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370. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Du 26 août 1648, journée des Barricades, jusqu’au 7 février 1653 où Mazarin rentra à Paris, il n’aurait peut-être pas fait très bon dans cette ville pour les compatriotes du cardinal-ministre. […] Scaramouche et Jean Doucet eurent tant de succès à la ville et à la cour, que les baladins et figurants, qui représentaient à cette époque les mascarades et les ballets du roi, ne trouvèrent rien de mieux, pour égayer les fêtes du Louvre, que d’imiter les bouffons italiens. […] Pendant ces années qui précédèrent immédiatement le retour de Molière à Paris, les Italiens eurent une grande vogue ; ils étaient les héros comiques du moment ; on leur faisait jouer des scènes burlesques, même à la ville, et hors du théâtre.

371. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Ce sont les narrateurs expressifs et incisifs entre tous, Montluc et Brantôme, c’est la fantaisie ailée et vagabonde de Montaigne, abeille de Platon, guêpe d’Aristophane ; c’est la sérieuse et sévère éloquence de Calvin, c’est la grâce aimable de saint François de Sales, c’est auparavant la voix de la liberté jetant ses premiers accents sur les lèvres de la Boétie, dans cette ville de Bordeaux qui redira en d’autres termes cette protestation immortelle quand elle ne représentera plus la Guyenne, mais la Gironde ! […] D’ailleurs les chanteurs et jongleurs, errant de ville en ville, de château en château, les propageaient bien au-delà de notre France du Nord ; souvent même ils les transportaient avec les armées en marche.

372. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Le poëme de Sidonius Apollinaris, qui a pour titre, Narbonne , et qui est adressé à Consentius citoïen de cette ville-là, fait foi que plusieurs pantomimes joüoient leurs pieces sans prononcer un seul mot. " Sidonius y dit à son ami : lorsqu’après avoir terminé vos affaires vous alliez vous délasser au théatre, tous les comédiens trembloient devant vous. […] Cependant, ajoute-t-il, toute la ville se met en mouvement pour lui voir représenter en gesticulant les infamies de l’antiquité fabuleuse. […] La ville de Rome regorge de professeurs qui enseignent cet art et qui ne manquent pas de disciples.

373. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Il avait alors vingt-cinq ans, avait humilié le pape, forcé le roi d’Espagne à lui céder le pas, donné un carrousel, et acheté cinq millions la ville de Dunkerque. […] Tout le monde connaît les douze panégyriques prononcés dans différentes villes d’Italie, par des hommes à qui la magnificence de Louis XIV avait prodigué des pensions, et qui, dans un roi étranger, honoraient plus qu’un maître, puisqu’ils honoraient un bienfaiteur. […] On en prononça en Espagne, en Portugal, à Rome, en différentes villes d’Italie, dans presque toute l’Europe.

374. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

La ville était aux pieds de l’enchanteresse, attendant son heure et son bon plaisir. […] En effet, il fut hissé bel et bien, haut et court, aux fourches patibulaires de la ville de Rouen, pour crime de révolte et de conspiration. […] On aimait surtout trois choses dans la ville d’Athènes, la déclamation, le bel esprit et l’injure. […] Ainsi l’on parle dans la ville. […] Ce n’est pas un marquis, ce n’est pas un bourgeois, il n’est ni de la ville, ni de la cour.

375. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

dans quelle ville, ô ciel ! […] Emmène avec toi tous les scélérats qui te ressemblent ; purge cette ville de la contagion que tu y répands ; délivre-la des craintes que ta présence y fait naître ; qu’il y ait des murs entre nous et toi. […] Comment peux-tu supporter le séjour d’une ville où il n’y a pas un seul habitant, excepté tes complices, pour qui tu ne sois un objet d’horreur et d’effroi ? […] Je te suis garant qu’ils te suivront jusqu’aux portes de cette ville, que depuis si longtemps tu brûles de détruire… Pars donc : tu as tant dit que tu attendais un ordre d’exil qui pût me rendre odieux. […] — Hier, lui dis-je, dès que les jeux furent commencés, je quittai la ville et j’arrivai le soir chez moi.

376. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Dans les petits groupes ruraux, même dans les petites villes, on sait où sont les pauvres et qui ils sont. […] Non moins finement rendu, le sentiment complexe, fait de mépris et d’émerveillement, qu’inspire à l’Américain Jerry ce futile Paris, ville de joie et capitale du plaisir. […] Elle est institutrice dans une des écoles de la ville. […] Elle « se toque » d’un voyageur de commerce qui traverse la ville, un nommé Dufresne, et l’allume de son déshabillage et de ses frôlements ; et c’est le premier acte. — Au second, Zaza et Dufresne se possèdent avec frénésie. […] Un conseil municipal apprend que la fièvre typhoïde sévit dans les casernes de la ville. « Ce ne sont que des soldats : qu’est-ce que ça nous fait ? 

377. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Depuis l’installation d’un arrosage chez moi, avec l’eau de la ville, après cette desséchante sécheresse, faire de la pluie sur les feuilles, qui revivent verdissantes : ça m’enlève à tout, à la biographie de la Camargo, au scénario de La Faustin, que je veux tirer de mon roman. […] Mercredi 31 mai Vichy, avec son improvisation de bâtisses, de baraquements, de boutiques pour la grande saison, a quelque chose de la construction féerique d’une ville d’Amérique. […] Une ville moyenageuse aux ogives de ses portes, à l’arc surbaissé de ses boutiques, au treillis de fer de ses fenêtres, et où la pourriture du bois des maisons, la lèpre de la pierre sont telles, que jamais je n’en ai rencontré de pareilles, dans aucune ville du monde. […] » Mardi 18 juillet Aujourd’hui, Jeanne parlait d’une jeune femme de la société d’une ville du Nord, des mieux apparentées, et richement mariée à Paris. […] Et l’auteur de Pœuf se remémore quelques impressions de son enfance coloniale, entre autres, l’écoute, à l’orée d’une grande forêt, vers la tombée de la nuit, l’écoute de l’éveil de la forêt, où, de temps en temps, au-dessus de tous les bruits, s’élevait une grande lamentation d’animal, que toute la ville allait entendre : lamentation mystérieuse, et qu’on ne savait à quelle bête attribuer.

378. (1901) Figures et caractères

La vieille ville tourangelle de Loches, qui les tint en ses prisons, les abrita ensuite en sa paix hospitalière. […] La ville de Washington est toute gaie d’avril proche. […] Dans la plus bruyante ou la plus active de ces villes, la part du passé subsiste. […] Où donc alors est la ville de Psyché ? […] N’est-ce pas là vraiment une cité de songé, une ville d’illusion ?

379. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

En ce temps-là, les nègres débarqués au Brésil brisèrent leurs chaînes, se réunirent en république et fondèrent la ville de Palmarès. […] Denis nous transporte dans les bocages d’Otahiti, séjour charmant de la poésie et de la volupté, où le navigateur oublie l’Europe et la patrie ; soit qu’aux bords sacrés du Guige, il nous retrace les caractères des beaux lieux qu’il arrose, la plénitude de la végétation, des villes au sein des forêts, (les gazelles et les biches auprès du buffle et du tigre, l’éléphant sauvage et sa vaste domination sur les hôtes des bois, et ses guerres sanglantes contre des armées entières de chasseurs ; soit qu’accomplissant cette fois toute sa mission, il nous montre la littérature portugaise passant du Gange au Tage, et qu’il présente les fables des Indiens, et leurs riantes allégories, et leurs croyances si douces et si terribles tour à tour ; alors, en s’adressant aux poètes, il est poète lui-même ; sa pensée, singulièrement gracieuse, s’embellit encore d’une expression dont l’exquise pureté s’anime des couleurs orientales.

380. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Ce serait un problème assez intéressant à résoudre que de déterminer le rapport du corps des médecins et des chirurgiens d’une ville au reste des habitants. […] J’ai quelquefois pensé que les charlatans qui habitent les faubourgs des grandes villes n’étaient pas si pernicieux qu’on le supposait.

381. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

J’ai même entendu dire à des personnes dignes de foi, que parmi le bas peuple de Rome, il s’étoit trouvé des hommes assez ennemis de la réputation de nos peintres françois pour déchirer les estampes gravées d’après Le Sueur, Le Brun, Mignard, Coypel et quelques autres peintres de notre nation, que les chartreux de cette ville ont placées avec des estampes gravées d’après des peintres italiens dans la gallerie qui regne sur le cloître du monastere. Les comparaisons qui s’y faisoient tous les jours entre les maîtres françois et les maîtres italiens avoient autant irrité nos romains jaloux, que les comparaisons qui se faisoient à Paris il y a quatre-vingt ans, entre les tableaux que Le Sueur avoit peints dans le petit cloître des chartreux de cette ville, et ceux que peignoit Le Brun, irritoient les éleves de ce dernier.

382. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Le Caïn l’emporte sur le doux Abel dans ce talent et cette pensée ; le Caïn grossier, affamé, envieux et farouche, qui s’en est allé dans les villes pour boire la lie des colères qui s’y accumulent et partager les idées fausses qui y triomphent ! […] Pierre Dupont qui est, de tempérament, un élégiaque et même un idyllique ; mais cet élégiaque et cet idyllique a pris son talent naturel entre deux imitations, comme on prend sa tête entre deux portes, — l’imitation de ce Béranger qui est un bourgeois et de cet Hégésippe Moreau qui est un bohême, — et entre ces deux fils des villes, il a fourvoyé le paysan !

383. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

À imagination égale, cette impression même est plus forte chez les peuples qui habitent les campagnes, que chez les peuples renfermés dans l’enceinte des villes, et l’on sent bien que cela doit être : dans les villes on n’aperçoit pour ainsi dire que l’homme ; partout l’homme y rencontre sa grandeur.

384. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

À Autun, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, on cultivait l’éloquence ; souvent même les Romains les plus distingués envoyaient leurs enfants dans ces villes pour s’y instruire. […] C’est dans ces moments-là que les grêles ravagent les moissons, que la terre s’entrouvre, que les villes sont englouties ; fléaux qui désolent le monde, non par la volonté des dieux, mais parce qu’alors leurs regards ne tombent point sur la terre : voilà, grand empereur, ce qui nous est arrivé, lorsque vous avez cessé de veiller sur le monde et sur nous. » Ensuite on prouve à Maximien que, malgré son grand âge, il ne pouvait sans injustice quitter le fardeau de l’empire ; « mais les dieux l’ont permis, lui dit l’orateur, parce que la fortune, qui n’osait rien changer tant que vous étiez sur le trône, désirait pourtant mettre un peu de variété dans le cours de l’univers ».

385. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Rien n’est plus magnifique que l’aspect de cette ville, où tout annonce le voisinage de l’Asie. […] Notre fondateur d’empires arriva dans cette ville, avec un écu dans sa poche: il est vrai qu’uniquement touché de sa grandeur future, il ne songeait guère à sa misère présente. […] Qu’on se figure l’embarras de notre voyageur: isolé au milieu de la nuit dans une ville immense, ignorant la langue du pays, ne pouvant ni s’orienter ni se faire entendre, il était devant son guide comme un homme muet. […] — Votre sœur a quitté la ville pour se retirer à Honfleur, dans un couvent sur les bords de la mer. […] M. de la Bourdonnais m’envoya avertir secrètement que le corps de Virginie avait été apporté à la ville par son ordre, et que de là on allait le transférer à l’église des Pamplemousses.

386. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Il le ramena en traversant la ville depuis le quartier du Jardin-du-Roi jusqu’à celui du Palais-Royal, où il demeurait. […] Il avait assisté à plusieurs sièges de villes, entre autres à celui de Granville, en Bretagne. […] En entrant à, l’atelier de David, Ingres arrivait de Montauban, sa ville natale, où, dès l’enfance, il avait étudié l’art de la peinture sous la direction de son père. […] « C’est à un incendie que la ville de Londres doit la largeur, la beauté et la régularité des rues dont elle est percée. […] les abbati du gouvernement ont répandu dans toute la ville que Chinard avait outragé la religion, qu’elle était foulée aux pieds, etc.

387. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Changez les noms ; à la place de Camos, le dieu moabite, mettez Iahveh, et vous pourrez appliquer à David l’inscription du roi Mésa : « J’attaquai la ville d’Ataroth et je la pris et je tuai tout le peuple de la ville, en spectacle à Camos et à Moab. […] Les soixante-dix jeunes princes étaient chez des notables de la ville qui les élevaient. […] C’était au temps où la peste ravageait la ville et où les fossoyeurs dansaient en revenant des enterrements. […] Rodenbach qui parle) « les relents coupables de la femme, tout ce qui monte faisandé et blet de la grande ville… ». […] Au matin, quand les cloches, déjà un peu lasses, annoncent le premier office, la ville en deuil, la ville moribonde est presque joyeuse.

388. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Il se sauve vers la ville. […] Il se sauve vers la ville. […] Il se sauve vers la ville. […] Il se sauve vers la ville. […] Il se sauve vers la ville.

389. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Je grimpe par ces montées et ces escaliers de ville arabe ; par ces rues étranges, et que la nuit fait presque fantastiques. […] Des zouaves et des mobiles ferment l’entrée de la ville, et retiennent en deçà du pont, mères, sœurs, parents, amis, maîtresses. Un espion prussien, nous est-il dit, s’est introduit dans la ville, et pour s’en saisir, on a coupé toute communication avec le dehors. […] Alors je songeais à m’adresser à la princesse Mathilde, que je ne rencontrais pas chez elle, mais dans un bâtiment ressemblant à un Hôtel de ville de l’étranger. […] Peut-être à la rareté des garçons, à cette lecture éternelle du même journal, à ces groupes qui se forment au milieu du café, et causent de ce qu’ils savent, comme on cause des choses de la ville dans une petite ville, enfin à cet enracinement hébété, en ce lieu, où autrefois posaient, avec la légèreté d’oiseaux de passage, des gens distraits par de légères pensées, et qu’attendaient, dehors, le plaisir et les mille distractions de Paris.

390. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Le jeudi, vers quatre heures de l’après-midi, je traversais le Cours, principale artère de la ville, pour me rendre au coin retiré et silencieux où s’abritait la salle des conférences de la Faculté. […] Prévost-Paradol a laissés dans cette ville, et de me glisser en fraude dans votre faveur, protégé par un nom qui vous est cher. […] La rivière qui passe au bout de leur petite ville, ne coule pas plus régulière et plus paisible que leur vie. […] N’y a-t-il plus dans les grandes villes pour les femmes qui vivent du travail de leurs mains des tentations sans nombre à côté de salaires insuffisants ? […] Toute la jeunesse de Gresset se passa à Arras, à Amiens ou dans les riantes villes du pays de la Loire.

391. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ce cabotin dont on parlait dans la ville comme d’un fou, était un vrai poète. « Il faut aller à Paris », lui dirent-ils. […] Que venait-il faire dans la grande ville ? […] Et bien qu’il fût obligé par les nécessités de sa vie de comédien, à transporter son petit ménage de ville en ville, de bourgade en bourgade, il trouvait dans ce foyer errant l’oubli de toutes les peines avec le doux orgueil du devoir accompli. […] Il traversa la ville et s’arrêta devant la boutique de parfumerie au coin de la rue de la Bourse. […] Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville.

392. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Et la ville est en fête, Munich est en réjouissances ; les bourgeois, les jeunes gens se promènent dans les rues, et le jeune Fantasio est assis dans une taverne avec son ami Spark. […] Bâtissons une ville avec sa citadelle. Bâtissons une ville, et nous la fermerons. — Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine. […] Le granit remplaça la tente aux murs de toile, On lia chaque bloc avec des nœuds de fer, Et la ville semblait une ville d’enfer ; L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ; Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes.

393. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

L’interruption des Fêtes en 1885, l’interdiction, si fermement maintenue par la famille du Maître, de toute représentation de Parsifal hors Bayreuth, la première apparition de Tristan dans ce théâtre spécial, tout cela va attirer dans la petite ville franconienne une affluence inusitée. […]   I — Sur le choix de la ville de Bayreuth Lettre à un ami : 1er novembre 1871 « … Lorsque j’aurai dit les conditions que j’exige pour l’emplacement du théâtre, il ne sera pas difficile, de deviner pourquoi j’ai choisi justement Bayreuth. Le lieu ne devait être ni une capitale ayant un théâtre permanent, ni une ville d’eau qui, justement en été, m’eût donné un public tout à fait différent du public que je souhaite ; ce doit être une ville du centre de l’Allemagne ; et une ville de Bavière, puisque je veux y transférer mon domicile et que je ne puis choisir nul autre pays … … Quant au choix et à l’acquisition du terrain destiné au théâtre, il y a à considérer si la ville de Bayreuth, vu les avantages que mon entreprise pourrait lui procurer, serait disposée à me céder la place nécessaire à la construction de mon théâtre. Je ne dis pas que l’entreprise ait absolument besoin de ce don, mais il est clair qu’il établirait des liens solides et durables entre la ville de Bayreuth et l’entreprise.

394. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

il n’y a rien de si beau qu’eux à la ville. » LXX Mais nous eûmes bien du malheur une fois, pour la trop grande beauté de Fior d’Aliza. […] que non, seigneur capitaine des sbires, lui répondis-je en riant, ma fille est verte, elle n’est pas mûre de longtemps pour un mari ; de plus, elle n’est pas faite pour un capitaine des sbires de la ville qui mépriserait notre humble famille, et puis elle est déjà fiancée en esprit avec son cousin, le fils de l’aveugle que voilà. […] Jusqu’ici j’ai méprisé le mariage, je suis arrivé à quarante ans sans que mon cœur ait battu plus vite d’une pulsation à la vue d’une femme, veuve ou fille, contadine de village ou dame de la ville ; mais l’âge vient, je suis libre, je suis riche. […] dit l’homme de loi, puisque vous n’en appelez qu’au bon Dieu, on vous enverra demain deux commissaires au partage qui limiteront votre quart d’avec les trois quarts revenant par le jugement aux Bardi de Bel-Sguardo ; j’oubliais de vous dire que, par un autre papier que voici, les Bardi, vos parents, ont vendu leurs droits sur l’héritage à Gugliamo Frederici, capitaine des sbires de la ville et du duché de Lucques ; c’est un brave homme avec qui vous pourriez vous accommoder et qui pourra, par charité, vous laisser le choix du quart du domaine qu’il vous conviendra de garder à vous, en réservant de faire valoir ses droits sur les intérêts accumulés, depuis que vous jouissez indûment de la totalité des revenus. […] Tous les jours, comme si nous avions été des voleurs, des agents du sbire rôdaient ici et là dans nos alentours, épiant les chèvres et les moutons qui nous donnaient le lait et la laine dans notre pauvreté toujours croissante ; l’huile de la lampe, que nous entretenions dans la cabane, le soir, devant la Madone, ne pouvant plus en acheter à la ville, semblait leur faire envie ; ils prétendaient que Fior d’Aliza, sa mère et Hyeronimo, nous n’avions pas le droit d’aller cueillir les noisettes que nous pilions dans le mortier pour en tirer quelques gouttes.

395. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Tout sujet de lettres lui était bon comme matière à esprit et presque à éloquence : « un bouquet, une paire de gants, une affaire d’un écu ; prier le maire d’une ville de faire raccommoder un mauvais chemin, recommander un procès à un président », tout cela, sous sa plume, devenait un texte à belles pensées et à beau langage, et ne lui fournissait pas moins de quoi plaire « que toute la gloire et toute la grandeur des Romains ». […] Elles sont à la gauloise, sans cérémonie aucune, à des amis avec qui il pense tout haut et à qui il raconte ses affaires, celles de la Faculté, les nouvelles de la ville, les curiosités du monde savant, les livres qui s’impriment, les meurtres et assassinats qui se commettent, les exécutions, les faits de tout genre tels qu’ils le frappent et qu’ils lui arrivent : « Vous voyez que je n’y mets aucun soin de style et d’ornement, dit-il, et que je n’y emploie ni Phœbus ni Balzac. » Le premier mot qui lui vient, français ou latin, est celui qu’il écrit ; c’est souvent un gros mot, et quelquefois un bon mot ; mais cela vibre toujours et a de l’accent. […] Le 12 septembre 1664, pensant à un autre ami bien cher, il lui écrit : « Il y a aujourd’hui vingt-deux ans qu’Armand, cardinal de Richelieu, ministre enragé, fit couper la tête dans votre ville à mon bon et cher ami M. de Thou : Heu dolor ! […] Les originaux existent tant à Paris à la Bibliothèque impériale qu’à la Bibliothèque de la ville à Lyon.

396. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

On peut même soupçonner qu’il prend grand plaisir à l’enfler, et regarde au nombre plus qu’au choix : témoin ces amours d’un éléphant et d’une bouquetière en la ville d’Alexandrie, dont il nous fait part gravement, et je ne sais combien d’autres sottises, auxquelles il se donne l’air de croire. […] Biographie : Michel Eyquem de Montaigne, d’une famille de commerçants bordelais, fils de Pierre eyquem qui fut conseiller à la Cour des aides de Périgueux, prévôt de la ville, jurat et maire de Bordeaux, naquit à Montaigne en Périgord le 23 février 1533, l’aîné de quatre frère et trois sœurs qui vécurent. […] Il joua un certain rôle pendant les troubles, d’abord pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa mairie, mais aussi pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa marie, mais aussi dans la politique générale comme négociateur, intermédiaire et confident : les chefs des partis le recherchaient pour sa modération, sa sûreté et sa pénétration.

397. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

On a une brochure, alors imprimée, de lui, où il raconte par le menu et où il décrit les pompes et solennités touchantes dont la ville de Pontarlier fut le théâtre en cette occasion, et le repas donné aux notables du lieu par M. de Saint-Mauris, et les courses, de bague, vieil usage légué par les Espagnols, et les soixante bourgeois qui s’étaient formés en un corps de dragons volontaires, et les devises et les illuminations, enfin tout un bulletin naïf et sentimental. […] Quelque intérêt que j’eusse à les ménager, je leur fis sentir plus d’une fois que je commençais à être bien vieux pour avoir tant de Mentors, et qu’un homme de mon âge, qui a toujours vécu dans les grandes villes, pouvait supporter, sans en être étourdi, le tumulte de Pontarlier. […] Dès le début, elle paraît s’inquiéter de l’idée qu’on a pu donner d’elle à Mirabeau, et elle se peint naturellement à son tour dans cette existence monotone à laquelle elle est condamnée : Je sais tous les ridicules que l’on m’a donnés dans cette ville, mais il y a des gens qui ne mettent point en colère. […] Je n’ai point assez de vanité pour douter que les femmes des grandes villes ne m’eussent dans peu d’instants chassée de votre cœur.

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