sera jamais que la femme littéraire de monsieur George Sand.
Quant à Villars, il n’entrait pas dans toutes ces susceptibilités, et les heurtait sans trop les regarde ni les apercevoir ; il allait son train, poussant ses qualités, usant de ses défauts, remplissant sa carrière, et bonhomme au demeurant. […] Vous trouverez les qualités du plus grand général du monde dans un homme cruel, avare, perfide, impie. […] J’aimerais mieux, pour le roi, un bon général qui aurait toutes ces pernicieuses qualités, qu’un fat que l’on trouverait dévot, libéral, honnête, chaste, pieux. […] Ce sont, me disais je, des Français, et très braves et très forts, trois qualités à considérer. […] Un principe m’a guidé en l’étudiant : sous peine de rapetisser son objet et de voir d’une vue basse, il faut avant tout chercher dans chaque homme distingué, et à plus forte raison dans un personnage historique, la qualité principale, surtout quand elle a rencontré les circonstances et l’heure propice où elle a eu toute son application et tout son jeu.
Elle était douée de qualités morales qui ne se sont jamais démenties. […] L’éducation des personnes de qualité, à cette date de 1641-1654, était des plus défectueuses. […] une excellente maîtresse de pension de la haute société et des demoiselles de qualité au xviie siècle. […] Elle analyse tout, elle disserte sur tout, sur les parfums, sur les plaisirs, sur les désirs, sur les qualités et les vertus ; une fois même, elle fera des observations presque en physicienne et en naturaliste sur la couleur des ailes et le vol des papillons. […] Son mérite et ses qualités estimables lui concilièrent jusqu’à la fin une petite cour et des amis, qui ne parlaient d’elle que comme de la première fille du monde et de la merveille du siècle de Louis-le-Grand .
On ne sauroit donc lui refuser la qualité d’esprit universel. […] Ces qualités rendirent au moins sa philosophie respectable dans ses sentimens, quoiqu’elle ne fût pas toujours sûre dans ses maximes. […] La finesse, les graces, l’abus de l’imagination, la subtilité de l’esprit dans le style : le même esprit doué de la plus grande pénétration, étincelant des plus vives lumieres, enrichi des plus vastes connoissances ; tels sont les défauts & les qualités qui fixeront le jugement qu’on doit porter de M. de Fontenelle, comme Littérateur & comme Philosophe.
Nisard, avec toutes les qualités qu’il lui attribue, passât sans contestation. […] Je ne sais trop pourtant si les qualités du style de Duguet, aux bons endroits, et dans certaines lettres, sont si loin du tour et de la coupe épigrammatique de Fontenelle. […] Goethe l’a vu et l’a exprimé avec sa supériorité de critique et de naturaliste : « Lorsqu’une famille s’est fait remarquer, dit-il, durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit les défauts et les qualités de tous ses ancêtres, en sorte qu’il représente à lui seul sa famille entière. Il en est de même des peuples célèbres : la plupart ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la nature les eût destinés à en offrir le modèle. — Et c’est ainsi, ajoute-t-il, que la nature produisit dans Voltaire l’homme le plus éminemment doué de toutes les qualités qui caractérisent et honorent sa nation, et le chargea de représenter la France à l’univers. » Et il énumère les qualités nombreuses et les quelques défauts essentiels qui font de lui l’image brillante du Français accompli.
L’esprit d’affaires ne peut se faire connaître par des signes certains, avant qu’on ait occupé de grandes places ; les hommes médiocres sont intéressés à persuader qu’ils possèdent seuls ce genre d’esprit ; et pour se l’attribuer, ils se fondent uniquement sur les qualités qui leur manquent : la chaleur qu’ils n’ont pas, les idées qu’ils ne comprennent pas, les succès qu’ils dédaignent ; voilà les garants de leur capacité politique. On veut, dans les monarchies absolues, qu’une sorte de mystère soit répandue sur les qualités qui rendent propres au gouvernement, afin que l’importante et froide médiocrité puisse écarter un esprit supérieur, et le déclarer incapable de combinaisons beaucoup plus simples que celles dont il s’est toujours occupé. […] Il faut, pour le bonheur du genre humain, que les grands hommes chargés de sa destinée possèdent presque également un certain nombre de qualités très différentes ; un seul genre de supériorité ne suffit pas pour captiver les diverses classes d’opinions et d’estime ; un seul genre de supériorité ne personnifie point assez, si je puis m’exprimer ainsi, l’idée qu’on aime à se faire d’un homme célèbre. […] Le mélange des qualités supérieures, bien que plaçant plus haut celui qui les possède, établit cependant plus de rapports entre l’homme extraordinaire et les autres hommes. […] L’enthousiasme qu’inspire la gloire des armes, est le seul qui puisse devenir dangereux à la liberté ; mais cet enthousiasme même n’a de suites funestes que dans les pays où diverses causes ont détruit l’admiration méritée par les qualités morales ou les talents civils.
C’est alors le mot de Molière dans la bouche de tout un peuple : « Je prends mon bien où je le trouve. » Là est la bonne imitation ; l’autre n’est qu’un commerce de dupe, où un pays échange ses qualités contre les défauts d’un autre, et donne son or contre du billon. Le précieux, tempéré par la crainte du ridicule, le précieux mitigé se personnifie, aux deux époques, en deux hommes d’esprit dupes et intéressés tout ensemble, complaisants de la mode sans se brouiller tout à fait avec le bon sens, et, par un mélange de petites qualités et de travers prudents, sachant se faire des amis utiles et n’avoir que de tièdes ennemis ; tous deux enfin morts comme écrivains, encore vivants comme types, le père Bouhours et l’abbé Trublet. […] Ils semblent se douter que leur réputation est pour beaucoup plus dans les éloges de Bouhours que le vif sentiment de leurs qualités, et pour peu qu’il vienne à broncher, un demi-désaveu lui apprend qu’entre eux et lui l’amitié n’est que de pure civilité. […] On s’attachera donc aux mots ; et pour prendre à Bouhours ses figures, on s’occupera plus des enjolivements que de l’édifice, de la taille que de la qualité du diamant. […] Le public confondait les qualités avec les défauts.
. — Qualité dominante du vrai critique : la sympathie et la sociabilité. — De l’antipathie causée à certains critiques par certaines œuvres. — La vraie critique est-elle celle des beautés ou celle des défauts. — Du pouvoir d’admirer ou d’aimer. — Difficulté de découvrir et de comprendre les beautés d’une œuvre d’art ; difficulté de les faire sentir aux autres ; rôle du critique. […] Il faudrait pour cette critique-là une grande imagination et une grande bonté, je veux dire une faculté d’enthousiasme toujours prête, et puis du goût, qualité rare, même dans les meilleurs, si bien qu’on n’en parle plus du tout39. » Flaubert a ici marqué excellemment les qualités des vrais critiques. […] Pour qui serait également capable de faire œuvre personnelle en éclairant une qualité ou un vice, lequel vaudrait-il mieux mettre en lumière ? […] Chacun de nous a cette conviction secrète qu’il représente à lui seul l’esprit national, et il refuse à cet esprit les qualités ou les défauts variés qu’il admire ou pardonne chez toute autre nation.
C’est par les qualités, jusqu’ici les moins soupçonnées, que ces poésies frapperont les esprits amis ou familiers du talent de l’auteur et qui croyaient bien le connaître. […] L’auteur des Colombes et Couleuvres a les défauts de ses qualités, mais cette phrase, devenue si vulgaire, inventée par les Éclectiques de ce temps, pour éviter les embarras de la vérité et les lâchetés de la Critique, n’exprime pas pour nous une fatalité. C’est une condamnation positive, car on peut très bien ne pas avoir les défauts de ses qualités, et c’est là même ce que tout esprit qui s’observe et qui se cultive doit éviter. […] L’autre jour encore, il publiait des vers adressés à un païen de la forme, dans lesquels les qualités exclusivement solides du rythme étaient mises en saillie avec luxe. Lorsque ces qualités ne se voient plus là où se trouve l’inspiration, qui vaut mieux qu’elles, la Critique a le droit d’être impitoyable.
Doué des qualités que je caractériserai tout à l’heure et qui ne manquent ni d’élévation ni de force, il s’est particulièrement, presque exclusivement consacré à ce genre de roman, qui représente dans l’art le matérialisme et la démocratie, et qui ferait le tour du monde, comme le drapeau de la Révolution, si la Critique, qui ne veut pas que les grandes notions littéraires périssent, ne lui barrait pas le chemin ! […] J’ai dit que je signalerais les qualités de M. […] Féval, à qui je voudrais montrer ses qualités et ses défauts à la lumière de ces grands noms, a, lui, l’ironie, l’ironie qui lui a fait rechercher souvent les sujets où l’auteur se moque de lui-même. […] IV Telles sont les qualités de M. […] Féval ait produit, ce n’est pas le nombre des livres, mais leur qualité, qui rapporte à son auteur l’estime ou la gloire.
Si nous n’y prenons garde, et sans être Bossuet, nous faisons tous un peu comme Bossuet : nous sommes volontiers négatifs à l’égard de ceux qui viennent après nous, nous sommes un peu prompts à déclarer qu’ils n’auront jamais telle ou telle qualité. En un mot, jeunes et en entrant dans la vie, on prend surtout les grands écrivains, orateurs ou poètes régnants, avec enthousiasme, par leurs qualités : vieux, on prend surtout les survenants et successeurs par leurs défauts. C’est à quoi l’on est d’abord le plus sensible ; leurs défauts nous sautent aux yeux, leurs qualités ne viennent qu’après. […] Bossuet avait en lui, dans sa mâle et ferme parole et jusque dans ses fortes tendresses, quelque chose qui devait lui faire goûter médiocrement, en effet, cette qualité traînante, agréable et un peu amollie qui plaît tant à d’autres chez Fénelon, chez Massillon, et qu’aura plus tard aussi Bernardin de Saint-Pierre. […] Ce second ordre, en partie composé d’abbés de qualité, des Louvois, des Caumartin, des Pomponne, se récrie et est près de s’insurger contre les évêques.
Elle portera sur les cinq ordres de qualités qu’une œuvre peut avoir en vertu de la définition précédente : qualités sensorielles, sentimentales, intellectuelles, tendancieuses, idéales ou supra-sensibles. […] Mais la couleur n’est qu’une des qualités que la vue peut saisir dans les objets. […] Voilà donc une première distinction à faire dans les émotions : c’est, au fond, les distinguer d’après leur qualité essentielle, suivant qu’elles sont agréables ou désagréables, qu’elles impliquent attraction ou répulsion. […] Je veux dire que tel écrivain aimera à considérer le détail, à étudier les infiniment petits, à décrire avec un soin minutieux un coin de nature ou une particularité de caractère, à débattre une question microscopique, à couper, suivant l’expression consacrée, un cheveu en quatre ; que tel autre, au contraire, se plaira aux grandes généralisations hâtives, aux considérations philosophiques hasardeuses, aux vastes systèmes embrassant l’univers ; qu’un troisième, réunissant les qualités de l’un et de l’autre, essaiera de concilier l’exactitude et la précision dans les moindres choses avec les vues d’ensemble suggérées par l’étude des faits particuliers. […] Qu’il s’agisse de contes de fées qui émerveillent les enfants ou d’histoires de revenants qui leur font si grand’peur, qu’il s’agisse d’hymnes religieuses essayant de percer le mystère de la tombe ou d’utopies sociales s’efforçant d’esquisser l’avenir de l’humanité, qu’il s’agisse de méditations métaphysiques sur l’origine et la fin des choses ou de poèmes paradisiaques et prophétiques, nous rencontrons là des qualités nouvelles, des élans d’imagination, des envolées dans le vaste champ du possible, voire même de l’impossible, dans le royaume des hypothèses et des chimères, en un mot de l’idéal.
Mais comme les plus heureuses qualités ont des excès toujours voisins des défauts, s’ils ne sont pas eux-mêmes des défauts, & qu’il est facile aux grands talens de se corriger, nous userons des droits de la franchise que nous nous sommes imposée. […] Linguet, nous dirons que cet Ecrivain, à qui l’on ne peut contester, malgré ses défauts, les qualités qui caractérisent le génie, auroit dû s’attendre, à cause de ces qualités mêmes, à plus d’égards de la part de quelques Gens de Lettres, qui n’ont pas senti combien il en méritoit.
Entré dans le régiment des Gardes à neuf ans en qualité de cadet, il avait fait les campagnes de 1735, de 1743, et avait donné des preuves de son intrépidité, d’une intrépidité assaisonnée de bons mots, ce qu’on aimait alors. […] La paix faite, il obtint de M. de Choiseul, qui, sans compter qu’il était ministre de la guerre, avait la charge de colonel général des Suisses d’en être nommé inspecteur, et, en cette qualité, il s’appliqua à y réformer la discipline, honteusement relâchée, et à remettre ce service sur un bon pied qui répondît à la vieille renommée du corps helvétique. […] De la hardiesse, de l’intelligence, de l’esprit, et même un assez bon esprit, de qualité ferme et assez judicieuse, tout cela se dépensa dans une vie de courtisan et dans un cercle d’intérêts frivoles. […] Besenval avait pour le comte d’Artois un faible qui se déclare en toute occasion, et qui tenait plus peut-être aux gracieux défauts qu’aux qualités du jeune prince. […] mais dans un politique et un ministre qui a charge d’intérêts généraux et qui devrait avoir à cœur la grandeur ou le bien de la chose publique, il y a là un vice radical de caractère et qui ruine les autres qualités : il rit de tout.
On ne fait pas un portrait sur une tombe, et je n’ai pu qu’esquisser une rapide image ; mais les amis présents ont tous reconnu celui qu’ils avaient aimé pour ses qualités, pour ses vivacités, pour ses défauts mêmes, nés d’un surcroît du cœur. […] Né en 1792, enfant d’une génération qui a produit des hommes supérieurs ou distingués en tout genre, élève de l’École normale dans la première ferveur de la création, il eut aussi, à sa manière, le souffle et le feu sacré ; il marqua de bonne heure, entre ses jeunes camarades, par des qualités qui étaient bien à lui. […] C’est à d’autres qu’il appartiendrait de dire les qualités essentielles qu’il porta dans cette profession délicate et sacrée. […] il avait ce qui aurait pu consoler, l’estime de tous, la chaleureuse amitié de quelques-uns ; rattaché en qualité de médecin à cette École normale dont le seul nom lui était cher, il y retrouvait les souvenirs qu’il affectionnait ; honoré d’une distinction tardive, mais si méritée, qu’il avait gagnée aussi sur ses champs de bataille à lui, il y avait été sensible de la part d’un Gouvernement qui réalisait l’un des vœux de son cœur national et qui réparait la douleur de 1814.
C’est pourquoi j’estime que Laforgue est un écrivain vraiment français, de ceux pour qui Taine formula sans doute que les deux qualités dominantes étaient la sobriété et la finesse. […] Camille Mauclair Je tends simplement à expliquer que Laforgue attribuait au vers un usage essentiellement spéculatif, subjectif et intime, et réservait à la prose une objectivité plus grande, une intervention plus visible de la composition et des qualités littéraires. […] Mais partout, et dans les plus cursives piécettes, se révèlent les qualités qu’ils contiennent ; et je crois que le vrai souvenir à donner à ce volume premier serait d’en garder dans sa mémoire quelques strophes qui sont des commencements de poèmes infinis, des débuts de sensations immortelles.
Car, remarquons-le en passant, il a été donné à Shakspeare, et c’est ce qui fait la souveraineté de son génie, de concilier, d’unir, d’amalgamer sans cesse dans son œuvre ces deux qualités, la vérité et la grandeur, qualités presque opposées, ou tout au moins tellement distinctes, que le défaut de chacune d’elles constitue le contraire de l’autre. […] À l’homme qui créera ce drame il faudra deux qualités : conscience et génie.
On peut lire sa première intrigue avec la jeune veuve de qualité qu’il rencontre à Guise, son autre intrigue avec la belle comtesse qu’il voit à Moulins, et les scènes bizarres et un peu grotesques du château délabré qu’il décrit avec complaisance et avec un véritable talent littéraire. […] Homme de guerre, Bussy se distingua durant vingt-cinq ans (1634-1659) par des qualités hardies et de brillants services qui, joints à plus de conduite et de ménagement du côté de l’esprit, lui auraient valu presque immanquablement le bâton de maréchal de France. […] Maintenant reconnaissons dans Bussy une qualité : il a du glorieux, du vaniteux, du goguenard et du railleur, du bel esprit et du malin esprit, mais au fond, tout au fond de tout cela, si l’on ose le dire, il y a du bon esprit. […] Une de ses grandes qualités, c’était le mépris du bien. […] Il fut des premiers à se déclarer contre les sots de qualité « qui auraient bien voulu persuader, s’ils avaient pu, que c’était déroger à noblesse que d’avoir de l’esprit ».
Si les denrées sont aujourd’hui de meilleure qualité et à meilleur marché qu’elles n’étaient hier, c’est dans l’ordre matériel un progrès incontestable. […] Quelle est la qualité du dessin de M. […] Est-il d’une qualité supérieure ? […] Ingres peut être considéré comme un homme doué de hautes qualités, un amateur éloquent de la beauté, mais dénué de ce tempérament énergique qui fait la fatalité du génie. […] Une autre qualité, très-grande, très-vaste, du talent de M.
C’est par cette naïveté de brusquerie peut-être, et aussi par ses qualités solides d’honnête femme, j’allais dire d’honnête homme, quelle plut à Louis XIV, et qu’entre elle et lui se noua cette amitié qui ne laisse pas d’avoir sa singularité et d’étonner au premier abord. […] Il y avait alors dans le royaume un roi digne de l’être, avec toutes les qualités qu’on sait, au milieu des défauts que chacun concourait à favoriser et à recouvrir ; un roi homme de mérite, « toujours maître et toujours roi, mais plus honnête homme encore et plus chrétien qu’il n’était maître et roi : C’est ce mérite qui la toucha, dit très bien le père Cathalan. […] Ce qu’elle prisait fort en lui, c’était sa droiture de sentiment et sa justesse de coup d’œil quand il était livré à son propre mouvement, c’était la qualité de son esprit, l’agrément de ses entretiens, la tournure excellente de ses propos ; enfin c’était un certain naturel élevé qui l’attirait et la charmait en Louis XIV. […] Madame, princesse et de maison souveraine avant tout, et qui, au milieu de toutes ses qualités humaines et de ses débonnairetés, n’oubliait jamais les devoirs de la naissance et de la grandeur ; elle de qui l’on a dit : « Jamais grand ne connut mieux ses droits, ni ne les fit mieux sentir aux autres » ; Madame n’avait rien tant en horreur et en mépris que les mésalliances ; la galerie de Versailles a retenti longtemps du soufflet sonore qu’elle appliqua à son fils le jour où celui-ci, ayant consenti à épouser la fille naturelle de Louis XIV, s’approchait de sa mère, selon son usage, pour lui baiser la main. […] On voit dans ces lettres, et dans quelques autres adressées au duc de Noailles, que Madame n’écrivait pas plus mal en français que la plupart des personnes de qualité de son temps.
Les hommes qui la composent exaltent inconsciemment dans les siècles passés ceux qui ont eu des qualités et des défauts pareils aux leurs ; ils rabaissent ou négligent les autres. […] A cette formule, autour de laquelle nous n’avons cessé de tourner : Il y a pour une œuvre littéraire (à ne considérer que ses qualités intérieures) cinq ordres différents de beauté ; elle est supérieure, si elle possède à un degré très élevé une des qualités essentielles à l’un de ces ordres ou, à un degré suffisamment élevé, la plupart des qualités qu’il comporte. […] Supposons après cela qu’une œuvre appartenant à un ordre supérieur soit supérieure elle-même dans cet ordre et qu’elle ait de plus à un degré élevé ou du moins suffisant les qualités d’ordre inférieur qui lui sont nécessaires ; nous pouvons dire qu’elle aura une valeur plus haute que les œuvres les plus parfaites dont la beauté serait purement sensorielle, sentimentale ou intellectuelle. […] L’harmonie entre le dedans et le dehors, entre les choses à exprimer et la façon de les exprimer, entre la conception et l’exécution, cette harmonie qui est seule capable de produire ce que Taine a appelé « la convergence des effets », telle est, à mon avis, la qualité essentielle qui fait d’une œuvre littéraire un tout organique et vivant et qui en constitue la supériorité plastique. […] La puissance de sociabilité avec les hommes de toutes les époques est pour lui une qualité maîtresse que rien ne saurait remplacer, et tel voyant de l’histoire, comme fut Michelet, a su, par un privilège de nature, par une sorte d’intuition magique, prendre la vie sur le fait aussi bien et mieux que n’aurait pu le faire l’analyste le plus minutieux.
Déjà, dans Thomas Corneille, ces qualités secondaires et purement spirituelles de son illustre frère se montraient plus ouvertement et, pour ainsi dire, sur le premier plan, n’étant plus tenues en bride et comme ramassées à l’ombre du génie ; mais, chez Thomas, il s’y mêlait encore de la verve et du feu de poésie. […] Ce portrait de Fontenelle par La Bruyère est pour nous une grande leçon : il nous montre comment un peintre habile, un critique pénétrant, peut se tromper en disant vrai, mais en ne disant pas tout, et en ne devinant pas assez que, dans cette bizarre et complexe organisation humaine, un défaut, un travers et un ridicule des plus caractérisés n’est jamais incompatible avec une qualité supérieure. […] Fontenelle, de bonne heure, marqua tous les défauts d’une nature privée d’idéal et de flamme, et qui n’avait ni ciel à l’horizon ni foyer intérieur ; mais il eut aussi toutes les qualités compatibles avec ces sortes de natures purement intellectuelles. […] Grimm a très bien remarqué que Voltaire avait toutes les qualités de goût opposées précisément aux défauts de Fontenelle, le naturel, la vivacité, la saillie franche et prompte, le jet de source. […] Sur Fontenelle, ma conclusion sera précise : c’est que par sa tenue, par sa longévité, par sa multiplicité d’aptitudes et d’emplois, avec ce composé de qualités rares et de défauts qui ont fini par assaisonner ses qualités, il n’a point son pareil, qu’il demeure hors ligne, au-dessous des génies, dans la classe des esprits infiniment distingués, et qu’il se présente, dans l’histoire naturelle littéraire, à titre d’individu singulier et unique de son espèce.
Nous ne pouvons convertir aucune des deux conceptions en l’autre, et partant les deux événements semblent être de qualité absolument différente ; en sorte que l’analyse, au lieu de combler l’intervalle qui les sépare, semble l’élargir à l’infini. […] À la vérité, nous ne pouvons concevoir les deux événements que comme irréductibles l’un à l’autre ; mais cela peut tenir à la manière dont nous les concevons et non aux qualités qu’ils ont ; leur incompatibilité est peut-être apparente, non réelle ; elle vient de nous et non pas d’eux. […] Il en resterait là, s’il ne faisait pas d’expériences nouvelles ; les deux choses seraient toujours pour lui différentes en qualité ; elles formeraient deux mondes entre lesquels il n’y aurait pas de passage. […] On a vu que la sensation proprement dite est un composé d’événements successifs et simultanés de même qualité, eux-mêmes composés de même ; qu’au terme de l’analyse, l’expérience indirecte et les analogies montrent encore des événements de même qualité, successifs et simultanés, tous soustraits à la conscience et à la fin infinitésimaux ; que les actions réflexes indiquent des événements rudimentaires analogues et qu’on les suit jusqu’au bas de la série animale, même en des animaux159, comme le polype d’eau douce, en qui l’on ne découvre aucune trace du système nerveux. — Mais on peut les suivre plus loin encore ; car chez plusieurs plantes comme la sensitive et le sainfoin oscillant du Bengale, chez les anthérozoïdes des cryptogames et chez les zoospores des algues, on rencontre des actions réflexes tout à fait semblables à celle que produit le tronçon d’une grenouille décapitée. […] Voir aussi les deux admirables chapitres de Stuart Mill, Examination of Sir William Hamilton’s Philosophy, sur la notion du monde extérieur et sur les qualités premières de la matière.
C’est le style qui dévoile sa qualité dominante. […] Il a le don et le goût de l’éloquence ; vous trouverez en lui toutes les qualités qui peuvent la nourrir ou l’orner. […] Car c’est l’union de ces deux qualités qui fait l’éloquence. […] On appelle raison la connaissance des vérités universelles et nécessaires, par exemple : toute qualité suppose une substance ; tout événement suppose une cause. […] Cousin réfute : « Nous connaissons plusieurs axiomes ou propositions nécessaires : par exemple, toute qualité suppose une substance ; et nous ne pouvons imaginer un cas où cet axiome ne soit pas vrai.
Elle est matière à recherches scientifiques : car il s’agit, non pas d’apprécier d’après notre goût personnel la valeur des qualités dont nous avons pu reconnaître l’existence, mais d’en découvrir l’origine. […] Faut-il pourtant regarder comme inutile ce rattachement de certaines qualités de l’œuvre à certaines capacités de l’auteur ? […] On tâche, comme on l’a déjà fait une première fois d’après l’œuvre, d’arriver à une ou à plusieurs qualités maîtresses, en se rappelant qu’une qualité est d’ordinaire doublée d’un défaut correspondant ; qui dit brave, dit souvent téméraire ; austérité confine à rigidité. […] Telle ou telle expérience peut avoir été mal conçue ou mal conduite ; le personnage observé peut avoir eu intérêt à dissimuler certaines tares, à s’attribuer libéralement des qualités qu’il n’a pas.
On trouve ailleurs toutes sortes de qualités utiles et solides, de réalités essentielles : la facilité, l’art de vivre n’est qu’à Paris. […] Français, nous avons depuis quelque temps tous nos défauts ; gardons au moins quelques-unes de nos qualités. Là où les institutions favorisent et défraient ces qualités, et où elles ne sont pas écroulées avec le reste, maintenons-les soigneusement, et attachons-nous à les réparer plutôt qu’à les ébranler dans l’entre-deux des crises et au lendemain des orages. […] Il n’y a plus en haut de pouvoir qui ait qualité pour diriger ; les cercles distingués sont brisés pour le moment et ont disparu. […] La vie publique nous envahit ; des centaines d’hommes politiques arrivent chaque année des départements avec des qualités plus ou moins spéciales et des intentions que je crois excellentes, mais avec un langage et un accent plus ou moins mélangés.
Il a beaucoup vécu en Italie, et son esprit a dû s’y italianiser, sans rien perdre de toutes ses qualités françaises… C’est un latin, — comme la France fut une nation latine. […] Ainsi, le caractère et l’unité dans la vie, voilà les qualités premières qui frappent en Léon XIII, et qui sont si grandes que tout d’abord elles empêchent de voir en lui autre chose. […] Mais le caractère et l’unité dans la vie n’en sont pas moins les qualités principales de Léon XIII, l’étoffe et le fond de sa personnalité, et qui s’en dégagent comme deux rayons, — les deux rayons du front de Moïse ! Le caractère et l’unité dans la vie, c’est-à-dire, après tout, les qualités les plus mâles et les plus rares toujours, mais particulièrement dans ce temps d’inconséquence et d’amollissement universels ! […] À Rome comme en Europe, partout, parmi les Cabinets comme parmi les peuples, on eut conscience — une conscience rapide — de la valeur inquiétante pour les uns, rassurante pour les autres, d’un Pape qui différait de Pie IX, auquel il succédait, par des qualités d’un autre ordre, Pie IX avait été glorieusement le non possumus de l’Église, souffrante et persécutée, mais indéfectiblement et éternellement l’Église ; Léon XIII serait-il davantage ?
Son esprit était élevé, son idéal grandiose, l’horizon de ses idées très vaste ; mais sa qualité première entre toutes, c’était une puissance de souplesse encore plus étonnante que la force elle-même. Qualité anti-allemande, cela, être souple, parmi ces culs-de-plomb dont la tête pèse encore plus que l’autre bout ! […] Il ressemblait à cet Allemand fabuleux qui héritait des talents et des facultés de tous ceux qu’il tuait en duel, et qui finit de cette manière par avoir toutes les qualités imaginables. Il abattit souvent mainte tête qu’il eut la cruauté de relever pour bien montrer qu’elle était vide… » Ironique et spirituel, il tournait dans ses feuilletons contre la France, les théâtres et les influences françaises, les deux qualités françaises qui le rendent si cher à Heine, lequel les avait aussi !
Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité. […] Son livre l’atteste par ses qualités et par ses défauts. Ces qualités sont presque brillantes. […] C’est un écrivain véritable, qui a le don de la goutte de lumière tombant de la plume, et chez qui l’on peut constater deux qualités qui semblent s’exclure et qui peuvent faire un jour d’un homme un des maîtres de l’expression : la concentration et la transparence.
Deux qualités positivement bonnes, supérieures et rares, et qui constituent à notre jeune poète une originalité meilleure que celle que nous lui composions plus haut avec les indigences de son génie ! Quoi de plus nouveau, en effet, que ces qualités de son talent et de son livre dans notre littérature recherchée, blasée, affectée, attifée, tour à tour spleenétique et vaporeuse, nerveuse et malade de cette maladie dont Heine disait, avec une ironie de rencontre plus profonde peut-être que son intention d’ironie : « Tous les hommes d’esprit sont malades de leur esprit même ! […] Indépendamment de son inspiration et de sa touche à pleine main, Bouniol a d’autres qualités encore, que les esprits amoureux exclusifs du détail ne verraient pas, mais que nous voyons, nous !
Ceux-ci se renvoient leurs reflets, et, modifiant leurs qualités en les glaçant de qualités transparentes et empruntées, multiplient à l’infini leurs mariages mélodieux et les rendent plus faciles. […] C’est du reste une qualité qu’il partage avec celui dont l’opinion publique a fait son antipode, M. […] La grande qualité du dessin des artistes suprêmes est la vérité du mouvement, et Delacroix ne viole jamais cette loi naturelle. […] La première qualité d’un dessinateur est donc l’étude lente et sincère de son modèle. […] Flandrin, Amaury-Duval et Lehmann, ont cette excellente qualité, que leur modelé est vrai et fin.
La qualité éminente de son esprit, c’est le bon sens, l’amour et le discernement du vrai. […] La qualité dominante, et l’on pourrait dire unique, de ce style, c’est la propriété ; il ne vaut que parce qu’il rend la pensée de l’homme. […] C’est même en grande partie, de ce commerce intime avec les écrivains bibliques et évangéliques, que vient la qualité originale de son style, unique entre tous dans la littérature classique. […] Il se fit admirer surtout dans l’oraison funèbre : il eut toutes les qualités mondaines en parlant des gloires du monde, et même le tact suprême d’être sincèrement chrétien. […] Les qualités de Fléchier sentent la décadence, et en effet avant la fin du siècle il est sensible que l’éloquence chrétienne s’en va, du même pas que l’esprit chrétien.
Après son parfait rétablissement, elle fut envoyée une troisieme fois en Russie, en qualité de Secrétaire de l’Ambassade de M. le Marquis de l’Hôpital. […] Elle fut envoyée à Londres en qualité de Secrétaire d’Ambassade, & se rendit si agréable à cette Cour, que, contre l’usage, le Roi de la Grande-Bretagne la choisit pour porter à Louis XV, & à M. le Duc de Bedford son Ambassadeur à Paris, la Ratification du Traité de paix conclu entre les deux Nations. […] Quand M. le Duc de Nivernois quitta l’Angleterre, où il venoit de remplir la mission d’Ambassadeur extraordinaire, Mlle d’Eon l’y remplaça en qualité de Ministre Plénipotentiaire.
Charles Fuster Rimes franches, voilà un des meilleurs recueils récents, un de ceux où nous trouvons, largement répandue, cette qualité essentielle du poète, cette qualité qui semble en train de se perdre : le lyrisme.
