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1000. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Ce n’est pas pour rien que dans un livre célèbre, dix ans auparavant, l’auteur de l’Amour a essayé de déshonorer l’Église dans son prêtre : il voulait prendre à ce prêtre sa succession.

1001. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Cela ferait une grande figure dans une église de village. […] est-ce qu’on ne peut pas chercher la vérité en dehors d’une Église établie ? […] Sachez qu’il est allé à une heure du matin dans l’église de Saint-Jean de Clerkenwell pour interroger un esprit tourmenté qui revenait.

1002. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Essai sur l’Église et l’État. […] Les caresses des prostituées et les plaisanteries des bouffons réglèrent la politique de l’État ; le gouvernement eut juste assez d’habileté pour tromper, et juste assez de religion pour persécuter ; les principes de la liberté furent la dérision de tout arlequin de cour et l’anathème de tout valet d’église. […] Mais la vertu elle-même contribue à la chute de celui qui croit pouvoir, en violant quelque règle morale importante, rendre un grand service à une Église, à un État, à l’humanité.

1003. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Elle rêva, en marchant à petits pas sur le gazon des béguinages, en parcourant lentement les églises, fermant les yeux aux bondieuseries de plâtre peint, pour ne les rouvrir qu’à de vieilles toiles familières. […] Il a retrouvé des clefs perdues pour rouvrir la chartre de l’Église des ancêtres. […] Lise est une fille qui aima : la voici dans l’église sous le drap noir. […] L’église se vide de gens pressés, qui viennent de se confesser, et ont hâte d’aller restaurer leur cœur allégé ; le curé, aussi, craint que son déjeuner ne brûle ; mauvaise disposition pour convoquer une âme vers Dieu ! […] Il indiquera qu’il sent qu’il a toujours été race inférieure et qu’en sa race il se rappelle l’histoire de la France, fille aînée de l’Église.

1004. (1925) Proses datées

De la gare, le long pont traversé, nous gagnâmes Valvins d’où nous suivîmes à pied le convoi, d’abord jusqu’à l’église de Samoreau, où eut lieu une brève et simple cérémonie, puis jusqu’au cimetière, où quelques paroles d’adieu furent prononcées. […] Son autel d’église transformé en buffet est toujours là, de même qu’au salon le divan est touiours à la même place, sous le miroir incliné, entre les deux fenêtres. […] Son reflet, déjà lointain, semblait teindre jusqu’ici même les vagues glauques de la mer, tandis que les voiles du navire, en leur blancheur enflée de brise, faisaient songer aux blanches coupoles musulmanes que nous avions quittées pour voguer vers Rhodes la chrétienne, aux châteaux gothiques et aux églises en ruine… Deux ans après cette première visite, les hasards du voyage m’ont conduit de nouveau à Brousse. […] Je gage que vous songeâtes plus d’une fois à l’oiseau divin en regardant le col recourbé de la gondole qui vous menait sur les canaux, à travers cette Venise que vous ne jugiez pas « bien bâtie », mais à qui vous reconnaissiez cependant un air de « distinction » a cause sans doute des belles architectures d’églises du de palais qu’elle offrait à vos yeux et malgré le dédale de ses rues, étroites, glissantes et qui ne servent qu’au « menu peuple ». […] Je ne sais, mais mon pied foule la dalle d’un campo, je respire l’odeur marine de l’air vénitien, mes yeux reconnaissent telle église et tel palais.

1005. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

La construction de quelques églises gothiques est sublime de hardiesse et de majesté ; mais les drames appelés mystères que l’on composait au même temps sont pitoyables. […] On voit un empereur qui laisse envahir par les Sarrasins la plus belle province de l’empire, tandis qu’il emploie les soldats de sa flotte à construire une église. […] « J’avais espéré, disait-il, le consacrer aux Muses ; mais les chrétiens me l’ont ravi par un sacrilège. » Chrysostôme devint bientôt le plus sublime et le plus touchant orateur de l’Église primitive. […] Leurs évêques se sont montrés, comme aux siècles de l’église primitive, défenseurs des peuples, hommes d’État et martyrs. […] Le ministère ecclésiastique avait été sa première vocation : il y renonça sans retour, incapable de plier son esprit sous le joug de l’Église établie, et voulant garder l’indépendance de la foi.

1006. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il ne dira pas de bien soit des protestants zélés, plus attachés que lui à la cause des Églises et à l’esprit religionnaire, soit des catholiques devenus royalistes à leur corps défendant, soit du tiers parti et de ces hommes politiques qui « nagent tant qu’ils peuvent », dit-il, « entre deux eaux », Villeroi, Jeannin.

1007. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Au commencement du règne de Charles IX (1560), lors de la tenue des États à Pontoise, puis à Saint-Germain, Mézeray fait un tableau des plus animés et des mieux définis de l’air de la Cour à ce moment et des dispositions diverses qui partageaient les esprits par tout le royaume : Or, comme l’exemple du prince transforme toute la Cour, et que le reste de l’État se règle sur elle, la reine mère penchant du côté des huguenots pour récompense de la faveur qu’elle avait reçue de l’Amiral, le calvinisme était la religion à la mode, et il semblait que celle de l’Église romaine eût une vieille robe qui ne fût plus en usage que pour les bonnes gens.

1008. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Le père de Chapelle aurait voulu qu’il entrât dans l’Église ; ses inclinations, en éclatant de bonne heure, s’y opposèrent.

1009. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

On voit qu’il est en garde contre le xviiie  siècle de la France et qu’il s’en méfie : « Point de ces livres, scandale des tablettes, où d’impudents sensualistes se produisent eux-mêmes » ; point de ces livres non plus où le théâtre offre de trop près le vice qu’il croit guérir ; point de Voltaire, il le dit expressément, en le désignant comme « celui qui a bâti à Dieu une église et qui a raillé son nom. » Dans sa définition de ce qu’il veut qu’on évite et de ce qu’il conseille en fait de lecture, Cowper a des paroles qui sont encore à recueillir aujourd’hui : Une vie de dérèglement et de mollesse, dit-il, donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût.

1010. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

À l’époque où le christianisme s’élevait avec les barbares au-dessus de l’empire romain, l’Église était le flambeau de la science, l’espoir de la civilisation.

1011. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Cette voix était infiniment douce, une voix de femme et qui pourtant remplissait toute l’église comme eût pu faire un grand concert.

1012. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Issu d’une ancienne famille noble, assez peu aisée, qui vivait dans le Midi au château du Cayla, du côté d’Alby ; élevé dans une maison religieuse à Toulouse, puis au collège Stanislas, abrité quelque temps à La Chesnarye en Bretagne, dans le petit monde de M. de Lamennais au moment critique et alors que ce grand et violent esprit couvait déjà « sa séparation » d’avec l’Église, revenu bientôt à Paris et se livrant à la littérature, il mourut avant d’avoir rien publié de remarqué ni d’important.

1013. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Sa chambre à coucher devait être tellement disposée que de son lit l’empereur pût voir le grand autel de l’église et les orangers du couvent.

1014. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Mme Roland, enfant, nous dit qu’elle emportait son Plutarque à l’église pendant le carême en guise de Semaine Sainte ; Marie-Antoinette emportait Mme Riccoboni.

1015. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Oui, il est bien constant désormais que Jean de La Bruyère a été baptisé le 17 août 1645 dans l’église de Saint-Christophe en la Cité ; il était né probablement la veille.

1016. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Depuis la Révolution, l’armée française ne pratiquait aucun culte ; elle n’avait pas fréquenté les églises en Italie, elle ne les fréquentait pas davantage en Égypte.

1017. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

En mars 1700, Fénelon lui écrit pour régler, de concert avec lui, l’observation des lois de l’Église pour le Carême : Il m’a paru, dit le prélat, que la règle ne se rétablirait jamais, si on ne se hâtait de la renouveler après dix ans de dispense continuelle.

1018. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Henry, pasteur de l’Église française à Berlin, a écrit une dissertation où il traite de l’irréligion de Frédéric ; sans prétendre l’absoudre sur ce point, le digne écrivain croit qu’on a fort exagéré ce côté français de Frédéric, par lequel il regardait et flattait les philosophes du xviiie  siècle ; il cherche à démontrer que Frédéric, avec une sorte de fanfaronnade, s’est plu à l’exagérer lui-même.

1019. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Il est comme saisi et transporté de l’ivresse de sa nouvelle condition paternelle ; son style cette fois s’allège et bondit : Puer nobis natus est, s’écrie-t-il, comme dans la messe de Noël, il me plaît de commencer cette lettre par un passage de l’Église, à l’imitation de nos anciens avocats en leurs plaidoiries d’importance… Je suis donc augmenté d’un enfant, et augmenté de la façon que souhaitait un ancien philosophe, c’est-à-dire d’un mâle et non d’une fille ; je dirois Parisien et non Barbare, n’étoit que ce nom sonne mal aux oreilles de tous… Et il raconte comment, par jeu et par un reste de superstition d’érudit, il a voulu chercher l’horoscope de ce fils, en ouvrant au hasard quelque livre de sa bibliothèque.

1020. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

. — « Il y vient, lui répondis-je, des personnes qui relèvent de maladie, pour y prendre l’air : on y vient parler d’affaires, de mariages, et de toutes choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église, où il faudra, à l’avenir, se donner rendez-vous.

1021. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

MM. de La Fayette, d’Argenson et d’autres de la petite Église républicaine de la Restauration, eurent vers ce temps (1826) l’idée de fonder une Revue américaine, destinée à faire connaître et, s’il se pouvait, à faire admirer les républiques du nouveau continent, tant celles du Nord que celles du Sud et de l’Équateur.

1022. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

« Je m’étais de moi-même, dit-il, destiné à l’état ecclésiastique » ; et pour lui, l’Église, c’était ce qu’elle fut à tant d’époques, un asile de paix et d’étude, un abri pour les doctes et innocentes recherches dont un esprit orné et sage ne veut point être distrait.

1023. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

La prévôté de l’église cathédrale de Brandebourg se trouve vacante ; il la lui donne et le fait bénéficier ecclésiastique malgré lui.

1024. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Au milieu de son speach, une allusion à l’église de Montmartre lui fait dire : « Moi, vous savez depuis longtemps mon idée, je voudrais un liseur par village, pour faire contrepoids au curé, je voudrais un homme qui lirait, le matin, les actes officiels, les journaux ; qui lirait, le soir, des livres. » Il s’interrompt : « Donnez-moi à boire, non pas du vin supérieur que boivent ces messieurs — il fait allusion à une bouteille de Saint-Estèphe — mais du vin ordinaire, quand il est sincère, c’est celui que je préfère, non pas du Bourgogne, par exemple : ça donne la goutte à ceux qui ne l’ont pas, ça la triple à ceux qui l’ont… Les vins des environs de Paris, on est injuste pour eux, ils étaient estimés autrefois, on les a laissé dégénérer… ce vin de Suresnes sans eau, ce n’est vraiment pas mauvais… Tenez, monsieur de Goncourt, il y a longtemps de cela, mon frère Abel, en sa qualité de lorrain et de Hugo, était très hospitalier.

1025. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Les curieux sçavent bien qu’on ne rendroit pas au Titien la justice qui lui est duë, si l’on vouloit juger de son merite par celles des mosaïques de l’église de saint Marc de Venise, qui furent faites sur les desseins de ce maître de la couleur.

1026. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

C’est à quoi servent les fêtes, les cérémonies publiques, ou religieuses, ou laïques, les prédications de toute sorte, celles de l’Église ou celles de l’école, les représentations dramatiques, les manifestations artistiques, en un mot tout ce qui peut rapprocher les hommes et les faire communier dans une même vie intellectuelle et morale.

1027. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

L’Église catholique, en donnant un successeur à Pie IX, a suffisamment répondu.

1028. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Aussi, précisément pour cette raison, cette Correspondance dut ravir et ravit les ennemis de l’Église.

1029. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Les « Gueux », pour employer le mot insolent et narquois que la race gauloise inflige presque gaiement à ceux que l’Église, dans sa tendresse sublime, appelle « les membres de N.

1030. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Seulement il cultivait en propriétaire, c’est-à-dire avec plus d’amour, et il occupait un banc de l’église avec les notables de l’endroit.

1031. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Dans tous ces éloges on eut bien l’audace de peindre le duc de Guise comme l’appui, le héros et le martyr de la religion, lui pour qui l’église n’avait été qu’un prétexte de déchirer l’État ; lui, qui n’était catholique que pour être factieux ; lui, dont toute la religion était l’envie d’usurper le trône, et qui s’armait du fanatisme pour marcher à la révolte.

1032. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Quand celui qu’il appelle son père, et qui n’est que son tuteur, lui propose d’entrer dans l’église, et lui montre dans un avenir prochain le chapeau de cardinal, don Juan n’hésite pas à déclarer son amour. […] Elle fréquente les églises catholiques : quel docteur de la synagogue lui a permis une pareille équipée ? […] Luigi, demeuré veuf avec une fille, s’occupe de lectures théologiques, médite les pamphlets de Luther et s’indigne des abus de l’église romaine. […] En voyant la licence de l’église romaine, se sera-t-il converti ? […] Ce n’est guère l’usage ; et puisqu’Alfred demeure publiquement chez sa maîtresse, la notification est au moins inutile, et chacun doit croire qu’ils sont disposés à se passer des bénédictions de l’église.

1033. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Et on l’emporta là-bas au pied de l’église, ses yeux semblables à ceux d’Yves, fermés pour jamais. […] J’aime beaucoup Zola, je le trouve très fort, un superbe inventeur, mais je ne suis d’aucune paroisse, d’aucune église, d’aucune institution, et je ne veux pas plus de l’une que de l’autre. […] Mme de la Pave y avait cherché un refuge contre l’extrême chaleur de la journée ; mais, depuis un moment, le ciel s’était voilé sous la nuée d’orage ; le soleil ne jetait plus de rayons à travers la voûte des charmilles, et une demi-obscurité régnait dans la longue allée sombre et silencieuse comme une église. […] Cela lui rappelait cette ronde maudite du moyen âge, ces gens condamnés à danser jusqu’à la mort dans le cimetière de l’église qu’ils avaient profanée. […] Les jours de tempête, assurent-ils, on voit, dans le creux des vagues, le sommet des flèches de ses églises ; les jours de calme, on entend monter de l’abîme le son de ses cloches, modulant l’hymne du jour.

1034. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le premier dimanche du mois, il ne manque pas d’aller à l’église, d’écouter le sermon, de se lever et de chanter quand il faut. […] L’église est en mauvais état, menace ruine et réclame des réparations. […] Peut-être, songe-t-elle, l’année ne finira-t-elle pas, que l’église ne soit fermée ! […] Elle a médité : elle a vu que son mariage avec Christophe Ongrand, qu’elle ne hait point, convenait à sa famille, convenait à l’église et convenait à elle-même. […] Et l’honnête désir de calmer les craintes économiques de son père a compté parmi les motifs de sa détermination ; la pieuse espérance de conserver l’église, également.

1035. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On n’a pu le rendre responsable ni d’une déformation quelconque de la langue, ni de la création d’une église littéraire·. […] Ils savent, ainsi que les princes de l’ancienne Église, exalter l’imagination des fidèles, et si jamais la foi s’affaiblissait, s’il était besoin d’un miracle pour la réchauffer, soyez sûrs qu’ils ne seraient pas en peine de l’accomplir et que, dès le lendemain, tous les journaux de France et d’Europe en répandraient la nouvelle.

1036. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

D’aucuns prétendent que les poésies actuelles sont des litanies faites par des religieux qui s’ignorent, mais en tout cas, on aime mieux les vraies litanies de l’Église que ces légions de : Puisque j’ai mis… Puisque j’ai fait… Je suis celui qui dit… Je suis celui qui fait… Il n’était pas de ceux… etc. […] J’ai vu aussi quelques drames, un grand mouvement de groupes formés par les relations des gens entre eux, et se rencontrant sur tous les terrains, à l’église, dans la salle à manger, au salon, au cimetière, sur le champ de manœuvre, à l’atelier, partout. […] En architecture le côté utile guide dans les grandes indications : ainsi un palais ne peut ressembler à une église, une villa à un château-fort, une halle à une gare. […] M. de Pontmartin dit encore ceci : « Balzac a chanté le mariage, mais pour mieux le profaner ; il a défendu l’Église, mais mieux valait un ennemi. […] Les encouragements de l’État n’en seraient pas moins efficaces, le Musée du Luxembourg pourrait toujours s’approvisionner comme auparavant, et les commandes pour les églises et les monuments publics avoir cours ; l’État pourrait se décharger des frais inutiles que lui occasionnent les Écoles des Beaux-Arts et de Rome, qui lui coûtent peut être 4ou 500 000 fr. pour produire unpeintre par an, si ce sont là des peintres.

1037. (1922) Gustave Flaubert

Évidemment les enfants étaient baptisés et faisaient leur première communion, on se mariait et on était enterré à l’église, parce que c’était reçu, et nécessaire pour la clientèle. […] Est-ce que ça va devenir comme les églises en Bretagne, comme les cascades aux Pyrénées ? […] Il s’agit de poser un décor vrai, non pour la comédie humaine, mais pour la comédie de la bêtise humaine, de la misère humaine, et Flaubert s’en acquitte avec une minutie tranquille et impitoyable : la maison du notaire, l’église, la mairie, et, en face de l’hôtel du Lion-d’Or, la pharmacie de M.  […] Ici, cette réalité c’est l’Église. […] Bournisien nous paraît presque au-dessous d’un pope de l’Église orthodoxe.

1038. (1908) Après le naturalisme

Au contraire, disait-elle, plus de maux ici valent plus de gloire là-haut — et l’église jouissait du matériel. […] Le rire sarcastique de Voltaire a montré la farce des églises et des religions. […] Face à la science, la religion, celle-là même qu’on essaie de débarrasser de l’église simoniste, s’évanouit et il ne peut être tenté aucun essai de réconciliation des deux parties.

1039. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

À ses yeux, en ce moment, l’Église et la constitution sont choses saintes : gardez-vous d’y toucher, si vous ne voulez point devenir ennemi public ! […] Un laboratoire d’alchimiste, un grimoire de sorcière, de grosses gaîtés de villageois, d’étudiants ou d’ivrognes, le sabbat sur le Brocken, la messe à l’église : vous croiriez voir une gravure du temps de Luther, consciencieuse et minutieuse ; rien n’est omis. […] La proscription de la vie voluptueuse ou abandonnée, l’observation étroite de la règle et de la décence, le respect de toutes les polices divines ou humaines, les révérences obligées au seul nom de Pitt, du roi, de l’Église et du dieu biblique, l’attitude du gentleman en cravate blanche, officiel, inflexible, implacable, voilà les mœurs qu’on trouvait alors au-delà de la Manche, cent fois plus tyranniques qu’aujourd’hui ; c’est à ce moment, selon Stendhal, qu’un pair, seul au coin de son feu, n’osait croiser ses jambes, par crainte d’être improper.

