Alors, ayant pointé sur le trajet du mouvement des positions, c’est-à-dire des extrémités de subdivisions de ligne, nous les faisons correspondre à des « instants » de la continuité du mouvement : simples arrêts virtuels, pures vues de l’esprit. […] Ce sont de simples vues de l’esprit, qui jalonnent d’arrêts virtuels la durée consciente et le mouvement réel, utilisant à cet effet le point mathématique qui a été transporté de l’espace au temps. […] Vous pouvez dire que vous avez encore affaire à du temps, — on est libre de donner aux mots le sens qu’on veut, pourvu qu’on commence par le définir, — mais nous saurons qu’il ne s’agit plus du temps expérimenté ; nous serons devant un temps symbolique et conventionnel, grandeur auxiliaire introduite en vue du calcul des grandeurs réelles. […] Pour le développement des vues présentées ici, voir l’Essai sur les données immédiates de la conscience, Paris, 1889, principalement les chap.
L’histoire ignore les changements à vue. […] À côté des corporations professionnelles et industrielles, comme celle des fabricants de toiles de Lyon ou celle des nautes de la Seine, foisonnent les groupements qui n’ont en vue, suivant la distinction du Digeste, que « l’intérêt ou le plaisir de leurs membres ». […] De plus en plus les associations partielles, spécialisées, instituées en vue d’une fin déterminée et ne demandant à leurs membres que la part d’activité exigée par cette fin, remplacent les associations totales et absorbantes166. Les membres des ghildes du moyen âge avaient raison de s’appeler frères ; car cette fraternité n’est pas une alliance délibérément conclue en vue d’un certain but ; c’est une union de tous les instants, embrassant tous les côtés de l’homme.
L’image rencontrée par le prophète et par le philosophe ne naissait-elle pas pour l’un et pour l’autre de la vue des mêmes objets ? […] Certes, si cette poésie est venue d’un esprit d’homme, c’est d’un esprit transformé par la grâce divine, comme, à la descente du Sinaï, le visage de Moïse était encore resplendissant de la lumière qu’il avait vue. […] Vous l’avez vue, peut-être. […] Elles sont éparses ailleurs, et jusque dans le récit historique, témoin, au chapitre xxxii du Deutéronome, ce chant de Moïse où Dieu semble plaider contre son peuple, l’accuser, lui répondre, entre la vive expression des images présentes et la vue prophétique d’un avenir non moins éclatant aux yeux.
Il n’avait pourtant point dirigé ses premières vues du côté de la vie des cloîtres : mais, un jour qu’il était à la chasse avec quelques jeunes gens de son âge, son cheval le renversa et l’entraîna quelque temps, le pied engagé dans l’étrier. […] Mais, du milieu des bornes que certaines doctrines imposaient à sa vue, et du fond de sa solitude, cet homme de labeur et de vérité fut saisi d’une noble ardeur, du désir de faire quelque chose « pour l’utilité de l’Église et de l’État », et d’unir le devoir d’un chrétien et celui d’un bon citoyen : Nous nous proposons, disait-il, de ménager aux Français l’agrément d’avoir un recueil complet des écrivains qu’eux et les Gaulois leurs prédécesseurs, avec qui ils n’ont fait dans la suite qu’un même peuple, ont donnés à la république des lettres. […] Un inconvénient, en effet, d’une histoire littéraire ainsi composée, c’est que le caractère personnel des rédacteurs, leur talent doit s’effacer pour ne laisser paraître et se développer que leur savoir, leurs recherches, et les résultats qui en ressortent : tout ce qui serait une vue un peu vive, une idée neuve un peu accusée, tout ce qui aurait un cachet individuel trop marqué semblerait jurer avec la circonspection et la méthode de l’ensemble.
