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1698. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

La vérité du tableau ne peut nous frapper qu’autant que nous avons connu le modèle. […] Mais tout cela n’est-il pas rendu dans ces vers avec tant de vérité que cela frappe vos imaginations comme si vous assistiez pour la première fois à cette scène d’intérieur, et que la simplicité même des détails et des expressions en relève à vos yeux la naïve beauté ? […] Les livres ne sont que des miroirs de paroles au lieu d’être des miroirs de verre : si le miroir est limpide, il réfléchit avec un charme égal une chaumière ou un palais, une montagne ou un brin d’herbe, le cœur d’une reine ou le cœur d’une laveuse ; car le charme est dans la vérité. — Et la vie aussi, dit notre oncle. […] non, dîmes-nous tous en chœur, et même elle nous touche davantage. — Vous voyez donc bien, reprit-elle, que votre père avait raison de vous le dire : la beauté du récit n’était pas dans la condition des personnages, mais dans la vérité et dans l’émotion de la peinture : un haillon ici est aussi beau qu’un diadème. Maintenant la vérité et l’émotion vont redoubler dans la rencontre de ce faux mendiant et de ce gardeur de pourceaux.

1699. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Où s’arrête la vérité ? […] C’était la Vérité en personne qui, prenant en pitié ses erreurs, était descendue pour lui apporter un secours opportun. […] » À la vérité ce : Il en rougit, le traître ! […] Qui voudrait nier la vérité ? […] À la vérité, il pouvait bien se sentir une âme sur le point de faire éruption.

1700. (1888) Poètes et romanciers

La Bible, toujours dogmatique, même dans ses récits, exclut la description et le souci de la vérité plastique. […] Ni fanatique, ni détracteur, c’est une bonne situation d’esprit pour saisir ce trait juste, qui en toute chose est la vérité. […] Je ne prétends pas qu’en ces sortes de sujets la vérité excuse tout. La vérité n’est pas la moralité, je le sais ; mais au moins elle est parfois la poésie. […] Feuillet, d’une vue nette et sûre, a saisi la vérité vraie, non celle des romans, mais celle de la vie.

1701. (1921) Esquisses critiques. Première série

Notre propre expérience nous permet de constater le vice de cette peinture et de contester sa vérité. […] Il s’efforça toujours de faire rentrer les données de la réalité dans des cadres préconçus — ce qui le retint d’atteindre la vérité vraie. […] C’est à la seconde de ces deux vérités que nous allons chercher une illustration en examinant l’œuvre de M.  […] Au contraire, ses croquis, ses silhouettes ont beaucoup de vérité. […] Son propre est d’atteindre profondément la vérité des sentiments et de l’esprit en négligeant absolument la réalité des faits.

1702. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

C’est un texte spirituellement, vivement illustré à chaque page, avec un mélange de grotesque et de vérité ; voilà bien de sincères impressions de voyage. […] Cooper lui-même, dans son roman de la Prairie, voulant peindre un homme des villes qui s’est volontairement reporté à la vie des bois, est fidèle à la vérité lorsqu’il unit d’amitié le trappeur à sa carabine. […] De ces derniers petits récits, j’aime la vérité simple, la grâce rustique et naturelle, la belle humeur et la moquerie sans ironie. […] On entrevoit assez sur cette simple esquisse tout un cadre ouvert à une attrayante vérité.

1703. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Disons la vérité crûment à ceux qui, avec un pareil monde et pour un pareil monde, ont créé une poétique fantasmagorie d’un progrès indéfini où ils font marcher l’homme, comme dans une aube éternelle, de perfection en perfection, jusqu’à des félicités et des immortalités terrestres évidemment incompatibles avec sa nature. […] Elle, la vérité de demain, elle emprunte son procédé, la bataille, au mensonge d’hier. […] On est le petit nombre, on a contre soi toute une armée ; mais on défend le droit, la loi naturelle, la souveraineté de chacun sur soi-même qui n’a pas d’abdication possible, la justice, la vérité, et au besoin on meurt comme les trois cents Spartiates. […] Il ne sait pas dire à la société humaine d’assez rudes vérités ; il lui masque la face impassible de la force des choses ; il la soulève contre le fait accompli ; il la flatte plus qu’il ne l’éclaire ; il donne tort partout à la société contre la misère, contre la nécessité, contre le crime ; il lui reproche ses impuissances.

