Mais voilà deux hommes que leur réputation rend parfois bien misérables. […] Il voyait la royauté humiliée à l’étranger, affaiblie au dedans, et la jalousie d’être obéi survivant aux grandes choses qui avaient rendu l’obéissance facile et glorieuse. […] C’est en la mettant au-dessus de lui qu’il s’en rend maître, et pour la langue comme pour la doctrine, c’est de sa libre obéissance qu’il tire son autorité. […] Il est des écrivains qui se rendent plus forts et plus agréables en se corrigeant. […] C’est ce qui appartient en propre à la nation pour laquelle on écrit ; l’auteur doit les rendre à la langue telles qu’il les a reçues.
On sait qu’il ne s’est point assujetti à rendre scrupuleusement son modele ; qu’il l’a réformé, changé, imité, selon les divers effors de sa Muse & les inspirations de son goût ; & l’on peut dire que son travail est d’autant plus propre à lui faire honneur, que les morceaux où il s’est le plus écarté de l’original, ne sont pas les moins estimables de son Poëme. […] Si Lucain s’abandonne trop à la fecondite de son imagination ; son imitateur, à force de vouloir le réduire, le rend maigre, décharné, & c’est sur-tout à ce défaut de juste embonpoint qu’on doit attribuer le peu de succès de son Ouvrage. […] Il est donc bien plus digne des soins de quiconque est né avec du talent, de ne pas s’asservir à rendre un Original mot à mot, phrase par phrase, idée par idée, image par image. Il est bien plus noble d’imiter ces Fondeurs habiles, qui, sachant conserver l’attitude & les principaux traits d’une Statue, forment un nouveau moule pour la rendre avec les beautés qu’elle avoit déjà, lui donner celles qui lui manquoient, & la corriger des défauts qui en rendoient l’exécution moins heureuse.
Mlle d’Eon s’y appliqua avec tant de soin, qu’elle se rendit bientôt digne d’être reçue d’abord Docteur en Droit civil & en Droit canon, puis Avocat au Parlement. […] C’est à cette occasion que notre jeune Négociateur, qui avoit toujours montré le plus grand désir d’entrer dans l’état militaire, & qui s’étoit rendu habile dans tous les genres d’exercice que cet état exige, obtint une Lieutenance de Dragons. […] Elle fut envoyée à Londres en qualité de Secrétaire d’Ambassade, & se rendit si agréable à cette Cour, que, contre l’usage, le Roi de la Grande-Bretagne la choisit pour porter à Louis XV, & à M. le Duc de Bedford son Ambassadeur à Paris, la Ratification du Traité de paix conclu entre les deux Nations. […] En 1757, il lui en accorda une, secrete, de trois mille livres ; en 1760, une, publique, de deux mille livres sur son Trésor Royal ; & le premier Avril 1766, une autre, secrete, de douze mille livres sur sa cassette, dont la formule, conçue dans les termes suivans, est signée & écrite en entier de sa main : « En conséquence des services que le sieur d’Eon m’a rendus, tant en Russie que dans mes armées, & d’autres commissions que je lui ai données, je veux bien lui assurer un Traitement annuel de douze mille livres, que je lui ferai payer exactement tous les six mois, dans quelque pays qu’il soit [hormis en temps de guerre chez mes ennemis], & ce, jusqu’à ce que je juge à propos de lui donner quelque poste dont les appointemens soient plus considérables que le présent Traitement. […] On sait que l’auguste Successeur de ce Prince, également jaloux de récompenser le mérite & les services rendus à l’Etat, continue à Mlle d’Eon la pension de douze mille livres, &c….
Hugo n’a pas à sortir de lui-même, et qu’il veut rendre seulement une impression personnelle, nous avons déjà remarqué que ses défauts disparaissent. […] Jamais orgie satanique n’a été conçue ni rendue avec plus de verve : l’argot des diables, leurs rires bruyants, leurs bonds impétueux, tout cela se voit et s’entend. […] Ce talent est tellement supérieur, et il y aurait si peu à faire pour le rendre, sinon toujours égal, du moins toujours soutenu, que la critique serait coupable de dissimuler avec lui. […] Des fautes de langage ne rendront jamais une pensée ; et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat. » Quant à la composition même de ses odes et à l’invention lyrique, que M. […] Quel poète, vraiment poète, a jamais pu réaliser ce qu’il avait dans l’âme, et comparant son œuvre à sa pensée, s’est osé rendre ce témoignage proféré par Dieu seul, lorsqu’au milieu des splendeurs naissantes de l’univers, il vit que ce qu’il avait fait était bon ?
Les poètes dont il s’était moqué ont été rendus à la lumière, et comme ces corps qu’exhume une curiosité indiscrète, la seule impression de la lumière les a fait tomber en cendres. […] Concentrer sur quelques misérables toute l’horreur qu’inspirent les crimes de la révolution, c’est risquer d’en rendre la leçon inutile. […] Un récit qui nous l’eût expliqué n’eût pas rendu Néron plus aimable ; mais il nous eût appris par quelle dépravation une société, devenue incapable d’une liberté réglée, se rend tout à la fois la complice et la proie d’un de ces despotismes monstrueux auxquels on ose à peine croire, même sur la foi d’un Tacite. […] Le second a rendu sa pensée visible par un talent non moins nouveau dans l’histoire de notre poésie. […] Elle parle plus volontiers de ses plaisirs que de ses dégoûts ; elle tient plus à nous faire aimer les beautés des livres, qu’à nous rendre trop délicats sur les défauts des écrivains.
Il se réconcilie avec sa femme, qui le rend père pour la troisième fois. […] Molière, en quittant Montpellier, se rendit-il immédiatement à Lyon ? […] Le rôle qu’on l’avait forcé de prendre lui fit un devoir de s’y rendre. […] Ils se rendirent donc en troupe au théâtre, résolus d’en forcer l’entrée. […] La doctrine de la métempsycose rendait cette supercherie vraisemblable.
On sait avec quelle jalousie Malherbe y tenait l’emploi de président, et dans quels termes énergiques il rendait ses arrêts. […] Patru courait pourtant moins de risques que Chapelain ; mais c’est un trait propre à cette école d’écrivains théoriciens : le goût les rendait timides. […] La tâche terminée, s’il s’agissait de quelque travail de plume, il le rendait à ceux dont il croyait l’avoir reçu. […] Plus moraliste que théologien, il avait fait de la polémique pour sa compagnie et par devoir : la paix, qui le rendait à ses études de morale, le rendait à lui-même. […] Pourquoi n’y pas voir ce qui rend ces écrits si admirables, l’esprit collectif qui dicte, des plumes particulières qui écrivent, une révision en commun qui arrête le travail ?
C’est une vérité à laquelle tout le monde n’a pas voulu se rendre. […] L’écriture, selon lui, présente, tout à la fois, aux prédicateurs les vérités qu’ils doivent annoncer & la manière dont ils doivent les rendre. […] Point d’objets, répétoit-il, aussi frappans & qu’on doive rendre avec plus de dignité & d’appareil, que ceux que nous offre la religion chrétienne. […] La Rue, qui achevèrent de les rendre ridicules. […] Je l’exhorte, je le presse, & je ne le quitte point qu’il ne soit rendu à mes raisons.
Sortons de cette région vague, indéterminée, où ils flottent ; choisissons entre toutes les actions celle qui peut les rendre visibles. […] Par quel talent rend-elle la maison inhabitable ? […] Ce trait manque dans Esope, et ce défaut rend son histoire invraisemblable. […] C’est qu’il fallait rendre la servitude élégante et séduisante pour mieux louer la rude et dure liberté qu’on lui préfère. […] Quel droit vous a rendus maîtres de l’univers ?
Elles le lui rendirent, « Le plus aimable de tous les hommes et le plus aimé ! […] Les confidences réciproques nous rendirent intéressants nos tête-à-tête : rien ne lie tant les cœurs que la douceur de pleurer ensemble. […] Consultez si bien votre cœur que vous fassiez leur avantage, mais sans vous rendre malheureuse ; car vous ne leur devez pas jusque-là. […] La première partie nous rend fidèlement la disposition où Rousseau était alors. […] mon ami, que vous m’avez rendue difficile !
Il la reconnut, la légitima, et lui rendit le nom, désormais libre, de duchesse d’Albany. […] Mais il ne suffit pas toujours d’en sentir les finesses pour les rendre ; j’ai fait de mon mieux. […] On ne peut expliquer autrement la visite inconvenante qu’Alfieri et la comtesse allèrent rendre, avec éclat, à la cour de Londres en 1791. […] Ce qui rend l’événement plus étrange, c’est qu’il y a fête aujourd’hui pour l’anniversaire de la naissance de la reine. […] Je ne voulus pas même lui rendre politesse pour politesse, et lui renvoyer ma carte.
Lebonnard, l’assiste en ce scabreux rendez-vous. […] Tout compte fait, à peine a-t-il obtenu deux jours de rendez-vous ininterrompu. […] Ce voyage à Rouen n’était que le dénouement d’une ancienne liaison, la vieille histoire des lettres à rendre et du dernier rendez-vous. […] Absorbante et vide, comme un gouffre, elle prend tout et elle ne rend rien, pas même la volupté qu’elle inspire. […] Certes, la passion est une redoutable sorcière : elle a des philtres qui rendent fous et des enchantements qui dépravent.
Rien n’aurait donc paru plus singulier que de chercher à rendre ridicule un ordre politique entièrement dépendant de la volonté générale. […] On pouvait être un homme de beaucoup de mérite sous l’ancien régime, et cependant se rendre ridicule par une ignorance absolue des usages. […] Toutes ces difficultés à vaincre pouvaient rendre très aisément ridicule celui qui ne connaissait pas l’art de les éviter. […] La connaissance de la logique rend plus capable de faire parler la passion. […] En effet, l’homme supérieur ou l’homme sensible se soumet avec effort aux lois de la vie, et l’imagination mélancolique rend heureux un moment, en faisant rêver l’infini.
Après les miracles d’Austerlitz et d’Iéna, ne le voit-on pas pousser à bout la Fortune, et vouloir absolument lui faire rendre plus qu’elle ne peut donner ? […] Il faudrait être Tacite ou Shakespeare pour rendre au vif ce qu’inspire une pareille vue à bien des cœurs, ce que du moins je ressens pour mon compte, et que bien d’autres sentent comme moi confusément. […] On rend généralement hommage et justice a cette grande composition historique et aux belles qualités qui s’y déploient ; mais, selon moi, on ne lui en rend pas encore assez, et l’avenir en dira plus. […] L’ennemi, par son peu de consistance et son imprévu, ne répondait pas aux plus savantes manœuvres, ne rendait pas du côté où le grand adversaire s’y serait attendu. […] mon cher général, si vous pouviez coopérer à me sortir de la maudite galère où je suis, vous me rendriez un grand service !
Il tient véritablement d’Homère, dans les sujets élevés qu’il traite : dans ceux où il se déride, où l’amour l’inspire, c’est un autre Anacréon : témoin ces vers passionnés qu’il fit pour Agathon, & que Fontenelle a rendus dans ses dialogues : Lorsqu’Agathis, par un baiser de flamme, Consent à me payer des maux que j’ai sentis, Sur mes lèvres soudain je sens voler mon ame Qui veut passer sur celles d’Agathis. […] Quelle gloire pour l’un & l’autre Philippe, en parlant de son fils, écrivoit au philosophe : « Je rends moins grace aux dieux de me l’avoir donné, que de l’avoir fait naître pendant votre vie. » Paroles bien remarquables, ainsi que celles d’Alexandre, qui sont l’expression de la reconnoissance la plus vive : « Je dois le jour à mon père : mais, je dois à mon précepteur l’art de me conduire. […] Il avoit eu l’adresse de les vanter beaucoup ; de leur donner, dans toutes les occasions, la préférence sur Aristote, & de les rendre jaloux de lui. […] Il leva promptement une école, & ne fut occupé qu’à la rendre la plus fameuse de la Grèce. […] Après sa mort, il eut des autels & des temples dans Stagire, sa patrie, petite ville de Macédoine, à laquelle il avoit rendu les plus grands services.
Je dois aujourd’hui compter que, pour prix de ces services, vous êtes prêt à m’en rendre. […] — Seigneur, répondit Harpagus, jusqu’ici vous ne m’avez jamais vu songer à vous déplaire, et je ne me rendrai pas plus coupable à l’avenir. […] Il s’empressa en arrivant de lui dire de se rendre près d’Astyage, et d’exécuter tout ce qu’il ordonnerait. […] Tu vas te rendre actuellement en Perse ; une suite convenable t’accompagnera dans la route. […] Ils étaient chargés de se rendre près d’Amyntas et de lui demander, au nom de Darius, l’eau et la terre.
Vulson, [Marc de la Colombiere] né à Grenoble, mort dans un âge avancé, en 1658 ; Auteur inconnu à presque tous nos Lexicographes, & qui ne méritoit nullement cet oubli pour les services qu'il a rendus à notre Histoire. […] Vous rendez par cet Atlas un service essentiel à tous ceux qui désireront avoir une idée juste de la constitution de l'Allemagne, & les notions élémentaires que vous en donnez faciliteront les moyens d'en faire une étude suivie, en remontant aux sources où vous avez puisé. […] La réunion de tous ces avantages doit rendre votre travail précieux à tous les Amateurs, & particuliérement aux Instituteurs de la Noblesse, destinée aux emplois politiques & militaires. […] Un Auteur qui ne cherche que le bien, quand il croit l'avoir trouvé, s'inquiete peu de la gloire ; ce qui ne dispense aucun de ses Lecteurs de lui rendre la justice qu'il mérite.
Plusieurs de ses principaux ouvrages n’ont été rendus publics qu’après sa mort. […] Ce qui fait, après la lutte, l’équilibre, c’est que la raison se rend maîtresse. […] La vérité éclaircie ne rend pas Fénelon coupable, mais elle absout Bossuet. […] La méthode même de son livre eût suffi pour le rendre suspect. […] Son imagination si puissante ne lui sert qu’à se rendre plus auguste l’obscurité de ces mystères.
Il me seroit facile de faire voir que cette idée aggrave plus la faute d’Homere qu’elle ne l’excuse : elle le rend impie gratuitement, je veux dire, sans le rendre plus agréable. […] C’en étoit assez sans doute, pour le rendre aussi important que le dessein du poëme exigeoit qu’il le fût. […] Pour le traduire, il faut suivre son ordre, rendre son sens, et trouver, s’il se peut, des expressions équivalentes aux siennes. […] Entend-t-on que le poëte traducteur ne puisse rendre le fonds, la substance des pensées du poëte original ? […] Les unes laissent une ambiguité fatiguante dans la construction, et rendent en même tems le style dur et contraint.
Il ne rendait les gens ridicules que par la comparaison qu’on faisait d’eux avec ce type de décence, de noblesse et de naturel, qui se personnifiait en lui. […] Rien ne fut plus efficace pour rendre les esprits agréables, les mœurs polies, le langage civil et délicat. […] Boileau, — on lui en a rendu la justice, — n’a loué dans ce roi que ce qui est du grand roi. […] Une certaine fougue de jeunesse, dans les peintures du prédicateur, les rendait d’autant plus sensibles au jeune roi. […] Au reste, la même répugnance pour tous les excès d’esprit le rendit aussi ennemi, en matière de religion, des raffinés que des libres penseurs.
Le pardon de Cinna change le plus mortel ennemi d’Auguste en un ami dévoué, et lui rend plus léger le poids de l’empire. […] Racine ne rabaissait pas la tragédie : il la rendait plus générale, il la rapprochait de toutes les conditions. […] Rassurée par Titus, elle trouve dans la confiance qu’il lui a rendue la force de se sacrifier. […] Le Néron de Racine prépare au Néron de Tacite, et le rend plus vraisemblable. […] J’ai vu des gens de mérite que leur admiration pour Corneille, qui est hors de pair dans les endroits de force, rendait injustes pour Racine.
Un moyen assez efficace de rendre ces aristarques plus circonspects, serait de les engager à donner par écrit leurs avis. […] Et pourquoi est-il plus permis d’outrager un homme de lettres qui honore la nation, que de rendre ridicule un homme en place qui avilit a sienne ? […] Que l’orgueil et le despotisme des bienfaiteurs rendent les bienfaits redoutables, et quelquefois humiliants ! […] Les premiers n’y ont vu qu’une fierté estimable, les autres qu’une vanité révoltante ; c’est au public à juger si les premiers m’ont rendu plus de justice que les seconds. […] « Les savants et les écrivains célèbres qui vous approchent en si grand nombre, applaudiront à l’hommage que je vous rends.
Les poésies de Théocrite, qui avaient couru de son vivant, furent réunies pour la première fois, quelque temps après lui, par un grammairien du nom d’Artémidore, qui lui rendit, toute proportion gardée, le même service qu’Aristarque rendit à Homère. […] Virgile en a rendu quantité de traits délicats, non pas tous cependant. […] Je rends le sens, je presse la nuance, et j’avertis que ce n’est pas tout. […] Gracieuse Vomvyca, tes pieds à toi sont d’ivoire, ta voix est de lin ; et quant à ta manière, je ne la puis rendre. […] — Je rends l’âme !
Elle cherchait à se guérir de deux maladies, restes d’une petite vérole mal soignée, ou qui n’avait pas rendu suffisamment. […] Ayant rendu à Sa Sainteté les actions de grâces qui lui étaient dues, je crus de mon devoir de lui en garder, ainsi qu’à sa famille, une éternelle reconnaissance. […] À dater de ce jour, je ne laissai jamais passer une seule soirée sans me rendre chez les Braschi, et je devins leur plus dévoué serviteur et ami. […] Le jour suivant, il se rendit dans sa cellule à cet effet, ainsi que c’est l’usage parmi les cardinaux dans les conclaves. […] « On se rendit au scrutin à l’heure accoutumée ; Chiaramonti fut élu unanimement et proclamé souverain pontife.
Comblé de ces faveurs dont il devinait la source, ce qui les lui rendait plus chères, il accourut à Ferrare au mois de mai 1572. […] Les larmes mêmes y sont douces, l’amour y rend tout mélodieux jusqu’aux sanglots. […] Hier, cependant, je fus invité de la part de Son Altesse à l’accompagner à sa campagne, où Elle se rendait avec quelques familiers. […] Ils assurèrent que, bien que sa guérison ne fût pas complète, on pouvait espérer que son repentir et sa raison le rendraient digne de recouvrer la faveur de ses protecteurs. […] Cet argent lui servit à se rendre à Venise.
toi qui prolongeas la puissante vieillesse de Goethe, et qui rendis souvent une force surhumaine à la verve épuisée des plus grands artistes, pardonne si j’ai parlé des dangers de ton amour ! […] Arrivé à Baltimore, le jeune Saint-Marc y passa les années 1795, 1796 ; il savait très-bien l’anglais et avait des écolières pour le piano en grand nombre : il s’était rendu extrêmement fort sur cet instrument. […] La gaieté est avant tout quelque chose qui échappe et qui circule ; mais elle eut aussi ses rendez-vous réguliers, ses coteries et foyers de réunion, ses institutions pour ainsi dire, aux divers âges. […] A ne les juger que sur le papier, les pièces lues (qu’on ne s’en étonne pas) ne rendent que bien peu les mêmes pièces chantées ; c’est une lettre morte et muette ; il faut l’air pour leur rendre le souffle et le sens. […] L’ami de Chateaubriand et de Lamennais a su rendre la chanson digne de la familiarité et du tous-les-jours de ces hautes imaginations, de ces nobles intelligences.
« Le lendemain, toute la compagnie, après l’accomplissement des devoirs religieux, se rendit, à travers les bois, sur le sommet d’une colline, et arriva bientôt dans un lieu solitaire, où les branches étendues d’un hêtre touffu ombrageaient une source d’eau transparente. […] Je composai aussi quelques sonnets sur ce sujet ; et pour les rendre plus touchants, je m’efforçai de me persuader que j’avais perdu moi-même l’objet de mon amour, et de faire naître dans mon âme tous les sentiments qui pouvaient me rendre capable d’émouvoir la compassion des autres. […] J’y fus entraîné malgré moi, en quelque sorte, par plusieurs de mes compagnons, et sans doute aussi par ma destinée : car depuis un certain temps j’évitais ces sortes de spectacles, ou si quelquefois je m’y rendais, c’était moins par goût pour ces amusements que par égard pour l’usage. […] Valori nous apprend que Lucretia était de la noble famille des Donati, qu’elle était également distinguée par sa beauté et par sa vertu, et qu’elle descendait de ce Curtio Donato que ses hauts faits militaires avaient rendu célèbre dans toute l’Italie18. […] Laurent nomma pour présider à cette fête, dans la ville de Florence, François Bandini, que son rang et son savoir rendaient extrêmement propre à figurer dans cette circonstance ; et, le même jour, il se fit à Careggi une autre réunion à laquelle il présidait lui-même.
Si Rome a prospéré tant que l’obéissance aux lois y a été une passion, le jour où une autre passion s’y est rendue plus forte, ce jour-là la décadence a commencé. Les Gracques, en violant les lois, détruisirent ce qui modérait l’ambition des nobles et rendait la patience plus facile au peuple par l’espérance. […] « Je rends au public ce qu’il m’a prêté », on ne fait pas tort à Montesquieu en disant qu’il a rendu à la France du dix-huitième siècle ce qu’il en a reçu. […] C’est encore cette finesse qui saisit les nuances les plus délicates, cette propriété qui les fixe, cette clarté qui les rend visibles. […] Il fut heureux pour lui que la proposition de mettre ses restes au Panthéon avortât comme les précédentes ; il échappa à un honneur qu’on avait rendu à Marat.
Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez que je suis arrivé en place philosophe, que j’en suis sorti plus philosophe encore, et que trois ans de retraite ont affermi cette façon de penser au point de la rendre inébranlable. […] Je reçois cent estocades, j’en rends deux cents, et je ris… Tout est égal au bout de la journée, et tout est encore plus égal au bout de toutes les journées. […] Voilà mes vœux de cette année ; ils ne sont pas au-dessus de vos forces, et vous trouverez dans votre cœur, dans votre génie, dans votre mémoire si bien ornée, tout ce qui peut rendre cet ouvrage un chef-d’œuvre. […] Plus on la voit, plus on lui reconnaît un fonds de justice, de bon cœur, d’humanité et d’envie de plaire, qui la rendent respectable et aimable. […] Tout ce qui est dû à la nation française et à son roi rejaillit sur sa personne par l’art avec lequel il le leur fait rendre.
Derrière la maison, au bas d’un rocher, est une futaie d’arbres débroussaillés avec des ruisseaux qui coulent, des nappes, cascades et bouillons d’eau qui vont nuit et jour, et qui rendent ce séjour tout semblable aux champs Élysées. […] Par cette facilité de mœurs, semblables à de pauvres petits enfants trop corrigés et rendus timides, quoique d’un naturel excellent, nous prenons l’importance pour le mérite et la modestie pour insuffisance. Cela nous rend circonspects et craintifs ; nous nous sommes remis au rudiment, nous étudions les premiers principes avec détail et invita Minerva. […] Il est délicat, sensible aux mouches et poussé d’amour-propre ; cela l’a rendu malheureux. […] Il juge bien de son talent, il s’est presque retiré des vers à l’âge qui ne promet plus de fleurs et qui peut rendre de bons fruits.
S’étant engagé dans un escalier obscur qui conduisait au jardin, lieu du rendez-vous, il fit une chute et se blessa grièvement à la tête (19 avril 1562). […] Philippe II, serré de près et mis en demeure de se décider pour rendre réponse à son cousin d’Autriche, différait sans donner les vraies raisons. […] Le dimanche soir, dans la nuit du 18 au 19 janvier, il se rendit avec quelques-uns de ses ministres et un petit nombre d’hommes de sa garde dans la chambre de don Carlos, qu’on trouva endormi. […] Évitons, dans l’art sérieux, de rendre trop sensible le divorce entre la poésie et la vérité ; la première ne peut qu’y perdre et se décréditer à vue d’œil. […] Mais il reste la justice de l’histoire sur le souverain qui rendit contre lui toute calomnie vraisemblable, et mérita même les mensonges accusateurs qu’il encourut.
Il ne fut rendu à la liberté que le 15 septembre 1801. […] Je me félicite de pouvoir conserver avec vous à un autre titre des relations que votre zèle et vos lumières me rendent précieuses, et je ne doute point que lorsque je vais mettre sous les yeux des Consuls le compte rendu de votre gestion jusqu’au 1er vendémiaire prochain, je ne doute point qu’ils ne m’autorisent à confirmer ce témoignage de confiance et d’estime. » Tel fut le point de départ des nouveaux services que Jean-Bon était appelé à rendre et des approbations qu’il allait continuer de mériter dans un exercice de plus de dix années. […] Cretet, M. de Montalivet, auraient certainement rendu de lui le même témoignage. […] Mais encore une fois le grand instrument nous manque, la langue ; et le vrai moyen de perfectionner l’administration municipale, c’est de travailler à la rendre populaire. […] Cette justice que nous lui rendons, qu’on ne la refuse pas, en revanche, à de plus irréprochables et à de plus modérés que lui !
Docilement, patiemment, il s’applique à la copier pour la rendre en son propre et singulier caractère. […] Le romantisme incurable de Flaubert a rendu son analyse plus pénétrante et plus sûre ; il n’a pu donner cette admirable description du morbus lyrique que parce qu’il en observait certains effets en lui-même. […] Daudet, finement et nerveusement, a su rendre certains aspects du Paris d’il y a trente ans, aspects de la ville, aspects des âmes ; il a dessiné de curieuses et vivantes figures : il a rendu aussi, en scènes touchantes ou grandioses, l’idée que de loin, par les indiscrétions des journaux ou la publicité des tribunaux, nous pouvons nous faire des existences princières dans les conditions que le temps présent leur fait. […] Défenseur du devoir, de la vieille morale chrétienne, avocat de la femme à qui la société, l’homme rendent la vertu difficile et lourde, amateur de combinaisons romanesques, arrangeur d’accidents tragiques, Feuillet est précieux par son expérience du monde : certaines parties aristocratiques de notre société n’ont été vues et bien rendues que par lui. […] Deux romanciers qui ont circonscrit leur observation, sont arrivés à rendre supérieurement certains milieux particuliers, avec les espèces morales qui s’y développent : M.
Il ne peut vivre plus longtemps dans une telle inquiétude et veut aller trouver Ricciardo pour lui rendre ce qui lui appartient. […] Pandolfo se rassure et dit à Ricciardo qu’il veut auparavant parler à sa fille pour savoir d’elle la vérité, et que dans une heure il lui rendra réponse. […] Les deux vieillards se cachent dans une chambre voisine de celle où est assigné le rendez-vous. […] « — Vous êtes une masque, disait le mari ; je n’ai point de comptes à vous rendre. […] Molière consent volontiers à lui rendre ce service.
Si quelques-unes nous veulent parler du devoir, l’accent y manque, et l’image qui les fait briller y remplace l’émotion qui les rendrait persuasives. […] Notre siècle a vu des beautés lyriques qui nous rendent sévères pour la muse artificielle de J. […] Les lettres grecques lui étaient comme une littérature maternelle ; de sévères études l’y rendirent savant. […] Ses deux éducations le rendaient invulnérable. […] L’impuissance d’idéaliser rend plus choquante la grossièreté du fond.
C’est s’arrêter à la superficie des choses que d’y voir seulement des effets à saisir et à rendre, de confondre la nature avec un musée, de lui préférer même au besoin un musée. » Le grand art est celui qui traite la nature et la vie « non en illusions, mais en réalités », et qui sent en elles le plus profondément « non pas ce que l’art humain peut le mieux rendre, mais ce qu’il peut au contraire le plus difficilement traduire, ce qui est le moins transposable en son domaine. […] La science est pour l’intelligence ce que la charité est pour le cœur ; elle est ce qui rend infatigable, ce qui toujours relève et rafraîchit ; elle donne le sentiment que l’existence individuelle et même l’existence sociale n’est pas un piétinement sur place, mais une ascension. […] Mais, pour compenser ce qu’il y a d’insuffisant dans la représentation du réel, l’art est obligé, dans une juste mesure, d’augmenter l’intensité de cette représentation ; c’est là, en somme, un moyen de la rendre vraisemblable. […] C’est là rendre l’art malsain « par un dérangement de l’équilibre naturel auquel il n’est déjà que trop porté de lui-même ». […] Il analyse aussi les effets du pittoresque et de l’exotique, « l’extraordinaire rendu sympathique, le lointain rapproché de nous (Bernardin de Saint-Pierre, Flaubert, Loti). » Notre sociabilité s’élargit encore de cette manière, s’affine dans ce contact avec des sociétés lointaines
Ce qui rend cet ouvrage précieux aux provinciaux, c’est qu’on fixe la prononciation en substituant aux caractères romains de l’orthographe les caractères italiques qui rendent les mots tels qu’on doit les prononcer. Comme l’auteur (l’Abbé Feraud de Marseille) n’est pas né à Paris, il n’est pas étonnant que ses observations ne soient pas toujours justes ; mais il n’a rien oublié pour rendre son Dictionnaire complet en son genre, & pour qu’il fût imprimé correctement. […] On s’est plaint aussi que les auteurs pour rendre leur ouvrage volumineux, multiplioient trop les alinea, n’employoient aucune abréviation & finissoient le volume exactement à la fix centiéme page ; ce qui rend la recherche des mots bien plus difficile. […] Mais on doit lui pardonner l’aigreur de sa censure en considération des services qu’il a rendus à la langue. […] Il falloit le rendre ridicule & méprisable ; & c’est ce que l’Abbé Desfontaines a fait avec succès.