Quand le vrai chrétien s’est acquitté de ses devoirs, son bonheur ne le regarde plus ; il ne s’informe pas quel sort lui est échu, il ne sait pas ce qu’il faut désirer ou craindre, il n’est certain que de ses devoirs ; les meilleures qualités de l’âme, la générosité, la sensibilité, loin de faire cesser tous les combats intérieurs, peuvent, dans la lutte des passions, opposer l’une à l’autre, des affections d’une égale force ; mais la religion donne pour guide un code, où, dans toutes les circonstances, ce qu’on doit faire est résolu par une loi. […] Elle est presque toujours destructive des qualités naturelles ; ce qu’elles ont de spontané, d’involontaire, est incompatible avec des règles fixes sur tous les objets. […] Des caractères privés de qualités naturelles, à l’abri de ce qu’on appelle la dévotion, se sentent plus à l’aise pour exercer des défauts qui ne blessent aucune des lois dont ils ont adopté le code. […] Les qualités naturelles, développées par les principes, par les sentiments de la moralité, sont de beaucoup supérieures aux vertus de la dévotion ; celui qui n’a jamais besoin de consulter ses devoirs, parce qu’il peut se fier à tous ses mouvements, celui qu’on pourrait trouver, pour ainsi dire, une créature moins rationnelle, tant il paraît agir involontairement et comme forcé par sa nature ; celui qui exerce toutes les vertus véritables, sans se les être nommées à l’avance, et se prise d’autant moins, que ne faisant jamais d’effort, il n’a pas l’idée d’un triomphe, celui-là est l’homme vraiment vertueux.
Sa plume n’attaqua que la médiocrité orgueilleuse, & respecta les qualités morales. […] Mais quand Despréaux n’auroit pas fait le Lutrin, seroit-on plus en droit de lui disputer les qualités qui font le vrai Poëte ? […] Après avoir vengé sa gloire poétique, nous pourrions nous étendre encore sur celle qui lui est due en qualité de Prosateur. […] Finissons cet article, en déclarant encore à tous les Aristarques du nouveau Monde Littéraire, que, malgré leurs efforts, leurs Dissertations, leurs Sentences, leurs Satires, Despréaux n’en sera pas moins celui de tous nos Poëtes dont on a retenu & dont on citera toujours le plus de vers ; celui qui, le premier, a déployé les richesses de notre Langue, & qui l’a portée, par ses Ouvrages, au degré d’estime où elle est parvenue depuis ; celui qui a fait le plus régner le bon goût, & a le plus fortement attaqué le mauvais ; celui qui a su le mieux réunir l’exactitude de la méthode & la vivacité de l’imagination ; le sel de la bonne plaisanterie, & le respect dû à la Religion & aux mœurs ; l’art de lancer le ridicule, & celui de louer avec délicatesse ; le talent d’imiter, en paroissant original ; la distinction unique d’être tout à la fois Législateur & Modele ; &, pour tout dire enfin, il ajoutera à tous ces genres de gloire, ce qui donne le plus de droit aux hommages de la vertu, les qualités du cœur.
Était-il possible, je le demande, qu’Horace Vernet vivant à Rome au sein d’une splendide nature, d’une belle race, de toutes les merveilles de l’art classique, en face des magnificences de Saint-Pierre et des pompes du Vatican, n’en fût pas touché, excité à se mesurer à sa manière avec ses nouveaux modèles, à s’exercer dans un genre plus noble et a y transporter ses qualités si, françaises ? […] Je suis loin de prétendre qu’il n’y eut point quelques qualités d’esprit mêlées à toutes les licences d’amour-propre qu’il s’accorda. […] C’est ce qui fait qu’à cause de la vérité même de son rendu, on l’a appelé un trompe-l’œil, comme si ce n’était pas une rare qualité en peinture, la première dans un art d’imitation, que d’imiter ce qu’on a sous les yeux. » Vanité de la gloire et de la réputation, et non-seulement vanité, mais âcreté et amertume ! […] Toutes les qualités, tous les dons que vous avez reçus et que vous mettez en lumière, on vous les oppose un jour, et on en fait des griefs ou des sobriquets pour vous humilier. […] Peut-on s’étonner, après cela, qu’Horace Vernet ait été si lestement et si insolemment traité pour ses charmantes qualités mêmes ?
On auroit seulement voulu que M. l’Abbé Goujet se fût borné à la qualité d’Historien, sans prendre celle de Juge. […] Cet Auteur a trop paru oublier que ces deux qualités lui manquoient.
J’étais cardinal et premier ministre ; or la seconde qualité ne me permettrait point de m’éloigner du Pape. […] Pour justifier leurs votes, ils arguaient que ma qualité de secrétaire d’État semblait, d’après l’observation de M. […] Il trouvait en moi, disait-il, des qualités appropriées à son service et à celui de l’Église attaquée ; mais c’était un pur effet de sa bonté, car ces qualités n’existaient pas. […] Il ajouta : “Mon cher Monsieur le cardinal, ne savez-vous pas qu’en ma qualité de ministre de la police, je dois déjà être instruit avec certitude de ce que j’avance ? […] Il ajouta quelque chose sur les qualités personnelles qu’il rencontrait en moi, quoiqu’elles n’y fussent certainement pas.
Attaché à Monsieur (Gaston, frère du roi) en qualité d’introducteur des ambassadeurs, il dut suivre par fidélité son maître dans quelques-unes de ses équipées et de ses folles aventures. […] Je vois des choses en vous plus éclatantes que votre fortune, et des qualités avec lesquelles vous ne sauriez jamais être un homme ordinaire. […] Il avait pourtant une qualité dangereuse pour un amant, étant certain qu’il n’aimait pas moins à faire croire où il était aimé qu’à l’être. […] Et cependant il a tant d’esprit que Mlle de Scudéry conclut en lui pardonnant : Callicrate mourut peu de temps après cette fourbe, extrêmement regretté de tous ceux qui l’avaient connu, et même de celles qu’il avait le plus cruellement trompées, tant il est vrai que les rares qualités de son esprit faisaient excuser je ne sais quelle maligne vanité dont son âme était remplie. […] Essayons un peu de quelques-uns de ces divers noms comme de pierres de touche pour éprouver ses qualités et pour achever de nous le définir.
Ce qu’on appelle la trempe ne résulte que d’éléments ou de qualités opposées et combinées, qui se tiennent en échec l’une l’autre. […] Renan le rôle du critique, et qui nous attestent en même temps l’exquise et rare qualité de son esprit. […] Renan se soit fait une question analogue, et qu’il se soit demandé de combien de qualités et de dons supérieurs il fallait être dépourvu pour faire un grand prédicateur unitairien. […] Renan voudrait avoir en main, ces matériaux primitifs et originaux, ce fût pour les publier tels quels, en les interprétant : non, s’il les avait en sa possession, et après sa première soif de curiosité apaisée, sa seconde ambition, j’imagine, serait de refaire lui-même un monument historique, un monument cimenté à neuf et supérieur de qualité et de construction à l’ancien. […] Renan, dans ses diversions vers l’Art, n’a rien écrit de plus fin, de plus pénétrant, de plus touchant, que ce qu’il a donné sur la Tentation du Christ, d’Ary Scheffer ; c’est dans ce morceau d’une parfaite élégance et d’un exquis raffinement moral qu’il nous a peut-être livré le plus à nu le secret de son procédé, la nature et la qualité de son âme, et la visée de son aspiration dernière : « Toute philosophie, dit-il, est nécessairement imparfaite, puisqu’elle aspire à renfermer l’infini dans un cadre limité… L’Art seul est infini… C’est ainsi que l’Art nous apparaît comme le plus haut degré de la critique ; on y arrive le jour où, convaincu de l’insuffisance de tous les systèmes, on arrive à la sagesse… » Ceux qui craignaient d’abord que, malgré les précautions sincères de M.
Les sensations sont donc intransmissibles, ou plutôt tout ce qui est qualité pure en elles est intransmissible et à jamais impénétrable. […] À ce point de vue, tout ce qui est objectif est dépourvu de toute qualité et n’est que relation pure. […] On dira peut-être que l’émotion esthétique, qui est commune à tous les hommes, est la preuve que les qualités de nos sensations sont aussi les mêmes pour tous les hommes et par là sont objectives. […] Telle sensation est belle, non parce qu’elle possède telle qualité, mais parce qu’elle occupe telle place dans la trame de nos associations d’idées, de sorte qu’on ne peut l’exciter sans mettre en mouvement le « récepteur » qui est à l’autre bout du fil et qui correspond à l’émotion artistique. […] On s’est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n’est que misère ; et même le bonheur pour le bonheur, si l’on ne croit pas que tous les plaisirs sont de même qualité, si l’on ne veut pas admettre que le but de la civilisation soit de fournir de l’alcool aux gens qui aiment à boire.
En sa qualité de secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, M. […] Cette manière est aussi académique par la politesse, qu’elle l’est peu par le reste des qualités ou même des légers défauts qui la composent. […] On a dit de lui qu’il était le Buffon de la médecine, et cet éloge, en le réduisant comme il convient, exprime assez bien ses qualités et ses défauts. […] Il était doué de plusieurs des qualités indispensables pour cette fonction délicate, et il ne s’est pas toujours montré exempt des défauts qu’il y faudrait éviter. […] ce sont les défauts de Massillon qui deviennent ici les qualités de Pariset.
Cette idée d’une reine française, simple fille de qualité, cette brusque fortune avait mis les imaginations en éveil. […] Letrens qui faisait les affaires de Pologne à Paris sans le titre et sans les qualités requises. […] Ces jeunes princes, qui avaient en eux le sang de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, en combinaient les qualités et les vices au plus haut degré. […] Dans une épître à son ami La Fare, où il se peint au naturel avec ses qualités et ses défauts, Chaulieu se montre positif pourtant par un coin essentiel : Noyé dans les plaisirs, mais capable d’affaires, dit-il. […] Quant à son caractère, on peut lui appliquer ce qu’il a dit de l’un de ceux qu’il juge : « Il était, comme la plupart des autres hommes, composé de qualités contraires : paresseux, voluptueux, nonchalant et ami du repos, mais sensé, courageux, ferme et capable d’agir quand il le fallait. » Pourtant, avec un esprit de première qualité, un sens excellent et un brillant courage, la paresse finit par prendre chez lui le dessus et par l’emporter absolument.
Fouquet, comme Retz, était d’ailleurs un personnage aimable, séduisant, doué de qualités brillantes et de ressources infinies ; d’un génie vaste, en prenant le mot vaste dans le sens de défaut, embrassant trop de choses à la fois, mais d’une âme élevée, d’un cœur libéral et généreux, aisément populaire. […] Il était plus vain encore que libertin, et il tenait plus à la qualité et à la difficulté qu’à l’objet même. […] Mais Pellisson ne tirait pas moins le plus heureux parti, pour la défense de son client, de cette dissimulation qui était une qualité loyale et qui, dans l’application présente, avait été poussée si loin. […] Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à certains procédés, à certains actes de prévenance et de délicatesse, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore. […] Il a été, comme Retz, un grand dissipateur de dons naturels et de qualités heureuses.
Ce genre de travail peut être utile ; il suppose de l’étude, des recherches, de la méthode, & cet Auteur peut avoir ces bonnes qualités ; mais ce ne sont pas les qualités que le Siecle estime.
La Rochefoucauld, qui eut plus que personne qualité pour la juger, nous a dit déjà, et je répète ici ce passage trop essentiel au portrait de Mme de Longueville pour ne pas être rappelé : « Cette princesse avoit tous les avantages de l’esprit et de la beauté en si haut point et avec tant d’agrément, qu’il sembloit que la nature avoit pris plaisir de former en sa personne un ouvrage parfait et achevé ; mais ces belles qualités étoient moins brillantes, à cause d’une tache qui ne s’est jamais vue en une personne de ce mérite, qui est que, bien loin de donner la loi à ceux qui avoient une particulière adoration pour elle, elle se transformoit si fort dans leurs sentiments, qu’elle ne reconnoissoit plus les siens propres. » La Rochefoucauld ne put d’abord se plaindre de ce défaut, puisqu’il lui dut de la conduire. […] » Nos dignes historiens de Port-Royal ont dit bien des banalités et des petitesses sur Mme de Longueville : cette qualité d’Altesse sérénissime les éblouissait. […] Le prince de Conti en particulier, dès son entrée dans le monde, s’était mis sur le pied de lui plaire plutôt en qualité d’honnête homme que comme frère. […] De ce qu’on cite Mme de Longueville dans des moments de pénitence, et de ce que l’on ne possède guère Mme de La Fayette que dans des écrits littéraires et romanesques, a-t-on le droit de juger de la qualité de leurs esprits par la différence des sujets ? […] Mais il est vrai qu’on verra peu de gens de cette qualité embrasser un genre de vie comme le sien, et demeurer fermes jusqu’au bout dans les grandes vérités de la religion, dans un grand mépris de soi-même, ce qui paroissoit jusque dans ses habits, et dans une uniformité pour ses devoirs essentiels comme elle l’a toujours témoigné.
J’ai eu quelquefois l’idée de traiter, dans une série particulière, des principaux de mes confrères en critique, de dire mon avis vrai sur chacun d’eux ; puis, au moment de prendre la plume, j’ai toujours été retenu par cette idée qu’étant obligé de refuser à chacun quelque chose, quelque qualité essentielle, d’en arriver, après une part d’éloges et une justice largement rendue, à un mais inévitable (car enfin nous-mêmes les critiques, redresseurs de tous, nous ne sommes point parfaits), je paraîtrais dénigrer des écrivains qui me valent au moins et que j’honore, et me mettre, contre mon intention, au-dessus de la plupart. […] M. de Sacy, en tout ce qu’il a écrit, est surtout remarquable par les qualités saines, pensée saine, style sain et judicieux. […] Mais ce sont là des qualités qui se rapportent à une histoire déjà bien passée, et nous n’avons à parler aujourd’hui que de ce qui ne vieillit pas, de la belle littérature. […] Il refuse aux amers ironiques et aux grands railleurs modernes une qualité qu’il accorde volontiers aux grands railleurs et aux mélancoliques de l’Antiquité, à Aristophane et à Lucrèce, l’élévation : « Tout écrivain parmi les modernes, s’écrie-t-il, que n’anime pas à un degré quelconque le sentiment chrétien, pourra être un déclamateur ; élevé, il ne le sera jamais. » Cet article de M. de Sacy est un de ceux où il se dessine le mieux et le plus au complet dans l’excellence de sa nature mixte, avec ses velléités, ses aspirations et ses répulsions, ses regrets ou ses désirs, son vœu d’alliance de la raison et de la foi, ses préférences païennes ou classiques, et ses adhésions chrétiennes. […] La lecture très bien faite, — trop bien faite — par un académicien poète41 qui sait le prix du moindre vers et qui caresse tout ce qu’il touche, ajoutait à la souffrance en étalant complaisamment les défauts comme on eût fait des qualités et en les mettant dans leur plus beau jour.
L’imagination s’éveillait déjà en elle, une espèce d’imagination qui s’isole en le voulant, pleine de suite en son rêve, compatible avec les qualités de la vie positive, et qui ne fait jamais confusion avec la réalité ; elle-même l’a décrite à merveille dans son conte en prose du Bracelet maure. […] Mais en suivant la destinée poétique de Mme Tastu, en la voyant cheminer si pure, si attentive et discrète, si comprimée parfois dans sa ligne tracée ; en lui entendant opposer d’autres talents de femmes, plus brûlants, plus passionnés en apparence, et non pas soutenus d’âmes plus profondes, je me suis dit que bien des bonnes et essentielles qualités interdisent souvent à des qualités plus spécieuses ou à de brillants défauts de se produire avec avantage. La plus célèbre des femmes de ce temps, parlant quelque part du caractère d’un de ses héros61, le compare a une chaîne d’airain ; mais il y avait dans cette chaîne, dit-elle, un anneau d’or qui, à l’occasion, rompait toujours ; cet anneau d’or, c’était une bonne qualité, mêlée à d’autres plus énergiques que morales. Les bonnes qualités, chez la femme-poëte surtout, sont comme des mères tendres et prévoyantes qui retiennent à temps l’enfant prodigue près de s’échapper, et cet enfant prodigue s’en irait sans cela par le monde, accroissant son renom et gagnant la gloire.
Tant vaudra son jugement, tant vaudra sa critique, et toutes les qualités d’impression déjà requises assiduité, ferveur, clairvoyance se retrouvent dans le jugement, avec d’autres plus foncières. […] C’est une qualité moins morale qu’intellectuelle : être assez vif amateur de jugement pour désirer serrer au plus près l’asymptotique vérité, pour réduire au minimum le coefficient personnel. […] Il suffit de s’intéresser à la qualité des esprits plus qu’à leur espèce. […] C’est, sans doute, le rôle du critique de louer les auteurs, mais c’est son rôle aussi de les faire penser aux qualités qu’ils n’ont pas. […] Que la sévérité n’est, en aucune façon, le dénigrement ; et que, s’il convient de faire bonne guerre aux défauts, il n’est que juste de reconnaître et de signaler les qualités.
La définition est la proposition qui marque dans un objet la qualité d’où dérivent les autres, et qui ne dérive point d’une autre qualité. Ce n’est point là une proposition verbale, car elle vous enseigne la qualité d’une chose. Ce n’est point là l’affirmation d’une qualité ordinaire, car elle vous révèle la qualité qui est la source du reste. […] Si Jean, Pierre et compagnie sont morts, c’est parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme. Si tous les hommes sont morts ou mourront, c’est encore parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme.
Le vocabulaire des naturalistes possède les qualités de précision, de clarté, exigibles d’un langage scientifique. […] 3° Nous croyons pouvoir grouper ces qualités d’impartialité, de véracité, de précision, sous un même vocable, et dénommer les naturalistes d’authentiques cliniciens ès-lettres.
Et qu’est-ce que cette parfaite conformité du langage au génie particulier d’une nation et à l’esprit humain en général, sinon cet ensemble de qualités qui le rendent immédiatement clair et intelligible pour cette nation et pour les esprits cultivés de toutes les nations ? […] Il y faut comprendre désormais tous les genres, les qualités de chaque genre en particulier, la composition des ouvrages la méthode, et généralement tout ce qui fait de chaque ouvrage un tout composé de parties unies entre elles, et proportionnées à l’image des êtres organisés dans l’ordre naturel. […] Or de quel intérêt n’est-il pas de ne se point tromper sur l’esprit de son pays, et, par exemple, pour caresser un de ses défauts passagers, de ne pas risquer de soulever quelque jour contre soi ses qualités qu’on aura un moment surprises ? […] Ainsi l’écrivain doit réunir deux qualités qui semblent s’exclure : il doit être savant et inspiré. […] Ces qualités fondamentales de notre langue n’ont pas été refusées aux autres langues modernes ; on les y reconnaît dans les bons auteurs, et elles y sont appréciées par le public.
En partant du monde ou de la société, nous en arrivons à ne considérer dans l’individu que sa qualité d’élément cosmique ou d’élément social. […] L’audace qui est une qualité chez le fort est un vice ridicule chez le faible. […] Toutes ces sociétés ne seraient pas d’égale valeur et l’on pourrait en trouver les raisons, si c’en était le lieu, et essayer par là une classification des qualités morales ; mais elles peuvent toutes exister et subsister. […] Même cachée, on peut discerner une vague prescience, une vision claire ou confuse de la fragilité du bonheur d’autrui, de son imperfection, de sa qualité toujours mêlée ou douteuse. […] Si nous entrevoyons que les qualités qui ont désigné un homme à l’admiration universelle, auraient pu, en d’autres circonstances, le pousser à l’échafaud, et réciproquement, peut-être aurons-nous une compréhension plus saine, sinon un plus vif amour des forces que nous méprisons.
Ma vie, quand je la repasse, n’a été qu’une application de leurs qualités et de leurs défauts. Seulement, ces qualités et ces défauts, transportés dans le monde, ont amené les dissonances les plus originales. […] Du moins n’ai-je jamais cherché à tirer parti de cette qualité inférieure, qui m’a plus nui comme savant qu’elle ne m’a servi par elle-même. […] Une des idées que j’ai le plus souvent à combattre, c’est que l’amitié, comme on l’entend d’ordinaire, est une injustice, une erreur, qui ne vous permet de voir que les qualités d’un seul et vous ferme les yeux sur les qualités, d’autres personnes plus dignes peut-être de votre sympathie. […] Victor Le Clerc faisait revivre devant mes yeux toutes les qualités d’étude et de savante application de mes anciens maîtres.
Voilà, un peu mêlés, les défauts et les qualités que La Fontaine voit dans un certain nombre d’animaux, mais c’est surtout sur les défauts que je viens d’insister. […] Les qualités des animaux que La Fontaine a cru voir sont celles-ci : La solidarité avant tout. […] Autre qualité des animaux, selon La Fontaine, la bonté. […] Ce qui vous intéressera peut-être, c’est que là où La Fontaine n’a pas parlé, ou a peu parlé d’une qualité des animaux, c’est Pascal qui vient, en quelque sorte, à son secours et qui le complète. […] Le dévouement à l’espèce, voilà encore une grande, la plus grande qualité des animaux, et c’est certainement celle qu’ils peuvent nous donner comme exemple.
Il travaille comme un homme de qualité qui a du talent, de la facilité et qui se contente d’esquisser sa pensée en quatre coups de pinceau. […] Il a répandu cette magie dans quelques autres compositions où se trouvant jointe au dessin, à l’invention, et à une extrême vérité, tant de qualités réunies en font dès à présent des morceaux d’un grand prix.
Ces mots qui font saillir les qualités des choses sont précieux, et les maîtres écrivains en tirent de merveilleux effets ; mais un débutant allonge son discours plutôt qu’il ne le fortifie par les épithètes, qu’il reçoit souvent vagues et banales. […] Cette qualité ne se mesure ni au nombre des mots ni à la longueur des phrases, pas plus qu’au nombre des lettres ou des syllabes : elle est toute dans le rapport des mots et des choses, lorsqu’il n’y a rien de trop dans l’expression, et qu’on n’y peut rien retrancher sans enlever aussi de l’idée. […] Le style est net, d’abord si la conception est nette, si l’écrivain a bien déterminé la qualité, l’étendue et le rapport de ses pensées, s’il a pleine conscience, en un mot, de ce qu’il pense et sent, ensuite s’il donne à chaque idée l’expression propre qui la découvre tout entière et clairement.
Par quelles qualités Fénelon appartient au dix-septième siècle. — § VIII. […] Tandis qu’elles cherchent des qualités d’emprunt, elles perdent leurs qualités originelles ; et rien n’est si rapide que cette corruption, les esprits ne pouvant s’attacher à la chimère du mieux sans que le bien leur devienne insupportable. […] A quoi servent, en effet, ces regrets de certaines qualités qui nous manquent, sinon à nous faire méconnaître nos propres privilèges ? […] Par quelles qualités Fénelon appartient au dix-septième siècle. […] Il est plein de vues ingénieuses sur les qualités et les effets des ouvrages d’esprit, et de jugements délicats et profonds sur les modèles.
Si le style de ces différentes Productions n'est pas toujours noble & élégant, il a du moins le mérite d'être toujours clair, précis, & correct, qualité qu'on chercheroit vainement dans les Ecrits de plusieurs Littérateurs de profession, qui ne laissent pas de se croire d'excellens Ecrivains. […] A M. le Comte de Barruel, Capitaine de Dragons au Régiment de Belzunce, connu à la Cour par des Vers de Société, que nos meilleurs Poëtes ne désavoueroient pas ; mais sur-tout estimé & chéri de ceux qui attachent encore plus de prix aux qualités du cœur qu'aux agrémens de l'esprit.
Quand une traduction illégitime de l’inétendu en étendu, de la qualité en quantité, a installé la contradiction au cœur même de la question posée est-il étonnant que la contradiction se retrouve dans les solutions qu’on en donne ? […] Nous essayons d’établir que toute discussion entre les déterministes et leurs adversaires implique une confusion préalable de la durée avec l’étendue, de la succession avec la simultanéité, de la qualité avec la quantité : une fois cette confusion dissipée, on verrait peut-être s’évanouir les objections élevées contre la liberté, les définitions qu’on en donne, et, en un certain sens, le problème de la liberté lui-même.
Avec ses diverses qualités essayées de guerrier, de politique, de courtisan, il n’était dans aucune tout entier ; il y avait toujours un coin essentiel de sa nature qui se dérobait et qui déplaçait l’équilibre. […] Saint-Évremond, Bussy, qu’on a comparés à La Rochefoucauld pour l’esprit, la bravoure et les disgrâces, sont aussi des écrivains de qualité et de société ; ils ont de l’agrément parfois, mais je ne sais quoi de corrompu ; ils sentent leur Régence. […] Le moment est dur où l’on s’aperçoit clairement qu’on n’a pas fait son chemin dans le monde à cause d’une qualité ou d’une vertu. […] Une grande partie des qualités du style, chez tel auteur brillant, tient à un défaut du caractère. […] Le degré où l’ennui prend est l’indice le plus direct peut-être de la qualité de l’esprit.
Il ne se fera pas reprocher, comme Racine, ses qualités d’homme de ménage. […] Et, chose remarquable du plus rocailleux de nos poètes, l’impression dernière qui nous reste des vers de Rhadamiste et Zénobie, est une impression d’harmonie : tant il est vrai que cette qualité, au lieu d’être un don personnel, est l’effet nécessaire de toutes les autres qualités du langage réunies. […] Il ne s’est pas assez défié de ses qualités merveilleuses ; il a été trop adonné à son temps. […] Toutes les qualités prenaient cette forme à ses yeux, même la douceur dans un caractère de femme. […] C’est même une de ses mille qualités d’avoir su imiter ce qu’il admirait.
Dans sa satire, il décrit leurs usages, leurs mœurs, leur conversation ; il indique le quartier, les rues, les maisons qu’elles habitent, leur rang, leur qualité. […] Il paraît aussi avoir été employé dans la comédie de de Pure, comme un moi équivoque également applicable à des bourgeoises ridicules et sans mérite et à des femmes distinguées par le rang et les qualités. […] On ne peut prendre sa place sans profanation. » Somaise observe au mot Maxime, que la morale des précieuses est d’attirer dans leur parti toutes tes personnes de qualité, pour primer sur les autres cercles. […] Qualité, qualité. […] Ce sont des bourgeoises du dernier ordre, qui veulent éprendre le ton des femmes de qualité.
Qualités et défauts ainsi amalgamés et arborés avec faste faisaient de lui un homme des plus en vue, toujours en avant, actif, infatigable, moins incommode encore qu’amusant, dont tout le monde se moquait, mais qui dans ce rôle naïf qu’il avait accepté, et dont il prenait les bénéfices avec les charges, trouvait parfois des mots piquants, des ripostes imprévues, comme il arrive aux sots qui ont quelque esprit. […] Aisé et pénétrant, les deux qualités qui manquaient le plus à M. de Noyon ! — Pressé d’arriver à l’éloge direct de son nouveau confrère, l’abbé de Caumartin, ne craignit pas de toucher le point délicat, la solidité des titres académiques, et tout en caressant le glorieux personnage sur ses autres qualités et prétentions extérieures de manière à le gonfler devant tous, il se piqua de lui faire accroire qu’il ne tenait qu’à lui de pouvoir s’en passer : C’est ce qui nous le fait regretter avec justice, disait-il en parlant des mérites modestes de Barbier d’Aucour, et notre consolation serait faible, si elle n’élait fondée que sur la différence de vos conditions. […] Puis ne perdons rien du jeu de scène : pendant que l’un pique, joue et enfonce, l’autre, qui se croit loué, se rengorge et jouit ; et l’auditoire, — cet auditoire qui se compose de la fleur de la ville et de la Cour, de témoins de la qualité des Hamilton, des Coulanges et des Caylus, saisit chaque nuance, achève chaque intention, et la redouble en applaudissant63. […] III, p. 362) Saint-Simon ait dit : « M. de Louvois n’était bon qu’à être premier ministre en plein », et que dans le second membre de cette même phrase il se soit attaché à lui refuser précisément les principales qualités d’un premier ministre ; j’aimerais mieux lire qu’il n’était bon qu’à être « premier ministre en petit », quoique cela ne me satisfasse qu’à peu près.
Son père, qui eut le génie de l’administrateur et des qualités de véritable homme d’État, méconnut d’abord le mérite assez enveloppé de ce fils aîné et lui préférait de beaucoup le cadet, plus aimable et plus prévenant. […] S’il appréciait ses qualités de travailleur, d’homme de mérite et qui avait la fertilité du fonds, il sentait aussi ses défauts et n’épargnait rien pour l’en corriger. […] D’Argenson se plaît donc à relever les éloges qu’il a entendu faire de son père au cardinal de Fleury et à d’autres qui autrefois étaient peu de ses amis, et cela le remettant en veine filiale, il trace à diverses reprises des esquisses vigoureuses et franches de cette figure où le sourcil redoutable recouvrait tant de qualités diverses, et une riche ou même une aimable nature. […] Il a de vieux mots qu’il écrit sans y prendre garde ni se détourner : postposant, gubernateur, les belles et idoines qualités, etc., etc. […] Rien ne supplée à cela, et la langue en était d’autant plus riche… On entendait en même temps de bonnes et d’aimables qualités avec quelques défauts : enfin cela présentait une image… De dire C’est une jeune personne, ne dit point cela.
Rousset lui-même nous procure la plus belle preuve des hautes qualités royales, dans le Mémoire dicté par Louis XIV sur la campagne de 1672, et sur les motifs qui la lui firent entreprendre. […] Le comte de Guiche, à la tête des cuirassiers et de la brigade de Pilloy et de plusieurs gens de qualité de la cour volontaires, se jeta dans le Rhin ; un escadron des ennemis, qui était posté dans le Tolhus, débusqua brusquement de son poste et se jeta de son côté d’assez bonne grâce dans le Rhin pour disputer le passage de ce fleuve au comte de Guiche, et fit sa décharge dans le milieu de l’eau, de laquelle Guitry, grand maître de ma garde-robe ; Nogent, maréchal de camp et maître de ma garde-robe ; Théobon et quelques autres officiers ou volontaires furent tués ; Revel, colonel des cuirassiers, et quelques autres blessés. […] Survient l’incident fâcheux, l’emportement des jeunes gens « de la première qualité de France » qui, au moment où le prince de Condé s’approche des retranchements des ennemis pour accélérer leur retraite, se jettent en avant et les forcent à plus de résistance qu’ils n’en comptaient faire : « Tous ces volontaires, la plupart jeunes gens désireux de se distinguer à ma vue, et de mériter mon estime et celle du plus grand capitaine de l’Europe qui était à leur tête, donnèrent d’abord beaucoup d’occupation au prince de Condé pour les retenir ; mais enfin le duc d’Enghien et le duc de Longueville lui échappèrent et voulurent forcer une barrière pour, joindre les ennemis. […] A peine le prince de Condé se fut aperçu de l’absence de son fils et de celle du duc de Longueville, qu’oubliant pour ainsi dire, si l’on ose parler ainsi du plus grand homme du monde, son caractère de général, et s’abandonnant tout entier aux mouvements du sang et de l’amitié tendre qu’il portait à son fils et à son neveu, accourut ou pour les empêcher de s’engager légèrement, ou pour les retirer du mauvais pas où leur courage et leur peu d’expérience auraient pu les embarquer ; il les trouva avec tous les volontaires aux mains avec les ennemis, qui, se voyant pressés et profitant du terrain qui leur était favorable, avaient tourné brusquement… « Cette action fut fort vive et fort glorieuse ; mais la blessure du prince de Condé au poignet, la mort du duc de Longueville et les blessures des ducs de La Rochefoucauld, de Coislin et de Vivonne, du jeune La Salle, de Brouilly, aide-major de mes gardes du corps, etc., et de plusieurs autres gens de qualité, en diminuèrent fort le prix et me donnèrent une grande mortification, particulièrement la blessure de M. le Prince, tant à cause de sa naissance et de son mérite singulier que de la faiblesse de son tempérament, exténué par la goutte, que j’appréhendais ne pouvoir pas résister à la violence du mal. […] Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers.