1040. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

On dirait presque que, pour des natures sensuelles comme celle de Verlaine, l’Église catholique incarne le mieux l’idéal de la vie païenne, si elle n’a\ ait un petit défaut : son manque de réalité. […] — « Tout ce qui promet des miracles en dehors de l’Église me semble tenir du charlatanisme », dit B… d’un ton dédaigneux. […] C’était la première Internationale on dehors de l’Église. […] C’était la substance dont allait s’alimenter le mouvement contre l’autorité de l’Église et de l’État qui commence à se manifester au début du xvie  siècle. […] L’eau n’était qu’une tache sombre ; une ligne vague dessinait les faîtes des maisons du quai contre l’obscurité du ciel ; l’église Notre-Dame était une masse informe, montant confusément dans le gouffre noir de la nuit.

1041. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Grêlé, les bronzes, l’orfèvrerie, les ornements d’église, les vêtements ecclésiastiques et sacerdotaux, le linge d’autel, les broderies, etc., etc. « L’affaire est vaste », écrit Barbey, « mais elle doit nous mener à la fortune. […] » Et Colette sort de l’église, ayant trouvé dans le contact avec les morts l’énergie d’imiter leur héroïque résistance. […] Il ne croyait plus à l’Église. […] C’est peut-être la raison pour laquelle il voulut mourir en catholique, attestant ainsi, malgré son scepticisme, que l’Église et la France ne peuvent pas se séparer. […] Il vient sans doute de lire dans son bréviaire les beaux versets empruntés par l’Église, l’un aux Paralipomènes (II, 20, v. 17) : « Confidentes state et videbitis diem Domini » ; l’autre à l’Exode (XVI, v. 6 et 7) : « Vespere scietis quod Dominus eduxerit vos ; et mane videbitis gloriam Domini.

1042. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

C’était une chose indécente et bizarre de voir un cardinal de la sainte Église romaine s’amuser à faire des comédies, tandis que l’Église anathématisait les comédies et les comédiens ; rien n’était plus ridicule qu’un grand homme d’état travesti en méchant auteur et en misérable poète. […] Polyeucte se livre à Un excès de zèle que l’Église même condamne, et par là il rentre dans la règle d’Aristote, qui veut qu’on donne quelque faiblesse au héros pour lequel on veut inspirer de l’intérêt. […] Il est curieux de voir un cardinal de l’Église romaine consoler la scène des rigueurs de l’Église : ce trait mérite sa place dans l’histoire de l’esprit humain. […] Ce Gilbert était un pauvre poète, d’une fécondité malheureuse ; quoique protestant, il fut en France le résident de la fameuse Christine, reine de Suède, qui sacrifia un trône à l’Église romaine : ce choix d’un protestant est honorable pour tous les deux. […] Les pièces de Corneille me paraissent de belles églises gothiques.

1043. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il s’agit sans doute de ce premier Œdipe, presque sans amour, et refusé par les comédiens : c’était celui-là qu’il envoyait, comme beaucoup plus édifiant, aux jésuites, aux jansénistes, et à tous les gens d’église : il réservait pour le beau monde et pour la bonne compagnie la passion touchante d’une espèce de don Quichotte avec une vieille Dulcinée qui a un fils majeur, et qui depuis longtemps est grand-mère. Il me semble cependant que le père Porée et les gens d’église auraient encore préféré les fades amours de Philoctète aux sarcasmes virulents du poète contre les prêtres. […] Lambertini, flatté de l’hommage que lui fait de sa tragédie le plus fameux écrivain, l’esprit le plus brillant qu’eût alors la France, encore plus flatté du distique, oublie que la main qui l’a tracé a composé une foule d’autres vers bien moins édifiants ; il oublie tout ce qui pouvait détourner un chef de l’Église romaine d’accepter une pareille dédicace de la part d’un homme tel que Voltaire. […] Ce poète religieux était, comme on voit, en correspondance réglée avec les princes de l’Église, et jouissait d’un grand crédit à la cour de Rome. […] Quelle joie pour Voltaire de voir dans les chefs de l’Église romaine ce goût pour des frivolités profanes, cet esprit d’erreur et de vertige, avant-coureur des fléaux qui menaçaient la religion !

1044. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Dans une page du Mascurat (190), on voit trop bien en quel sens Naudé est catholique et soumis à l’Église ; c’est de la même manière et dans le même esprit que Montaigne se déclarait contre les huguenots lorsqu’ils interprétaient les Écritures. […] Mascurat répond à Saint-Ange, qui vient d’exprimer la conviction naïve qu’aucune doctrine pernicieuse ne saurait se fonder sur la Sainte-Écriture : « Si tu ajoutes bien entendue, dit Mascurat, je suis de ton côté ; mais, à faute de suivre l’interprétation que la seule Église catholique donne à ces Livres sacrés, ils sont bien souvent causés de beaucoup de désordres, tant es mœurs à cause du livre des Rois et autres pièces du Vieil Testament, qu’en la doctrine, laquelle est bien embrouillée dans le Nouveau et par les Épîtres de saint Paul principalement : Mare enim est Scriptura divina, habens in se sensus profundos et altitudinem tudinem propheticorum enigmatum, comme disoit saint Ambroise… » Quand j’entends un sceptique, citer si respectueusement un grand saint, je me dis qu’il y a anguille sous roche.

1045. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La controverse religieuse et les querelles de parti retentissent autour de lui ; il s’en écarte soigneusement ; au milieu de tous ces chocs, son principal souci est de préserver son écritoire ; c’est un catholique déteint, déiste à peu près, qui ne sait pas bien ce qu’est le déisme ; là-dessus il emprunte à lord Bolingbroke des idées dont il ne voit pas la portée, mais qui lui semblent bonnes à mettre en vers. « J’espère, écrit-il à Atterbury, que toutes les Églises sont de Dieu, en tant qu’elles sont bien comprises, et que tous les gouvernements sont de Dieu, en tant qu’ils sont bien conduits. […] Dans ma politique, ma grande préoccupation est de conserver la paix de ma vie sous quelque gouvernement que je vive ; dans ma religion, de conserver la paix de ma conscience, quelle que soit l’Église dont je fasse partie1104. » De pareilles convictions ne tourmentent pas un homme.

1046. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Le dimanche est pour nous le jour du souvenir ; Car, dans la tendre enfance, on aime à voir venir, Après les soins comptés de l’exacte semaine Et les devoirs remplis, le soleil qui ramène Le loisir et la fête, et les habits parés, Et l’église aux doux chants, et les jeux dans les prés. […] Vos études sur les sectaires de Pascal, sur cette petite église de Port-Royal, sur Virgile, sur ces bijoux de la foi et de l’histoire, n’étaient que des études et vous préparaient à ce que vous faites aujourd’hui.

1047. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il était d’un temps où les hommes d’Église faisaient brûler les hérétiques et les sorciers pour la gloire de Dieu : j’aurais peur d’apprendre sur son compte des choses qui me chagrineraient. […] Trois grands faits dominent dans ses peintures éparses : l’avènement de l’argent, le déclin moral de la noblesse, le discrédit jeté sur le clergé et sur l’Église par la « fausse dévotion ».

1048. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

À titre de cadet, on le destina à l’Église.

1049. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

. — En 1794, pendant qu’on travaillait dans l’église pour en faire un hôpital, la tombe de Mme de Maintenon ayant été découverte dans le chœur, fut brisée, son cercueil violé, ses restes profanés : elle fut, ce jour-là, traitée en reine.

1050. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Car, de même que saint Louis, malgré sa piété, résiste quelquefois à l’Église quand il s’y croit fondé en justice et sur le bien de ses sujets, de même Joinville, malgré son dévouement à son maître, lui résiste quand il se croit dans le juste et dans le vrai.

1051. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle blâmait Luther d’avoir voulu faire une Église séparée ; il aurait dû se borner, selon elle, à s’élever contre de certains abus.

1052. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Un jour à Rome, assis sur les degrés de l’église de San Pietro in Montorio, contemplant un magnifique coucher de soleil, il vint à songer qu’il allait avoir cinquante ans dans trois mois, et il s’en affligea comme d’un soudain malheur.

1053. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Huet, son compatriote de Caen et son ami, eût bien voulu le ramener dans le giron de l’Église ; il se flattait d’y parvenir, et espérait par là s’ouvrir un champ plus commode pour lui rendre service en cour et pour utiliser ses talents.

1054. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bal sous l’aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion : c’est un cercle religieux, une succursale de l’église, — donnez-lui le nom que vous voudrez, — un vestibule du Paradis, « une maison de charité à l’usage des gens du monde. » Salon français de tous les temps, d’où me reviennent en souvenir tant d’Ombres riantes, tant de blondes têtes et de fronts graves ou de fronts inspirés, passant tour à tour et mariant ensemble tout ce qui est permis à l’humaine sagesse pour charmer les heures, enjouement, audace, raison et folie, — je ne te reconnais plus !

1055. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Il fit observer qu’on excluait les protestants de tous les avantages dont jouissent les sujets d’un État ; qu’un protestant ne pouvait pas contracter de mariage valide ; que ses enfants étaient réputés illégitimes ; qu’il ne pouvait exercer aucun emploi ni dans l’épée, ni dans la robe, ni dans l’Église ; qu’il faut cependant que chaque homme ait une patrie, et que, s’il ne la trouve pas où il est né, il a droit d’en chercher une ailleurs : de là, la résolution qu’il avait formée dès l’âge de quinze ans, et qu’il avait exécutée quelques années après en passant en Angleterre.

1056. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

« Mon père était peintre en armoiries ; il peignait des équipages, des ornements d’église. — Sa maison tenait au cimetière de l’humble paroisse Notre-Dame, à Douai.

1057. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Après cette suavité première, succède aussitôt la grandeur : l’entrée du jeune inconnu dans l’église, sans respect et aussi sans mépris, son attente agitée, ses pas distraits sous les voûtes sonores, contrastent avec le génie des solitudes de Dieu.

1058. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Mais il a été dit aux prêtres : « Ite et docete. » L’Église ne peut renoncer à l’éducation des âmes ou consentir à la partager sans renier sa mission divine.

1059. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

La parabole du grain de sénevé est un symbole dans l’Évangile ; mais, telle que le catéchisme nous l’enseigne, à savoir : « le grain de la pensée divine germera dans le cœur des hommes et l’on en verra grandir l’arbre immense de l’Église universelle dont les rameaux couvriront toute la terre », — elle devient une allégorie.

1060. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Maintenant, si l’on remarque que chez les modernes européens non-seulement l’État et l’Église se séparent de plus en plus, mais que l’organisation politique est très complexe, qu’elle suppose des subdivisions dans la justice, les finances, etc., on ne pourra point douter que le progrès se fait ici de l’homogène à l’hétérogène.

1061. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Pour elle, tout en vivant avec les philosophes, elle allait à la messe, comme on va en bonne fortune, et elle avait sa tribune à l’église des Capucins, comme d’autres auraient eu leur petite maison.

1062. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

La tête d’un Langrois est sur ses épaules comme un coq d’église au haut d’un clocher ; elle n’est jamais fixe dans un point ; et si elle revient à celui qu’elle a quitté, ce n’est pas pour s’y arrêter.

1063. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

En plein été il travaillait dans un cabinet très élevé, et dont la voûte ressemblait à celle des églises et des anciennes chapelles : « M. de Buffon, dit Mme Necker, pense mieux et plus facilement dans la grande élévation de sa tour, à Montbard, où l’air est plus pur ; c’est une observation qu’il a faite souvent. » Là, dans une salle nue, devant un secrétaire de bois, il méditait, il écrivait.

1064. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Bossuet, l’Évangile même, dit-il, n’ont sur les chrétiens que l’autorité que leur donne l’Église. » Par condescendance pourtant, et afin de montrer que la vérité accepta toutes les armes, M. de Bonald prend des mains du xviiie  siècle les divers problèmes, tels que ce siècle les a posés.

1065. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Rien ne peint mieux la morale d’une époque et d’une cour qu’une telle publication de la part d’un homme d’Église, précepteur en titre des fils du roi, une licence de cette force et qui paraît chose toute simple.

1066. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Né en octobre 1614, d’une famille illustre, destiné malgré lui à l’Église avec « l’âme peut-être la moins ecclésiastique qui fût dans l’univers », il essaya de se tirer de sa profession par des duels, par des aventures galantes ; mais l’opiniâtreté de sa famille et son étoile empêchèrent ces premiers éclats de produire leur effet et de le rejeter dans la vie laïque.

1067. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Hors de là, dans l’ordre religieux, l’Église eut aussi ses belles odes sacrées, ses proses : qu’est-ce que le Dies irae, sinon une ode terrible et sublime ?

1068. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Il fit comprendre au prince, par son attitude à la messe, qu’il avait à lui parler en particulier, et, au sortir de l’église, Son Altesse lui dit de la suivre, l’emmena en carrosse, et le garda à dîner en tête-à-tête.

1069. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il avait d’abord pensé à consacrer Benjamin au service de l’Église, comme étant la dîme de sa famille ; mais, son peu de fortune s’y opposant, il le mit simplement dans son état, l’occupant à couper des mèches et à remplir des moules de suif.

1070. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Cet homme puissant qui tiendra la France à ses pieds et fera trembler l’Europe commence par être bien pauvre et à la gêne ; il écrit à une Mme de Bourges, à Paris, qui lui faisait ordinairement ses commissions de ménage, et qui lui avait acheté les ornements dont son église avait besoin : (Fin d’avril 1669.)

1071. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Né à Ratisbonne, en décembre 1723, d’un père qui occupait un rang respectable dans les Églises luthériennes, il fit ses études à l’université de Leipzig ; il y eut pour professeur le célèbre critique Ernesti et profita de ses leçons approfondies sur Cicéron et sur les classiques.

1072. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Par ces divers travaux religieux dans lesquels il a soigneusement évité de marquer les points qui auraient fait sentir un désaccord avec l’Église catholique, M. 

1073. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Un homme de mérite et d’un caractère respectable, M. le docteur Henry, pasteur de l’église française de Berlin, a examiné ce point dans un sentiment de patriotisme et de christianisme à la fois, et avec le désir de trouver Frédéric moins coupable qu’il ne paraît à travers Voltaire.

1074. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Parmi les filles qui passent par l’église de l’abbé Mouret, pas une n’est décente ; des pêcheurs de Bonneville, pas un honnête ; des bourgeois de Pot-Bouille, pas un estimable, il accumule les catastrophes, les insuccès, les défaillances et les tares.

1075. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Shakespeare signifie secoue-lance ; la famille en avait le blason, un bras tenant une lance, armes parlantes confirmées, dit-on, par la reine Élisabeth en 1595, et visibles, à l’heure où nous écrivons, sur le tombeau de Shakespeare dans l’église de Stratford-sur-Avon.

1076. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

» Je m’explique : Bossuet savait l’histoire ancienne et l’histoire de l’Église ; mais ces deux histoires ne lui servent de rien pour comprendre les temps modernes.

1077. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Ils en versèrent même dans la Révolution, où ce qu’il y eut encore de mieux dans le mal furent des prêtres… On y vit Talleyrand, Sieyès, Foucher et beaucoup d’autres, plus avancés dans l’Église que l’abbé Rivarol, et qui s’en échappèrent avec scandale quand lui n’y était pas entré.

1078. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

De là aussi l’adoption du Cid par l’Église, et la couleur religieuse donnée au personnage dans le Romancero et jusque dans le drame de Guillem de Castro. […] Corneille, dans Polyeucte, ne plaidant que la thèse chrétienne, mettait de son parti l’Église, le clergé, et tous leurs adhérents, qui alors étaient la majorité55.

1079. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Leur Dieu est là, dans les églises : d’un côté, le Christ en croix, sanglant, avec la peau terreuse des suppliciés ; de l’autre, la Vierge avec les dentelles et les pierreries des reines. […] Aux églises, les assistants « se frappent la poitrine avec une ferveur extraordinaire, interrompant le prédicateur par des cris douloureux de componction. » En carême, on voit dans les rues des pénitents nus jusqu’à la ceinture et la tête voilée. […] Aux églises, les madones étincellent de pierreries et des soleils de diamants flambent sur leurs têtes. […] Cette ville est si grande, et la culture y est si diverse, que tout dieu peut y trouver sa petite Église. […] Il avait étudié chaque vieille église sur place, avec l’aide des meilleurs architectes ; sa mémoire locale était excellente et exercée : né dans une famille de peintres, il avait manié le pinceau et faisait bien l’aquarelle ; bref, en ceci comme en tout sujet, il était allé au fond des choses ayant l’horreur des phrases spécieuses, il n’écrivait qu’après avoir touché le détail probant.

1080. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Les danseurs se tenaient à bras très allongés, à cause des paniers à gondole ou à guéridon et Mme de Pompadour, d’une voix qui faisait songer Jasmin à l’orgue de son église au printemps, chantait : Nous n’irons plus au bois Les lauriers sont coupés ! […] Voici les cloches qui s’ébranlent à la petite église voisine. […] C’est là que nous écrivions l’après-midi et le soir d’ordinaire, après nous être pénétrés, le matin, dans les musées et les églises, de pure beauté76. […] Ils s’avancent, par l’âpreté Et la stérilité du paysage, Qu’ils reflètent, au fond des yeux Tristes de leur visage ; Avec leurs bardes et leurs loques Et leur marche qui les disloque, L’été, parmi les champs nouveaux, Ils épouvantent les oiseaux ; Et maintenant que décembre sur les bruyères S’acharne et mord Et gèle, au fond des bières Du cimetière, Les morts, Un à un, ils s’immobilisent Sur des chemins d’église, Mornes, têtus et droits, Les mendiants, comme des croix108. […] La possibilité d’une renaissance artistique flamande, au xviie  siècle, malgré la tyrannie espagnole, s’explique par ce fait que l’Église voyait dans les nombreuses commandes de toiles religieuses un moyen nouveau et efficace de combattre l’hérésie.

1081. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Si l’humeur satirique s’y fait voir encore, ce n’est plus contre les poètes vaincus, mais contre les gens d’église, touchés d’une main légère qui effleure les personnes et n’atteint pas les choses. […] Cette fine satire des mœurs des gens d’église, cette gaieté maligne, c’est le vieil esprit français, c’est la veine des fabliaux, du Roman de la Rose, dont je suis pourtant fâché de retrouver les personnages allégoriques171, de Villon, de Marot. […] Boilean ne nous le donne, à la vérité, que comme un ouvrage de pure plaisanterie, une bagatelle, une réponse à Lamoignon, qui l’avait défié de tirer un poème d’une querelle entre le chantre et le trésorier d’une église.

1082. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

On a de lui des lettres où il célèbre l’âme et le génie de Catherine ; mais ici se trahit un grave défaut de M. de Meilhan, et qui était déjà sensible dans quelques passages de ses Considérations sur l’esprit et les mœurs ; cet homme d’esprit et de conception, qui n’a pas seulement de la finesse, qui y joint des vues et de la portée, n’a pas le goût très sûr : il le prouva bien lorsque étant parti de Rome pour aller en Russie, l’idée lui vint un jour de comparer l’église de Saint-Pierre et Catherine II.