De même, l’extension des cités antiques, en augmentant et le nombre des citoyens et les distances qui les séparaient du forum, a rendu illusoire l’exercice immédiat des pouvoirs judiciaires et politiques par le, peuple même78. […] Or s’il est vrai que la dissémination d’un grand nombre de sujets sur une aire très étendue facilite l’omnipotence tranquille d’un despote, n’est-il pas vrai que leur concentration dans les grandes villes la rend plus malaisée ? […] » Mais s’il est vrai que l’extension des sociétés favorise la conception des droits de l’humanité ; il n’est pas étonnant qu’elle favorise du même coup la conception des droits de l’individualité : l’institution de ce groupement nouveau, le plus large de tous, qui est le « genre humain » enlève aux groupements antérieurs et plus étroits, dans lesquels les personnes risquaient d’être comme absorbées, une part de leur autorité ; comme elle les rend moins exclusifs elle les rend moins oppressifs. […] Il a pour premier résultat de nous rendre difficile la connaissance particulière de chacun d’eux. […] En nous découvrant ces voies, la déduction psychologique nous autorise à penser qu’il y a, dans le rapport établi tout à l’heure par l’induction historique, autre chose qu’une coïncidence : nous avons le droit de conclure que l’accroissement incessant des sociétés occidentales a contribué à les rendre égalitaires.
Besenval n’a pas été un simple courtisan homme d’esprit, il a eu son côté sérieux et a rendu des services militaires, notamment sous M. de Choiseul, dont il était l’ami particulier. […] Il lui arriva, dans un voyage qu’il fit à Soleure en ces années (1764), d’y choquer l’esprit d’égalité par les honneurs que d’imprudents amis voulurent lui rendre. […] À tous ces titres, et puisqu’il a pris la peine d’écrire, il a bien quelque compte à rendre auprès de la postérité. […] ) ; mais plus il l’avait rendue impénétrable à tout autre, plus sa confiance m’avait rapproché de lui. […] Sa défense de Paris au 12 juillet, défense bien modérée et réduite, paralysé qu’il était sous les ordres du maréchal de Broglie, avait rendu Besenval très impopulaire.
Rendez donc notre langue aussi feconde en expressions et aussi agréable dans la prononciation, que la langue de ceux que vous pretendez que nous devions égaler pour meriter votre estime. […] L’admiration pour un art naissant fait tomber aisément dans l’exageration ceux qui parlent de ses productions, et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore quelquefois à les rendre plus merveilleux qu’elle ne les a reçus. […] Les écrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans sans nous rendre plus capables de juger la question de la superiorité des peintres de l’antiquité sur les peintres modernes. […] Rendissent les anciens connoisseurs, et même difficiles sur l’expression. […] Leurs peintres avoient même plus d’occasions que les notres n’en peuvent avoir, d’étudier le nud, et les exercices qui étoient alors en usage pour dénoüer et pour fortifier les corps, les devoient rendre mieux conformez qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Sentir ce qu’il en faut prendre, ce qu’il en faut laisser ; connaître les passions douces et fortes, et les rendre sans grimace. […] La femme avait fourni ses pieds à Thétis, sa gorge à Vénus ; la déesse les lui rendait, mais les lui rendait sanctifiés, divinisés. […] Il n’y avait point de jours fixes où l’on s’y assemblât, ou, s’il y en avait, ces jours-là le concours et le tumulte les rendaient moins augustes, parce que le silence et la solitude n’y étaient plus. […] Que tous les visages ne sont pas également propres à rendre fortement la même passion ; il y a des boudeuses charmantes, et des ris déplaisants : voilà pour les caractères. […] Mais ce que j’esquisse ici en passant, se trouvera peut-être un peu plus fortement rendu au chapitre de la composition qui va suivre.
Il vous rendra bon compte de tout. […] L’amour le rendit Peintre. […] Qu’elle a rendu Eve aimable ! […] Dorat n’a point dédaigné de lui rendre. […] C’est un fruit étranger qu’on a rendu propre à notre climat.
Avant de déterminer la manière de les rendre, ne serait-il pas à propos de jeter un coup d’œil sur leurs traits les plus frappants ? […] — Le rôle est si beau, qu’il n’est pas difficile à rendre. — Pas difficile ! savez-vous qu’il fut l’écueil de nombre d’actrices, et qu’il faudrait réunir les talents les plus célèbres, pour le rendre parfaitement ? […] Depuis longtemps on dispute sur la manière de rendre le rôle de Tartuffe. […] L’on s’explique enfin, l’oncle abandonne ses prétentions, le neveu rend l’or, le père touché, lui fait présent de sa fortune et de sa fille.
Il publia d’abord trente pseaumes rendus en vers François. […] L’ingratitude de Buchanan doit rendre à jamais sa mémoire odieuse. […] Adoptées par le jésuite Garasse, voici comme il les a rendus. […] Éléonore ne le vit point d’un œil indifférent lui rendre des soins. […] Il vouloit rendre le François la langue universelle de l’Europe.
Depuis, il a laissé les vers ; il a donné à la prose des inflexions, des contours, des inattendus d’expression, des finesses et des souplesses qui rendent son style semblable à des chuchotements inarticulés entre des êtres dont la langue seule serait le tact. Il a écrit à la loupe, il a rendu visibles des mondes sur un brin d’herbe, il a miniaturé le cœur humain ; il a été le Rembrandt des demi-jours et des demi-nuances, li a efféminé le style à force d’analyser la sensation. […] Armand de Pontmartin Sa laideur l’a rendu méchant, son insuffisance comme poète l’a jeté dans la critique et ses passions réactionnaires contre 48 l’ont fait sénateur. […] Théodore de Banville Ce poète qui, quand il était jeune, n’a pu obtenir rien de ce qu’il désirait, si ce n’est le don d’écrire de beaux vers, a tout obtenu dans son âge mûr ; popularité, gloire, honneurs et même la beauté, car le succès, le contentement intérieur, la joie du devoir accompli ont éclairé sa tête naguère souffrante, poli l’ivoire de ses joues, allumé son regard et rendu ses lèvres aussi spirituelles, ses fiers sourcils — qui, très victorieusement, le dispensent de toute chevelure — aussi beaux que ceux de Boileau.
Pauvre métier qui rend absolument méprisable celui qui l’exerce, disoit Fontenelle. […] Tours ne procure pas plus de fraîcheur, & bientôt on se rend à Saumur : quelle ville ! […] Il lui rendit tous les respects imaginables, & c’est dans son cœur qu’ils trouvoient leur source. […] Plus ils s’éloignent de leur état, plus ils se rendent risibles. […] comment peut-on se persuader que l’élite d’un royaume voudra librement se rendre esclave ?
Ce monument est celui d’une femme qui aima mieux mourir que trahir des citoyens qui voulaient rendre la liberté à l’État. […] Vois les honneurs qui sont rendus à ceux dont le sang a coulé. […] De là ils se rendent aux jeux, et y trouvent la Grèce assemblée. […] Les derniers devoirs rendus, l’orateur montait à la tribune et prononçait l’éloge funèbre. […] On sait qu’il enivra le premier les Athéniens de spectacles et de fêtes, et leur donna des vices pour les gouverner ; mais ce fut son éloquence qui le rendit quarante ans monarque d’une république.
Les Grecs s’étaient rendu raison de tout ce qui concerne l’imitation. […] Cette comparaison rend la maxime évidente. […] Ces figures ne sont rendues plus vives elles-mêmes que par des termes figurés. […] « On remarqua d’abord que, pour rendre le discours harmonieux, il fallait lui donner une mesure et rendre cette mesure sensible à l’oreille. […] Les vérités qu’il exprime n’ont rien de l’extraordinaire qui les rend incroyables.
L’intelligence de l’optique a rendu Phidias célèbre. […] Ils se vantent d’avoir rendu à l’église de grands services. […] Elle ordonna qu’ils eussent à se rendre aux Mathurins au jour marqué. […] Ces derniers furent dociles à s’y rendre au jour marqué. […] M. l’abbé d’Olivet refusa de les rendre.
Aujourd’hui le fils du comte Roederer a pensé que le plus digne hommage à rendre à la mémoire de son père était de recueillir ses œuvres, en les présentant sous la même forme d’une demi-publicité qui leur laissât un caractère d’amitié et de famille. […] Que le chancelier, d’un trait de plume, rende aujourd’hui, suivant le vœu des gens sensés, ces Treize Coutumes uniformes, à quoi serviront demain ces fruits d’une vieillesse agitée, pénible, plus qu’elle n’est heureuse ? […] Il rendit de notables services à la cité, et s’attira le respect même de son père qui, par un touchant retour, honorait en lui le fils qui s’était si généreusement émancipé. […] Accusé à l’instant même par les violents de la Commune, comme plus tard par ceux du parti opposé, il dut se livrer à une apologie qui a perdu de son intérêt avec les passions qui l’avaient rendue nécessaire. […] On lui fournissait des notes, et le compte rendu qu’il faisait et qu’il signait était mêlé de ses propres réflexions.
J’ai touché, il y a quelque temps, l’autre Lauzun à propos de la Grande Mademoiselle qu’il avait su rendre folle de lui : il ne mérite pas un plus long regard. […] Lauzun saisissait et rendait à ravir les ridicules des gens. […] Dans les conversations que nous eûmes ensemble, il me parla avec beaucoup de vérité sur la situation de la France, avec intérêt sur celle du roi, avec mépris sur l’Assemblée et sur les partis qui la divisent ; il me témoigna un désir extrême qu’on rendît au roi sa dignité, sa liberté, son autorité ; à la monarchie son ancienne constitution, ou du moins à quelques changements près, que les circonstances rendaient inévitables. […] Une lettre de vous, ôtant à ces Mémoires leur authenticité, les anéantit, et les étrangers, que nos malheurs ont rendus si importants, n’y verront plus qu’un roman. […] L’Ancien Régime était plus coulant sur ces choses de mœurs, une fois divulguées, et, après un premier éclat de colère, il était convenu qu’on fermerait les yeux ; les éditeurs de Bussy-Rabutin et d’Hamilton auraient eu, sans cela, trop de comptes à rendre.
De là sa passion pour elle, qui n’a rien de plus étonnant que celle que nous avons vue à certains dilettanti de nos jours pour les Sontag et les Malibran, et cette passion fait honneur à Grimm, au lieu de le rendre ridicule, comme on s’est amusé à nous le présenter. […] Dans la joie de son cœur, elle en parle à Grimm : J’ai été très étonnée, dit-elle, de le voir désapprouver le service que je rendais à Rousseau, et le désapprouver d’une manière qui m’a paru d’abord très dure. J’ai voulu combattre son opinion ; je lui ai montré les lettres que nous nous sommes écrites. « Je n’y vois, m’a-t-il dit, de la part de Rousseau que de l’orgueil caché partout : vous lui rendez un fort mauvais service de lui donner l’habitation de l’Ermitage ; mais vous vous en rendez un bien plus mauvais encore. […] En homme prévoyant, il résolut, tout en cultivant l’amitié, de s’amasser des occupations pour les années toutes sérieuses et sévères ; il voulait se rendre le témoignage de n’être plus un être oisif et inutile au milieu de la société. […] Je tâcherai de la bien saisir et de la rendre sensible aux lecteurs sur quelques points décisifs.
L’auteur reconnaît très bien qu’on ne saurait réduire en art les moyens de former les grands hommes ; mais il croit qu’on pourrait porter très loin l’art de rendre les hommes bons. […] Droz, il rendait meilleurs ceux avec lesquels il conversait, parce qu’il les supposait bons comme lui ; parce qu’il avait une entière persuasion que la vérité se répandra sur la terre ; et parce que nul soin, pour la cause de l’humanité, ne pouvait lui paraître pénible. […] Lorsque, dans son jardin d’Auteuil, je l’écoutais avec délices, il rendait vivant pour moi un de ces philosophes de la Grèce qui, sous de verts ombrages, instruisaient des disciples avides de les entendre. […] Les différentes phases de l’opinion publique sont saisies avec finesse et rendues avec assez de vivacité. […] Il est bon au talent de réagir sur lui-même et de contrarier un peu sa nature pour l’affermir et la fortifier ; c’est le genre de service que l’étude de l’histoire rendit à M.
Pétrarque rendait à ce pape dédain pour dédain. […] Rendez-vous à mes désirs, venez. […] Enfin, l’ayant quitté parce qu’il le fallait, je montai sur ma barque pour me rendre à Venise. […] Fasse le Ciel que je puisse lui rendre la pareille ! […] si je n’adorais pas le pontife qui a rendu un si grand service à la république et à moi ?
Il s’adonne à rendre minutieusement le ridicule des fêtes agréables aux populations, comme les comices d’Yonville et les solennités publiques de la capitale. […] Et dans ces existences ; dont les menus faits décèlent perpétuellement en Flaubert une si profonde perception des mobiles, de leur complication, de la dissimulation des plus puissants, de toute la vie inconsciente qui rend chacun différent de ce qu’il se croit et de ce qu’on le croit être, Flaubert est parvenu à distinguer et à rendre le trait le plus difficile : la lente transformation que le temps impose à ceux qu’il détruit. […] Le souci du vrai et la réussite à le rendre que montrent la psychologie et les descriptions réalistes de Flaubert, le suivent dans ses œuvres d’imagination. […] La difficulté de bien faire cette sorte de phrase, la peine qu’elle lui donnait proscrivant toute prolixité, le fit condenser ses descriptions et ses analyses, en leurs points les plus significatifs, rendit son style tendu et stable. L’énorme tension intellectuelle qu’exigeait cette sorte de phrase, le fit concentrer en elle, en sa facture et en sa disposition rhythmique, la plupart de ses forces, et le rendit moins attentif à la composition générale.
La traduction ressemble alors à un portrait qui rendrait grossièrement les traits sans rendre la physionomie, ou en la rendant autre qu’elle n’est, ce qui est encore pis : par exemple, une traduction de Tacite dont le style ne serait point vif et serré, quoique bien écrite d’ailleurs, serait en quelque manière un contresens perpétuel ; et ainsi des autres. […] Ainsi, ce que je propose est plutôt une vue pour rendre un dictionnaire parfaitement complet, qu’un projet dont on puisse espérer la parfaite exécution. […] qu’assurément on ne traduira point ainsi, Quel est celui que le vin n’a pas rendu disert ? […] Car, nous ne saurions trop le redire, il n’y a qu’une sorte de style, le style simple, c’est-à-dire celui qui rend les idées de la manière la moins détournée et la plus sensible. […] Aussi peut-on dire de Fontenelle qu’il a rendu la place dont il s’agit très dangereuse à occuper.
Les voituriers nous demandent 16 ducats pour nous rendre à Varsovie dans huit jours. […] Je me suis hâté de me rendre dans ma famille pour y recueillir quelques débris de patrimoine. […] C’est une réflexion qui doit souvent vous rendre heureux. […] Aujourd’hui que l’expérience m’a rendu vieux, je n’aspire qu’après le repos. […] Il faut songer à se rendre meilleur ; voilà la bonne philosophie.
Quintilien dit qu’on reconnoît la patrie d’un homme au son de sa voix, comme on connoît l’alliage d’un cuivre au son qu’il rend. […] Dix siecles ont pû suffire pour rendre les descendans du même pere et de la même mere aussi differens que le sont aujourd’hui les négres et les suedois. […] Quoique la difference de l’air ne soit pas assez grande dans ces provinces pour rendre les corps differens extérieurement, elle y suffit néanmoins pour rendre très-differens ceux de nos organes qui servent immédiatement aux fonctions de l’ame spirituelle. […] Aussi, dit Tite-Live, se fit-il dans l’assemblée qui donnoit audiance un si grand éclat de rire, que les magistrats eurent peine à faire faire silence afin de pouvoir rendre une réponse sérieuse aux ambassadeurs. […] L’artifice d’Agricola réussit, et les bretons qui dédaignoient de sçavoir parler latin, voulurent se rendre capables de haranguer en cette langue.
Deux, entre autres, alors fort goûtés, le cardinal Duperron et Coeffeteau, évêque de Marseille, rendaient ce progrès sensible à tous les esprits par des ouvrages bien faits et d’une lecture facile. […] Pour caractériser cette disposition des esprits et pour la rendre plus générale, il manquait un mot qui en donnât une image claire et frappante, une théorie qui en déterminât le sens, un écrivain qui réalisât cette théorie avec éclat. […] Il rend ce témoignage à l’un de ses maîtres, M. […] C’était lui rendre un mauvais office. […] L’admirable public que Balzac avait contribué à rendre plus difficile, même pour lui, ne fut pas dupe de ces secrètes caresses qu’il se faisait à lui-même, ni de ce soin laborieux de sa gloire.
Le maître se rendit en effet à leurs vœux et se mit en devoir de trouver une position. […] Son étude est de les rendre bons, de leur faire aimer la justice et l’équité. […] Si je les rends mal, elles vous resteront ; si je les rends bien, elles m’appartiendront. […] et il revint nous rendre fidèlement compte de tout. […] Je n’oublierai jamais les services qu’il m’a rendus.
Il prêcha ouvertement, tant qu’il le put, et toujours devant un nombreux auditoire secrètement, quand les recherches rendirent périlleuse la prédication publique. […] La dureté du gouvernement de Calvin rendit de la force et de l’audace au parti des libertins, et la lutte recommença entre eux et Calvin. […] Le complot est révélé et rendu public ; le plus notable des conjurés, Daniel Berthelière, est condamné à mort et exécuté. […] Luther, quoique moins docte, ne l’avait pas ignorée mais il se fiait plus à cette méthode d’instinct, qui est le don des hommes de génie, et sa fougue le rendait incapable d’ordre et de proportion. […] Dans ce même pays sur lequel Calvin avait comme imprimé le sombre cachet de son génie, un homme supérieur, saint François de Sales, moins de quarante ans après lui, devait, dans des écrits pleins d’onction, attirer aux enseignements de la foi l’imagination et le cœur, et rendre Dieu aimable où Calvin l’avait rendu si terrible.
Il avait aussi à se rendre libre des ménagements que lui imposait envers l’Europe, toujours animée contre le nom du grand roi, l’accueil qu’on y faisait à ses écrits. […] Il y a de plus un certain goût de la perfection qui nous rend injustes. […] « On va parler, dit-il, de ces dissensions qui font honte à la nature humaine. » La bonne foi même dont il confesse sa prévention le rendra prompt aux inexactitudes calomnieuses et aux dédains. […] Ses craintes intermittentes pour la gloire de ses tragédies le rendent injuste pour Boileau, comme si l’Art poétique avait prédit et préparé leur décadence93. […] Son goût leur rend alors plus que son humeur ne leur a ôté, et sa justice fait plus de bien que sa partialité n’a fait de mal.
Le jésuite croira plus au pape qu’à l’Église ; le quiétiste pensera que l’amour de Dieu rend le christianisme inutile. […] Mais ces places rendues, de quelles frontières la France devra-t-elle s’entourer ? […] Il ne veut pas qu’on outre la peur de faillir jusqu’à se rendre misérable. […] C’est d’abord un naturel qui diffère du naturel commun à tous les écrivains du dix-septième siècle, par la facilité qui le rend plus aimable. […] En revanche, il ne s’y trouve rien pour qui ne chercherait pas dans la connaissance des femmes un moyen de les rendre plus solides et plus heureuses.
Boileau a sans cesse revendiqué cette grandeur pour l’esprit français et pour notre langue ; voilà ce qui le rend et le rendra toujours populaire. […] Elle devait finir par se rendre, mais elle ne voulait pas se rendre sans défense. […] Le caractère de Boileau, la dignité de sa vie, ne rendirent pas moins méprisables les mœurs des poètes contemporains, que ses satires n’avaient rendu leurs vers ridicules. […] Ces vers, que chacun de nous sait par cœur, que l’usage a rendus communs sans les rendre vulgaires, paraissaient inouïs aux contemporains de Boileau, et aux poètes qui ne se sentaient pas en règle sur ce point. […] Non qu’il n’eût assez de talent pour les rendre plus claires ; mais il y fallait quelque effort, et sa paresse s’y refusait.
M. d’Argenson désirait depuis longtemps savoir avec précision vers quoi on le voulait diriger, afin de s’y préparer et de se rendre digne de l’emploi par l’étude approfondie et le travail : il était de cette nature d’esprits probes qui n’aiment à traiter et à raisonner des choses qu’après s’en être instruits à fond. […] Les sceaux étant rendus au chancelier d'Aguesseau, M. d’Argenson crut que les Affaires étrangères allaient lui venir presque d’elles-mêmes : « Je ne postulai point, dit-il, mais on postula pour moi… Je vaux peu, mais je brûle d’amour pour le bonheur de mes citoyens, et si cela était bien connu, certainement on me voudrait en place. » N’est-ce pas là un peu de cette candeur dont on l’a souvent loué ? […] Mais pour celle qui va jusqu’à rendre le mal pour le bien, c’est à quoi je ne me ferai jamais, quelque habitude que j’aie eue de l’éprouver. Ma vie n’en est qu’un tissu ; je ne dirai pas que j’aie comblé de biens certaines gens, mais j’ai rendu des services gratuits ; je me suis acquis quelques amis par là, mais je n’y ai jamais compté ; je n’ai compté que sur ceux avec qui la sympathie et le cœur m’ont lié, mais non les bienfaits, et de ceux-là il est prodigieux quels mauvais offices j’en ai souvent tirés. […] De tout cela il lui a résulté peu de soif de la justice, et comme il ne se commande rien à lui-même, par facilité de vivre et par habitude de suivre ses penchants, il ne s’est formé aucuns principes de morale, de justice, ni de droit public ; il ne voit ces règles qu’à mesure des occurrences et de l’offre de chaque espèce, ce qui rend nécessairement cette conduite fautive et peu profonde, n’étant conduite que par l’esprit.
Il est bien sûr que les travaux du ménage ont mille récompenses qui les rendent chers. […] ici pour nous la pauvreté pesante fait le métier du soleil d’Italie : elle nous rend immobiles et moines, quelque part que nous soyons renfermés… » Les années pour Brizeux se succédaient de plus en plus âpres et sévères, et quoiqu’une pension accordée ou augmentée sous M. […] C’est ce qui m’a toujours rendue muette comme un poisson… » Avec Béranger, sans qu’il y ait jamais eu intimité, il y avait liaison et affection sérieuse. […] Le malheur, le luxe, la misère, rendent les hommes effarés. […] Il fut tué lors du massacre du coup d’État, en décembre 1851, sur la voie publique, à Paris, pendant qu’il se rendait, inoffensif et sans armes, au palais de justice.
M. de Ségur nous fait toucher en mainte page de ses Mémoires la réunion de circonstances favorables qui rendait comme unique dans l’histoire ce moment d’illusion et d’espérance. […] Nommé au mois d’avril 91 ambassadeur extraordinaire à Rome en remplacement du cardinal de Bernis, la querelle flagrante avec le Saint-Siège l’empêcha de se rendre à sa destination. […] Marie-Joseph Chénier, en parlant de cet écrit en son Tableau de la Littérature, lui a rendu une justice à laquelle ses réserves mêmes donnent plus de prix. […] M. de Ségur, le lendemain du merveilleux retour de l’île d’Elbe, s’était rendu aux Tuileries pour y porter ses hommages et comptant bien y faire agréer ses excuses : il en revint ce qu’il avait été auparavant, c’est-à-dire grand-maître des cérémonies. […] Un jour, en avril 1822, M. de Ségur reçut une lettre timbrée de Montpellier dont voici quelques extraits : « Monsieur le comte, Souffrez qu’un inconnu vous rende un hommage qui doit au moins avoir cela de flatteur pour vous, que vous y reconnaîtrez, j’en suis sûr, le langage de la vérité.
En toutes choses, l’on ne peut parfaitement rendre que ce que l’on conçoit, ou même que l’on éprouve, puisque ce qui persuade, en dernière analyse, se subordonne. […] À ce souci, en même temps que son imagination s’est vue contrainte de rendre le sceptre, il a dû ramener tout un système de faits, non sans que bien des formes consacrées s’en modifiassent, qui n’y avaient peut-être pas un absolu avantage. […] L’ardeur de rendre meilleur, s’il l’éprouve, c’est pour s’en enorgueillir intimement ; et il ne l’éprouve qu’à de certaines heures seulement, sous le charme d’une idée, et sans une envie régulière d’être même un infime instrument désintéressé de réforme ou d’activité réorganisatrice. […] Serait-ce de ce que, le sachant plus qu’un autre en buttes à mille contrastes, auxquels ce ne peut être de son propre gré qu’il se rend ni, par conséquent, aisément qu’il se façonne, — nous demandons à un idéologue d’être plus neutre encore que M. […] Que resserré plus ou moins étroitement entre ces diverses digues mentales, l’esprit soif en mesure d’atteindre à la pensée et de la rendre avec un égal mérite, cela ne se pourrait imaginer.
Un plan plus vaste auroit rendu mon ouvrage plus volumineux sans le rendre peut-être plus instructif. […] En appréciant le mérite des Ecrivains que la mort nous a enlevés, je me suis permis un peu plus de liberté que dans le compte que j’ai rendu des productions des Auteurs vivans. J’ai rendu justice à ceux-ci en les louant presque tous, & si quelque Lecteur pense que je leur aurois rendu plus de justice en les critiquant, qu’il se mette à la place de ces Ecrivains, & qu’il voie si son amour propre auroit supporté facilement les critiques même les plus justes.
Cela doit nous rendre modestes, car on devait l’être déjà du temps d’Aristote. […] « Il est donc évidemment préférable que la propriété soit particulière et que l’usage seul la rende commune. […] Ainsi, il ne suffit pas au législateur d’avoir rendu les fortunes égales, il faut qu’il leur ait donné de justes proportions. […] La démagogie est née presque toujours de ce qu’on a prétendu rendre absolue et générale une égalité qui n’était réelle qu’à certains égards. […] Nous dirons même, sans aucune flatterie, que de tous les ouvrages politiques c’est incontestablement le plus parfait, et qu’il rend tous les autres ou dangereux ou inutiles.
Il porta son attention jusques sur les habits de ses Acteurs, qu’il rendit héroïques. […] Il eut pour rival le rendre Euripide, dont la Poésie étoit touchante & remplie d’excellentes maximes de morale. […] Il les combla de distinctions & de richesses ; mais ils lui ont rendu beaucoup au-delà de ses bienfaits. […] Mais en général, la plûpart des traducteurs gâtent leur original, ou par une fausse ambition de le surpasser, qui les rend infidéles, ou par une plate exactitude, qui les rend plus infidéles encore. […] Chaline, Marolles, Martignac, la Valterie, l’ont successivement rendu en françois.
Un peu de paresse et beaucoup de légèreté m’ont rendu son instruction plus difficile. […] Son Age et son caractère ont besoin d’un peu de gêne pour toute application suivie ; l’engagement d’écrire sur ces lectures la rendrait plus exacte et plus attentive ; mais comment écrira-t-elle ? […] Il fait allusion à la jalousie et aux tracasseries dont il est l’objet et dont on peut prendre idée par les accusations grossies de Mme Campan : « Je ne parlerai pas à Votre Excellence, dit-il, de mille petites peines que j’ai souffertes presque continuellement : ce ne sont que des piqûres d’épingle, mais leur nombre creuse des plaies et rend la vie amère. » Le dauphin, le futur Louis XVI, n’aimait pas l’abbé et le lui marquait rudement. […] Si pour lors le temps et l’absence avaient éteint chez M. le dauphin une prévention aussi affligeante que peu méritée, si Mme la dauphine se rappelait le plus ancien et le plus dévoué de ses serviteurs, elle me rendrait le plus heureux des hommes. […] Son orgueil avait pris naissance à Vienne, où Marie-Thérèse, autant pour lui donner du crédit sur l’esprit de l’archiduchesse que pour s’emparer du sien, lui avait permis de se rendre tous les soirs au cercle intime de sa famille… » A Versailles on haïssait surtout en l’abbé de Vermond l’homme de Vienne ; il est aisé, de plus, de deviner dans l’animosité que lui a vouée Mme Campan quelque blessure d’amour propre ; la première femme de chambre de la reine, et un bel esprit prétentieux comme elle était, avait dû avoir, un jour ou l’autre, à se plaindre de lui ; elle le lui rend : « Il est très-probable », dit-elle, « par les relations constantes et connues de cet homme avec le comte de Mercy, ambassadeur de l’Empire pendant toute la durée du règne de Louis XVI, qu’il était utile à la Cour de Vienne, et qu’il a souvent déterminé la reine à des démarches dont elle n’appréciait pas les conséquences.
Le Directoire avait une grande aversion pour lui, et celui-ci le lui rendait complètement. Kléber avait dans le caractère on ne sait quoi de nonchalant qui le rendait facilement dupe des intrigants. […] Les corps de garde français prenaient les armes et leur rendaient les plus grands honneurs. […] Ils rendaient des services réels à l’armée. […] Il fallut un échec pour nous la rendre.
Un autre défaut de cette édition, et un défaut grave, c’est de manquer de cartes stratégiques et de plans des lieux, ce qui rend la lecture de ces campagnes fastidieuse et stérile pour la plupart des lecteurs. […] Le premier Frédéric qui l’avait porté, esclave du cérémonial et de l’étiquette, avait rendu ce titre de Majesté presque ridicule en sa personne ; il en était écrasé. Ce premier roi de Prusse, par toute sa vie de vaine pompe et d’apparat, disait, sans le savoir, à sa postérité : « J’ai acquis le titre, et j’en suis fier ; c’est à vous de vous en rendre dignes. » Le père de Frédéric, dont son fils, si maltraité par lui, a si admirablement parlé, et dans un sentiment non pas filial, mais vraiment royal et magnanime, ce père grossier, économe, avare, bourreau des siens et idolâtre de la discipline, cet homme de mérite pourtant, qui « avait une âme laborieuse dans un corps robuste », avait rendu à l’État prussien la solidité que l’enflure et la vanité du premier roi lui avaient fait perdre. […] Il est inconcevable qu’envisageant tout, comme il le faisait, au point de vue supérieur de l’État et de l’intérêt social, Frédéric ait considéré la religion comme un de ces terrains neutres où l’on peut se donner rendez-vous pour le passe-temps et la plaisanterie des après-dîners. […] Il aurait pu ajouter : parce qu’elle est la plus propre à rendre les pensées d’un génie net, ferme, sensé et résolu.