L’Institut est un corps de l’État : les pensées, les opinions de chacun de ses membres sont diverses et libres ; mais chaque président, chaque secrétaire perpétuel, portant la parole dans les séances publiques au nom de la compagnie qu’il représente, ne parle plus en son nom propre, et s’il lui arrive de froisser à dessein les opinions et les vues paisibles de beaucoup de ses collègues, il est dans le cas d’être redressé par l’un d’eux. […] Les heures de la nuit s’écoulaient et je ne m’en apercevais pas ; je suivais avec anxiété ma pensée, qui de couche en couche descendait vers le fond de ma conscience, et dissipant l’une après l’autre toutes les illusions qui m’en avaient jusque-là dérobé la vue, m’en rendait de moment en moment les détours plus visibles. […] Or, si les salons qu’avait en vue M.
Revenue plus tard en France à titre de comtesse de Grammont, femme de la Cour des plus en vue, hautaine, brillante, galante même, mais respectée et considérée jusque dans ses dissipations, elle garda en vieillissant des restes de beauté, se fit agréer en tout temps de Louis XIV, et au point de donner par moments de l’ombrage à Mme de Maintenon. […] Je ne l’ai vue qu’une fois, mais il m’en est resté une grande impression. […] Il me reste à montrer Fénelon par ses parties plus fermes et plus fortes, dans sa correspondance à demi spirituelle, à demi politique, avec le duc de Bourgogne, avec le duc de Chevreuse : c’est la fin du règne de Louis XIV vue de Cambrai.
Le portrait saillant, ineffaçable, qu’a tracé de lui Saint-Simon en sa fureur de peintre, reste dans les yeux, et empêche qu’on ne soit tenté de regarder le personnage en lui-même et d’une vue plus reposée. […] Faites-les commander, prenez les officiers que vous voudrez ; et, en suivant l’armée ennemie pendant trois ou quatre jours, vous verrez ce qu’elle deviendra, et ce que vous pourrez faire sans vous commettre. » Le lendemain soir, au retour, Villars ramenant bon nombre de prisonniers qu’il avait enlevés, le maréchal lui dit : « Nous aurions été brouillés ensemble, si je ne vous avais pas donné un détachement pour suivre vos amis que vous ne sauriez perdre de vue. » En 1677, à la bataille de Mont-Cassel près Saint-Omer, commandant une réserve de cinq escadrons, Villars conseilla sur la droite des ennemis une charge qui, faite à temps, eût rendu la victoire décisive ; mais un ordre précis, apporté par l’aide de camp Chamlay, homme de confiance de la Cour, le força de s’abstenir et de se diriger ailleurs. […] Cet homme, qui à vingt et un ans était colonel et si en vue auprès des chefs, ne devint maréchal de France qu’à près de cinquante.
Et toutefois, après qu’on a bien envié ce bonheur d’une étude libre, ornée, active et oisive, ayant à elle une belle galerie bâtie tout exprès, remplie de livres, décorée de tableaux, de statues, et en vue d’un lac magnifique, on reconnaît tout bas, à la manière même dont il a usé de ses dons et de ses avantages, qu’il y a autre chose à faire encore qu’à jouir ainsi ; que, si noble et utile qu’ait été son exemple parmi ses compatriotes et pour ceux, qui le consultaient de près, il n’a pas donné tout ce qu’il aurait pu, et qu’un peu de contrainte, un peu de nécessité ne nuit pas ; que c’est sous ces rudes conditions seulement que l’homme, moitié de bon gré, moitié à son corps défendant, tire de lui-même, de son foyer et de ses couches intérieures, tout l’art, toute l’industrie dont il est capable, et le peu d’or qu’il doit à tous. […] Un des poètes qui ont visité ce beau lac du Léman et qui, sur les traces de Jean-Jacques, y ont promené de jeunes rêves, s’est écrié : « Que vient-on me dire de ces beaux lieux que j’ai visités autrefois, de ces villas délicieuses au bord des lacs, en vue des sommets sublimes ? […] C’est dans le premier volume que se trouvent les vues et aperçus élevés dont je parle : je recommande particulièrement une lettre sur la religion adressée à la duchesse de Broglie, qui l’avait plus d’une fois pressé sur ce point.