1704. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

La vérité de ces propositions ne peut, je pense, être contestée. […] La vérité de cette conclusion est établie par la grande différence des résultats obtenus au moyen de croisements réciproques où les deux espèces fournissent alternativement le père et la mère. […] Cette théorie rend aisé à comprendre l’axiome : Natura non facit saltum, dont chaque nouvelle conquête de la science tend à prouver de plus en plus la vérité. […] Quoique je sois pleinement convaincu de la vérité des principes exposés dans ce volume, il est vrai sous une forme trop abrégée, je n’espère nullement entraîner la conviction de certains naturalistes expérimentés, mais dont l’esprit est préoccupé par une multitude de faits considérés pendant une longue suite d’années d’un point de vue directement opposé au mien.

1705. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Tous ont compris, tous ont plus ou moins fortement exprimé cette vérité que les acteurs d’un pareil drame n’ont jamais eu leur pleine liberté d’action, soit pour le mal, soit pour le bien, dans le fort de la crise ; que l’âme de la France révolutionnaire est en eux avec ses idées, ses sentiments généreux et enthousiastes, ses passions mobiles et violentes, surexcitées par le danger, aigries par la défiance, exaspérées par la peur. […] C’est une vérité acquise que rien ne naît, ne se forme, ne se développe, ne vit et ne dure à l’état d’isolement et d’abstraction, pas plus dans la vie des peuples que dans celle des individus. […] Ces résultats d’observation et d’analyse ne portent nullement atteinte à l’ordre des vérités morales établies par le témoignage de la conscience. […] L’ordre se reconnaît à de tout autres caractères : à la vérité des principes, à la justice des actes, à la beauté et à la bonté des œuvres.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Surtout ne soyez d’aucune secte, et n’affaiblissez pas la cause de la vérité par la colère. […] En résumé, il y a de l’intérêt dans les éloges de Vicq d’Azyr, un peu trop de fleurs, et pourtant de la ressemblance et de la vérité.

1707. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il advint même, pour plus de vérité et pour que cela ressemblât davantage à ce qui s’est passé trop souvent, que François Ier ne fut point informé que c’était à lui qu’on devait l’exécution de son désir. […] Il est content quand il peut dire dans une de ces marches hardies : « C’était une belle petite troupe que la nôtre. » Dans les guerres de Piémont, sous le maréchal de Brissac, il avait extrait de sa compagnie, qui était dans une garnison, trente-quatre soldats qui avaient des morions ou casques jaunes (car il avait éprouvé le bon effet, sur le moral, de ces marques distinctives), et qui étaient renommés sous ce nom : « Tant qu’il y aura mémoire d’homme qui fut alors en vie, écrivait-il vingt ans après avec orgueil, il se parlera en Piémont des braves morions jaunes de Montluc : car, à la vérité, ces trente quatre en valaient cinq cents, et me suis cent fois étonné de ce que ces gens firent lors : je pouvais bien dire que c’était petit et bon11. » Je ne voudrais pas avoir l’air de restreindre les mérites et la portée de Montluc.

1708. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Si j’osais me permettre aujourd’hui une espèce de jugement sur une société à jamais regrettable, dont j’ai été, et dont l’auteur des Mémoires veut bien m’assurer que j’aurais pu être encore davantage, je dirais qu’en admettant qu’il y eût péril et inconvénient par quelque endroit dans ce monde gracieux, ce n’était pas du côté du goût ; il s’y maintenait pur, dans sa simplicité et sa finesse ; il s’y nourrissait de la fleur des choses : s’il y avait un danger à craindre, c’était le trop de complaisance et de charité ; la vérité en souffrait. […] [NdA] C’est ce double sentiment d’admiration persistante pour l’écrivain et de vérité entière sur l’homme, que j’ai essayé de rendre dans mon ouvrage Chateaubriand et son groupe littéraire ; la plupart des critiques n’ont voulu y voir qu’une chose, qui n’y est pas, le désir de rabaisser Chateaubriand ; les lecteurs français sont si pressés et si inattentifs qu’ils n’admettent guère qu’une idée à la fois.