Je ne sais si je rends bien l’impression des autres, mais c’est là exactement la mienne toutes les fois que je me suis approché plus ou moins de Mme de Maintenon. […] Elle avait le teint fort uni et fort beau, les cheveux d’un châtain clair et très agréable, le nez très bien fait, la bouche bien taillée, l’air noble, doux, enjoué et modeste ; et, pour rendre sa beauté plus parfaite et plus éclatante, elle avait les plus beaux yeux du monde. […] En ces années de jeunesse, le trait principal de son caractère et de sa position dans le monde me paraît avoir été celui-ci : elle était de ces femmes qui, dès qu’elles ont un pied quelque part, ont à l’instant l’art et le génie de se faire bien venir, de se rendre utiles, essentielles, indispensables en même temps qu’agréables en toutes choses. […] À la France, aucun, — si l’on excepte le jour où elle demanda à Racine une comédie sacrée pour Saint-Cyr ; à Louis XIV en particulier, elle rendit le service de le retirer des amours que l’âge eût pu rendre déshonorants ; elle coopéra tant qu’elle put à ce qu’elle considérait religieusement comme son salut. […] Mourant, et quand il eut perdu connaissance, on sait qu’elle se retira avant qu’il eût rendu le dernier soupir.
Le récit que Barthélemy a donné de ses premières années de jeunesse, passées en Provence à diverses études, à apprendre l’hébreu, l’arabe, les médailles, les mathématiques et l’astronomie, est piquant, et il a essayé de le rendre tel, moyennant quelques anecdotes bien contées. […] En supposant que l’abbé Barthélemy, pour rendre son récit plus gai, exagère un peu sa vénération et son tremblement, on voit du moins dans quel sens était sa vocation et cette religion littéraire qui lui était comme infuse. […] Il est l’ouvrage d’une main habile, qui a su mettre dans sa physionomie ce mélange de douceur, de simplicité, de bonhomie et de grandeur qui rendait, pour ainsi dire, visible l’âme de cet homme rare. […] Quand elle a eu le temps de s’insinuer dans les cœurs, quand les épreuves n’ont servi qu’à la rendre plus agissante, c’est alors que le choix est fait, c’est alors que l’on commence à vivre dans un autre soi-même. […] Évidemment, Walpole ne se rendait pas bien compte de ce que signifiait le mot qu’il donnait en français ; il est probable qu’il entendait parler de ce badinage enjoué et vif que l’abbé Barthélemy avait dans un salon.
Peteau un homme qui sut lui rendre injures pour injures, en les accompagnant toutefois de meilleurs raisons. […] Ils avilissent une possession qu'il ne tient qu'à eux de rendre respectable. Faut-il que l'art de penser, le plus beau partage des Hommes, devienne une source de ridicule, & que les Gens d'esprit, rendus souvent, par leurs querelles, le jouet des sots, soient les bouffons du Public, dont ils devroient être les Maîtres » ?
Voltaire a l’imagination, non celle qui met la fable à la place de l’histoire, mais celle qui se rend les faits et les lieux présents. […] Quand on se met dans la domesticité des puissants, on n’est pas libre de choisir les services qu’on leur rend, et la fidélité même dégrade. […] Depuis la Renaissance, un seul a été pratiqué, un seul a été possible : c’est celui qui prend l’instruction dans l’antiquité païenne, et la rend chrétienne par l’esprit. […] Les infidélités de Rollin sont dans l’accent du précepte, dans le sentiment ; c’est le précepte rendu plus pénétrant, échauffé par l’esprit de charité, christianisé, si cela peut se dire. […] On ne peut pas lire le Traité des études sans se mieux connaître, ni s’y rendre plus capable de goûter les beautés des lettres sans devenir plus homme de bien.
Elle se nommait Laforest, et il la rendit ainsi à jamais célèbre. […] Madame, j’ai beaucoup de grâces à vous rendre. […] Et puis-je mais des soins qu’on ne va pas vous rendre ? […] Madame Orgon donne rendez-vous à Tartuffe, et cache son mari sous la table. […] Exc., dont le hasard l’avait rendu témoin.
L’Espagne, sous Philippe III et sous son ministre le duc de Lerme, était redevenue volontiers pacifique ; les Pays-Bas de Flandre étaient alors gouvernés par les archiducs Albert et Isabelle, et ce couple humain, modéré, souhaitait rendre le repos et les bienfaits d’une bonne administration aux peuples depuis si longtemps épuisés, remis en leur tutelle. […] C’était un congrès diplomatique qui se tenait en pleine république, chez les intéressés, et au foyer le plus ardent des passions et des discours populaires : ce qui ne rendait pas la négociation plus aisée. […] Davantage, je crois fermement que lesdits États feront bien pour eux et pour leur république de n’affliger et désespérer lesdits catholiques ; car nous avons éprouvé en nos jours quel pouvoir a dedans les âmes et courages des hommes la liberté de conscience et le soin de la religion : tant s’en faut que la vexation et affliction les en rende plus nonchalants et abattus, qu’elle fait des effets tout contraires. […] J’eusse volontiers assisté à ses funérailles, mais nous étant ici sur la résolution des affaires pour lesquelles il a plu au roi de m’y envoyer, je ne lui ai pu rendre ce dernier devoir, à mon grand regret. […] Le maître lui fie tout, et cette grande faveur le rend moins sociable avec ceux qu’il regarde au-dessous de lui, quoiqu’ils soient affectionnés à lui rendre service.
Louis XIV avait épuisé sa colère : vieillissant lui-même et devenu dévot, il sentait tout bas peut-être qu’il avait de ce côté quelque compte à rendre, quelque expiation à offrir au Ciel. […] Ce furent les adversaires qui lui rendirent les bonheurs militaires suprêmes. […] Je ne l’ai pas quitté d’un moment et lui ai rendu mes derniers devoirs. […] Le prince Ferdinand lui a rendu les plus grands honneurs ; il y avait à son convoi deux escadrons, un régiment d’infanterie, de l’artillerie, etc. […] Rendons-lui dans notre pensée quelque chose des mêmes honneurs que lui ont payés ses contemporains.
Mais l’analyse métaphysique de ce qui est l’objet du sentiment ne peut-elle pas faire chercher des raisons à ce qui n’en a point, émousser le plaisir en nous accoutumant à discuter froidement ce que nous devons sentir avec chaleur, donner enfin des entraves au génie, et le rendre esclave et timide ? […] Car il ne confondra point le plaisir d’habitude avec celui qui est purement arbitraire et d’opinion ; distinction qu’on n’a peut-être pas assez faite en cette matière, et que néanmoins l’expérience journalière rend incontestable. […] Quelque harmonieuse que soit sa prose, l’harmonie poétique était sans charmes pour lui, soit qu’en effet la sensibilité de son oreille fut bornée à l’harmonie de la prose, soit qu’un talent naturel lui fit produire de la prose harmonieuse sans qu’il s’en aperçût, comme son imagination le servait sans qu’il s’en doutât, ou comme un instrument rend des accords sans le savoir. […] Leurs partisans trop enthousiastes font trop de grâces à l’ensemble en faveur des détails ; leurs adversaires trop raisonneurs ne rendent pas assez de justice aux détails, par les vices qu’ils remarquent dans l’ensemble. […] Dans les personnes qui joignent à la finesse et à la promptitude du tact, la netteté et la justesse de l’esprit, le second juge ne fera pour l’ordinaire que confirmer les arrêts rendus par le premier.
Vous me rendez la vie. […] L’essieu n’a pas rendu le moindre son ? […] Mais la lionne furieuse va se jeter sur toi, si tu ne lui rends son petit. […] Comment ne ferais-je pas tous mes efforts pour me rendre digne de semblables bienfaits ? […] Aux cris des femmes, Rama s’élance et sauve l’éléphant de la reine, mais sans reconnaître encore Sita : les dieux la rendent invisible.
L’exactitude à rendre le sens d’un Orateur. 2°. […] Ces discours d’appareil rendent légitimement suspect leur objet & leur auteur. […] Son unique objet est de rendre le vrai sensible à ses auditeurs. […] Cet Avocat excelloit dans la réplique, & son éloquence vive & bouillante l’avoit rendu redoutable. […] Ses adversaires même se faisoient une gloire de rendre publiquement hommage à ses talens.
Il y a loin de ces petits travaux de jardinage au bouleversement entrepris par certains réformateurs que l’ignorance du vieux français rend tout à fait impropres à concilier la beauté traditionnelle avec la beauté d’utilité. […] Sans doute on peut écrire poto, rato, gato, morso, nivo, sous prétexte que dans ces mots le son final est rendu plus nettement et plus clairement par o que par eau. […] Si, pour ne pas changer d’exemple, tous les sons en o étaient rendus par l’unique lettre o, outre que la langue perdrait un de ses caractères particuliers qui est de ne posséder aucune syllabe finale terminée par un o, il en résulterait une monotonie insupportable. […] Il y a des réformateurs plus modérés et dont le but, purement utilitaire, est de rendre le français plus accessible aux étrangers ; leurs principes sont ceux qui ont guidé jadis l’Académie espagnole quand elle simplifia la vieille orthographe ; j’ai donné les motifs à la fois de science et d’esthétique qui ne me permettent pas de les accepter.
Platon vante même assez cette partie de l’art poëtique, laquelle sçait rendre un discours plus pompeux et plus agréable à l’oreille, en introduisant dans ses phrases un nombre et une harmonie qui lui plaisent plus que la cadence de la prose. […] L’habitude de ces passions nous rend capables de bien des efforts de vertu et de courage que la raison seule ne pourroit pas nous faire tenter. En effet le bien de la societé exige souvent d’un citoïen des services si difficiles, qu’il est bon que les passions viennent au secours du devoir pour l’engager à les rendre. […] Je veux même qu’il y ait plus de merite à trouver les proportions qui rendent un vaisseau excellent voilier, qu’à décrire la rapidité de son vol sur les vastes plaines de la mer.
Le pacha vint d’abord en Imirette, se rendit maître du pays et de la personne du roi Bacrat. […] Il somma trois fois le dadian de se rendre ; ce prince n’en fit rien. […] Un canal d’eau claire, qui en fait le tour, sort d’un bassin d’eau qui est à l’entrée, et se rend dans un autre qui est au bout. […] Il se rendit à dix heures à l’hôtel de ce seigneur. […] Ces messieurs se rendirent à la cour, l’après-midi.
Le duc de Parme, dans une lettre qui fut interceptée comme les précédentes, rend à Mayenne et à son conseiller ce témoignage involontaire, qu’ils veulent avant tout conserver l’intégrité de l’État. […] Chacun faisait sa paix ; le roi était converti ; Paris était rendu. Villeroi était à la veille de redevenir ministre : Jeannin ne songeait pas à sa soumission, et il rendait à son duc, qui guerroyait encore et qui n’avait pas su faire sa paix à temps, tous les bons offices d’un serviteur loyal et d’un ami. […] C’est de là que le président Jeannin faisait parvenir au duc de Mayenne, à Bruxelles, un dernier avis utile, qui était de se rendre au plus tôt en Bourgogne, « autrement qu’il était en danger d’y perdre tout ce qui tenait encore pour lui ». […] J’ai laissé ce récit dans son admiration un peu naïve, comme étant celui d’un témoin qui s’est peut-être exagéré le péril, mais qui rend du moins une vive impression personnelle.
Comment énumérer tous les services que Frochot rendit à Mirabeau, tous les témoignages de dévouement qu’il lui prodigua ? […] Le 9 thermidor arrive : bientôt Frochot, rendu à la liberté, redevient l’élu des libres suffrages. […] » Napoléon n’en voulut jamais à Frochot, mais il y a des méprises impardonnables, des quiproquos qui rendent ensuite toute réparation impossible. […] Il rendit des services dans cette courte administration, et on le vit à Marseille, après la nouvelle du désastre de Waterloo, tenir tête aux passions réactionnaires ardentes et irritées, et conjurer des malheurs. […] Une médaille d’argent qui lui fut décernée, une fois, pour la culture de la pomme de terre, très encouragée alors, le rendait tout fier et lui causait un innocent plaisir.
Je n’ai jamais pensé là-dessus de deux façons, et M. le docteur Walker a pu vous rendre témoignage que j’ai célébré mille fois votre mérite dans les meilleures compagnies de Londres avec tout le zèle qu’inspirent la vérité et l’amitié. […] En attendant, s’il y avoit quelque chose en quoi je pusse vous rendre mes services, soit ici, soit en Angleterre, où j’ai toujours d’étroites relations, je vous offre mes soins avec une sincérité qui se fera connoître encore mieux dans l’occasion. […] Qu’on me rende un peu de justice, on conviendra que je n’étois nullement propre à l’état monastique, et tous ceux qui ont su le secret de ma vocation n’en ont jamais bien auguré. […] Le Ciel connoît le fond de mon cœur, c’en est assez pour me rendre tranquille. […] Je ne parlerai point de sa conduite, ni d’une action criminelle dont il s’est rendu coupable à Londres ; cela ne me regarde point.
Qu’il doit rendre le mal pour le mal, comme c’est l’usage chez les hommes ? […] Les prières dont elle est chargée se tordent dans sa bouche en imprécations. — « Père, aie pitié de moi et d’Oreste, rends-nous notre maison prise ! […] Je souhaite à nos ennemis que ton vengeur apparaisse, qu’il rende la mort à ceux qui te l’ont donnée. » À peine évoqué, le vengeur surgit. […] » — « Envoie la justice combattre avec les tiens, rends les coups que tu as reçus ; vaincu, sois victorieux à ton tour ! […] » — Pylade lui rappelle froidement les ordres du dieu. — « Et que fais-tu des oracles d’Apollon rendus à Pytho ?
Labitte, partageait également : cette lettre ne me fait pas rendre les armes du premier coup. […] Souvent il en devient plus affecté, à mesure qu’il parle ; souvent il est embarrassé au choix du mot le plus propre à rendre sa pensée, et l’effort qu’il fait alors donne plus de ressort et d’énergie à ses paroles. […] Mais pourquoi l’éditeur de ces Lettres les a-t-il gâtées par de fausses anecdotes qui rendent Mlle Aïssé très-peu estimable ? […] Vous me rendrez si ridicule, que mon attachement n’aura plus rien qui puisse vous flatter. […] Desalleurs, qui le lui rend bien, et enfin s’embarque le 30 mars 1711 pour la France, où il arrive le 23 mai.
Pourtant, une telle façon de procéder, qui nous assimilerait au rôle de machine, rendrait prodigieusement lourd tout fardeau à soulever. […] maintenant, mon Dieu, qui lui rendra la vie ? […] nous rendrez-vous lavie ? […] nous rendrez-vous l’amour ? […] La pensée ondule et vibre, la forme a pour but de rendre sensible toute cette vie, non de l’arrêter ou de la limiter.
Le rendez-vous du beau monde est le soir chez la maréchale d’Estrées88. » C’est ici, et toujours en 1672, que se place, par toutes les circonstances qu’elle renferme, une lettre, sans date, de madame Scarron à madame de Saint-Géran, lettre qui, jusqu’à présent, n’a été, que je sache, l’objet d’aucune remarque, et qui cependant en fait naître de singulières. […] Sa piété est douce, gaie, point fastueuse ; mais il veut une vie chrétienne et active ; c’est un homme admirable ; je vous l’enverrai, si vous souhaitez, à vous et à Guébriant, Il commence pars emparer des passions, il s’en rend maître, et il y substitue des mouvements contraires, il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse en compagnie, pour modifier la passion qu’il a aperçue en moi, de plaire par mon esprit. […] Quand elle dit : il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse ; mais quand je bâille et que je fais bailler les autres, je suis quelquefois prête à renoncer à la dévotion , il n’y a pas de doute qu’elle ne se moque de Gobelin, à qui elle rend directement un compte plaisant du succès de son entreprise avec madame d’Albret.
Dans l’œuvre où prédomine la Forme, la Rime se présente immanquablement à l’esprit ; elle affirme la clarté du vers, le rend plus net et le fixe en de précises limites ; car ainsi qu’ailleurs je le déclarerai, en certains sujets — tels épiques, plastiques, où l’ampleur et la force sont nécessaires — il faut employer le vers à rhythme binaire, le vers dit d’airain, tour d’ivoire où, sous la porte, sentinelle casquée d’or et gemmée de rubis, veille la Rime. […] À titre de remarque ; de même que l’emploi — à l’intérieur du vers — de mots à désinences féminines, rend plus immatériel le rhythme, ainsi les assonances féminines sont préférables aux assonances masculines trop lourdes et d’un dur relief. […] II En cet essai, j’ai tenté de prouver combien la rime, — inapte à rendre certaines sensations d’une façon adéquate, nécessite l’emploi de l’assonance finale. […] En effet, je peux répéter exactement — de l’assonance interne — ce que j’ai dit de l’assonance finale, savoir : qu’au moyen des combinaisons d’assonances il n’est pas une sensation, pas un sentiment, pas une idée qu’on ne puisse rendre dans ses nuances les plus délicates. […] Et maintenant peut-être quelque vieux classique murmurera-t-il, ayant lu ces notules et ce livre : Qu’on nous rende Corneille !
Ses défauts doivent toujours le rendre ennuyeux & ridicule ; &, s’il arrive qu’on les lui passe jamais, ce ne sera qu’au retour du mauvais goût & de la barbarie. […] La crainte de rendre cette affaire plus mauvaise l’obligea d’user de ménagement avec eux ; & de laisser à un de ses amis le soin de le venger d’un Zoïle encore plus emporté qu’ignorant. […] C’est par-là qu’il réussit à rendre Balzac odieux à tant de monde. […] « On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P. […] Elle rendit à son chef tous les honneurs qu’elle imagina dûs à sa cendre.
L’épée d’un grand capitaine rendait la France glorieuse. […] Il rend les armes en disant froidement : Nous pensons ici comme Voltaire. […] Goldoni a payé le tribut ; à son siècle, lorsque, pour rendre plus moral le Menteur de Corneille, il en a fait un vil coquin. […] Qu’un si riche discours nous rend considérables ! […] Il faut rendre cette justice à Racine : il n’a donné ces passions insensées qu’à des femmes, dont le cœur est plus sensible, la raison plus faible, et que l’oisiveté rend plus susceptibles de mouvements déréglés.
Mais, si vous voulez ressusciter Gênes (et ce serait une des plus justes de vos résurrections), rendez-lui donc d’abord son indépendance, rendez-lui donc ses établissements maritimes tout autour de la mer Noire, depuis Caffa jusqu’à Trébizonde ! Rendez-lui donc son territoire byzantin et sa Tour des Génois jusque sur la colline de Constantinople ! […] Rendez-lui donc la Corse, qu’elle vous vendait naguère comme un gage d’éternelle protection de la France sur sa république presque française ! […] Le courage d’un roi militaire improvise des royaumes, mais la politique seule les fonde et les rend durables. […] Non encore, ce fut sa force, car ce fut sa liberté, cette liberté qui rend la patrie plus sacrée et les nationalités plus chères !
Mais enfin, quelque usage qu’on ait fait communément de la poësie, elle n’en est pas moins indifférente en elle-même, et il dépendra toujours d’un auteur vertueux de la rendre utile. […] Ces matiéres ne sont donc point essentielles à la poësie, qui n’est par elle-même qu’un moyen de les rendre agréables. […] Ils ont plus de véritables beautés les uns que les autres ; ils rendent les ouvrages plus ou moins estimables, quoiqu’ils n’en changent pas la nature. […] J’ai donc traduit cinq de ses odes en strophes réguliéres, où j’ai tâché de rendre toutes ses idées, presque toujours dans le même nombre de vers, qu’elles sont rendues dans l’original. […] Il est cause ordinairement qu’un traducteur idolâtre, pour vouloir rendre trop exactement toutes les beautés de son auteur, n’en rend en effet aucune ; car il est impossible, sur-tout en vers, que toutes les circonstances d’une pensée passent avec un bonheur égal d’une langue dans une autre.
L’autorité de critiques éminents a pu me faire douter que j’eusse le talent de la rendre communicative ; ils ne m’ont pas fait douter de ma foi elle-même. […] Les seuls changements que j’y ai faits sont quelques phrases raccourcies et rendues plus claires, quelques mots disant mieux les choses, ou plutôt les disant comme elles sont ; car il n’y a pas de mieux en fait de mots, il y a où il n’y a pas le mot qui dit la chose. […] Je puis leur dire, dès à présent, que la principale a été le désir de me rendre digne de cette impatience, en ne la trompant pas.
Les plus vifs disaient que c’était un trésor ; que ce serait rendre un bon office à l’Église que de les publier, et qu’il n’y avait que lui, Le Dieu, qui fût en mesure de faire un tel ouvrage. […] Si Bossuet a une grande parole, ce n’est pas celle-là qu’il répète ; s’il a une parole ordinaire ou familière, c’est celle dont il s’empare de préférence, et il la rend triviale en l’écrivant. […] Son mobile d’ailleurs n’est pas plus élevé en cette occasion que dans toutes les autres ; il ne songe qu’à se rendre nécessaire, à se faire un sort, comme on dit, du côté de l’abbé Bossuet, en lui prouvant qu’il est l’homme indispensable pour une édition des œuvres, et surtout pour la publication des écrits posthumes. […] Il y a surtout quatre aunes de tapisserie, provenant de l’ameublement de Germigny, qu’il a sur le cœur et qu’il réclame à outrance : On voit par là que l’abbé Bossuet n’a pas seulement eu la pensée de me faire présent de ces quatre aunes de tapisserie, tant pour rendre ma tenture parfaite que pour me restituer l’aunage qui me manque, à moi qui travaille pour lui actuellement en chose si importante et si nécessaire (les Méditations sur les Évangiles). […] Le Dieu ne paraît pas se douter qu’après la mort de Bossuet, et sauf le compte rendu de ses écrits posthumes, son journal n’a plus d’objet.
Il se sert de tous ses sens, Il n’a pas trop d’eux tous pour rendre son impression totale et harmonieuse. […] Tout à coup il se repent et craint qu’on ne voie dans sa comparaison une adhésion indirecte au système qui consisterait à rendre en peinture aux personnages de la Bible le costume des Arabes modernes. […] Le peintre, avec son pinceau, peut rendre bien des choses, en dehors même de la couleur pure ; il peut donner idée du mouvement, du bruit, du fracas ; mais le silence, comment l’exprimer ? […] Si je puis comparer les sensations de l’oreille à celles de la vue, le silence répandu sur les grands espaces est plutôt une sorte de transparence aérienne, qui rend les perceptions plus claires, nous ouvre le monde ignoré des infiniment petits bruits, et nous révèle une étendue d’inexprimables jouissances. […] La peinture est impuissante à rendre de tels effets ; elle en désespère.
Dans l’auteur espagnol, c’est mieux : le père a indiqué un rendez-vous exact à son fils dans un lieu écarté : ce qui est tout naturel. […] — Oui, admirable ; mais il faut ajouter, pour rendre justice à qui de droit, pour rendre à César ce qui est à César, que ce n’est qu’admirablement traduit de Guillem de Castro, comme tant d’autres passages et de belles paroles dont la monnaie circule et retentit depuis deux siècles. […] Dans le drame espagnol, don Diègue parle d’une incursion des Maures des frontières, qui ont fait du butin et qui emmènent des prisonniers ; l’occasion s’offre de rendre un signalé service en leur coupant la retraite ; il s’agit de se mettre au plus tôt à la tête de cinq cents amis et parents, déjà rassemblés et convoqués à cette fin. […] Rodrigue refait ce qu’il a déjà fait une fois ; il va droit au danger et à l’attrait ; il est chez Chimène, en tête-à-tête avec elle : et cette fois ce n’est pas à la dérobée, c’est tête haute et en plein jour qu’il s’y est rendu. […] Qui t’a rendu si faible, ou qui le rend si fort ?
Je ne songe au monde qu’à m’en bien acquitter, pour mériter avec quelque justice cette manque de votre estime. » Catinat se rendit aussitôt à Turin pour se renseigner et se concerter avec la Cour. […] À la nouvelle du fatal édit rendu le 31 janvier contre le libre exercice du culte dans les vallées, la Suisse protestante s’était émue ; les Vaudois ayant sollicité l’assistance de leurs conseils, une assemblée des Cantons protestants avait eu lieu le 26 février à Baden ; en conséquence, deux députés extraordinaires, MM. […] On tira parti à Turin de leur division ; on était aux dernières limites de l’atermoiement en face de Louis XIV ; on supposa, pour couper court, que l’émigration était chose décidée, et un édit fut rendu en conséquence le 9 avril. […] Je n’ai eu d’autre application en l’écrivant que de rendre promptement compte au roi sans aucune attention de donner de l’ornement et de l’agrément à cette narration. » Il y a de lui une autre relation écrite deux jours après, et de tout point meilleure […] Alexis Muston, qui se contente de l’analyser et qui l’énerve en voulant la rendre plus aisée et plus coulante.
Le 17 juin, à la première nouvelle des mouvements de l’armée, interrompant le traitement commencé, il s’était rendu en poste au quartier général de l’Empereur. […] Dès le début Ney, dont le mouvement devait se combiner avec celui de Lannes pour rendre complète la victoire de Tudela, procède contre son habitude avec un peu trop de lenteur et s’attire des reproches. […] Cette démarche prouvait le grand désir que j’avais de me rendre utile. […] Le trait, s’il existe, était dans la dernière phrase. — Pour toute réponse à cet envoi de démission, Jomini reçut l’ordre du ministre Clarke de se rendre en poste à Paris et de se présenter à lui dans les vingt-quatre heures après son arrivée. […] Il n’y put rendre que peu de services à l’heure décisive.
Par cette puissance, l’imagination reproduit et remplace la vue ; le livre tient lieu de l’objet ; la phrase rend présente la chose qui n’est pas là. […] Un vrai peintre ne néglige aucune couleur, parce qu’il y a tel détail qui ne peut être rendu que par une seule teinte. […] On ose tout pour rendre son idée. […] Il a voulu rendre fidèlement sa pensée, voilà tout le secret de son audace. […] Non-seulement, par l’analogie des sons, elle rend les idées sensibles ; mais encore, par l’arrangement des sons, elle forme les idées en groupes.
J’ai fait ce que j’ai pu pour les rendre aussi ridicules qu’ils le sont… » Il n’y a pas réussi cette fois à son ordinaire. […] La Corse a fait, depuis, assez parler d’elle, — cette petite île, par ce qu’elle a enfanté, a, depuis, assez étonné le monde —, pour nous rendre bien indifférents sur cette question de savoir si elle faisait bien ou mal de s’adresser alors à Jean-Jacques comme à un Solon moderne ou à un Lycurgue. […] Ainsi mes bienfaiteurs peuvent mourir ; mais, tant qu’il y a des hommes, je suis forcé de rendre à l’humanité les bienfaits que j’ai reçus d’ellex. […] En décrivant cet état moral à la fois ému et apaisé, ce sentiment de délicieuse convalescence, et en osant ainsi proposer son âme pour exemple en réponse aux questions de son amie, il ne fait, dit-il, que lui rendre le fruit de ses soins et lui montrer son propre ouvrage. […] [1re éd.] je suis obligé de rendre à l’humanité les bienfaits que j’ai reçus d’elle.
Le nouvel académicien a fait preuve de tact comme de reconnaissance dans l’hommage qu’il a trouvé moyen de rendre à la mémoire de M. […] Vitet, au reste, se hâtait de déclarer, à l’exemple du président Hénault, qu’il ne prétendait nullement faire œuvre de théâtre ; il ne voulait que rendre à l’histoire toute sa représentation exactement présumable et sa vivante vraisemblance. […] Ajoutons qu’il n’a pas moins montré tout ce que le genre intermédiaire pouvait rendre, et qu’il l’a poussé à sa limite d’ingénieuse perfection dans la seconde surtout de ses pièces, les États de Blois. […] Il a rendu au talent et aux œuvres de M. […] Il est assez ordinaire, on le sait, d’être bon dans la première partie de la vie ; cette première bonté tient à la nature, à la jeunesse, à ce superflu de toutes choses qu’on sent au-dedans de soi ; on a de quoi prêter et rendre aux autres.
Eh bien, pour poursuivre la comparaison, les écrivains qui embellissent une langue, qui la traitent comme un objet d’art, en font en même temps un instrument plus souple, plus apte à rendre les nuances de la pensée. […] Voilà les services que le physicien doit attendre de l’analyse, mais pour que cette science puisse les lui rendre, il faut qu’elle soit cultivée de la façon la plus large, sans préoccupation immédiate d’utilité, il faut que le mathématicien ait travaillé en artiste. […] Mais en nous les proposant, il nous a payé largement d’avance le service que nous pourrons lui rendre, si nous parvenons à les résoudre. […] Sans doute on vous dira qu’en dehors du nombre entier, il n’y a pas de rigueur, et par conséquent pas de vérité mathématique ; que partout il se cache, et qu’il faut s’efforcer de rendre transparents les voiles qui le dissimulent, dût-on pour cela se résigner à d’interminables redites. […] Si ce problème ne s’était posé naturellement, on n’aurait jamais osé rendre au discontinu ses droits ; on aurait longtemps encore regardé les fonctions continues comme les seules fonctions véritables.
Il a, dans ce genre, des choses senties avec esprit et rendues avec finesse. […] Cette idée, répandue dans le discours d’un bout à l’autre, y jette une terreur religieuse qui en augmente encore l’effet, et en rend le pathétique plus sublime et plus sombre. […] « Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince ! […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte. Heureux si, averti par ces cheveux blancs, du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint. » Dans cette péroraison touchante, on aime à voir l’orateur paraître, et se mêler lui-même sur la scène.
Ils rendent populaires, en les mettant à la portée de sa main, des vérités qui dans leur forme première, seraient restées longtemps inaccessibles. […] Le but de ces harangues burlesques est d’ailleurs d’en rendre les héros ridicules : et à qui donc la France irait-elle emprunter l’arme du ridicule ? […] Le moi si haïssable de Pascal, il l’a d’abord vu dans Montaigne, à travers toutes ses adresses pour le rendre agréable. […] Mais ce langage du maître, dans l’imitation travaillée du disciple, jure au milieu de cet appareil de divisions et de subdivisions symétriques, de définitions, de distinctions dont Charron hérisse son livre, pensant le rendre plus clair et plus frappant. […] Je ne rappelle pas cette anecdote pour l’agrément, mais pour rendre au plus populaire de nos rois un hommage qui lui est dû.