Il sait les faibles et les défauts de son bienfaiteur, mais il insiste sur ses belles qualités, et il plaide pour sa mémoire. […] Ce prélat de qualité et qu’on vient de voir si en beau, quoique réellement le portrait ne soit que ressemblant et nullement flatté, avait fait d’excellentes études au collège de Navarre, où il avait laissé de brillants souvenirs. […] Quoi qu’il en soit, les jours où il devait prêcher, il y avait concours prodigieux et affluence, et du plus beau monde, des personnages de la plus haute qualité, notamment des dames de la Cour : on n’avait de places à ses sermons qu’en les faisant retenir de très bonne heure. […] Et si on le considère en lui-même, c’est un personnage, sinon un caractère, tout plein de belles qualités, avec un seul défaut, capital il est vrai, et qui finit par dominer trop insolemment et par éclipser le reste. […] Mais que de qualités d’ailleurs, politiques, civiles !
Un autre crayonneur de qualité infiniment moindre et qui n’est parfois qu’un barbouilleur des plus rudes, le marquis d’Argenson, a également décrit le même maréchal de Noailles et l’a le plus souvent maltraité. […] Revenu sur la scène, maréchal de France en 1734, il servit bien en Italie l’année suivante et réussit contre les Impériaux, de concert avec des alliés ombrageux et par une combinaison de qualités tant militaires que diplomatiques : ce mélange de talents était son fort. […] en un mot, justifiait-il par quelque qualité éminente et solide, par une spécialité supérieure, cette ambition totale et cette qualification de « grand homme » que le Moréri lui accorde magnifiquement dans un article évidemment émané de la famille, sinon de lui-même ? […] Saint-Simon, ne se méfiant de rien, ne donna point pourtant dans cette idée à laquelle il vit des inconvénients, et le duc de Noailles ne continua pas moins de la semer et de l’insinuer parmi les ducs, chez qui elle devint prétention, et une prétention qui, se répandant, soulevait contre eux les gens de qualité et la noblesse. […] Depuis qu’il ne sert plus en qualité de général, il se montre au Conseil grand Autrichien… » Quand on lit ces portraits, il faut faire la part des antipathies.
J’avoue humblement que je ne me fais pas de la pédanterie une idée si particulière ni si limitée à telle forme d’affectation ; je pense avec Nicole que c’est un vice, non pas de robe, mais d’esprit, et, au lieu d’appeler pédants d’honnêtes écrivains qui s’appliquent à être exacts quand il importe de l’être, je serais tenté bien plutôt de voir une sorte de pédanterie retournée dans la prétention qu’on affiche de se passer de ces humbles qualités là où elles sont nécessaires. […] Ses œuvres, telles qu’on les a aujourd’hui, publiées par lui après l’accusation et dans un but avoué d’apologie, paraissent, je le sais bien, assez innocentes, mais, par là même, elles manquent à chaque instant de franchise, de relief, des qualités ou défauts qu’on est le plus tenté d’y réclamer. […] Même en prose, j’ai peine à reconnaître en lui ce trait distinctif du bon sens qu’il a trop peu dans ses vers : cette qualité-là, quand on la possède, on la porte partout. […] Jugeant donc Théophile, non pour ce qu’il aurait pu être en d’autres temps, mais pour ce qu’il a été du sien, ma conclusion serait qu’il n’offre aucune de ces qualités fermes et déclarées, même dans leur incomplet, qui sont l’attribut des maîtres, et qui donnent envie de retrouver après des années un ancêtre dans le vieil auteur oublié. […] Donnez-moi l’hygiène d’un poëte, et je vous dirai le ton général, la qualité saine ou maladive de ses œuvres.
Nous ne pouvons énumérer et préciser ses éléments comme lorsqu’il s’agit de deux espèces minérales ou végétales ; nous n’avons pas ici d’éléments comparables, capables de s’additionner ou de s’orienter les uns par rapport aux autres, comme la grandeur, la forme, la position, le nombre ; les qualités mathématiques et géométriques, qui servent de fondement aux sciences physiques, nous manquent. — Et, d’autre part, les points de vue d’après lesquels on construit les sciences morales nous manquent aussi. […] Or il est un groupe de sensations dans lequel la réduction peut être complète ; ce sont celles de l’ouïe, et de celles-ci on peut à bon droit conclure aux autres : la solution partielle atteinte indique la solution générale qu’on atteindra. — En apparence, les espèces de sons sont fort nombreuses, et l’observation, ordinaire y démêle beaucoup de qualités qui semblent simples. […] Par suite, pour la conscience, nos sensations de son se disposent en pyramide : à la base sont celles de son très grave, composées de sensations élémentaires plus longues et de maxima plus espacés ; au sommet sont celles de son très aigu, composées de sensations élémentaires plus brèves et de maxima plus resserrés ; c’est pourquoi les sons sont dits les uns plus hauts, les autres plus bas, et se superposent sur une échelle. — D’où l’on voit que les qualités de grave et d’aigu, de haut ou de bas, de large ou d’effilé, de vibrant ou d’uni, par lesquelles nous distinguons les divers sons de la gamme, sont constituées par les degrés de brièveté de la sensation élémentaire et par les degrés de proximité de ses maxima. Ici déjà la qualité se ramène à la quantité. […] En second lieu, une analyse indirecte vient d’expliquer, avec le succès le plus complet, cette qualité indéfinissable qui semblait résister à tous les efforts de l’analyse directe, le timbre73.
Assurément on ne peut conclure de façon ferme que le noir présente les défauts ou possède les qualités qu’il attribue aux héros de ses récits. […] Quant aux questions d’intérêt c’est une cause de zizanie peu importante, étant donnée la constitution patriarcale de la famille indigène, où la qualité de chef est toujours déterminée par des règles précises. […] Ici, comme partout, l’anthropomorphisme se manifeste et les dieux sont faits à l’image des plus puissants des hommes dans une société où la puissance fut initialement la plus respectée des qualités. […] Cependant il semble résulter des contes que, loin de refuser aux fils, nés de captifs et d’hommes libres, l’intelligence et les qualités de cœur, on les oppose souvent, et à leur avantage, aux enfants issus de parents libres l’un et l’autre. […] Ceci ne veut pas dire que le noir refuse son admiration — toute platonique — aux qualités que toutes les races humaines s’accordent à honorer, sinon à mettre en pratique.
Ceci peut s’appeler la métaphysique des métaphores ; des fautes de style font ici des fautes de science ; le langage faux produit la pensée fausse ; en comparant des qualités et des pouvoirs à des êtres, on les change en êtres ; l’expression pervertie pervertit la vérité. […] Le lecteur voit que le pouvoir personnel n’est que la force prédominante d’une idée ; que bien loin d’être une chose distincte et une personne réelle, il n’est que la qualité périssable d’une idée périssable ; que si M. […] Leurs actes sont nécessairement immatériels. » — La matière et ses qualités ne « sont que des truchements qui leur servent à faire mutuellement connaissance. […] Dans la planche comme dans le moi, le tout précède les parties ; le tout est sujet ou substance, les parties sont attributs ou qualités. […] Si vous en voulez une preuve, considérez le sens du verbe, vous verrez que toujours et partout où il se rencontre, l’attribut est une qualité, un abstrait, une portion du sujet.
En qualité de Poëte tragique, rien de plus mince que ses talens. […] En qualité d’Ecrivain en prose, son mérite seroit plus sensible, si les réflexions saines qu’on trouve çà & là dans ses Traités de Morale & dans ses Observations critiques, n’étoient défigurées par un style tantôt guindé, tantôt rampant & diffus, trop souvent au dessous du médiocre.
Les personnes de la première qualité le recherchèrent. […] Se dépouillant de la qualité de partie, il prit celle de juge équitable, & prononça ainsi : L’un est plus grand, plus achevé ; Mais je voudrois avoir fait l’autre. […] Ayant une dispute vive avec un abbé de qualité, on apporte à cet abbé le chapeau de cardinal.
Quand un méchant pourrait être véritablement grand, comme il serait du moins incertain s’il ferait le malheur ou le bonheur de sa nation, je voudrais encore qu’il fût bon. » Je me suis demandé comment je le rendrais bon ; et je me suis répondu : En lui inspirant certaines qualités de l’âme qui constituent spécialement la bonté. Et quelles sont ces qualités ? […] L’art de plaire tient à des qualités qui ne s’acquièrent point.
Sa critique des Entretiens d’Ariste & d’Eugene annonce un esprit plein de finesse, de goût, & sur-tout de politesse : cet Ouvrage sera toujours un exemple à proposer aux Ecrivains de notre temps, qui manquent souvent de ces trois qualités, auxquelles ils substituent la jalousie, la mauvaise foi, & la grossiéreté. […] Au reste, il avoit de l’esprit & du savoir, qualités infiniment dépréciées par ses absurdes travers.
Dans l’une comme dans l’autre, il demande les mêmes qualités de conception et d’exécution, il poursuit le même résultat, qui est l’éloquence. […] Si l’on compense les critiques que cet enragé contradicteur adressait à Desportes par sa plus ordinaire pratique, on se persuadera qu’il ne reconnaît point une langue poétique plus noble que la langue épurée du bon usage : il distingue très sensément la langue commune des langues techniques, et pour la clarté, il se réduit à celle-là ; mais, de celle-là, tout est bon, et les trivialités énergiques de ses plus beaux vers nous démontrent que le principe unique de la noblesse du style réside pour lui dans la qualité de la pensée. […] … Belle chose vraiment, pour tant de personnes qui ne savent que les mots, s’ils savent persuader au public qu’en leur distribution gise l’essence et la qualité d’un écrivain… Eux et leurs imitateurs ressemblent le renard qui, voyant qu’on lui avait coupé la queue, conseillait à tous ses compagnons qu’ils s’en tissent faire autant pour s’embellir, disait-il, et se mettre à l’aise… Ils ont vraiment trouvé la fève au gâteau d’avoir su faire de leur faiblesse une règle et rencontrer des gens qui les en crussent. » Elle criait que cette poésie correcte et populaire était trop facile à faire, trop facile à comprendre. […] Le pauvre garçon, qui eut tant de belles qualités, de si heureuses inspirations, et qui n’est arrivé qu’à être inconnu ou ridicule, est la vivante justification de Malherbe.
Elle y perd les grandes qualités qui la rendent la plus imposante et la plus robuste des Muses : l’ampleur, la majesté, l’ordonnance de composition, — et ce n’est pas tout ; qui oserait dire qu’elle n’y perd pas de sa vérité ? […] Voilà le reproche fondamental que nous ferons d’abord à Ernest Moret, et que la préface de son livre et son livre même, avec les qualités qu’il accuse, nous donnent le droit de lui adresser. […] C’est une œuvre surtout recommandable par la mise en lumière du renseignement et par la rapidité du récit, deux qualités essentielles sans lesquelles il n’y a pas d’historien. […] Cette histoire, après tout, intéressante, renseignée, d’une expression preste et svelte (l’expression, la meilleure qualité de l’auteur !)
Ces qualités pour ainsi dire organiques de notre langue ne se montrent d’ailleurs que dans les récits. […] Si ces mémoires ne sont pas le plus ancien monument de la prose française, c’est du moins le premier ouvrage qui ait été marqué des qualités qui font durer les livres. […] Villehardouin représente certaines qualités de l’esprit français, Joinville en représente d’autres. […] L’arrêt est juste, s’il s’agit des qualités qui font les livres durables. […] Les caractères de l’histoire se montrent, dans ces chroniques, par plusieurs qualités propres à Comines, et dont s’est enrichi l’esprit français.
La définition est la proposition qui marque dans un objet la qualité d’où dérivent les autres, et qui ne dérive point d’une autre qualité. Ce n’est point là une proposition verbale, car elle vous enseigne la qualité d’une chose. Ce n’est point là l’affirmation d’une qualité ordinaire, car elle vous révèle la qualité qui est la source du reste. […] Si Jean, Pierre et compagnie sont morts, c’est parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme. Si tous les hommes sont morts ou mourront, c’est encore parce que la mortalité est jointe à la qualité d’homme.
Biot sur ce parfait isolement et cet aparté de la science, et je ne vois pas pourquoi, arrivés au sommet de leur ordre et à la plénitude de leur vie, les savants ne seraient point légitimement appelés et invités à concourir de leurs lumières à la chose publique, à résoudre tant de questions pratiques et utiles qui intéressent la bonne police des sociétés humaines, et sur lesquelles ils ont qualité, plus que personne, pour décider. […] Biot n’avait point précisément les moyens et les qualités extérieures d’un rôle politique et public de savant ; il n’était point armé extérieurement pour l’attaque et pour la défense ; son geste était mince, familier, un peu cassant ; sa voix claire, un peu fluette, très suffisante dans sa jeunesse pour le professorat, s’était brisée d’assez bonne heure, et portait peu hors d’un cercle intime. […] Ce désappointement se changea en un sentiment plus pénible encore, lorsqu’en 1830 Arago succéda en cette même qualité de secrétaire perpétuel à Fourier, et prit au sein du Corps savant une prépondérance qui dura entière jusqu’à la fin de sa vie (1853). […] Arago serait à faire, et, en en retranchant même ce qui ne paraîtrait pas digne de tous deux, il y aurait lieu d’y caractériser deux natures d’esprit et de tempérament tout à fait opposées, et qui devaient presque nécessairement en venir à se contredire et à se combattre : — Arago, ardent, puissant, robuste, doué de génie et capable d’invention, mais qui en fut trop distrait par d’autres qualités qui le tentèrent, par le besoin d’influer, par le talent d’exposer et d’enseigner, par un zèle aussi qu’on peut dire généreux à populariser la science, à en ouvrir à tous les voies et moyens, à en répandre et en propager les résultats généraux ou les applications utiles ; — Biot, esprit étendu, mais nature plus curieuse et plus déliée que riche et féconde, au sourire fin, à la lèvre mince, à la dent aiguë et mordante, dédaigneux du public sur lequel il avait peu de prise, jaloux de garder la science pour les seuls et vrais savants, pour ceux qu’il estimait dignes de ce nom. […] Biot « de mettre volontiers en œuvre, à l’occasion de chaque question, toutes les ressources dont dispose la science, en employant parfois les plus étrangères aux savants dont il abordait la spécialité. » Ainsi, dans le cas présent, il apportait aux chimistes le secours de l’optique pour, démêler certaines qualités distinctives des molécules dans les produits organisés.
Si l’on connaissait bien la race physiologiquement, les ascendants et ancêtres, on aurait un grand jour sur la qualité secrète et essentielle des esprits ; mais le plus souvent cette racine profonde reste obscure et se dérobe. […] Par moments je croyais revoir en elles l’enthousiasme, la chaleur d’âme, quelques-unes des qualités paternelles premières à l’état pur et intègre, et, pour ainsi dire, conservées dans de la vertu6. […] Ainsi, en 1802, à l’ouverture du xixe siècle, la réunion de Chateaubriand, Fontanes, Joubert… Ce groupe-là, à s’en tenir à la qualité des esprits, n’était pas trop chétif non plus ni à mépriser. […] Je supprime les exemples ; mais il est, dans la plupart des vies littéraires qui nous sont soumises, un tel moment où la maturité qu’on espérait est manquée, ou bien, si elle est atteinte, est dépassée, et où l’excès même de la qualité devient le défaut ; où les uns se roidissent se dessèchent, les autres se lâchent et s’abandonnent, les autres s’endurcissent, s’alourdissent, quelques-uns s’aigrissent ; où le sourire devient une ride. […] Les admirateurs enthousiastes sont un peu des complices : ils s’adorent eux-mêmes, qualités et défauts, dans leur grand représentant.
On regrette qu’un observateur aussi impartial et aussi supérieur n’ait pas tracé un pareil portrait de la reine aux divers moments de son existence, jusqu’à l’heure où elle devient une grande victime, et où ses hautes qualités de cœur éclatent assez pour frapper et intéresser tout ce qui est humain. […] Ce qui me paraît plus sûr et plus souhaitable pour cette touchante mémoire de Marie-Antoinette, c’est qu’il puisse se dégager, de la multitude d’écrits et de témoignages dont elle a été l’objet, une figure belle, noble, gracieuse, avec ses faiblesses, ses frivolités, ses fragilités peut-être, mais avec les qualités essentielles, conservées et retrouvées dans leur intégrité, de femme, de mère et par instants de reine, avec la bonté de tout temps généreuse, et finalement avec les mérites de résignation, de courage et de douceur qui couronnent les grandes infortunes. […] Ce prince, muni d’une instruction solide et doué de toutes les qualités morales qu’on sait, mais faible, timide, brusque, rude, et particulièrement disgracieux auprès des femmes, n’avait rien de ce qu’il fallait pour diriger sa jeune épouse. […] M. de La Marck a très bien montré les inconvénients qu’il y eut pour la reine à se restreindre d’abord si exclusivement dans le cercle de la comtesse Jules de Polignac, à donner à celle-ci, avec la qualité d’une amie, l’attitude d’une favorite, et à tous les hommes de cette coterie (les Vaudreuil, les Besenval, les Adhémar), des prétentions et des droits dont ils abusèrent si vite, chacun dans le sens de son humeur et de son ambition. […] Elle avait toutes les qualités et les grâces, et quelques-unes aussi des faiblesses de la femme.
Les autres y voudraient de plus l’harmonie et la facilité du style, deux qualités que les bons écrivains n’ont jamais négligées, et qui font même le caractère de quelques-uns. […] Un écrivain, par exemple, aura dans son style un double caractère, la concision et la vivacité ; car il ne faut pas croire que ces deux qualités soient nécessairement unies, la brièveté peut se trouver avec le froid et la sécheresse. […] Dans cette dernière classe d’auteurs, plus ingrats pour la traduction que toutes les autres, les moins rebelles sont ceux dont la principale qualité est de manier élégamment leur langue ; les plus intraitables, ceux dont la manière d’écrire est à eux. […] Alors la traduction aura toutes les qualités qui doivent la rendre estimable ; l’air facile et naturel, l’empreinte du génie de l’original, et en même temps ce goût de terroir que la teinture étrangère doit lui donner. […] Nous ne saurions trop exhorter quelque littérateur habile à l’entreprendre ; mais ce littérateur devrait posséder deux qualités dont la réunion est assez rare, être profondément versé dans la lecture des anciens, et en même temps être dégagé de toute superstition en leur faveur.
Si quelque écrivain nous apparaît, dans sa conduite et dans toute sa personne, violent, déraisonnable, choquant au bon sens, aux convenances les plus naturelles, il peut avoir du talent (car le talent, un grand talent, est compatible avec bien des travers), mais soyez sûrs qu’il n’est pas un écrivain de la première qualité et de la première marque dans l’humanité. […] Nous tâcherons, en parlant d’eux, que l’éloge porte sur la qualité principale ; car il y a, même chez les grands auteurs, une qualité principale. Il n’y a que les contemporains qui aient toutes les qualités, et à la fois les plus contradictoires ; nous serons plus sobres avec les anciens et avec nos classiques : cette sobriété sera elle-même un hommage. […] Quand je parlerai de Boileau, je ne louerai que modérément la poésie ou la pensée de ses satires, et même la pensée de ses épîtres ; nous verrons pourtant bien au net sa qualité rare, à titre de poète, dans quelques épîtres et dans Le Lutrin ; mais surtout je vous le montrerai tout plein de sens, de jugement, de probité, de mots sains et piquants et dits à propos, souvent avec courage, — caractère armé de raison et revêtu d’honneur, et méritant par là, autant que par le talent toute l’autorité qu’il exerça, même à deux pas de Louis XIV. Il se pourra quelquefois que, dans cette quantité d’appréciations, d’estimations successives, où je mettrai tout mon soin, nous différions un peu de mesure, qu’il y ait des cas où vous me trouviez moins vif que vous ne comptiez, et que vous admiriez plus que moi certaines qualités de nos écrivains ; je serai heureux d’être en cela comme en d’autres choses, dépassé par vous.
« La différence entre ces deux classes de nos sensations répond à la distinction faite, par la majorité des philosophes, entre les qualités secondes et les qualités premières de la matière. » Les qualités premières sont pour M. […] La seconde des qualités fondamentales du corps est l’étendue ; notion qui a été longtemps considérée comme irréductible par l’École intuitive de Reid et de Stewart, mais dont l’analyse psychologique de l’École expérimentale s’est efforcée d’expliquer l’origine. […] Il y a ajouté à titre de principe régulateur une distinction entre les plaisirs supérieurs et les plaisirs inférieurs : en d’autres termes, il faut distinguer dans les plaisirs non-seulement leur quantité, mais leur qualité. Comment établir cette différence de qualité ? « Si des personnes en état de juger avec compétence entre deux plaisirs donnés placent l’un tellement au-dessus de l’autre, qu’elles le lui préfèrent tout en le sachant accompagné d’une plus grande somme de mécontentement, nous sommes en droit d’attribuer à la jouissance préférée une supériorité de qualité qui l’emporte sur la quantité116. » Le critérium proposé par Stuart Mill est vague et ce reproche lui a été fait même dans l’école dont nous nous occupons117.
Or : 1° une moyenne représente mal les quantités différentes auxquelles on la substitue pour les commodités de la statistique, car elle ne dit pas quelle est leur distribution sur l’échelle numérique ; les quantités extrêmes, qu’elles soient en petit nombre ou en grand nombre, sont également annulées, et, dans le second cas, l’inexactitude est grave ; 2° s’il s’agit de qualités, comme pour le timbre, la qualité la plus commune représente encore plus mal l’ensemble des qualités hétérogènes. Ainsi, l’image soi-disant générale est toujours une image particulière ; ses éléments quantitatifs sont des moyennes, or une moyenne est un nombre particulier ; ses éléments qualitatifs sont les qualités qui se rencontrent le plus fréquemment dans le genre, c’est-à-dire des qualités particulières, hétérogènes aux qualités que le genre n’exclut pas, mais admet plus rarement. […] Ces qualités résultent d’une attention bien réglée, qui choisit ses objets et ne les change pas au hasard, qui les choisit même au sein d’un groupe donné d’images hétérogènes, et maintient sa préférence avec persistance. […] Les qualités spécifiques des composants n’apparaissent que dans les états de conscience d’une certaine force ; plus l’état de conscience devient faible, plus elles sont indiscernables, et tout composé d’états très faibles spécifiquement distincts, mais à spécificité insensible, est, pour la conscience, un état faible continu et homogène. […] Nous ne pensons ici qu’au langage scientifique, dont les défauts sont autant de qualités pour la langue poétique.
La généralisation ne va donc pas, semble-t-il, sans la considération abstraite des qualités communes, et, de degré en degré, le nominalisme va être amené à définir l’idée générale par sa compréhension, et non plus seulement par son extension comme il le voulait d’abord. […] L’intelligence, d’après lui, résout l’unité superficielle de l’individu en qualités diverses, dont chacune, isolée de l’individu qui la limitait, devient, par là même, représentative d’un genre. […] Mais la question est précisément de savoir si des qualités individuelles, même isolées par un effort d’abstraction, ne restent pas individuelles comme elles l’étaient d’abord, et si, pour les ériger en genres, une nouvelle démarche de l’esprit n’est pas nécessaire, par laquelle il impose d’abord à chaque qualité un nom, puis collectionne sous ce nom une multiplicité d’objets individuels. […] La généralisation ne peut se faire que par une extraction de qualités communes ; mais les qualités, pour apparaître communes, ont déjà dû subir un travail de généralisation. […] Ce qui nous intéresse dans une situation donnée, ce que nous y devons saisir d’abord, c’est le côté par où elle peut répondre à une tendance ou à un besoin : or, le besoin va droit à la ressemblance ou à la qualité, et n’a que faire des différences individuelles.
Diction ne se dit proprement que des qualités générales et grammaticales du discours, et ces qualités sont au nombre de deux, la correction et la clarté. […] On parlera plus au long, à la fin de cet article, des différentes qualités que le style doit avoir en général, et pour toutes sortes de sujets : nous nous bornerons ici à ce qui regarde l’orateur. […] Ils appelaient eloquens celui qui joignait à la qualité de disertus la connaissance de la philosophie et des lois ; ce qui formait, selon eux, le parfait orateur. […] Venons à l’harmonie, une des qualités qui constituent le plus essentiellement le discours oratoire. […] Sur les qualités du style en général dans toutes sortes d’ouvrages.
Et Jules Tellier sera accueilli parmi les petits poètes qui ont des qualités que les grands n’ont point. […] Paul Guigou Malgré deux ou trois morceaux de premier ordre, des morceaux tels qu’ils sacrent un poète, malgré de rares qualités d’expression et un instinct délicat du rythme, je dis sans hésitation que Tellier a été moins poète dans ses vers que dans sa prose.
Dans aucun autre des ouvrages de Bossuet le penseur n’a montré plus de force d’esprit, et l’écrivain n’a déployé plus de qualités. […] Tous les bons esprits de ce temps-là n’imaginaient rien de meilleur que la monarchie absolue, tempérée par les qualités personnelles du souverain. […] Une royauté formée de tout ce que la tradition sacrée a signalé de qualités dans les bons princes, pure des vices notés dans les mauvais, voilà la royauté de Bossuet. […] Mais c’est surtout pour la nation que le spectacle n’en était pas sans fruit : l’esprit français s’enrichissait des qualités de tous. […] Chacun y déploya, outre les qualités propres à son génie, les qualités de sa cause ; mais la supériorité fut pour celui qui défendait la bonne.
C’est une qualité. […] Ces qualités sont de l’ordre le plus élevé. […] Les qualités privées de Barrot ne lui enseignèrent ni à, se défier de lui, ni à se défier des autres. […] L’histoire, qu’il aborda souvent avec des qualités brillantes, était, sous sa plume, encore du combat. […] Il avait les qualités des hommes qui gravent sur le marbre ou le bronze pour des siècles, et, avec toutes ses qualités de durée et d’immortalité, il écrivit sur ces feuilles éphémères et enflammées, qui tombent en cendres après avoir brillé et brûlé comme des torches.
Mais il fut et il parut, dans toutes ces charges et conditions de rencontre et de circonstance, avec les qualités de bon sens, de modération et d’humanité qu’on lui connaît, avec un excellent esprit et un zèle qui, dans ses intermittences, avait des accès assez vifs, bien que ne se soutenant pas. […] Le maire était pris d’ordinaire parmi les nobles de haute qualité, « parmi les plus vaillants et capables seigneurs du pays. » Il montait à cheval selon les occurrences, ayant une compagnie dressée pour pourvoir aux désordres en temps de paix et de guerre. […] Le roi de Navarre, avons-nous dit, avait titre et qualité de gouverneur de la Guienne pour le roi. […] Pendant cette expédition du maréchal, Montaigne se trouva seul, en qualité de premier magistrat, chargé de la police et de l’ordre de la cité (mai 1585). […] J’entre autant que personne dans l’esprit de ces raisons, et je reconnais même dans cette conduite le véritable Montaigne tel que je me le suis toujours représenté, avec toutes ses qualités de bon esprit, de modération, de prudence, de philosophie et de parfaite sagesse ; à quoi il ne manque que ce qui n’est plus en effet de la philosophie et de la sagesse, ce qui est de la sainte folie, de la flamme et du dévouement.
Il laisse sans doute ces qualités inférieures aux pédants. […] Mais si de nous oublier a été une raison pour qu’il n’ait pas vu clair dans sa théorie de l’Histoire, je me contenterai de le signaler, et de passer aux qualités vraiment distinguées et charmantes d’un livre intéressant et amusant (je n’en rabattrai rien), et qui jure si joliment avec le ton et la morne gourme de l’ennuyeuse Revue dans laquelle il fut publié. III Ces qualités sont des plus étonnantes et des plus rares, et n’importe où !… C’est la vie, l’imagination, la jeunesse, retrouvées là où la plupart de ceux qui les eurent un jour, ces qualités, ne les retrouveraient jamais plus.
Charles 8 I Si jamais j’avais eu pour Gœthe la passion qu’ont certaines personnes, voici une publication qui me rendrait fort triste, car ce livre d’un innocent, qui ne se doutait guères de ce qu’il écrivait quand il écrivait, ôte, d’un seul coup, à Gœthe, pour les esprits de sang-froid et fermes, les grandes qualités à travers lesquelles on est accoutumé de le voir. […] Madame de Staël, qui prêtait un peu trop ses qualités aux autres quand ces autres étaient des Allemands, l’a comparé, mais faussement selon moi, à Diderot. […] Prenez les jugements de celui qu’il appelle le plus grand des critiques sur lord Byron, Molière, Voltaire, Shakespeare, Diderot, etc., tous ces esprits éclairés de tant de côtés à la fois par leur propre gloire, et sur lesquels on est tenu, pour être un grand elle plus grand critique, de dire un mot qui n’a pas été dit, démontrer une qualité ou un défaut qu’on n’avait pas vu jusque-là, et demandez-vous si toutes ces gloses de Gœthe au bon Eckermann ne sont pas faites avec des idées qui sont dans la circulation, ou qui, si elles n’y étaient pas, pourraient y être mises par la première plume moyenne venue, la première plume honnête et modérée. […] un faux air de Talleyrand jusque dans la pensée, voilà le trait caractéristique de cette physionomie de Gœthe, lequel a eu plus de bonheur par ses défauts que par ses qualités, comme il arrive toujours, du reste.
On y trouve les qualités de précision et de style qui lui ont fait une place à part dans le monde artistique. […] Le grammairien (au sens ancien du mot) est le savant par excellence ; il dénombre les signes, les classe et établit les rapports qu’ils peuvent avoir entre eux ; le poète surajouté au grammairien apporte à la besogne la qualité primordiale qui donne la vie aux choses, l’imagination — et le vrai poète apparaît : qu’il n’ait qu’un peu de talent, il est poète ; il peut créer, et il crée — en proportion de l’autorité qu’il a sur les signes.
Ce n’est pas qu’il en ignore les préceptes : les Réflexions qu’il a publiées à la tête de ses Discours choisis, prouvent qu’il les connoît & qu’il en sent la nécessité ; mais les Discours qui les suivent & les Sermons que nous lui avons entendu prêcher, ne prouvent pas qu’il possede les qualités & qu’il ait rempli les devoirs d’un Orateur Chrétien véritablement éloquent. […] Nous n’ignorons pas que les Philosophes & leurs partisans en pensent ou en parlent bien différemment ; mais nous nous faisons gloire de manifester ce que nous pensons du mérite des Auteurs, & nous invitons celui-ci à ne point se laisser aveugler sur les qualités qui lui manquent, par les applaudissemens des Sectateurs d’une Morale ennemie de celle qu’il prêche : leur suffrage n’est propre qu’à humilier l’Orateur Evangélique & Chrétien.
On y voit Ney, « à qui la présence de l’ennemi rendait ses éminentes qualités » ; le plus habile manœuvrier de l’armée ; « héros au cœur infaillible, à la raison quelquefois flottante, inébranlable sur un terrain qu’il pouvait embrasser de ses yeux, moins sûr de lui-même sur un terrain plus vaste qu’il ne pouvait embrasser qu’avec son esprit ». On y voit Reynier, officier savant et d’ordinaire peu heureux, ayant en lui je ne sais quel défaut qui paralysait ses excellentes qualités et justifiait cette défaveur de la fortune, « fort possédé du goût d’écrire sur les événements auxquels il assistait, et dissertant sur les opérations qu’on aurait pu entreprendre ». […] On y admire jusqu’à la fin, surtout dans le chef malheureux, des qualités de bravoure, de sang-froid, de ténacité, auxquelles il n’a manqué que la fortune. […] Prenez les historiens les plus divers de ton et de caractère, « Thucydide, Xénophon, Polybe, Tive-Live, Salluste, César, Tacite, Commynes, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon » ; ces hommes si diversement supérieurs et si grands historiens chacun dans son genre, ont tous en commun une qualité principale et la plus sûre de toutes, et cette qualité, c’est l’intelligence.