Il le manqua (indépendamment même des grands événements qui vinrent à la traverse) par l’éducation qu’il reçut et qu’il se donna, par son esprit novateur, ses lumières trop libérales, par ses goûts et ses vues de philosophie, de littérature et de poésie qui le promenaient en tous sens, et qui faisaient de lui un patricien bernois par trop infidèle à l’esprit du vieux sénat cantonal. […] Cette contradiction entre les mœurs et les idées, entre les manières et les doctrines, ne nous est pas nouvelle ; nous l’avons vue en France et chez La Fayette lui-même et chez Benjamin Constant. […] Croissez, comme j’ai vu ce palmier de Latone, Alors qu’ayant des yeux je traversai les flots ; Car jadis, abordant à la sainte Délos, Je vis près d’Apollon, à son autel de pierre, Un palmier, don du ciel, merveille de la terre : Vous croîtrez comme lui… Après avoir tenté inutilement de l’acclimater à Berne, le trésorier de Bonstetten permit à son fils de se rendre en Hollande à l’université de Leyde, mais sous la condition expresse qu’il n’y étudierait pas la philosophie : il craignait que ce regard aux choses du dedans ne nuisît à l’observation des faits du dehors ; mais Bonstetten était assez éveillé pour suffire aux deux sortes de vue.
Elles ont passé au miroir intérieur et sont vues par réflexion. […] Car il n’y a pas de milieu ; la croix barre plus ou moins la vue libre de la nature ; le grand Pan n’a rien à faire avec le divin crucifié. […] La verdure gagne à vue d’œil ; elle s’est élancée du jardin dans les bosquets, elle domine tout le long de l’étang ; elle saute, pour ainsi dire, d’arbre en arbre, de hallier en hallier, dans les champs et sur les coteaux, et je la vois qui a déjà atteint la forêt et commence à s’épancher sur son large dos.
Il apportait dans ce gouvernement intellectuel la connaissance des matières, l’ouverture des vues, une indifférence qui lui permettait mieux qu’à d’autres de maintenir l’équilibre entre les diverses études et facultés ; et si la balance dans ses mains avait penché quelque peu du côté de l’histoire, ce n’eût été que justice ; car l’histoire, ce goût et cette aptitude générale de notre temps, hérite en effet de toutes les autres branches de la culture humaine. […] Son éloquence n’était pas, à beaucoup près, dans ces premiers temps, ce qu’on l’a vue depuis. […] Guizot, dans son récit animé ; ne dissimule rien de tout cela, et il nous aide vivement à nous en ressouvenir ; il réitère même, à un endroit (tome IV, page 292), un mea culpa qui ne laisserait rien à désirer, si, par un singulier retour, il ne le rétractait formellement dans les toutes dernières lignes du chapitre ; car, faisant remarquer que c’était en vue d’obtenir un gouvernement pleinement d’accord avec la majorité de la Chambre des députés qu’il s’était mis si fort en avant, dans une ligne d’opposition inaccoutumée, au risque de déplaire à plusieurs de ses amis conservateurs, il ajoute : « Dans mon élan vers ce but, ma faute fut de ne pas tenir assez de compte du sentiment qui dominait dans mon camp politique, et de ne consulter que mon propre sentiment et l’ambition de mon esprit plutôt que le soin de ma situation (que de ma et que de mon !)
Il le voudrait tel ; il lui voudrait souffler le feu sacré, et il sent trop bien que le jeune homme trop morigéné ne l’a pas ; il voudrait lui élargir les vues et lui dilater le cœur, et il sent que cela ne se peut pas. […] Il n’est pas moins clair que le duc de Bourgogne cherchait, étudiait toujours, et n’avait rien trouvé de précis, n’avait rien de positivement arrêté ; que ses intentions étaient droites, pures, chrétiennes, tournées tout entières au bonheur et au soulagement des peuples, mais qu’avec tant d’instruction et le désir continuel d’en acquérir encore, il manquait de lumières supérieures, de génie politique, de ce génie qui tient surtout au caractère et à la conduite, à la décision de vue dans les crises, bien plus qu’aux règlements écrits et aux procédés mécaniques de constitution. […] Au reste, je ne chicane pas et volontiers je dis de lui, comme de tous ceux qui auprès de lui et depuis lors, au début ou dans le courant du siècle, proposèrent ou rêvèrent une réforme partielle : Honneur à leur cœur, à leurs intentions, à leurs vues même incomplètes, enchevêtrées et confuses !