Il a rendu le moi aimable. […] Mais Voiture l’avertit peut-être de son propre goût ; et lui donna l’idée de rendre la nature visible dans ses vers. […] Pour La Fontaine, qui n’aimait pas à combattre, il est bien plus touché du mal qu’on fait à ses amis que jaloux de le rendre à leur détracteur. […] La Fontaine fait plus que rendre sien cet air d’antiquité que conservent ses emprunts ; il se rend lui-même aussi ancien que ceux qu’il imite. […] Le travail seul fait les écrits durables ; le goût seul nous rend capables de travail.
Les traités de Vienne le rendirent à la maison de Lorraine, qui y était justement adorée. […] Sous le règne suivant, les Génois poursuivent la conquête pied à pied de la Corse, et rendent enfin l’île à la France. […] Le prince de Carignan se rendit à Modène pour y implorer l’indulgence de son oncle. […] Je n’ai pas besoin de dire que je refusai la visite, et que je me rendis le soir même au palais Pitti pour présenter mes respects au royal exilé. […] Charles IX lui rend Turin.
Ils ont voulu, par une copie servile plutôt que fidèle, rendre le mot par le mot, la phrase par la phrase, la syllabe par la syllabe. […] Si vous vous astreignez à rendre puérilement le vers par le vers, le mot par le mot, le tercet par le tercet, l’octave par l’octave, que faites-vous ? Vous faussez par l’effort votre propre langue sans parvenir à lui faire rendre ni la forme ni le sens de la langue que vous traduisez. […] Louis Ratisbonne n’a pas seulement rendu le sens, il a rendu la forme, la couleur, l’accent, le son. […] Ce commentaire rend, en passant, à chacun ce qui lui appartient dans le trésor philosophique et poétique du Dante.
Henri IV nous y est rendu plus jeune et plus frais qu’on n’est accoutumé de le voir : c’est un Henri de Navarre tout nouveau et avant la barbe grise. […] Je ne trouve pas qu’on ait rendu assez de justice à ce témoignage parfaitement désintéressé de Sully. […] Mais, en admettant ces obligations, il serait singulier qu’un homme de bon sens et de ferme jugement, comme Sully, fût tenu d’affaiblir son opinion d’historien sur une femme, parce qu’elle lui aurait rendu quelques bons offices dans un intérêt tout personnel. […] Pourtant il s’en consolait tout bas et prenait assez crûment son parti à la manière des vieux Gaulois, en se disant ou à peu près, comme dans le fabliau (je rends le sens, sinon les paroles) : « Après tout, ce n’est qu’une femme perdue, et il s’en retrouvera assez. » Je ne donne pas cette manière de sentir pour très délicate ni pour chevaleresque, mais elle est de Sully. […] Depuis qu’elle voyait croître ses espérances, elle se rendait de plus en plus courtoise et officieuse à tous, « tellement que ceux qui ne la voulaient pas aimer ne la pouvaient haïr ».
a sur Madame toute la supériorité d’une nature de génie faite exprès pour sonder et pour fouiller dans les cœurs, pour en rapporter des descriptions toutes vives, qu’il nous rend présentes en traits de flamme. Madame, souvent crédule, regardant ailleurs, mêlant les choses, peu critique dans ses jugements, voit bien pourtant ce qu’elle voit, et elle le rend avec une force, une violence, qui, pour être peu conforme au goût français, ne se grave pas moins dans la mémoire. […] J’en ai vu plusieurs qui auraient mérité d’être rendues publiques ; je n’ai rien vu de mieux écrit en allemand. […] Le pouvoir de son fils ne lui apporta que peu d’influence ; elle ne voulut en avoir que pour rendre des services particuliers. […] C’est un portrait à lire et que je voudrais citer, si je n’étais retenu par le respect du grand homme et des honnêtes gens qui ont rendu si français ce nom de Richelieu.
Flourens, par quelques notes rapides et nettes, nous marque dans son édition tous ces points et ces temps essentiels : on y voit les tâtonnements de Buffon, ses premières assertions tranchantes, ses retours, quelquefois ses contradictions, ses derniers semblants de résistance, même après qu’il a cédé et qu’il s’est rendu à la puissance des faits. […] quelques lignes écrites par Goethe peu de mois avant que s’éteignît cette lumière de l’Allemagne, et, dans la patrie même de Buffon, quelques pages de mon père, tels étaient encore, il y a quelques années, les seuls hommages dignes de lui que la science eût rendus au naturaliste et au philosophe. […] Magdeleine de Saint-Agy, on trouve une appréciation étendue de Buffon, et les critiques qu’on a cru devoir lui faire sur ses systèmes hasardés sont rachetées par cette conclusion éloquente : Mais, en compensation, il a donné par ses hypothèses mêmes une immense impulsion à la géologie ; il a le premier fait sentir généralement que l’état actuel du globe est le résultat d’une succession de changements dont il est possible de saisir les traces ; et il a ainsi rendu tous les observateurs attentifs aux phénomènes d’où l’on peut remonter à ces changements. […] Ses idées relatives à l’influence qu’exercent la délicatesse et le degré de développement de chaque organe sur la nature des diverses espèces, sont des idées de génie qui doivent faire la base de toute histoire naturelle philosophique, et qui ont rendu tant de services à l’art des méthodes qu’elles doivent faire pardonner à leur auteur le mal qu’il a dit de cet art. […] Enfin, Buffon a rendu à son pays le service le plus grand peut-être qu’il pût lui rendre, celui d’avoir popularisé la science par ses écrits, d’y avoir intéressé les grands, les princes, qui dès lors les protégèrent, et d’avoir ainsi produit des effets qui se perpétuent de notre temps et qui sont incalculables pour l’avenir.
Elle tâtonne en quelque sorte, comme son pinceau peut-être avait fait d’abord ; mais il a toujours quelque chose à dire, et il finit par l’accuser, par le rendre. […] J’ai choisi un effet trop difficile à rendre ; et d’ailleurs je m’aperçois qu’une Corinne est trop élevée pour moi qui n’ai jamais fait que des brigands et des paysannes… C’est un sujet trop difficile. […] J’ose dire que je me sens des moyens dont je n’ai pu donner que des échantillons jusqu’ici ; car, pour rendre ce que je sens, ce que je vois, il faut un travail difficile et pénible. […] Il y trouve peut-être trop de nature, c’est-à-dire un effet qui rend trop naturellement les choses. […] S’il y a un peu de vague dans la fin de la phrase, comme la première partie de la pensée est bien dite et bien rendue !
Ramond, en même temps qu’il observait la nature en géologue, en physicien et en botaniste, s’appliquait expressément à rendre l’aspect et la physionomie des lieux, la teinte diverse des rochers, la couleur des eaux et jusqu’à l’individualité des monts. […] Arrêté et livré enfin, détenu à Tarbes durant plus d’une année, mais oublié heureusement des triumvirs de Paris, il fut rendu à la liberté en novembre 1794, et il reprit à l’instant le cours de ses travaux, de ses explorations à la fois positives et passionnées. […] Les Voyages au Mont-Perdu et dans la région adjacente, publiés en 1801, nous rendent une partie seulement de ces résultats et de ces impressions : Ramond avait depuis augmenté cet ouvrage ; il avait voulu consigner dans un dernier récit tout ce que des lieux, tant de fois visités par lui, lui avaient inspiré d’intérêt et d’affection. […] Son amour pour les Pyrénées ne le rend pourtant pas injuste ni ingrat envers les Alpes qu’il avait visitées d’abord, et il maintient à bien des égards la supériorité de celles-ci : il ne veut surtout point que, dans un enthousiasme que lui-même partage, on sacrifie les unes aux autres. […] Son herbier, c’était bien, en effet, les mémoires les plus vifs et les plus parlants au cœur pour celui qui avait dit aux belles heures de sa jeunesse : « l’odeur d’une violette rend à l’âme les jouissances de plusieurs printemps ».
En vingt-quatre heures il s’est rendu maître de quatre villes assiégées tout à la fois. […] Loin de là, il semble qu’on n’ait conquis des places à la précédente campagne que pour se mettre en état de les rendre de sang-froid à la campagne suivante (1689). […] Le marquis d’Uxelles capitule et rend Mayence, un peu trop tôt cependant, à ce qu’il parut ; mais il n’avait plus de poudre et tous ses mousquets étaient crevés : « Jeudi, 29 septembre 1689. — M. le marquis d’Uxelles est venu à Marly. Le roi l’a fait entrer chez Mme de Maintenon, où il lui a fait rendre compte du siège de Mayence ; il paraît que le roi est content du compte qu’il lui a rendu. » Le baron d’Asfeld se défend avec bien plus d’opiniâtreté et avec gloire dans Bonn, qu’il finit par rendre également. […] [NdA] En parlant d’odieux, je rends la première impression que nous fait cette confiscation dont profite un frère ; mais en réalité c’était une moindre injustice de laisser ou de rendre à la famille et aux prochains héritiers les biens dont on dépouillait les membres qui étaient en fuite.
L’année 1745 était particulièrement fatale à ses yeux : le chancelier d’Aguesseau, cette année-là, avait fait rendre un édit par lequel le Clergé ne pouvait plus acquérir de biens-fonds. […] Rubichon pour y cantonner un roi de son choix : l’exemple de Milton qu’il allègue est à faire trembler ; on crève, dit-on, les yeux au rossignol pour qu’il chante mieux : il serait homme à vouloir son monarque aveugle pour le rendre plus réfléchi et plus perspicace. […] De cette justice rendue à de belles et bonnes parties du Moyen-Age, M. […] Une des réformes qu’il propose avec le plus d’insistance et d’énergie, c’est de changer la loi des successions et de rendre au père de famille l’entière liberté testamentaire, moyennant laquelle celui-ci pourrait instituer un principal héritier chargé de continuer son œuvre. […] s’écriait Mirabeau dans cet admirable discours que M. de Talleyrand vint lire à l’Assemblée nationale l’après-midi même du jour où le grand orateur avait rendu le dernier soupir ; eh quoi !
Ils frissonnent sous l’œil du maître, Son ombre les rend malheureux. […] Jamais écolier, soumis à la geôle de l’internat, n’avait rendu la plainte déchirante d’un Sully Prudhomme. […] C’est qu’aussi jamais l’éclatement des cadres n’avait rendu, entre condisciples de conditions aussi mêlées, les contacts si âpres et multiplié à ce point, pour les sensibilités délicates, les causes de froissement. […] Le gain de la philosophie, estimaient nos anciens, c’est de nous rendre sages et meilleurs. […] Vous êtes de ceux qu’une « pointue vivacité d’âme », comme dit Montaigne, paralyse et rend impropres à l’artifice des petits négoces.
Portalis, accompagné de son fils, qui, dans toutes ses traverses, ne le quitta jamais, était près de passer en Italie et de se rendre à Venise, quand une lettre de Mathieu Dumas l’appela dans le Holstein, où l’attendait une hospitalité cordiale et sérieuse. […] La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie. […] S’il y a restauration, ce ne doit pas être pour ressusciter ce qui est vieux et usé, pour rendre à ceux qui rentreront à la suite des princes ce qu’ils ne pourraient conserver avec sûreté. […] Comme conseiller d’État, dès cette époque, l’ordre des services rendus par Portalis est double : les uns se rapportent à la rédaction du Code civil, et les autres à l’œuvre du Concordat. […] Le second ordre de services que Portalis rendit sous le Consulat et sous l’Empire se rapporte à l’œuvre du Concordat et de l’administration des Cultes.
Laffitte avait pris au sérieux toutes les théories de l’opposition des quinze ans, et, en les transportant dans le gouvernement, il le rendait impossible. […] L’histoire lui a rendu toute justice aujourd’hui. […] Comment concilier ce vœu si français de Carrel, cet élan d’une démocratie qui n’est jamais mieux qu’en uniforme et sous le drapeau, avec la pensée de ces républicains d’Amérique, calculateurs et économes, qui croient que, tout gouvernement étant un mal, il faut rendre ce mal le moindre possible ? […] L’excès du point d’honneur, l’idée d’engagement à outrance, la gageure de ne jamais rendre l’épée (quand il ne s’agissait pas de la rendre, mais simplement de la remettre dans le fourreau), l’a égaré. Il y a eu là un travers qui a barré et finalement brisé sa forte vie ; qui a rendu inutile son noble caractère, et qui ne laisse aujourd’hui apparaître et survivre que son talent d’écrivain.
Quelles que soient les réserves que l’on puisse faire au sujet de Montesquieu, il me semble que le premier hommage à lui rendre est tout d’abord de signaler son génie comme un des plus beaux qui honorent l’espèce humaine. […] « Entre ceux qui aiment Jean-Jacques Rousseau, dit-il, et ceux qui ne lui rendent que justice, il se range décidément parmi les seconds. » Mais rend-on bien justice à ceux que l’on n’aime pas ? […] Nisard pour Jean-Jacques Rousseau le rend très-clairvoyant à l’endroit de ses défauts. […] Nisard me paraît avoir très-bien exprimé ce compromis dans ce passage : « Si la pensée a eu quelque chose de trop timide au xviie siècle sur certaines matières de grande conséquence, le xviiie siècle y supplée et rend à l’esprit humain, avec la liberté, la vérité. […] Nous avons été rendus sensibles aux beautés des littératures étrangères, nous ne pouvons plus maintenant fermer volontairement les yeux.
Deux sortes de peintures : l’une qui plaçant l’œil tout aussi près du tableau qu’il est possible sans le priver de sa faculté de voir distinctement, rend les objets dans tous les détails qu’il aperçoit à cette distance, et rend ces détails avec autant de scrupule que les formes principales, en sorte qu’à mesure que le spectateur s’éloigne du tableau, à mesure il perd de ces détails, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à une distance où tout disparaisse ; en sorte qu’en s’approchant de cette distance où tout est confondu, les formes commencent peu à peu à se faire discerner et successivement les détails à se recouvrer, jusqu’à ce que l’œil replacé en son premier et moindre éloignement, il voit dans les objets du tableau les variétés les plus légères et les plus minutieuses. […] Mais il est une autre peinture qui n’est pas moins dans la nature, mais qui ne l’imite parfaitement qu’à une certaine distance, elle n’est, pour ainsi parler, imitatrice que dans un point : c’est celle où le peintre n’a rendu vivement et fortement que les détails qu’il a aperçus dans les objets du point qu’il a choisi ; au-delà de ce point, on ne voit plus rien, c’est pis encore en deçà. […] D’ailleurs il y a dans un habit vieux une multitude infinie de petits accidents intéressants, de la poudre, des boutons manquants et tout ce qui tient de l’user ; tous ces accidents rendus réveillent autant d’idées et servent à lier les différentes parties de l’ajustement ; il faut de la poudre pour lier la perruque avec l’habit.
Or le génie qui rend peintre ou poëte, prévient dès l’enfance l’asservissement de celui qui en est le dépositaire aux emplois mécaniques, et il lui fait chercher de lui-même les voïes et les moïens de s’instruire. […] Si leur génie les pousse à la poësie, ils s’y livrent, et ils prennent un emploi, pour lequel ils n’avoient pas été destinez, mais dont leur éducation les a rendus capables. […] Enfin ce ne sont pas les lettres qu’on enseigne à un homme qui le rendent poëte : c’est le génie poëtique, que la nature lui donna en naissant, qui les lui fait apprendre, en le forçant de chercher les moïens d’acquerir les connoissances propres à perfectionner son talent. […] Ce talent ne frappera-t-il personne, qui le menera dans une ville voisine, où, sous le maître le plus grossier, il se rendra digne de l’attention d’un plus habile, qu’il ira bien-tôt chercher de province en province ?
Le naturel, la delicatesse, la naïveté, rendent ces Petites Pieces intéressantes, comme on peut en juger par cette Ballade, bien éloignée de la fadeur du Bel-Esprit de nos Poëtes doucereux. […] Fils de Cypris, plus malin qu’une Pie, A consoler Robin l’on perd ses pas : Toinette seule, avec ses doux appas, Peut le tirer de sa mélancolie : Rends-la lui donc ; car après tout, hélas ! […] Par-là, ils auroient rendu un véritable service aux Lettres & aux Auteurs ignorés, qui valent quelquefois mieux que bien des Auteurs connus.
Villars croyait avoir rendu par là un service qui ne fut pas assez apprécié. […] L’électeur, s’il était exact et fidèle au rendez-vous, devrait y tendre de son côté et n’en être pas loin. […] L’électeur a manqué au rendez-vous ; il n’a pas fait un pas dans ce sens, et n’a pas établi le concert indispensable. […] La prise de Neubourg, sur le Rhin, à quatre lieues au-dessous, qu’avait conseillée et conduite un des lieutenants de Villars, M. de Laubanie, aida à l’entreprise, et la rendit possible sans témérité. […] Dans tous les cas et toute justice rendue à M. de Magnac, c’était bien Villars qui avait remporté la victoire et tout fait pour la remporter.
Le philosophe veut rendre durable la volonté passagère de la réflexion ; l’art social tend à perpétuer l’action de la sagesse ; enfin ce qui est grand se retrouve dans ce qui est petit, avec la même exactitude de proportions : l’univers tout entier se peint dans chacune de ses parties, et plus il paraît l’œuvre d’une seule idée, plus il inspire d’admiration. […] L’organisation de la puissance publique, qui excite ou comprime l’ambition, rend telle ou telle religion plus ou moins nécessaire, tel ou tel code pénal trop indulgent ou trop sévère, telle étendue de pays dangereuse ou convenable ; enfin c’est de la manière dont les peuples conçoivent l’ordre social, que dépend le destin de la race humaine sous tous les rapports. […] On pourrait opposer à leurs raisonnements, que la principale cause de la destruction de plusieurs gouvernements a été d’avoir constitué dans l’État deux intérêts opposés : on a considéré comme le chef-d’œuvre de la science des gouvernements de mesurer assez les deux actions contraires, pour que la puissance aristocratique et démocratique se balança, comme deux lutteurs qu’une égale force rend immobiles. […] Rien n’est plus contraire, il est vrai, aux premiers mouvements de la jeunesse, que l’idée de se rendre indépendant des affections des autres ; on veut d’abord consacrer sa vie à être aimé de ses amis, à captiver la faveur publique. […] Le mot de démocratie étant pris, de nos jours, dans diverses acceptions, il ne rendrait pas avec exactitude ce que je veux exprimer.
La langue est la bonne langue, mais refroidie, et d’un habile homme qui connaît la valeur des mots plutôt que d’un écrivain qui se les rend propres par l’imagination et le sentiment. […] Au reste, ce que la critique littéraire ôte à ce dernier, la science le lui rend. […] Il avait rendu à notre pays l’émotion littéraire dont la faculté même semblait perdue parmi tant d’autres ruines. […] Le Génie du Christianisme rendit un autre service. […] Elle lui rendait nécessaire, écrivit-il à Voltaire, l’assiduité aux Académies ; il avait besoin, pour vivre, des jetons de présence.
Clymène, usez-en bien : vous n’aurez pas toujours Ce qui vous rend si fière et si fort redoutée. […] Mais je les ai tous vus : j’ai vu toutes les armes Qui te rendent vainqueur. […] Il a cru, dans ces sortes de contes, que chacun devait être content à la fin ; cela plaît toujours au lecteur, à moins qu’on n’ait rendu les personnes trop odieuses. […] La pauvre mère se rend chez le jeune homme. […] Tel est l’hommage que Musset, avec justice, a rendu à La Fontaine conteur.
Je ne rougis donc point en avouant les défauts corporels que m’a donnés un accident involontaire et imprévu ; ces défauts ne souillent point l’âme, et l’Église les méconnaît dans ses ministres, pourvu qu’ils ne soient pas d’une espèce à les rendre inhabiles aux fonctions du ministère, ou que leur aspect ne soit pas affreux au point qu’ils puissent être occasion de scandale aux fidèles. […] Il y avait alors deux cafés qui étaient leur lieu de rendez-vous : celui de Procope, en face de la Comédie, et celui de Gradot, sur le quai de l’École. […] Boindin, l’abbé Terrasson, Fréret et quelques artistes s’étaient adonnés au café Procope, et s’y rendaient assidûment, indépendamment de ceux qui y venaient de temps en temps, tels que Piron, l’abbé Desfontaines, Lesage et autres. […] Mais La Motte, que Duclos appelle le plus aimable des gens de lettres, ne s’éloignait guère, et pour cause, du café Gradot : Après avoir vécu dans les meilleures sociétés de Paris et de la Cour, devenu aveugle et perclus des jambes, il était réduit à se faire porter en chaise au café de Gradot, pour se distraire de ses maux dans la conversation de plusieurs savants ou gens de lettres qui s’y rendaient à certaines heures. […] Ses idées étaient nettes, précises, et rendues avec ordre et clarté.
Mais prenons-y garde : il y a au xviiie siècle une foule de Saint-Simons au petit pied, toute une noblesse à l’esprit court, murée dans ses souvenirs et ses préventions, d’autant plus entêtée de ses vains privilèges que l’extérieur est tout ce qui lui reste ; courtisans, nobles de province, ce seront ceux-là qui se rendront insupportables au reste de la nation, exaspéreront les plus pacifiques, et nous condamneront par leur égoïsme inintelligent aux convulsions d’une révolution violente. […] Ses haines avivent sa curiosité, rendent ses yeux plus prompts « à voler partout en sondant les âmes » ; elles aveuglent son jugement, mais elles éclairent sa vision. […] Rien ne prouve mieux qu’il y a en lui un artiste : la réalité le saisit, en dépit de ses préventions, de ses aversions, de ses théories ; et il lui est aussi impossible de ne pas la rendre que de ne pas la voir. […] Voilà comment Saint-Simon, qui peut être redressé ou démenti presque à chaque page, reste pourtant le seul peintre qui nous rende la cour de Louis XIV. […] Sa crainte, c’est toujours de dire moins qu’il ne sent : il surcharge, il emmêle d’immenses périodes confuses, touffues, d’où sortent des éclairs et des flammes : son style, enfin, rend le fourmillement de la vie, son mouvement immense et multiple, avec l’étrange agrandissement, l’éclairage violent d’une vision d’halluciné.
Le projet de ces hommes systêmatiques étoit de rendre notre langue plus belle, plus facile à lire &, surtout, à apprendre. […] Il est d’avis qu’on supprime les lettres redoublées, quand elles ne rendent aucun son. […] Cette bisarrerie & cette bigarrure rendirent l’innovation encore plus ridicule. M. de Voltaire passe pour avoir innové à son tour ; mais la pratique qu’il suit & qu’il est parvenu à rendre assez commune, avoit été proposée avant lui. […] Un auteur s’est attaché à ce que son orthographe rendit scrupuleusement toutes les inflexions de la voix : par exemple, il écrit ele au lieu d’elle.
On se rend propre en un jour des tours et des façons d’operer, qui coûterent aux inventeurs des années de recherche et de travail. […] Mais Raphaël voit un moment le pere éternel peint par Michel-Ange : frappé par la noblesse de l’idée de ce puissant génie, que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent. […] Ils se rendent propre facilement la façon de tourner les vers et la mécanique des auteurs de ces ouvrages. […] Il est bien rare qu’il nous faille emprunter d’autrui des expressions pour rendre ce que nous avons pensé. […] Ainsi le peintre éleve, dont l’esprit s’abandonne aux idées qui ont rapport à sa profession, qui se forme plus lentement pour le commerce du monde, que les jeunes gens de son âge, que sa vivacité fait paroître étourdi, et que la distraction, qui vient de son attention continuelle à ses idées, rend gauche dans ses manieres, devient ordinairement un artisan excellent.
Les vers des anciens, que ce poëte a tournez en françois avec tant d’adresse, et qu’il a si bien rendus la partie homogene de l’ouvrage, où il les insere, que tout paroît pensé de suite par une même personne, font autant d’honneur à Despreaux, que les vers qui sont sortis tout neufs de sa veine. […] Il y a bien de la difference entre emporter d’une gallerie l’art du peintre, entre se rendre propre la maniere d’operer de l’artisan qu’on vient d’admirer, et remporter dans son portefeüille une partie de ses figures. […] Ces avis ne sont bons que pour corriger les fautes, et principalement pour rectifier le plan d’un ouvrage de quelque étenduë, supposant que les auteurs fassent voir leur plan en esquisse, et que ceux qu’ils consultent le méditent, et se le rendent present comme s’ils l’avoient fait eux-mêmes. […] Supposé même qu’on pût, après une simple lecture, donner un bon avis à l’artisan sur la conformation de son ouvrage : seroit-il assez docile pour s’y rendre ? […] Or tout apprentissage consiste à faire des fautes, afin de se rendre capable de n’en plus faire.
Du chant des vers latins ou du carmen Je ne crois pas pouvoir mieux faire pour confirmer ce que j’ay déja dit concernant la melopée et la melodie tragiques des anciens, que de montrer qu’en suivant mon sentiment, on comprend très-distinctement le sens d’un des plus importans passages de la poëtique d’Aristote, que les commentaires n’ont fait jusques ici que rendre inintelligible. Rien ne prouve mieux la verité d’un principe, que de voir son application rendre clairs des passages très-obscurs sans sa lumiere. Voici ce passage suivant la traduction latine de Daniel Heinsius, à laquelle je n’ai changé que deux mots pour la rendre plus conforme au texte. […] D’autres passages du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote rendront encore plus claire l’explication qu’on vient de lire. […] Je ne dois donc pas apprehender qu’on me reproche la multitude de passages que je vais rapporter, afin de rendre constant un fait, que deux ou trois de ces passages prouvent peut-être suffisamment.
Il est un hypocrite anglais de la plus magnifique espèce, poussé sur les plates-bandes de l’Hypocrisie dans un pays où la Loi sociale est si forte, que l’Indépendance comme le Vice est tenue de rendre cet hommage d’un mensonge à la Loi. S’il était excentrique, il ne le rendrait pas ! […] Léon de Wailly, sous la rubrique où vous reconnaissez ce que, plus haut, nous appelions le cant de la plaisanterie : « Modeste proposition — nous dit Swift — pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public. […] Mais ce qui la rend insupportable, ce n’est pas son horreur oratoire, qui pouvait produire un salutaire effet sur les oppresseurs de l’Irlande et les épouvanter de l’état de malheurs et de misère dans lequel ils tenaient ce pauvre pays, mais c’est le détail avec lequel elle est travaillée et retravaillée, pendant je ne sais combien de pages, comme un outil compliqué pourrait l’être par un ouvrier de Birmingham ou de Manchester, et c’est encore plus que tout le reste la froideur avec laquelle elle est travaillée. […] Il y a pourtant du bon sens très mâle dans cette lettre, mais un tel tuteur, un tel Bartholo-Barbaro-Barbe-à-croc, devait rendre hideuse la raison même et donner précisément l’envie de faire ce qu’il ne fallait pas.
C’est là, en somme, un moyen de la rendre vraisemblable. […] Ce serait le rendre malsain par un dérangement de l’équilibre naturel auquel l’art n’est déjà que trop porté de lui-même. […] Le réalisme mal entendu rend le demitalent absolument intolérable. […] Zola a un faible marqué pour les moins relevées ; c’est ce qui le rend partial dans son étude de l’homme et incomplet dans son œuvre. […] En un mot, le sentiment dominateur fait seul l’unité de la description et peut seul la rendre sympathique.
Il sait s’y rendre, en tant que contemplateur, aussi étranger qu’il se sentait étranger aux paysages et aux églises. […] Aussi son amour de la sincérité n’étant pas désintéressé, ne l’avait pas rendu meilleur. […] F., a bien vu cet aspect de son caractère, ou plus exactement les conditions psychologiques qui ont rendu possible, qui seules pouvaient rendre possible son extraordinaire pénétration. […] Je cherche à vous rendre mon impression dans ce qu’elle avait encore d’obscur et d’incohérent. […] (Je ne parle pas des innombrables services qu’il m’a rendus et qui dépassent infiniment tous ceux non seulement que j’ai pu lui rendre, mais même qu’il a pu jamais me demander.)
Des têtes fortes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain, comme seuls dignes de l’estime des hommes. […] pendant longtemps encore la passion que l’on ressent rend impossible de croire qu’on ait cessé d’intéresser l’objet de sa tendresse : il semble que l’on éprouve un sentiment qui doit se communiquer ; il semble qu’on n’est séparé que par une barrière qui ne vient point de sa volonté ; qu’en lui parlant, en le voyant, il ressentira le passé, il retrouvera ce qu’il a éprouvé ; que des cœurs qui se sont tout confiés, ne peuvent cesser de s’entendre, et rien ne peut faire renaître l’entraînement dont une autre a le secret, et vous savez qu’il est heureux loin de vous, qu’il est heureux souvent par l’objet qui vous rappelle le moins ; les traits de sympathie sont restés en vous seule, leur rapport est anéanti. Il faut pour jamais renoncer à voir celui dont la présence renouvellerait vos souvenirs, et dont les discours les rendraient plus amers ; il faut errer dans les lieux où il vous a aimé, dans ces lieux dont l’immobilité est là, pour attester le changement de tout le reste ; le désespoir est au fond du cœur, tandis que mille devoirs, que la fierté même commande de le cacher, on n’attire la pitié par aucun malheur apparent ; seule en secret, tout votre être a passé de la vie à la mort. […] La jalousie, cette passion terrible dans sa nature, alors même qu’elle n’est pas excitée par l’amour, rend l’âme frénétique, quand toutes les affections du cœur sont réunies aux ressentiments les plus vifs de l’amour propre. […] Il n’est pas vrai du tout, que dans la moralité du cœur humain, un lien ne confirme pas un penchant ; il n’est pas vrai, qu’il n’existe pas plusieurs époques dans le cours d’un attachement, où la moralité ne resserre pas les nœuds qu’un écart de l’imagination pouvait relâcher ; les liens indissolubles s’opposent au libre attrait du cœur : mais un complet degré d’indépendance rend presque impossible une tendresse durable ; il faut des souvenirs pour ébranler le cœur, et il n’y a point de souvenirs profonds, si l’on ne croit pas aux droits du passé sur l’avenir, si quelque idée de reconnaissance n’est pas la base immuable du goût qui se renouvelle : il y a des intervalles dans tout ce qui appartient à l’imagination, et si la moralité ne les remplit pas, dans l’un de ces intervalles passagers, on se séparera pour toujours.