Dans les ouvrages, si vantés alors, de ce professeur d’un nouveau genre, au milieu des qualités spécieuses il y avait un manque de sincérité auquel elle ne pouvait se faire. […] Nulle part cet atticisme (ne vous en en étonnez pas) ne s’offre dans de meilleures conditions, avec ses qualités propres et sincères, que chez les vieilles femmes qui ont du bon sens et du monde, et qui ont eu le temps de se débarrasser des faux goûts et des fausses expressions que la mode avait mis en circulation dans leur jeunesse. […] N’allez pas me demander de définir l’atticisme ; l’aticisme chez un peuple, et au moment heureux de sa société ou de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu’à celui qui parle ou qui écrit ; je me contenterai de dire que c’est une propriété dans les termes et un naturel dans le tour, une simplicité et netteté, une aisance et familiarité entre gens qui s’entendent sans appuyer trop, et qui sont tous de la maison. […] Mais il semble aussi que c’est surtout pour les qualités mâles et fermes qu’elle le goûta. […] Après tout, ne soyons point exclusifs et négatifs en aucun genre ; ne prenons jamais le dégoût pour le goût, l’exemption pour la qualité ; et, de quelque prix qu’il soit à qui l’a su connaître, périsse l’atticisme lui-même si on ne peut absolument le conserver que par le manque de vie, par une stagnation qui mène insensiblement et bientôt à la sécheresse !
Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité Lundi, 19 janvier 1857. […] Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde. […] On dépeint votre embarquement le plus bas et le plus abject où se soit jamais mise une personne de votre qualité, et on dit que votre ami exerce sur vous un empire tyrannique, et sur tout ce que vous approchez, etc. » On s’embarque donc, et même on se rembarque quelquefois auprès de la même personne pour réparer, s’il se peut, les torts de réputation qu’on a reçus d’un premier échec. […] Il est homme de qualité, il a toujours eu beaucoup d’esprit, et je l’ai vu autrefois en état de pouvoir espérer une haute fortune, à laquelle sont parvenus beaucoup de gens qui lui étaient inférieurs. […] Il fait trop le métier de bel esprit pour un homme de qualité, ou du moins il le fait trop sérieusement.
Il n’y a qu’une voix sur ses qualités. […] Il était plus sérieux et plus appliqué à se perfectionner qu’aucun jeune Français de qualité que j’aie jamais vu. […] Keith le loue, entre autres qualités, d’avoir dérobé à sa nation « le simple bon sens anglais ». […] Frédéric, dans une lettre à l’abbé de Prades, avait dit peu de jours après son arrivée à Berlin : « Écrivez en lettres d’or qu’il est arrivé ici un jeune seigneur français, rempli d’esprit, de bon sens et de politesse. » À son départ pour la Suède, c’était le prince Henri qui écrivait à M. de Gisors en manière d’adieu : « Unir à la jeunesse le caractère et les talents, c’est être né avec des qualités rares ; les perfectionner, les embellir et les rendre utiles, mérite l’admiration de tout le monde. […] Il le leur promit… » Elles ne s’en tinrent pas là, et quand elles surent que le neveu de Voltaire, l’abbé Mignot, faisait transporter le corps de son oncle pour être enterré dans son abbaye de Scellières, vite les deux grandes dames, ces deux bonnes Âmes acharnées au bien, relancèrent le cadavre ; elles écrivirent à l’évêque de Troyes pour l’engager à s’opposer à l’inhumation en qualité d’évêque diocésain ; « mais heureusement pour l’honneur de l’évêque, ces lettres arrivèrent trop tard, et Voltaire fut enterré. » (Vie de Voltaire, par Condorcet.) — C’est ainsi que.Mme de Gisors, cette sainte veuve, crut devoir justifier son renom de mère de l’Église.
C’est là la différence de qualité. […] On appelle ces qualités, qualités secondes. […] On en dirait autant des autres qualités secondes. Les autres qualités, dites qualités premières, ont les caractères inverses. […] Les qualités secondes ne sont que des apparences des formes des qualités premières, différentes uniquement par l’intervention des sens.
Je ne sais s’ils ont raison quant au nombre ; mais certainement ils ne se trompent pas quant à la qualité. […] Mais on dirait que cette qualité n’est obtenue par M. […] Millet gâte toutes les belles qualités qui attirent tout d’abord le regard vers lui. […] Il y a là, d’abord les qualités habituelles de M. […] Quelles sont les qualités, si belles qu’on les suppose, qui pourraient contre-balancer une si défectueuse énormité ?
Il avait vingt-cinq ans en septembre 92 : il s’enrôla à Paris au chant de la Marseillaise, au chant du Départ, et il entra en qualité de sous-lieutenant au 9e bataillon de Paris, compagnie des Arts. » Ses premiers services, aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse, le firent remarquer de ses chefs, les généraux Debelle et Kléber, qui le proposèrent à l’avancement dans l’arme de l’artillerie à laquelle il était d’abord attaché. […] Apprécié de bonne heure du général de division Soult dans la période républicaine, attaché à lui en qualité d’aide de camp pendant la glorieuse campagne d’Helvétie, Franceschi ne cessa l’année suivante, notamment pendant le siège de Gènes, d’être chargé de missions importantes et hardies dont il s’acquitta avec bonheur. […] Ses qualités, dès l’ouverture de la campagne, avaient pu s’appliquer et se développer avec bien de la distinction. « À la tête de son régiment, toujours à l’avant-garde, quelquefois avec un corps d’infanterie, il lui avait été donné d’assurer et d’éclairer les marches et les mouvements du 4e corps (maréchal Soult) depuis nos frontières jusqu’à Ulm, Vienne et Austerlitz. » Les jours qui avaient précédé et suivi la grande bataille, et dans la journée même, l’officier de cavalerie et l’homme de guerre en lui avaient fait leurs preuves avec éclat. […] Les rares et aimables qualités du général Franceschi, son excellente éducation, ses talents d’agrément, son esprit supérieur, sans compter son haut mérite militaire, tout parlait pour lui et lui conciliait l’affection. […] Je m’étendis à l’ombre de ces arbres, et j’y trouvai un peu de repos, pendant que l’escorte traversait le Tage. » En arrivant à Albuquerque, une imprudence de l’aide de camp du duc del Parque, qui prit les devants pour faire le logement de l’escorte et qui prévint les habitants de la qualité des prisonniers, faillit les faire massacrer.
Il a la qualité la plus aimablement et la plus estimablement allemande : la cordialité ; et quand il aura vécu davantage, quand il aura éteint bien des tons crus qui lui restent, quoiqu’il ait déjà commencé de les adoucir, — car l’enlumineur de L’Illustre Docteur Mathéus a cédé la place au peintre dans les nouveaux Contes, — quand il aura passé sur les tableaux de genre, pour lesquels il nous semble fait, l’ombre enfumée de la délicieuse bonhomie, il aura atteint le vrai de son talent et acquis sa valeur plénière. […] Comment un tel esprit, rond et éveillé, qui se tient entre deux vins (le nom d’un de ses contes joyeux), et qui ne boit ni d’éther comme Hoffmann, le grêle et le pointu, ni d’opium comme ce frénétique, sombre et froid d’Edgar Poe ; comment ce peintre de genre littéraire, attendri souvent malgré sa gaîté, et qui pleure au fond de son sourire, comme dans cette chose émouvante et charmante : Les Fiancés de Grinderwald ; comment ce moraliste, qui dans dix ans sera bonhomme, la qualité la plus enviable très certainement pour un conteur, a-t-il pu se croire ou voulu être un fantastique, c’est-à-dire le peintre du sinistre, du mystérieux, du morbide et de l’incompréhensible humain ? […] Mais dans le volume intitulé : Contes fantastiques, il y a cette lunatique griserie d’Entre deux vins ; il y a Crispinus ou l’Histoire interrompue, L’Oreille de la chouette, Le Combat de coqs, qui n’ont nullement le caractère fantastique, et où nous trouvons, ainsi que dans Les Fiancés de Grinderwald, la perle de ce volume, les qualités que nous avons cherché à caractériser dans Erckmann-Chatrian.
Cherchons maintenant quelles sont, pour en produire de semblables, les qualités que doit avoir l’écrivain. […] Voici le premier exemple du mélange des genres, dont le double effet ne nuit point à leurs qualités. […] Il ajouta même à l’expression du détail, cette qualité si rare chez nos auteurs, la naïveté sans bassesse. Avouons que cette qualité précieuse est presque ignorée, ou mal à propos dédaignée par nos tragiques français. […] Qualités du fait, ou de la fable tragique.
Du caractère général de cet esprit, manifesté par les qualités et les défauts de Montaigne, et de ce que le xvie siècle laissait à désirer. — § V. […] Mais, pour les grandes qualités qui font vivre les écrits, pour les beautés qu’on ne recommence pas, elles y sont rares comme les hasards de la veine chez les écrivains qui n’ont que du talent. […] Elles tiennent cette abondance pour une marque d’invention, cette diversité pour variété ; et, ce qui ne devrait jamais avoir lieu dans les choses de l’intelligence, elles mettent la quantité avant la qualité. […] Du caractère général de cet esprit, manifesté par les qualités et les défauts de Montaigne, et de ce que le xvie siècle laissait à désirer. […] Telles sont les qualités qui feront toujours lire avec charme, même par les plus mondains le plus célèbre des ouvrages de François de Sales, l’Introduction à la vie dévote.
C’est le style qui assure l’immortalité à un ouvrage de littérature ; c’est cette qualité qui charme les contemporains de l’auteur, et qui charmera les siècles à venir. La couleur d’un morceau de peinture passe, et la réputation d’un grand peintre ne se transmet à la postérité que par les qualités que la gravure peut conserver ; et quelquefois la gravure ôte des défauts à un tableau et quelquefois aussi elle lui en donne.
Les brillantes qualités de leur esprit, la vivacité prodigieuse de leur conversation, la coquetterie de leurs mœurs, sont en opposition directe avec le sentiment poétique, qui ne se développe que dans une vie recueillie ou passionnée. […] Les continuateurs français nous donnent tout juste, en moindre qualité, ce que nous avions depuis longtemps, en immortels chefs-d’œuvre. […] La versification de Racine est sans doute admirable, mais celle de Corneille, de Molière et de La Fontaine, est admirable aussi par des qualités toutes différentes. […] La période arrondie, les vers symétriquement cadencés, l’euphonie continuelle des sons, forment les principales qualités de la versification Racinienne, et cette manière a prévalu jusqu’à l’abbé Delille, qui l’a outrée au point de la rendre méconnaissable. […] Il ne choque point, parce que ses défauts sont communs, ainsi que ses qualités ; c’est là le secret de ses petits triomphes de société.
Il l’était, je le répète, par la qualité de la sensibilité et de l’imagination, par les idées et par les images — par sa vie même. […] D’ailleurs, avec un poète de sa qualité, il n’y avait guère de risque à se hâter. […] Tellier estime les qualités de sa femme et il est persuadé qu’il l’a rendue parfaitement heureuse. […] N’est-ce pas justement cette parfaite délicatesse d’esprit, cette minutieuse surveillance de soi-même qui sont sa qualité distinctive ? […] Il n’a pas la mine de quelqu’un qui a dû beaucoup abuser des privilèges de sa qualité, mais il est à supposer que cette qualité seule suffît à ce que les patriotes de Vigneux lui en voulussent.
Elle n’a plus à juger que de l’art avec lequel l’auteur de la Chiromancie ou la science de la main 9 a fait un livre d’analogies étincelant de rapprochements ingénieux, inattendus, saisissants, où la forme didactique, cette forme d’un ennui affreux, est sauvée par la qualité de l’esprit de l’auteur, dont l’expression ne faiblit jamais et qui couvre toutes les aridités et tous les pédantismes de la nomenclature avec le luxe des élégances les plus charmantes, les plus cavalières et les plus lestes ! […] Souplesse, netteté, rapidité, légèreté altière, éclat mâle, musculature agile et svelte, toutes ces qualités d’Arpentigny les porte sur son style, et ce sont des qualités militaires. […] Dans ces portraits de tous les genres que d’Arpentigny fait passer devant nous et où nous retrouvons cette touche particulière qu’il n’aurait point si sa main n’avait pas fait longtemps siffler une cravache ou une épée, dans ces portraits s’attestent avec éloquence toutes les qualités qui créent les grands portraitistes : la finesse des nuances, l’observation concentrée, et ce magique sentiment des analogies dont on est obligé de parler beaucoup quand on parle du capitaine d’Arpentigny, car les défauts de son esprit comme les plus brillants avantages de son talent viennent de ce sentiment puissant et dangereux : « Chopin — dit d’Arpentigny — n’était pas de ceux-là qui ont les nerfs en harmonie avec leur tempérament.
Il en a les qualités les plus brillantes : l’amour de l’image, du rhythme, de la langue, qu’il aime un peu comme une courtisane amoureuse et… stérile. […] Défauts inévitables de l’école tout entière, mais qualités de ceux qui la dominèrent, et qu’il aurait très bien pu ne pas avoir ! […] La délicatesse dans l’expression dont nous avons parlé plus haut, cet enfantillage sans naïveté, mais d’une mignardise assez suave, qui a enluminé cette jolie vignette, par exemple : La Nuit de Printemps : C’était la veille de Mai, Un soir souriant de fête… ne sont pas des qualités assez fortes pour sauver de l’oubli ce qui s’évapore le plus vite de la mémoire des hommes, — des sons et des mots ! […] Les qualités musicales sont, à la vérité, en première ligne chez Banville.
Ces qualités priment les autres. […] Montesquieu séduit par des qualités qui ne caractérisent ni Voltaire, ni Bossuet. […] Du reste, une des qualités d’André Chénier, qualité qu’il possédait à l’égal des plus grands esprits, était une rectitude de jugement remarquable. […] Il a eu les qualités et le parti pris de ce système. […] La qualité de ses idées fait oublier qu’il a trop d’esprit.
Les qualités qu’il a négligées, ou sont inutiles, ou sont des défauts à la scène. […] On ne saurait trop remarquer la qualité de la plaisanterie de Molière. […] Au lieu que le génie de Molière n’est que les qualités françaises portées à un degré supérieur de puissance et de netteté. […] Comme il n’avait pas apporté une théorie nouvelle, ni une forme nouvelle de son art, et que les qualités personnelles de son génie faisaient la valeur de son œuvre, il n’exerça pas l’influence qu’on aurait pu croire. […] les Précieuses ridicules, qu’un alcôviste de qualité fait suspendre quelques jours ; eu 1660, Sganarelle.
Rien ne distingue un homme de naissance ; Tout le monde se donne un air de qualité. […] Panard ressembloit à ses Ouvrages ; il étoit doux, modeste & agréable, qualités qui le rendirent cher à tous ceux qui le connoissoient.
Nous imposons plus facilement nos défauts que nous ne faisons accepter nos qualités. […] Chez nul autre, l’action ne fut l’effet d’un accord plus harmonieux de qualités extérieures plus éminentes. […] La qualité de la convoitise fait la qualité du libéral. […] Ma qualité de journaliste m’avait jusque-là valu quelques politesses de M. […] Je n’ai pour un tel travail, ni qualité ni compétence.
A Montesquieu recommencent ces hommes extraordinaires en qui se personnifient les qualités nouvelles et comme les facultés dont s’augmente l’esprit français. […] Pour un qu’on servira dans ses bonnes qualités, combien dont il faudra servir les vices ! […] Il a de notre pays, avec ses qualités aimables, certains défauts dont nous ne sommes guère moins fiers que de ces qualités ; entre autres, la vanité, dont les étrangers nous accusent presque d’un ton d’envie, à cause des grâces qui la tempèrent. […] Il connaît toutes leurs faiblesses : il a observé leurs qualités et leurs défauts d’un œil plus clairvoyant que celui de leurs parents, lesquels s’exagèrent les qualités par la même vanité qui leur cache les défauts. […] Il semble que le dix-septième siècle ait tenu en réserve quelques-unes des plus aimables qualités de sa langue pour des vérités qu’il laissait à exprimer à son dernier-né.
Il faut qu’il ait en outre le coup d’œil sûr, le bras solide, la connaissance des écueils et des courants, l’adresse et la science d’un marin consommé ; et voilà comme aux qualités morales dont il ne peut se passer viennent s’ajouter des qualités intellectuelles dont il a un égal besoin. […] Brunetière a presque toutes les qualités d’un bon batailleur. […] Brunetière n’ait pas les défauts correspondant à ses qualités, je ne saurais. […] Il l’aime jusque dans ses défauts qui lui paraissent sans doute des qualités. […] À ses yeux, la qualité la plus nécessaire à quiconque prend pour sujet d’études les œuvres de littérature, c’est « la compréhension des qualités opposées à ses qualités et d’un idéal opposé à son idéal ».
Ce coup d’œil d’un touriste de vingt ans à travers la France, l’Allemagne, l’Italie, la Hollande et la Grande-Bretagne, nous marque bien les qualités et les inclinations solides d’un esprit qui se prépare à un grand rôle. […] Ce qu’il dit des qualités et défauts de la nation française, par opposition à l’anglaise, le montre observateur judicieux et impartial. […] Il servait en cette qualité en 1610, et il était l’un des principaux dans l’armée où l’on attendait Henri IV pour sa grande et mystérieuse entreprise dont, selon toute apparence, le siège de Juliers ne devait être que le signal : la plus brillante et la plus noble carrière s’ouvrait devant lui ; il avait trente et un ans, lorsque le coup de couteau de Ravaillac, en ôtant à la France un grand roi, enleva à tous les généreux courages leur vrai guide. […] En ce temps-là, on était apprenti aux divisions ; en celui-ci, tout le monde y est maître. » Et ce n’est point par intérêt personnel qu’il parle, dit-il, car « j’avais assez et trop de connaissance de la jalousie qu’il (Henri IV) portait à ceux de ma condition et religion, et connais bien que nous ne fûmes jamais plus considérables qu’à présent. » Mais cet intérêt qu’il a comme religionnaire et comme l’un des grands du royaume, il le met sous ses pieds un moment et le subordonne (ce qu’il ne fera pas toujours) à sa qualité de Français : Je regrette, s’écrie-t-il, en la perte de notre invincible roi, celle de la France. […] Enfin, avec des qualités d’un ordre supérieur qu’il aura eu sans cesse à exercer et à combiner, à tenir en échec les unes par les autres, il ne trouvera jamais cette occasion pleine et entière qu’il avait une fois espérée, l’une de ces journées de gloire éclatante et incontestable qui consacrent un nom ; et même après ses plus belles campagnes, par quelque accident final qui en rompt l’effet, il aura toujours besoin d’éclaircissement et d’apologie.
Envoyé une première fois en Espagne (1672-1673) en qualité d’ambassadeur extraordinaire, il y retourna en cette même qualité au mois d’août 1679, et y demeura jusqu’en 1681. […] Ces défauts étaient revêtus de plusieurs belles qualités : il était bien fait, il avait les manières agréables et polies, il parlait bien diverses langues ; il avait de l’esprit, du savoir, de la valeur, et tous les dehors du mérite, sans mérite même. » Huit jours avant sa mort, était arrivée la nouvelle du mariage de Mademoiselle, qui s’était fait à Fontainebleau par procuration, le Prince de Conti y représentant le roi d’Espagne. […] Le marquis de Grana, homme de grand mérite, qui connaissait l’Espagne de longue main, et qui y revint alors en qualité d’ambassadeur de l’Empereur, était d’avance tout persuadé de la misère et de l’accablement de la monarchie ; mais, quand il vit les choses de près, il en fut épouvanté : il ne souhaitait plus que repartir au plus vite. […] Tout était au pillage ; les concussions s’exerçaient effrontément ; les membres du Conseil royal avaient, sous d’autres noms, les entreprises de la viande, du charbon, de l’huile, des blés, et, en qualité de magistrats, arbitres de la police, ils fixaient eux-mêmes les prix aussi haut qu’il leur plaisait.
Et l’on ne saurait contester aucune de ces qualités à Malouet. […] Faute de mieux, Malouet se vit d’abord attaché à l’armée du maréchal de Broglie en qualité d’inspecteur de la régie des fourrages. […] Parti pour Saint-Domingue en qualité de sous-commissaire, et bientôt ordonnateur au Cap, il se marie, il devient propriétaire ; il assiste pendant cinq années à l’exercice d’un système colonial dont il prévoit et dénonce les funestes conséquences. […] Les Indiens de ces contrées, les Galibis, se rencontrent naturellement au premier plan du tableau : ils sont présentés sous un jour vrai, sans engouement ni dénigrement, avec leurs qualités comme avec leurs défauts. […] Car, si j’insiste sur les qualités de Malouet, ce n’est pas que je le mette le moins du monde en comparaison avec le grand peintre, avec le grand fascinateur de notre âge ; je sais tout ce qui lui manque.
On sait les hautes qualités de M. de Vigny, son élévation naturelle d’essor, son élégance inévitable d’expression, ce culte de l’art qu’il porte en chacune de ses conceptions, qu’il garde jusque dans les moindres détails de ses pensées, et qui ne lui permet, pour ainsi dire, de se détacher d’aucune avant de l’avoir revêtue de ses plus beaux voiles et d’avoir arrangé au voile chaque pli. […] Il possédait, dit M. de Vigny, une qualité bien rare, et que Mazarin exigeait de ceux qu’il employait : il était heureux. […] Il parle du grand cri qui s’éleva dans Paris à cette occasion : nous qui, en qualité de critique, avons l’oreille aux écoutes, nous n’avons nulle part recueilli l’écho de ce grand cri. […] Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ? […] Une veine d’ironie pourtant, qui, au premier coup d’œil, peut sembler le contraire de l’admiration, s’est glissée dans tout ce talent pur, et serait capable d’en faire méconnaître la qualité poétique bien rare à qui ne l’a pas vu dans sa forme primitive : Moïse, Dolorida, Éloa, resteront de nobles fragments de l’art moderne, de blanches colonnes d’un temple qui n’a pas été bâti, et que, dans son incomplet même, nous saluerons toujours.
Les variations d’intensité et de qualité, par elles seules, ne suffiraient pas à nous révéler la succession, car nous ne pourrions pas distinguer l’intensité faible résultant de l’éloignement dans le temps d’avec l’intensité faible produite par un original rapproché et même immédiat, mais faible lui-même. […] Bergson, dans l’absence de toute qualité, on ne voit pas comment deux formes de l’homogène se distingueraient l’une de l’autre. — Nous répondrons que l’homogénéité de l’espace n’est point l’absence de toute qualité, mais la répétition indéfinie des mêmes qualités caractéristiques et originales. La juxtaposition est elle-même une qualité, un mode d’existence et d’apparition qui se distingue parfaitement de la succession ; autre qualité, autre mode ou processus d’existence et d’apparition. Dans le prétendu espace sans qualités, il y a trois dimensions, il y a du haut ou du bas, du droit et du gauche, etc. On a beau prétendre qu’on a dépouillé l’espace de toute qualité pour le réduire à la quantité pure, autre chose est la quantité pure, autre chose l’espace.
Que conjecturer de ses qualités diverses, de sa conduite habituelle, et de sa contenance morose et méditative ? […] Les règles qu’il se sera faites, ou qu’on lui aura données sur cette matière, ne s’accorderont pas avec les qualités et l’effet des comédies. […] Mais cette qualité leur fut ajoutée par le génie de leurs auteurs, et n’est pas essentiellement de leur ressort. […] Si vous en usez de cette façon, si vous exigez tant de qualités dans un ouvrage, on ne voudra plus être auteur. […] Il nous faut donc recourir aux ouvrages de Térence, imitateur de quelques-unes de ses qualités, pour apprécier sa méthode.
Pline, en parlant des qualités extérieures de Trajan, dit, après en avoir fait l’énumération, nonne longè latèque Principem ostentant ? […] Ces qualités, que nous reconnoissons dans les Fables de M.
Mais tous ces mouvements généreux que produit le plus beau des sentiments des hommes, la valeur, sont plutôt les qualités propres au courage qu’à l’amitié ; lorsque la guerre est finie, rien n’est moins probable que la réalité, la durée des rapports qu’on se croyait avec celui qui partageait nos périls. […] Je sais, bien qu’au tableau de toutes ces inquiétudes, on peut opposer les êtres froids qui, aimant, comme ils font toutes les autres actions de leur vie, consacrent à l’amitié tel jour de la semaine, règlent à l’avance quel pouvoir sur leur bonheur ils donneront à ce sentiment, et s’acquittent d’un penchant comme d’un devoir ; mais j’ai déjà dit dans l’introduction de cet ouvrage, que je ne voulais m’occuper que du destin des âmes passionnées, le bonheur des autres est assuré par toutes les qualités qui leur manquent. […] Il faudrait donc ou une absence totale de sentiments vifs qui, en détruisant la rivalité, amortirait aussi toute espèce d’intérêt, ou une vraie supériorité, pour effacer la trace des obstacles généraux qui séparent les femmes entre elles ; il faut trouver autant d’agréments qu’on peut s’en croire, et plus de qualités positives, pour qu’il y ait du repos dans elle, et du dévouement en soi ; alors le premier bien, sans doute, est l’amitié d’une femme.
Theuriet et Malot, ont développé au contraire des qualités de transition et de douceur. […] C’est sa qualité et son défaut. […] Un joli scepticisme, un flair souverain, beaucoup de délicatesse et d’érudition, un instinct de lettré universel, voilà les qualités de son esthétique, ou plutôt voilà les qualités qui remplaçaient chez lui l’esthétique. […] Jean Aicard a montré dès son premier roman des qualités supérieures d’observation et de style. […] C’est à la fois une qualité et un danger.
Au caractère d’Achille, dont la peinture est le principal sujet de l’Iliade, ils rapportèrent toutes les qualités propres à la vertu héroïque, les sentiments, les mœurs qui résultent de ces qualités, l’irritabilité, la colère implacable, la violence qui s’arroge tout par les armes (Horace).
Ses œuvres me frappent par des contrastes dont je ne puis parvenir à me rendre compte ; ses qualités ne m’expliquent pas ses défauts, et ses défauts ne me rendent pas compte de ses qualités. […] Il arrive vite à reconnaître que ce serait pure duperie que de prodiguer sa sensibilité ou sa générosité dans un monde qui considère ces qualités comme des qualités de luxe. […] C’est ici que ces qualités mondaines qui distinguent le talent de M. […] Enfin, qualité exquise autant que rare, il n’a jamais aimé que les succès de bon aloi. […] Cette qualité de muse que nous attribuons à la critique, Goethe est le premier qui la lui ait reconnue.
Ce n’est pas non plus que les qualités ordinaires de M. […] C’est par là que l’école est en train de compromettre ses qualités. […] Est-ce une qualité de son talent ? […] Il n’y a pas l’ombre d’un doute sur les qualités de forme de l’œuvre de M. […] des œuvres cependant bien diverses, et d’une qualité de style singulièrement inégale !
Malgré la faiblesse de sa pensée, il aurait pu pourtant, en sa qualité d’étranger, répandre en France, sur l’Empereur, des opinions hasardées ou fausses, si sa bonne étoile ne lui avait envoyé, sur sa renommée, un traducteur doué de toutes les qualités qu’il n’a pas.
Je ne suis pas de ceux qui méconnaissent en rien les hautes qualités d’esprit, l’élévation de talent et le quasi-génie de M. […] Ce n’est qu’alors que, par nécessité de vivre et en ayant trouvé l’occasion, j’allai en octobre 1848 professer à l’université de Liège, où je fus pendant une année en qualité de professeur ordinaire. […] Sainte-Beuve a continué de figurer en qualité de professeur titulaire sur les affiches du Collège de France, mais il a depuis longtemps renoncé à tous ses droits. […] Paulin Limayrac, qui l’avait souvent visitée29. — Je me bornerai, ne l’ayant pas connue, au témoignage de ces qualités de son caractère et de son esprit. […] Sa qualité de marchand de vin, demeurant à Paris, me le fait reconnaître. — Nous savons aussi par M.
Dans un chef-d’œuvre plus récent, on retrouvait des qualités que, depuis Marivaux, les romanciers semblaient avoir délaissées. […] La faculté la plus forte de George Sand, c’est l’imagination, et elle en a toutes les formes, toutes les qualités, de la plus vulgaire à la plus fine. […] Cette imagination, périlleuse dans la réalité, devint une grande qualité littéraire pour représenter par le roman une société où les affaires et l’argent tenaient tant de place. […] Tout le détail sensible du roman, descriptions et actions, traduit et mesure la qualité, l’énergie du principe moral intérieur. […] En cinq cents pages, il nous apprend autant que toute la Comédie humaine sur les mobiles secrets des actes et sur la qualité intérieure des âmes dans la société que là Révolution a faite.
On reconnaît aussi, dans leurs œuvres, un dessein d’enseignement et la pensée d’une sorte de devoir public à remplir ; et ce n’est pas la moins éminente de leurs qualités que, travaillant pour l’éducation de l’esprit humain, aucun d’eux ne sente son docteur. […] Ce livre, où toutes les sciences dont s’aide l’histoire pour élucider les questions, philologie, archéologie, topographie, tactique, ont apporté leurs preuves, est en même temps une œuvre d’art par les qualités du récit, par la peinture des hommes et des choses, par l’intérêt dramatique, par le style. […] La pénétration qui ne craint pas d’être subtile, la sensibilité, la raison, pourvu qu’elle ne sente pas l’école, le caprice même à l’occasion, le fin du détail, l’image transportée de la poésie dans la prose, telles en sont les qualités éminentes. […] Ces leçons, devenues des livres, ont gardé dans leurs parties les plus solides les qualités du style durable ; et, dans tout ce qui n’est que brillant, elles en ont encore le grand air. […] S’il n’a pas les qualités du grand écrivain, je cherche ce qui lui manque de l’excellent.
Mais en supposant qu’un peu de vanité puisse être permise à un auteur presque toujours heureux, aujourd’hui j’aurais le droit de m’élever jusqu’à l’orgueil, en prouvant à mon jeune adversaire qui, dans ma qualité de classique, m’a témoigné tant de mépris, que je compte autant de succès qu’il a d’années, et que plusieurs de mes ouvrages, plus âgés que lui, n’ont point été engloutis dans sa révolution littéraire et prospèrent encore, au milieu de cette anarchie, protégés par l’estime publique. Puisque aussi dans ma triste qualité de vieillard il m’est permis de rappeler un passé qui me fut honorable ; puisqu’il est également convenu que tout auteur a de l’amour-propre, je ne craindrai pas de vous parler avec franchise de ma vie littéraire et de la manière dont on obtenait des succès de mon temps. […] Si les jeunes pages et les officiers de la maison du roi avaient pris, dans l’habitude de fréquenter le théâtre, des formes aimables et un genre d’esprit qui avait la couleur de la littérature de ce temps, nos jeunes gens, déjà éclairés sur leurs droits par une première éducation, achèveraient, par des représentations de pièces fortes, morales et constitutionnelles, d’acquérir les nobles qualités qui font l’honnête homme, et le grand citoyen. […] Peut-être, plus que je ne le voulais, je me suis trouvé forcé, dans le développement des causes qui ont amené la barbarie actuelle, de vous dire toute la vérité ; mais au moins ma franchise bretonne, en m’obligeant à blâmer certains points de votre littérature, m’a conduit aussi à rendre justice aux qualités brillantes de votre talent. Ces qualités, Monsieur, faites-les tourner tout à fait à votre avantage par le travail et une confiance sans bornes dans le vrai, dans l’honorable public.
De cette façon, la phrase est un échafaudage gradué, où l’esprit place d’abord la substance, puis la qualité, puis les manières d’être de la qualité, comme un bon architecte qui pose en premier lieu le fondement, puis la bâtisse, puis les accessoires, par économie et par prudence, afin de préparer dans chaque morceau de son édifice un support pour le morceau qui suit. […] Toute la littérature classique porte l’empreinte de ce talent ; il n’y a pas de genre où il ne pénètre et n’introduise les qualités d’un bon discours Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, ne sont qu’à demi littéraires, mais qui, grâce à lui, le deviennent, et il transforme en belles œuvres d’art des écrits que leur matière semblait reléguer parmi les livres de science, parmi les instruments d’action, parmi les documents d’histoire, traités philosophiques, exposés de doctrine, sermons, polémique, dissertations et démonstrations, dictionnaires mêmes, depuis Descartes jusqu’à Condillac, depuis Bossuet jusqu’à Buffon et Voltaire, depuis Pascal jusqu’à Rousseau et Beaumarchais, bref la prose presque tout entière, même les dépêches officielles et la correspondance diplomatique, même les correspondances intimes, et, depuis Mme de Sévigné jusqu’à Mme du Deffand, tant de lettres parfaites échappées à la plume de femmes qui n’y songeaient pas Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, sont littéraires, mais qui reçoivent de lui un tour oratoire. […] Son nom ne désigne qu’une qualité pure, celle de père, de jeune homme, de valet, de grondeur, de galant, et, comme un pourpoint banal, s’ajuste indifféremment à toutes les tailles à peu près pareilles en passant de la garde-robe de Molière à celle de Regnard, de Lesage, de Destouches et de Marivaux375. […] Il y a donc un défaut originel dans l’esprit classique, défaut qui tient à ses qualités et qui, maintenu d’abord dans une juste mesure, contribue à lui faire produire ses plus purs chefs-d’œuvre, mais qui, selon une règle universelle, va s’aggraver et se tourner en vice par l’effet naturel de l’âge, de l’exercice et du succès. […] La méthode est la qualité dominante de nos écrivains. » 366.