1083. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Il y a deux choses qui surprennent dans sa vie intime (de M. de Tracy) : c’est d’avoir inventé une contredanse à laquelle il donna son nom lorsqu’il était un beau danseur aux bals de la reine et l’élégant colonel du régiment de Penthièvre, et d’avoir bien longtemps après bâti une église avec les débris d’une grosse tour qu’il fit abattre.

1084. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

C’était bien le cas à un contemporain, témoin de ces hontes, de s’écrier avec douleur : Malheureux serez-vous, noblesse, Église, peuples, villes, qui vous trouverez parmi ces démembreurs, si leurs desseins succèdent ; vous ne serez plus de la France : qui sera Espagnol, qui tiendra de Lorraine, qui reconnaîtra la Savoie, qui sera du gouvernement du duc de Joyeuse, érigé en comté de Toulouse, qui de la république d’Orléans, qui du duché de Berry, qui des cantons de Picardie.

1085. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Et ce sera conséquemment 1701 qui sera la première année du xviiie  siècle de l’Église. » Mais encore un coup, cela est bon pour un ami du savant chronologiste Tillemont.

1086. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

M. de Narbonne, causant avec Napoléon qui, dans une heure de mécontentement, avait parlé d’établir une Église nationale, disait ce mot qu’on rappelait tout récemment : « Il n’y a pas assez de religion en France pour en faire deux. » Serait-il vrai aussi qu’il n’y a pas en France assez de poésie pour en admettre deux et trois et plusieurs ?

1087. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Les Grecs nous haïssaient comme ennemis de ces mêmes Busses qu’ils vénèrent presque jusqu’à l’idolâtrie ; d’ailleurs ils étaient révoltés de ce que nous ne fréquentions pas leur église, que nous n’observions pas leurs fêtes et leurs jeûnes ; ils nous traitaient à cause de cela d’excommuniés, ce qui est parmi eux le comble de toutes les insultes.

1088. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Il s’éteignit le 22 mars 1869, à l’âge de quatre-vingt-dix ans accomplis : il fut enterré le 25 à Passy, selon le rite de l’Église réformée.

1089. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

La subtilité abstraite et philosophique régnait alors au Palais et dans l’Église ; elle s’étendit à la poésie, où elle prit la première place.

1090. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Il admire, comme on le peut penser, les ouvrages de son illustre frère, et, en toute tolérance, sans ombre de dogmatisme, il semble les adopter naturellement comme l’ordre d’idées le plus simple du monde ; il trouve que le plus beau livre du comte Joseph est celui de l’Église gallicane.

1091. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Depuis sa première enfance, il vit dans le tumulte de la grande ville ; de sa guérite au-dessus du grenier, dans la maison de la cour du Palais, son oreille perçoit chaque jour la clameur aiguë et matinale des coqs, et tous ces bruits de la cité laborieuse qui s’éveille, les coups de marteau du serrurier voisin, les maçons chantant ou s’injuriant sur leurs échafaudages, les charrettes roulant sur le pavé, les courtauds ouvrant les boutiques avec un grand bruit de volets choqués et de voix, et puis les cloches des vingt-six églises ramassées dans l’étroite enceinte de l’île Notre-Dame.

1092. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

On peut ne pas tenir compte de la rude guerre d’épigrammes qu’il fit aux « sorbonistes », aux moines, aux abus de l’Eglise : c’était la tradition du moyen âge, et ce pourrait être aussi liberté philosophique.

1093. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ce fut un bonhomme, de mœurs très simples, marguillier de sa paroisse à Rouen, dévot, très sincèrement et naïvement dévot : il occupa ses loisirs, pendant qu’il fut éloigné du théâtre de 1652 à 1659, à traduire en vers des chants d’Eglise et l’Imitation de Jésus-Christ ; plus tard, il fera encore l’Office de la Vierge.

1094. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Ferdinand Fabre916 a fait quelques tableaux remarquables de la dévotion rustique et populaire dans les Cévennes méridionales, mais surtout de vigoureuses études des caractères ecclésiastiques, des formes très spéciales que l’Eglise impose aux passions, aux convoitises, aux haines des hommes ; M. 

1095. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Il se déguise en peintre pour se rapprocher d’elle (mais beaucoup moins gaiement que dans le Sicilien de Molière) et vient barbouiller les murs de l’église dont elle est paroissienne.

1096. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

L’exacte proportion de la fameuse église de Saint Pierre, fait qu’elle ne paroît pas d’abord aussi grande qu’elle l’est ; car nous ne savons d’abord où nous prendre pour juger de sa grandeur.

1097. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Paula Yvor demeure à Paris, et nous avons probablement quelquefois rencontrée dans le dédale des petites rues qui entourent le chevet de l’église Saint-Germain des Prés.

1098. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lohengrin à Paris (printemps 1887) Complément aux documents39 Publications illustrées parues à Paris, concernant la première représentation de Lohengrin : La Vie Moderne du 7 mai : trois croquis, la départ de Lohengrin, Elsa se rendant à l’église, chœur des soldats.

1099. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Partout où elle peut grimper, aux arbres, aux rochers, aux arcades des églises gothiques, elle grimpe et s’y pose en se jouant.

1100. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Victor, duc de Broglie, celui dont nous parlons, né en novembre 1785, petit-fils du maréchal de Broglie, descend d’une race toute guerrière, dans laquelle on distinguait des gens d’esprit, dont quelques-uns ont eu un nom dans la diplomatie ou dans l’Église ; mais il ne s’y trouverait aucun philosophe ni écrivain proprement dit.

1101. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

 » Dans sa célébration de la nuit du 4 août, Camille entonne une sorte d’hymne où il commence par parodier les hymnes d’Église, et où il finit par se souvenir de la veillée de Vénus : Haec nox est… C’est cette nuit, Français, devez-vous dire, bien mieux que de celle du Samedi saint, que nous sommes sortis de la misérable servitude d’Égypte.

1102. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Condorcet, né le 17 septembre 1743, en Picardie, d’une famille noble, dont les membres étaient avantageusement placés dans l’armée et dans l’Église, sentit de bonne heure une vocation irrésistible pour les sciences et les lettres.

1103. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Il vivait en effet librement, comme l’eût fait un convive du Temple, raillant les sots, narguant les coteries, fréquentant peu les églises, et chansonnant volontiers les agents de chancellerie et les bureaux ; il était, en un mot, ce qu’il avait toujours été, gai, cordial, aimable, spirituel et même grivois, insolent et bon enfant.

1104. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

On n’a pas besoin d’être un profond croyant pour cela ; « on pense à l’église de son village, a dit quelqu’un, et l’on redevient enfant, et l’on se met à genoux ».

1105. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Ces deux incarnations de l’église conspirent, l’une en rugissant, l’autre en ricanant, le tragique étouffement de la lumière.

1106. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Besnier, Jésuite, & d’un vocabulaire bagialogique, c’est-à-dire, une liste des noms des Saints qui paroissent éloignés de leur origine, & qui s’expriment diversement selon la diversité des lieux, par Claude Chastelain, Chanoine de l’Eglise de Paris, avec des préfaces & des remarques, par Hervé Pierre Simon de Valhebert.

1107. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Mais de l’une de ces divisions je vois éclore pêle-mêle des physiciens, des naturalistes, des médecins, des astronomes et des géomètres ; de l’autre, des historiens, des moralistes en vers et en prose, des jurisconsultes, des politiques ; la science de la robe, de l’épée et de l’église ; mais combien d’études préliminaires essentielles et communes à tous ces états !

1108. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

J’observai qu’à la plaine des sablons, un jour de revue, que la curiosité badaude y rassemble cinquante mille hommes, le nombre des masses y seroient infinis en comparaison des grouppes ; qu’il en seroit de même à l’église, le jour de pâques ; à la promenade, une belle soirée d’été ; au spectacle, un jour de première représentation ; dans les rues, un jour de réjouissance publique ; même au bal de l’opéra, un jour de lundi gras ; et que pour faire naître des grouppes dans ces nombreuses assemblées ; il fallait supposer quelque événement subit qui les menaçât.

1109. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ma mère, jeune fille encore, allait à l’église ou en revenait, sa servante la conduisant par le bras.

1110. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

J’apperçois des montagnes à ma droite ; plus sur le fond, du même côté, le clocher d’une église de village.

1111. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Cette immobilité de la parole écrite, ce silence qu’elle est obligée de garder lorsqu’elle est attaquée, disent avec quelque éloquence sans doute les raisons qui ont engagé l’Église à refuser de reconnaître jusqu’à présent les traductions de l’Écriture sainte en langue vulgaire.

1112. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Byron ne nous est pas particulièrement cher à cause de la beauté de son génie, il l’est pour des raisons plus hautes encore… Nous n’oublierons jamais, nous, que les plus beaux vers de ce protestant sont adressés à la Vierge Marie, qu’il a voulu que sa fille Allegra fût catholique, et que, dans nos églises, la force et la beauté du catholicisme lui remuaient le cœur.

1113. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, c’est-à-dire, à la cause de l’autorité, de l’Église, de la Monarchie, eussent trouvé, dans le livre qu’il publie aujourd’hui, une mémoire si ingrate, et les autres…, les ennemis déclarés ou hypocrites de cette cause, des respects serviles ou des admirations inconséquentes ?

1114. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Enfin, un roi et des hommes illustres à célébrer, une cour sensible à tous les charmes de l’esprit, un clergé plus éclairé, un barreau plus instruit, un gouvernement occupé de la réforme des lois, et les premières dignités de l’église accordées quelquefois aux premiers talents de la chaire, tout cela ensemble contribua à faire naître et à perfectionner parmi nous les orateurs.

1115. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Je voudrais pouvoir ajouter l’Église. […] Le contraste est saisissant entre son sens aigu de la France traditionnelle et son incompréhension, dès qu’il s’agit de l’Église. […] Soury, quoique aussi négateur, plus peut-être, sur la personnalité de Dieu, avait distingué dans l’Église un des plus efficaces éléments de la force française. […] Comme ils avaient leur rang dans l’église, ces ouvriers l’avaient dans la Société d’alors, dans cette immense cathédrale de privilèges équilibrés les uns par les autres qu’était l’ancienne France. […] Lui donner comme confrère des grands seigneurs, des princes de l’Église, des officiers généraux, c’était l’incorporer dans l’ordre établi.

1116. (1888) Poètes et romanciers

Je trouve ce vers isolé à dessein, escortant le mot sublime, en vedette : II Car le roi masque Dieu même dans son église, L’azur, et la tirade recommence : IV — Écoutez-moi, j’ai vécu, j’ai songé. […] Il est curieux de constater d’après lui-même ce mouvement inattendu d’esprit : « Avec un fond inébranlable de cette foi que nous appelons déisme, foi si fortement gravée dans mon cœur, qu’unie à tous mes sentiments, elle irait jusqu’à la superstition, si ma raison le voulait permettre ; avec les dispositions mélancoliques, nées du malheur, et sous l’influence de Chateaubriand, je tentai de retourner au catholicisme ; je lui consacrai mes essais poétiques, je fréquentai les églises aux heures de solitude, et me livrai à des études ascétiques, autres que l’Évangile, qui, malgré ma croyance arrêtée, a toujours été pour moi une lecture philosophique et la plus consolante de toutes. […] L’Église put même espérer, dans ses dernières années, conquérir à elle cette belle intelligence ; elle l’eût peut-être conquise, aux heures extrêmes, sans le zèle excessif de ceux qui entourèrent son agonie, et qui, interprètes bien hardis d’une pensée peu lucide, vinrent s’interposer, arbitrairement peut-être, entre la volonté ébranlée d’un mourant et les consolations du prêtre. […] N’est-ce pas là une bien touchante aumône de la part de ce chansonnier, que tant de plumes emportées nous représentent comme l’ennemi juré des prêtres et de l’Église ?

1117. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Entre nous, l’aspect des désordres de l’église lui avait-il déjà fait présumer qu’on la pouvait railler sans blesser la piété naturelle et vraie ? […] La cour de Rome n’est point l’église, et la politique ultramontaine n’est point la religion ; le pape, successeur des apôtres et chef de l’église, et le pape, souverain temporel, sont deux hommes tout différents. […] Il a peint la religion et l’église sous les traits les plus respectables, et nous a représenté la Discorde et la Politique, prenant les vêtements sacrés de leur auguste ennemie, la Religion, pour prêcher aux peuples la révolte et le fanatisme, et la vérité de l’histoire est transparente sous cette allégorie. […] On ne songea pas à rétablir cet humble monument, en réédifiant l’église renversée où l’inscription de Camoëns avait été détruite, comme si le sort l’eût voulu dépouiller même après son trépas. […] Veut-il faire entendre dans la nef d’une église le retentissement prolongé des coups de maillet, les voyelles sourdes et lentes équivalent en ses vers à des spondées : « Lēs mūrs ēn sōnt ēmus, lēs voutēs ēn mūgῑssēnt, « Et l’ōrgūe mēme ēn pōusse ūn lōng gēmιissēmēnt.

1118. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

« Cette diabolisation d’Éros a fini par avoir un dénouement de comédie : le « démon » Éros est devenu peu à peu plus intéressant que les anges et les saints, grâce aux cachotteries et aux allures mystérieuses de l’Église dans toutes les choses érotiques. C’est grâce à l’Église que les affaires d’amour devinrent le seul intérêt véritable commun à tous les milieux, avec une exagération qui aurait paru inintelligible à l’antiquité et qui ne manquera pas un jour de faire rire. […] Et remarquez, seconde chose, non plus importante, mais plus frappante, au fond la même, du reste, que, toutes les fois que le chrétien a voulu revenir à la primitive Église, à l’esprit, au caractère, à l’état moral, à l’état d’âme de la primitive Église, ç’a été une révolution plébéienne qui a été faite ou qui a été tentée. […] Toute l’Église romaine repose sur une défiance méridionale de la nature humaine, une défiance toujours mal comprise dans le Nord. […] Ainsi parle Zarathoustra, l’impie. » — Et remarquez : c’est un peu étonnant au premier abord, mais c’est tout naturel quand on y réfléchit un instant, de ces hommes que nous réclamons, le Christianisme, cette morale des esclaves, a donné précisément les modèles et tracé la règle, pour cette raison bien simple que le Christianisme à son tour, à un moment donné, s’est trouvé être, en la personne collective de son Église, une aristocratie aussi, qui sentait le besoin de devenir et de rester une race supérieure.

1119. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

C’est bien la même faculté intérieure qui se déploie dans le boudoir où une femme toute frémissante joue un Nocturne parmi les fleurs entêtantes, et dans l’église où les fidèles courbent la tête devant le geste du prêtre… Seulement de cette exaltation mystique, le prêtre fait de la vertu, de l’énergie, de la santé, et l’art sans Dieu n’en fait que de la maladie. […] Par-delà les colonnes encore debout de la Palestre, où s’exerçaient les athlètes, je distinguais les murs de l’église byzantine, qui a remplacé l’atelier de Phidias, puis ceux du Bouleuterion, où se réunissaient les juges des jeux, puis les douze chapelles alignées sur une même terrasse dans lesquelles étaient renfermés les trésors voués aux dieux par des villes qui s’appelaient Syracuse, Métaponte, Gela, Sicyone, Sybaris, Sélinonte, Mégare. […] L’ombre fraîche de l’église et son silence, le mystère de repentir épars dans les rideaux du confessionnal où passèrent les soupirs de la faiblesse humaine, l’auguste nudité de l’autel où tant de fois descendit le Sauveur, — cette inexprimable poésie du décor catholique est la même que celle dont l’âme s’enivre à travers les formes évoquées par le peintre. […] Une telle disposition semble entièrement contraire à celle de l’amateur qui se promène dans un musée, de même que le musée est par nature différent d’une église chrétienne, d’un palais de la Renaissance, d’un temple antique. […] Sa raison est assiégée minute à minute par la piété que dégagent les murs des églises et les cérémonies, les musiques et les peintures, les statues et le paysage.

1120. (1902) La poésie nouvelle

On le voyait souvent, à la Bibliothèque Municipale, faisant des heures de lecture, rêvassant, caricaturant les uns et les autres, écrivant ses plus tristes vers, Accroupissements, les Pauvres à l’église, les Premières Communions, où s’exaspèrent la haine, le dégoût et la « répugnance ».

1121. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

____ (E). « Haut et puissant seigneur, messire Charles de Ferriol, baron d’Argental, conseiller du Roi en tous ses conseils, ci-devant ambassadeur extraordinaire à la Porte Ottomane, âgé d’environ 75 ans, décédé hier en son hôtel, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse, a été inhumé en la cave de la chapelle de sa famille, en cette église, présens Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle, écuyer, conseiller, lecteur de la chambre du Roi, et Charles-Augustin de Ferriol d’Argental, écuyer, conseiller du Roi en son Parlement de Paris, ses deux neveux, demeurants dit hôtel, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse. […] « Charlotte-Élisabeth Aïssé, fille, âgée d’environ quarante ans, décédée hier, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse, a été inhumée en cette église dans la cave de la chapelle de Saint-Augustin appartenante à M. de Ferriol.

1122. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Un chef-d’œuvre en même temps qu’un document d’histoire est sir Roger de Coverley, le gentilhomme de campagne, loyal serviteur de la Constitution et de l’Église, justice of the peace, patron de l’ecclésiastique, et dont le domaine montre en abrégé la structure du pays anglais. […] Sir Roger gourmande ses tenanciers, les passe en revue à l’église, sait leurs affaires, leur donne des avis, des secours, des ordres ; il est respecté, obéi, aimé, parce qu’il vit avec eux, parce que la simplicité de ses goûts et de son éducation le met presque à leur niveau, parce qu’à titre de magistrat, d’ancien propriétaire, d’homme riche, de bienfaiteur et de voisin, il exerce une autorité morale et légale, utile et consacrée.

1123. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Tous deux moururent martyrs de leur foi : Socrate fut accusé d’introduire de nouveaux dieux dans l’Etat171 ; Jeanne d’arc, de reconnaître une autre autorité spirituelle dans celle de l’Eglise : c’étaient là, dira-t-on, des prétextes et non les véritables motifs de l’accusation ; toujours est-il que Socrate et Jeanne d’Arc auraient sans doute désarmé leurs accusateurs s’ils avaient consenti à renier l’origine surnaturelle des voix qu’ils croyaient entendre. […] Je compte parmi les prédictions d’avenir la promesse qu’une épée serait découverte dans les fondations d’une église ; cette prédiction, qui se trouva réalisée, est la plus hardie qu’aient faite les voix de Jeanne d’Arc et la seule où l’espace soit franchi au lieu du temps ; mais, philosophiquement, l’espace lointain, c’est l’avenir.

1124. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Figure de missel, qui entre en scène un missel à la main, et qui meurt dans l’église des remords de son péché… Pauvre sainte qui n’a pas abouti, coupée, souillée et ensanglantée dans sa fleur… En elle-même, Marguerite est pourtant peu de chose. […] Cet amoureux des beaux marbres n’avait chez lui que des plâtres… Il s’asseyait, non pas, comme le cardinal capucin Micara, sur un escabeau devant l’ambassadeur d’Autriche debout, pour lui faire respecter la fière austérité de la sainte Église, mais il s’asseyait sur une chaise de bois pour souper maigrement entre deux chandelles, se posant, il est vrai, entre ces deux chandelles, le problème qui n’a cessé de tourmenter sa vie et sa pensée et que l’invention de la bougie a résolu : comment se passer de mouchettes ?