Il nous a très bien rendu le milieu social au sein duquel se passa son enfance, dans une notice biographique consacrée à M. […] Walckenaer a rendus à la littérature et à tous les lecteurs amis du Grand Siècle par ses biographies si riches et si abondantes. […] Toutes les femmes qu’a aimées La Fontaine et qui le lui ont si bien rendu, qui l’ont recueilli, nourri et soigné dans les distractions et les oublis de sa vieillesse, ont leur place dans cette biographie de curiosité et d’affection. […] Letronne) où il a montré beaucoup de finesse et de distinction dans le choix des traits qui rendent la physionomie. […] Lorsqu’il l’eut perdue, il dirigea plus habituellement sa pensée vers ce lieu du rendez-vous suprême que se donnent les âmes aimantes.
Ce qui rend Rodrigue si digne d’attention, est-ce le péril qu’il court en combattant le comte, les Maures ou don Sanche ? […] Un des grands secrets pour piquer la curiosité, c’est de rendre l’événement incertain. […] L’art de rendre avec intérêt ces détails, est ce qu’on appelle l’art des développements. […] Quand il n’a pu rendre l’amour très théâtral, il l’a rendu intéressant par des développements et par un style enchanteur. […] était rendu avec des figures, il ne serait plus rien.
. — « Je veux, continua-t-il, que vous me secouiez ce drôle comme il faut et sans aucune considération ; cela le rendra dur au mal. […] C’est de rendre une partie de cette Bohème dont on lui a offert un morceau, qui assurément sera plus grand si elle prend le tout ; ce qu’elle peut, sans rien donner au hasard. […] Mais il n’y a pas un moment à perdre. » Prendre et garder, ou ne rendre que le moins possible : Maurice, on le voit, était de la race des gros mangeurs, et dans la politique de ce temps-là où la force était tout, et où le droit, de chaque côté, ne venait qu’en auxiliaire à la suite, ce n’était pas le plus sot rôle. […] Du camp devant Tournai, il écrivait à sa sœur, la princesse de Holstein, le 21 mai 1745, dix jours après la victoire de Fontenoy : « La ville s’est rendue le 22. […] Je vous prie de faire dire M. de Schulenburg, qui a été un de mes maîtres, que j’ai fait les deux mêmes attaques qu’il a faites en 1709 et où j’ai assisté sous ses ordres, et que j’ai fait tout comme je l’ai vu faire. » Et dans une autre lettre du 25 juin : « La citadelle de Tournai s’est rendue le 19, et la garnison en est sortie hier au nombre de 5,000 hommes : c’est un rude morceau.
Notre malheur l’affligea vivement ; elle nous fit connaître à sir Arthur Wellesley, et nous rendit auprès de lui toutes sortes de bons offices. […] M. de Saint-Joseph nous y fait assister : « La chaleur que la saison et notre rapprochement du Midi rendaient chaque jour plus forte ; notre marche dans un pays sans routes, brûlé, sillonné par de longues fentes, où l’on eût dit qu’un vent dévastateur venait d’exercer ses ravages, l’épuisement des chevaux, nos fatigues, nos peines morales, tout nous rendit excessivement longue et pénible la petite distance de l’Alagon au Tago. […] Les matelots et le capitaine avaient perdu la tête : ce fut le général et son aide de camp qui montèrent sur le pont et qui, par leur sang-froid, rendirent du cœur à l’équipage. […] Je laisse parler le capitaine Bernard : « Encore, dans cette misérable situation, s’il nous eût été permis de jouir d’un peu de liberté, nous eussions rendu grâces au ciel. […] Cette généreuse femme rendait ainsi le bien pour le mal, et peut-être aussi entendait-elle remercier par là ce chef d’avoir empêché, au moment de la capture, le massacre de son mari.
Aimé Martin, a rendu à sa mémoire plus d’un service ; il a complété sur quantité de points l’édition des Œuvres de celui qu’il admirait par-dessus tout : pourtant il a poussé le zèle et l’enthousiasme jusqu’à tracer de lui un portrait romanesque et une de ces biographies impossibles qui mettent tout d’abord en garde un lecteur de bon sens. […] Il s’y rendit lentement par la Hollande et par Lübeck, se faisant le long du chemin des amis ; car il avait de l’attrait, du charme et une ingénuité touchante, des trésors de sensibilité et de cœur quand sa susceptibilité n’était point en jeu. […] Je sais que la correspondance de Bernardin avec Duval existe et qu’elle est à Genève aux mains des descendants de ce dernier : espérons qu’elle sera publiée un jour et qu’elle nous rendra le vrai ton55. […] Aujourd’hui je n’ai voulu qu’indiquer la préparation pénible et les épreuves qui doivent nous rendre nous-mêmes modestes, reconnaissants envers le ciel et indulgents. […] Vous qui reconnaissez si bien la Providence, pouvez-vous la méconnaître dans l’aisance qui vous arrive lorsque des infirmités vous la rendent nécessaire ?
Voltaire revenait de Berlin où il était allé étourdiment se mettre dans l’antre du lion ; l’aventure de Francfort était faite pour le rendre méfiant, en même temps que l’éclat de cette brouille avec Frédéric le faisait paraître à tous plus dangereux encore. […] Il se rendit à Lyon, en novembre 1754, pour y conférer avec son ami le maréchal de Richelieu ; le froid accueil qu’il y reçut de l’archevêque, le cardinal de Tencin, oncle pourtant de son ami d’Argentai, lui fit sentir à quel point il était compromis en cour de France, C’est alors qu’il prit le parti de se rendre incontinent en Suisse avec sa nièce. […] Et c’est toujours en homme lésé et dupé, en homme généreux et désintéressé, ne visant qu’au bien d’autrui et ne marchandant pas d’ailleurs son plaisir, que Voltaire fait des siennes dans cette terre de Tourney, et qu’il se passe tous ses dégâts et toutes ses lésines : Je mets mon plaisir à rendre fertile un pays qui ne l’était guère, et je croirai, en mourant, n’avoir point de reproches à me faire de l’emploi de ma fortune… Je continue très certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres… J’ai tout lieu de me flatter que vous ne me troublerez pas dans les services que je vous rends, à vous et votre famille. […] il ne s’agit plus de le rendre ridicule, il s’agit de le déshonorer. » C’est ainsi qu’il s’apprêtait à mettre en jeu contre son ennemi toutes les ressources d’un grand esprit furibond et sans droiture. […] Je les admire aussi, mais je mépriserai sa personne s’il la rend méprisable.
Un ouvrage satirique ou qui contient des faits, qui est donné en feuilles sous le manteau aux conditions d’être rendu de même, s’il est médiocre, passe pour merveilleux ; l’impression est l’écueil. […] Il porte plus haut ses projets et agit pour une fin plus relevée : il demande des hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges, et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. […] Il semble que la logique est l’art de convaincre de quelque vérité ; et l’éloquence un don de l’âme, lequel nous rend maîtres du cœur et de l’esprit des autres ; qui fait que nous leur inspirons ou que nous leur persuadons tout ce qui nous plaît. […] Celui qui n’a égard en écrivant qu’au goût de son siècle, songe plus à sa personne qu’à ses écrits : il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est quelquefois refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre. […] Rendez-vous de chasse dans la forêt de Chantilly.
Toutefois sans la facilité de trouver ce chant, cette espèce de musique, on n’écrit ni en vers ni en prose : je doute même qu’on parle bien ; sans l’habitude de la sentir ou de la rendre, on ne sait pas lire ; et qui est-ce qui sait lire ? […] Pour ces nuées, Vernet aurait bien su les rendre aussi denses, sans les faire mattes, lourdes, immobiles et compactes. […] Vernet nous a rendus difficiles sur les ciels ; les siens sont si légers, si rares, si vaporeux, si liquides ! […] Le calme est roussâtre et sec. à cet instant, les objets sont comme abreuvés de lumière, effet très-difficile à rendre. […] La chaloupe qui coule à fond, le mouvement de l’eau sont bien rendus, si ce n’est qu’il est absurde que de frêles bâtimens tentent un abordage par un gros temps ou, comme disent les marins, par une mer trop dure.
Si, par hasard, des esprits oisifs et mécontents étaient venus à cette séance académique, où la plus belle société s’était donné rendez-vous, avec l’intention de chercher et d’applaudir quelques-uns de ces traits plus politiques que littéraires, sur lesquels on a trop compté en d’autres temps, ils auraient été désappointés. […] Molé homme politique, une extrême justesse de jugement, une balance parfaite et d’une singulière délicatesse, qui rendait raison à l’instant de tout ce qu’on y jetait ; il l’avait nommé grand juge, c’est-à-dire ministre de la justice, à trente-trois ans et sans que M. […] Molé entra alors, avec tant de bons citoyens, dans cette politique que je ne croirai pas diminuer en l’appelant une politique de sauvetage ; il rendit des services, donna de bons conseils au jour le jour, et couronna dignement sa carrière publique. […] J’écarterai le nom respecté de M. le comte Molé, et je dirai à notre honorable confrère que les services que lui-même a rendus à cette époque difficile, le rôle qu'il y a joué, peuvent lui faire quelque illusion dans l’impression qui lui en est restée.
Avant qu’il eût rendu vie pour vie, leur patient passait par toute une série de supplices : obsessions et flagellations, angoisses de l’âme et tourments du corps, fuites éperdues à travers des foules hostiles et des solitudes désolées, nuits livrées aux épouvantes des visions spectrales. […] Gardiennes de la vie humaine, protectrices des droits de la famille, de la foi jurée, du foyer des hôtes, les Érynnies semblaient mériter la reconnaissance due aux services ingrats strictement rendus. […] Ce qui rendait encore les Érynnies haïssables, c’était l’idée qu’on se faisait de leur caractère. […] Eschyle, comme nous allons le voir, remplit leurs chants forcenés de termes cynégétiques qui rendent des sons d’aboiements.
Ce n’est pas le seul bon office de ce genre que Segrais ait rendu au poète latin. […] Un petit livre de bontés a rendu son nom populaire. […] Perrault rend la cause meilleure en adoptant la gloire de ces modernes, y compris Boileau, auquel il fait habilement une place parmi eux. […] Mais la raison qui rendait Lamotte si difficile pour Homère n’a de commun avec celle-là que le nom. […] Il a une manière d’avoir tort qui le rend digne d’avoir raison.
Écoutez, et suppléez par la pensée aux rythmes tantôt lents et tantôt rapides que le poète emploie dans ses vers, et qui ne peuvent être rendus par la prose. […] Le même jour, à onze heures, je reçus l’ordre de me rendre à Schœnbrunn. […] De là il a fallu encore se rendre chez le comte de Kaunitz, chez lequel nous sommes demeurés neuf heures. […] Il faut donc l’enlever aux yeux du monde ; et qu’est-ce qui le rendrait plus visible qu’un succès dans une grande et populeuse ville, en plein théâtre ? […] Notre cœur ne peut rien inventer quoiqu’il puisse tout sentir ; c’est le malheur, l’amour, la piété, la mort qui le rendent harmonieux.
Il ne songe qu’à lui rendre des services et de vrais services. […] Dans Molière, Alceste ne rend aucun service à personne, et c’est Philinte qui en rend. […] On ne peut pas l’accuser de l’avoir rendu ou laissé sympathique. […] La religion abêtit, déprave et rend cruel. […] Cette fois, je rends les armes.
Le Joueur, par-dessus toutes, est une Comédie, dont le principal Caractere & ses accessoires sont dessinés & rendus avec autant de finesse que de fidélité. Une imagination vive & gaie, un bon sens exquis, une connoissance bien étendue du Théatre, le naturel du dialogue, un art admirable de saisir les ridicules & de les peindre dans leur jour le plus brillant, la rendront toujours digne d'être proposée pour modele. […] S'il avoit eu soin d'unir la morale à la force comique ; de suivre les regles indispensables de la Comédie, destinée par son institution à instruire & à corriger ; de donner aux travers qu'il expose, les couleurs qui en font sentir & détester la difformité ; de punir sur la Scene les Personnages vicieux qu'il y introduit ; en un mot, de travailler à rendre les hommes meilleurs, autant qu'il s'appliquoit à les amuser : il est certain qu'il auroit droit de prétendre à une gloire plus brillante & plus solide que celle dont il est en possession.
On se débat contre les talents, on flétrit les jouissances qu’ils donnent, on tue l’inspiration, on se rend incapable de la sentir. […] On peut lui faire rendre son épée par une divinité, etc. […] Elle réunissait les deux qualités majeures qui la rendaient généralement instructive et particulièrement frappante. […] On ne saurait donc trop recommander aux poètes épiques de ne se rendre les imitateurs d’Homère qu’en copiant ses formes les plus animées. […] Ce dérèglement d’une imagination sans frein n’était pas nécessaire au récit du fait, et le rend burlesquement invraisemblable.
Mais c’est une chose étrange que ce toucher sûr, par qui une chose ne rend jamais que le son quelle doit rendre, soit encore plus rare que la faculté qui crée. […] renverse les obstacles qui nous rendent étrangers les uns aux autres. […] Le noble nomma des bénéfices et quelquefois les rendit héréditaires dans sa famille. […] Les apôtres seuls ont pu la rendre, parce qu’ils écrivaient sous l’inspiration de l’Esprit-Saint. […] Je me rends donc à l’appel de mon adversaire.
Ceux-ci rendent les armes. […] Le propre de la nature de Sully est que la louange l’aiguillonne et l’encourage à mieux faire plutôt que de l’enorgueillir et de le rendre nonchalant : plus la charge s’accroît avec la confiance du maître, plus il redouble de zèle et de vigilance. […] Dans les moments de presse et de nécessité, quand l’État devait une grosse somme, soit à la reine d’Angleterre, soit au comte Palatin, ou à d’autres princes étrangers ou français, on aliénait une portion d’impôts, et on la leur livrait pour paiement : « Tirez-en ce que vous pourrez. » Ces créanciers, ainsi pourvus d’une valeur incommode et d’un rapport peu précis, l’affermaient à quelque homme de finance qui leur en rendait le moins et en tirait pour son compte le plus possible. […] Il est hostile à tous officiers de plume et d’écritoire ; il veut qu’on leur fasse rendre gorge, et même qu’on les punisse par corps, sans acception ni faveur. […] Que si par vanité vous vous les rendiez incompatibles, vous me donneriez sujet de ne vous laisser que la dernière.
Il les acquiert et les crée, soit qu’il se concilie le grand Condé en lui faisant rendre le commandement des armées, soit qu’il s’entende presque en camarade avec Luxembourg, brillant capitaine, homme corrompu : il y a, dès le principe, partie liée entre eux, bien que l’alliance ne doive pas tenir jusqu’au bout. […] Tout compté, si trop souvent il s’est montré dur, cruel, sans scrupule dans l’exécution, il a rendu en somme un éminent service à l’État, et même, on l’ose dire, à l’humanité, en organisant cette chose sauvage, la guerre : il l’a, jusqu’à un certain point, moralisée. […] Vous lui témoignerez qu’il doit mettre en pratique son industrie pour faire faire les ouvrages à bon marché et très-promptement, afin que l’on puisse faire voir au roi que les mauvais offices qu’on lui a rendus sur cela sont mal fondés. » Ces mauvais offices rendus à Vauban par un intendant d’Alsace, cousin de Colbert, faillirent perdre cet illustre ingénieur et guerrier au début de sa grande carrière. […] On assiste à tous les pas que font la fortune et la gloire de Vauban, c’est-à-dire à tous les services que ce guerrier citoyen rend à son pays. […] Louis XIV, enfin, s’y montre dans sa grandeur d’âme et son ambition de roi, avec son esprit de travail, son application de détail, son besoin de tout prescrire et de tout régler, ou du moins de tout comprendre, de se rendre un compte exact de la marche et de la conduite suivie en chaque affaire.
Il avait conscience et il se rendait parfaitement compte de cette unité si nécessaire de direction et d’emploi. […] Les uns, on le sait, parmi les modernes novateurs ou restaurateurs de l’art, avaient pour Dieu Raphaël, les autres Rubens ou les Vénitiens : lui, il ne chercha rien de tel ; il eut le droit de se vanter, comme il faisait, de n’avoir mis son nez sur la piste de personne, et il se tira d’affaire pour son compte en présence des objets mêmes qu’il avait à rendre. […] Il n’aurait pas rendu comme il l’a fait la Défense de la barrière de Clichy, s’il n’avait payé là de sa personne. On parle toujours de croyance dans l’art, on admire cette disposition chez quelques peintres anciens et pieux qui ont rendu dévotement ce qu’ils sentaient. […] Celui-ci donnait du cor, et ses joues, énormément gonflées, m’eussent averti de la quantité d’air qui s’en échappait, si mes oreilles, déchirées par d’effroyables sons, n’avaient rendu tout autre avertissement inutile ; celui-là soupirait une romance, cet autre battait la générale ; il y en avait d’assis, de levés, d’accroupis, dans toutes les situations et dans toutes les poses.
De cette première rencontre il résulta, à deux jours de là, un rendez-vous ; ce rendez-vous ne se donna point non plus, on peut le croire, sans toutes sortes de façons et de cérémonies ; mais Michel était beau, d’une taille noble, d’une grande finesse de physionomie, d’une parole aisée et sobre qui ne montrait que l’homme du monde et qui ne laissait deviner en rien le métier ni la profession. […] Le premier rendez-vous, accordé à cette condition, eut-il lieu en effet, ou manqua-t-il, comme cela peut-être serait mieux ? Y eut-il, au jour dit, un billet moqueur apporté par un petit commissionnaire au quai d’Orsay, lieu indiqué pour le rendez-vous, un billet mignon qui sentait l’iris, dont le cachet avait des armes, — couronne de duchesse ou de comtesse, — et contenant ces seuls mots à l’adresse de Michel : « Un des plus doux plaisirs d’une femme est de faire un regret » ; et ne fut-ce que plus tard, par l’effet d’un hasard nouveau, que Michel retrouva la belle inconnue et reconquit l’occasion ? […] « Si vous n’aviez pas cette noblesse de goût qui vous rend si charmante, je n’aurais pas le désir de vous plaire. » Il est très-amoureux, pas assez pour faire des folies ni pour rien brusquer. […] Il a pour maxime que « le monde polit les mauvaises natures et gâte les bonnes. » Il lui voudrait rendre, à elle, toute sa bonté, son intégrité.
Lui il tint à marcher en plaine à l’ennemi par manière de défi et pour rendre le cœur aux troupes ; mais, cette démonstration faite, il n’eut garde de se risquer à attaquer. […] Forçé de se tenir sur la défensive, il la rendit aussi active et aussi nuisible à l’ennemi que possible, soit qu’il attaquât des camps isolés, des partis de fourrageurs, soit qu’il comblât des cours d’eau et coupât la navigation des rivières. […] Cependant le prince Eugène, n’ayant pu déterminer le duc d’Ormond à un engagement général, se résolut à faire un siège ; il assiégea d’abord Le Quesnoi qui se rendit le 3 juillet après douze jours de tranchée ouverte et d’une défense jugée insuffisante ; puis il porta ses vues sur Landrecies qu’il investit avec le gros de ses forces, et dont la prise lui eût ouvert le Soissonnais : il se passait ainsi d’Arras et de Cambrai, et forçait par une autre clef le cœur de la France. […] Il se rendit à mes raisons, et nous continuâmes notre marche, après avoir perdu une heure de temps. » Telle est la version de Montesquiou, désobligeante pour Villars. […] Je lui répétai tout ce qui devait l’en empêcher, après quoi il se rendit en me disant : « Puisque vous êtes d’avis d’attaquer, marchons. » Que Villars ait voulu différer l’attaque jusqu’à ce qu’il fût arrivé et présent de sa personne, c’est possible et c’est naturel ; mais il ne paraît pas qu’après les précautions prises pour assurer son arrière-garde contre un retour du prince Eugène, il ait hésité sur l’attaque du camp ; et comme le marquis d’Albergotti lui proposait de faire des fascines pour combler les retranchements : « Croyez-vous, lui répondit-il en lui montrant l’armée ennemie dont les têtes de colonnes s’apercevaient déjà, que ces messieurs nous en donnent le temps !
Jules Cousin, de la Bibliothèque de l’Arsenal, a fait plus que de rendre cette Étude facile ; il nous la présente toute préparée et sous la forme la plus modeste. […] On ne dit pas quels furent ses précepteurs, A son début dans le monde, il avait pour mentor le comte de Billy, un mentor commode, et plus tard il le rendra au fils de M. de Billy en leçons de même nature et en exemples. […] Le comte-abbé, pour ce gros morceau, dut lâcher et rendre au roi les quatre abbayes de Marmoutiers, Saint-Claude, Cercamp et Buzay, qui valaient au moins 80,000 livres de rente. […] Et toutefois, malgré ces excès, ces abus et ces prétentions dont je ne lui ai pas fait grâce, le comte de Clermont ne saurait passer pour un des violents de sa maison, et en général tout le monde rendait témoignage de sa douceur et de son affabilité. […] Le siège de la ville de Furnes tient plus longtemps qu’on ne croyait (la place pourtant était rendue dès le 10 juillet).
Aimez qui bonnement et pleinement vous le rende, aimez qui ait à vous offrir tout un cœur, n’eût-il aucun nom célèbre et ne s’appelât-il que le chevalier Des Grieux. […] Mme du Châtelet ne pouvait réussir à lui rendre le calme et à lui persuader que le bonheur de deux êtres choisis, qui cultivent ensemble la philosophie et les lettres, ne saurait dépendre de misérables insultes parties de si bas. […] … Avoir à me plaindre de lui est une sorte de supplice que je ne connaissais pas… Tout ce que j’ai éprouvé depuis un mois détacherait peut-être toute autre que moi ; mais, s’il peut me rendre malheureuse, il ne peut diminuer ma sensibilité… Son cœur a bien à réparer avec moi, s’il est encore digne du mien. […] Et, se rabattant alors à une liaison moins égale et moins haute, elle estime que l’amour peut encore nous rendre heureux à moins de frais ; « qu’une âme sensible et tendre est heureuse par le seul plaisir qu’elle trouve à aimer ». […] En écrivant ces pages, elle se flattait encore qu’elle tiendrait bon dans ce qu’elle appelait l’immutabilité de son cœur, et que le sentiment paisible de l’amitié, joint à la passion de l’étude, suffirait à la rendre heureuse.
La grande affaire, c’est que les poètes de vingt ans ne se contentent pas de chanter entre eux et de se complaire, mais qu’ils puissent rendre le public attentif à leurs jeux qui deviennent des œuvres. […] Arsène Houssaye, le plus aimable de tous, rassemblait sous sa houlette dans son journal de L’Artiste, et auxquels la nouvelle Revue de Paris vient de rendre un asile. […] Ernest Serret ; un sentiment pur, un style correct, nous y rendent quelque chose d’un Colin d’Harleville rajeuni. […] Brizeux nous rend plusieurs de ses qualités ; mais il nous permettra d’y relever quelques-uns de ses défauts. […] Le poète a voulu rendre l’impression profonde de cette heure immobile et brûlante sous les climats méridionaux, par exemple dans la Campagne romaine.
Sa première entreprise fut couronnée d’un plein succès ; pendant un travail de plusieurs années, il reconquit les bailliages rebelles, reconstitua les débris de l’Église qu’il était appelé à régir, et rendit à l’humble Savoie sa vieille unité. […] Malherbe, assisté de Racan et de quelques disciples, essayait avec lenteur de dégager la poésie et de lui faire rendre des accents rares, empreints d’un goût plus sévère et plus pur. […] Quand j’ai nommé Montaigne, ce ne peut être que dans un sens : l’auteur des Essais s’est attaché à rendre la philosophie, de sévère et farouche qu’elle était, accessible à tous et riante ; François de Sales fait la même chose pour la dévotion : il la veut rendre domestique, familière et populaire. […] On n’a jamais mieux fait le portrait d’un esprit, ni rendu aussi sensiblement des choses qui semblent inexprimables : lumière, suavité, netteté, vigueur, discernement et dextérité céleste, ordonnance et économie des vertus dans une âme, tout s’y représente et s’y peint d’un trait ferme et définitif. […] On a des portraits de saint François de Sales, mais aucun n’a pu rendre cette circonstance singulière de teint et de transparence, et dans le temps on disait, en effet, qu’il n’y avait pas de bon portrait de lui.
Marguerite, vers ce temps, voit mourir à Lyon son mari, l’un des fuyards de Pavie ; elle le pleure, mais après les deux premiers jours où elle n’a pu surmonter sa douleur, elle prend sur elle de la dissimuler devant la régente ; car, ne pouvant rendre de services par elle-même, elle se tiendrait trop malheureuse, dit-elle, d’empêcher et d’ébranler l’esprit de celle qui en rend de si grands. […] Remarquez que dans cette lettre adressée à Marguerite en 1525, et dans une autre lettre qui suivit d’assez près, Érasme la remerciait et la félicitait pour les services qu’elle ne cessait de rendre à la cause commune de la littérature et de la tolérance. Ces services rendus par Marguerite furent réels ; mais ce qui est un sujet d’éloges de la part des uns lui devient une source de reproches de la part des autres. […] Elle montre ce prince allant à un rendez-vous très peu édifiant, et, pour abréger le chemin, ayant obtenu du portier d’un monastère qu’il le laisserait passer à travers l’enclos. […] Tel est le ton de société que les nouvelles de Marguerite de Navarre nous rendent d’autant plus naïvement que le but n’en est nullement déshonnête.
Son art éclatant, mais non sans faux goût, n’arrêtait pas une décadence que précipitait, dans le cours du dix-huitième siècle, le génie même qui la rendait si piquante et si populaire. […] C’est là le titre de gloire de Voltaire dans sa prose, et dans cette partie de ses poésies que le sujet, le temps, la libre humeur du peintre, pouvaient rendre quelque peu prosaïques, sans les laisser moins originales. […] Il fut poëte aussi, cet autre démocrate anglais de 1789, non moins passionné pour la liberté que pour la science, intègre et généreux magistrat, voulant rendre aux Hindous l’usage de leurs antiques lois et célébrant lui-même dans des vers anglais les traditions de leur culte. […] Il était obligé d’entendre les raisonnements de légistes et même de missionnaires anglais qui croyaient nécessaire de permettre encore les immolations volontaires des veuves, pour ne pas rendre plus fréquents ces affreux sacrifices. […] Voilà les honneurs rendus à ce noble et gracieux génie, qui, dans la foi romaine, aurait mérité d’être un saint, et qui a laissé, chez les dominateurs de l’Inde, la renommée d’un sage et d’un poëte.
Fouquet eut la gloire de rendre Corneille au théâtre. […] Lamotte, en essayant d’épurer la morale et la tragédie d’Œdipe, a rendu sa pièce ennuyeuse sans la rendre plus raisonnable : trop raisonner sur les arts, est le moyen de les affaiblir et de les dénaturer. […] Zamti, qui vient proposer à sa femme de se tuer pour la rendre veuve et lui procurer un meilleur parti que lui, est plus ridicule qu’héroïque. […] Quelque temps après il se rendit à Ferney, et instruisit Voltaire de l’effet des premières représentations de L’Orphelin de la Chine. […] Ce qui le rend illustre, ce n’est point son amour pour la liberté, c’est la fondation d’un nouveau gouvernement qui, sous le nom de république, a subjugué l’univers.
Marle, de nos jours, a su rendre presque ridicule cette espèce de réforme qui, dans une certaine mesure, avait reçu l’approbation de plus d’un grammairien philosophe au xviiie siècle et même au xvie . […] J’ouvre au hasard un de ses volumes : Projet pour rendre les chemins praticables en hiver… Projet pour renfermer les mendiants (pour l’extinction de la mendicité)… bien. — Avantages que doit procurer l’agrandissement continuel de la ville capitale d’un État… bien, très bien. Il devrait être content aujourd’hui. — Projet pour rendre l’Académie des bons écrivains plus utile à l’État… bien encore ; il a l’idée du lien entre les diverses Académies, l’idée de l’Institut. Mais à deux pas de là, on va me citer ce qui a l’air d’une mauvaise plaisanterie : Projet pour rendre les ducs et pairs utiles… Moyen de rendre les sermons utiles…. […] [NdA] Ainsi, quand Voltaire dit : « Toute guerre européenne est une guerre civile », il rend le plus grand service à l’idée de l’abbé de Saint-Pierre ; il la frappe à son coin et lui donne cours auprès même des moins chimériques.
Cet homme rare, qui n’était bien connu que de ses amis, a rendu dans sa vie de grands services aux Lettres, mais des services qu’il se plaisait en quelque sorte à ensevelir : il aimait à perdre ses travaux dans la renommée de ses amis. […] Patin en publiait un dans le Journal des Débats : il y rendait un juste et complet témoignage à l’ami de toute sa vie. […] vous m’avez rendu témoin d’un succès brillant au milieu d’une salle si nombreuse où j’ai été heureux de trouver une petite place. […] Villemain par exemple, ce grand et bel esprit, si libéral dans ses livres, ce haut et puissant seigneur qui régnait à l’Académie comme à l’Université et à qui chacun rendait sans qu’il se crût obligé à rien en retour, — à son sujet, M. […] Villemain, et je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’ait en vue un moyen, bien simple pour lui, de rendre une convenable justice à votre travail sans en écrire pour les journaux.