Je t’en conjure cependant, mon cher Pierre, fais en sorte d’être envers tout le monde, et surtout envers les tiens, tel que je le désire, bon, doux, affable, généreux : qualités par lesquelles il n’est rien qu’on n’obtienne et qu’on ne puisse conserver. […] Aussi ne trouve-t-on pas dans l’histoire une famille de simples citoyens offrant l’hérédité du mérite, du travail et des vertus continues, et rassemblés avec des qualités présentes diverses, tels que Côme Ier, Laurent, Julien et Côme II, chacun ajoutant un échelon de plus à la grandeur des autres. […] XX Laurent hérita de toutes ses qualités, et il avait de plus cette vertu grandiose des hommes d’État qu’on appelle la magnificence et qui donne aux peuples le pressentiment de la souveraineté. […] Parmi ses grandes qualités éclataient une libéralité et une magnificence dont la gloire l’avait presque élevé jusqu’aux dieux, et cependant il n’avait rien fait par zèle pour sa renommée et pour son nom, mais par le seul amour du bien et de la vertu. […] — J’ai découvert dans Pierre des qualités telles, qu’elles m’ont offert un fondement solide qui portera, sans aucun doute, tout ce que je pourrai édifier sur lui.
Mme de Sablé s’était retirée depuis 1659 auprès de Port-Royal, ajoutant la dévotion à tous ces défauts et qualités qui composaient sa charmante personne. […] Il nous aide à nous figurer l’état d’esprit de ce public qui admirera un peu pêle-mêle Benserade, La Fontaine, Perrault, Boileau, plus sensible aux qualités effectives des œuvres qu’aux principes spéculatifs des théoriciens, plus sensible surtout à la convenance qu’à l’art, à la vérité qu’à la poésie, et parfaitement satisfait de toute œuvre qui parle clairement à son intelligence : il ne cherche dans les livres que des idées, et ses idées ; il ne se préoccupe guère des anciens. […] Ce sont les lettres de Mme de Sévigné et de Mme de Maintenon : les femmes ont toujours excellé à écrire des lettres, et, parmi les hommes, ceux qui ont eu des natures de femmes, par les défauts comme par les qualités. […] Mais sa qualité essentielle et dominante, c’est l’imagination ; et ce qui fait de ses lettres une chose unique, c’est cela : une imagination puissante, une riche faculté d’invention verbale, deux dons de grand artiste, dans un esprit de femme plus distingué qu’original, et appliqué à réfléchir les plus légères impressions d’une vie assez commune, ou les événements journaliers du monde environnant. […] Le plus souvent, même avec sa fille, Mme de Sévigné surveille son inspiration, choisit, et fait effort pour dégager les qualités de son esprit, ou l’intérêt des choses.
Je suis convaincu, au demeurant, que s’il existe parmi nous, il saura très bien se manifester et que le public d’aujourd’hui est aussi doué pour goûter une intelligence de cette qualité que l’était celui qui fit fête à l’auteur des Lundis. […] Mais quelle abnégation ne lui faut-il pas, alors, possédant toutes ces qualités, pour n’être à jamais qu’un valet de gloire. […] Mais aux qualités de culture littéraire, philosophique et scientifique qu’on exige de ce Messie, qui serait digne… Pourtant Il existe peut-être, et attend qu’on lui fasse signe. […] Les qualités qu’il faut priser entre toutes, chez l’écrivain qui s’adonne à la critique, sont la bonne fol et l’ouverture de l’esprit, accompagnées du désir d’exprimer le plus nettement et le plus complètement possible sa pensée. […] Aux qualités que l’on demande à un critique, instinct littéraire et talent, M.
Pour cela, il faut organiser un certain nombre de termes usuels en une combinaison nouvelle ; les qualités et les défauts de la formule dépendent du choix des termes et de l’ordre dans lequel ils sont groupés ; une formule parfaite serait celle qui éveillerait nécessairement dans tout esprit exercé l’idée même dont les destinées lui sont confiées par le penseur. […] Voilà une autre variété de l’inspiration ; mais, comme la première, — et nous le montrons ici même, — elle suppose dans le passé de longs efforts de réflexion, dont nous profitons aujourd’hui sans avoir besoin de les renouveler ; la qualité des concepts usuels que chacun de nos mots porte avec lui fait pour une grande part la qualité de nos jugements nouveaux ; et l’influence du passé ne se borne pas là : les jugements nouveaux supposent nécessairement des concepts préétablis dans l’esprit ; mais la réunion de ces concepts, pour être imprévue, n’est pas absolument nouvelle ; un jugement nouveau imite toujours des jugements anciens ; il suit des habitudes dont il s’écarte ; or ces habitudes n’existent pas dans la pensée sans correspondre à certaines habitudes du langage ; certains mots sont dans notre mémoire à l’état de camaraderie, pour ainsi dire [ch. […] Plus une pensée est banale, plus facilement elle s’exprime ; plus elle est neuve, moins de chances elle a d’être énoncée vite et bien ; dire cela, c’est formuler une loi psychologique indiscutable ; mais dire que les penseurs le plus originaux sont des écrivains barbares, tandis que les maîtres du style sont les apôtres du sens commun, et qu’en général les qualités du style sont en raison inverse de la pénétration de la pensée, c’est formuler une loi d’éthologie ; or les lois de cet ordre ne sont jamais vraies qu’entre certaines limites et souffrent toujours un certain nombre d’exceptions ; il y a des esprits médiocres qui cherchent leurs mots et ne trouvent pas ceux qu’il faudrait ; il y a des esprits inventifs qui les trouvent promptement et chez lesquels ils se combinent heureusement du premier coup. […] Des esprits plus vivants que Bonald sont parfois remarquables par la promptitude et la justesse de l’invention verbale ; mais, si le nombre de ceux qui cherchent leurs mots est restreint, c’est moins par la fréquence de cette qualité que par la rareté des inventeurs : la plupart des hommes, en effet, se répètent les uns les autres ; ils expriment l’idée courante par le langage à la mode ; ceux-là n’ont pas de peine à dire clairement ce qu’ils conçoivent sans effort. […] Au degré où on la remarque, cette heureuse qualité est un privilège assez rare ; on l’a dit : beaucoup d’esprits bien faits ne trouvent la formule vraie qu’en descendant l’escalier ; les habiles la conservent dans un coin de leur mémoire ; elle servira pour une seconde visite.
Une mélodie que nous écoutons les yeux fermés, en ne pensant qu’à elle, est tout près de coïncider avec ce temps qui est la fluidité même de notre vie intérieure ; mais elle a encore trop de qualités, trop de détermination, et il faudrait effacer d’abord la différence entre les sons, puis abolir les caractères distinctifs du son lui-même, n’en retenir que la continuation de ce qui précède dans ce qui suit et la transition ininterrompue, multiplicité sans divisibilité et succession sans séparation, pour retrouver enfin le temps fondamental. […] S’il n’en a aucune, se réduisant à un point qui change indéfiniment de qualité, on peut supposer que la rapidité de succession des qualités devienne infinie et que ces points de qualité soient donnés tout d’un coup, pourvu qu’à ce monde sans dimension on apporte une ligne où les points se juxtaposent. S’il avait une dimension déjà, s’il était linéaire, ce sont deux dimensions qu’il lui faudrait pour juxtaposer les lignes de qualité — chacune indéfinie — qui étaient les moments successifs de son histoire. […] Nous devrions, en outre, distinguer entre le point de vue de la philosophie et celui de la science : celle-là considère plutôt comme réel le concret, tout chargé de qualité ; celle-ci extrait ou abstrait un certain aspect des choses, et ne retient que ce qui est grandeur ou relation entre des grandeurs.
Bien qu’essentiellement impropre à aborder la tribune, Gibbon a assisté comme membre du Parlement aux discussions de son pays ; les huit sessions qu’il y passa lui furent, dit-il, « une école de prudence civile, la première et la plus essentielle qualité d’un historien ». […] À partir de cet âge, couronné par les règnes d’Antonin et de Marc-Aurèle, la décadence commence, et Gibbon va en retracer l’histoire avec exactitude, avec regret, en s’attachant à tout ce qui la retarde, en répugnant à tout ce qui l’accélère ; une belle histoire où le génie de l’ordre, de la méthode, de la bonne administration, domine ; une narration revêtue de toutes les qualités fermes, continues et solides, qui la font ressembler, jusque dans ses dégradations successives et inévitables à travers les temps barbares, à une large chaussée romaine. […] Son père se décida à le placer à Oxford et le fit inscrire en qualité d’étudiant ordinaire au collège de la Madeleine. […] Gibbon lui-même, qui avait qualité de premier capitaine, fut d’abord à la tête de sa propre compagnie et ensuite de celle des grenadiers ; puis, dans l’absence des deux officiers supérieurs, il se trouva de fait chargé par son père de donner des ordres et d’exercer le bataillon. […] L’étendue et la pénétration sont les qualités éminentes de son intelligence ; mais il manque de vivacité, et il n’a pas encore acquis en revanche l’exactitude à laquelle il vise.
Dans tout ce que fera Saint-Lambert en poésie légère, on notera les mêmes qualités et les mêmes défauts : c’est sec, spirituel, galant et bien tourné : « Ce sont autant de myrtes dont une feuille ne passe pas l’autre », disait de lui Parny ou Boufflers, je ne sais lequel. […] Le fond de son commerce, où il entrait du sens, de l’équité et des qualités sûres, était « d’une sécheresse et d’une aridité singulières. » Deux ou trois dîners chez Mlle Quinault, qui nous le montrent en gaieté et en veine d’enthousiasme, accusent en même temps et convainquent cet enthousiasme de ne se monter que pour des objets et des tableaux d’une sensibilité toute physique et toute sensuelle : il ne croit ni à la chasteté ni à la pudeur, ni à aucune religion, et ne fait pas même grâce à la religion naturelle : — « Pas plus celle-là que les autres », s’écrie-t-il. […] La correspondance qu’il entretint avec sa fille et avec quelques amis durant ses dix mois de captivité, tant à Sainte-Pélagie qu’à Saint-Lazare, offre des pages touchantes, des qualités cordiales, un amour franc de la nature et de la famille : Un botaniste passionné, écrivait-il à sa fille en avril 1794, n’est pas un conspirateur. […] Cette originalité, jointe aux vertus et aux qualités morales les plus fines qui sont l’âme de cette poésie, se rencontre au plus haut degré en un poète anglais bien connu de nom, mais trop peu lu en France, et dont je voudrais présenter une idée précise et vive, par opposition aux divers noms que je viens de passer en revue. […] L’esprit qui réclame un divertissement nécessaire devrait se tourner vers les écrivains d’une plus solide qualité, dont les traits bien ménagés et le style classique donnent à la vérité un lustre et font sourire la sagesse.
. — La reine, en ces commencements du règne, prise à partie par son frère Joseph qui ne demandait qu’à la conseiller, et questionnée par lui sur les qualités et défauts de son époux, lui répondait (27 juin 1774) : « Vous voulez, pour m’en dire davantage, que j’entre dans des détails particuliers et confidentiels, et à cœur ouvert, sur le caractère du roi : c’est quelque chose de bien délicat à écrire. […] Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu. […] Le personnage au-dessus de moi n’en est pas en état, et moi, quelque chose qu’on dise et qui arrive, je ne suis jamais qu’en second ; et malgré la confiance du premier, il me le fait sentir souvent. » Nous dirons les belles qualités de Marie-Antoinette, son courage surtout, sa fermeté, sa générosité d’âme quand le moment sera venu ; mais ici on la surprend dans toute la misère et l’inexpérience de son apprentissage politique. […] Marie-Antoinette y déploie des qualités qui la recommanderont à jamais à l’estime, à l’admiration même de tous les honnêtes gens. […] Mais au milieu de cette infirmité de vue politique qui n’allait pas à autre chose, en cas de succès, qu’à faire une contre-révolution plus ou moins clémente et mitigée, que de qualités personnelles, héroïques, charmantes et touchantes !
. — Qualités. — Premiers emplois. […] On tournait contre Catinat ses mérites mêmes, ses qualités d’ordre, de régularité ; on ne lui trouvait peut-être pas le ton assez soldat, ni sans doute assez de facilité et de souplesse pour ce régiment des gardes, un corps privilégié et si délicat à manier. Catinat savait mieux que personne tout ce qu’exige de qualités cet emploi de major et, qui plus est, de major général d’une armée, et, interrogé un jour par le duc de Savoie sur le détail et les prérogatives de la charge, il répondait avec esprit : « Monseigneur, le major général est un distributeur d’ordres, le porte-voix du général, sans aucune autorité que celle qu’il emprunte de son estime ou de son amitié ; mais ces sentiments changent sa place. […] Louis XIV, satisfait des services de Catinat comme major général dans l’armée de Flandre pendant la campagne de 1676, l’employa encore en cette qualité l’année suivante, sous ses ordres, aux sièges de Valenciennes, Cambrai et Saint-Omer ; il l’avait fait brigadier dès le mois de février 1677. […] Dans une mission de ce genre, où il fallait des coups de main improvisés et peu corrects, on éprouvait sans doute, à Versailles, l’inconvénient d’avoir pour instrument un homme à scrupules ; mais on avait aussi les avantages d’avoir dans un guerrier ferme un bon esprit, sage, respectant les mœurs et les usages des populations, ménageant les amours-propres, équitable, soigneux d’alléger les charges et de tempérer les rigueurs d’une occupation étrangère, sachant maintenir la discipline dans ses troupes, leur procurer des occupations, des divertissements même, sans licence et sans ennui ; assez habile pour aller, suivi de tous ses officiers, demander à l’évêque de Casal la permission de faire gras en carême, ce qui fut fort goûté des habitants, mais résistant d’autre part à toute ingérence ultramontaine au sein de sa garnison, et disant : « Je veux rester autant qu’il est possible dans nos mœurs. » J’en ai dit assez pour montrer déjà la réunion de qualités précieuses et rares qui firent de Catinat le plus admirable officier de guerre, si elles n’en devaient pas faire précisément un grand général.
— Tantôt il est couvert par un traité récent, par sa qualité d’étranger, par son origine presque royale. « En Alsace, les princes possessionnés étrangers, les ordres de Malte et Teutonique jouissent de l’exemption de toute contribution personnelle et réelle. » — « En Lorraine, le chapitre de Remiremont a le privilège de se cotiser lui-même dans toutes les impositions de l’État31. » Tantôt il a été protégé par le maintien des États provinciaux et par l’incorporation de la noblesse à la terre : en Languedoc et en Bretagne, les biens roturiers payent seuls la taille. — Partout d’ailleurs, sa qualité l’en a préservé, lui, son château et les dépendances de son château ; la taille ne l’atteint que dans ses fermiers. […] Bien mieux, comme il emprunte pour y fournir, et que les décimes qu’il lève sur ses biens ne suffisent pas pour amortir le capital et servir les intérêts de sa dette, il a eu l’adresse de se faire allouer en outre par le roi et sur le trésor du roi, chaque année, 2 500 000 livres, en sorte qu’au lieu de payer il reçoit ; en 1787, il touche ainsi 1 500 000 livres. — Quant aux nobles, ne pouvant se réunir, avoir des représentants, agir par voie publique, ils ont agi par voie privée, auprès des ministres, des intendants, des subdélégués, des fermiers généraux et de toutes les personnes revêtues d’autorité ; on a pour leur qualité des égards, des ménagements, des complaisances. D’abord cette qualité les exempte, eux, leurs gens et les gens de leurs gens, du tirage à la milice, du logement des gens de guerre, de la corvée pour les routes. […] — Par une autre suite de la même qualité, il perçoit des redevances sur tous les biens que jadis il a donnés à bail perpétuel, et, sous les noms de cens, censives, carpot, champart, agrier, terrage, parcière, ces perceptions en argent ou en nature sont aussi diverses que les situations, les accidents, les transactions locales ont pu l’être.
On sent que cette simple enfant porte en elle toutes les qualités de nature qui font que la femme prudente est la providence du foyer. […] je vais chercher bien loin une femme que je ne connais pas, qu’on dit riche, qui est fière sans doute, qui croira me faire grand honneur en m’épousant avec mes trois enfants ; et voilà que j’ai tout près de moi une enfant simple, pauvre, mais riche des dons de Dieu, des qualités et des vertus naturelles, et qui serait un trésor dans ma maison et dans mon cœur. » Il faut que Germain, insensiblement, et avant la fin de ce court voyage, devienne amoureux de cette petite Marie qu’il n’avait jamais considérée jusque-là que comme une enfant. […] Mais, moralement, non moins que poétiquement, il y avait des qualités et des vertus que l’âge nouveau, avec ses inventions et ses recettes industrielles ou philosophiques, n’a pas su remplacer encore. […] Il cueillait dans ses prés du foin à pleins charrois, et c’était du foin de première qualité, « sauf celui qui était au bord du ruisseau, et qui était un peu ennuyé par le jonc ». […] Cette petite fille, qui se montre d’abord toute laide, qui ne se soigne pas plus qu’un méchant garçon, et qui est la bête noire du village, mais qui, au fond, se trouve avoir toutes les qualités de l’esprit, de l’imagination et du cœur, et qui finit même, sous l’éclair de l’amour, par se métamorphoser en beauté, cette petite Fanchon Fadet qui, sous sa verve de lutinerie, cache des trésors de sagesse, remplit ici le rôle qui est volontiers réparti aux femmes dans les romans de Mme Sand ; car elles y ont toujours le beau rôle, le rôle supérieur et initiateur.
Ils nous rendent bien la pareille ; car, si on veut les en croire, nous avons la plupart de leurs imperfections, et peu de leurs bonnes qualités. […] Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire. […] Dans cette première disgrâce, elle déploie des qualités plus rares et plus difficiles qu’elle n’en eût certes prouvé dans un constant bonheur. […] C’est Saint-Simon qui nous le dit, et il lui rend toute justice d’ailleurs pour ses vives et hautes qualités. […] Et puis n’oublions pas qu’elle avait soixante-quatre ans alors, un œil malade et un rhumatisme, ce qui fait un ensemble de conditions fâcheuses pour commencer le métier des armes en qualité de maréchal de camp d’une jeune princesse.
Tout se tient, dans les défauts et les qualités : esprit difficile, haïsseur du commun, Aubryet se précipite de l’autre côté des choses vulgaires et, pour ne pas l’être, il tortille les faits, s’entortille lui-même et finit par s’étrangler. […] Le mot dit tout ensemble le défaut et la qualité. […] Xavier Aubryet, je l’ai dit souvent déjà, a pour qualités premières l’aperçu et l’expression, — ces deux gonds d’or sur lesquels tournent les plus belles pages de ceux qui savent écrire. […] J’ai avancé plus haut que Xavier Aubryet avait des qualités, éminentes en critique ; mais il n’en a pas les qualités, qui coûtent tant à employer pour celui qui les a.
La Sérénité, cette idéale qualité de la pensée forte, n’appartient ni aux âmes de ces temps troublés ni à leurs orageuses littératures. […] Mais Byron, comme les poètes absolument grands, avait les toutes-puissantes qualités de la Nature immortelle qui se purifie de ses propres orages, et fait venir ses plus belles moissons dans du sang. […] Brizeux n’a point ces qualités. […] … Beaucoup d’entre les vers de Brizeux ont ces qualités, la tendresse, la grâce et plus que la grâce, l’innocence. […] Hormis en effet le plan de son poème, qui est ambitieux, et le labeur que l’on y sent, comme l’enclume, si elle avait une âme, sentirait le marteau, Les Bretons n’ont guère (quand ils les ont toutefois) que les qualités idylliques qui firent la fortune de Marie et de quelques pièces du poème qui suivit celui de Marie : La Fleur d’or.
En nous tenant strictement ici à ce qui concerne le fondateur de la Revue des Deux Mondes (et cette fondation est le vrai titre d’honneur de M.Buloz), nous pourrions bien lui affirmer que ce n’est point tant à cause des inconvénients, des imperfections et des défauts que toute œuvre collective et tout homme de publicité apportent presque inévitablement jusqu’au sein de leurs qualités et de leurs mérites, qu’il est attaqué et injurié avec cette violence en ce moment, mais c’est précisément à cause de ses qualités mêmes (qu’il le sache bien et qu’il en redouble de courage, s’il en avait besoin), c’est pour sa fermeté à repousser de mauvaises doctrines, de mauvaises pratiques littéraires, et pour l’espèce de digue qu’il est parvenu à élever contre elles et dont s’irritent les vanités déchaînées par les intérêts. […] Quand vous voyez un homme attaqué avec acharnement, avec furie, par toutes sortes de gens (et même d’honorables mais intéressés) et par toutes sortes de moyens, soyez bien sûr que cet homme a une valeur et qu’il y a là-dessous quelque bonne et forte qualité en jeu et qu’on ne dit pas. […] Il y a, voyez-vous, dans ces haines de poëtes à critiques, une finesse, une qualité d’acrimonie, dont les querelles et les animosités politiques, j’y insiste, ne sauraient donner aucune idée.
Ce qu’ils attendent de vous, ce qu’ils en espèrent, efface leurs défauts, et fait ressortir toutes leurs qualités. […] On ne brave pas impunément ses propres qualités ; et celui que son ambition entraîne à soutenir à la tribune une opinion que sa fierté repousse, que son humanité condamne, que la justesse de son esprit rejette, celui-là éprouve alors un sentiment pénible, indépendant encore de la réflexion qui peut l’absoudre ou le blâmer. […] Dioclétien peut quitter le trône, Charles II peut le conserver en paix ; l’un est un philosophe, l’autre est un Épicurien ; ils possèdent tous deux cette couronne, objet des vœux des ambitieux ; mais ils font du trône une condition privée, et leurs qualités, comme leurs défauts, les rendent absolument étrangers à l’ambition dont leur existence serait le but. […] Pour aimer et posséder la gloire, il faut des qualités tellement éminentes, que si leur plus grande action est au dehors de nous, cependant elles peuvent encore servir d’aliment à la pensée dans le silence de la retraite ; mais la passion de l’ambition, les moyens qu’il faut pour réussir dans ses désirs, sont nuls pour tout autre usage : c’est de l’impulsion plutôt que de la véritable force ; c’est une sorte d’ardeur qui ne peut se nourrir de ses propres ressources ; c’est le sentiment le plus ennemi du passé, de la réflexion, de tout ce qui retombe sur soi-même.
En effet, littérairement parlant, ce volume des Confidences vient bien après Jocelyn, La Chute d’un ange, les Recueillements poétiques, et il continue, sans trop de décadence, cette série de publications dans lesquelles les défauts de l’auteur vont s’exagérant de plus en plus, sans que ses qualités pour cela disparaissent. […] Il nous expose lui-même avec complaisance toutes les qualités et les grâces dont il était revêtu. […] Il faut pourtant qu’indépendamment de l’éducation il ait manqué quelque chose encore à cette nature et à cet esprit d’ailleurs si doué ; car, lorsqu’une qualité un peu forte existe en nous, elle sait très bien se produire tôt ou tard, et se passer après tout de l’éducation. […] Ce premier amour avec Lucy, sous l’invocation d’Ossian, est une jolie esquisse, d’un trait pur et simple ; c’est finement touché : il y a du sourire, un peu de malice ; en un mot, de ces qualités qu’excède aisément le talent de M. de Lamartine, mais qui font d’autant plus de plaisir à rencontrer chez lui.
Remarquez-le bien, mon ami, interrogez-vous à l’aspect d’un homme ou d’une femme, et vous reconnaîtrez que c’est toujours l’image d’une bonne qualité ou l’empreinte plus ou moins marquée d’une mauvaise qui vous attire ou vous repousse. […] Chaque société a son gouvernement, et chaque gouvernement a sa qualité dominante, réelle ou supposée qui en est l’âme, le soutien et le mobile. […] Qu’arrivait-il de là : car après tout, le poète n’avait [rien] révélé ni fait croire ; le peintre et le sculpteur n’avaient représenté que des qualités empruntées de la nature ? C’est que, quand au sortir du temple le peuple venait à reconnaître ces qualités dans quelques individus, il en était bien autrement touché.
Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité. […] Fénelon savait pourtant ce que vaut l’ordre, et dans cette même Lettre à l’Académie il en fait la plus rare et presque la plus essentielle des qualités de l’orateur. […] Cela, du reste, n’en diminuerait guère l’importance, et c’est par un injuste mépris que nous appelons négatives les qualités sans lesquelles toutes les autres, plus éclatantes, plus enviées, sont inutiles.
Ils nuisent à la société, non-seulement en leur qualité de méchans, mais en empêchant les bons d’être aussi bons qu’ils le souhaiteraient, en forçant ceux-ci de mêler à leur bonté une prudence qui en gêne et qui en restreint l’usage ; et c’est ce qui a fait enfin qu’un recueil d’apologues doit presqu’autant contenir de leçons de sagesse que de préceptes de morale. […] Je veux, dit le dieu de la guerre… Cette idée de représenter tous les dieux, ou tous les génies, ou toutes les fées qui se réunissent pour doter un prince de toutes les qualités possibles, est une vieille flatterie, déjà usée dès le temps de La Fontaine. Quant à M. le duc du Maine, il est fâcheux que l’assemblée des dieux ait oublié à son égard un article bien important ; c’était de lui donner un peu de caractère ; cette qualité lui eût épargné bien des dégoûts.
Elles ne se sont pas demandé si elles avaient, pour réussir comme lui, les qualités spontanées ou imitées de Janin, lequel a l’art de débrailler Diderot, si débraillé déjà, et de mettre du petit pot à la pâleur anglaise de Sterne, — cette belle pâleur qui crache du sang ! […] Sainte-Beuve, par exemple, qui donne depuis si longtemps et qui n’a pas tout donné, car il recommence tous les jours le miracle des roses littéraires, Sainte-Beuve, d’une morbidesse de touche exquise, et qui serait le plus profond des critiques si son talent, comme le coton filé trop fin, ne cassait pas en entrant dans la profondeur, n’a point de critique, avec les qualités les plus sensibles du critique, parce qu’il n’a point de doctrine. […] Pontmartin, à son tour, qui se croit, entre amis, un Sainte-Beuve chrétien, — qui est bien chrétien, mais qui n’est pas Sainte-Beuve, — aurait, lui, en sa qualité de chrétien, une doctrine… s’il savait fermement s’en servir.
Telles sont les qualités d’Yvan Tourgueneff. Elles ne ressemblent en rien, comme on voit, à celles qu’on veut lui reconnaître, et ses défauts, qu’il est bon de signaler aussi, pour être juste, ne cadrent pas plus que ses qualités avec les conclusions que M. […] Lui qui devrait plus que personne apprécier les qualités de l’artiste russe qu’il a si habilement reproduites, il ne voit pas que le livre de Tourgueneff ne saurait avoir, quoi qu’on fasse, le genre de succès de l’Oncle Tom, et justement en raison même de son incontestable supériorité.
Il a la stricte netteté de Carrel, sa forte sobriété d’expression (qualité militaire du style), et s’il est moins provocateur et moins hautain que Carrel, on sent l’homme, sous l’écrivain, tout aussi solide, avec un mordant et une terrible plaisanterie que n’avait point Carrel, le morose Carrel à l’ambition verte. Ces qualités, qui feront peut-être un jour de Ranc un polémiste de premier ordre, et qui donnent à ses feuilletons de théâtre une simplicité et une sévérité d’expression (je ne dis pas d’opinion) à laquelle les feuilletons de théâtre ne nous ont pas accoutumés ; ces qualités sont-elles de celles qui annoncent et promettent le romancier ?
Je ne sais si on le retrouverait aujourd’hui dans aucun auditoire, à ce degré et avec ces qualités. […] Au contraire, la qualité propre du fatalisme de M. […] Il eut des qualités d’homme d’État avec la passion furieuse du pouvoir. […] Par malheur, il ne se donna pas le temps de déployer ses rares qualités ailleurs que sur le papier. […] Clarice est un peu cousine d’Éliante, elle a cette qualité ou ce défaut.
Krantz, est si peu le vague et l’indéterminé, qu’au contraire il a pour qualités l’exactitude et la précision. […] Les personnes de qualité empruntent et ne rendent point. […] Une autre qualité qui fait défaut au roman de Le Sage, c’est la composition. […] Il est toujours habile de se prémunir contre la critique, et de se parer, s’il est possible, de ses défauts eux-mêmes comme d’autant de qualités. […] Les qualités du romancier n’y sont pourtant pas moindres.
C’est alors qu’on sent le prix d’une existence simple et dégagée de sensualités ; c’est alors qu’on trouve, dans le calme d’un cœur pur et dans l’énergie d’un corps sain, la récompense de la modération et des sacrifices de la jeunesse ; c’est alors enfin qu’on reconnaît combien la morale serait bonne encore quand même elle n’aurait pas de sanction dans une autre vie. » — « Jeunesse sensuelle, dit-il aussi, vieillesse douloureuse. » — « Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. » Lorsqu’il en est particulièrement aux qualités et aux passions sociales, M. de Latena a de bonnes analyses et des définitions judicieuses. Sur les diverses impressions et les divers états de l’âme, tranquillité, calme, quiétude, etc. ; sur les qualités qu’on est porté à confondre, bonté, bienveillance, générosité, indulgence, etc. ; sur les formes en usage dans la bonne compagnie, civilité, urbanité, politesse, etc., il a des descriptions plus encore que des définitions, et qui donnent à l’esprit une idée exacte, qui lui apprennent à distinguer des expressions presque synonymes.
⁂ Notre étude pivotera tout entière autour du document humain (pathologique) et comprendra l’analyse : 1° Des qualités nécessaires à la recherche de ce document humain. […] Ier : Les qualités cliniques.
. — « Soit, dira-t-on, nous voulons bien à la rigueur qu’une œuvre soit contrainte par une analyse sévère de livrer la plupart de ses secrets, de laisser paraître au grand jour les mystères de sa nature intime et même de révéler les principales qualités de son auteur. […] Assurément non, et si le ciment qui unit les blocs est de bonne qualité, si le plan est bien tracé, le bâtiment pourra défier le temps et les tremblements de terre.
Cette Histoire réunit le ton qui convient à son sujet, & les qualités qui caractérisent un grand Historien. […] Si M. l’Abbé Ducreux, Auteur des Siecles Chrétiens, avoit un style moins inégal, ce seroit à lui qu’il appartiendroit de continuer cette Histoire, puisqu’au style près, ses Siecles Chrétiens annoncent toutes les qualités qu’on exige dans un Historien de l’Eglise.
Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M.
Là, et non ailleurs, se trouvent réunies toutes les qualités à la poursuite desquelles on s’efforçait depuis une cinquantaine d’années. […] Telles sont aussi quelques-unes des qualités de Bossuet. […] et puis vous avez d’autres qualités, mais vous n’avez pas pour vous ce style, le style abondant, fluide, et enveloppant du Père Malebranche. […] Mesnard, Étude sur le style de Racine]. — Autres qualités du style de Racine ; — harmonie, mouvement, couleur, plasticité [Cf. […] — Ses qualités réelles de vivacité, de souplesse et d’éclat ; — et qu’autant ou plus que les siennes, elles sont les qualités de la langue de son temps ; — celles que l’on retrouve dans le Crispin ou dans Le Diable boiteux de Le Sage, 1707 — ou dans les Mémoires de Gramont, 1713.
Eh bien, cette qualité moyenne de Casimir Delavigne est marquée adroitement dans tout le discours de M. Sainte-Beuve et y règne comme une veine continue, en même temps que les qualités morales et affectueuses du poëte y sont rendues avec relief, avec émotion.