1125. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Sur des tréteaux multiples, brillamment décorés, on pouvait voir représentés la Terre, le Ciel et l’Enfer, tout l’univers temporel et spirituel, la triple Église selon le dogme catholique. […] C’est la création de confréries organisées qui joueraient sous les porches de nos églises, à l’occasion des grandes fêtes, pour le « peuple fidèle » enfin rassemblé. […] Le temps peut donc venir — et il n’est pas si lointain qu’on le pense — où un art fleurira d’accord avec son milieu, à l’occasion des grandes fêtes de l’Église.

1126. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Cette année-ci, les tableaux de Delacroix sont l’Enlèvement de Rébecca, tiré d’Ivanhoé, les Adieux de Roméo et de Juliette, Marguerite à l’église, et un Lion, à l’aquarelle. […] Marguerite à l’église appartient à cette classe déjà nombreuse de charmants tableaux de genre, par lesquels Delacroix semble vouloir expliquer au public ses lithographies si amèrement critiquées. […] Comparez l’époque présente aux époques passées ; au sortir du Salon ou d’une église nouvellement décorée, allez reposer vos yeux dans un musée ancien, et analysez les différences.

1127. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

On a laissé les pièces objectionables au point de vue bourgeois, car le point de vue chrétien et surtout catholique me semble supérieur et doit être écarté, — j’entends, notamment, les Premières Communions et les Pauvres à l’église ; pour mon compte, j’eusse négligé cette pièce brutale ayant pourtant ceci qui est très beau : … Les malades du foie... […] Douai n’a pas d’ailleurs besoin d’apologie, avec ses rues si calmes et vertes d’herbe entre les pavés, son magnifique hôtel-de-ville et ses églises vraiment religieuses. […] Je trahissais l’Église, disaient les rares, très rares, extraordinairement rares catholiques ( ?)

1128. (1927) Des romantiques à nous

Je respecte la conception opposée de l’Eglise. […] Léon Blum, qui déclarait un jour que le socialisme collectiviste international ne saurait avoir de haine contre l’Eglise, puisqu’il entreprend sur d’autres bases une tâche d’organisation humaine universelle analogue à celle que l’Eglise a poursuivie pendant des siècles, et à quoi elle ne suffit plus, il faudrait, dis-je, que M.  […] C’est qu’à la vérité, ces thèmes désuets et si jeunes, qui ne se conservaient plus que dans la musique d’église, dans les chants de soldats et de paysans et, chose curieuse, dans certaines opérettes à la mode, avaient une délicatesse de tissu et un piquant de coloris qui les mettaient en harmonie avec l’extrême subtilité de sens propre à ces artistes, qui s’y retrouvaient eux-mêmes.

1129. (1886) Le naturalisme

Un homme entre dans une église, s’agenouille aux pieds d’un confesseur et lui raconte sa vie sans omettre une circonstance, sans voiler ses bassesses ni ses fautes, sans cacher ses sentiments ni atténuer ses mauvaises actions. […] >Maintenant que les pères de l’église idéaliste nous sont connus, il nous importe de lier amitié avec ceux de l’école contraire. Diderot est le patriarche de l’église réaliste. […] Flaubert montra toujours de la prédilection pour un certain genre d’études qui n’attirent guère aujourd’hui que les intelligences raffinées et curieuses : l’apologétique chrétienne, l’histoire de l’Église, les Pères, les humanités.

1130. (1940) Quatre études pp. -154

Ardents, exaspérés, insoucieux des raffinements de la forme et ne songeant qu’à l’action, ils improvisaient des vers qu’on répétait de bouche en bouche, qu’on déclamait, qu’on chantait dans les rues, dans les théâtres, jusque dans les églises : et sur les champs de bataille, aussi. […] Ces tombeaux autour desquels les noirs cyprès montent la garde ; et davantage encore, ces tombeaux rassemblés à Florence, dans l’église de Santa Croce, contiennent les restes des vaillants qui, par leur vertu ou par leur génie, ont fait la force de la patrie italienne. […] Manzoni prend comme sujet de son inspiration les grandes fêtes de l’Église romaine, la Noël, la Pentecôte ; et lorsque meurt Napoléon, au lieu d’exalter l’Individu qui a porté la puissance de l’homme au-delà de toute limite imaginable, il tire de son exemple une leçon d’humilité chrétienne. […] Des initiés, peu nombreux, et quasi mystérieux, chuchotent son nom, disent à voix basse ses louanges ; on se réunit en un petit cercle pour une lecture ; on fait circuler des copies de vers encore rares ; un culte s’organise, désireux tout à la fois de se répandre et de se limiter ; la renommée part d’un groupe, qui siège dans un salon, qui s’installe dans un café… Mais avant que ces chapelles ne deviennent de vastes églises, que de difficultés encore !

1131. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Chère maman, Je vais te raconter mes enfantillages : ce matin je me suis promenée et je suis entrée dans l’église catholique ; j’ai profité de la solitude absolue pour monter dans la chaire, dans le chœur, sur l’autel, et pour réciter les prières posées sur les tablettes de l’autel ; je l’ai fait pour prier, parce que j’ai un tas de projets et que j’ai besoin de l’assistance du ciel… Mais l’idée que j’ai lu une messe me transporte. […] j’ai oublié de te raconter que ce matin maman a eu un grand succès à l’église russe. […] L’enfant a passé toute la soirée en retraite, et demain B. le conduira à l’église faire sa première communion. […] Église construite en mémoire de l’empereur Alexandre II, à Saint-Pétersbourg, à la place où l’empereur a été tué.

1132. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

On nous reprochera de constituer au profit des artistes et des penseurs une petite église, une caste dans la famille universelle. […] Bossuet reste pour nous un Père de l’ancienne Église, nous l’admirons dans le mystérieux édifice des temps écoulés. […] Les premiers docteurs de l’Église n’ont-ils pas reconnu le Verbe, fils du Père, dans le Λόγος de Platon ? […] édifié de leurs propres mains les églises gothiques, et qui s’en sont emparés comme de leur chose. […] Il s’en est conservé quelque chose dans nos églises, où deux chœurs se répondent alternativement.

1133. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Et quand l’écuyer a tout dit, et la soumission inattendue des quatre rois, et leurs façons étranges, et la peine qu’il eut, lui Henri Crystède, qui savait leur langue et avait été attaché à leurs personnes, à leur enseigner les belles manières et les bienséances indispensables ; quand il les a montrés apprivoisés peu à peu et amenés à se laisser faire chevaliers de la main du roi Richard en l’église cathédrale de Dublin, puis dînant ce jour-là avec le roi ; et après qu’il a ajouté que c’était chose très intéressante et qui eût été pour Froissart tout à fait neuve à regarder : « Henri, répond Froissart, à qui l’eau est venue à la bouche d’un tel récit, je le crois bien et voudrois qu’il m’eût coûté du mien et que j’eusse été là. » C’est absolument comme quand Saint-Simon, à une certaine scène de cour (le mariage de Mlle d’Orléans avec le duc de Berry), en un moment où toutes les intrigues et les cabales étaient en jeu, nous dit : « Je n’ai point su ce qui se passa chez elle (la duchesse de Bourbon, une des ennemies) dans ces étranges moments, où j’aurais acheté cher une cache derrière la tapisserie. » Pour Froissart, qui est d’une curiosité moins compliquée et moins dévorante, ce n’est jamais derrière la tapisserie qu’il désirerait se cacher, mais bien être dans quelque coin d’où il pût voir à l’aise le devant du spectacle et de la cérémonie.

1134. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Dozy comment il a pu se faire que le Cid, tel que vient de nous le montrer l’histoire, lui, l’exilé, qui vivait a augure, comme on disait, à l’aventure, au jour le jour, consultant le vol des corbeaux et des oiseaux de proie, oiseau de proie lui-même, « qui passa les plus célèbres années de sa vie au service des rois arabes de Saragosse ; lui qui ravagea de la manière la plus cruelle une province de sa patrie, qui viola et détruisit mainte église ; lui, l’aventurier, dont les soldats appartenaient en grande partie à la lie de la société musulmane, et qui combattait en vrai soudard, tantôt pour le Christ, tantôt pour Mahomet, uniquement occupé de la solde à gagner et du pillage à faire ; lui, cet homme sans foi ni loi, qui procura à Sanche de Castille la possession du royaume de Léon par une trahison infâme, qui trompait Alphonse, les rois arabes, tout le monde, qui manquait aux capitulations et aux serments les plus solennels ; lui qui brûlait ses prisonniers à petit feu ou les donnait à déchirer à ses dogues… », — comment il s’est fait qu’un tel démon ait pu devenir le thème chéri de l’imagination populaire, la fleur d’honneur, d’amour et de courtoisie, qu’elle s’est plu à cultiver depuis le xiie  siècle jusqu’à nos jours : — « un cœur de lion joint à un cœur d’agneau », comme elle l’a baptisé et défini avec autant d’orgueil que de tendresse ?

1135. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

En effet, le jour de son enterrement (mai 1857), son cercueil, déjà porté en pompe et déposé à l’église Saint-Louis-d’Antin, dut en être subitement retiré par ordre de son exécuteur testamentaire, M. de Chabrier, informé un peu tard de la volonté expresse du mort.

1136. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Dans cette patrie de Viret, l’un des plus onctueux et des plus charitables d’entre les réformateurs, il convenait que le réveil de l’esprit religieux, qui poussait peut-être quelques croyants ardents à la secte et au puritanisme, ne devînt pas une occasion, un éveil aussi de persécution, de la part de l’Église établie, menacée dans sa tiédeur.

1137. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

On l’a fait d’Église malgré lui, pour conserver dans la famille l’archevêché de Paris : dès qu’il a reconnu la nécessité d’être prêtre sans vocation, peut-être sans foi, il cesse de regimber ; sa volonté se fixe un but, le ministère ; pour y atteindre, il prêche le bon peuple de Paris, il répand les aumônes ; il est populaire.

1138. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

L’Église en sa sagesse ferme le sacerdoce aux eunuques : par quelle aberration les créateurs attribuent-ils on ne sait quelle magistrature à des impuissants ?

1139. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les Pères de l’Église ne s’y étaient pas trompés, eux qui, dans les premiers siècles de l’Église, sur tous les points du monde romain, partout où il y avait des hommes vivant en société, c’est-à-dire de la matière pour l’extrême bien comme pour l’extrême mal, avaient si profondément médité sur la nature humaine.

1140. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Tout de même, l’interdit de l’Église pèse peut-être moins dans leurs hésitations que la qualité de leur nature et une sorte d’orgueil propre à leur génération.

1141. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

On raconte que le fameux maître de danse Marcel, si connu par la solennité de ses aphorismes, demanda un jour une audience à M. de Lamoignon père pour lui déclarer qu’il ne pouvait lui dissimuler en conscience que son fils ne danserait jamais bien et ne pourrait conséquemment faire son chemin ni dans la magistrature ni dans l’armée : « À la manière dont il marche, concluait-il, vous ne pouvez raisonnablement le placer que dans l’Église. » M. de Malesherbes se plaisait gaiement à raconter ce lamentable pronostic de Marcel.

1142. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il avait été destiné à l’Église ; mais les traverses de sa maison l’ayant jeté dans les armes, il y avait trouvé tant de goût, qu’il n’en était pas revenu.

1143. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Jeudi 16 janvier Triste, triste cette journée, comme l’un de ces matins de sa jeunesse, où, au sortir du bal masqué, l’on a couché avec une femme, qui n’avait pas de drap à son lit, et où, au jour levant, on est entré voir l’enterrement d’un pauvre, dans l’église en face.

1144. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Il y a à Nuremberg, près de l’Égidien Platz, dans une chambre au deuxième étage d’une maison qui fait face à l’église Saint-Gilles, sur un trépied de fer, une petite boule de bois de vingt pouces de diamètre, revêtue d’un vélin noirâtre bariolé de lignes autrefois rouges, jaunes et vertes.

1145. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Pour notre part, nous pensons que la plus haute pensée, celle qui explique le monde, est fille du laboratoire scientifique et de l’oratoire religieux, et pour sauver la civilisation complète nous défendons à la fois le Collège de France et les petites églises de village.

1146. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Le matin, je tâche de m’échapper sur les coteaux pour prier et, le soir, je vais me recueillir un moment dans l’église.‌

1147. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Je suis sûr que les artistes qui vivaient au moyen âge, Dante quand il écrivait sa Divine Comédie, les auteurs de nos poèmes nationaux et de ceux des nations voisines, les bâtisseurs d’églises, d’hôtels de ville, de maisons corporatives, les sculpteurs, les peintres, les musiciens, avaient présente à l’esprit cette idée fraternelle, et dédiaient en secret leur œuvre à tout le peuple chrétien.

1148. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Par toutes ces préférences, Bossuet, le plus grand lettré, comme le plus grand inspiré des siècles nouveaux de l’Église, et le moderne du génie le plus antique, touchait intimement, sans le vouloir, à cette poésie lyrique et gnomique, dont Pindare fut l’Homère.

1149. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Bossuet seul et Racine ont retrouvé tout entier ce feu, couvert sous la parole des prophètes d’Israël : ou bien aussi parfois, dans le coin d’une église, quelque âme pieuse, en extase sur la leçon du jour, aura senti, dans la plus simple version de quelques fragments épars d’Isaïe, l’accent divin que lui aura révélé sa foi.

1150. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Ainsi cette église allemande où deux vaisseaux en équerre aboutissent au même chœur. […] L’idée ne lui viendrait pas de chercher à un fait une raison dans le temps, de se dire par exemple que la robe médiévale témoigne dans l’Église de l’habitude conservatrice et de la prépondérance des vieillards : autant vaudrait pour lui écrire en style banal.

1151. (1802) Études sur Molière pp. -355

Raimond, maître de physique du prince de Portugal, est piqué de son indifférence pour les dames de Padoue ; ce Raimond avait une très belle femme, il lui ordonna de se parer et d’aller entendre la messe dans une église où son élève allait ordinairement ; le prince en devient amoureux, a l’art de s’introduire chez la dame, pousse l’aventure très loin, et va faire confidence de son bonheur au mari ; celui-ci veut surprendre les amants avant de se fâcher, mais la femme fait cacher le prince, tantôt sous le lit, tantôt dans une armoire, et le mari, toujours averti du tour qu’on vient de lui jouer, fait mettre le feu à sa maison ; il ordonne de ne ménager qu’un seul coffre renfermant des papiers de famille, et c’est précisément dans ce coffre que les amants échappent à l’incendie.

1152. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Se jeter, en se levant, dans l’étude courante et passegiante de quelque église, de quelque ruine, déjeuner sur une table boiteuse du café Greco, dans l’ombre de son chez soi, fumer des cigares en écrivant des notes, devant un bouquet de roses blanches au cœur de soufre ; puis, vers quatre ou cinq heures, faire une promenade, en voiture, dans les environs de Rome : c’est là notre vie de tous les jours. […] Une église, la cathédrale des charbonniers, noire au dehors, noire au dedans ; un tribunal, un temple noir de la Justice, un Odéon de la loi, académiquement funèbre, et d’où l’on tombe sur une promenade, où les arbres maigrissent d’ennui dans une grande ombre moisie.

1153. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Le duc de Rohan m’amena M. de Genoude, jeune écrivain d’une âme active, qui se dévouait à l’aristocratie et à l’Église avec d’autant plus d’ardeur qu’il voulait se naturaliser par ses services dans des conditions sociales plus hautes que son berceau. […] Il connaissait aussi M. de Lamennais, alors l’Athanase implacable de l’Église.

1154. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Guillaume et trois autres matelots y avaient porté sur leurs épaules une miniature de frégate, pendue le reste de l’année en ex voto au plafond de l’église. […] Et dans ces cimetières d’église, près des vieux parents couchés à deux pas et qui écoutent sous terre, là-bas c’est comme un sacrement et la mort y fiance vraiment l’amour. […] C’est, dans la venelle qui touche à l’église, une maison à deux étages, bien vieille sous son crépi de chaux fraîche, et toute penchée. […] L’église est en forme de croix, des ormes et des frênes autour, et elle est si tassée de vieillesse que ses pauvres flancs gris disparaissent presque dans leur verdure.

1155. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La nuit, le 21 février, malgré la foule qui hurlait devant la maison et à qui Armande Béjart jeta par la fenêtre mille livres pour l’apaiser, la bière de Molière portée à bras, fut enlevée de la maison mortuaire et, sans être présentée à l’église, dirigée par la rue Montmartre vers le cimetière. […] Jaulnay, doyen et chantre de l’église de Saint-Roulé, à Senlis, publia une longue pièce de vers, L’Enfer burlesque, tiré, dit le titre, des visions de Dom F. de Quevedo. […] Or ce chantre dévot d’une église de Senlis, qui osait ainsi calomnier comme s’il eût amalgamé en lui les sentiments de Tartuffe et ceux de Basile, ce Jaulnay, défenseur imprévu de la morale, n’avait pas rougi dans un livre publié par lui, Les Questions d’amour, de poser des questions et de formuler des réponses dans le genre de celle que voici : « Si les dernières faveurs se peuvent donner, par une honnête maîtresse, comme des preuves de son amour ?  […] Lorsque Molière mourut, le cadavre du mort ne put, nous l’avons vu, pénétrer dans l’église où l’on avait apporté Molière enfant.

1156. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Son livre a été composé avec le sentiment juste des proportions, qu’on ne trouve plus guère aujourd’hui que chez les écrivains universitaires et chez quelques bons écrivains d’Église. […] Il a eu toute sa vie la prétention d’être une colonne de l’Église ébranlée. […] S’il la rencontre sous ses pas, au village, dans les champs, à l’église, sur la grande route, il affecte de ne la point voir. […] Il était clerc, et la rhétorique est éminemment une science d’église. […] Mettons-le d’abord en face de l’Église.

1157. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Saint Martin vient de mourir ; son corps est exposé au fond du théâtre, et l’on va tout à l’heure l’emporter à l’église en procession solennelle. […] C’est d’abord que Dieu « voulut avoir mère vierge, disciple vierge, l’Église vierge ». […] La femme ne doit pas courir les églises quand son mari a besoin d’elle à la maison. […] On pouvait soupçonner qu’aux yeux de Molière, il y avait de singulières ressemblances entre l’éducation que l’Église imposait aux enfants, particulièrement aux filles, et celle qu’Arnolphe avait imaginée pour abêtir Agnès. […] » murmure Fray Marcos, concevant l’affreux malheur que serait pour l’Église une reine tolérante.