1709. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Mais en prose, et comme vérité exacte, il y a trop à répondre, il se présente trop de noms à opposer à d’autres noms. […] J’ai pris moi-même la part qui me revient de ces allusions timidement désobligeantes, et j’y ai acquis (ce que je ne recherche ni ne fuis jamais) le droit de dire, même à un confrère, la vérité.

1710. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

mais de la vérité, du comique même ; l’Architriclin, le Vatel au désespoir quand il voit que le vin manque ; Jésus averti tout bas par sa mère et réparant le mal sans bruit ; l’étonnement du maître d’hôtel quand il goûte ce vin de la fin qui se trouve le meilleur, tandis que, selon l’usage des noces de ce temps-là (et, m’assure-t-on, de quelques noces de campagne encore aujourd’hui), on donnait le meilleur vin au premier service, et le moins bon au dessert ; car il suffit que cela gratte, quand les palais, une fois, sont échauffés. — Ces noces de Cana seraient tout un tableau flamand, s’il y avait de la couleur. […] Leur conclusion au sujet de l’héroïne d’Orléans, de cette généreuse Pucelle, qui a mis en défaut jusqu’ici toute espèce de fantaisie ou de fiction, et que la vérité seule peut désormais louer, est aussi fort sage.

1711. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

S’étant remis plus tard à composer des comédies nouvelles et non représentées, qu’il publia en 1615, il disait dans la préface en parlant des perfectionnements qu’il avait introduits autrefois dans l’art dramatique et scénique : « Il est une vérité que l’on ne pourra contredire (car c’est ici qu’il faut faire taire ma modestie) : on a vu représenter sur les théâtres de Madrid la Vie d’Alger, de ma composition, la Destruction de Numance et la Bataille navale, où je me hasardai à réduire à trois journées au lieu de cinq les comédies. […] On suppose avec vraisemblance que c’est dans ces années de séjour à Séville qu’il commença à écrire quelques-unes de ses Nouvelles publiées bien plus tard (1613), et où il devait montrer un talent particulier et tout nouveau, vérité d’observation, vivacité de descriptions, esprit, grâce, et une richesse native d’idiome qui n’a pas été égalée.

1712. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Je juge les événements avec calme, j’envisage les dangers sans les craindre ; mais je dois dire la vérité à Votre Majesté, et je désire qu’elle ait assez de confiance en moi pour s’en rapporter à ma manière de voir. […] Vague et chimérique dans ses plans et ses velléités personnelles, il jugeait cependant avec vérité de l’état de l’esprit public en Allemagne, surtout à la suite du dernier décret dit de Trianon, qui portait à l’extrême l’application du blocus continental, et il pronostiquait exactement comme le roi Jérôme, quoique en vertu de désirs et de sentiments tout opposés : « Le système continental, introduit en Allemagne, y marqua, disait-il, une époque décisive pour l’esprit public de cette contrée.

1713. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Que serait-ce si je racontais toute la vérité ? […] En admettant que ce récit a dû être quelque peu dramatisé, on y reconnaît un fond et un premier canevas de vérité.

1714. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais là aussi se retrouvent la vérité, l’élévation, un genre de beauté ; seulement il s’agit presque d’un art différent. […] L’utilité ne se distingue pas de la vérité même.

1715. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

L’éducation intellectualiste repose sur le préjugé objectiviste qui consiste à admettre l’existence d’une vérité en soi qui doit s’imposer à tous les esprits, et cette vérité prend un caractère sacro-saint.

1716. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Tarde193 a bien saisi, sans en tirer tout le parti possible, cette vérité indéniable : que dans une société l’affirmation crée la négation, la thèse l’antithèse, et qu’ainsi s’engagent en tous les domaines une quantité de « duels logiques », comme il les appelle. […] Mais ces contrastes de siècle à siècle peuvent paraître vagues, sujets à caution, d’une vérité qui n’est pas assez rigoureuse.

1717. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Je ne relève ces premiers détails que pour montrer que nous ne pouvons nous attendre, dans ce récit en prose, à trouver toute la vérité et la réalité sur un sujet qui, simplement exposé, nous intéresserait tant. […] Trois endroits m’ont particulièrement frappé en bien dans le volume, et ils ne se rapportent point au roman : c’est d’abord la visite aux Charmettes, où M. de Lamartine a parlé de Rousseau avec éloquence et vérité.