Il est vrai qu’il possédoit éminemment ces deux qualités de l’Orateur, & que personne n’avoit porté aussi loin cette derniere, dont on avoit eu longtemps la simplicité de croire que notre langue étoit peu susceptible. L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet.
Avec de pareilles qualités, le critique existe déjà, — mais il ne sera tout à fait venu que quand Dusolier y ajoutera ces principes sans lesquels la critique n’est jamais que les préférences de l’esprit d’un monsieur quelconque, plus ou moins bien doué… Le critique qui doit juger les autres ne peut avoir de scepticisme, car la première qualité du juge, c’est la plus inébranlable certitude qu’il est dans le droit.
Il fut fait ensuite gouverneur de Guilan (Guylân) qui est une province voisine, et fut employé en qualité de général et de commissaire général en plusieurs emplois très-importants. […] Ses filles furent vendues publiquement ; ses fils furent faits eunuques, et donnés en qualité d’esclaves à un seigneur qui avait autrefois servi leur père. […] C’est par cette allée qu’on fait passer les ambassadeurs pour aller à l’audience, et les autres étrangers de qualité aussi, afin qu’ils voient cette pompe merveilleuse. […] Un nommé Mirza Mughim était alors bibliothécaire, qui est celui qu’Abas II envoya en qualité d’ambassadeur au roi de Golconde l’an 1657. […] J’en demandai permission à la cour, l’an 1675 ; il fut ordonné au gouverneur d’Ispahan de m’en faire donner une, en tel endroit que je voudrais, en qualité de marchand du roi.
A-t-elle donné au style des qualités qui lui manquaient ? […] Nous voulons la prendre telle qu’elle est, mélangée de qualités et de défauts, de vertus et de vices. […] Oui, nous savons que nous sommes des corps, et qu’en cette qualité nous sommes soumis aux lois qui régissent l’animalité tout entière. […] La vérité est qu’il a des qualités incontestables. […] Nous pourrons çà et là apprécier des qualités éparses, disséminées, mais l’unité de l’œuvre sera absente, en conséquence l’œuvre elle-même.
Chez les Grecs & chez les Romains, comme aussi chez les Anglois, & généralement dans toutes les républiques où l’on est continuellement occupé de grands intérêts publics, il se peut qu’on réduise toute la force de l’éloquence à sçavoir persuader & faire réussir ses desseins ; qu’on ne lui reconnoisse aucune autre vertu, parce que toutes les autres qualités doivent être subordonnées à celle-là, & qu’il est juste que le principal l’emporte sur l’accessoire : mais, en France, & partout ailleurs où le gouvernement républicain n’a pas lieu, on doit distinguer ces deux choses. […] Il fait lui-même allusion à sa qualité de fils d’un maître coutelier à Paris, dans une épigramme Latine qu’il envoya à un de ses amis, accompagnée d’un couteau & de cette réflexion : « Ce présent vous semblera plus digne de Vulcain que des Muses. […] Ce monarque, qu’on a dit avoir été dédommagé de la qualité de roi, par l’amour qu’il a pour les arts & les lettres, manda ces propres mots à ce rhéteur : Des hommes tels que vous marchent à côté des souverains.
Il y séjourna pendant l’Été, et après quelques voyages qu’il fit à Paris secrètement, il eut l’avantage de faire agréer ses services et ceux de ses camarades à MONSIEUR, Frère Unique de Sa Majesté, qui lui ayant accordé sa protection, et le titre de sa Troupe, le présenta en cette qualité au Roi et à la Reine Mère. […] L’estime dont sa Majesté l’honorait augmentait de jour en jour, aussi bien que celle des Courtisans les plus éclairés ; le mérite et les bonnes qualités de Monsieur de Molière faisant de très grands progrès dans tous les esprits. […] Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme.
Ce sont là des qualités, sans doute, mais s’il l’a eue, la palpitation n’y est plus. […] Nous savons bien (et c’est là une histoire éternelle) qu’il a les défauts de ses qualités, et nous, comme d’autres, nous pourrions les lui reprocher. […] Les qualités de l’auteur du Tableau de la littérature avant Corneille et Descartes sont viriles.
Il a beaucoup écrit, sans être un écrivain, sans avoir aucune des qualités éclatantes ou des prétentions plus ou moins justifiées de ceux dont la vocation est d’écrire. […] Vaublanc avait, sans plus (mais c’est assez pour la meilleure des gloires que puissent avoir des hommes), toutes les qualités des races militaires. […] Ainsi, il y a au commencement de ses Mémoires un grand morceau sur le cardinal de Richelieu, dont l’administration lui semble la cause première de la Révolution française, et ce long morceau d’une plume de si grand sens, a tout le chimérique du parti pris et l’ambitieux du système ; mais il est dans la logique de l’esprit de Vaublanc qui, en sa qualité d’homme d’action exagère dans l’histoire l’action des hommes et ne voit qu’eux.
un malheur si rare, parce qu’il avait, comme homme, les qualités que Boileau reconnaissait en Chapelain, est-ce une raison pour que la Critique ne porte pas un regard calme sur les œuvres qu’il a laissées, et ne demande pas à ces œuvres la justification des regrets exprimés par ceux-là qui ne disaient pas grand’chose de M. […] Mais la verve, qui est le mouvement de l’esprit, et qui donne chaud comme tout mouvement, est une qualité, sans doute, mais la dernière qualité du talent.
Il n’en est aucun pourtant qui ait plus réfléchi que lui sur cet idéal, qui se soit plus appliqué à le définir, à en fixer les conditions, à disserter sur l’ensemble des qualités qui le composent, et à les enseigner en toute occasion. […] Toutes ces belles qualités me furent un jour représentées par notre excellent ami monsieur de Balzac avec toute la pompe de son éloquence. » Cette pompe ne déplaisait pas au chevalier ; il en tenait lui-même, et, sous ses airs d’homme du monde, il avait du collet-monté , comme disait de lui Mme de Sévigné. […] Cette dernière qualité plaît surtout dans la jeunesse ; prenez garde qu’elle ne passe avec elle aussi, comme une fleur ou comme un songe. […] Si vous vouliez vous-même instruire ces messieurs, ils n’auroient que faire d’un autre précepteur ni d’un autre gouverneur pour se rendre aussi aimables par leur procédé que par leur présence… » Je supprime ici le discours de l’amoureux, dans lequel il ne manque pas de définir en détail les qualités de l’honnête homme, et de se faire valoir par là auprès de la dame en même temps qu’auprès du mari. […] Il n’en est pas ainsi de cette qualité si rare ; on se doit bien garder de dire qu’on est honnête homme, quand on le seroit du consentement des plus difficiles… On ne trouve que fort peu de ces excellents maîtres d’honnêteté, et l’on n’en voit point qui se vantent de l’être. » (Discours de la vraie Honnêteté, Œuvres posthumes.)
Il était né à Saint-Marcel d’Ardèche en Vivarais, le 22 mai 1715, d’une race ancienne et de la meilleure qualité. […] Dès ce temps-là, et à travers les compliments, toutes les critiques lui furent faites : « On me demande, dit-il dans un petit écrit en prose de 1741, comment il est possible qu’un homme fait pour vivre dans le grand monde puisse s’amuser à écrire, à devenir auteur enfin. » Et à ces critiques grands seigneurs et de qualité, il répondait « que, s’il n’est pas honteux de savoir penser, il ne l’est pas non plus de savoir écrire, et qu’en un mot ce sont moins les ouvrages qui déshonorent, que la triste habitude d’en faire de mauvais… ». […] Il dit quelques mots sur l’utilité des relations entre les gens du monde et les gens de lettres, sur les avantages qu’en avait recueillis la langue dès le temps des La Rochefoucauld, des Saint-Évremond, des Bussy ; lui, c’était bien sur le pied de leur successeur, d’homme de qualité aimant et cultivant les lettres, qu’il entrait dans la compagnie. […] Or, c’est à Venise qu’il fait son apprentissage, au moins pour les dehors, car les affaires y sont à peu près nulles : « Comme cette ambassade, remarque-t-il, est plus de parade que de nécessité, on a cru quelquefois que tout le monde y était propre, et que le premier venu y serait assez bon : en quoi on s’est grandement trompé. » Et il définit à merveille les qualités essentielles pour faire respecter dans un poste de ce genre le représentant du roi. […] La première commotion passée, il se dit avec ce bon sens et cette réflexion sans amertume dont il était pourvu et qui formait la base de son caractère : « Je n’ai plus de fortune à faire : je n’ai qu’à remplir honnêtement la carrière de mon état, et à m’acquérir la considération qui doit accompagner une grande dignité : pour cela la retraite est merveilleuse. » C’est sous cette dernière forme, non plus politique, non plus tout à fait mondaine, non pas absolument ecclésiastique, mais agréablement diversifiée et mélangée ; c’est dans cette retraite suivie et couronnée bientôt d’une grande ambassade, qu’il nous sera possible de l’étudier désormais en sa qualité de cardinal, et que nous aimerons à reconnaître de plus en plus en lui le personnage considérable, d’un esprit doux, d’une culture rare et d’un art social infini.
Robertson, qui l’attendait avec quelque crainte au règne de Julien, le félicite d’avoir si bien touché et caractérisé, dans ce fameux exemple, ce mélange bizarre de fanatisme païen et de fatuité philosophique associés aux qualités d’un héros et d’un esprit supérieur. […] Ironie, causticité rentrée, pénétration compréhensive, explication déliée et naturelle de beaucoup de faits qu’il réduit à paraître simples, d’extraordinaires qu’ils avaient semblé, ce sont ses qualités, dont quelques-unes touchent à des défauts. […] Il écrit à son vieil ami Deyverdun, à Lausanne, pour le consulter, pour le tâter à ce sujet, et pour voir si, en qualité de vieux garçons, ils ne pourraient pas compléter leurs existences dépareillées en les mariant ensemble. […] J’ai cru toujours, depuis que je vous ai connu, que vous étiez destiné à vivre heureux par les plaisirs du cabinet et de la société ; que toute autre marche était un écart de la route du bonheur, et que ce n’étaient que les qualités réunies d’homme de lettres et d’homme aimable de société, qui pouvaient vous procurer gloire, honneur, plaisirs, et une suite continuelle de jouissances. […] Je l’ai vue dans toutes les saisons et dans toutes les humeurs, et, quoiqu’elle ne soit point sans défauts, ils sont plus que balancés par ses bonnes qualités.
En attendant, il entra dans le monde et se mit à vivre de la vie la plus répandue et la plus diversement amusée : il allait d’abord dans le monde de la finance, où se rencontraient toutes sortes de gens de qualité ; il voyait beaucoup les coryphées de la littérature, La Motte, Rousseau, La Faye et bien d’autres. […] Hénault, sur son siège, pouvait sourire et jouir à bon droit du succès de sa pièce : elle avait mieux réussi cette fois que Cornélie, et les acteurs étaient de première qualité. […] Tant de talents soutenus ou plutôt rendus utiles par des qualités plus précieuses encore, par la douceur de vos mœurs, par la sûreté de votre commerce, par la conciliation que vous apportez aux affaires, par la pénétration aussi vive que réfléchie dont vous les démêlez, par l’attention que vous avez et qui est si nécessaire, en persuadant les autres, de leur laisser croire que vous ne pensez que d’après eux ; enfin par tout ce qui réconcilie les hommes de mérite avec ceux qui pourraient en être jaloux : voilà ce qui fait souhaiter de vous avoir pour confrère, et, si j’ose parler de moi, voilà ce qui rend votre amitié si désirable. […] Et puis il se mit à faire le panégyrique de Mme de Castelmoron, et toujours en comparant ses excellentes qualités aux vices de Mme Du Deffand. […] Les Mémoires du président nous le présentent sous un jour favorable avec ses meilleures qualités sociales, et quoiqu’ils n’aient pas tout l’intérêt qu’on en aurait pu attendre, ils serviraient aujourd’hui sa réputation, ils la rajeuniraient aux yeux de tous, s’ils avaient été publiés comme ils auraient pu l’être.
Nous demandons la permission, ayant à parler de lui, d’en rester à nos propres impressions déjà anciennes, fort antérieures à des débats récents, et de redire, à propos des volumes aujourd’hui publiés, et sauf les applications nouvelles, le jugement assez complexe que nous avons tâché, durant plus de vingt ans, de nous former sur son compte, de mûrir en nous et de rectifier sans cesse, ne voulant rien ôter à un grand esprit si français par les qualités et les défauts, et voulant encore moins faire, de celui qui n’a rien ou presque rien respecté, un personnage d’autorité morale et philosophique, une religion à son tour ou une idole. […] De son vivant, il a été parfaitement jugé et connu, tant pour ses bonnes qualités que pour ses défauts, pour ses belles et charmantes parties que pour ses folies et ses détestables travers, par des personnes de sa société, et, jusqu’à un certain point, de ses amis. […] On s’est laissé reprendre à tant de qualités de vive justesse, de raison railleuse et de grâce. […] L’accident au fond venait de lui : il tenait à un défaut et à une qualité. […] La qualité était une passion souvent sincère et la conviction sur des points qui intéressaient l’humanité.
Le maniement des hommes, le tact, ne fut jamais sa qualité distinctive : Moi qui écris ceci, dit-il quelque part, j’ai pensé être détrôné en intendance, ou du moins j’ai été dégoûté de gouverner davantage par un hôtel de ville d’une grande ville où je voulais leur plus grand bien ; mais j’y allais, étant jeune alors, sans flegme ni expérience, avec brutalité et offense contre le torrent ; je respectais mal leurs usages ; je ne regardais pas leur bien patrimonial comme étant à eux ; je maltraitais le prévôt qui était l’homme du peuple, quoiqu’un coquin. […] » — Telle était déjà la France, au sortir des mains de Louis XIV ; l’entreprenant Écossais nous louait là d’une qualité qui est bien souvent notre défaut, de la condition de célérité et de vigueur qui est aussi notre péril, mais qui tant de fois aussi a fait de l’action française un prodige. […] Les intérêts de son ambition personnelle affectent singulièrement la qualité et la sensibilité de son baromètre. […] Mme de Sévigné, au moment où le roi venait de la faire danser, disait à son voisin en se rasseyant : « Il faut avouer que le roi a de grandes qualités ; je crois qu’il obscurcira la gloire de tous ses prédécesseurs. » Quand M. […] M. le Cardinal (et je pense de même) a une politique plus bourgeoise qui va à la bonne économie, à l’ordre, à la tranquillité ; reste le choix ingénieux des moyens pour ce bonheur, l’activité et la fermeté pour y aller, et malheureusement les hommes n’ont pas tout ; mais, dans ce déficit, on aura toujours raison de préférer les qualités du cœur à celles de l’esprit, et la vertu aux talents, pourvu que la disette des talents n’aille pas à l’imbécillité.
Cette débutante m’avait échappé et ne méritait pas une pareille indifférence : après Mlle Mars, il n’y a point d’ingénuités qu’elle n’égale ou ne surpasse ; elle n’est pas niaise comme il arrive quelquefois aux innocentes des autres théâtres, elle n’est que franche et naïve ; l’accent juste, vrai, une excellente tenue, beaucoup d’aisance, de simplicité, de naturel ; que de bonnes qualités presque enfouies à ce théâtre ! car Mlle Desbordes joue et débite très bien, mais elle ne chante pas ; elle n’a point de voix : il faudra que les musiciens renoncent, en sa faveur, à leur science, à leur harmonie ; que l’orchestre s’humilie et s’anéantisse : on lui composera exprès des demi-vaudevilles qui seront bien plus agréables que ces grands airs, aussi fatigants pour les auditeurs que pour les cantatrices. » Elle possédait toutes les qualités distinguées et fines ; mais, à lire cet éloge même, on prévoit que la force physique, l’étoffe matérielle qui est la doublure essentielle de ces qualités et qui les porte, pour ainsi dire, dans tout leur relief, fera un peu défaut. […] que sont devenues ces mille bonnes qualités qu’on lui reconnaissait, et qui me rendaient fière d’être de la paroisse Saint-Eustache ? […] Laissez à chacun son humeur sauvage, et vous, Français, gardez vos brillantes qualités.
Ici, dans ces Œuvres, c’est l’homme au contraire qu’on saisit, c’est la nature et la qualité de l’esprit encore plus que celle du talent, c’est la personne morale. […] S’il fallait nommer à distance, parmi les membres de cette grande Assemblée, l’orateur qui la représenterait le plus fidèlement depuis le premier jusqu’au dernier jour, dans sa continuité et sa tenue d’esprit, dans sa capacité, dans son éclat, dans ses fautes, dans son intégrité aussi et dans l’œuvre de sa majorité saine, ce ne serait ni Mirabeau, trop grand, trop corrompu, enlevé trop tôt, qu’on devrait choisir, ni Maury, le Mirabeau de la minorité, ni La Fayette, trop peu éloquent, ni d’autres ; ce serait, pour l’ensemble de qualités qui expriment le mieux la physionomie de l’Assemblée constituante, ce jeune député du Dauphiné, Barnave. […] J’ai toujours regardé comme une des premières qualités d’un homme la faculté de conserver sa tête froide au moment du péril, et j’ai même une sorte de mépris pour ceux qui s’abandonnent aux larmes quand il faut agir. […] La popularité de Barnave n’était encore qu’à demi entamée, quand il fut choisi avec La Tour-Maubourg et Pétion, en qualité de commissaire de l’Assemblée, pour ramener à Paris Louis XVI fugitif, qu’on venait d’arrêter à Varennes. […] Mais en ce qui est de la France, de la connaissance des partis, du jeu des divers éléments, de leur qualité et de leur force relative, il est juge excellent.
Notre prose s’y montre déjà avec des qualités simples, droites et naturelles qui lui resteront acquises, et avec des tons de grandeur épique qu’elle ne gardera pas toujours. […] Mais les Mémoires de Saint-Simon sont venus, et ils ont offert des mérites d’ampleur, d’étendue, de liaison, des qualités d’expression et de couleur, qui en font le plus grand et le plus précieux corps de mémoires jusqu’ici existant. […] On marie le duc du Maine ; M. de Montchevreuil, qui avait été son gouverneur, demeure auprès de lui en qualité de gentilhomme de sa Chambre : Montchevreuil, dit-il, était un fort honnête homme, modeste, brave, mais des plus épais. […] Devant une peinture de pareille dimension, il faut choisir ; je prendrai de préférence deux grandes scènes, pour y démontrer quelques-unes des hautes qualités de Saint-Simon. […] Après avoir ainsi épuisé avec une curiosité avide et subtile, et une richesse de langue inimaginable, toutes les formes, toutes les postures et les attitudes plus ou moins naturelles ou contraintes de cette vaste désolation de Versailles, il revient alors à ses deux princes et princesses du premier salon, et aux physionomies de première qualité qu’il nous livre également dans toutes leurs nuances.
Les vives qualités de son talent, de son cœur, de sa riche nature intellectuelle, y sont appréciées ; ses écarts y sont réprouvés, expliqués, et l’explication, à quelques égards, les atténue. […] Naturellement porté à négliger les défauts et à prendre feu pour les qualités, je suis plus affecté, disait-il, des charmes de la vertu que de la difformité du vice : je me détourne doucement des méchants, et je vole au-devant des bons. […] Et, en général, toutes les facultés d’improvisation, d’imagination pittoresque et prompte, dont il était doué ; tous ses trésors d’idées profondes, ingénieuses et hardies ; l’amour de la nature, du paysage et de la famille ; même sa sensualité, son goût décidé de toucher et de décrire les formes, le sentiment de la couleur, le sentiment de la chair, de la vie et du sang, « qui fait le désespoir des coloristes », et que, lui, il rencontrait au courant de la plume, toutes ces qualités précieuses de Diderot trouvent leur emploi dans ces feuilles volantes qui sont encore son titre le plus sûr auprès de la postérité. […] Il y a là, au milieu de ses qualités charmantes, délicieuses et suaves, une habitude d’indélicatesse et de sensualisme, un déshabillé libre et bourgeois, par lequel il est bien inférieur à cet autre grand critique des arts, Lessing. […] Le chef-d’œuvre proprement dit, la pièce achevée, définitive et complète, où le goût donne la mesure du mouvement et du sentiment, n’est pas son fait : la qualité supérieure, partout diffuse chez lui, n’est concentrée nulle part, nulle part encadrée et nettement rayonnante.
Cette volonté, telle que je la dépeins d’après un grand modèle, est la première qualité pour gouverner en chef un grand empire. […] Je conviens qu’il lui manque cependant une des qualités qui rendent le plus agréable, une certaine facilité qui donne, pour ainsi dire, de l’esprit à ceux avec qui l’on cause ; il n’aide point à développer ce que l’on pense, et l’on est plus bête avec lui qu’on ne l’est tout seul, ou avec d’autres. […] Necker étaient bien à lui, et tenaient aux qualités mêmes ou aux prétentions qui essayaient de se faire jour sous sa plume et de trouver leur expression peu habile encore. Pour donner idée de Colbert, il croyait nécessaire de tracer auparavant l’idéal d’un administrateur des finances, et il amenait cette sorte de description générale et abstraite, à l’aide d’une raison des plus subtiles : Pour faire admirer un grand ministre, quelque supérieur qu’il soit, il faut encore user d’adresse avec la faiblesse et la malice humaines ; il faut peut-être présenter ses qualités séparées de son nom et de sa personne ; car les plus grandes perfections cessent de nous étonner quand nous les contemplons dans un homme : le rapport physique que nous nous sentons avec lui détruit notre respect, et nous ne croyons point à la grandeur de ce qui nous ressemble. […] Mais lui, il n’est pas de cet avis : « Les facultés de l’esprit qui doivent former le génie de l’administrateur, pense-t-il, sont tellement étendues et diversifiées, qu’elles semblent pour ainsi dire hors de la domination de la langue. » En parcourant toutes les qualités qu’il jugeait nécessaire à l’administrateur des finances, il n’en négligeait aucune de celles qu’il croyait posséder lui-même, et il n’avait garde d’omettre « ce tact aussi fin que rapide ; ce talent de connaître les hommes, et de les distinguer par des nuances fugitives, plus subtiles que l’expression ; cet art de surprendre leur caractère lorsqu’ils parlent et lorsqu’ils écoutent… ».
L’un ne voit dans ce livre qu’une œuvre de réalisme, la peinture brutalement exacte d’un lieu et d’une classe ; les autres admirent en plus de surprenantes qualités poétiques, le don du grandiose, l’amour passionné de la force et de la masse. […] Quand il lui faut décrire un objet ou un ensemble, noter un dialogue, exprimer une idée, il ne tente pas de choisir, entre les termes exacts possibles, ceux doués de qualités communes indépendantes de leur sens, la sonorité et la splendeur comme chez Flaubert, le mouvement et la grâce comme chez les de Goncourt, la rudesse cladélienne ou la noblesse et le mystère de M. […] Zola n’a d’autre caractère spécifique que l’abondance, qualité appartenant à tous ceux qui ont frayé avec les romantiques, et, par endroits, un coloris fumeux. […] Zola ne possède aucune des qualités secondaires qui permettraient de lui attribuer de grandes aptitudes à la généralisation. […] Il a encore ce que personne n’a eu avant lui, le don d’animer ainsi, d’une vie puissante, les êtres moyens, ordinaires, sans traits exceptionnels, et sans autres qualités qu’une grande bonté et une forte volonté.
Soit cette table d’acajou vers laquelle je tourne les yeux ; quand je la perçois, j’ai, à propos de la sensation de ma rétine, une conception affirmative, qui est celle d’un quelque chose étendu, résistant, dur, lisse, faiblement sonore, d’un brun rougeâtre, de telle grandeur et de telle figure, bref d’un être ou substance, doué des qualités ou propriétés susdites. […] Par conséquent, non seulement cette possibilité particulière d’une sensation se trouve investie de la qualité de permanence, lorsque nous n’éprouvons actuellement aucune sensation ; mais encore, quand nous en éprouvons quelqu’une, les autres sensations du groupe sont conçues par nous sous la forme de possibilités présentes qui pourraient être réalisées en cet instant même. […] Chacun des états composants a été dépouillé de toute qualité et n’est plus défini que par sa position dans la série, comme plus proche ou plus lointain du moment initial ou du moment final. […] Si nous attribuons aux corps le mouvement, c’est après avoir dépouillé ses éléments de toute qualité humaine, après leur avoir ôté tous les caractères par lesquels ils étaient d’abord des sensations, en prenant soin de ne leur laisser que leur ordre relatif, leur position par rapport au moment initial et au moment final, leur succession plus ou moins prompte dans le même intervalle de temps. […] À la limite extrême de simplicité, toutes se réduiraient à des mouvements, lesquels ne seraient eux-mêmes que des séries continues de sensations infinitésimales, dépouillées de toute qualité et définissables seulement au point de vue de la quantité, c’est-à-dire par la durée employée à leur accomplissement et par la grandeur de l’effet consécutif.
» Et cette ardeur se perpétue durant trois cents pages, témoignage de qualités lyriques peu communes. […] C’est là une qualité, et nous ne leur en faisons pas reproche. […] Ce n’est pas que ses romans n’aient de fort remarquables qualités, l’Âge où l’on s’ennuie et les Pigeons d’Argile sont des livres qui ne pouvaient passer inaperçus. […] La Maison des sourires montre tout à fait ses belles qualités que l’on avait seulement devinées, Le livre de M. […] Gilbert de Voisins est encore trop de la Littérature, mais les admirables qualités qu’elles décèlent nous font espérer l’œuvre digne de l’écrivain que M.
Ils donnaient aussi trop de prix à certaines qualités extérieures qui peuvent s’acquérir indépendamment des idées ; par exemple, an nombre et à la cadence des périodes, en quoi Vaugelas faisait consister la véritable marque de la perfection des langues. […] La force de la discipline et de la foi réglait de telle sorte ces diversités, qu’au lieu de dégénérer en traits d’humeur particulière, elles restaient comme les qualités distinctes d’un être collectif. […] Il n’y faut que des qualités appropriées, la méthode, le raisonnement, la clarté, la propriété du langage, une mesure qui aille à tout le monde. […] Les mêmes qualités, un charme particulier de douceur et d’onction, font aimer les écrits de Nicole, cette autre plume de Port-Royal, et, comme l’appelle Bayle, une des plus belles plumes de l’Europe. […] Il existe deux ouvrages où cet esprit collectif, ce sacrifice de la personne qui faisaient le fond de la doctrine de Port-Royal, ont été des qualités originales : ce sont la Grammaire générale et raisonnée et la Logique.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile. […] Lorry qu’une femme de qualité disait, en le recommandant à une de ses amies : « Ce pauvre M. […] Il a dans son talent une qualité dont rien ne dispense et ne tient lieu, je veux dire la fertilité. […] Pour en revenir aux qualités littéraires de ses éloges, il n’est pas seulement touchant et affectueux, il est souvent spirituel et fin.
Il nous représente bien, en effet, avec toutes leurs qualités et dans leur bel enthousiasme, ces jeunes hommes enfants de Révolution, sortis de la classe moyenne éclairée, ces volontaires de 92, patriotes, républicains francs et sincères, mais instruits, bien élevés ; non moins opposés à tout regret et retour royaliste qu’à tout excès terroriste et au genre sans-culotte ; ces Girondins aux armées et qui n’eurent point à y commettre de faute. […] Il y a du citoyen uni en lui au guerrier ; il a dans les camps les qualités civiles. […] Et de cette même ville de Trente, après des succès auxquels il ne manquait plus que la seconde expédition dans le Tyrol allemand pour atteindre à leur plein éclat, il écrivait à son père encore, plus ambitieux que lui et qui le poussait à tous les genres d’ambition : J’ai reçu votre lettre ; vous m’y supposez bien des qualités que je n’ai pas. […] Mais que de qualités charmantes et pures en lui !
Le général Joubert, qui a commandé à la bataille de Rivoli, a reçu de la nature les qualités qui distinguent les guerriers. […] Ses belles qualités elles-mêmes, son honnêteté, sa droiture, sa candeur, la chaleur et la pureté de son civisme donnaient prise sur lui, donnaient envie et moyen aux principaux chefs des partis de le tirer à eux sous le prétexte du bien public. […] Napoléon a toujours parlé très bien de Joubert, et comme d’un ami ; son jugement, conservé tant dans ses Mémoires que dans les conversations de Sainte-Hélène, résume toute la carrière du jeune guerrier, ses services, ses mérites et ses qualités, avec cette conclusion : « Il était jeune encore et n’avait pas acquis toute l’expérience nécessaire. […] Si l’on essaye pourtant (car la pensée va d’elle-même) de se figurer ce qu’eût été Joubert devenu maréchal d’Empire, il me semble que l’illustre maréchal Suchet nous en donne assez bien l’idée : un militaire brave, instruit, progressif, un parfait lieutenant, capable de conduire à lui seul des opérations circonscrites, administrateur habile et intègre, combinant des qualités militaires et civiles, se faisant aimer même dans les pays conquis.
Après avoir rempli différentes missions et même exercé de pleins pouvoirs d’administrateur financier dans les pays conquis, il fut envoyé à Varsovie en qualité de résident français au commencement de 1811. […] Son caractère offrait la réunion des sentiments les plus généreux et des qualités les plus aimables. » Un troisième ministre important et à physionomie prononcée, qui ne jouissait à Varsovie ni d’une considération sans nuage comme Potocki, ni de la faveur populaire comme le prince Joseph, et dont le crédit avait son point d’appui à Dresde, était le ministre de la justice, comte Lubienski. — Mais je n’ai garde de m’aller enfoncer dans ce monde polonais si compliqué et si peu aisé à démêler de loin ; je n’ai qu’à caractériser la ligne de M. […] M. de Senfft, à qui Lamennais adressait quantité de lettres, publiées également dans ces dernières années, était familier avec la France où il avait assez longtemps résidé en qualité de ministre de Saxe ; il est, avec M. […] Le général Clarke, en sa qualité de gouverneur général de Berlin et de la Marche de Brandebourg, fut chargé de faire les honneurs de la ville au Corps diplomatique, et M. de Senfft, qui se lia alors avec le futur duc de Feltre, lui rend toute justice en ces termes : « Le général Clarke, qui a marqué dans la diplomatie par sa mission à Florence et par sa négociation avec les lords Yarmouth et Lauderdale en 1806, a été certainement l’un des hommes les plus intègres du Gouvernement impérial de France.
Marie, qui parut en 1831, à travers la tourmente politique, annonça aux rares lecteurs attentifs ces qualités de cœur et d’art ménagées dans toute leur grâce. […] Sous un air de gentillesse parfois adolescente et de pure grâce, ce volume de Marie annonçait donc une qualité très-certaine de force et de nerf. […] On commence par une sorte d’abandon, de vivacité et d’ardeur plus ou moins mêlée d’inexpérience, mais rachetée par bien des qualités primitives. […] L’espèce d’hymne intitulée l’Aleatico, dans laquelle le barde, comme enivré de ce vin exquis, s’écrie avec délire que, s’il était le grand-duc, il en boirait dans un grand vase étrusque, me paraît exprimer assez bien la qualité de ce recueil même, l’effet sobre et chaud de plus d’une pièce savante : deux doigts de bon vin cuit dans un grand vase ciselé.
C’est que La Fontaine a un égoïsme d’une qualité particulière, cet égoïsme des enfants, qui n’est que l’instinct naturel, que l’éducation n’a pas entamé ni complété, et dans lequel la civilisation n’a point mêlé ses complications corruptrices. […] C’est un artiste en plaisirs, qui excelle à s’en fabriquer de toutes sortes et de toutes qualités, avec tous ses sens et tout son esprit. […] Il n’y a rien d’inconscient dans son génie ; il est tout clair, avisé, réfléchi ; et il faut qu’il ait nettement conçu et la qualité de son naturel et le caractère de son idéal pour les réaliser dans des œuvres parfaites. […] Chez les uns, l’esprit est plus pincé, plus facile chez les autres ; mais, dans l’ensemble, il est sensible que la préciosité étudiée de l’âge précédent s’est résolue en distinction aisée, ou même en négligence de bel air ; décidément les qualités mondaines ne sont plus une surface, mais la nature même, et par malheur toute la nature.