1158. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il donnera comme preuve de la mansuétude de l’Église que du mot Roma, la force, elle a fait amor, sans songer que le nom du calife Omar, qui détruisit, dit-on, quarante mille temples chrétiens et bâtit quatorze cents mosquées, se prête à la même anagramme. […] « C’est le prêtre ennemi de l’Église, c’est le parricide, c’est Judas encore couvert de la robe des apôtres, la bouche encore pleine du mystère divin. » Suivent deux pages de malédictions, qui se terminent par ces strophes comminatoires qu’on a peine à croire écrites à Paris au dix-neuvième siècle : « Si tu ne te repens, que Dieu compte tes pas dans la vie du mal, et qu’il n’en oublie aucun ; qu’il accumule sur toi la charge et l’infection des péchés que tu fais commettre et de ceux que tu aurais remis ! […] On se rappelle la naïve surprise avec laquelle certaines gens ont appris que l’Église pouvait célébrer, au temps où nous sommes, l’anniversaire d’un massacre d’hérétiques, et la satisfaction plus naïve encore avec laquelle ils ont vu l’intervention du pouvoir laïque pour empêcher cette pieuse manifestation. […] Règle générale, l’Église ne change rien, n’abandonne rien, et si l’on voulait bien chercher, on trouverait à Paris même des fêtes religieuses qui ont une origine tout à fait analogue à celle du jubilé toulousain, dont l’annonce a fait tant de scandale. Dans l’église des Petits-Pères, par exemple, que Louis XIII fit élever et dédier à Notre-Dame des Victoires pour commémorer la défaite des protestants, on célèbre encore tous les ans la prise de la Rochelle, que défendaient les huguenots.

1159. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

L’humeur du père redouté devient plus taciturne et plus insociable avec l’âge ; il ne sort qu’une fois l’an, à Pâques, pour aller entendre la messe à l’église paroissiale de Combourg.

1160. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Il ne faut pas repasser le crayon sur le pur dessin de cette figure fine et hardie, grandiose et gracieuse, intelligente et souriante ; vouloir ressaisir ce profil simple et net, modeste et fier ; oser retoucher ces jours d’enfance dont elle fixait, à travers les grilles de l’Abbaye ou de Sainte-Pélagie, en couleurs si distinctes, la fraîcheur et les enchantements, depuis l’atelier de son père au quai des Lunettes et cet enfoncement favori du petit salon où elle avait élu domicile, depuis les catéchismes de l’église Saint-Barthélemy, la retraite au couvent de la rue Neuve-Saint-Étienne pour sa première communion, et les promenades au Jardin des Plantes, jusqu’à son séjour heureux et recueilli chez sa grand’maman Phlipon dans l’île Saint-Louis, son retour au quai paternel proche le Pont-Neuf et ses excursions du dimanche au bois de Meudon.

1161. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Le sang bouillonne à la seule idée qu’il fut possible de consacrer légalement à la fin du dix-huitième siècle les abominables fruits de l’abominable féodalité… La caste des nobles est véritablement un peuple à part, mais un faux peuple qui, ne pouvant, faute d’organes utiles, exister par lui-même, s’attache à une nation réelle, comme ces tumeurs végétales qui ne peuvent vivre que de la sève des plantes qu’elles fatiguent et dessèchent. » — Ils sucent tout, il n’y a rien que pour eux. « Toutes les branches du pouvoir exécutif sont tombées dans la caste qui fournit (déjà) l’église, la robe et l’épée.

1162. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Quand Raphaël eut pris le premier rang parmi les peintres, le Corrège, pour ne pas étudier les fresques du Vatican, alla-t-il chercher des modèles sur les gothiques vitraux des églises ?

1163. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Mais chacun gardait, à part soi, son tempérament, et il y avait bien des schismes dans cette église.

1164. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Nous aurions donc laissé trop probablement les décadents tranquilles dans leur petite église transformée en mauvais lieu si nous n’avions eu à considérer que leurs opinions.

1165. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Le malheur dans les amours de tête était un titre assuré aux charges et aux biens d’Église ; aussi se gardait-on bien d’être heureux.

1166. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Ils concluent pour ou contre l’Église, contre plus souvent.

1167. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Le roi, qui ne l’était pas, fut bientôt arraché par la mort aux bras impurs que l’Église avait refusé de bénir.

1168. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Quoique ignorant comme un carpillon des choses de l’Église, Octave Feuillet, ce jeune homme pauvre… en théologie, a eu l’extrême bonté de recommander le catholicisme aux petites dames dont il est le favori et pour lesquelles il fait de petites comédies, et de l’excuser, et de l’arranger, et de l’attifer, ce vieux colosse de catholicisme, de manière à le faire recevoir sur le pied d’une chose de très bonne compagnie dans les plus élégants salons du xixe  siècle… Or, voilà ce que George Sand, cette prêcheuse de la Libre Pensée, qui ne veut pas, elle !

1169. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Nous sommes en face de la Descente de Croix, dans l’église de Notre-Dame, à Anvers.

1170. (1925) Comment on devient écrivain

Vous ne trouverez pas un mot sur les chants, les offices et les orgues, qui sont pourtant l’âme d’une église. […] Elle s’excuse, elle s’incline et s’humilie, et prononce enfin le bon mot qui nous a tous sauvés. »‌ Il n’est pas bien sûr que ce conte du dix-huitième siècle n’obtiendrait pas aujourd’hui le même succès dans une église de village espagnol. […] Quittez le spectacle de la rue, où tout est naturel, les rumeurs et les gestes, et entrez dans une église où l’on prêche. […] Ces déclamations menaçantes, ce ton chromatique, cette emphase pédante, ce retentissement de mots vides, vous les retrouvez dans toutes les églises, dans toutes les chaires de France. […] L’Église n’a pas varié son enseignement.

1171. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

De même sous l’empire d’un clergé dominant, qui tremblait devant une controverse auparavant si glorieuse et si salutaire pour l’Église, la philosophie, n’ayant plus accès dans la religion, était devenue irréligieuse. […] Si dans l’Église ou la magistrature quelques hommes s’occupaient également des lettres et des affaires, leur conduite ne se ressentait pas de cette double direction. […] Les prédicateurs, de pontifes qu’ils étaient, devinrent des littérateurs ; et si l’on eût voulu retrouver le vrai caractère de l’éloquence sacrée, il eût fallu le chercher, non parmi les plus grands et les plus habiles de l’Église, mais chez quelque missionnaire simple et farouche, isolé, par ses mœurs, de toutes les influences du siècle. […] La persuasion s’était affaiblie, mais l’amour-propre avait conservé tout son feu, et l’Église employait les derniers restes de sa force à montrer de l’intolérance contre une part de ses enfants. […] Dans tout le royaume, les avocats et les tribunaux s’occupèrent à discuter les droits que pouvait avoir le gouvernement de l’Église à exercer un tel pouvoir.

1172. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Tout vit en paix, en joie, en amitié, en amour dans cette heureuse famille, lorsque Orgon, en allant à l’église, est séduit par les grimaces de Tartuffe, le héros de la pièce, qui simule la sainteté, et finit par s’introduire dans la famille et y prendre un empire absolu. […] Chaque jour à l’église il venait, d’un air doux, Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux.

1173. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et j’avais une terrible dispute avec ces hommes qui soutenaient que j’avais pris la voiture, tandis que moi, avec un peu de la lâcheté qu’on a dans les rêves, je m’excusais en disant, que j’avais cru que la voiture était attelée avec des chevaux, et que ce serait trop ridicule d’arriver à un enterrement devant la porte de l’église, avec un attelage comme le leur. […] Tout en me montrant la malle de voyage de je ne sais quel antique shogun, contenant les armoiries des grands feudataires du Japon, et le nombre de sacs de riz que produit chacune de leurs provinces : malle qui était pour lui un mémento pour l’établissement de l’impôt, le fondateur du Musée me conte ceci : Il avait fait venir un bonze de Ceylan, qui du moment qu’il n’a plus porté le vêtement de prêtre, ne s’est plus senti un pratiquant, n’a plus prié, et dans le vide de l’occupation de ses prières, a été pris d’un ennui formidable, si formidable, qu’un jour voyant passer une procession, et étant témoin de la vénération, dont était entouré le porteur du Saint-Sacrement, il avait été repris du désir des pratiques religieuses, du désir de prier, si bien qu’il s’était fait catholique, et s’il vous plaît, un catholique exalté, passant toute sa vie dans les églises, en sorte que M. 

1174. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

* Ce matin, par un beau dimanche de septembre, je vois passer sur la place de l’église deux groupes de gens de la campagne. […] * Les amis politiques sont des gens qui, liés entre eux par une habitude de mal parler du prince, des ministres, des lois, des juges, de l’église, du pape, de la bourgeoisie, du peuple et, généralement, de tout ce qui gêne leurs prétentions ou leurs convoitises, s’imaginent que, pour avoir toujours été d’accord contre tout le monde, ils sont amis. […] * Si les lettrés allemands ont approuvé leur roi Guillaume pointant ses obusiers sur nos écoles, nos hôpitaux et nos églises, quels sauvages ! […] Chrétien, je ne désire que l’enterrement d’un chrétien, et je ne songe pas sans une certaine douceur mélancolique que l’Église chantera sur ma dépouille mortelle le Dies irae et le De Profundis, ces chants sublimes, que je n’ai jamais entendus aux messes des funérailles sans que mes yeux ne se mouillassent de pleurs… A Paris, 15 novembre 1879.

1175. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Cela ressemblait à un chant d’église. […] Pendant que Numa parle au balcon, Rosalie couchée, toute pâle et faible encore, tient son petit dans ses bras, on vient de le lui rapporter de l’église : À présent, c’est fini ; elle se sent à l’abri des déceptions et des blessures. […] Sur la scène, éclairée par deux quinquets à réflecteur placés dans les coulisses, il fait presque le sombre de la salle, avec dans les frises et les trouées des échafaudages des lueurs bleuissantes, comme il s’en trouve dans la charpente d’un clocher d’église en construction, sous un clair de lune. […] Cardinal, abusent de leur fortune, qui la répandent sans discernement dans le pays, qui donnent dans tous les sens, à tout le monde, pour l’école et pour l’église, pour les bibliothèques et pour les salles d’asile… Ça n’est plus de la charité, c’est de l’affectation. […] Une famille américaine vient se fixer près de l’église de l’abbé Constantin ; Bettina, la jeune fille, est charmante et millionnaire ; les millions sont l’obstacle à tous projets, car Jean ne veut rien devoir qu’à lui-même.

1176. (1924) Critiques et romanciers

Voici Lamennais, Hugo et Lamartine : ces trois-là, dit-il, l’Église, la monarchie et la poésie devaient compter sur eux. […] Tête nue, les cheveux au vent, et les chiens tout près lui mordant déjà les culottes… Il entre dans l’église, n’a que le temps de refermer la porte sur lui ; et il tombe, évanoui de peur, sur les dalles. […] Mme Lérin et sa fille prennent leurs chaufferettes et vont à l’église. […] Mais l’éducatrice de Tito, ce fut sa ville natale, Vicence belle et charmante avec les deux rivières qui lui sont « une ceinture d’eaux vives et fraîches », avec ses vergers et ses vignes, avec les dômes de ses églises, avec sa basilique palladienne et avec toute la parure de pierre dont l’a ornée le génie de son divin Palladio, avec la dignité gracieuse que la nature et l’art ensemble ont accomplie en elle comme un chef-d’œuvre. […] Alors, ne faussez pas la vérité par le style ; gardez une simplicité honnête : « Au matin, Cécile suit le cercueil vers l’église, puis vers la colline funèbre où sont déjà tant des siens, et tant d’autres aussi.

1177. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Ramée, jeune statuaire, plein de chaleur et d’enthousiasme, touchés l’un et l’autre du feu sacré, s’étaient mis en campagne ; ils avaient visité en pèlerins fervents et infatigables les monuments, les églises, les restes d’abbayes, et la théorie fondée sur l’observation était née ; elle avait apparu, un matin, lumineuse et manifeste.

1178. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Nous n’en ferons pas tout à fait une Jeanne d’Arc ni une Clorinde, non plus que nous n’écouterons Calvin, qui abuse du souvenir de cette aventure pour supposer qu’elle s’habillait continuellement en homme, et qu’elle était reçue dans ce costume chez Saconay, l’un des dignitaires de l’église de Lyon.

1179. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

XXIV Le cardinal de Richelieu fut le Cromwell français de la nationalité, de la monarchie et de l’Église ; le cardinal Mazarin fut le second Machiavel prêté à la France par l’Italie.

1180. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

J’appris qu’il vivait encore, qu’il s’était réconcilié avec l’Église au temps des rétractations, et qu’il était, depuis longues années, curé de la commune de Bessancourt, dans le département de Seine-et-Oise.

1181. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Des paysages de Léopold Robert, des moissonneurs, des vendangeurs, des bœufs accouplés ruminant à l’ombre, pendant que les enfants chassaient les mouches de leurs flancs avec des rameaux de myrte ; des muletiers ramenant aux villages lointains leurs femmes qui allaitaient leurs enfants, assises dans un des paniers ; de jeunes filles dignes de servir de type à Raphaël, s’il eût voulu diviniser la vie et l’amour, au lieu de diviniser le mystère et la virginité ; des fiancés, précédés des pifferari (joueurs de cornemuse), allant à l’église pour faire bénir leur félicité ; des moines, le rosaire à la main, bourdonnant leurs psaumes comme l’abeille bourdonne en rentrant à la ruche avec son butin ; des frères quêteurs, le visage coloré de soleil et de santé, le dos plié sous le fardeau de pain, de fruits, d’œufs, de fiasques d’huile et de vin, qu’ils rapportaient au couvent ; des ermites assis sur leurs nattes au seuil de leur ermitage ou de leur grotte de rocher au soleil, et souriant aux jeunes femmes et aux enfants qui leur demandaient de les bénir, voilà les spectacles de cette nature ; il n’y avait là rien pour la tristesse et la mort.

1182. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Regardez les bras demi-nus de belles jeunes demoiselles à moitié vêtues, écartant d’un geste encore endormi les volets de leur chambre haute pour voir le beau matin du jour qui se lève et pour écouter la cloche de l’église rustique convoquant tout le monde à l’angélus.

1183. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Singulier temps que celui où l’on voit un homme d’Église dire du mal de Rome, et s’excuser des négligences de ses poésies par la violence de ses tourments amoureux !

1184. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Quoique destiné dès le commencement à l’Église, et entré dans les ordres à l’époque des querelles suscitées par la Réforme, Amyot évita la théologie, et jusqu’à son élévation à l’évêché d’Auxerre, il ne s’occupa que d’études profanes.

1185. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Appuyé sur les documents que fournissent l’histoire de l’église, la littérature de l’époque et les arts plastiques, M. 

1186. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Elle court les petits théâtres, et elle imite les virtuoses grotesques, comme demain elle irait au sermon et suivrait la retraite en vogue, si le vent soufflait de l’église, au lieu de venir du café chantant.

1187. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Winslow note aussi que des catholiques convertis au protestantisme ont, pendant le délire qui précédait leur mort, prié uniquement d’après le formulaire de l’Eglise romaine. — « Les réviviscences de ce genre ne sont au sens strict qu’un retour en arrière, à des conditions d’existence qui semblaient disparues, mais que le travail à rebours de la dissolution a ramenées… Certains retours religieux de la dernière heure dont on a fait grand bruit ne sont, pour une psychologie clairvoyante, que l’effet nécessaire d’une dissolution sans remède. » (Voir Ribot, p. 147.)

1188. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

» Elle a un petit mouvement de dépit, traverse la rue, pose le front, mordu d’un coup de soleil, contre la grille de l’église, où, dans le moment, monte une noce.

1189. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

» * * * — Tous des timides ou des lâches — même les gens d’église… est-ce que le président Grévy, le chef de ce gouvernement qui a déchristianisé la France, aurait dû trouver un prêtre pour baptiser sa petite-fille ?

1190. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

De ces écrivains isolés dans leur faiblesse individuelle, elle avait fait une caste pensante, un parlement de l’intelligence, une sorte d’église laïque, trois choses bien contraires à l’esprit de Richelieu, de Louis XIV et de la monarchie.

1191. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Il fallait que ce qui était acquis fût acquis, le fût à toujours ; et ils eussent dit volontiers, en parodiant un mot de Bossuet, que toute vérité, du moment et par cela seul qu’elle était sortie du cabinet ou du laboratoire du savant, « avait d’abord toute sa perfection. » Si cette conception de la science, — infiniment plus étroite et plus ennemie du progrès que celle qu’aucune Église s’est jamais formée de son dogme, — n’est pas encore tout à fait abolie, mais le sera bientôt sans doute, quand nous aurons cessé de subir l’influence des Renan et des Littré, personne assurément n’y aura plus contribué qu’Auguste Comte ; et ce n’est pas le moindre titre du positivisme, — il faut le dire et le redire, — que d’avoir opéré cette révolution.

1192. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Les Études sur les Pères de l’Église, si maigres et si superficielles, ne parurent savantes qu’aux ignorants, à ceux-là qui, nombreux alors et qui le sont encore aujourd’hui, n’avaient jamais ouvert ces livres merveilleux où l’Église a versé son génie par la plume de ses Docteurs et de ses Saints.

1193. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

., page 106), le libérateur de l’Église, le héros de la religion ?

1194. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Il est enterré dans le cimetière de la paroisse du Petit-Servins, près d’Ablain-Saint-Nazaire, à l’ombre de l’église où tant de fois il est venu demander à Dieu la victoire de nos armes et sûrement offrir sa vie.

1195. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

— Et même les groupes précisés par une organisation officielle, les États et les Églises, ne sont que des unités superficielles formées d’éléments hétérogènes. La nation anglaise comprend des Gallois, des Écossais, des Irlandais ; l’Église catholique se compose de fidèles épars dans le monde entier et différents en tout, sauf la religion. […] Un Canadien français est membre de l’État britannique, de l’Église catholique, du groupe de langue française. […] Les hommes eux-mêmes, spécialisés dans une occupation ou une fonction qui devient l’habitude dominante de leur vie, paraissent se grouper en catégories distinctes (classes, corporation, églises, gouvernements) ; et ces catégories paraissent des êtres réels, ou tout au moins des organes chargés chacun d’une fonction dans un être réel, qui est la société. […] L’évolution d’un usage ou d’une institution (langue, religion, Église, État) n’est qu’une métaphore, un usage est une abstraction ; une abstraction n’évolue pas ; il n’y a que des êtres qui évoluent au sens propre200.

1196. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Après avoir momentanément rallumé par ses apôtres et par ses martyrs la foi de toute l’Église chrétienne, le protestantisme vint bientôt lui fournir, par ses savants et par ses sages, les instruments les plus actifs de sa destruction. […] Et c’est pourquoi, semblable à tant d’hommes indécis de ma génération, je ne suis point un renégat ; et c’est pourquoi je crois pouvoir, sans hypocrisie, rester uni par la pratique du culte à une église dont la valeur spirituelle subsiste pour moi tout entière, même dans l’effondrement de sa base historique et de son édifice dogmatique. […] Le protestantisme n’a pas fourni seulement à l’Église des martyrs qui ont rallumé sa foi, puis des savants qui lui ont appris la critique ; il lui a fourni des saints, qui ont relevé son niveau moral. […] M. de Narbonne, causant avec Napoléon qui, dans une heure de mécontentement, avait parlé d’établir une église nationale, disait ce mot : « Il n’y a pas assez de religion en France pour en faire deux. » Serait-il vrai aussi qu’il n’y a pas en France assez de poésie pour en admettre deux et trois et plusieurs ? […] Après tout, il n’était pas nécessaire que la grande situation de Bossuet dans l’histoire fût occupée, à défaut de lui, par quelqu’un, et la rigueur logique que certains philosophes aiment à retrouver dans l’enchaînement des faits littéraires ne peut sans doute aller jusqu’à prétendre que le Discours sur l’histoire universelle et le Sermon sur l’unité de l’Église devaient être produits.