Il n’y aurait pour cela qu’à partir de quelques principes généraux et convenus, à se montrer rigide et inexorable pour tout ce qui s’écarte de nos mœurs, de notre état de société et de civilisation, à faire la leçon d’un bout à l’autre, à condamner au nom d’un symbole whig ou d’un catéchisme libéral tout ce qui s’écarte de la droite ligne, une fois tirée : on arriverait ainsi à un effet certain et à une unité de conclusion qui séduit et satisfait toujours à première vue les lecteurs superficiels et les esprits tout d’une pièce. […] Dans quelle vue ? […] Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà.
Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons. […] Il s’acquitta de ses fonctions en conscience ; les notices que j’ai lues de lui sont simples, exactes, convenables, mais un peu sèches ; il y a peu de réflexions et de vues générales de l’Art. […] Ravaisson, si ingénieux, si original, si profondément philosophe en toutes ses vues ; Berlioz, artiste et penseur élevé, mais solitaire et un peu sombre ; Beulé, l’heureux Beulé, que la Victoire de Phidias a pris dès le début sous son aile, et qui obtient, à heure fixe et comme à point nommé, tout ce qu’il mérite, le choix est déjà fait.
Il n’est pas sentimental à première vue, ni admiratif de parti pris. […] Mais il est de ces fragments, de ces accidents heureux d’art et d’étude, qui, n’ayant rien à démêler avec les œuvres triomphales, n’en existent pas moins sous le soleil : — un rien, un rêve, une histoire de cœur et d’amour, une vue de nature, une promenade près de la mare où se baignent des canards et qu’illumine un rayon charmant, — et ce que je voyais l’autre jour encore à l’exposition du boulevard des Italiens, une vue de Blanchisserie hollandaise, par Ruisdaël, le Moulin d’Hobbema, ou un simple chemin de campagne regardé et rendu à une certaine heure du soir par un pauvre diable de paysagiste français nommé Michel, qui avait le sentiment et l’amour des choses simples.
Mais aucun monarque et souverain ne s’était rencontré encore dans la situation extraordinaire de Napoléon, à la fois abdiquant et captif, — prisonnier sans avoir été pris et en quelque sorte de son propre choix, pour s’être allé asseoir au foyer de la nation son implacable ennemie ; détenu non dans une prison, mais sur le rocher le plus perdu de l’Océan ; non par la vengeance d’un seul adversaire, mais par la terreur de l’Europe entière conjurée ; et désormais élevé (seule élévation dernière qui lui manquât) à l’état de victime ; — ayant abdiqué pour la seconde fois et toujours forcément sans doute,, mais enfin de cœur comme de fait, et résigné ; ne nourrissant plus aucun espoir de retour, mais conservant jusqu’à la fin toute la sérénité de son coup d’œil, toute sa plénitude d’intelligence politique ; sevré de presque toute information actuelle, et se reportant avec d’autant plus d’impétuosité et d’ardeur aux grands événements récents ou passés, à l’histoire d’hier ou à l’histoire des siècles ; perçant de plus dans l’avenir et plongeant sur les horizons lointains avec la haute impartialité du conquérant apaisé, avec la vue épurée du civilisateur. […] Napoléon s’aperçut bientôt qu’il ne pouvait monter à cheval sans être suivi et gardé à vue. […] Il expliquait en moraliste consommé les défections dont il avait été l’objet et s’en rendait compte par des intérêts, des vues, des illusions qui rendaient les hommes moins haïssables et moins coupables : « Ils ne m’ont point trahi », disait-il, « ils m’ont abandonné, et c’est bien différent. » — « Les traîtres, répétait-il encore, sont plus rares que vous ne le croyez.