C’est parmi eux qu’il s’agit pour vous de se créer des amis fidèles, sincères, qui vous aiment pour vos belles qualités, non pour vos défauts ; qui ne vous admirent point par mode, et qui sauront vous défendre contre la mode un jour, quand elle tournera. […] On peut dire qu’Alfred de Musset poète est tout entier dans Namouna, avec ses défauts et ses qualités. […] Dans les poésies qu’il produisit sous cet astre puissant, presque tous ses défauts disparaissent ; ses qualités, jusque-là éparses et comme en lambeaux, se rejoignent, s’assemblent, se groupent dans une mâle et douloureuse harmonie. […] Les défauts et les qualités sont sortis en toute licence, et la postérité aura à faire le départ.
Très jeune, M. de Rémusat s’est pris d’un goût vif pour les questions philosophiques et métaphysiques, et pour cette escrime déliée qui semble tenir à la qualité même de l’intelligence. […] Lorsqu’il eut été élu malgré lui archevêque de Cantorbéry le 6 mars 1093, pendant un voyage qu’il faisait en Angleterre (l’Angleterre alors et la Normandie n’étaient presque qu’un même pays depuis la conquête), Anselme ne trouva point en lui toutes les qualités et les ressources nécessaires à sa position nouvelle ; en gardant toutes ses vertus, il ne sut point les armer suffisamment pour les conflits et les combats du siècle ; cette haute dignité ecclésiastique de primat d’Angleterre, à laquelle il dut un surcroît de célébrité, un mélange d’éclat et de disgrâce, deux exils, des retours triomphants et bénis, et finalement sa canonisation peut-être, cette haute dignité nous le montre plutôt inférieur à lui-même et dépaysé dans les affaires, craintif, obstiné et indécis, débile sinon d’âme, du moins de caractère. […] Enfin, pour choisir le dernier et, selon quelques-uns, le plus éminent entre ces mérites d’Anselme, je dirai qu’il joignait à ses qualités de moraliste et de praticien des âmes une faculté qui en est souvent séparée, l’élévation paisible et le tour contemplatif du métaphysicien qui s’applique aux conceptions premières des choses. […] Le fait est que j’ai invariablement remarqué, pour mon compte, que s’il y a une certaine quantité et une certaine qualité d’esprits qui admettent, qui embrassent volontiers cet ordre métaphysique d’idées et croient les comprendre, il y a, pour le moins, une très grande moitié du monde, même du monde intellectuel, qui ne s’en trouve pas plus convaincue après qu’auparavant, et qui continue d’attendre la preuve après qu’on a prouvé.
C’est à la fois pour eux sa qualité et sa définition. […] Continuer, après de tels livres, à ne voir dans Gabriel Vicaire qu’une façon de « poète du clocher », ce serait vraiment tenir à trop peu de prix les qualités de finesse, d’abandon, de bonhomie délicate, de verve gracieuse et franche, répandues d’un bout à l’autre de son œuvre ; ce serait oublier surtout qu’elles ont passé jusqu’ici « pour le fonds même des poètes de bonne race gauloise », qu’elles ont servi à distinguer tour à tour nos vieux « fableors » anonymes du moyen âge et leurs héritiers directs :
On va souvent voir une dame, parce qu’il y a toujours compagnie chez elle ; que c’est un réduit de gens d’esprit et de qualité ; qu’on y parle toujours de bonnes choses, ou au moins d’indifférentes ; que l’on se fait connaître, et que l’on se met sur un pied à pouvoir se passer de jeu et de comédie, qui sont les plus ordinaires occupations des gens du siècle qui n’ont rien de meilleur à faire. […] Telle est la qualité nouvelle que la relation de Fléchier a acquise en vieillissant : ce qui, pour l’auteur devenu tout à fait grave, n’était plus qu’une bagatelle de société, ce qui a pu continuer de paraître tel en effet jusqu’à la fin du xviiie siècle, et tant que dura l’ancienne monarchie, a pris, à la distance où nous sommes, toute l’importance d’un témoignage circonstancié, d’un tableau neuf et hors de prix. […] Arrivant à son sujet principal qui est la chronique des Grands Jours, il nous montre le premier coup qui frappe sur une tête altière et imprudente, le vicomte de La Mothe de Canillac, « fort considéré pour sa qualité dans la province, et, au sentiment de tous, le plus innocent de tous les Canillac ». […] Lorsque des personnes de qualité, d’esprit et de fort bonnes mœurs, qui ne craignaient point la plus sévère justice, et qui s’étaient acquis la bienveillance des peuples, venaient à Clermont, ces bonnes gens les assuraient de leur protection, et leur présentaient des attestations de vie et mœurs, croyant que c’était unes dépendance nécessaire, et qu’ils étaient devenus seigneurs, par privilège, de leurs seigneurs mêmes. […] Nous retrouvons là très visibles et dans leur lustre des qualités et des avantages que Fléchier contribua certainement à développer et qu’il possédait lui-même avec modestie. — C’est dans les conversations de ce M. de Caumartin devenu vieux, et pendant un voyage qu’il fit chez lui au château de Saint-Ange, que Voltaire jeune se prit d’un goût vif pour Henri IV et pour Sully, dont le vieillard ne parlait qu’avec passion ; il en rapporta l’idée et même des parties commencées de sa Henriade.
Je vous indique en passant que le Suisse Muralt, notre ennemi Muralt, celui qui a fait des Lettres anglaises très défavorables à la France, Murait déteste toute notre littérature, qu’il trouve sans qualité morale, très désordonnée, très dévergondée, très déplorable, et qu’il ne fait exception que pour La Rochefoucauld, La Fontaine et Fénelon. […] Il est un classique supérieur et voilà tout ; car ma définition du classique est celle-ci : le classique est un homme qui a des qualités de romantique, car il lui faut de l’imagination, de la sensibilité ; qui a des qualités de réaliste, qui a l’observation du réel avec passion, avec une fidélité passionnée — et qui, avec cela, a du goût. […] L’homme qui est doué comme un grand romantique, et qui est doué, d’autre part, comme un grand réaliste, s’il a le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, s’il n’est pas exagéreur, s’il a toutes les qualités du romantique sans en avoir les défauts, s’il a toutes les qualités du réaliste sans en avoir les imperfections, sera un classique. […] Si ce défaut de la réalité, le poète, l’écrivain l’exagère encore, il est exagéreur dans un sens, comme le romantique l’est dans un autre Le classique sera donc l’homme qui, doué de toutes les qualités littéraires, aussi bien de celles qu’on a appelées romantiques que de celles qu’on a appelées réalistes, a, de plus, le sentiment de la vérité, le sentiment de la mesure ; et le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, c’est ce que l’on a appelé le goût. […] toutes les qualités de toutes les écoles les plus opposées, avec ce beau juste milieu qui est le sentiment de la vérité et de la mesure, et dans un goût exquis, voilà ce que La Fontaine a eu souverainement, et voilà, s’il est question d’étiquette, l’étiquette que l’on donnera définitivement à La Fontaine : c’est le grand classique le plus original que toute la littérature classique ait pu enregistrer dans ses illustres annales.
La finesse de la vision, — si avant toutes choses un critique d’art ne possède pas cette qualité, il est bien inutile qu’il se mêle d’écrire. […] À l’origine de cet art, on retrouve toujours la même qualité : la vigueur. […] Les Goncourt ont su voir, et presque tous leurs défauts ne naissent somme toute que de l’excès même de cette qualité. […] Davantage cependant l’attire le roman, et dans le roman la qualité que nous avons essayé d’analyser comporte de sérieux inconvénients. […] Et voyez comment toutes les qualités que nous aimons le plus dans Jaloux y trouvent leur compte.
Enfin le changement d’intensité entraîne toujours, même dans la sensation, un changement de qualité, un changement de contenu, de forme, de netteté ou de clarté, et aussi de ton sensitif ; il n’est donc pas étonnant que nous arrivions à distinguer tout de suite, par une différence de qualités, ce qui est perception actuelle de ce qui n’est que souvenir. […] De là encore une sphère d’intensités plus ou moins grandes et de qualités distinctives, dans laquelle viennent se ranger non seulement toutes nos impressions sensibles, mais toutes les réactions motrices correspondantes : juger et « objectiver », c’est mesurer l’intensité et la qualité de la réaction nécessaire pour répondre à une impression ; c’est avoir conscience de la force centrifuge en rapport avec la force centripète, dans une représentation ou idée quelconque. […] Ainsi, dans un fluide, les objets, selon leurs densités diverses, viennent prendre place plus ou moins loin, les uns montant, comme le liège, vers la surface, les autres tombant, comme le plomb, vers les profondeurs ; c’est le symbole de l’ordre qui s’établit de soi-même entre nos représentations non seulement selon leurs forces ou leurs qualités respectives, mais encore selon leur rapport à la volonté centrale. […] Se souvenir, c’est avoir dans cette même lumière une image vive et une image faible, semblables en qualité, différentes non seulement par l’intensité, mais encore par les relations avec les circonstances concomitantes : reconnaître son souvenir, c’est superposer les deux images, comme un géomètre superpose deux figures, et avoir conscience de leur identité partielle en même temps que de leurs contiguités différentes83.
Ce qui réussit aux unes perd les autres ; les qualités leur nuisent quelquefois, quelquefois les défauts leur servent ; tantôt elles sont tout, tantôt elles ne sont rien. […] Si les Français pouvaient donner à leurs femmes toutes les vertus des Anglaises, leurs mœurs retirées, leur goût pour la solitude, ils feraient très bien de préférer de telles qualités à tous les dons d’un esprit éclatant ; mais ce qu’ils pourraient obtenir de leurs femmes, ce serait de ne rien lire, de ne rien savoir, de n’avoir jamais dans la conversation ni une idée intéressante, ni une expression heureuse, ni un langage relevé ; loin que cette bienheureuse ignorance les fixât dans leur intérieur, leurs enfants leur deviendraient moins chers lorsqu’elles seraient hors d’état de diriger leur éducation. […] Faudrait-il pour cela combattre de tous ses efforts les qualités naturelles, et diriger toutes les institutions vers l’abaissement des facultés !
Pour avoir fait des encyclopédistes, et de toute la cuistrerie philosophique à la suite, les ennemis implacables qui se sont rués sur lui, comme la meute enragée des chiens de Diane sur Actéon, il y a dû avoir sous la plume de Fréron autre chose que ces placides citations faites par M. de Barthélemy… Admettons, si l’on veut, que cet esprit très haut eut le calme des choses très hautes, — des choses placées dans le voisinage du ciel, — admettons que ce sagittaire pour la Vérité contre l’erreur n’étendit jamais de poison sur la pointe de ses flèches, toujours est-il qu’il n’aurait pas produit de ces colères, de ces haines et de ces ressentiments personnels, s’il n’avait pas meurtri davantage les personnalités vaniteuses auxquelles il répondait en sa qualité de critique. […] L’invulnérabilité, cette qualité presque surhumaine, fut le caractère de la critique de Fréron et de sa personne, — le caractère de son caractère tout entier. […] Français comme Corneille et Racine, Fréron eut presque exclusivement la Critique française, mais pour être dans la tradition nationale du xviie siècle et de ses mœurs, il n’en voyait pas moins, par-dessus la frontière, les qualités de l’esprit d’une race différente de la sienne, et il l’a bien prouvé pour les Anglais, à qui il reconnaît « ces cris du cœur qui pour lui sont l’expression la plus certaine du génie ».
L’historien de la maison qu’elle a fondée est trop près d’elle, il a trop touché à son œuvre, — aux débris de son monument, — pour ne pas rendre justice à la hauteur de sa raison, à la fermeté de son esprit, à toutes les qualités décisives et souveraines dont elle était douée. […] Elle devait y échouer par la hauteur et le sérieux de ses qualités. […] Le calme et la solidité qui nous donnent l’idée des choses éternelles, et qui faisaient comme la substance de l’esprit de madame de Maintenon, n’attirent guères que les esprits qui savent ce que valent, et quelquefois ce que coûtent, de telles qualités.
Il ne descend pas dans cette vase saignante ; et c’est, en somme, un innocent enfantelet de livre, même dans sa conception du péché, Telles sont les qualités et les défauts de l’Imitation, que nous retrouvons aujourd’hui, avec des qualités qui s’ajoutent aux siennes dans cette langue aimable de l’Internelle Consolacion, bien préférable, selon nous, au latin décharné et abstrait de l’original. […] On a pris le ton du genre pour une qualité individuelle du livre et de l’auteur.
La qualité de son esprit est la finesse, la moins honorable de toutes les qualités, et pour cette raison généralement la plus estimée. […] Trop fin toujours, et ne pouvant être que cela quand il a du talent, il a choisi — mais pour cette fois-là sans finesse — des portraits historiques à faire pour lesquels il fallait impérieusement toutes les qualités qu’il n’a pas : la force, l’éclat, la profondeur, toutes les vaillances !
Cependant plusieurs des panégyristes qui avaient loué le père célébrèrent le fils ; mais le père fut loué à titre de grand homme et le fils trop souvent à titre de prince ; ce n’est pas que Louis XIII n’eût des qualités d’un roi, mais aucune n’eut de l’éclat. […] Flatter un jeune prince sur des qualités qu’il n’a point encore, c’est presque lui défendre de les acquérir, c’est immoler à la vanité d’un moment la félicité d’un demi-siècle. […] Les uns, frappés de ses grandes qualités de ministre et d’homme d’état, l’ont admiré sans réserve.
— Que le second mérite du Menteur est d’être une comédie littéraire. — Le style du Menteur, et, à ce propos, de la qualité du style de Corneille. — III. […] Aussi, malgré tant de qualités, ne voyons-nous pas que son Menteur, en son temps, ait obtenu un succès comparable à celui du Cid. […] Que d’ailleurs tous ces fournisseurs eussent des qualités parmi tous leurs défauts, je n’ai garde de le nier ! […] Molière aura d’autres qualités, plus tard ; il ne retrouvera plus cette allégresse qui suffirait toute seule à dater son premier chef-d’œuvre. […] Je voudrais vous y faire voir toutes les qualités de l’École des femmes, d’abord ; d’autres qualités ensuite ; et enfin, dans l’excès même de ces qualités, anciennes ou nouvelles, je ne sais quoi ; non pas de funeste, mais déjà d’inquiétant pour l’avenir de la comédie.
— Toute une moitié, et la plus réelle, de ses qualités distinctives et de ses traits saillants n’est nullement représentée dans cette manière d’écrire. […] Alloury accorde à Mignet pour son éloge de Portalis (Journal des débats du 30 mai 1860) entre autres qualités, l’atticisme. […] L’atticisme, chez un peuple, et au moment heureux de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu’à celui qui écrit. […] ne pas choisir le nom opposé à la qualité ! […] Il est aujourd’hui aux cimes de la popularité, et c’est surtout son courage que l’on admire, cette belle qualité française.
L’absence complète d’imagination chez La Motte semble une qualité et un mérite de plus à Marivaux : « La composition de M. de La Motte tient de l’esprit pur, dit-il ; c’est un travail du bon sens et de la droite raison ; ce sont des idées d’après une réflexion fine et délicate, réflexion qui fatigue plus son esprit que son imagination. » Il le félicite d’être parfaitement étranger à l’enthousiasme, de ne se laisser jamais emporter, comme quelques autres, à un train d’idées ordinaires et communes, montées sur un char magnifique ; il lui accorde une vivacité toute spirituelle, d’une espèce unique et si fine qu’il est donné à peu de gens de la goûter. […] Lui qui a si bien démêlé les ruses, les tours et retours de l’amour-propre, ne s’apercevait-il donc pas qu’en plaçant si haut le mérite d’une sagacité fine, il dressait à l’avance un autel à la qualité que lui-même possédait à un si remarquable degré, et que par conséquent il prisait le plus ? […] À ses yeux il n’y a pas de grands hommes proprement dits : Il n’y a ni petit ni grand homme pour le philosophe : il y a seulement des hommes qui ont de grandes qualités mêlées de défauts ; d’autres qui ont de grands défauts mêlés de quelques qualités : il y a des hommes ordinaires, autrement dits médiocres, qui valent bien leur prix, et dont la médiocrité a ses avantages ; car on peut dire en passant que c’est presque toujours aux grands hommes en tout genre que l’on doit les grands maux et les grandes erreurs : s’ils n’abusent pas eux-mêmes de ce qu’ils peuvent faire, du moins sont-ils cause que les autres abusent pour eux de ce qu’ils ont fait. […] En sortant de l’église, Marianne, qui entend venir derrière elle un carrosse, se hâte, tombe et se foule le pied ; un jeune homme de qualité qui l’a fort remarquée à l’église, celui même à qui appartient le carrosse, se trouve là tout à point pour la secourir, pour la faire conduire chez lui à deux pas.
Je crois que le marquis d’Argenson était médiocrement propre à l’être, tandis que le comte l’a été fort dignement et avec assez d’éclat pendant des années : celui-ci avait certes quelques qualités supérieures et des parties brillantes. […] Il s’y montre lui-même par contrecoup mieux que partout ailleurs, et il plaide indirectement pour ses propres qualités et un peu aussi pour ses défauts ; continuant donc son monologue et ce parallèle secret entre son frère et lui : Qui prendra, dit-il, pour des affaires sérieuses son choix à la figure, aux airs importants, au discours spirituel, et au bon air dans la dépense et dans le maintien, fera toujours une mauvaise affaire ; ce n’est là que la superficie, et même la perfection de cette superficie a dû nécessairement prendre sur le fond, et être faite à ses dépens. […] Or rien n’est si à propos que de s’attirer dans le monde la même espèce de considération par où sa race est connue ; il y faut conserver les qualités comme le nom et les armes : d’où je conclus que nous sommes bien étrangers dans le monde par l’intrigue de Cour, et par ce machiavélisme italien qui réussit peu dans les grandes choses, ou y succède mal tôt ou tard. […] Je me bornerai à dire avec lui : « N’ayant aucune intrigue à la Cour, il est aisé de sentir ce qui en arrive : tout ce qu’on fait de bien est peu senti, ou est attribué à d’autres, et la moindre faute qu’on peut faire devient un crime qui vous met à découvert. » Et à un autre endroit, trouvant à son fils M. de Paulmy, alors ambassadeur en Suisse, quelques-unes des qualités de mesure, d’insinuation et d’adresse qu’il n’avait pas, il dit, par un retour sur lui-même et en indiquant le contraste : « Il loue…, il approuve, il sait réduire ses idées et les diminuer quand il faut ; on est bien heureux d’être de cette souplesse, car il faut plaire pour réussir ; les hommes sont plus difficiles que les affaires 20 ». […] Il faut donc se battre les flancs pour leur trouver des qualités, les louer pour ce qu’ils ont, se taire sur ce qui leur manque : tels seront les flatteurs de probité et qui mèneront au bien par ce radoucissement, qui pareront la vertu des attraits de la volupté.
Il était bon, bienfaisant, il aimait à donner, et il ne voyait là qu’une qualité et un don de la nature et de Dieu : « Les hommes généreux craignent de dépenser et aiment à donner, ils se privent avec délices et se donnent (à eux-mêmes) avec chagrin. […] D’Argensen a écrit sur Cromwell de fortes pages où, en reconnaissant ses qualités, il s’attache à flétrir son hypocrisie, son machiavélisme, et ne peut se décider même à lui tenir compte des services rendus par lui à son pays : « Les hommes, dit-il, ne lui en avaient aucune obligation ; jamais homme n’a plus haï l’humanité et toute vertu gratuite. » À côté de ces pages moralement fort belles et qui méritent d’être lues telles qu’elles sont, il retombe dans des bonhomies de jugement. […] Lui, il était plutôt un adversaire de la noblesse, bien que la sienne fût bonne, et il n’entrait pas dans les doléances qu’il entendait faire autour de lui : « Les gentilshommes, disait-il, qui se plaignent en leur qualité de n’être pas assez accommodés des biens de la fortune, sont de pauvres brochets de l’étang qui n’ont pas assez de carpes à manger ; non, il n’y a à plaindre que ceux qui manquent selon la nature. » D’Argenson aimait à la fois la royauté et le peuple ; il voulait le bien du public, sans être pour cela républicain : « Les républiques n’ont point de tête ; les monarchies n’ont bientôt plus de bras, car la tête les énerve. […] M. de Paulmy, ce noble amateur de livres, dont aucun homme de lettres ne doit parler qu’avec estime et respect, avait des qualités assez différentes de celles de son père : spirituel, sage, discret, insinuant, avec une nuance de douceur que le père, dans sa rudesse, appelait doucereuse. […] Il ne la juge pas trop mal ni trop défavorablement ; sauf sa dévotion qu’il ne lui passe pas, il lui reconnaît des qualités solides, même de la bonté : « Enfin nous composerions bien, dil-il en concluant, pour ne voir jamais à la Cour d’autres reines ni d’autres favorites que faites comme celle-ci. » 2.
Pasquier, lorsqu’il commença sa carrière de député dans la Chambre de 1815, n’était connu encore que par son habileté administrative et par ses qualités d’homme du monde et de société ; il sortait tout récemment du ministère où la confiance du roi l’avait appelé dès la seconde rentrée, et il tint même, pendant toute la durée, fort courte d’ailleurs, de ce premier Cabinet présidé par M. de Talleyrand, le double portefeuille de la justice et de l’intérieur, ce dernier à titre provisoire seulement. […] Mais les qualités qui le distinguaient allaient se déployer bientôt avec plus d’éclat dans son rôle de député. […] Sa longue et belle existence permit à toutes ses qualités, je l’ai dit, de se développer à leur avantage et à leur honneur ; il usa, à force de durer et de vivre, toutes les critiques dont il avait été l’objet, et celles qui étaient injustes, et celles qui n’étaient que transitoires. […] Mais ces défauts mêmes sont des garanties, et, quand on a un peu de patience et du temps, on peut se confier aux impressions qui résulteront à la longue de la lecture d’un livre où l’estimable auteur a su apporter bien des qualités de fond, et les plus essentielles, les plus indispensables à ce témoin et rapporteur véridique qui s’appelle un historien. » 42. […] Imposé à l’Université, en qualité d’inspecteur général, dans le temps du triomphe de la Congrégation, il s’y rendit, célèbre d’emblée, et y prit ses grades par une bévue : il crut et il fit imprimer dans je ne sais quel de ses livres que Romulus, après une victoire, avait, consacré Jupiter les armes d’un certain roi Férétrius.
On l’a dit, dans sa délicatesse première, elle est presque une qualité de l’âme et une vertu. […] Cette intelligence secrète et sentie que n’ont pas eue tant d’estimables historiens, pourtant réputés à bon droit critiques, ce don, cet art particulier dont la sobre magie se dissimule à chaque pas, qui ne convertit pas tout en or, mais qui rend à tout ce qu’il touche la qualité propre et la vraie valeur, tient de très-près à l’esprit poétique, modéré et corrigé comme je l’entends. […] Il est bon d’avoir ainsi deux qualités opposées, et comme deux points de départ distants ; cela fait l’entredeux qu’exige Pascal, et donne une base certaine pour prendre la haute mesure des choses. […] Mais prenons garde en même temps de méconnaître une qualité essentielle, la qualité même, j’entends le sobre et le fin.
Elle reste « la volonté », admirable par le degré d’intensité, abstraction faite de la qualité, de la forme des actes. Et ce spectacle a sa moralité, très particulière et de qualité supérieure. […] Même dans ses œuvres lyriques — il y a de belles choses dans son Imitation ou dans son Office de la Vierge — les qualités ordinaires du style lyrique, richesse des images, délicatesse des sonorités, ne se rencontrent guère : là encore les éléments concrets, sensibles, pittoresques font à peu près défaut. Il reste le rythme, le rythme pur, séparé du son, dont la qualité est ordinaire ; et le rythme, c’est le mouvement : le lyrisme de Corneille, ce sont des pensées en mouvement, qui se pressent, s’élancent, enlèvent la stance ou la strophe ; et c’est la sensation expressive de ce mouvement abstrait que le rythme nous communique. […] Il a gardé ses défauts, son insouciante improvisation, ses négligences, mais ses qualités aussi, une imagination et une sensibilité lyriques, qui, dans certaines scènes pittoresques ou mélancoliques, donnent une saveur tout à fait originale à ses pièces.
A certains jours on s’amuse à esquisser des « caractères », des « portraits », à condenser en maximes piquantes l’expérience acquise dans mille escarmouches où la finesse est une qualité obligatoire ; et qui pourra croire qu’un La Rochefoucauld, un La Bruyère, un Marivaux n’ont rien dû à cette habitude d’observer et de disséquer les âmes ? […] Voltaire a soin d’amputer le caractère de son principal personnage des qualités qui pouvaient nuire à sa dignité. […] Le désir de plaire au monde a poussé maintes fois écrivains et orateurs à sacrifier les qualités fortes et solides aux qualités douces et brillantes. […] Il perd alors ses qualités sans gagner celles des femmes dont il se rapproche ; car jamais Hercule n’a dû filer aussi bien qu’Omphale.
Son père, Gaston, duc d’Orléans, doué de mille qualités de l’esprit, et de pas une de celles qui tiennent au cœur et au caractère, était l’âme de toutes les intrigues politiques dirigées contre Richelieu, et compromettait sans cesse des serviteurs et des amis, qu’ensuite il abandonnait. […] Les bonnes qualités de Mademoiselle percent déjà : elle aura de l’humanité malgré ses préjugés de race, de la fidélité à ses amis dans leurs diverses fortunes, de la dignité. […] Mademoiselle eut de grandes satisfactions d’amour-propre durant ce séjour : « Le peuple de Paris, dit-elle, m’a toujours beaucoup aimée, parce que j’y suis née et que j’y ai été nourrie : cela leur a donné un respect pour moi et une inclination plus grande que celle qu’ils ont ordinairement pour les personnes de ma qualité. » Il résultait de cette exception des Parisiens en sa faveur qu’on laissa partir ses équipages pour Saint-Germain, et que, tandis que la reine et le roi manquaient de tout, elle avait tout ce qui lui plaisait, et qu’elle ne manquait de rien. […] Impatiente des pourparlers qui se prolongeaient, Mademoiselle se promenait devant les remparts, excitant les gens du dedans par ses gestes et ses paroles ; puis, voyant qu’il fallait plus compter sur le menu peuple que sur les gros bourgeois, elle se jeta dans une barque que des bateliers lui offraient, fit rompre une porte mal gardée qui donnait sur le quai, et par laquelle on ne l’attendait pas : quand il y eut deux planches rompues, on la passa par le trou, et la voilà introduite, de loin suivie par ses dames qui prirent le même chemin, portée en triomphe par le peuple, et en un clin d’œil maîtresse de la place : Car, lorsque des personnes de ma qualité sont dans un lieu, dit-elle au gouverneur et à l’échevinage un peu étonnés, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice : je la dois être en celui-ci, puisqu’il est à Monsieur. — Ils me firent leurs compliments, assez effrayés… Arrivée à mon logis, je reçus les harangues de tous les corps et les honneurs qui m’étaient dus, comme en un autre temps. […] Un jour de combat, il retrouvait toutes ses qualités, son humanité, toutes ses vertus ; il était dans son élément, et, comme, tous les grands cœurs alors, il était bon.
Au bien que j’en ai ouï dire, personne n’avait plus que lui les qualités éminentes et le talent de la guerre. […] Dès ce premier écrit adressé à son fils, on distingue aisément en elle et on lui reconnaît des qualités mâles, fières et fines, une manière de voir qui suppose beaucoup de discernement et d’analyse, et une manière de dire qui sort toujours du commun. […] Elle dira en définissant toujours l’amitié, et les qualités qu’elle exige, et les vices de cœur qu’elle exclut : « Les avares ne connaissent point un si noble sentiment ; la véritable amitié est opulente. » Elle dira encore, en recommandant à son fils de se méfier des plaisirs : « Se livrer à la volupté, c’est se dégrader. […] Parlant de son ami La Motte, et pour caractériser la facilité de ses dons naturels, elle dira : « Ces âmes à génie, si l’on peut parler ainsi, n’ont besoin d’aucun secours étranger. » Le comparant pour ses qualités de fabuliste à La Fontaine, et répondant à ceux qui ont sacrifié l’un à l’autre : « Ils ont cru, dit-elle, qu’il n’y avait pour la fable que le simple et le naïf de M. de La Fontaine ; le fin, le délicat et le pensé de M. de La Motte leur ont échappé. » Le pensé de M. de La Motte est curieux et bien trouvé, mais cela sent la manière. […] La conclusion littéraire sur Mme de Lambert, sur cette personne de mérite, si délicate à la fois et si bien-pensante, et qui fit de ses qualités et de sa fortune un si noble usage, a été donnée dès longtemps par un de ses autres amis que j’ai déjà nommé, le judicieux marquis d’Argenson : Ses ouvrages, écrivait-il, contiennent un cours complet de la morale la plus parfaite à l’usage du monde et du temps présent.
Il se lia avec Madame, cette charmante princesse, dont il apprécia les qualités, et dont il a tracé un vif portrait qu’a cité le président Hénault. […] Je prends donc celui que j’appelle le premier Cosnac, et j’en veux donner une idée à nos lecteurs d’aujourd’hui, qui ont un peu oublié ce que c’était alors, pour un jeune abbé de qualité, que faire son chemin à la Cour et dans le monde. […] Le duc de Bouillon, cet aîné de Turenne, et à qui Cosnac avait, comme on disait, l’honneur d’appartenir par quelque alliance, l’en dissuada, et lui conseilla de s’attacher au prince de Conti, qui pensait alors à être d’Église et cardinal, « comme étant le seul prince ecclésiastique qui pût faire la fortune d’un abbé de qualité ». […] Cosnac, à son entrée dans cette petite cour de Conti, a d’abord à essuyer plus d’un dégoût ; il n’est pas distingué du prince : Cet abbé (dit de lui Choisy), sous une figure assez basse, avait tout l’esprit, toute la hauteur et toute l’industrie d’un Gascon qui veut faire valoir les qualités qu’il n’a pas aux dépens de celles qu’il a. […] Alors, piqué sans doute de ce que je lui résistais devant tout le monde, il ajouta : « Je ne m’étonne pas, monsieur, si cela est nouveau pour vous, ce n’est pas un point de théologie. » — « Monsieur, lui répondis-je fièrement, je crois être de qualité à savoir non seulement la théologie, mais de quelle manière on vit dans le plus grand monde, et j’espère que Sa Majesté sera satisfaite lorsqu’elle saura que je n’ai rien fait qui ne soit conforme à ses déclarations, à ses règlements et à ses arrêts ; mais, comme ce sont des arrêts et des règlements faits dans un temps où vous n’aviez pas encore les emplois que vous avez aujourd’hui, je ne m’étonne pas si vous me blâmez. » — Cela dit, je me retirai.
Amédée Thierry est un historien à qualités fortes. […] Et précisément, malgré des qualités incontestablement éminentes, la supériorité de M. […] malgré ces qualités et cet avantage de son frère, M. […] Il a cette nette supériorité de la forme qui rompt, d’un coup, toutes les égalités et passe par-dessus bien des qualités très réelles, même des qualités nécessaires.
Laya : « Ce que vous appelez mon affectation (dans le style) est mon naturel. » J’ajouterai que cet homme bouillant et brillant, qui portait toutes ses qualités en dehors et qui les avait aussi en dedans, avait une véritable modestie littéraire sous un air de faste, de même qu’il disait avoir eu une timidité première à vaincre avant d’arriver à toute sa hardiesse. […] Homme aimable, esprit conciliant et juste, académicien exemplaire, fidèle à tous les sentiments honorables, ami intime et constant de Béranger, il a justifié aujourd’hui tous ces titres et fait preuve des qualités qu’on estime en lui.
Elle aima les sçavans hommes surtout, les favorisant de telle sorte, que ceux de sa connoissance avoient la meilleure part en sa bonne grace, & les eut préférés à quelconque grand seigneur, & fait courtoisie à l’un plutôt gratis, qu’à l’autre pour grand nombre d’écus : qui est contre la coutume de celles de son métier & qualité*. » Louise Labbé vivoit dans la plus grande union avec Clémence de Bourges. […] Pleine de sa conquête, elle communique à son amie des vers qu’elle avoit composés pour lui ; vers où l’on lui accordoit toutes les belles qualités.