1197. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Que Régina croie encore aimer Clotilde en aimant son frère, qu’elle n’ait pas senti son cœur s’enflammer aux récits qu’elle écoutait d’une oreille avide, qu’elle ait recueilli sans défiance les louanges que Clotilde prodiguait à son frère absent, c’est une fiction que le cœur admet sans peine ; mais réunir dans l’église du couvent, sur le tombeau de Clotilde, Régina et Saluce, c’est un artifice que la poésie répudie, qui appartient à l’art d’Anne Radcliffe. […] L’accusation, en passant par la bouche du père Dutemps, ressemble trop aux objections hérétiques produites dans les églises du moyen âge par l’avocat du diable. […] Il y a en Bretagne et en Auvergne des églises de lave et de granit, mais personne, que je sache, n’a jamais aperçu le granit de Notre-Dame.

1198. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Supposez, d’ailleurs, dix imbéciles se réunissant pour fonder une caste, une petite église : vous verrez aussitôt les gens sensés et les hommes d’esprit mortifiés de leur exclusion, accourir et postuler avec ardeur le droit d’être un sot, — justement parce que ce droit sera limité. […] George Sand, fidèle à son passé et à ses impiétés philosophiques, a traité, dans ses Mémoires, le culte extérieur que l’Église rend au Christ de fabulation ridicule , et appelé Robespierre le plus grand homme de la Révolution . […] Le seizième siècle a discuté Dieu dans l’autorité de son église ; le dix-huitième a amoindri la royauté — de toute la tête : malgré ces précédents terribles et fameux, me sera-t-il permis, en plein dix-neuvième siècle, de toucher à l’art dramatique, ne fût-ce que pour épiler çà et là quelques cheveux blancs qui le vieillissent ?

1199. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Quelle donnée plus sérieuse et plus féconde que celle-là : un roi de France, un fils aîné de l’Église, illustré déjà par vingt victoires, rêvant l’agrandissement de son royaume et la conquête de la Normandie, et arrêté tout à coup par une puissance invisible, par l’anathème d’un vieillard débile, qui ne pourrait pas disposer de cinquante soldats : la lutte entre le pouvoir temporel, représenté par Philippe-Auguste, et le pouvoir spirituel, représenté par le légat du pape ; et, entre ces deux forces rivales qui résument le moyen âge tout entier, une femme chaste et pure, aimante et dévouée, épouse légitime de Philippe, mère de ses deux enfants, et cependant coupable, car elle n’est épouse et mère qu’à la faveur d’un divorce que l’Église réprouve, et qui fait gémir Ingelberge, la vraie reine, dans la solitude et l’abandon ! […] Mignet, ni le magnifique morceau intitulé le Moyen Âge et l’Église catholique, et inspiré par les diverses publications de l’abbé Gaume, du père Ventura, et de cet illustre Donoso Cortès, aujourd’hui pleuré par ceux-là mêmes qui, tout en admirant son génie, avaient cru trouver dans quelques-unes de ses doctrines, un sujet de controverse. […] C’est alors que la capitale du monde civilisé, éveillée brusquement après une nuit de plaisir et de fête, voyait de sang-froid et sans colère une foule, ivre de vin et de rage, se ruer sur les murs sacrés d’une église, sur la sainte demeure d’un archevêque, et jeter au courant du fleuve des trésors d’art et de science. […] Je puis lui donner là-dessus les renseignements les plus précis ; l’auteur des Lettres de Beauséant n’est ni un Génevois, ni un protestant, ni un fanatique, ni un sacristain d’église orthodoxe ou réformée ; c’est un gentilhomme français et catholique, d’un esprit supérieur, d’une conversation ravissante, ayant acheté, au prix de beaucoup de mécomptes et de souffrances, le droit d’avoir raison contre bien des gens, même contre Béranger et contre M.  […] Et, en même temps, tout ce qu’il nous dit des abbés de cour, des évêques infidèles à leurs résidences, de l’indécence dans les églises, de la frivolité solennelle de ces pompes religieuses d’où l’esprit de Dieu semblait s’être retiré, n’est-il pas pour nous l’occasion d’un heureux retour vers notre clergé, vers nos évêques, vers l’admirable dignité de nos cérémonies, vers l’austère beauté de notre culte, retrempé dans ses souffrances, et trompant la haine de ses ennemis en se régénérant sous leurs coups ?

1200. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou prononcer un discours sur le patriotisme dans l’église de l’Oratoire à Paris, durant le service funèbre que ce district faisait célébrer pour les morts du 14 juillet ; quelques mots de ce discours se retrouvent exactement les mêmes que la dernière phrase d’une petite brochure anonyme intitulée le Contrat social des Français, et publiée le 23 juillet précédent ; ce qui, indépendamment des autres preuves, achèverait d’indiquer que ce Contrat est bien de lui : « Quel touchant spectacle que celui qu’offrait un peuple aimable lorsqu’il faisait avec tant d’harmonie les premiers pas vers la liberté !  […] Diverses brochures et articles de journaux, de sa façon, nous le présentent essayant de concilier le caractère sacré que lui et ses amis de l’Oratoire n’ont pas dépouillé, avec les circonstances sociales nouvelles ; il s’applique à démontrer que la Constitution civile du clergé, telle que la veut l’Assemblée constituante, est sincèrement d’accord avec les principes de la foi catholique et avec les conditions de cette Église, y compris la primauté du pape et la supériorité de la juridiction épiscopale.

1201. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Les tours et les flèches des églises gothiques me semblaient emporter dans les cieux la prière des fidèles, pendant qu’à l’intérieur l’enceinte fermée de toutes parts, le silence, la paix, l’ombre mystérieuse des vitraux, me montraient l’image même de l’âme pieuse et recueillie406. […] En l’absence du roi, parti pour la guerre de Flandre, le premier président du Parlement, Lamoignon, opposa son veto formel à une nouvelle représentation ; l’archevêque de Paris fit un mandement qui défendait « à toutes personnes de voir représenter, lire ou entendre réciter la comédie de l’Imposteur, soit publiquement, soit en particulier, sous peine d’excommunication » ; et le Tartuffe ne put être mis en liberté qu’en février 1659, à la faveur de l’apaisement des querelles religieuses, et de la réconciliation momentanée des diverses opinions de l’Église de France.

1202. (1904) Zangwill pp. 7-90

Gabriel Séailles sur la séparation des Églises et de l’État, employait aux fins de cette enquête, par le ministère de M.  […] Les prêtres aussi, les petits prêtres, en ce sens, n’occupaient aucune situation dans l’État, n’avaient aucun pouvoir dans l’État ; les prêtres aussi étaient assez maltraités par leurs supérieurs et ne déterminaient aucuns événements ; les prêtres aussi étaient les plus mal rétribués des fonctionnaires, et nul ne les entendait ; et quand ils ne seront plus des fonctionnaires mal rétribués d’État, ils seront des fonctionnaires mal rétribués d’Église ; et nul ne les entendra ; ils poursuivent modestement leur prédication de la vie future ; par situation, par métier, par humilité chrétienne ils n’ont ni vanité ni orgueil, ni présomption ni cupidité de la domination ; un curé de campagne est un petit seigneur ; l’exercice du ministère ecclésiastique est essentiellement un exercice d’humilité chrétienne.

1203. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

C’est ainsi que sont conservés dans toute la France les églises, les palais, telle vieille porte ou telle maison ancienne. […] On ne détruit plus les églises gothiques ; on restaure encore, hélas ; mais au moins sans trop accommoder les monuments au goût du jour.

1204. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Il est aujourd’hui sans danger d’attaquer l’Église, car elle ne dispose plus de bûchers ; il n’y a pas grand péril non plus à écrire contre les gouvernants et les gouvernements, car on risque au pis-aller d’être emprisonné, et l’on a comme compensation la gloriole du martyre. […] Les applaudissements et les couronnes vont au Tristan et Iseult de Wagner et particulièrement à son mystique Parsifal, à la musique d’église du Rêve de M.  […] L’édifice d’idées construit avec des éléments d’une solidité si inégale rappelle ces églises gothiques dont des maçons stupides rescellaient autrefois les endroits dégradés avec une colle de suie et de fromage à laquelle ils donnaient, à l’aide d’un badigeon, l’apparence de la pierre. […] Wiseman tourna toutes les têtes faibles ; Newman passa au catholicisme ; Pusey revêtit toute la haute Église anglicane du costume romain. […] Nous apprenons par la strophe touchante de Villon comment le peuple du moyen âge, qui ne savait pas lire, considérait les tableaux d’église.

1205. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

La voici au Cirque : il s’agit d’une acrobate qui marche au plafond et semble se mouvoir en l’air sans aucun effort : « C’est déjà presque, dira-t-il, le corps glorieux dont parlent les théologiens. » Et les théologiens ne s’en tiennent pas à cette unique et bizarre apparition ; ce sont encore eux qui viennent aider l’auteur à définir une variété de la sensualité et, pour se montrer encore plus hommes d’église, ils parlent latin cette fois. […] Le xviie  siècle a eu le bonheur d’être en France un siècle aristocratique qui s’est reposé sous la multiple autorité de la royauté, de l’Église, des règles d’Aristote, de l’Académie et des bienséances. […] La sainteté n’est point du tout son affaire ; il dit résolument des scrupules de conscience de saint Augustin : « Rien de plus moral, mais rien de moins élégant. » En revanche, Rabelais ne lui fait pas peur ; il le goûte à ses heures ; il lui demanderait volontiers une place dans son abbaye de Thélème ; il regrette seulement que ses plaisanteries d’homme d’église soient par trop grosses et innocentes : « Elles offensent la volupté et c’est leur plus grand tort. » Toujours l’homme de goût qui ne sera ni bourreau ni martyr, ni héros du bien ni virtuose du mal, qui ne fera jamais ni l’ange ni la bête ! […] Mais quand le critique nous montre les comédiens, au temps où ils étaient excommuniés, « liés à la gueule des canons de l’Église » ; quand il exécute une pièce d’Honoré Bonhomme, en disant qu’elle est « honorable et bonhomme » ; quand il fait de M. 

1206. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Sur la Rochefoucauld : « Il ouvre son livre en jetant un regard inquiet vers la Sorbonne … Au dix-septième siècle, toutes les fois qu’on entamait un sujet de philosophie ou de morale, on se tournait vers l’Église, … et l’on entrait en matière en examinant de temps en temps les quatre coins de l’horizon, pour voir à temps s’il ne s’amassait pas, en quelque endroit, un orage théologique. » La période est un peu haletante, mais comme elle vit, comme elle transforme en gestes naturels une inquiétude toute morale ! […] Les excellents travaux d’un Samuel Bernard sur la Bible, d’un Dupin sur l’histoire de l’Église avaient, au dix-septième siècle, diminué très sérieusement les apparences surnaturelles du christianisme ; cela n’eut aucune influence sur la manière qu’avaient les hommes de comprendre la religion ; parce que comprendre, c’est sentir ; et parce que la sensibilité générale des croyants n’avait pas été modifiée. […] Tous, et ils sont une église, plutôt qu’un cénacle. […] Poète d’exception cependant, il le fut ; il le fut comme Hugo, car tout génie original est d’abord ignoré ou contesté par la foule de ses contemporains, en même temps qu’il est adoré dans un cénacle qui, peu à peu, devient l’Église universelle.

1207. (1887) George Sand

C’était une sorte de pastiche de tout ce qui entrait dans sa petite cervelle, mythologie et religion mêlées, dans la singulière éducation que lui donnait sa mère, artiste et poète à sa manière, « qui lui parlait des trois Grâces ou des neuf Muses avec autant de sérieux que des vertus théologales ou des vierges sages », en amalgamant les contes de Perrault et les pièces féeriques du boulevard, « si bien que les anges et les amours, la bonne vierge et la bonne fée, les polichinelles et les magiciens, les diablotins du théâtre et les saints de l’Église produisaient dans sa tête le plus étrange gâchis poétique qu’on puisse imaginer ». […] Mme Sand avait plié son beau style à cette fantaisie du langage rustique, imité dans ses dernières finesses et saisi dans tout son naturel, pour raconter l’histoire de ce brave Champi, de la bonne Madelon, de leur bucolique amitié à l’ombre du moulin, amitié de mère de la part de Madelon, amitié de fils de la part de Champi, mais qui se change avec les événements et les années en une tendresse bien vive et qui les mène, l’un donnant le bras à l’autre, jusqu’à l’église du village, avec le petit Jeannie derrière eux, souriant de son plus fin sourire : ne faut-il pas bien souvent un Ascagne enfant dans les romans de village comme dans les poèmes épiques, pour servir de prétexte aux premières effusions de l’amour naissant ? […] Que devient-il dans cet immense laboratoire humanitaire, ce Dieu de l’amour pur, que Lélia appelait dans sa prière désespérée, dans l’église des Camaldules, ce Dieu de vérité que Spiridion invoquait, d’un cœur enflammé, à travers les persécutions des moines, dans les sombres visions du cloître ? […] » Au bout de peu de jours il fut rassasié de statues, de fresques, d’églises et de galeries.

1208. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

souvenirs qui se confondent en lui avec ces odeurs, comme celle d’un « vieux flacon qui se souvient », ces odeurs où il paraît retrouver toute une durée immémoriale brusquement révélée, Ce grain d’encens qui remplit une église, Ou d’un sachet le musc invétéré, Charme profond, magique, dont nous grise Dans le présent, le passé restauré ! […] L’équivalent, baudelairien ou à peu près, de ce que les hommes appellent amour, il fallut qu’il fût, autour et au-dessous de cette église, (Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse...) […] Cela donnait, comme peinture, ce que cela pouvait, mais le piquant de l’anecdote arrêtait le gros public, peu habitué à voir les dignitaires de l’Église en cette attitude, et l’auteur n’en demandait sans doute pas plus. […] Fromentin eût mieux compris le tableau s’il eût été jusqu’au bout de l’ In pictura orator , et cherché, en un temps où la peinture était encore religieuse, l’essence commune de l’éloquence sur le tableau d’église et de l’éloquence dans la chaire chrétienne.

1209. (1900) Molière pp. -283

On faisait le cadet d’église, on le mettait dans l’Ordre de Malte, quelque peu de vocation d’ailleurs qu’il eût pour aller guerroyer contre les Turcs en qualité de célibataire éternel ; on envoyait les filles au couvent. […] L’usage d’avoir un directeur de conscience était si répandu, qu’il inquiétait l’Église elle-même. Non seulement, parmi les écrivains laïques, beaucoup protestaient, mais l’Église, elle-même, ce pouvoir légitime, régulier, les évêques des diocèses, les curés des paroisses, ont bien des fois signalé aux fidèles le danger des directeurs de conscience ; ils avaient en vue surtout ce danger, que la machine de la direction ne vînt à tourner au profit du mysticisme et de Fénelon. L’homme le plus éminent de l’Église du xviie  siècle, Bossuet, n’a pas dédaigné d’exercer ces fonctions de directeur, au moins par correspondance, pour des personnes très humbles, qu’il ne connaissait pas, et qui s’adressaient à lui ; il leur répondait à certaines époques.

1210. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

C’est déjà l’Église triomphante. Comme toute l’Église triomphante prie pour toute l’Église militante. Et pour l’Église souffrante. […] Disons le mot, c’est une église, laïque, radicale, qui s’est instaurée parmi nous, sur nous.

1211. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Je crois ouïr l’église immense Élever son bruit jusqu’aux cieux : De loin vers ces bois il s’élance, Et vient accroître le silence De leurs dômes religieux.

1212. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Celui-ci était mort dès 1662 ; mais la mise en ordre et la publication de ses Pensées furent retardées par suite des querelles jansénistes jusqu’à l’époque dite de la paix de l’Église (1669).

1213. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Cette colline porte à son sommet, à quelque cent pas de Jérusalem, une mosquée et un groupe d’édifices turcs assez semblables à un hameau d’Europe couronné de son église et de son clocher.

1214. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La nation avait certes la faculté de modifier la forme extérieure de sa souveraineté, de niveler son aristocratie, de salarier son Église, d’abaisser ou même de supprimer son trône pour régner elle-même par ses propres magistratures.

1215. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Ce vieillard pieux n’aurait pas menti pour déshonorer la mémoire d’un confrère dont il avait partagé la faute contre l’Église, mais dont les dispositions posthumes et intéressées ne lui inspiraient ni foi ni estime.

1216. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— Pourvu qu’ils nous laissent la fontaine, avec le bassin à l’ombre de la grotte, où je me vois dans l’eau en me baignant les pieds et en filant ma quenouille, comme une sainte Catherine dans un ciel d’église, quand je garde les brebis paissant sur le bord !

1217. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Écoutez encore, et remettez-moi ces grimoires de papier, ces sommations et ces actes que Nicolas del Calamayo, le conseil, l’avocat et l’huissier de Lucques, vous a fait signifier l’un après l’autre pour vous déposséder du pré, de la grotte, des champs, des mûriers, de la vieille vigne et du gros châtaignier, au nom de parents que vous ne vous connaissiez pas dans les villages de la plaine du Cerchio ; c’était peut-être une mauvaise pensée qui me tenait l’esprit, ajouta le frère, mais, quand j’ai su la passion bestiale du chef des sbires pour votre belle enfant, sauvage comme une biche de votre forêt ; quand j’ai appris qu’un homme si riche et si puissant dans Lucques vous avait demandé la main d’une fille de rien du tout, nourrie dans une cabane ; quand on m’a dit que la petite l’avait refusé, et qu’à la suite de ce refus obstiné pour l’amour de vous et de son cousin, le sbire s’était présenté tout à coup et coup sur coup, muni de soi-disant actes endormis jusque-là, qui attribuaient, champ par champ, votre petit bien au chef des sbires, acquéreur des titres de vos soi-disant parents d’en bas, je n’ai pu m’empêcher d’entrevoir là-dedans des hasards bien habiles, et qui avaient bien l’air d’avoir été concertés par quelque officier scélérat de plume, comme il y en a tant parmi ces hommes à robe noire qui grignotent les vieux parchemins, comme des rats d’église grignotent la cire de l’autel.

1218. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Laisse aller l’ignorance indécise De ton cœur vers les bras ouverts de mon Église Comme la guêpe vole au lis épanoui.

1219. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

» — C’est la Confession publique de l’Église primitive, anticipée dans une cour de la vieille Asie.