De la sorte, chez lui, nul sentiment vrai du passé non plus que du présent ; son esprit était le plus terne des miroirs ; rien ne s’y peignait, il ne réfléchit rien ; sans originalité, sans vue intime ou même finement superficielle, sans vivacité de souvenirs, aussi loin des chœurs d’Esther que des vers datés de Philisbourg, tenant tout juste au siècle de Louis XIV par l’Ode sur Namur, ce fut le moins lyrique de tous les hommes à la moins lyrique de toutes les époques. […] Là-dessus Rousseau lui répondit : « Il est vrai, monsieur, et vous l’avez bien remarqué, que j’ai eu en vue le passage de Lucrèce, quò magis in dubiis, etc., dans la strophe que vous me citez de mon Ode à la Fortune ; et je vous avoue, puisque vous approuvez la manière dont je me suis approprié la pensée de cet ancien, que je m’en sais meilleur gré que si j’en étois l’auteur, par la raison que c’est l’expression seule qui fait le poëte, et non la pensée, qui appartient au philosophe et à l’orateur, comme à lui. » L’aveu est formel ; on conçoit maintenant que Saurin ait dit qu’il ne regardait Rousseau que comme le premier entre les plagiaires. […] Le plus plaisant, c’est que pour cette démonstration esthétique, comme on dirait aujourd’hui, il s’est imaginé de recourir à l’ombre d’Alcée : Je la vois ; c’est l’Ombre d’Alcée Qui me la découvre à l’instant, Et qui déjà, d’un œil content, Dévoile à ma vue empressée Ces déités d’adoption, Synonymes de la pensée, Symboles de l’abstraction.
tant d’observations, de vues en tout sens et sur toutes choses ! […] Et qu’on ne dise point que le procédé est facile ; car ces aspects nouveaux, c’est bien lui qui les découvre ; nous n’y aurions jamais songé sans lui ; et c’est chose si rare et si précieuse que d’avoir dans la critique littéraire, où la tradition est encore si puissante, des impressions et des vues vraiment personnelles ! […] Le Verre d’eau lui semble inspiré par « une vue supérieure des choses humaines » ; et il appelle enfin la « mixture Auber-Scribe » un « ferment divin où Scribe fournissait la magie des situations et Auber la magie de l’expression ».
Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière. […] Cette seule pensée apprendrait à un esprit juste à ne pas envisager l’ensemble des littératures, même classiques, d’une vue trop simple et trop restreinte, et il saurait que cet ordre si exact et si mesuré, qui a tant prévalu depuis, n’a été introduit qu’artificiellement dans nos admirations du passé. […] accueilleraient les plus ingénieux modernes, les La Rochefoucauld et les La Bruyère, lesquels se diraient en les écoutant : « Ils savaient tout ce que nous savons, et, en rajeunissant l’expérience, nous n’avons rien trouvé. » Sur la colline la plus en vue et de la pente la plus accessible, Virgile entouré de Ménandre, de Tibulle, de Térence, de Fénelon, se livrerait avec eux à des entretiens d’un grand charme et d’un enchantement sacré : son doux visage serait éclairé du rayon et coloré de pudeur, comme ce jour où, entrant au théâtre de Rome dans le moment qu’on venait d’y réciter ses vers, il vit le peuple se lever tout entier devant lui par un mouvement unanime, et lui rendre les mêmes hommages qu’à Auguste lui-même.
Il n’y avait point de cabale ; mais Madame, parmi les personnes attachées au prince son mari, avait distingué un homme capable, un ambitieux généreux et de mérite, et elle se l’était acquis, elle avait voulu le faire servir à l’accomplissement de ses propres vues, qui devenaient plus sérieuses avec l’âge. […] Cosnac avait écrit une petite lettre à la fille de Madame, pour lors âgée de huit ans, qu’il avait prise en affection pour l’avoir vue chez Mme de Saint-Chaumont, sa gouvernante. […] Avec cette princesse, je perdis l’envie et l’espérance de mon retour, et, pleinement dégoûté du monde, je tournai toutes mes vues du côté de mon ministère.