On les oublie au bout de six mois, parce que le public les a moins estimez en qualité de bonnes poësies qu’en qualité de gazettes.
» On n’a pas tort de nous mettre en garde contre l’excès du pittoresque et l’outrance des images ; qu’il y ait péril à trop viser l’originalité, nul ne le conteste ; mais que l’originalité soit néanmoins la qualité maîtresse du style, son essence même, si je puis dire, c’est de toute évidence, et l’on ne saurait s’abstenir de la recommander, sous prétexte qu’il y en a qui en abusent. On abuse des meilleures choses, on peut tourner en défauts les plus sûres qualités.
Nul, comme Pascal, n’eut ces énergies techniques, et dans une époque où la qualité des mots était merveilleuse. […] Le scrupule moral le protégea contre cet excès de ses qualités. […] Enfin il a cette qualité, précieuse entre toutes, d’être l’œuvre d’un témoin direct M. […] Ceux qui l’aiment se prennent à l’aimer dans ses défauts ; ceux qu’il rebute, à le haïr dans ses qualités. […] Il est malaisé de faire un départ et de condamner les défauts en même temps qu’on admire les qualités.
Si elles sont stables, comme la couleur d’une pierre, d’une fleur, d’un objet tangible, ce qui est le cas le plus fréquent, elles nous semblent une qualité plus ou moins permanente et fixe de cet objet. […] Il semble donc une qualité permanente dans ce groupe de possibilités permanentes que nous appelons le corps. […] Primitivement, toutes les sensations sont de simples états d’excitation perceptibles à la conscience, lesquels peuvent être différents en qualité et en degré, mais ne fournissent directement à la conscience aucune notion de lieu. […] Nous laissons là, comme disent les aveugles, toutes les circonstances et qualités intrinsèques de nos sensations ; nous n’en gardons que l’essentiel, et l’essentiel ici, c’est que, entre les deux points dont nous évaluons la distance, elles fassent une série interposée. […] On a montré comment, dans la vue, la sensation de la rétine se trouve projetée en apparence hors de notre surface sensible, pour être incorporée à l’objet qui la provoque, en sorte que la couleur, qui est un événement de notre être, nous semble une qualité de l’objet.
Comme son Des Grieux, il conserve, à travers toutes les phases et les légèretés de sa première vie, un air noble et qui sent sa qualité et son monde ; c’est l’homme bien élevé qui se marque toujours sous sa plume jusque dans l’écrivain de métier et dans l’auteur trop assujetti. […] Même quand il porte des fers et quand il est à la gêne, on sent chez Prévost l’homme de qualité, une plume de vocation libérale et non esclave. […] Rochebillère, m’a montré une édition de Manon Lescaut, portant la date de 1731 (Amsterdam), et formant le septième volume des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, édition de la même date ; mais le titre de ce septième volume pourrait bien avoir été fait après coup, et pour se conformer aux titres des volumes précédents. […] [NdA] Ou plus brièvement, comme l’a dit La Rochefoucauld : « Ce n’est pas assez d’avoir de grandes qualités, il en faut avoir l’économie. » d.
Le talent de Marivaux pour le roman s’y déploie, et l’on est tenté, par moments, de regretter qu’il n’ait pas été forcé, comme les romanciers de nos jours, à produire avec une promptitude et une abondance qui dégage la manière et qui fait courir la veine : il y aurait gagné peut-être certaines qualités dont son Paysan parvenu ne nous montre que les commencements. […] Sans trop insister sur ce point délicat et souvent obscur, il est à noter que pour bien jouer Marivaux, pour représenter tous ces rôles de femmes à la Marianne, si distingués, si délicats, si calculés, il n’est pas besoin d’une grande sensibilité de cœur, et que cette qualité serait peut-être nuisible. […] Et ici ce n’est point pour sa sincérité précisément que la marquise entend se choquer, notez-le bien : « Mais quand on a le goût faux, lui dit-elle, c’est une triste qualité que d’être sincère. » Ergaste, à son tour, à qui elle se met à dire des vérités, se fâche, et il se rejette vers Araminte, de même que la marquise revient à Dorante, qu’elle veut forcer aussi à lui dire ses défauts : Dorante, en ayant l’air d’obéir, choisit si bien les deux ou trois défauts qu’il lui reproche, que cela devient une flatterie nouvelle et des plus insinuantes. […] C’est une qualité dans un amant bien traité que d’être d’un caractère exactement constant ; mais ce n’est pas une grâce, c’est même le contraire… En amour, querelle vaut encore mieux qu’éloge.
Doué aussi de qualités extérieures imposantes, d’une grande force communicative, de moyens d’action et d’autorité sur les autres, ne se laissa-t-il pas entraîner de ce côté beaucoup plus qu’il n’aurait fallu ? […] Arago a été, dans quelques-uns de ses premiers travaux élevés, l’un de ceux qui purent réclamer sans crainte le suffrage de ces huit ou dix juges, et il l’a obtenu : mais ce suffrage lent, froid et grave, émané des seuls êtres pensants, ne pouvait lui suffire dans l’habitude, et les qualités de l’expositeur habile, puissant, infatigable, toujours écouté et souvent applaudi, se substituèrent insensiblement en lui à celles de l’inventeur, de celui qui gravit seul les sommets encore inexplorés. […] La notice sur Fresnel, qui ouvre la série des biographies dans le premier volume, celles qui suivent, sur Fourier, sur le docteur Young, sur Watt, sont pleines de qualités substantielles et procurent de l’instruction. […] Il me semble, à lire ces éloges qu’ont donnés au grand mécanicien Watt les meilleurs critiques littéraires de son pays, qu’il y avait là occasion tout naturellement de montrer par cet exemple qu’aucune incompatibilité absolue n’existe entre les dons du génie industriel et les qualités de culture classique excellente.
De grandes et incontestables qualités de guerrier y apparaissent, même à ceux qui sont le moins du métier. […] Tantôt ils se flattent de ne rien devoir qu’à leur mérite, à leur vertu, sans rien laisser au hasard ; tantôt ils sont plus fiers de paraître tout devoir au hasard qu’à leurs qualités propres : c’est qu’il semble alors qu’un génie suprême, l’âme même des astres et de l’univers s’occupe d’eux, — change et incline l’ordre général pour eux. […] Cependant Villars s’attachait de plus en plus à l’électeur de Bavière ; il eut ordre de le suivre à Munich, et put prendre auprès de lui la qualité d’envoyé extraordinaire de la Cour de France : il alarma par ses progrès celle de Vienne, qui envoya, pour le contrecarrer, ses meilleurs hommes d’État, de ceux qu’il aura plus tard à combattre comme généraux. […] Les maréchaux de Lorges, de Choiseul, de Joyeuse, toute cette monnaie de M. de Turenne, paraissent au-dessous des commandements supérieurs, auxquels le courage seul et les qualités secondaires ne suffisent pas.
Cependant le capitaine Marolles avait quitté sa compagnie des Cent-Suisses et était passé au service de la maison de Nevers, en qualité de gouverneur du jeune duc de Rethelois. L’abbé de Marolles se vit donc naturellement introduit à l’hôtel de Nevers, et il y fut très favorablement accueilli de l’aînée des filles, la princesse Marie de Gonzague, la future reine de Pologne, « qui se pouvait dès lors appeler la gloire des princesses de son âge par la beauté de sa personne et par les excellentes qualités de son esprit ». […] Ce n’était qu’un abbé de qualité, amateur de science et de lecture, habile aux généalogies, et sur le meilleur pied à l’hôtel de Nevers. […] En sa qualité de Tourangeau, il a suscité ses fidèles dans quelques-uns de ses compatriotes.
Biot comme un savant doué au plus haut degré de toutes les qualités de curiosité, de finesse, de pénétration, d’exactitude, d’analyse ingénieuse, de méthode et de clarté, de toutes les qualités enfin essentielles et secondaires, hormis une seule, le génie, je veux dire l’originalité et l’invention. […] Sa longue et studieuse vieillesse, l’emploi actif, constant, animé, ingénieux, qu’il fit jusqu’à la fin de ses facultés excellentes, achevèrent de mettre tant d’heureuses qualités dans leur plus beau jour, et lui ont justement mérité le titre qui lui a été décerné de vieillard illustre. […] Biot, rétabli, se retrouve peu après en qualité d’élève, et des plus zélés, à l’École polytechnique, une belle fondation de la Convention délivrée, et qui, avec l’établissement de l’École normale, honore à jamais le génie de cette première époque restauratrice, où l’esprit humain revenu à peine d’une terrible oppression n’avait pourtant rien perdu encore, comme cela se vit plus tard, de sa hardiesse et de sa grandeur.
Mais la nature humaine est moins simple, l’histoire des nations est d’une formation plus dure et plus rebelle, le bien et le mal y sont moins aisés à démêler, à produire ou à corriger, que cette théorie ne le suppose ; et si fâcheux souvent qu’ils soient, si à charge ; qu’on les trouve pour les inconvénients dont ils font payer leurs qualités, on n’est pas, encore arrivé, dans notre Europe du moins, à rendre inutiles pour le gouvernement des États les grands caractères et les grands hommes. […] Elle est encore plus particulièrement un résultat des qualités, du caractère et de la conduite personnelle. « Pour rendre ceci plus palpable, j’en ferai le syllogisme suivant : « Les qualités et le caractère seront la majeure ; « La conduite, la mineure ; « La fortune ou l’infortune, la conclusion. […] Le comte Gyllenbourg lut le portrait et le lui rendit, en l’accompagnant d’une douzaine de pages de réflexions, par lesquelles il tâchait de fortifier en elle tant l’élévation de l’âme et la fermeté que les autres qualités du cœur et de l’esprit : « Je lus et relus plusieurs fois son écrit, je m’en pénétrai, et me proposai bien sincèrement de suivre ses avis.
Étienne, et dans Molière la qualité de poëte ne me paraît inférieure à aucune autre ; mais je me garderai bien d’accuser le spirituel auteur des Deux Gendres de vouloir renverser l’autel du plus grand maître de notre scène. […] Si maintenant l’on m’objecte que cette théorie conjecturale serait admissible peut-être si Racine n’avait pas fait Athalie, mais qu’Athalie seule répond victorieusement à tout et révèle dans le poëte un génie essentiellement dramatique, je répliquerai à mon tour qu’en admirant beaucoup Athalie, je ne lui reconnais point tant de portée ; que la quantité d’élévation, d’énergie et de sublime qui s’y trouve ne me paraît pas du tout dépasser ce qu’il en faut pour réussir dans le haut lyrique, dans la grande poésie religieuse, dans l’hymne, et qu’à mon gré cette magnifique tragédie atteste seulement chez Racine des qualités fortes et puissantes qui couronnaient dignement sa tendresse habituelle. […] Le style de Racine convient à ravir au genre de drame qu’il exprime, et nous offre un composé parfait des mêmes qualités heureuses. […] D’où il résulte aussi que vouloir ériger ce style en style-modèle, le professer à tout propos et en toute occurrence, y rapporter toutes les autres manières comme à un type invariable, c’est bien peu le comprendre et l’admirer bien superficiellement, c’est le renfermer tout entier dans ses qualités de grammaire et de diction.
Or ces facultés résident en lui d’une façon stable ; par elles, il sent, il se souvient, il perçoit, il conçoit, il combine des images et des idées, il est donc une cause efficiente et productrice. » — On arrive ainsi à considérer le moi comme un sujet ou substance ayant pour qualités distinctives certaines facultés, et, au-dessous de nos événements, on pose deux sortes d’êtres explicatifs, d’abord les puissances ou facultés qui les éprouvent ou les produisent, en suite le sujet, substance ou âme qui possède les facultés162. […] Rien de plus. — Par malheur, de cette particularité qui est un rapport, nous faisons, par une fiction de l’esprit, une substance ; nous l’appelons d’un nom substantif, force ou pouvoir ; nous lui attribuons des qualités ; nous disons qu’elle est plus ou moins grande ; nous l’employons dans les discours comme un sujet ; nous oublions que son être est tout verbal, qu’elle le tient de nous, qu’elle l’a reçu par emprunt, provisoirement, pour la commodité du discours, et qu’en soi il n’est rien, puisqu’il n’est qu’un rapport. […] Il n’y en a plus que deux aujourd’hui, le moi et la matière ; mais jadis il y en avait une légion ; alors, pendant l’empire avoué ou dissimulé de la philosophie scolastique, on imaginait, sous les événements, une quantité d’êtres chimériques, principe vital, âme végétative, formes substantielles, qualités occultes, forces plastiques, vertus spécifiques, affinités, appétits, énergies, archées, bref un peuple d’agents mystérieux, distincts de la matière, liés à la matière, et que l’on croyait indispensables pour expliquer ses transformations. […] Les forces prennent la matière, la conforment et s’annoncent en se peignant à sa surface par leurs effets, se signifient et s’interprètent par les qualités qu’elles imposent à la matière… La véritable cause qui meut le cœur, l’estomac, les organes, est extérieure et supérieure à ces organes. » (Jouffroy, Esthétique, 132,145 ; Nouveaux mélanges, 233 à 273.)
Que l’on note encore le chapitre de A Rebours, où, par une boueuse nuit d’automne, le duc erre par tout le quartier anglican de Paris, des bureaux de « Galignani » à la taverne de la rue d’Amsterdam dans Les Sœurs Vatard, le tumultueux intérieur d’atelier de femmes par un matin de paye après une nuit blanche, la plaisante énumération des manques de tenue de l’ouvrière Céline devenue la maîtresse d’un monsieur à chapeau de soie le bruissant tableau des Folies-Bergère dans les Croquis parisiens, et les vues en grisaille de certains sites dolents de la banlieue enfin, dans tous ses livres, cette qualité que M. […] Il prête à ses ouvrières l’acuité et la délicatesse oculaires qu’il possède, leur attribue, dans les contemplations auxquelles il les soumet, les plus rares qualités d’observateur. […] Huysmans ne trouvait pas à loger dans ces âmes étroites, tout l’épanouissement de ses qualités de peintre verbal. […] Folantin, dans A Vau l’eau, ou le passage suivant de A Rebours, qui est un exemple parfait du paralogisme pessimiste, consistant à ôter d’un ensemble toute bonne qualité, et à le déclarer ensuite mauvais : « Il ne put s’empêcher de s’intéresser au sort de ces marmots et de croire que mieux eut valu pour eux que leur mère n’eût pas mis bas.
Le résultat de ce travail fut un système de signes réduits au nombre minimum, mais merveilleusement précis, clairs, aptes à fournir une infinité de combinaisons ; et la qualité du style sera précisément équivalente à la valeur intellectuelle de ces combinaisons. […] Rien de plus rationnel, dès qu’on ne voit dans une langue qu’un système de signes ; la qualité essentielle d’un signe, c’est d’être reconnu par ceux qui l’emploient. […] Comme après tout il est impossible de vider les mots de toute qualité sensible, comme ils restent sons, et recèlent toujours quelque possibilité d’image, de grands poètes, de grands artistes sauront organiser ce langage intellectuel selon la loi de la beauté, ils en exprimeront des formes esthétiques ; mais il en est d’autres, et non les moins grands, qui refuseront de souscrire aux arrêts de l’Académie, et qui, pour épancher leur riche imagination, iront rechercher les éléments d’un plus copieux et substantiel langage.
malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou À outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham. […] Et c’est ainsi que fait pour être original quand il sera plus mûr, il manque, par la faute d’une culture dont il semble avoir la prétention, cette qualité suprême, et qu’il traîne presque un ridicule derrière son idéalité. […] Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que vous retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage, sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
C’est un érudit des plus français, qui n’a pas perdu, comme tant d’autres, en cultivant la science, sa qualité de Français. […] Finesse et justesse, ce sont, en effet, les qualités supérieures de M. […] Flourens, comme professeur, mais il doit porter dans son enseignement les qualités qui font de l’exercice du professorat quelque chose comme une création continuée, car, éclairer les esprits, c’est les créer une seconde fois.
Floquet Études sur la vie de Bossuet jusqu’à son entrée en fonctions en qualité de précepteur du Dauphin. […] La Vie en question était la première mise en œuvre, régulière et suivie, des nombreux documents qu’on avait sur Bossuet, et, de plus, c’était l’ouvrage d’un homme qui, vu par les dehors de son état, avait qualité pour parler congrûment d’un évêque, puisque cet homme était cardinal. […] L’auteur, un normand qui a les qualités de sa race, un normand à front carré : « le signe de la sagesse », a dit saint Bonaventure, qui a devancé Lavater ; l’auteur des Études n’a aucune des ambitions qui n’auraient pas manqué d’égarer un esprit moins gouverné, moins réfléchi et moins mûr.
Il faut être juste, ce Cours de 1828, qui fit tant de bruit, comme la montagne à la souris, est le plus retentissant moment de la vie de Cousin, de cet homme sonore dont la plus grande qualité dans le talent fut de donner du son à des idées qui, par elles-mêmes, n’en avaient pas… Telle est sa grande qualité, en effet. […] Si ces livres, comme nous le pensons, du reste, ne se distinguent que par des qualités inférieures à celles du livre actuel de Cousin, ne les aura-t-on pas jugés implicitement déjà, eux et leur auteur, en jugeant l’auteur (et son livre) de cette Introduction à la Philosophie de l’histoire !
Taine, en rendant justice aux nombreux et immenses mérites du poète dans La Fontaine, n’aurait-il pas dû insister davantage sur la qualité prédominante du génie qu’on pourrait appeler nonpareil, comme la nonpareille des Florides, et qui le fait unique dans la littérature française, — et, que dis-je ? […] Cette qualité première, c’est la bonhomie. […] La Fontaine est bonhomme comme il respire, — et j’ajoute comme il est gaulois, et c’est même parce qu’il est si fortement gaulois qu’il est si bonhomme ; car la bonhomie est une qualité appartenant particulièrement et suprêmement à la race gauloise.
En effet, impossible de s’y méprendre : malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou A Outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham. […] Lawrence en cette assimilation toute-puissante d’où jaillit le talent dans toute sa vierge originalité, et c’est ainsi que, fait pour être original quand il sera plus mûr, il manque par la faute d’une culture dont il semble avoir la prétention, cette qualité suprême ; et qu’il traîne presque un ridicule derrière son idéalité. […] Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que TOUS retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
La matiere mise en délibération, ils convinrent qu’on lui députeroit en poste un d’entre eux, avec pouvoir de l’interroger juridiquement, & de juger s’il avoit les qualités nécessaires pour former un bon Historien ; mais principalement pour s’éclaircir s’il savoir le Grec. […] Ils retournerent à Paris faire leur rapport juridique, & le Monde savant convaincu que M. de Voltaire étoit mentis & Grœcœ Linguœ non compos, il fut délibéré, d’une voix unanime, de lui envoyer un Rudiment Grec, un Répétiteur du Collége Mazarin, & un Prêtre d’Eleusine pour le fesser, d’après son systême, en qualité de Pénitent ou d’Initié.
Tels sonnets de Sainte-Beuve à une mystérieuse inconnue ont presque tout perdu de leur qualité de tendresse et d’intimité depuis que M. […] Renan, qui avait, sauf les nuances, une même qualité de noblesse intellectuelle, prit dans toutes ces questions de publicité une attitude absolument opposée à celle de M.
Si Byron, avec ses incontestables qualités de lyrisme et de passion, eût possédé comme Shakspeare quelque force objective, le Giaour, Manfred et Caïn ne fussent pas restés d’uniques épreuves de sa personnalité. […] Aussi, M. de Lamartine, malgré ses brillantes qualités d’écrivain, n’est-il pas un artiste. […] L’admirable auteur de l’Aveugle n’appartient à son temps ni par l’inspiration ni par la facture et la qualité du vers. […] Or, il n’y a de respectable, en fait de poésie, que le Beau, et ce qu’on nomme le public n’a point qualité pour en juger. […] On retrouve dans le Déluge la plupart des nobles qualités de ce premier poème et quelques-unes des faiblesses du second.
Il est inférieur quand il est de mauvaise, de basse qualité. […] Il n’est pas inférieur quand il n’est pas de basse qualité. […] Il faut donc renoncer à attacher des qualités et des hiérarchies comme des tuniques toutes faites à certains ordres, mais poursuivre parallèlement la recherche de ces qualités et de ces hiérarchies, comme elles sont, sans idée toute faite, comme elles sont données, à l’intérieur des différents ordres. […] Cessons donc d’attribuer certaines qualités à certains ordres comme des pardessus. Mais poursuivons parallèlement à l’intérieur des différents ordres et sachons reconnaître les qualités parallèles.
Ainsi, quand un vers admirablement fait est en outre d’un sentiment exquis, c’est pour les qualités de facture qu’on le déclarera beau, et pour les qualités de sentiment qu’on le trouvera poétique. […] Ce qui détermine vraiment sa qualité affective, c’est la nature des images qu’elle nous apporte. […] A la rigueur il pourrait suppléer à ce défaut par d’autres qualités poétiques. […] Au point de vue de la poésie, seule la qualité esthétique des sentiments importe. […] C’est la qualité des images suggérées qui importe, non leur quantité.
La délicatesse, c’est le sentiment de la qualité et de la complexité. […] Nous ne sommes pas juges de sa qualité morale : le juge c’est notre conscience morale. Mais nous seuls sommes juges de sa qualité hédonique, de sa qualité de plaisir, le plaisir en lui-même ne pouvant être affaire d’autorité. Il n’y a de qualité d’un plaisir que par rapport à d’autres plaisirs avec lesquels on le compare. […] Il faut, comme dit Brunetière, une autorité qui décide de la qualité de notre plaisir.
Ce que le rhéteur grec institue relativement au plan, au style, aux embellissements de ces poèmes, concerne toutes les qualités qui leur sont particulières. […] Le style tantôt le plus naturel, tantôt le plus métaphorique et le plus hardi, n’est-il pas tour à tour prescrit par les qualités du genre ? […] Elle réunissait les deux qualités majeures qui la rendaient généralement instructive et particulièrement frappante. […] Je me rends à son opinion en ce dernier point ; et mes raisons vont me servir à développer les qualités que doit avoir le merveilleux. […] Les éminentes qualités prendront nécessairement le dessus partout, et leurs contraires les plus prononcés apparaîtront dans l’opposition directe qui mettra toute leur valeur en jeu : les qualités intermédiaires se partageront les rangs inférieurs plus ou moins élevés, en raison de leur importance réciproque : et du concours mutuel des unes et des autres, ress
» Les défauts de M. de Lamartine sont les défauts de qualités incomparables. […] C’est la qualité de Bossuet dans l’Histoire des Variations. […] Mais comment se proposer pour exemple une des qualités de Bossuet ? […] Toute la partie supérieure de la figure est d’un homme éminent par les qualités de l’esprit. […] Victor Hugo y sont plus supportables, et que ses qualités s’y déploient plus librement.
Les sens n’aperçoivent que des qualités, des phénomènes. […] S’il n’est pas absolument vrai que toute qualité a son sujet d’inhérence, il n’est donc pas certain que nous ayons une âme, substance réelle de toutes les qualités que la conscience atteste. […] Nous reconnaissons dans tous ces objets, si différents qu’ils soient, une qualité commune sur laquelle tombe notre jugement, et cette qualité, nous l’appelons la beauté. […] De là ses qualités et aussi ses défauts. […] On ne peut refuser à Puget des qualités du premier ordre.
Justesse et clarté, force et précision, ampleur de la phrase, mouvement, véhémence, le style de Lamennais a toutes les qualités d’un grand style, et cependant… je ne sais pourquoi ni comment toutes ces qualités ont en lui quelque chose d’anonyme et d’impersonnel. […] de la qualité du public ? […] Par exemple, si les gens de qualité ne méprisent point l’argent, il n’est pas de bon ton parmi eux d’en parler. […] De telle sorte que, dans le roman comme dans la tragédie, la qualité des personnages a cet effet singulier, mais certain de modifier à la fois la qualité de la psychologie, celle du drame, et, conséquemment, celle de l’émotion. […] Changez seulement le titre, c’est toujours le même roman, avec les mêmes qualités.
Le romancier gracieux, qui a si souvent introduit dans ses ouvrages des figures de personnages aristocratiques en y mêlant une fine pointe d’ironie, n’a eu cette fois qu’à imaginer un personnage de plus, celui d’un homme de lettres né dans les rangs du peuple, aussi peu né que possible, mais avec des goûts distingués et une vocation d’homme de qualité, qui eût été abbé dans l’ancien régime, qui eût été toute sa vie le gentil abbé de l’hôtel d’Uzès et à qui il n’a manqué de nos jours, pour remplir cette destinée d’autrefois, que le titre et le petit collet. […] D’ailleurs, une grande sûreté dans le commerce, une grande fidélité à ses amitiés, à ses opinions, le constant désir, le ferme propos d’être et de rester aimable jusque dans la ruine de la santé et au sein de la souffrance59, ces qualités sociales indiquaient en lui un fond de caractère plus solide que son esprit.
Un don indispensable est ici qualité maîtresse : c’est l’œil, la faculté de voir intensément ses personnages, de les suivre sans brouillard dans leurs mouvements. […] Malgré ses réelles qualités de maître, comme il fut somme toute un talent excentrique, ne continuant directement nulle tradition, et n’en commençant pas une importante, apparemment sera-t-il classé dans les petits-maîtres.
Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque.
Au lieu que la prose et surtout l’éloquence sont moins exigeantes, elles ne fixent aucune limite à la verbosité qui devient même une qualité dans cette dernière branche de l’art. […] Mais, pour qu’un tel génie éclose, il faut que, qui le possède, possède aussi, entre autres qualités essentielles, le sens de la mesure et le souci de la perfection. Qu’une atmosphère favorable soit nécessaire au développement de la première de ces qualités, cela n’est pas douteux, comme il n’est pas douteux que la seconde soit l’apanage des pays qui vécurent dans le rayonnement d’un centre de civilisation raffinée. […] En réalité, les grands poètes français ne sont ni du Nord, ni du Midi ; c’est parce qu’ils unissent dans leurs meilleurs réussites les qualités de l’un et de l’autre qu’ils sont de grands poètes français. […] Toutes ces qualités, et même ces lacunes, auraient pu convenir à la poésie française de nos siècles classiques.
On sait qu’en général ce n’est pas la qualité par laquelle brillent les artistes. […] Pour mieux parler, c’est justement là ses qualités. […] Tous les écrivains ont pu, en mainte occasion, apprécier ces nobles qualités. […] Le volume obtint un prix à l’Académie, et Pierre Dupont eut dès lors une petite place en qualité d’aide aux travaux du Dictionnaire. […] Mais qu’on y réfléchisse bien, ce qui chez un autre serait défaut chez Dupont devient qualité.
La princesse, mariée en Italie en 1840 avec la qualité de Française et les droits qui lui avaient été, comme telle, reconnus et pleinement rendus par le gouvernement français d’alors (disons-le à son éloge), put revenir en France dans le courant de l’année 1844. […] Le jury était en partie composé de républicains, disait-on : il n’y avait donc pas eu de faveur dans la récompense ; et le front de l’artiste s’éclairait de satisfaction à l’idée de n’avoir pas seulement une qualité d’emprunt et de reflet, mais de valoir par soi-même quelque chose. […] Quoique le sien n’ait rien d’exclusif, elle fait grande acception des genres : elle maintient le premier rang dans son estime à la peinture d’histoire, et ne considère rien tant que la réunion des qualités que les compositions de cet ordre exigent.
Après la mort de Kléber, Friant fort apprécié de Menou, qui lui écrivait : « Soyez assuré que nous ferons de bonne besogne toutes les fois que l’on emploiera, comme vous, activité et moralité » ; fut moins content sans doute de ce général en chef qui, avec des qualités estimables, n’était pas à la hauteur de sa position et qui ne sut pas accueillir les bons conseils. […] Il avait les qualités essentielles pour cette fonction puissante. […] Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content
Mais le grand philologue de Leyde, qui était son véritable ami, qui entretenait avec lui un commerce de lettres, qui se plaisait à être son hôte dans ses voyages à Paris, saurait dire mieux que personne et dans leur juste mesure les qualités précises et multiples de celui qu’il distinguait et estimait entre tous. […] Que d’ailleurs la grammaire grecque de Dübner soit plus ou moins applicable à nos classes, qu’elle remplisse ou non les conditions qu’exigent l’esprit et le cerveau français, que l’auteur ait rencontré ou non dans ses exposés l’expression juste, précise et claire, c’est-à-dire française, ou qu’il ait trop retenu du jargon scolastique, je n’ai qualité, ni compétence, ni goût, pour traiter de pareilles questions. […] L’Université française a bien des qualités, mais, à la prendre par le haut, elle a toujours manqué essentiellement de générosité.
Le grand art de Béranger, son coup de maître et à la fois de citoyen, a été de rallier tant de fines, d’éternelles observations, héritage de Molière et de La Fontaine, autour des sentiments actuels les plus enflammés, d’appeler les qualités permanentes de la nation au foyer des émotions nouvelles, de lier les unes et les autres en faisceau indissoluble, de grouper les Gueux, même Frétillon, ou Madame Grégoire, sous les plis du glorieux Drapeau, la Sainte Alliance des Peuples formant la chaîne aux collines d’alentour, et le Dieu des Bonnes Gens bénissant le tout. Ce qui caractérise Béranger entre ceux de nos poëtes contemporains les plus justement célèbres, c’est d’avoir tous les traits purs du génie poétique français, de reproduire en plein ce génie dans tous les sens, d’y atteindre naturellement par tous les bouts : bon sens, esprit, âme, il réunit en lui ces qualités éminentes dans une mesure complète, auparavant inconnue, mais qui ne pouvait se rencontrer que chez nous. […] L’esprit gaulois, nous l’avons remarqué déjà, est imprescriptible, et il se perpétue par une veine facile, même sous les nouvelles qualités sérieuses qu’il a acquises.
L’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Certes Fléchier, plus qu’aucun, avait réussi à donner ou à rendre au style toutes ces qualités requises par La Bruyère, et ce n’était pas l’esprit non plus qui lui avait manqué pour l’y ajouter insensiblement. […] C’est à Riom qu’il s’arrête d’abord, c’est là qu’à propos d’une beauté, merveille de cette ville et de la province, il se fait au long raconter par une personne de qualité du pays tout un petit roman des amours de cette belle45, lequel ne tient pas moins de trente pages, et qui pourrait être vraiment de madame de La Fayette elle-même. […] Vingt-cinq ans après, Fléchier eut pour son compte à assister en qualité d’évêque de Nîmes à bien d’autres scènes dans lesquelles il eut un rôle plus délicat et d’où sa renommée est sortie pleine d’honneur.
Et alors ils ont beau écrire trop vite et trop souvent ; ils ont beau écrire par métier, sans goût, sans plaisir, sans conviction : la qualité, le tour de leur esprit se révèle toujours par quelque endroit. […] Wolff en constatant la mauvaise qualité de son style, si j’ajoute aussitôt qu’il sait merveilleusement son métier de chroniqueur, ce qui est un don aussi rare peut-être que celui de bien écrire. […] Rochefort (La Gloire à Paris) : 1° « L’action très grande de Rochefort est dans cette belle gaieté qui est le fond de son tempérament vraiment français » 2° « Rochefort est un des rares Parisiens de l’ancien temps qui ait conservé dans l’âge mûr cette belle insouciance et cette bonne humeur qui furent autrefois les qualités maîtresses de la race française. » (Je pense qu’il faut entendre : « Rochefort est un Parisien le l’ancien temps, un des rares Parisiens qui aient conservé », etc. ) 3° « Chacun dans sa sphère plisse le front… Je ne vois plus guère que Rochefort qui ait conservé la gaieté de la vieille race française » 4° « Après avoir exaspéré beaucoup de ses contemporains par la violence excessive de ses écrits, il les ramène aussitôt à lui par les éclats de sa gaieté si française. » Pour Offenbach, le refrain est : « Quel artiste !