1220. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Quelque chose de sa sublimité et de sa vertu entre dans la Sophia byzantine, et lorsque la Panagie lui succède dans son temple changé en église, Pallas Parthénos semble, avec elle, y régner encore.

1221. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Une sainte, trois fois canonisée par l’Église, sainte Brigitte, a bien osé nous montrer Jésus-Christ offrant à Satan une grâce pleine et entière, sous la condition d’une parole de repentir, et l’invincible orgueilleux se refusant à ces charges de la clémence divine !

1222. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Le Pymandre, livre assez peu intelligible, attribué à Mercure, mais qui paraît avoir été composé dans les premiers siècles de l’Église, c’est-à-dire à une époque où une foule de traditions graduellement défigurées et affaiblies finissaient, et où l’on cherchait à les faire revivre en les rattachant au christianisme ; ce livre, qui contient, quoi qu’il en soit, les éléments de la philosophie hermétique, fait de la pensée et de la parole une émanation directe de Dieu.

1223. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

… Pour ceux qui savent quelque chose de l’histoire des premiers siècles de l’Église, quel marmouset sera le saint Antoine de Flaubert, berné par ses tentations comme Sancho Pança par les muletiers qui le font sauter dans sa couverture, à côté du majestueux patriarche des Solitaires, l’ami du grand Athanase, au souffle inspiré, qui, du fond du désert, s’en vint et plana sur le concile de Nicée, et dont la pauvre sandale de roseaux entrelacés pesa aussi lourdement sur le démon terrassé que la bottine d’or de l’Archange !

1224. (1898) Essai sur Goethe

Toutes ces masses étaient nécessaires ; ne les vois-tu pas dans toutes les vieilles églises de ma ville ? […] Ainsi, au-dessus de l’entrée principale, flanquée de deux plus petites, s’ouvre l’ogive de la fenêtre, d’habitude correspondant à la nef de l’église et qui n’était autrefois qu’une lucarne, analogue aux petites fenêtres des clochers, — tout cela était nécessaire et je l’ai fait beau. […] Il ne s’agissait plus de chercher, comme au siècle précédent, la réconciliation des dogmes du Christ et des doctrines de l’Académie, ou celle de l’Église d’Orient avec l’Église d’Occident : il s’agissait d’une lutte ouverte, violente, impitoyable, entre l’Église catholique et la Réforme.

1225. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Grégoire, qui ne souffre dans son église ni tableaux ni statues, donne l’octave des morts à Lunéville. […] (On ne dit plus l’Église romaine ; on dit, maintenant, la Curie romaine — comme on disait dans la Home antique.) […] Aussitôt après cette mort, aussitôt après, Barbey d’Aurevilly faisait formellement abjuration de toutes ses erreurs, se confessait, communiait et consacrait sa plume à la défense de l’Église. […] Au moins, lui, il a son culte, son église et son Dieu. » Et c’est une force. […] Et il ne faut pas croire qu’il soit si facile de se donner ce culte, cette église et ce Dieu-là.

1226. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

« Mais il ne fut jamais permis de mépriser une accusation ignominieuse. » Il y eut autrefois à Tarente un petit génie, une espèce de philosophe, appelé Pythagore ; à Utique, un certain Caton ; dans l’Église, je ne sais quel apôtre, nommé Paul, qui prononcent exactement le contraire. […] A Rome, aujourd’hui, du moins je m’en suis laissé faire le conte, une jeune fille va à l’église, se confesse, entend la messe, communie, et, au sortir de la sainte table, sa mère l’accompagne dans l’atelier d’un artiste de vingt-deux ans, à qui elle sert de modèle. […] Un prêtre catholique156, aussi pieux qu’instruit, a dit à cette occasion « que les gens de lettres avaient mis leurs bienfaiteurs au rang des grands hommes, longtemps avant que l’Église plaçât les siens au rang des saints ; et que l’une de ces apothéoses n’était pas moins vile que l’autre157. » LXXXIII. […] « Sénèque n’était point un sage, et Tacite n’en disconvient pas. » Si, parcourant l’histoire de l’Église ou la vie des saints, je recueillais tout le mal que ces humbles personnages ont dit d’eux-mêmes, et que je citasse contre eux l’autorité de Baillet ou de Fleuri, quel est l’homme sensé qu’une aussi étrange absurdité ne fît éclater de rire ? […] Il a dans l’école de Zenon le rang de Paul dans l’Église de Jésus-Christ : Ejus esse loci, apud suos, cujus sit Paulus apud christianos.

1227. (1923) Au service de la déesse

On voit, aux porches des églises romanes, divers motifs ornementaux fort compliqués et qui assemblent des animaux, des plantes et des objets méconnaissables : ce sont, parfois, des symboles périmés, dont la signification s’est perdue, et que les décorateurs utilisent au gré de leur fantaisie. […] Rustique, « une procession naïve et toute droite entre dans l’église habillée de feuilles qui sonne ; et Jean de Noarrieu et le poète Rustique, retenant leurs chiens de chasse, la saluent ». Les vers de Jean de Noarrieu et de L’église habillée de feuilles sont de bons souvenirs. […] « Il est temps de fonder une nouvelle église… » Et il ajoute : « Le temps presse !  […] croit-il écroulées toutes les églises ?

1228. (1883) Le roman naturaliste

Une nuit qu’il dormait, une voix l’appelle, une voix qui « avait l’intonation haute d’une cloche d’église ». […] Or, ce lépreux, c’est Jésus-Christ, et le toit s’envole, et le firmament se déploie, et Julien « monte vers les espaces bleus ». « Et voilà l’histoire de saint Julien l’Hospitalier telle à peu près qu’on la trouve, sur un vitrail d’église, dans mon pays. » Le moyen âge était un peu usé, il avait tant servi ! […] « On était au commencement d’avril… la vapeur du soir passait à travers les peupliers sans feuilles… au loin des bestiaux marchaient, on n’entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements, et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique… A ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s’égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. » Ici, vous le voyez, la pensée s’enveloppe et, pour ainsi dire, s’estompe elle-même de cette « vapeur du soir » qui flotte là-bas entre les peupliers ; elle se laisse bercer à la « lamentation pacifique » de la cloche de l’église ; et c’est ce « tintement répété » de l’Angélus, qui la ramène avec obstination vers les images du couvent de sa jeunesse. […] l’histoire de l’amour d’un charpentier de village pour une fille de ferme et d’une ouvrière de filature pour ce même charpentier, des forgerons, des batteurs en grange, des filles de basse-cour, des rouliers, des aubergistes, un ministre de l’Église établie, et un squire de campagne. […] Faites plutôt vous-même la comparaison. « Jusqu’en 1835, il n’y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d’Abbeville à celle d’Amiens… Cependant Yonville est demeuré stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux… L’église est à l’entrée de la place… Le confessionnal y fait pendant à une statuette de la Vierge… Une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l’intérieur, domine le maître-autel entre quatre chandeliers… La mairie, construite sur les dessins d’un architecte de Paris, est une manière de temple grec ».

1229. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

L’église et l’allée des Pamplemousses ne valent pas, assure un récent voyageur, la description qu’en a donnée notre poëte.

1230. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Dans l’esprit public et par leurs études, s’établit l’opinion que la nation est au-dessus du roi, comme l’Église universelle est au-dessus du pape. » — Le changement est frappant, presque subit.

1231. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le duc de Ferrare et les princesses ses sœurs poussèrent la condescendance à ses craintes imaginaires jusqu’à lui faire écrire, par les inquisiteurs, qu’ils avaient fait examiner attentivement son poème par les théologiens, et qu’on l’absolvait à jamais de toute faute et de toute peine encourue devant l’Église.

1232. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

On le voit, rôdeur à l’œil dévorant, au sourcil visionnaire, comme Wordsworth a dit de Dante, tour à tour le long des grèves de l’Océan, dans les nefs désertes des églises au tomber du jour, ou gravissant les degrés des lugubres beffrois.

1233. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le seigneur Abus, personnage commun à quelques-unes de ces pièces, n’était rien moins que le roi, ou l’Eglise, ou les seigneurs et tout ce qui était privilège.

1234. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Si l’Eglise a pu dire : Il faut qu’il y ait des hérésies 11, elle l’a dit dans un temps où les hérésies profitaient à la religion, en raffermissant la foi par la dispute.

1235. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

La famille, les amis, la patrie, l’école, l’église, le groupe professionnel, l’état, l’humanité cherchent à nous façonner à leur guise et à nous imposer comme devoir ce qu’ils espèrent de nous.

1236. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

La profanation de ces beaux mystères rappelle ces légendes chrétiennes, où l’on voit Satan, en vêtements sacerdotaux, parodier les cérémonies de l’Église, sur les ruines d’une sainte abbaye.

1237. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Ses poèmes naïfs ou sublimes, endormis dans nos bibliothèques, comme les statues mélancoliques qui rêvent depuis tant d’années aux portails de nos vieilles églises, sortirent de leur immobilité séculaire.

1238. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

On le voit les yeux fixes et le corps frissonnant, lorsque, dans le suprême épuisement de la France, Desmarets établit l’impôt du dixième : « La capitation doublée et triplée à la volonté arbitraire des intendants des provinces, les marchandises, et les denrées de toute-espèce imposées en droit au quadruple de leur valeur, taxes d’aides et autres de toute nature et sur toutes sortes de choses : tout cela écrasait, nobles et roturiers, seigneurs et gens d’église, sans que ce qu’il en revenait au roi pût suffire, qui tirait le sang de ses sujets sans distinction, qui en exprimait jusqu’au pus.

1239. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

C’est ce qu’a fait et fera le chrétien protestant, pour lequel les écritures ne sont qu’un texte toujours ouvert aux interprétations de la science et de la morale ; c’est ce que fait encore, quoique avec moins de liberté, le chrétien catholique soumis à l’autorité de l’Église.

1240. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Voilà le Pape de l’Église gallicane. […] On est à l’église. […] Il est tout à fait stupéfait qu’on lui reproche ses pasquinades et ses tartuferies, comme, par exemple, d’offrir le pain bénit et de communier solennellement dans son église. […] C’est même une chose monstrueuse pour lui que « l’Église » ait pu être jadis un « ordre » de l’État. […] Cependant, si l’Église a été un ordre.

1241. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il faut songer encore à cette délicieuse impression, pour parler le langage des peintres à propos d’un peintre, qui s’appelle Dans l’église de *** 82. […] Une cloche est en branle à l’église Saint-Pierre.

1242. (1885) L’Art romantique

Tout ce qu’il y a de douleur dans la passion le passionne ; tout ce qu’il y a de splendeur dans l’Église l’illumine. […] Legros, qu’il vient de rassembler en un album : cérémonies de l’Église, magnifiques comme des rêves ou plutôt comme la réalité ; processions, offices nocturnes, grandeurs sacerdotales, austérités du cloître ; et ces quelques pages où Edgar Poe se trouve traduit avec une âpre et simple majesté. […] Janmot n’est pas un cerveau philosophiquement solide, il faut reconnaître qu’au point de vue de l’art pur il y avait dans la composition de ces scènes, et même dans la couleur amère dont elles étaient revêtues, un charme infini et difficile à décrire, quelque chose des douceurs de la solitude, de la sacristie, de l’église et du cloître ; une mysticité inconsciente et enfantine. […] Ils ressemblent à ces grandes visions que le moyen âge étalait sur les murs de ses églises ou tissait dans ses magnifiques tapisseries.

1243. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Le sujet de la plupart de ses pièces, c’est la revanche de la conception païenne de la vie contre la conception chrétienne, de la « joie de vivre », comme il l’appelle, contre la tristesse religieuse, de la conscience individuelle contre les préjugés sociaux et contre le pharisaïsme des Codes ou des Eglises. […] Et, en effet, l’Eglise n’enseigne-t-elle pas qu’elle vient du diable ? […] Telle, l’Eglise nous déclare que son histoire et ses dogmes forment « un bloc dont on ne peut rien distraire », et que ceux qui en distraient quelque chose sont hérétiques et anathèmes, et c’est pourquoi elle les livrait jadis au bras séculier a par mesure d’ordre public ». […] Donc, pour un nombre immense de personnes de la petite bourgeoisie (et pour bon nombre de gens dans les autres classes), la règle, c’est l’opinion des habitants du même bourg ; la vertu, c’est leur estime ; l’« honneur », c’est d’être « considéré » ; la religion, c’est d’être baptisé et d’être marié et enterré à l’église ; la morale, c’est de ne tuer ni de voler, ou plutôt de ne pas paraître avoir volé ou tué, et c’est de payer ses contributions, puisqu’au surplus on ne peut pas faire autrement. […] Puis, avec la condescendance d’un homme qui se sait adoré, Renato conseille à Vanina d’aller, dans quelque église, brûler un cierge à son intention.

1244. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Et les magistrats de Delphes condamnent Créuse à mort, pour tentative de meurtre sur un homme d’Église. […] (C’est cet inconnu si bref, ce mouvement insaisissable de la suprême pensée qu’escompte l’Église dans certaines de ses absolutions.) […] Donc, la morale universelle, et non seulement la règle des Codes et celle des Églises confessionnelles, mais la morale même du cœur ne saurait absoudre Emma Oison ; c’est bien entendu, et l’auteur, je dois le dire, ne prétend nulle part nous insinuer le contraire. […] Une église byzantine, ornée comme une immense châsse ; la procession la plus brillante, la plus harmonieuse par le choix des couleurs amorties et assorties, la plus riche, la plus soignée qui se soit jamais déroulée sur les planches d’un théâtre d’opéra ou de féerie. […] Et quelles étranges choses se passent, dans cette église, pendant cette messe, derrière la chasuble de l’officiant !

1245. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

« Souvent, assis dans une église peu fréquentée, il passe des heures entières en méditation. » Le soir venu, il reprend le chemin de sa retraite, et il se dit que « sous tant de toits habités, il n’a pas un ami. » Enfin, il se décide à « achever dans un exil champêtre une carrière à peine commencée et dans laquelle il a déjà dévoré des siècles. » Cette solitude le plonge dans de nouveaux tourments. […] Dans la chaire de Notre-Dame, parlant du siècle même, il avouera « que c’est un siècle dont il a tout aimé. » Et ne pourrait-on pas voir, en même temps qu’une vue élevée des choses humaines, une allusion à des impressions intimes, à de vagues chagrins non effacés, dans ces lignes où le langage de la charité s’empreint à demi d’une sensibilité profane : « Par la charité il n’y a pas de cœur où l’Église ne pût pénétrer, car le malheur est le roi d’ici-bas, et tôt ou tard tout cœur est atteint de son sceptre… Désormais l’Église pouvait aller avec confiance conquérir l’univers, car il y a des larmes dans tout l’univers, et elles nous sont si naturelles qu’encore qu’elles n’eussent pas de cause, elles couleraient sans cause par le seul charme de cette indéfinissable tristesse dont notre âme est le puits profond et mystérieux. » C’est par là que Lacordaire se trouvait en communion de sentiments avec tant d’hommes de sa génération, et c’est, avec son incontestable talent, un des secrets de la séduction qu’il a exercée sur son époque. […] Je suis entré dans l’église, où les fidèles en paix chantaient l’alleluia de la résurrection. […] Par exemple, à Sténio qui lui demande l’explication de son attitude à la fois hautaine et pieuse dans une église, elle répond : « Que t’importe cela, jeune poète ? […] Elle a embrassé la religion catholique faute de mieux, et ainsi qu’elle prend soin de le dire, « c’est le cloître et non pas l’Église qui l’a adopté. » Eh bien !

1246. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

. — Pascal, lui, n’est pas seulement le janséniste exalté, le plus brûlant dévot de cette brûlante Eglise, il est l’âme religieuse dans ce qu’elle a de plus tragique et de plus épouvanté. […] Il a lui-même accompli le pèlerinage de Rome pour visiter dans l’église de Saint-Louis le tombeau de Pauline. « Il nous semblait », dit-il, « qu’après nous être incliné sur ses cendres, nous serions plus digne de parler d’elle. » Il a contemplé le bas-relief dont M.  […] Si l’on considère cet homme moderne du point de vue religieux, on trouve que le plus souvent il est seul parce qu’il n’a plus d’Eglise, qu’il ne fait plus partie d’une communion. […] Une satanée petite queue de cochon m’apparaît partout, même dans l’église. […] Tartufe ne s’offre pas comme un très bon représentant de la classe de ceux qui hantent les églises, car il y constitue une exception par la noirceur de son mensonge, la férocité de son égoïsme, l’acharnée et sourde persévérance de ses entreprises.

1247. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Tous les jours, contre la célèbre Compagnie dont elles n’ont d’ailleurs ni ébranlé le crédit ni diminué le pouvoir dans l’Église, nous voyons que l’on invoque encore les Lettres provinciales. […] Ricard n’a rien dit lui non plus que n’eussent dit avant lui, dans un bon livre, quoique très partial, M. l’abbé Fuzet6, et Joseph de Maistre, avant l’abbé Fuzet, dans son livre fameux sur l’Église gallicane. […] Car enfin, supposé, parce qu’ils sont Picards tous les deux, et tous les deux d’Église, que des Grieux ne soit autre que Prévost lui-même, et sa Manon, de son vrai nom, quelque fille de la régence ou du temps de Louis XV, on s’en réjouit comme si la vérité du roman était une conséquence de cette imitation fidèle de la réalité. […] Et regardons plutôt la tradition comme une fable, ou peu s’en faut, inventée par de pieux amis pour réconcilier avec l’Église la mémoire d’un homme dont la jeunesse au moins l’avait si fort scandalisée. […] Le curé le fit déposer dans son église, en attendant la justice, qui fut appelée, comme c’est l’usage lorsqu’un cadavre a été trouvé.

1248. (1933) De mon temps…

Que d’anciennes églises l’ont retenu en leur présence ! […] L’Espagne,    avec ses âpres paysages de plateaux stériles et de sierras dénudées, avec ses églises aux chapelles grillées et aux rétables surdorés, l’Espagne des Madones douloureuses et des Christs enjuponnés et sanglants, l’Espagne de l’Escurial intéressait passionnément l’auteur du Cloître et de Philippe II, non moins que l’art des Greco et des Velasquez.