Cinthio et Oratio sont en rivalité auprès d’Isabelle ; Isabelle à son balcon demande à l’un et à l’autre quelles sont les qualités qui l’ont rendu amoureux. […] Mais il arriva que des affaires importantes obligèrent le capitaine de se rendre à Naples. […] Elle lui donne un rendez-vous et s’arme d’un poignard pour satisfaire sa vengeance ; mais le prétendu valet du capitan, qui a assisté à ces différentes scènes et qui s’est convaincu de l’injustice de ses soupçons, se démasque. […] Un faux marchand vient remercier tout haut le faux mendiant du service que celui-ci lui a rendu en lui donnant le secret d’avoir un héritier. Un autre vaurien, également d’accord avec Pedrolino, lui apporte de l’argent pour le récompenser de lui avoir rendu le même service.
Le mépris des Hiérosolymites pour les Galiléens rendait la séparation encore plus profonde. […] Les cours et les portiques environnants servaient journellement de rendez-vous à une foule considérable, si bien que ce grand espace était à la fois le temple, le forum, le tribunal, l’université. […] Ce fut l’islam, c’est-à-dire une sorte de résurrection du judaïsme dans sa forme exclusivement sémitique, qui lui rendit ses honneurs. […] L’orgueil des Juifs achevait de mécontenter Jésus, et de lui rendre le séjour de Jérusalem pénible. […] Mais il porta évidemment beaucoup d’amitié à Jésus et lui rendit des services, sans pouvoir l’arracher à une mort dont l’arrêt, à l’époque où nous sommes arrivés, était déjà comme écrit.
Les poètes, pour la plupart, ont perdu le sens du monde, c’est à nous de le leur rendre. […] Les harmonies du musicien, le pinceau du peintre, la lyre du poète et le ciseau du statuaire réalisent des types absolus dont l’imitation rend les races parfaites. […] Parviendrons-nous jamais à glorifier l’aurore, à solenniser les lauriers, à rendre indéniable la beauté des choses, si nous n’avons en nous que des désirs grossiers, vulgaires, mornes et impurs ? […] Rendons-nous dignes de la gloire que nous nous piquons d’acquérir. […] Nous ne nous contenterons pas d’écrire des poèmes délicieux, nous avons l’auguste ambition de rendre à la vie sa beauté plastique.
C’est par ce double geste d’association et de dissociation que l’esprit crée la diversité du monde phénoménal et rend lu connaissance possible. […] C’est elle enfin qui, avec le fait passionnel de la joie esthétique, rend possible la connaissance et la contemplation. […] *** En ce qui touche aux réalités créées sous l’action d’une utilité vitale, comme en ce qui touche aux réalités créées sous l’action d’une utilité de connaissance, il est aisé de montrer que l’utilité humaine est l’unique auteur de ces réalités et confère seule, et par une intervention tout arbitraire, à la substance phénoménale qui s’écoule, la rigidité et la durée qui la rendent saisissable. […] Tout ce qui, a pour effet de rendre possible la vie sociale et d’en favoriser le développement doit être considéré comme utile à la vie même de l’espèce. […] Si la vie abondante de l’espèce n’a d’autre intérêt que de rendre la connaissance possible, si elle n’est elle-même, ainsi qu’on en a posé l’hypothèse, qu’un moyen pour la connaissance de se réaliser, on peut imaginer que des vérités nouvelles seront un jour inventées pour réglementer dans les limites qui conviennent le nombre des naissances sur une planète où il est déjà possible de prévoir une densité trop grande de la vie humaine.
mon ami, accepte mes offres ; je ne te demande en retour que l’impunité du service que je te rends. […] Je décerne un autel au ministre qui daigna le premier nous rendre raison de la volonté de notre maître. […] La nature a rendu facile ce qu’elle a rendu nécessaire. » LXXVIII. […] Il est un service important à vous rendre, et je m’en charge. […] pour rendre le littérateur meilleur écrivain, on a empêché l’homme de devenir meilleur.
On y trouve un écrivain dont les grands talens doivent faire oublier ses Lettres du chevalier d’Her… ses comédies peu théâtrales, son Apologie des tourbillons de Descartes & les Essais informes qu’il a faits dans les genres de Lucien & de Théocrite ; plus heureux dans ceux de Quinault & de Bacon, & surtout dans la géométrie ; faisant aimer les sciences les plus abstraites ; réunissant la subtilité du raisonnement à un stile qui lui est particulier & qui a fait beaucoup de mauvais imitateurs ; ayant plus d’esprit que de génie, & plus de délicatesse que d’invention ; placé sous deux règnes pour mériter l’estime de deux siècles, & par la variété de ses connoissances, & par la singularité de son ame toujours paisible, modérée, égale, inaccessible aux mouvemens inquiets ou violens, qui rendent les autres hommes malheureux ; fait, en un mot, pour les agrémens & les délices de la société, mais non pour être l’exemple des belles ames, des cœurs sensibles & reconnoissans. […] La première est pour venger les pères de l’église & les anciens chrétiens des raisonnemens qu’on leur fait tenir, & pour exposer les motifs qu’ils ont eu de croire que les oracles des payens étoient rendus par les démons ; la seconde, pour détruire les preuves directes par lesquelles on établissoit que les oracles étoient l’unique ouvrage de quelques prêtres imposteurs ou dupes ; la troisième, pour faire voir que la naissance de Jésus-Christ est l’époque de la cessation des oracles, & qu’ils n’ont cessé que par le pouvoir de la croix & par l’invocation de son nom. […] Baltus, ausquels il fit part de son ouvrage, & qui reconnurent mal cette marque d’estime : on prévint contre lui le gouvernement : on rendit sa religion suspecte. […] Quelques fourbes adroits mirent à profit le desir que nous avons tous de connoître l’avenir : ils se donnèrent pour des hommes inspirés, & rendirent des oracles. […] Du Marsais prouve qu’attribuer les oracles au malins esprits, n’est pas une vérité fondée sur la tradition ; que les prêtres, pour tromper le peuple, se servoient de statues creuses ; que ce n’est point affoiblir, mais confirmer la gloire de Jésus-Christ, que de réduire les oracles à des causes naturelles ; que les permissions particulières accordées au démons, suivant le témoignage de l’écriture, ne donnent pas droit d’en supposer d’autres ; que ce prodige n’étoit pas nécessaire à l’établissement du christianisme ; qu’admettre de faux miracles, ce seroit, s’il étoit possible, rendre suspects les véritables.
La faiblesse même de la multitude la rend plus portée à la compassion. […] Par suite, les conditions (leges) auxquelles se rendaient les villes, étaient exprimées par des formules analogues, qui se sont appelées paces (de pacio) mot qui répond à celui de pactum. Il en est resté un vestige remarquable dans la formule du traité par lequel se rendit Collatie. Tel que Tite-Live le rapporte, c’est une véritable stipulation (contratto recettizio) fait avec les interrogations et les réponses solennelles ; aussi ceux qui se rendaient étaient appelés, dans toute la propriété du mot, recepti ; et ego recipio, dit le héraut romain aux députés de Collatie. […] Aujourd’hui c’est la volonté qui rend le pacte obligatoire, et par cela seul qu’on a voulu contracter, la convention produit une action.
Pour rendre cet auteur, il ne falloit rien moins que l’imagination vive & fougueuse, d’un Brébeuf. […] Il en avoit fait un lui-même sur le sujet de Niobé, qu’il étoit impatient de rendre public. […] Pour arracher la tête au veau présomptueux, Et rendre le lynx souple à des rènes de lierre, Vous célébrez Bacchus, son audace guerrière ; L’Echo rend & répète au loin vos cris affreux.
Rien n’indigne tant un poëte que des vers mal rendus par un acteur ou par un lecteur. […] Il en eut avec Joachim du Bellay, contre lequel il plaida pour se faire rendre des odes que du Bellay lui avoit enlevées ; il en eut avec le bouffon & l’inintelligible Rabelais, qui l’attaquoit partout de conversation & de plaisanterie ; il en eut avec plusieurs ministres protestans, réputés beaux-esprits, qui lui reprochèrent de s’être fait, de curé, soldat au service de l’Ecosse & de l’Angleterre ; il en eut avec Philibert de Lorme, abbé de Livri, qu’il ridiculisa par une satyre intitulée la Truelle crossée : mais personne n’excita sa bile autant que Mellin de Saint-Gelais. […] Le chef de cette bande étoit Mellin de Saint-Gelais, qui, pour avoir quelque chose de plus que les autres, avoit acquis beaucoup de réputation envers les grands, principalement auprès du roi, s’efforçoit, par envie, de troubler l’eau pégasine à ce nouvel Apollon, ayant l’ame touchée de tant d’envie & de présomption que d’oser blasonner & de reprendre les œuvres dudit Ronsard aux yeux de sa majesté, pour le rendre odieux. » Ces plaintes sont terminées par ce conseil. […] Après sa mort, il reçut des honneurs tels qu’on n’en rend qu’aux gens de lettres qu’en Angleterre.
Aristides Quintilianus, en parlant de plusieurs divisions que les anciens faisoient de la musique considerée sous differens égards, dit que le chant, que la musique par rapport à l’esprit dans lequel elle a été composée, et à l’effet qu’on a voulu lui faire produire, se peut partager en musique qui nous porte à l’affliction, en musique qui nous rend gais, et nous anime, et en musique qui nous calme en appaisant nos agitations. […] Nous avons observé déja dans le premier volume de cet ouvrage que les symphonies étoient susceptibles, ainsi que le sont les chants musicaux composez sur des paroles d’un caractere particulier qui rende ces symphonies capables de nous affecter diversement en nous inspirant tantôt de la gayeté, tantôt de la tristesse, tantôt une ardeur martiale et tantôt des sentimens de dévotion : le son des instrumens, écrit Quintilien, l’auteur le plus capable de rendre compte du gout de l’antiquité, nous affecte, et bien qu’il ne nous fasse pas entendre aucun mot, il ne laisse point de nous inspirer divers sentimens. […] Comme il avoit découvert que le quartier d’assemblée des romains, en cas d’allarme imprevûë, étoit le théatre de la ville, il y fit sonner le même air que les romains faisoient sonner pour s’assembler : mais les soldats de la garnison reconnurent bien-tôt à la mauvaise maniere avec laquelle la trompette étoit embouchée, que ce n’étoit pas un romain qui en sonnoit, et se doutant bien de la ruse de l’ennemi, ils se refugierent dans la forteresse, au lieu de se rendre sur la place d’armes. […] Les symphonies nous agitent, elles nous rendent gais ou inquiets, et même elles nous font dormir.
Que devient le poète rendu à ses propres maximes et à son art, qui l’éloignent de la contagion des cours ? […] Voilà comment le génie sait s’approprier ce qu’il emprunte, et rend original tout ce qu’il imite. […] Quand le langage décrit, il faut que des expressions d’une justesse précise lui servent à rendre les objets et les images visibles. […] Cela n’est-il pas ainsi plus poétiquement rendu ? […] Est-ce là rendre le bel effet de ce mot assurgenti, au moment où la mort entre dans le sein du malheureux ?
Fontainas sont malaisés, ses pièces fibres sont plus souples, mais la peine des premières me rend suspecte la nécessité rythmique des autres. […] Mallarmé, dans l’Eau du fleuve, il se rend personnel le mode prosodique qui s’est imposé à lui. […] Pour avoir suivi (après la publication de son premier recueil : Le Sang des fleurs, 1889) les subtils contours de Mallarmé, ce poète, dont nous retiendrons les consolants mirages, n’en a pas moins su transformer sa manière au point de rendre personnel, selon M.
Un prince de quarante ans qu’on nous répresente au désespoir et dans la disposition d’attenter sur lui-même, parce que sa gloire et ses interêts l’obligent à se separer d’une femme dont il est amoureux et aimé depuis douze ans, ne nous rend gueres compatissant à son malheur. […] On nous rend le heros indifferent en voulant rendre l’action interessante.
Le moment, l’à propos frappent l’expression & la rendent plus originale, & plus concise. […] Leur diction pittoresque, leurs idées, leur maniere de voir & de rendre, ne ressemblent à rien de ce qu’on connoît. […] N’a-t-on pas en le plaisir de voir le coup de dent littéraire porté & rendu ? […] La Législation perfectionnée rend à l’homme sa liberté primitive, & le fait jouir de mille avantages nouveaux. […] Il doit rendre fidèlement ce qu’il veut peindre, & rien de plus.
Toute la cour se prit à rire ; le monarque lui-même daigna sourire, et passa outre pour se rendre à la messe qui l’attendait. […] Mais ma nature austère, réservée, difficile, me rend, et, tant que je vivrai, me rendra peu propre à inspirer à d’autres ce sentiment qu’à mon tour je n’accorde pas sans une extrême difficulté. […] Charles-Édouard arrive, et rendez-vous est pris pour le soir même, à minuit, dans l’hôtel du duc de Choiseul. […] La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. […] Sir Horace Mann, envoyé d’Angleterre en Toscane, lui rendait ce triste témoignage : il maltraitait sa femme de toutes les manières.
On nous rendrait plus malheureux : mais, de plus, on nous dégraderait. […] Mais si l’homme s’est rendu mauvais, comment peut-il redevenir bon ? […] Il a rendu aux hommes le respect d’eux-mêmes, le souci de la perfection intérieure. […] Mais cette forme romanesque de son âme, c’est un subjectivisme, effréné, qui le rend incapable de s’asservir à aucune réalité, de la regarder de sang-froid pour la rendre telle quelle. […] Il en a rendu certains aspects avec puissance.
Il leur défend de mettre dans la bouche de leurs héros des leçons de sagesse & de vertu ; de rendre ces illustres personnages les précepteurs du genre humain. […] Jamais idole ne reçut d’hommage plus sincère, que celui qu’elle y rend à son original. […] Quel dommage, dit-elle, qu’il ne puisse être donné à aucun mortel d’avoir son inspiration divine, pour être en état de le rendre en vers. […] La paix entr’eux fut signée, & l’acte rendu solemnel dans un repas qu’il leur donna & dont étoit madame de Staal. […] Le terme pius doit se rendre par celui de bon, de tendre, de compatissant.
Elle était venue de sa résidence d’été de Saint-Gratien rendre les derniers devoirs au dernier des Goncourt. […] Ce fut Paul Hervieu qui arriva le premier au rendez-vous. […] Au récit, il substitua la notation et il s’acharna à la rendre l’équivalent le plus exact possible de la sensation éprouvée. […] Il excelle à en rendre les moindres variations et les moindres nuances, selon le moment, l’heure ou la saison. […] Les rendez-vous que l’on prenait avec lui n’aboutissaient pas toujours à une rencontre.
Rendons aisée la tâche à l’éminent artiste qui, depuis trois années, semble par ses concerts préparer et qui pourrait réaliser dans un théâtre, mieux que tous, ce triomphe de l’Art. […] Je suis vraiment heureux que vous chantiez le roi : nulle part on n’a bien rendu ce rôle, et partout j’ai eu à souffrir de la vieille et ennuyeuse routine des chanteurs. […] Tout naturellement je serais prêt alors à rendre immédiatement l’avance que l’on m’a faite sur mes droits d’auteur. […] C’est que ce rapport entre le son et l’émotion résulte simplement d’associations d’idées, souvent fortuites à l’origine, et que l’hérédité a rendues indissolubles. […] Dans ces analyses, la pièce est suivie pas à pas, acte par acte, scène par scène ; c’est un compte rendu exact et détaillé, non une analyse d’ensemble.
Un écrivain normand qui, bien que d’une très moderne école, sait rendre à Malherbe ce qu’on lui doit, a très bien dit de lui : « Malherbe fut d’un génie qui sentait vraiment cette noblesse dont il tirait vanité si grande. […] Quel digne et magnifique témoignage il se rend ! […] Il nous a mis hors du lit ; il s’en va nous rendre notre santé parfaite, et après la santé un teint plus frais et une vigueur plus forte qu’en siècle qui nous ait jamais précédés. […] une pièce qui nous rappelle et nous rende en français quelques-uns de ces mérites, qui offre correction, noblesse, gravité, pureté, des images nettes et fermes, des pensées justes, un fonds de raison et de sens commun, même dans la verve ! […] Sitôt que j’en serai hors (des affaires), je m’en vais lui rendre en rime ce qu’il m’aura prêté en prose.
Les Gaulois, accablés sous le joug, ne s’occupèrent plus qu’à le rendre moins dur, & à se procurer la subsistance. […] Corneille parut : la langue Françoise étoit avant lui dénuée de graces & de force, il la rendit sublime. […] Usage perfide, qui suspend un moment la chûte d’un emauvaise pièce, pour la rendre ensuite plus certaine & plus éclatante. […] On songea moins alors à rendre l’éducation utile que somptueuse, & la mollesse prit la place de l’austérité des mœurs antiques. […] mettons-les à l’abri de toute censure, & rendons-les dignes de voir le jour, sans le craindre.
Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité dans la voix, et une espèce de hoquet, qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] Jamais pièce française n’a été maniée par un de nos poëtes, quelque méchant qu’il fût, qu’elle n’ait été rendue meilleure. […] Mais si on ne reprocha rien à la conduite et au style, on se souleva un peu contre le sujet même de la pièce ; quelques personnes se révoltèrent contre une comédie, dans laquelle une femme mariée donne un rendez-vous à son amant. […] Ce ne fut que quelques années après, que Lulli et Quinault nous apprirent qu’on pouvait chanter toute une tragédie, comme on faisait en Italie, et qu’on la pouvait même rendre intéressante : perfection que l’Italie ne connaissait pas. […] Elle fut reçue d’abord assez froidement ; mais les connaisseurs rendirent bientôt à Molière les suffrages de la ville ; et un mot du roi, lui donna ceux de la cour.
Taine n’a pas rendu toute justice à cette heure unique d’Auguste (voir sa page 25). […] Taine a su rendre amusant, et même gai, un livre où sont traités des personnages en général fort graves, et où leur méthode pourtant est discutée, prise à partie et très gravement attaquée. […] Jouffroy, pourront désirer quelque chose pour la parfaite ressemblance et nuance des physionomies : évidemment, l’auteur, jeune et solitaire, a causé avec quelques amis qui les avaient connus, mais surtout il a lu leurs écrits, il s’est enfermé avec eux comme avec des morts d’autrefois, dans le tête-â-tête de la pensée, et il a rendu avec une vivacité sans mélange l’impression pure qu’il en recevait. […] Une telle disposition me rend propre aux recherches psychologiques et à l’existence intérieure, en m’éloignant de tout le reste. […] Il vaudrait mieux peut-être ne pas s’en rendre compte et se faire illusion sur son prix ; mais si je suis amené, par ce sentiment même de ma décadence intellectuelle et morale, à chercher plus haut que moi une consolation et un appui, la réflexion et la raison m’auront rendu sans doute, après avoir été cause de souffrances, le plus grand service qu’il soit possible d’en retirer.
D’ailleurs, on peut trouver dans la vie un intérêt, un mobile, un but, sans être la proie des mouvements passionnés ; chaque circonstance mérite une préférence sur telle autre, et toute préférence motive un souhait, une action ; mais l’objet des désirs de la passion, ce n’est pas ce qui est, mais ce qu’elle suppose, c’est une sorte de fièvre qui présente toujours un but imaginaire qu’il faut atteindre avec des moyens réels, et mettant sans cesse l’homme aux prises avec la nature des choses, lui rend indispensablement nécessaire ce qui est tout à fait impossible. […] La philosophie ne peut rendre, sans doute, les impressions fraîches et brillantes de l’enfance, son heureuse ignorance de la carrière qui se termine par la mort ; mais c’est cependant sur ce modèle qu’on doit former la science du bonheur moral, il faut descendre la vie, en regardant le rivage plutôt que le but. […] Depuis la gloire, qui a besoin du suffrage de l’univers, jusqu’à l’amour, qui rend nécessaire le dévouement d’un seul objet, c’est en raison de l’influence des hommes sur nous que le malheur doit se calculer ; et le seul système vrai pour éviter la douleur, c’est de ne diriger sa vie que d’après ce qu’on peut faire pour les autres, mais non d’après ce qu’on attend d’eux. […] Newton n’eût pas osé tracer les bornes de la pensée, et le pédant que je rencontre veut circonscrire l’empire des mouvements de l’âme ; il voit qu’on en meurt, et croit encore qu’on se serait sauvé en l’écoutant : ce n’est point en assurant aux hommes que tous peuvent triompher de leurs passions, qu’on rend cette victoire plus facile ; fixer leur pensée sur la cause de leur malheur, analyser les ressources que la raison et la sensibilité peuvent leur présenter ; est un moyen plus sûr, parce qu’il est bien plus vrai. […] il faut que ce secret intime qu’on ne pourrait revêtir de paroles, sans lui donner une existence qu’il n’a pas, il faut que ce secret intime serve à rendre inépuisable le sentiment de la pitié4.
Je me rends à la sollicitation de M. […] Vous nous avez rendus insipides et plats. […] Briasson de la visite qu’il me rendit hier. […] C’est un vrai service que vous me rendriez et que j’ose espérer de vous. […] — J’en conviens. — Que vous vous êtes rendue suspecte ?
Nous avons en françois un futur absolu, que nous rendons par une simple inflexion, comme je partirai. […] En effet les services qu’il rend dans le système de la formation s’étendent à toutes les branches de ce système. […] Pour rendre la pensée sensible par la parole, on est obligé d’employer plusieurs mots, auxquels on attache les sens partiels que l’analyse démêle dans la pensée totale. […] Si elle commence le mot, elle empêche l’élision de la voyelle finale du mot précédent, ou elle en rend muette la consonne finale. […] L’ellipse seule rend ici raison de la construction ; & il n’est utile de recourir à la langue grecque, que pour indiquer l’origine de la locution, quand elle est expliquée.
Paul de Saint-Victor, un écrivain amoureux à l’excès de la forme, dans son compte rendu de la comédie de M. […] Taxile Delord) devrait rendre mon intervention inutile. […] Thiers qui s’en est rendu coupable. […] Le moyen, dans de pareilles conditions, de rendre un journal attrayant ? […] Je lis, dans son compte rendu de la comédie de M.
Qui ne sent à première vue combien l’espèce de relâchement dans lequel nous vivons, par des causes qui ne sont pas toutes mauvaises, rend nécessaire une ferme croyance sur ce point ? […] Après m’en être fait une image distincte, si toutefois ce n’est pas quelque illusion qui s’est rendue maîtresse de mon jugement, j’ai voulu m’y attacher davantage en la représentant dans ce livre. […] Ne sommes-nous pas tous intéressés, pour notre conduite, principalement dans la vie publique, à savoir ce que notre nation a constamment tenu pour vrai, même après quelque oubli ou quelque dégoût qui ne faisait que rendre plus décisif son retour à ses habitudes ? […] La littérature française, c’est l’idéal de la vie humaine, dans tous les pays et dans tous les temps ou plutôt c’est la réalité dont on a retranché les traits grossiers et superflus, pour nous en rendre la connaissance à la fois utile et innocente. […] Le soin de la propriété n’est d’obligation que là où la langue a des règles fixes, et où les mots étant comme des touches qui rendent des sons distincts, l’impropriété dans le langage blesse comme une note fausse dans la musique.
Dans la seconde, la seule qui soit venue jusqu’à nous, Prométhée est puni par les dieux, jaloux des services qu’il a rendus à l’espèce humaine. […] Il a rendu fréquemment Virgile et Milton par des périphrases très-élégantes et très-harmonieuses, mais beaucoup plus longues que l’original. […] Je m’y étais rendu avec beaucoup de préjugés contre cette imitation de l’antique. […] Elles circonscrivent les tragédies, surtout historiques, dans un espace qui en rend la composition très-difficile. […] J’aurais voulu pouvoir rendre avec la même fidélité le caractère de Thécla, tel qu’il est tracé dans la pièce allemande.
Zola nous rendrait bien grand service à tous en voulant bien mettre une fois les points sur les i pour les pauvres d’esprit qui en ont besoin. […] La chose du moins devrait les rendre modestes. […] Les disciples ne sont pas des traîtres qui travestissent méchamment les doctrines du maître pour les rendre ridicules ; ils sont simplement des naïfs qui dans leur sincère admiration en font un usage innocent, et nous les montrent dans leur ingénuité sans voiles. […] Une jeune fille douce, calme, sensée et bonne, a épousé sans amour, sans répugnance non plus, un homme qui l’adorait, et qu’un héritage a rendu tout à coup millionnaire. […] Elle combine un rendez-vous dans une vieille tour voisine du château où sa passion a enfin la promesse d’être satisfaite.
Par là, ils rendirent très ridicule ce qui avoit paru très agréable. […] Dès lors on ne lui rendit point assez de justice. […] Chacun les éprouve & les rend à sa maniere. Je crois pourtant qu’il n’y en a qu’une seule de les bien rendre ; c’est de prendre le ton général de la nature. […] Ce n’est point en faisant hurler les passions, qu’on parvient à les rendre touchantes.
Une disposition naturelle à jouir vivement de toutes choses rendait également propre au bonheur d’une vie paisible celui qu’elle avait distrait des vicissitudes d’une vie agitée. […] La mort de l’amant est rendue dramatique par la douleur de l’amante, le danger du fils par l’effroi de sa mère ; quelque horrible que soit l’idée du meurtre d’un enfant, c’est d’Andromaque seule que nous occupe Astyanax. […] Aucune de ses actions ne s’est terminée sans rendre nécessaire l’action qui la suit ; elles s’annoncent et s’attirent l’une l’autre, forçant ainsi l’imagination de marcher en avant, pleine de trouble et d’attente. […] L’indifférence philosophique que lui a donnée Voltaire dans la première scène, pour faciliter plus tard sa conversion, rend plus invraisemblable encore le dévouement qu’elle porte si vite dans un devoir si récemment découvert. […] Des intérêts des devoirs, un mouvement communs à toutes les classes de citoyens, leur rendront chaque jour plus habituelles et plus puissantes ces relations auxquelles se viennent rattacher tous les sentiments publics.
Le style en est simple et noble ; les pensées en sont justes et pleines de raison ; les sentiments en sont vrais, élevés et profonds : on peut dans ces écrits rendre tout à la fois une idée juste de la portée et des directions de la marquise de Rambouillet, et des conversations qui avaient lieu dans son intimité. […] Ce caractère rend inviolable à des ennemis irrités, lie les mains à des traîtres. […] L’autorité de ce caractère survit à celle du pouvoir, elle se conserve dans les ruines de la puissance, elle rend affliction sainte et vénérable. […] Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté. […] Je crois, comme les censeurs de l’hôtel Rambouillet, que les entretiens et les correspondances rendaient la plupart du temps sur la valeur d’un mot ; mais elles ne m’en semblent pas plus méprisables.
ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur. […] Et c’est précisément ce qui rend à mes yeux admirable la conduite de Mazarin et de Louis XIV à son égard. […] Eux seuls peuvent mettre dans le compte rendu de celles dont ils furent chargés et dont ils s’acquittèrent le quelque chose d’humain, de passionné, de dramatique, inhérent à des démêlés et des complications d’intérêts qui eurent certainement leur sérieux, leur tragique, leur comique, leur variété, leur inattendu, comme toutes les choses de ce monde. […] L’histoire de la diplomatie n’est pas que la vulgaire copie d’actes officiels, et ce qui la constitue et la rend intéressante, c’est la connaissance approfondie des diplomates qui la font.
La réputation de Corneille peupla ce désert, et rendit les spectateurs indulgents. […] était-ce la confiance publique qui l’avait rendu, en sa qualité de prêtre, dépositaire des secrets des familles ? […] Ne songeons qu’à nous rendre immortels comme eux-mêmes. […] ………… … Vous deviez le rendre moins volage. […] Il n’y avait qu’un magicien tel que Racine qui, par les enchantements de son style, fût capable de rendre aimable une femme aussi odieuse.
Le postillon qui me conduisait m’enseigna une bonne auberge, et je lui rendis son cheval, en oubliant de reprendre ma selle et mes étriers. […] Je les envoyai demander plusieurs fois au maître de la poste, sans qu’il voulût me les rendre, en disant que j’avais éreinté son cheval. […] Ce qui arriva et me fit rendre à Dieu mille actions de grâces. […] De là je me rendis chez Michel-Ange ; je lui répétai les offres du duc, que j’avais insérées dans ma lettre. […] Cellini devait nécessairement y passer pour se rendre du pont au Change au Petit-Nesle.
Celui-ci, homme d’expérience, ne tardait pas à leur rendre nette et claire la formule de ce qui convenait à sa clientèle nombreuse et soumise. […] Dans le livre, ce sont des traits sensationnels qui poignent le cœur et rendent les yeux humides. […] Il suffirait d’indiquer la scène, toute simple et tout ordinaire qu’elle soit, pour la rendre tragique. […] Les œuvres d’art ne se font pas sur commande : elles naissent, comme les vivants, du milieu moral qui les rend possibles. […] On rend de la sorte non seulement hommage à la gravité de la question soulevée par nous, mais aussi à son opportunité.
Bien loin qu’elle nous lie sur la terre pour nous rendre malheureux, c’est elle qui y rompt les chaînes qui nous y tiennent captifs. […] Au jour désigné, il se rend à l’Institut pour y faire approuver son travail. […] Rendez-moi à mes propres travaux, à ma solitude, à mon bonheur, à la nature ; en rejetant le travail dont vous m’avez chargé, il y va non de mon honneur, mais du vôtre. […] Enfin, pendant huit jours, il se rendit dans tous les lieux où il s’était trouvé avec la compagne de son enfance. […] J’appris, par l’arrivée successive de plusieurs vaisseaux, qu’elle était agitée de vapeurs qui lui rendaient la vie et la mort également insupportables.
Il y avait là une extrême variété de sujets que l’auteur avait rassemblés dans une contexture habile, et rendus dans un style soigné, étudié, et dont l’élégance allait parfois jusqu’à la parure. […] Je me borne à rendre l’impression que me fait cette lecture continue, et à en tirer la forme de talent et d’esprit de l’auteur. […] Pourquoi Gibbon, qui a rendu justice à l’âme des anciens, ne l’a-t-il pas également rendue à l’âme des chrétiens ? […] La Révolution produisit pourtant sur lui cet effet assez singulier et, quand on y réfléchit, assez naturel, de lui rendre ou plutôt de lui donner un peu de ce patriotisme dont il avait eu jusque-là si peu. […] C’est le témoignage qu’ont rendu les contemporains les plus délicats et les plus respectables dans le temps de la publication.