Regardez bien ce tableau, Monsieur De La Grenée ; et lorsque je vous disais : donnez de la profondeur à votre scène ; réservez-vous sur le devant un grand espace de rivage ; que ce soit sur cet espace que l’on présente à César la tête de Pompée ; qu’on voie d’un côté, un genou fléchi, l’esclave qui porte la tête ; un peu plus sur le fond et vers la droite, Théodote, ses compagnons, sa suite ; autour et par derrière, les vases, les étoffes, et les autres présens ; à droite, le César entouré de ses principaux officiers ; que le fond soit occupé par les deux barques et d’autres bâtimens, les uns arrivant d’égypte, les autres de la suite de César ; que ces barques forment une espèce d’amphithéâtre couvert des spectateurs de la scène ; que les attitudes, les expressions, les actions de ces spectateurs soient variées en tant de manières qu’il vous plaira ; que sur le bord de la barque la plus à gauche il y ait, par exemple, une femme assise, les pieds pendans vers la mer, vue par le dos, la tête tournée, et allaitant son enfant ; car tout cela se peut, puisque j’imagine votre toile devant moi, et que sur cette toile j’y vois la scène peinte comme je vous la décris ; et convenez que lorsque je vous l’ordonnais ainsi, vous aviez tort de m’objecter les limites de votre espace. […] tête d’un enfant vue de profil. — Tête d’un enfant vue de face. du même.
Signalons encore une vue large et féconde sur les deux systèmes politiques dont le duel opiniâtre a ensanglanté l’Europe. […] Telle nous semble l’idée de l’historien, idée grande et hautement vraie, sauf les restrictions que doivent toujours recevoir les vues de cet ordre dans leur application aux faits.
Non, à coup sûr ; mais il n’a pas entièrement raison toutefois ; il l’a vue de trop loin, de même que ceux qui y vivent et meurent sans en sortir la voient de trop près. […] Ces articles, écrits tous à l’occasion de quelque représentation particulière, sans être des biographies ni des appréciations complètes, étincellent de vues neuves, de détails agréablement érudits, de comparaisons diverses, et prennent rang d’abord parmi les pièces et les jugements à consulter pour la connaissance littéraire de notre grand siècle.
Seulement cette vue farouche du monde s’accompagnait chez Flaubert de lyrisme romantique. […] Cela, sans pédanterie, sans nul prétentieux effort — et seulement parce qu’une tristesse sort des choses vues comme elles sont.
De même qu’il y a un horizon d’espace au-delà duquel la vue se trouble et n’aperçoit plus rien, de même il y a un horizon de temps au-delà duquel la mémoire des peuples semble condamnée à ne pouvoir jamais remonter. […] Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
IV Et d’autant plus aisément que la Spéculation elle-même s’est trompée, — grossièrement trompée dans ses vues et dans ses calculs. […] Adolphe Guéroult, alors saint-simonien, ne sont plus de simples lettres comme on en écrit à ses amis, mais des pages ambitieuses de politique et de morale adressées, en vue peut-être du public, à des personnages solennels.
Le mérite du Danseur Bathyle et son effet reposent sur une énumération qu’on a vue dans Les Orientales, et qui est maintenant à l’état de procédé : Elle aime, et ce n’est pas le chevalier romain, etc. […] je l’ai vue, une ou deux fois, sous les entortillements sérieux des Festons et des Astragales de M.
Mais la science moderne n’est pas partie immédiatement de cette vue synthétique. […] Les vues de Buffon, à cet égard, sont surtout négatives. […] Examinons maintenant le côté positif de la doctrine, à savoir le type de loi qu’elle a en vue. […] Cette vue suppose, il est vrai, qu’une idée peut être efficace. […] Mais cette généralisation est une vue théorique.