1249. (1910) Rousseau contre Molière

Sans Tartuffe, comme Tartuffe présent, il pourrait maudire son fils coupable de quelque irrévérence à l’endroit de la religion et s’opposer au mariage de sa fille avec un prétendant qui ne hanterait pas les églises et la pousser dans un couvent. […] Si à un grave philosophe de l’antiquité, si même à un moraliste, si surtout à un sermonnaire on permet sans hésitation ni scrupule la peinture des vices, c’est que, par son caractère et par la secte à laquelle il appartient, par l’Eglise dont il est un organe, il ne peut pas être suspect d’un faible, même secret, pour les vices qu’il peint ni pour les vicieux qu’il représente, et il peut par exemple montrer les sots victimes des méchants, sans qu’on puisse, avec la plus mauvaise volonté du monde, croire surprendre chez lui plus de mépris pour les sots que d’animosité pour les fripons. […] Je suis bien étonné si cela ne veut pas dire : 1° les dévots sont des hypocrites capables de tous les crimes : Tartuffe ; ou des idiots : Mme Pernelle ; ou des hommes raisonnables « hébétés » par l’influence des précédents : Orgon ; 2° la dévotion est chose d’autrefois, de vieilles gens obtus et têtus, du XVIe siècle : Mme Pernelle ; 3° Orgon n’a pas été hébété et abêti seulement par Tartuffe, il était prédisposé ; il a été élevé par sa vieille bête de mère, qui lui a dit cent fois, quand il était petit, de croire aveuglément aux gens d’église et de ne rien croire de ce que l’on peut dire contre eux, des esprits médisants la malice étant extrême. […] Hors d’état d’être juges elles-mêmes, elles doivent recevoir la décision des pères et des maris comme celle de l’Église

1250. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

De l’atmosphère imprégnée de catholicisme, de la splendeur des églises, de la longueur des offices une influence se dégage qui l’enveloppe, la pénètre et la transforme en une créature nouvelle. […] « Après une promenade à la rue de Choiseul, dans laquelle il plaçait sa maison bourgeoise, etune visite à l’église Saint-Roch, où plusieurs scènes devaient se passer, armé de toutes pièces, il partit pour la campagne et commença l’œuvre. » Dans la Curée, il décrit l’hôtel de M.  […] Catalogue d’ornements d’église : la chasuble, l’étole, le manipule, le cordon, l’aube, l’amict, le calice, le purificatoire, le pâle, le corporal, le manuterge, etc. […] Plusieurs intérieurs d’église, un jardin, une serre… Mais dresser une liste complète de ces descriptions, ce serait analyser l’œuvre tout entière de M.  […] Le faubourg Saint-Honoré, autour de l’église russe, évoque un quartier de Moscou.

1251. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Nous avons vu il y a quelque temps à Paris, un seigneur étranger, qui, quoique extrêmement riche, débuta par la plus grande avarice, cachant ses cordons pour aller manger à la gargote, disputant une chaise à l’église pour ne pas la payer un sol, s’affichant enfin par la maniere de vivre la plus ignominieuse & la plus misérable, passer ensuite de cet état humiliant à la plus grande splendeur, jettant par-tout l’or à pleines mains, faisant arrêter sa voiture pour demander à ceux qu’il rencontroit, s’ils avoient besoin d’argent ? […] Je vous répondrois qu’il faut qu’elle en trouve cela fût-il pris sur le revenu de vos gros abbés commendataires, qui jouissent de trente, quatre-vingts, & même cent mille livres de rente, pour ne servir ni l’église, ni l’état, & pour arpenter réguliérement ce jardin où leurs prunelles jouent mieux que les nôtres, quand il y a des objets séduisans. […] J’ajoutai que l’aveu d’un homme du monde, d’un banquier, d’un administrateur général des finances, qui soutenoit que ni la politique, ni la probité, ne suffiroient pas pour rendre l’homme irréprochable & vertueux, mais qu’il falloit l’influence des opinions religieuses, étoit un aveu précieux pour l’église, & que le clergé, loin de rejeter une pareille autorité, devoit la faire valoir. […] Sans doute, elle n’a nulle prétention à l’infaillibilité, & il seroit bien singulier qu’après les quatre articles du clergé, qui sont la base de l’église Gallicane, articles qui dépouillent le pape de ses prétentions, une société particuliere prétendît avoir ce privilége.

1252. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Presque surpris une seconde fois par le chantre soupçonneux qui rôde, il n’a que le temps de se réfugier dans l’église ; il s’y laisse enfermer, y passe la nuit, et, accablé de fatigue et d’émotions, s’y endort profondément.

1253. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Dans cette mêlée de races barbares greffées sur l’antique sol italien, dans cet amalgame de Grecs, Byzantins ou Campaniens, de Sicules, de Lombards, d’Étrusques, de Liguriens, de Vénètes, d’Allobroges, de Germains, de vieux Romains ayant oublié jusqu’aux noms de leurs ancêtres, gouvernés par un pontife dont la capitale est une Église sur le tombeau du pêcheur de Galilée ; dans cette confusion de la théocratie donnant des lois au temps au nom de l’éternité, d’aristocraties féodales comme Venise, de comptoirs souverains comme Gênes, d’ateliers républicains comme Florence, de monarchies aventurées et nomades comme le royaume de Naples, de tyrannies fortifiées dans des repaires de brigands plus ou moins policés et gouvernés par l’assassinat : Lucques, Pise, Bologne, Parme, Modène, Reggio, Ferrare, Ravenne, Milan, Padoue ; de cités municipales régies par des citoyens et envahies par des incursions de barbares des Alpes, telles que Turin et toutes les provinces cisalpines, sous les serres des comtes de Savoie, des marquis de Montferrat ou des châtelains du Tyrol, qui peut reconnaître l’Italie des Romains, celle des Scipions, l’Italie des Césars ?

1254. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Dans la grande rue de Frédéric, devant le gymnase de Frédéric, se tenaient les élèves avec leur directeur ; ils saluèrent le passage du mort de chants religieux ; en passant devant l’Université, au son des cloches, au bruit des chants de la société chorale des hommes de Berlin, le cercueil arriva devant le dôme où l’attendaient, sous le portail, la tête découverte, le prince régent, les princes Frédéric-Guillaume, Albert, Albert fils, Frédéric, Georges, Adalbert de Prusse, Auguste de Würtemberg et Frédéric de Hesse-Cassel ; puis, à l’entrée principale de l’église, les chapelains de la cour, conduits par Strauss, reçurent le cercueil et l’accompagnèrent devant l’autel, où il fut déposé sur une estrade entourée de palmes et de plantes en fleurs, d’innombrables cierges portés par quatre immenses candélabres, et enfin des coussins sur lesquels reposaient les ordres du défunt.

1255. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Bonaparte admettait bien le principe de la suprématie romaine, mais à condition que la suprématie impériale prévaudrait sur tout, et que la véritable église, absolue et universelle, ce serait lui et son empire.

1256. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Macbeth les interroge : Je vous conjure par l’art que vous professez, répondez-moi, dussent les vents par vous déchaînés livrer l’assaut aux églises !

1257. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Et ayant ainsi traduit l’impression générale, qui correspond au premier moment de la vision, ils la précisent par les mots qui viennent ensuite et qui marquent ce qu’on distingue au second coup d’oeil  Si donc Mme Gervaisais entre dans une église de Rome, MM. de Goncourt ne diront pas : « Elle se mit à regarder… des femmes agenouillées…, des paysans vautrés… » Non, car ce qu’elle a vu d’abord, ce sont des lignes et des mouvements, c’est quelque chose d’agenouillé et de vautré ; après quoi, elle a remarqué que c’étaient des femmes et des paysans.

1258. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il peut être époux, père, amateur de musique ou de jardinage, chasseur ou pêcheur, membre d’une église, bien d’autres choses encore.

1259. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

René était un cadet de Bretagne, destiné à l’Église ; selon l’usage aristocratique on le sacrifiait, ainsi que ses quatre sœurs, au fils aîné.

1260. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Guizot a embrassé dans une savante analyse la race conquise et la race conquérante, le droit barbare et le droit romain, l’église, la monarchie, la noblesse, les communes, la littérature et la philosophie, enfin tous les éléments de la réalité historique, montrant le rôle de chacun dans l’économie générale des sociétés modernes, et particulièrement de la nôtre.

1261. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Tandis que j’écrivais, on me remit un jour l’ouvrage posthume de mgr Duchesne : l’église au VIe siècle. j’ai couru au chapitre sur les églises celtiques, ému à la pensée, à la certitude que j’y trouverais traduit, sur le latin de Bede par la main défaillante de Duchesne, un des plus beaux poèmes que je connaisse.

1262. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Ceux qui attribuaient la critique au Père Bouhours avaient droit de trouver plaisant que le censeur reprochât à la première rencontre de M. de Clèves et de Mlle de Chartres d’avoir lieu dans une boutique de joaillier plutôt que dans une église.

1263. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Un jour que je le rencontrais ainsi dans une de ces cours de l’Institut que les profanes traversent irrévérencieusement pour raccourcir leur chemin, comme on traverse une église, — un jour que je le rencontrais donc, et qu’arrivé tout fraîchement moi-même de sa Franche-Comté et de son Jura, je lui en rappelais avec feu quelques grands sites, il m’écoutait en souriant ; mais j’avais cherché vainement le nom de Cerdon pour le rattacher à cette haute et austère entrée dans la montagne après Pont-d’Ain : ce nom de Cerdon, que je ne retrouvais pas et que je balbutiais inexactement, avait dérouté à lui-même sa mémoire, et nous avions tourné autour, sachant au juste de quel lieu il s’agissait, mais sans le bien dénommer.

1264. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il mourut chez la comtesse d’Albany, qui fit élever par Canova, dans l’église de Santa Croce, un magnifique monument avec la statue colossale de l’Italie pleurant son poète.

1265. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Mon âme était aussi remplie de pressentiments lorsque, le jour de mes noces, j’amenai dans ces lieux ma timide compagne ; content, mais sérieux, je lui montrai de loin la borne de nos champs, la tour de l’église et l’habitation du pasteur où nous avons éprouvé tant de biens et de maux.

1266. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Jadis, dans le tumulte des cités noires et batailleuses, haute en le ciel se tenait l’église cathédrale, lieu mystique et d’asile : là ce sera ce site, cathédral entre les nations, où l’idée aura son culte et son hospitalité.

1267. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Ayez la bonté de vous souvenir combien de fois vous m’avez dit que, la meilleure qualité que vous trouviez en moi, c’était ma fidélité d’enfant pour tout ce que l’Église croit et ordonne, même dans les plus petites choses !

1268. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Charlemagne, plus Franc que Gaulois, en remettant définitivement à l’église le soin de fixer et d’organiser la société barbare, termine cette première époque et commence la seconde.

1269. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Nous avons souvenance d’avoir vu dans une église de Paris — Saint-Gervais ou Saint-Eustache — une composition signée Mouchy, qui représente des moines. — L’aspect en est très-brun, trop peut-être, et d’une couleur moins variée que le tableau de cette année, mais elle a les mêmes qualités sérieuses de peinture.

1270. (1739) Vie de Molière

Le roi le regrettait ; et ce monarque, dont il avait été le domestique et le pensionnaire, eut la bonté de prier l’archevêque de Paris de le faire inhumer dans une église.

1271. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Louis Ménard que se rangerait Mme Juliette Lamber : « Je suis païenne, dit Madeleine à son cousin de Venise ; mais la raison qui vous rattache à la poésie de l’Église primitive est la même qui me fait n’accepter du paganisme que les croyances du premier temps de la Grèce69. » Et je crois bien que c’est, en effet, M.  […] Dans le langage du peuple, « vivre en païen » (et le mot n’implique pas toujours une réprobation sérieuse et se prononce parfois avec un sourire), c’est simplement ne pas suivre les prescriptions de l’Église et se confier à la bonne loi naturelle. […] On y met du foin ; on y fait des conférences : c’est toujours une église. […] D’abord, quand je lis dans Flaubert des passages comme celui-ci : « Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l’église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles », etc., ou bien : « Incapable de comprendre ce qu’elle n’éprouvait pas, comme de croire à tout ce qui ne se manifestait point par des formes convenues, elle se persuada sans peine que la passion de Charles n’avait plus rien d’exorbitant », et cent autres passages de même force, je me dis que ce sont pourtant bien là des vues sur l’intérieur d’une âme !

1272. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Donc, le premier Tartuffe est une espèce de grossier bedeau, de rat d’église, aux façons vulgaires et basses. […] Ce qu’il raille, ce n’est pas seulement l’affreux cagot blotti dans la dévotion comme dans un fromage : c’est aussi (qu’il y ait consenti ou non) l’humble créature, ignorante, têtue et toute pleine d’ineptes préjugés, mais sincère et de cœur pur, qui a besoin, dans sa grossièreté ingénue, de formules, de rites, de « mômeries », et qui, par suite, prie de la même manière et paraît aussi ridicule que le plus méprisable et le plus faux des rats d’église. […] Pendant que Kabanov est allé boire au cabaret, Katerina raconte son enfance à Varvara ; combien elle aimait aller à l’église, qu’elle croyait voir des anges voltiger dans la grande colonne de lumière qui tombait de la voûte ; ou bien qu’elle se levait la nuit et qu’elle priait jusqu’au matin devant les images. « … Pourquoi je priais alors, ce queje demandais, je ne le sais pas, je n’avais besoin de rien. […] Elle lui annonce tranquillement qu’elle va se remarier avec Jacques ; mais elle ne veut point se passer de la bénédiction de l’Eglise, et, pour l’obtenir, il faut que la cour de Rome annule sa première union. […] ) Dans le Tableau d’église d’Alfred de Musset, un « enfant du siècle » interroge l’image peinte du Christ : « Oh !

1273. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Ceux qui s’en scandalisent, ceux qui nous exhortent à croire, sans nous dire quoi, — sinon, précisément, ce que Renan a cru, — oublient trop que la foi du philosophe même spiritualiste et la foi du fidèle d’une religion révélée ne sont point de même nature, et que, si elle n’est une croyance imposée par une Eglise au nom d’un Dieu qui a été censé se manifester aux hommes, la foi ne saurait être autre chose qu’une aspiration passionnée et constante. […] Cela sent à la fois le jeune clerc qui veut paraître détaché à l’égard des ridicules des personnes d’Eglise, et le régent de rhétorique qui affecte la légèreté, crainte de paraître pédant. […] Il suit maintenant la base de la muraille calcaire qui porte en surplomb le cimetière et l’église… » Est-ce que cette descente de Jan, longeant le cimetière où dort la morte, ne vous fait pas un peu songer à la descente d’Oreste vers le tombeau de l’Atride ? […] Nous sommes dans la sacristie d’une église riche. […] Parlant à des personnes qui viennent à l’église dans les mêmes dispositions qu’elles vont au théâtre, il conforme sa parole à ces dispositions.

1274. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Les principales situations de Bertram avaient attiré sur Maturin les censures de l’église anglicane. […] M. de Lamartine a donc bien fait, selon nous, de résumer le prêtre dans le curé de campagne ; car cette figure, quoique placée dans les derniers rangs de l’église, occupe le premier rang dans l’enseignement du sentiment religieux, L’évêque, mêlé aux pompes et aux joies de ce monde, coudoyant tous les jours la puissance et la richesse, rencontre bien rarement la douleur sur sa route, et omet, quoi qu’il fasse, la meilleure partie de son rôle, la consolation. […] Sans être amoureux d’une femme, car un amour déterminé s’opposerait au serment que l’église réclame, Jocelyn pourrait promener sur l’essaim joyeux des jeunes filles un regard attendri, et mesurer l’avenir dont il se dépouille : son séjour au séminaire prendrait alors une grandeur nouvelle. […] Le mariage est pour l’avarice des hommes une spéculation, et rien de plus ; pour les curieuses, un ennui inévitable ; pour les coquettes, un piège où elles succombent, parce qu’elles ne peuvent briser le lendemain leurs habitudes de la veille : les fêtes du monde ne sont autre chose qu’un perpétuel et public démenti aux maximes de la société. — L’union consacrée par la loi et par l’église, qui devrait adoucir pour tous deux les douleurs du pèlerinage, c’est pour l’homme le sommeil des sens qui s’endorment dans la possession pour se réveiller bientôt, et chercher le plaisir dans la nouveauté ; pour la femme, un marché qu’elle signe aveuglément sans prévoir les obligations qu’il entraîne. […] Lélia n’est pas le récit ingénieux d’une aventure, ou le développement dramatique d’une passion : c’est la pensée du siècle sur lui-même, c’est la plainte d’une société à l’agonie, qui, après avoir nié Dieu et la vérité, après avoir déserté les églises et les écoles, se prend au cœur et lui dit que ses rêves sont des folies.

1275. (1914) Une année de critique

Il a bien compris l’hypocrisie de nos politiciens qui ne cessent de parler d’art et de beauté, tandis qu’ils laissent accomplir, à supposer qu’ils ne s’y emploient pas, la destruction des églises, des jardins et des vieilles demeures. […] Reste parmi tes semblables et n’entre plus dans notre église, car ton impiété offense nos dieux, et ta pitié nous est plus injurieuse que la haine de nos bourreaux. […] Dans ma main, il franchit le seuil des églises et jusqu’à la porte des cloîtres.

1276. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Les personnes sensées ont de la peine à croire qu’il y ait eu des hommes assez déraisonnables pour réaliser leurs propres abstractions : mais entre autres exemples, on peut les renvoyer à l’histoire de Valentin hérésiarque du second siecle de l’Eglise : c’étoit un Philosophe Platonicien qui s’écarta de la simplicité de la foi, & qui imagina des aons, c’est-à-dire des êtres abstraits, qu’il réalisoit ; le silence, la vérité, l’intelligence, le propator, ou principe. […] Voyez l’Histoire de l’Eglise. […] Au reste, cette pratique ne s’observe que dans les Livres d’Eglise destinés à des lectures publiques. […] L’a ne doit être supprimé que dans l’article & dans le pronom la, l’ame, l’église, je l’entends, pour je la entends.

1277. (1901) Figures et caractères

L’église abandonnée des Dames de Saint-Chaumont abrita ses presses. […] Rancune certes contre l’Église, rancune historique et sociale. […] Sentiment très fort chez Michelet et qui le mène loin, à défendre la Sorcière contre l’Église comme il a défendu la Femme contre le Prêtre. […] Une volée retentissante précède Théophile Gautier, comme d’une église construite des restes d’un temple païen.

1278. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Depuis lors, c’est un fait qu’à la date anniversaire de ce tragique événement l’église de Blanchelande s’éclaire d’une façon surnaturelle, et qu’au dernier coup de minuit, Jehoël de la Croix-Jugan revient achever de dire sa messe, si malencontreusement interrompue. […] Cet apôtre de l’orthodoxie a été désavoué par l’Église. […] Les gens d’église, empressés à constater les effets de la grâce et à enregistrer les conversions, se hâtèrent d’ouvrir au pécheur repenti les portes du sanctuaire. […] C’est bien la conversion par la pénitence et l’eucharistie, non les variations d’une religiosité quelconque, mais les chants d’une âme qui retourne vers les bras ouverts de l’Église. » Désormais il demeura convenu que Verlaine avait trouvé d’instinct cette poésie mystique et symboliste à laquelle aspiraient les plus jeunes de ses contemporains, que de son œuvre datait une ère nouvelle dans l’histoire de notre poésie, et que, grâce à lui, cette poésie s’en allait retrouver une fraîcheur, une fécondité toute neuve.

1279. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Peyrat, pasteur de l’Église réformée à Saint-Germain-en-Laye, veut bien me donner l’indication suivante : « Mme de Verdelin a vécu dans sa vieillesse à Cognac.

1280. (1929) Dialogues critiques

Au contraire en Alsace et en Lorraine, comme dans tous les départements français, il y a aussi des libres-penseurs, qui désirent l’école laïque, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et qui espéraient que la France les débarrasserait en même temps du cléricalisme et de l’Allemagne.

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