Signé : Benjamin de Rohan. » Forcé de se rendre après vingt-quatre jours de siège (24 juin 1624), en vertu d’une capitulation qui eut la forme de lettres de grâce, Soubise, bien qu’en sortant il eût demandé pardon au roi à deux genoux, alla immédiatement, dans cette même guerre et cette année même, continuer l’œuvre de résistance et de révolte dont il ne se départit jamais. […] Maître de la mer, il rend alors espérance et courage aux Rochelois, qui avaient d’abord fait mine de le désavouer. […] Le plus souvent il n’avait qu’à se montrer pour donner courage à ses alliés du dedans, aux bons habitants qui entraînaient les autres : les consuls et échevins, plus circonspects d’ordinaire et gens déjà de juste milieu, ont besoin pour se rendre que la rue s’en mêle et qu’on leur force la main. […] Une paix alors se marchande et se conclut, que Richelieu au début de ses grands desseins ne rend pas trop difficile, que les ambassadeurs d’Angleterre et de Hollande, deux puissances pour lors alliées de la France, conseillent impérieusement aux réformés, et dont Rohan a l’air de triompher plus qu’il ne convient. […] Dès cette partie de son récit on peut remarquer la plainte ordinaire que fait Rohan de la versatilité, de l’impatience et du peu de justice des peuples, de l’ingratitude qui est « l’ordinaire récompense des services qu’on leur rend » ; de leur humeur qui les porte à être « aussi insolents en prospérité qu’abattus en adversité ».
Feuillet de Conches les a encadrées dans un récit animé qui les explique et leur rend toute leur signification. […] A l’occasion de quoi mon intention est, et vous ordonne et enjoins bien expressément que, sans délai ni excuse, reveniez, au plus tôt que la présente vous sera rendue, faire le dû et service de la charge où vous avez été si légitimement appelé. […] Le reste des honneurs et privilèges avait été rendu, ou à peu près. […] Vaillac surpris essaya de se justifier et de payer de paroles ; mais le maréchal, coupant court aux beaux semblants, lui dit que, s’il n’obéissait sur l’heure et n’ordonnait à ses officiers, et à sa femme qui était dedans, de lui ouvrir et rendre le château, il le ferait pendre haut et court à la vue du château même. Et pour preuve que c’était sérieux, il fit venir à l’instant Le Londel, capitaine de ses gardes, et lui ordonna de désarmer Vaillac : « Il s’adressa ensuite à M. de Montaigne, maire, et lui commanda de faire savoir dans toute la ville les intentions du roi et celles de son lieutenant général, afin de disposer les bourgeois, bons et fidèles serviteurs du roi, à se joindre à ses troupes pour forcer la garnison du château à se rendre, si la punition de Vaillac ne les décidait pas à se soumettre. » Vaillac, pressé de toutes parts, se soumit et commanda lui-même à ses gens de sortir et de rendre le château.
On a eu au théâtre Mlle Rachel, qui nous a rendu toute une veine dramatique de chefs-d’œuvre, lesquels avaient naguère semblé moins actuels, moins nouveaux ; on a eu hier une tragédie qui a attiré la foule, et qui, par des qualités diverses et sérieuses, a mérité de faire bruit. […] Les services que ces hommes éclairés ont rendus en politique peuvent être reconnus, mais sont incontestablement moindres que ceux qu’ils auraient rendus à la société en restant maîtres du poste des idées, et en y ralliant par la presse ceux qui survenaient à l’aventure. […] Rendons, rendons enfin admiration et justice à ces hommes qui ont imposé leur nom à leur siècle, Périclès, Auguste, Léon X et Louis XIV ; oui, ils ont été pour beaucoup dans la grandeur et la majesté de l’âge qu’on les a trop accusés d’accaparer ; leur absence totale et prolongée est bien capable aujourd’hui de faire apprécier leur rôle : ils ont empêché les génies et les talents de s’égarer, de se dissiper, les médiocres de passer sur le corps des plus grands ; ils ont maintenu les proportions, les rangs, les vocations, la balance des arts. […] qu’on me rende la race de ces honnêtes gens de talent qui faisaient tout bonnement de leur mieux, avec naturel, travail et sincérité. […] Si tel romancier à la mode résiste bien rarement à gâter ses romans encore naissants après le premier demi-volume, c’est que, voyant que le début donne et réussit, il pense à tirer l’étoffe au double, et à faire rendre au sujet deux tomes, que dis-je ?
Le salon de Mme Geoffrin nous représente, au contraire, le grand centre et le rendez-vous du xviiie siècle. […] De même qu’elle grondait non pour corriger, mais pour son plaisir, de même elle donnait, non pour faire des heureux ou des reconnaissants, mais, avant tout, pour se rendre contente elle-même. […] Est-ce donc bien prendre son temps pour les mépriser que de choisir précisément l’instant où on les élève, où on les attendrit et où on les rend meilleurs ? […] Les empressements la suffoquaient ; le trop de durée, même d’un plaisir, le lui rendait insupportable ; « de la société la plus aimable, elle ne voulait que ce qu’elle en pouvait prendre à ses heures et à son aise ». […] Un jour qu’elle vit le bon abbé de Saint-Pierre s’installer chez elle pour toute une soirée d’hiver, elle eut un moment d’effroi, et, s’inspirant de la situation désespérée, elle fit si bien qu’elle tira parti du digne abbé, et le rendit amusant.
La Pucelle de Chapelain avait rendu l’héroïne presque ridicule ; ce poème, selon la remarque de M. […] Tous les mois suivants sont remplis de ses succès et de ses exploits, à Jargeau, à Beaugency, à la bataille de Patay où Talbot est fait prisonnier, à Troyes qu’elle fait rendre au roi ; à Reims où elle le fait couronner : ce sont pour elle quatre mois pleins de gloire. […] Ceux de la place veulent se rendre à elle, mais elle refuse de les recevoir à rançon, et elle leur crie qu’elle les prendra malgré eux. […] Mais c’est là une complaisance de l’imagination nationale et populaire qui voudrait, après coup, rendre Jeanne infaillible. […] Michelet a bien saisi la pensée même du personnage, qu’il a rendu avec vie, avec entrain et verve, le mouvement de l’ensemble, l’ivresse de la population, ce cri public d’enthousiasme qui, plus vrai que toute réflexion et toute doctrine, plus fort que toute puissance régulière, s’éleva alors en l’honneur de la noble enfant, et qui, nonobstant Chapelain ou Voltaire, n’a pas cessé de l’environner depuis.
Sa seule prétention, en ce qu’il écrit, c’est que, somme toute, la vérité surnagera même à la passion, et que, sauf tel ou tel endroit où la nature en lui est en défaut, le tissu même de ses Mémoires rendra témoignage de sincérité et de franchise dans son ensemble. […] Mais ce n’est que lors du mariage de son ami le duc de Chartres, le futur Régent, avec une des filles bâtardes de Louis XIV, que la curiosité de Saint-Simon s’avoue tout entière et se déclare : « Il m’en avait depuis quelques jours transpiré quelque chose (de ce mariage), et, comme je jugeai bien que les scènes seraient fortes, la curiosité me rendit fort attentif et assidu. » Louis XIV et sa majesté effrayante qui impose à toute sa famille, la faiblesse du jeune prince qui, malgré sa résolution première, consent à tout, la fureur de sa mère, l’orgueilleuse Allemande, qui se voit obligée de consentir elle-même, et qui nous est montrée, son mouchoir à la main, se promenant à grands pas dans la galerie de Versailles, « gesticulant et représentant bien Cérès après l’enlèvement de sa fille Proserpine » ; le soufflet vigoureux et sonore qu’elle applique devant toute la Cour à monsieur son fils, au moment où il vient lui baiser la main, tout cela est rendu avec un tour et un relief de maître. […] Grand peintre d’histoire, Saint-Simon excelle à rendre les individus en pied, les groupes, les foules, à la fois le mouvement général et le détail particulier à l’infini : il a ce double effet et du détail et des ensembles. […] Elle est, entre ses mains, comme un cheval qui a fourni sa course : elle est rendue, mais lui il ne l’est pas, et il lui demande encore ce qu’elle ne sait plus comment lui donner. […] Saint-Simon aurait voulu l’impossible pour la noblesse de son temps, déjà si asservie et si décapitée ; il aurait voulu, comme Boulainvilliers, lui obtenir et lui rendre crédit, splendeur, indépendance, une part légitime dans l’exercice du pouvoir législatif et de la souveraineté.
Grâce aux Mémoires qui vont paraître dans quelques jours et que nous sommes heureux d’annoncer au public, chacun désormais va le connaître, lui rendre la justice qui lui est due, et le voir au rang estimable qu’il mérite d’occuper. […] Ses comptes rendus prirent dès lors la plus grande importance : « Pendant trois années, son analyse des débats fut lue dans toute l’Europe comme un modèle de discussion aussi lumineuse qu’impartiale », disait Lally-Tollendal. […] André Sayous, déjà connu par d’excellents morceaux d’histoire littéraire, et qui vient de gagner son droit de cité en France par ce service rendu à tous les amis des saines idées politiques et des informations historiques judicieuses. […] Et lorsqu’au mois de septembre suivant, le jour de sa rentrée, le Parlement, pour modérer les scènes tumultueuses qui accompagnaient son ovation, rendit arrêt contre les attroupements, pétards, fusées, etc. […] Elle développe cet amour de la domination qui forme le second instinct de l’homme ; rendez-lui aujourd’hui l’indépendance, demain il l’aimera comme moyen d’autorité, et, une fois soustrait à la puissance des lois, son premier besoin sera de l’usurper.
Ces phénomènes d’induction sont ce qui rend l’art expressif de la vie. […] Il est très difficile de définir scientifiquement la vie, même en ses manifestations les plus infimes, à plus forte raison la vie mentale et morale que l’artiste s’efforce de nous rendre présente dans ses œuvres. […] Selon nous, un être ainsi organisé échouerait au contraire dans l’art, car il faut croire en la vie pour la rendre dans toute sa force ; il faut sentir ce qu’on sent, avant de se demander le pourquoi et de chercher à utiliser sa propre existence. […] La science est pour l’intelligence ce que la charité est pour le cœur ; elle est ce qui rend infatigable, ce qui toujours relève et rafraîchit ; elle donne le sentiment que l’existence individuelle et même l’existence sociale n’est pas un piétinement sur place, mais une ascension. […] Peu importe donc, au fond, qu’un être soit beau, pourvu que vous me le rendiez sympathique.
Elle rendit, si l’on peut parler ainsi, de grandes idées avant que la parole sût les exprimer. […] Ses projets d’élévation lui rendaient ce secours nécessaire, mais il fallait y joindre l’amitié des grands. […] Était-ce un calcul pour se rendre nécessaire en s’éloignant ? […] Combien la naïve tendresse des deux jeunes amants est rendue plus intéressante par leur bonté pour les autres ! […] Lord Byron déjà lui rend un hommage expiatoire.
Cependant son idée a fructifié, et aujourd’hui, sans qu’il y ait un vrai général digne de ce nom, l’armée catholique est assez bien rangée en bataille, réclamant cette liberté d’enseignement qui, une fois obtenue, lui rendrait toute sa sphère d’action et sa carrière d’avenir. […] Il faut rendre aux chefs de l’Université cette justice que, depuis douze ans, ils n’ont pas abusé contre le clergé de la situation défavorable qu’avait faite d’abord à celui-ci la révolution de Juillet. […] — Aujourd’hui que les questions et les passions politiques trop flagrantes sont apaisées, qu’il y a lieu à des débats plus théoriques et de principes, que le sac de l’archevêché est oublié, et que le clergé, en reparaissant, n’a plus peur de se faire lapider dans les rues, il ose extrêmement : il ose d’autant plus qu’une portion notable s’est ralliée à la dynastie de Juillet, et qu’en réclamant ce qu’il croit son droit, il le demande de plus presque au nom des services rendus. […] L'article est joli, méchant ; au reste, elle a de quoi rendre : griffes contre griffes ; combat de chatte et de matou.
La plupart des Grands, sans en excepter les Princes, semblables à ces arbres nés dans le silence, & accrus à l’ombre des forêts, vivent & meurent sans que leur existence & leur chute fassent une sensation & un vide dans le monde : il n’en est pas de même de l’homme qui a su se rendre utile par ses lumieres ou ses talens ; il est connu par-tout où ses Ouvrages pénetrent ; & plus ou moins honoré de ses Contemporains, selon qu’il s’est montré plus ou moins supérieur dans le genre qu’il a embrassé, il peut se flatter d’exister encore avec honneur dans la mémoire des générations futures. […] Ont-ils rendu Milon digne d’estime ? […] L’Auteur y enseigne ce qui peut rendre l’esprit actif, juste, & véritablement éclairé ; il y fait connoître les écueils qui peuvent le détruire, y expose les fausses notions capables de l’égarer, & y indique les moyens de se garantir des torts qui l’avilissent ou le rendent coupable.
Elle s’étoit déjà très-enrichie par un grand nombre de chefs-d’œuvre, qui l’ont rendue supérieure à toutes celles de l’Europe, lorsque l’on mit en délibération si l’on secoueroit enfin le joug de la langue Latine, & si on lui préféreroit la nôtre pour les inscriptions de l’arc de triomphe. […] Chez elle, tout est image : d’un seul mot, on peut rendre plusieurs idées. […] Il étoit réservé à ce temps-ci de voir rendre totalement justice à notre langue : du moins on se flatte qu’on n’éternisera que par elle, dans l’inscription de la statue équestre de Louis XV, à Paris, le glorieux règne de ce monarque. […] Quel est le mot Latin qui rendra l’impression que fait sur nous celui de Fontenoy ?
Bourdaloue, comme un Conquérant redoutable, entraîne, subjugue, force de se rendre aux armes de la Raison : Massillon, comme un Négociateur habile, procede avec moins de rapidité, avec plus de douceur, quelquefois plus sûrement, & amene insensiblement au terme qu’il s’est proposé. […] De là il tire le sujet de ses Tableaux, toujours rendus avec le coloris qui leur convient. […] Par cet art admirable, personne n’a mieux possédé, que l’Evêque de Clermont, le talent de se rendre sensible & intéressant pour tout le monde.
L’accroissement du commerce a rendu le vin une boisson d’un usage aussi commun dans plusieurs païs où il n’en vient point, que dans les contrées où l’on fait des vendanges. […] Puisque la difference de l’air d’une contrée limitrophe d’une autre contrée où les hommes sont grands, y rend les habitans petits, pourquoi ne les rendra-t-elle pas plus spirituels dans un païs que dans un autre ?
S’aperçoit-il seulement qu’il se contredit soi-même dans cette sorte de scène qu’il imagine pour rendre son opinion piquante ? […] Il faut savoir les amuser pour les instruire, et pour leur rendre agréables les préceptes dont la sécheresse les rebuterait. […] Cette maxime explique très bien qu’elle doit peu moraliser et beaucoup ridiculiser ; obligation qui la rend bonne et divertissante. […] Espérait-il un rendez-vous nocturne ? […] L’avarice rend mauvais maître ; Harpagon ne paie point ses valets, il les questionne et les met à la torture.
Bulwer, que je sache, n’a rendu aucun service à la critique. […] Le général et le colonel se rendent chez M. […] Guizot n’eût pas manqué de la rendre intéressante. […] N’est-ce pas tout simplement un hommage rendu aux travaux de Niebuhr ? […] Comment lui rendre la confiance en lui-même ?
Il établissait qu’il était juste, utile, pressant, même pour les finances, de rendre à ces derniers la liberté de rentrer en France et dans leurs biens, réservant pour les autres toutes les sévérités de la loi et les rigueurs non pas tant de la confiscation que de la conquête. […] Cependant, la nomination de Sieyès au Directoire (mars 1799) lui avait rendu des espérances, et il lui sembla qu’il y avait désormais recours contre l’anarchie. […] — La démission de Barras qu’on fit signer à ce dernier le matin du 18, et dont les termes habilement calculés rendirent avec lui la négociation plus facile, était également de la rédaction de Roederer, qui la concerta avec M. de Talleyrand. […] De même que, dans ce passage qu’on n’a pas oublié, il a énergiquement rendu cette puissance d’organisation fatale qui semblait faite pour engendrer les tyrannies multiples, pour perpétuer l’hydre aux mille têtes et éterniser le chaos, de même ici il rend avec une précision inaccoutumée un idéal d’ordre, d’unité, de lumière, dont il avait sous les yeux l’exemplaire vivant ; en un mot, c’est le tableau de 1802, le contraire de 1792 ; c’est le monde jeune, renaissant merveilleusement après la ruine : Une commission est formée, dit-il, pour la composition d’un Code criminel, une autre pour un Code de commerce. […] Des hommes jusque-là jugés incapables se rendaient utiles ; des hommes jusque-là distingués se trouvaient tout à coup confondus ; des hommes regardés comme les ressources de l’État se trouvaient inutiles ; et toutes les âmes ambitieuses de gloire furent forcées de se contenter d’un reflet de sa gloire.
À peine marié (1696), Lassay dut rompre toute intimité avec elle et lui rendre une entière liberté, comme on le voit par une lettre sévère et fort digne qu’il lui adresse. […] Il ne sait ni bien aimer, ni bien haïr ; les ressorts de son âme sont si liants qu’ils en sont faibles ; ce défaut contribue encore à le rendre aimable, mais il est bien dangereux dans un homme qui remplit les premières places. […] Suard, qui la citait aussi quelquefois en conversation comme étant de Lassay, nous l’explique et la rend toute vraisemblable en lui ôtant le sens général et absolu que lui a donné Chamfort. […] [NdA] Je donnerai ici tout ce morceau, qui est le compte rendu définitif d’une longue et aride expérience. […] Ils exigent des autres mille soins ; ils trouvent bien mauvais quand ils y manquent, et cependant ils ne leur en rendent jamais aucuns.
. — Services rendus à la Suisse en 1814. […] Ce service est avoué par le maréchal qui l’a reçu, et il est connu et apprécié par l’Empereur ; mais seulement quelques généraux, initiés aux secrets des grandes opérations de l’armée, ont entendu parler de ce service et de ceux que vous avez rendus. […] Là, du moins, je ne serai ni vexé ni humilié, si jamais je trouve des occasions et une position qui me permettent de rendre des services de l’espèce de ceux que je crois avoir rendus. […] Mais je ne prétends point exposer en détail ce nouvel ordre de services que rendit Jomini à la cause européenne : cela, je l’avoue, me coûterait un peu. […] Aussi ses compatriotes lui ont-ils, à la fin, rendu toute justice.
La consacrer à l’espoir toujours trompé du bonheur, c’est la rendre encore plus infortunée. […] Dirait-on que la carrière des lettres détourne l’homme, et de ses devoirs domestiques, et des services politiques qu’il pourrait rendre à son pays ? […] Des institutions nouvelles doivent former un esprit nouveau dans les pays qu’on veut rendre libres. […] Par un singulier contraste, les arts, qui font goûter la vie, rendent assez indifférent à la mort. […] Les suites quelconques des actions des hommes ne sauraient ni les rendre innocentes, ni les rendre coupables ; l’homme a pour guide des devoirs fixes, et non des combinaisons arbitraires ; et l’expérience même a prouvé qu’on n’atteint point au but moral qu’on se propose, lorsqu’on se permet des moyens coupables pour y parvenir.
Pour tempérer leur zèle, Mirabeau fit de plus en plus l’empressé auprès de l’insignifiante Belinde, jusqu’à s’en rendre, dit-il, ridicule. […] M. de Sandone crut devoir se rendre propre le sentiment qu’il avait à feindre, et devint amoureux de moi pour mieux exprimer son rôle. […] Mirabeau réfute la marquise, il la rassure, lui montre qu’il n’y a aucun éclat à craindre, que le Montperreux rendra tout sans tant de façons. […] Ne me faites donc plus de défense ; car vous ne voudriez pas me rendre parjure, et, quand vous le voudriez, vous ne le pourriez pas. […] Une absence peut-être éternelle m’affligerait cruellement et me rendrait fort malheureuse.
Elle est fidéle sans blesser la modestie qu’exige notre langue, & le nom du traducteur marchera toujours à la suite de l’original qu’il a si bien rendu. […] La reconnoissance y est bien amenée, & le changement d’état produit l’effet convenable à la Comédie, qui est de rendre tous les personnages contens. […] “Comparée avec l’Italien elle m’a paru, dit l’Abbé Goujet, exacte à rendre les pensées de l’auteur & même son goût, son génie, ses expressions autant qu’une traduction françoise peut rendre un Poëte italien. […] Mais il y en a où la décence est entiérement violée : telle est celle de cette isle enchantée où Vénus rend les Néréïdes amoureuses des Portugais. […] Le traducteur rend son original avec fidélité.
Homme de génie n’accuse point la Nature ; ne te plains point d’avoir reçu en naissant ce feu sacré qui te presse, te domine, te rend utile & cher à l’ Univers. […] Alors je ne sçais quel transport noble, & non orgueilleux rend à l’homme de Lettres un témoignage consolant de la grandeur de son génie, parce qu’il a sçu l’appliquer à ce qui est utile, décent & honnête. […] Il épanche sa douleur dans ses vers éloquens ; il se plaît dans ses plaintes, le succès de son esprit trompe son cœur, & il rend vaine la vengeance de son Tyran. […] Quelle source inépuisable d’agrémens que ce qui flatte notre goût intérieur, faculté distincte des autres sensations, & qui nous rend sensible à la beauté, à l’ordre, à l’harmonie ! […] Oui, hommes de Lettres vous ne formez qu’un corps, vos intérêts sont les mêmes, rendez-vous respectables ; l’union seule peut concentrer vos forces.
Tout ce qui contribuerait à nous rendre dans l’expression la netteté première, à débarrasser la langue et l’esprit français du pathos et de l’emphase, de la fausse couleur et du faux lyrique qui se mêle à tout, serait un vrai service rendu non seulement au goût, mais aussi à la raison publique. […] Parmi les auteurs célèbres de notre langue, tous pourtant ne sont pas propres indifféremment à nous rendre l’impression et à nous montrer l’image de cette parfaite netteté. […] Louis XIV donnait à Charles II des subsides, il lui donna aussi une maîtresse : l’émigration de Jacques II le rendit à Louis XIV en lui donnant un grand guerrier, Berwick, et, ce qui est plus rare, un charmant écrivain, le chroniqueur léger des élégances. […] Hamilton a mis bon ordre au pronostic de Bussy, et il a rendu à Grammont tout son accent, si même il ne lui a point prêté. […] Mais, avec un peu d’attention, on finit par se reconnaître, comme dans un bal de Cour, au milieu de ce raout de beautés anglaises les plus fines et les plus aristocratiques du monde, et dont le peintre a rendu avec distinction les moindres délicatesses.
Mais les anathèmes, lancés contre un art qui fait le charme des ames sensibles, ne le rendent point odieux. […] Un acteur, qui jouoit dans une de ses tragédies, fut prêt, un jour, d’être interrompu & chassé du théâtre, pour avoir rendu une maxime pernicieuse, dont on ne vit le contrepoison qu’au dénouement de la pièce. […] Elle n’a pas seulement des Pétrarque, des Quinaut, des La Fontaine, elle a souvent inspiré des génies qui l’ont rendue estimable. […] Si l’ambassade ne fut pas heureuse, & si le pape ne se rendit point à de si pressantes sollicitations, c’est que la poësie, non plus que l’éloquence, n’a pas toujours son effet. […] On a pris pour autant de dieux les perfections de l’être suprême, représentées sous des noms divers & sous les différens attributs ; & on a rendu également un culte aux signes & à la chose signifiée.
Ce sont deux idées fort diférentes que nos dictionaires confondent ; ce qui les rend moins utiles et souvent nuisibles aux començans. […] L’aplication à la poésie rend pâle, come toute autre aplication violente. […] Il y a un certain nombre qui rend les périodes harmonieuses. […] Boileau, qui n’a pas rendu à Quinault toute la justice que le public lui a rendue depuis, a dit par ironie : je le déclare donc, Quinault est un Virgile. […] Je me contenterai d’observer ici qu’on ne doit se servir de périphrases que quand elles rendent le discours plus noble ou plus vif par le secours des images.
Il faut se rendre accessible à tous. […] Du moins est-ce la nature complète, sous tous ses aspects, qu’ils essayent de rendre. […] Les tableaux qui représentent des personnages d’autrefois n’en peuvent rendre que les costumes ; il sont donc incomplets. […] Si vous voulez, je vous rendrai témoin de tout ce qui se passera.” […] Ils ont rendu haïssable ce mot chanter.
Un pareil enthousiasme devoit nécessairement conduire à des bévues : c’est pourquoi le Louangeur épistolaire, après avoir comparé son Héros à trois anciens Géometres, dont les connoissances ont été infiniment surpassées par leurs successeurs, Songe que tu rends à la France Diophante, Hipparque & Proclus. […] Le zele du Mécene pour la Poésie, n’a pas dû le rendre indulgent sur celle de son Homere, quoiqu’il n’ait jamais dédaigné aucune espece de louange. […] le Clerc de Montmercy, nous conviendrons qu’il auroit pu rendre ses Productions plus estimables, si, au lieu de peindre les écarts de l’imagination, il se fût attaché à réprimer la sienne ; si son excessive fécondité eût été resserrée dans les bornes d’une juste modération, & s’il se fût toujours souvenu que la quantité des vers ajoute au ridicule, parce qu’il n’y a que ceux qui sont bons, fussent-ils en petit nombre, qui puissent faire une bonne réputation.
L’horreur qu’inspirent les discours d’Oénone nous rend plus sensibles à la malheureuse destinée de Phédre ; le mauvais effet des conseils de cette confidente que le poëte lui fait toujours donner à Phedre, quand elle est prête à se repentir, rend cette princesse plus à plaindre, et ses crimes plus terribles. […] Venus, pour se vanger des persecutions d’éole contre énée, rend les enfans d’éole amoureux l’un de l’autre, et Canacée commet un inceste avec son frere.
Il se rendit chez celui-ci et entra dans la case au moment même où la femme demandait à son mari : « Maître, faut-il apporter le touho ? […] Il se rendit dans une grande forêt pleine de guinné qui tuaient tout homme qui passait par là. […] Si tu ne me fais pas rendre ce qu’on m’a pris, je vais mourir ici-même devant ta porte ».
Il pria dame Uote et sa fille de vouloir bien avec leurs vierges se rendre à la cour. […] Puis elles firent prier Sîfrit de se rendre à la cour. […] Maintenant je connais le secret de me rendre maître de lui. […] Que Dieu leur rende largement tout le bien qu’ils nous ont fait ! […] Les hommes d’Etzel se rendirent dans les huttes.
Il aperçoit le Carmel « une tache rende au-dessous des rayons du soleil ». […] L’exotisme est donc une manière de regarder et de rendre tes choses. […] Tout son procédé consiste, non dans la façon de rendre, mais dans la façon de sentir. […] Comment eût-elle échappé à la fascination qui rendit Chateaubriand irrésistible à toutes les femmes ? […] N’imaginons pas seulement ce qui est vraisemblable ; tâchons de rendre surtout ce qui est vrai.
Mais cette conviction si entière rend le style trop conforme à elle-même. […] Que peuvent tous nos vers pour rendre la beauté ? […] Voilà le sentiment parfaitement rendu par M. […] J’ai voulu surtout, dans le sonnet dit d’Hazlitt, rendre l’espèce d’entrain que accompagne et suit ces fréquents articles improvisés de verve et lancés à toute vapeur. […] L’oncle a depuis rendu plus de justice au neveu, et le reveu a pardonné à l’oncle.
La grâce piquante, le goût exquis qui régnaient dans ses ouvrages, lui rendaient presque nécessaire d’avoir pour juge l’esprit aristocratique. […] Vient ensuite le moment d’examiner les objets de front ; puis enfin de s’en rendre maître. […] Racine lui-même fait à la rime, à l’hémistiche, au nombre des syllabes, des sacrifices de style ; et s’il est vrai que l’expression juste, celle qui rend jusqu’à la plus délicate nuance, jusqu’à la trace la plus fugitive de la liaison de nos idées ; s’il est vrai que cette expression soit unique dans la langue, qu’elle n’ait point d’équivalent, que jusqu’au choix des transitions grammaticales, des articles entre les mots, tout puisse servir à éclaircir une idée, à réveiller un souvenir, à écarter un rapprochement inutile, à transmettre un mouvement comme il est éprouvé, à perfectionner enfin ce talent sublime qui fait communiquer la vie avec la vie, et révèle à l’âme solitaire les secrets d’un autre cœur et les impressions intimes d’un autre être ; s’il est vrai qu’une grande délicatesse de style ne permettrait pas, dans les périodes éloquentes, le plus léger changement sans en être blessé, s’il n’est qu’une manière d’écrire le mieux possible, se peut-il qu’avec les règles des vers, cette manière unique puisse toujours se rencontrer ? L’harmonie du style en prose a fait de grands progrès ; mais cette harmonie ne doit point imiter l’effet musical des beaux vers : si l’on vouloir l’essayer, on rendrait la prose monotone, on cesserait d’être libre dans le choix de ses expressions, sans être dédommagé par la consonance de la poésie versifiée. […] Dans les pays où le talent peut changer le sort des empires, le talent s’accroît par l’objet qu’il se propose : un si noble but inspire des écrits éloquents par le même mouvement qui rend susceptible d’actions courageuses.
La langue est une algèbre, il ne s’agit que de rendre les signes et les formules aussi commodes que possible à tous les usages intellectuels. En général, les précieux se sont laissé guider par la connaissance qu’ils ont eue de l’utilité des mots, traités exclusivement comme signes abstraits des idées : et voilà pourquoi, en affinant la langue, ils l’ont rendue plus froide et moins pittoresque. […] Cela ne changea pas le sens de l’évolution du langage, mais plutôt prévint certains excès et certaines déviations : on consulta moins les fantaisistes répugnances de la délicatesse précieuse, et davantage les exigences réelles de la pensée aspirant à se rendre intelligible. […] Il se pose nettement en continuateur de Malherbe, lorsqu’il se propose de perfectionner la langue française, « de la rendre vraiment maîtresse chez elle, et de la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées ». […] Les esprits fins et secs se réjouissaient : le bel ordre de la langue, sa netteté, sa précision qui la rendaient si commode et si claire, les consolaient de toutes les pertes : « La langue, disait le P.
Elle l’a rendu heureux. […] On a pu dire avec eux et en les lisant : « Une jolie science, une jolie expérience, — une jolie découverte, — une jolie description de physiologie », toutes choses qui, autrefois, faisaient trembler et qui, autre, part que chez eux, rendent encore bien grave. […] Il est épuisé, il a rendu son dernier souffle, l’aimable bonhomme. […] Flourens, qui ne pèse sur rien, a donné à cela sa chiquenaude, et la chiquenaude a suffi pour enfoncer les protubérances, mais il n’en a pas moins fait justice à Gall, quand il s’agit des services rendus par cet homme, en dehors de son système, à l’anatomie. […] Flourens a dernièrement publiée, nous avons dit que nous reviendrions sur les services, rendus, par l’éminent commentateur du grand naturaliste, à la philosophie générale.
Vous vous répondrez : C’est le gouvernement unanime, c’est-à-dire celui qui gouverne au profit du peuple tout entier, qui ne fait point acception de classes, de castes, de privilégiés de la naissance ou du sang, mais qui ne reconnaît dans tous les citoyens que le privilège mobile et accessible à tous de l’éducation, du talent, de la vertu, des services rendus ou à rendre à la communauté. […] Cet instrument, appelé le kin, est une espèce de lyre à cordes de soie qui rend des sons d’une extrême ténuité et d’une grande douceur, pareils à ceux du vent dans les brins d’herbe. […] L’homme qui vit en société a des devoirs à remplir envers tout le monde ; il doit rendre à chacun ce qui lui est dû. […] il respecte les premiers ; il est affable envers les autres : il rend à tous ce qui leur est dû. […] « Le vrai philosophe cherche à se rendre utile à l’État n’importe de quelle manière.
Je ne viens pas concourir comme bien l’on pense, ni anticiper non plus sur un jugement dans lequel j’entrerai très peu : je ne veux que rendre à ma manière, et comme quelqu’un du dehors, l’impression qu’a faite sur moi la lecture de Froissart, la rejoindre et la comparer à cette autre impression que m’ont produite les mémoires de Joinville. […] Il le rendait bien à ses compagnons, et le futur chanoine, tantôt battant et tantôt battu, s’en revenait à la maison les draps ou habits tout déchirés comme un jeune Du Guesclin. […] Ce qui était le plus important à l’âge et à l’époque de Froissart, c’était précisément d’amasser ces matériaux, de les posséder et de les disposer dans toute leur étendue et dans leur richesse ; et c’est ce qu’il a fait avec un zèle, une ardeur infatigables, et avec un sentiment élevé du service qu’il rendait à ses contemporains et à la postérité en conservant ainsi la mémoire des grands événements et des nobles prouesses. […] Il rendait au comte Gaston la monnaie de son dire en lui lisant son poème de Meliador, le chevalier au soleil d’or. […] Mais celui des Anglais qui lui rend le plus bel hommage, c’est un génie facile, un peintre au large et courant pinceau, qui n’est pas sans de grands rapports de parenté avec lui, Walter Scott, en ses Puritains d’Écosse.
Guizot, parlant de Ronsard dans un morceau sur L’État de la poésie en France avant Corneille, et lui tenant compte des services qu’il avait rendus ou voulu rendre, a dit à peu près dans le même sens, et sous forme d’aphorisme politique : « Les hommes qui font les révolutions sont toujours méprisés par ceux qui en profitent. » Maintenant je viens exprès de relire, de parcourir encore une fois tout Ronsard en me demandant si je l’ai bien compris dans mon ancienne lecture, si je ne l’ai pas surfait, et aussi (car Monsieur Gandar m’en avertit, et c’est un avertissement bien agréable et flatteur puisqu’il implique un succès) si je n’ai pas été trop timide, et si je ne suis pas resté en deçà du vrai dans ma réclamation en sa faveur. […] Dès ce moment la réputation de Ronsard, aidée de ce concours des doctes et de quelques hautes protections en cour, triompha de toute résistance ; Mellin de Saint-Gelais avait rendu les armes, et dans les années suivantes Ronsard, goûté des princes et adopté de la jeunesse, n’eut plus qu’à développer et à varier les applications de son talent. […] La musique se mariait à ses vers ; on le chantait sur les instruments, et il devenait aussi populaire qu’il pouvait l’être : « Quand notre Mabile de Rennes, lit-on dans les Contes d’Eutrapel, chantait un lai de Tristan le Léonnais sur sa viole, ou une ode de ce grand poète Ronsard, n’eussiez-vous juré que celui-ci, sous le désespoir de sa Cassandre, se voulût confiner et rendre en la plus étroite observance et ermitage qui soit sur le Mont-Serrat ? […] Dans cette comparaison prise à Virgile, le « Pulveris exigui jactu » est très bien rendu. […] [NdA] M. de Falloux dans son Histoire de saint Pie V, a rendu cette circonstance en des termes assez singuliers : « Pie V, dit-il, ne dédaigna pas non plus d’adresser des encouragements aux hommes lettrés qui prenaient un rang honorable dans la mêlée des intelligences, Ronsard ayant armé les muses au secours de la religion, le pape l’en remercia hautement par un bref. » M. de Falloux est certainement un homme poli : on vient de voir ce que c’était que cette mêlée des intelligences.
La paix de Vervins (1598), qui allait donner à la France des années de repos et d’une félicité dès longtemps inouïe, rendit le zèle du jeune homme inutile, et il résolut de voyager. […] La méthode du premier, de cet artificieux Bouillon, c’est de se rendre nécessaire de tous côtés, de nouer avec tous, puis de retenir tous les fils dans sa main, et de rester, en fin de compte, le maître et le moyenneur des situations. […] Le principe et les moyens sont toujours à peu près les mêmes : quand, par intrigue ou par audace, on s’était rendu assez important et qu’on s’était relevé de mépris du côté de la Cour, on était compté et recherché d’accommodement ; ce qui faisait le profit. […] Timoléon, on le sait, appelé de Corinthe en Sicile, délivra l’île des tyrans, et l’ayant trouvée tout effarouchée et sauvage, comme dit Amyot, et haïe par les naturels habitants même », il la rendit si douce et si désirée des étrangers, qu’ils y venaient de loin pour habiter et pour y vivre. Une victoire merveilleuse qu’il remporta avec six mille hommes sur soixante-dix mille Carthaginois (je ne réponds pas des chiffres) au passage de la rivière de Crimèse, acheva de porter haut son nom et de le rendre vénérable et cher.
Rohan vit avec plaisir qu’on prenait confiance en lui, et que les services prochains qu’il pouvait rendre hâtaient l’oubli du passé : il ne quitta point Venise sans s’assurer de l’agrément du Sénat pour la mission où il s’embarquait. […] Rohan fut appelé à la Cour au printemps de 1634 ; il ne s’y rendit toutefois qu’avec lenteur, et s’arrêta en chemin sous prétexte d’une maladie qui n’était peut-être que le soupçon. […] Son armée était rendue dans la Valteline le 24 avril 1635 ; la campagne s’ouvrait sous d’heureux auspices. […] Rohan dut recommencer, sur un terrain assez semblable, ce qui lui avait réussi au Val de Luvin : le 31 octobre, il attaqua Fernamond au Val de Fresle, et avec des dispositions si précises et si bien combinées, que si l’un de ses moins bons lieutenants, Lande, avait été exact au rendez-vous, toute l’armée impériale était détruite. […] Pour plus de sûreté, et se méfiant même d’une troupe de cavaliers qui avait été vue à Versoix en ce temps-là, il passa le lac et traversa la Suisse par les terres de Berne ; il se rendit à l’armée du duc de Weimar, qui assiégeait Rhinfeld.
tombent sur moi tous les fléaux de la nature et de la fortune pour me rendre un remède si doux ! […] Priez ce Dieu qui doit entendre vos vœux, s’il en écoute sur la terre, de me rendre plus semblable à vous qui êtes son image par l’intelligence et la volonté. […] Les lettres qu’on a de lui à Jean-Jacques pendant ce temps, et qui vont jusqu’à la fin de 1766, rendraient témoignage de ses continuelles souffrances. […] L’expérience me fait tous les jours retirer dans moi-même pour y rendre mon existence plus substantielle en la resserrant. […] Les lettres sont semées de ces jolis paysages si gais, si français, des environs de Marly ou de Versailles, et qu’il nous rend d’un pinceau familier et vrai : « J’espère, mon cher Deleyre, que vous avez encore présent à la pensée tout ce que nous nous sommes dit dans notre longue promenade aux environs de Marly.
« Plus je me rends malheureux, plus je me soulage ; moins je me sens coupable envers lui. […] Et pourtant, ajoute-t-il, il n’est pas mon fils, il est celui de mon frère… Mais je l’ai adopté enfant ; je l’ai élevé, il m’est aussi cher que s’il était mien : il est ma seule joie, ma seule tendresse, et je fais tout, absolument tout, pour qu’il me rende la pareille : je donne, je pardonne, je ne crois pas nécessaire d’user en chaque rencontre de mon droit. […] Pour bien saisir le comique de la situation, il est bon de savoir que tous les désordres contre lesquels il va éclater, et dont Eschine s’est rendu coupable, ne sont que pour le compte du vertueux frère, ce frère si surveillé et que le père morigène si bien ; c’est le plus sévèrement élevé qui est le plus mauvais sujet des deux : l’autre n’a rien fait que par complaisance pour son cadet. […] » Et M. de Belloy, homme de goût, serait le premier à confesser qu’il a été dans un embarras inexprimable en présence de ces beautés simples et courantes où les liaisons surtout et les petits mots, les mille attaches du discours, sont si difficiles ou plutôt impossibles à rendre. […] Qui te rend si joyeux ?
En ce même jour, je signai, il y a un an, la paix générale et le mariage du roi, qui ont rendu le repos à l’Europe ; allons en renouveler la mémoire au pied des autels. […] Ce qui perdit Fouquet au degré de chute où il s’abîma, ce n’est pas tant encore le désordre et la dilapidation dont il s’était rendu coupable, ce fut ce qui perdit tant d’autres hommes spirituels et habiles, je veux dire l’excès de présomption et la vanité. […] Il y faisait valoir les belles qualités de Fouquet, les importants services qu’il avait rendus sous Mazarin, sa fidélité au sein du Parlement sur la fin de la Fronde, ses ressources de financier dans les temps de guerre, cette vigueur, cette adresse, ce courage, ce génie naturel qu’il compare à un cheval trop emporté, mais généreux : Domptez-le, Sire, mais ne le tuez pas. […] Fouquet, bien que surintendant, avait gardé sa place de procureur général au parlement de Paris, ce qui rendait impossible de le faire juger par commissaires en violation des droits et privilèges de sa compagnie. […] Mais le plus grand témoignage rendu à Fouquet dans sa disgrâce, fut assurément celui du poète Brébeuf, lequel, dit-on, mourut de chagrin et de déplaisir de le savoir arrêté : voilà une mort qui est à elle seule une oraison funèbre.
Il ne se laisse point prendre au beau langage de Rousseau, ni à ses fastueux dehors qui affichent la vertu : selon lui, « cet étrange alliage de bien et de mal rend le mal plus dangereux en le déguisant ». […] La Provence devenant inhabitable pour lui, il se rendit à Lyon avec sa famille, et dut s’en éloigner ensuite quand la guerre civile s’y alluma. […] » Il s’agissait de savoir si, de peur de porter atteinte à l’hypothèque et au crédit des assignats, la Convention redevenue libre resterait sourde aux cris des familles, réclamant contre les confiscations qui avaient suivi les jugements iniques rendus sous la Terreur. […] Il est plus aisé de rendre des décrets que de former des hommes. » Il demande donc du temps et du soin pour corriger et ramener les esprits. […] Si la boussole ouvrit l’univers, le christianisme le rendit sociable.
Mérimée nous a rendu parfaitement les progrès de Démétrius et fait sentir les causes de son succès dans une sorte de conspiration universelle. […] Pas une larme ne coula sur sa tombe ; les services qu’il avait rendus à son pays étaient depuis longtemps oubliés. […] Le caractère incomplet de ce jeune homme, qui ne régna que onze mois et qui avait quelques parties royales, est fort bien rendu, ou du moins très vraisemblablement, par l’historien. […] Il l’a rendu aussi intéressant que peuvent l’être ces époques difficiles, ces événements mêlés d’obscurité, et il a traité le problème du faux Démétrius avec une sagacité piquante. […] Antiquaire, il n’a rien sacrifié de l’exactitude et de la précision de ses notes de voyageur, pour se laisser aller à des descriptions faciles ; romancier, il a scruté et buriné les sentiments du cœur, et les a indifféremment rendus tels qu’il les a observés dans leur crudité ou dans leur délicatesse primitive.
Coquelin semble avoir été formé à plaisir par la nature pour les rendre à merveille. […] Delaunay a très bien saisi et rendu cette nuance. […] Ces femmes sont des fâcheuses, puisqu’elles l’arrêtent et troublent son rendez-vous. […] Mais mon métier n’est pas de rendre l’ouïe aux sourds, ni la vue aux aveugles-nés. […] — Les plus prévenus même étaient bien forcés de se rendre.
Enfin les beaux jours me la rendront tout à fait rétablie, j’espère, et je ne demande rien plus ardemment à Dieu. […] Tu me rends bien heureuse de m’avouer la tendance de ton âme à prier, mon bon frère. […] Il nous rend tout ce que nous avons cru volé ou perdu. […] Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. […] Le malheur, luxe, la misère, rendent les hommes effarés.
Il eut l’art funeste, chez un peuple capricieux et aimable, de rendre l’incrédulité à la mode. […] Le père Souël ne tarda pas à arriver au rendez-vous. […] Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. […] « L’hiver finissait, lorsque je m’aperçus qu’Amélie perdait le repos et la santé qu’elle commençait à me rendre. […] Le sacrifice commence à la lueur des flambeaux, au milieu des fleurs et des parfums, qui devaient rendre l’holocauste agréable.
Alors la douleur vous ferait rendre la noire écume prise aux hommes. […] » — « Et moi je vous ordonne de respecter mes oracles qui sont ceux de Zeus, et de ne point les rendre impuissants ! […] Elle comble de louanges ses alliées nouvelles ; en place des armes sanglantes qu’elles lui rendent, elle met entre leurs mains un sceptre de gloire. […] Une pompe religieuse inaugure le culte qu’Athènes rendra désormais aux Filles de la Nuit. […] La lyre déclamatoire aux cordes pleureuses fit taire l’âpre et grandiose cithare qui ne rendait que des sons terribles.
Il ne va pas demander à la nature de le rendre divin. — Mais il est avec nous. […] À mesure qu’elle monte, elle rend celui qu’elle possède de plus en plus solitaire. […] Il ne faut pas lui demander de nous rendre sensible l’univers. […] qu’à nous la raconter, Michel avait rendu son action plus légitime. […] La conscience de cette richesse intime rend cette âme surprise.
Mais Shakespeare peut fort bien n’y avoir pas regardé de si près, et s’être peu embarrassé de se rendre à lui-même un compte exact de la figure qui convenait à son monstre. […] Roméo Montecchio, âgé de vingt à vingt et un ans, et l’un des plus beaux et des plus aimables jeunes gens de la ville ; s’y rendit masqué avec quelques-uns de ses amis. […] Elle se rendit à Paris. […] Bertrand envoya son anneau et s’empressa d’aller à une heure fixée au rendez-vous qui lui fut donné. […] En même temps qu’il a rendu le fait plus touchant, il en a écarté l’horreur en diminuant l’atrocité du crime.
Car rendre les hommes socialistes n’est rien, mais humaniser le socialisme est une grande chose. […] Elle lui rendit ses caresses. […] L’insécurité en rendait la jouissance plus piquante. […] Chieh le rendit trop misérable. […] Elle rend violents les forts, malhonnêtes les faibles.
Le conseiller devait rendre le conseil si aimable ! […] Entre la taire et la rendre agréable à M. […] C’est aux générations qui nous suivront à juger nos témoignages et à rendre le verdict. […] Il y a en moi un censeur qui ne se rend qu’à l’évidence, et encore ne s’y rend-il que de mauvaise grâce ; vous pouvez vous y fier. […] Le passé ne nous en a-t-il pas laissé de quoi rendre éternellement jaloux nos vainqueurs ?
Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! […] Catulle aussi est un poète personnel ; l’un et l’autre ont su rendre leur personnalité aimable. […] S’adressant à l’auteur, l’exagération a des inconvénients ; ce serait rendre à M. […] Ce ne sont pas leurs vices qui les rendent aimables, ce sont leurs bonnes qualités naturelles. […] Veux-tu rendre sur une flûte de roseau l’harmonie des sphères ?
Un nom vulgaire est un lourd éteignoir ; mais il suffit parfois d’y changer une lettre pour le rendre éblouissant. […] du sentiment profond de son impuissance à convaincre ses adversaires, ses amis, par aucune raison décisive qui les contraignît à rendre les armes. […] Il rend probables les doctrines, et il prête aux systèmes une apparence de solidité. […] Il est lui-même de ces derniers, et je soutiens d’abord qu’il n’est pas de bonne foi ou qu’il se moque de nous, s’il prétend nous faire croire qu’il n’a que de l’indifférence pour la façon dont sa pensée est rendue, pourvu que tant bien que mal il la rende. […] Si elle vous intéresse, il est monstrueux et contre nature que vous ne mettiez pas tout votre soin à la bien rendre
Marivaux n’a pas seulement un talent fin et une rare fertilité d’idées qu’il rend avec imprévu, il a la théorie de son talent et il sait le pourquoi de sa nouveauté ; car, de tous les hommes, Marivaux est celui qui cherche le plus à se rendre compte. […] Cette vivacité d’esprit dont je parle a cela de beau qu’elle éclaire ceux qu’elle touche, elle les pénètre d’évidence : on en aperçoit la sagesse et le vrai, d’une manière qui porte le caractère de ces deux choses, c’est-à-dire distincte ; elle ne fait point un plaisir imposteur et confus, comme celui que produit le feu de l’imagination ; on sait rendre raison du plaisir que l’on y trouve. […] Comme l’émotion, la verve, l’inspiration et tout ce qui y ressemble lui étaient choses complètement étrangères, il n’a pas su les voir en autrui ; il n’a rendu les armes de près ni de loin à cette puissance créatrice qui porte au premier rang un petit nombre d’hommes, et on pourrait le définir, au milieu de tous les éloges qu’il mérite pour l’originalité de ses vues, pour la variété et la gentillesse de ses œuvres, « celui qui n’a senti ni Homère ni Molière ». […] Marivaux, se mettant à écrire, ne se pique pas en général de faire un livre qui ressemble à d’autres livres ; il prétend n’observer que la nature, mais l’observer comme il l’entend, la distinguer autant qu’il lui est nécessaire, et la rendre dans toute la singularité de son propre coup d’œil. […] » Et en venant particulièrement à cette accusation de style précieux, il tâche de montrer qu’il y a des pensées fines qui ne sauraient se rendre que par une singularité d’expression qui prête à cette objection banale.
La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela ! […] Qu’on ne dise donc plus que les beautés qu’on a senties en lisant Homère ne peuvent être parfaitement rendues en français. […] Est-il bien vrai que la langue française ne suffise pas à rendre parfaitement les grandes idées, les hauts sentiments, les passions héroïques, les vivacités galantes, les saillies satiriques, les naïvetés fines ? […] Son verbe ne manque pas de marcher derrière, suivi d’un adverbe, etc. » L’abbé de Pons rend la pareille de cette moquerie au latin et aux phrases à la Cicéron, « à ces périodes immenses dont le sens vaste, mais confus, ne commence à se développer que lorsqu’il plaît au verbe dominant de se montrer, verbe que l’orateur romain s’obstine à faire marcher à la suite de toutes les idées qu’il aurait dû précéder selon l’ordre de nos conceptions ». […] En France nul n’a mieux conçu et pratiqué cette magie des syllabes, cet assemblage et cet accord des mots heureux et beaux par eux-mêmes, que M. de Chateaubriand ; et quoiqu’il l’ait fait avec préméditation, avec artifice, il y a tout lieu de l’en remercier comme du plus grand service rendu au goût, après l’excès de métaphysique et la débauche d’abstraction qui avait précédé.
Je continue de donner idée de l’homme sans fausse révérence et dans le ton qui peut nous le rendre le plus au vrai. […] La Chambre, selon son habitude, s’était emparée d’une simple loi de finances qui lui était proposée à l’effet d’améliorer le traitement des ecclésiastiques, et elle en avait tiré tout un projet complet de Constitution rétrograde qui aurait rendu à ce grand corps du Clergé catholique une richesse propre et un pouvoir sans contre-poids. […] Il y a longtemps que je nourrissais le désir de rendre, à mon tour, un témoignage public de souvenir et de respect à un homme que le dernier tiers de sa vie a produit aux jeux de tous si à son avantage, et dont le temps « ce grand révélateur » a mis dans tout leur jour les mérites essentiels et éminents. […] En ce qui est de l’historien même, M. de Viel-Castel, pour le compte rendu des faits, est un bon guide : on lui voudrait, quand on le lit, plus de parti pris et plus de décision d’écrivain. […] Imposé à l’Université, en qualité d’inspecteur général, dans le temps du triomphe de la Congrégation, il s’y rendit, célèbre d’emblée, et y prit ses grades par une bévue : il crut et il fit imprimer dans je ne sais quel de ses livres que Romulus, après une victoire, avait, consacré Jupiter les armes d’un certain roi Férétrius.
Il pousse plus d’un bout de texte en un sens auquel on n’avait pas songé, et il lui fait rendre de subtiles nuances ; il a des impatiences et des éclairs d’interprétations qu’après tout, en ces matières humaines si complexes, un esprit supérieur a peine à s’interdire, et que le talent se plaît à exprimer. […] Mais je dois me borner ici à rendre une impression, non un jugement ; à faire comprendre l’ordonnance et le mouvement du livre, peut-être aussi l’esprit qui l’a inspiré. […] M. de Saint-Priest est parvenu à rendre beaucoup de physionomie et de lustre à ce personnage de Dagobert, pris d’un certain côté. […] Les monastères de l’école de Colomban étant, par un revirement assez naturel, devenus hostile à l’intérêt des évêques, il les favorisa contre ceux-ci, rallia les populations, et rendit à l’ensemble de la souveraineté franke un reste de consistance et même de splendeur qui ne tint pas après lui. […] Plus d’un aperçu ingénieux aurait gagné, je le crois bien, à être rendu d’une manière plus simple, plus purement spirituelle, et avec l’habitude si française de l’auteur.
Un jour, une nuit de décembre, à Vienne, après quelques heures passées dans l’attente de je ne sais quel rendez-vous, il rentra chez lui avec la fièvre, et l’idée de la mort se présenta brusquement à lui. […] Après deux mois de deuil et de retraite à Genève, Mme de Krüdner se rendit à Lyon pour y passer l’automne et l’hiver de cette même année. […] Mais elle ne voulait pas y revenir comme une simple mortelle, et puisqu’elle avait été forcée de le quitter au moment d’obtenir son succès littéraire, elle voulait que le retard servît du moins à rendre le retour plus éclatant. […] Mais cette facilité d’oubli et de confusion me rend méfiant pour l’avenir. […] Il a raison assez souvent, je le lui accorde ; en deux ou trois cas seulement ; je lui demanderai la permission de ne pas me rendre à ses autorités.
Quelques esprits supérieurs, pour rendre plus prompte et plus générale la possession des chefs-d’œuvre du passé, dirigeaient eux-mêmes les imprimeries qui en multipliaient les exemplaires. […] La Réforme vint ensuite et, de même que la Renaissance nous rendait l’antiquité païenne, les luttes de la Réforme allaient nous rendre l’intelligence de l’antiquité chrétienne. […] Outre ce double résultat de ramener aux sources de la religion et d’émanciper la théologie, elle rendit le catholicisme capable de vaincre le protestantisme et de demeurer en France la religion du plus grand nombre. […] C’est la même langue, abondante, facile, sans expressions fortes, sans hardiesses, sauf dans quelques passages sur Dieu, où Marguerite, tantôt par la foi, tantôt par le sentiment, s’élève à ces pensées qui ne se rendent que par des expressions créées. […] La Renaissance avait formé cet esprit charmant sans le rendre pédantesque.
Bref, elle a souvent animé, vivifié, relevé, rendu à la fois aimables et utiles des assemblées d’oisifs qui, sans elle, risquaient de consumer leur temps en commérages, intrigues et vaines frivolités. […] La cour, les ruelles, les salons, par qui cette action s’exerce, sont toujours le rendez-vous d’une société triée ; aristocratie de naissance, aristocratie de fortune, aristocratie de talent s’y rencontrent et y fraternisent. […] On imaginera surtout mille tours ingénieux pour rendre toutes les nuances et toutes les délicatesses de sa pensée. […] Vous croyez qu’il va se fâcher et rendre coup pour coup ? […] Puis les cafés deviennent des lieux de discussion, rendez-vous d’oisifs, de littérateurs, de critiques, de nouvellistes.
De plus, je suis muni de si fidèles relations de tous les combats, sièges et batailles, depuis cinquante-deux ans, donnés ou faits dans toute l’Europe, que tout cela me rendrait intéressant, si je voulais. […] » Il est à regretter qu’il ait ainsi négligé la seule manière de rendre profitable à la postérité, à l’histoire, cette carrière si éparse et si brisée, et d’en faire absoudre les inconstances et les fautes mêmes par l’instruction ou l’agrément qui en jaillirait. […] Faites donc réflexion à tout cela, mon cher maître, et que ma seule ambition est votre conservation, vous seul pouvant me rendre heureuse. […] Bonneval, au sortir de la citadelle d’Anvers, et après s’être un peu amusé à La Haye où il fit tout pour empirer ses affaires, se rendait à Vienne où il était mandé, quand il fut arrêté de nouveau. Traduit devant un conseil de guerre, sur la plainte du prince Eugène, il subit un an de détention dans un château fort ; après quoi il se rendit à Venise, ville pour lui fatale par sa première désertion.
Ce moment, pour lui solennel, du départ, fut aussi celui où il changea le nom de Boisgirais qu’il avait porté jusque-là en celui de Volney qu’il allait rendre célèbre. […] Je voudrais détacher de Volney une page qui rendît son genre de beauté quand il en a, cette vérité précise, nue et sèche comme certaines parties des contrées mêmes qu’il a parcourues. […] Elle a garni son pied d’une masse de chair qui, glissant sur la bouc, et n’étant pas propre à grimper, ne lui rend praticable qu’un sol sec, uni et sablonneux comme celui de l’Arabie. […] Il ne laisse pas d’être misanthropique pourtant, et le besoin d’aller toujours au fond des ressorts humains l’empêche de voir ce qui les recouvre souvent dans l’habitude, et ce qui en rend le jeu plus tolérable et plus doux. […] La publication de son Voyage en 1787 rendit Volney célèbre.
Aussitôt chacun songe à retrouver ses bagages, et les domestiques font approcher les yswoschtschiki, espèce de traîneaux qui rendent à Moscou les mêmes services que les fiacres rendent à Paris. […] J’aimais à me rendre dans ce lieu, où l’on jouit quelquefois d’une vue immense et d’une solitude profonde. […] Il me rendit mon salut ; et m’ayant considéré un moment, il s’approcha de moi, et vint se reposer sur le tertre où j’étais assis. […] Voilà ce que l’administration avait ordonné, pour rendre quelques honneurs à la vertu de Virginie. […] » Ces éloges, qui faisaient entendre d’avance à M. de Saint-Pierre le jugement de la postérité, le pénétrèrent de joie, et lui rendirent cette confiance qu’un excès de modestie fait perdre quelquefois au talent, et qu’une conscience secrète lui rend toujours presque malgré lui.
On dit même que les eaux du Paraguay rendent la voix plus belle. […] « Joli, sous un palmier, à l’entrée de sa tente, rend la justice à ses pasteurs. […] « Les comparaisons de la Bible sont presque toutes rendues en quelques mots. […] Près d’expirer, il demande aux Dieux de rendre sa mort utile à ses sujets. […] On ne peut les honorer davantage, et leur rendre un culte plus solennel.
Pourtant elle se montre aussi par de bons côtés, et nous essayerons dans un second article de rendre fidèlement l’impression qu’elle fait ici. […] L’archiduc en armes disputait l’Espagne à Philippe : la Catalogne entière le proclamait roi ; l’Angleterre, déjà maîtresse de Gibraltar qu’elle ne devait plus rendre, le soutenait de ses soldats et de ses vaisseaux ; occupé sur ses frontières contre Eugène, Marlborough et le duc de Savoie, Louis XIV ne secourait que péniblement son petit-fils. […] Si sa majesté n’était pas dans des engagements bien différents, je crois, en vérité, qu’elle voudrait être une de vos élèves. » Berwick répara les affaires, et par la victoire d’Almanza rendit quelque sécurité à la cour. […] Elle a intrigué sans doute, parce qu’alors gouverner n’était autre chose qu’intriguer : mais elle avait mission pour le faire, et ce n’est pas son sexe qui doit nous rendre plus sévère en l’appréciant.
La multiplicité des connaissances acquises, des enquêtes à conduire rend les hommes universels de plus en plus rares. […] Enfin, le service qu’Amyot a rendu à la langue est inestimable. […] En somme, venant après le Pantagruel de Rabelais, après l’Institution de Calvin, le Plutarque d’Amyot est le plus considérable effort fourni par la langue française dans sa tentative d’égaler les langues anciennes : il rend Montaigne possible. […] Vaugelas et Fénelon, dans le siècle suivant, lui ont bien rendu cette justice.