1718. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Enfin, chaque page des Mémoires de Retz nous confirme cette vérité, « que le plus grand malheur des guerres civiles est que l’on y est responsable même du mal que l’on n’y fait pas ». […] Ailleurs, il se livre à nous, sur ce point, avec un accent de vérité qui serait plus fait encore pour nous toucher : c’est à la fin de la seconde Fronde, dans laquelle il tint une conduite si différente de celle qu’il eut dans la première ; mais cette première réputation d’ambitieux à main armée le poursuivait toujours : Est-il possible, disait-on en lui supposant cette visée du ministère, est-il possible que le cardinal de Retz ne soit pas content d’être, à son âge (il avait trente-sept ans), cardinal et archevêque de Paris ?

1719. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Cette étude approfondie produisit un ouvrage en deux volumes qui enterra le drame, ou du moins le fit rentrer dans le tiroir, au grand regret de ceux qui croient qu’il y a autant et plus de vérité dans la peinture morale d’une âme que dans la sèche et épineuse analyse d’une atroce méthode de philosophie scolastique. […] Rester en France, y rentrer du moins dès qu’on le peut honorablement, et, pour cela, désirer simplement y revenir, y achever ou y entreprendre de ces œuvres d’esprit desquelles la politique distrait trop souvent et sans compensation suffisante ; s’adresser dans ces nobles études à la société française, qui est toujours prête à vous entendre, et jamais à cette métaphore changeante qu’on appelle le peuple français ; ne pas mêler à ces œuvres plus ou moins sérieuses ou agréables de ces traits qui ne sont là qu’à titre d’épigramme ou d’ironie, et pour constater qu’on est un vaincu ; s’élever sur les faits accomplis d’hier à un jugement historique, et par conséquent grave et respectueux ; tirer parti avec franchise, et sans arrière-pensée, d’une société pacifiée, mais tout industrielle et matérielle, pour y relever, avec un redoublement de zèle et avec une certaine appropriation au temps présent, les goûts de l’esprit, de la vérité littéraire et historique sous ses mille formes, de tout ce qui n’est incompatible avec un gouvernement ferme que s’il s’y mêle des idées hostiles.

1720. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Il y a dans cette opinion une part de vérité qui ressort de notre analyse précédente. […] Les trois premières explications représentent une partie de la vérité ; la quatrième, qui est la nôtre, nous paraît être la plus fondamentale.

1721. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

La vérité morale avait été explorée, scrutée, pénétrée par l’âge précédent, par le siècle des La Bruyère et des Bourdaloue : alors la vérité sociale fut recherchée pour la première fois, pour la première fois exposée avec quel rayonnement du génie et de l’esprit français !

1722. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Ce qu’on propose ici, de ne traduire les anciens que par morceaux détachés, conduit à une autre réflexion qui, à la vérité, n’a qu’un rapport indirect à la matière présente, mais qui peut être utile. […] Préjugé de traducteur à part, comme il est sans comparaison le plus grand historien de l’antiquité, il est aussi celui dont il y a le plus à recueillir ; mais ce que j’offre aujourd’hui suffira, ce me semble, pour faire connaître les différents genres de beautés dont on trouve le modèle dans cet auteur incomparable, qui a peint les hommes avec tant d’énergie, de finesse et de vérité, les événements touchants d’une manière si pathétique, la vertu avec tant de sentiment ; qui posséda dans un si haut degré la véritable éloquence, le talent de dire simplement de grandes choses, et qu’on doit regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la triste, mais utile connaissance des hommes, qu’on peut acquérir par la lecture de ses ouvrages.

1723. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Ce n’est pas tout : la presse, qui multiplie les récits contemporains, et qui est tour à tour esclave ou complice des partis ou des opinions, est un grand obstacle à la connaissance de la vérité, par la raison même qu’elle est un grand moyen pour y parvenir. […] Nous l’essaierons cependant par la suite, mais avec une respectueuse circonspection ; car cet écrit, qui ne peut renfermer toutes les vérités sur lesquelles repose la société, est destiné du moins à en faire naître le sentiment, sentiment qui a quelque chose de religieux, et qu’on est trop parvenu à éteindre parmi les peuples.

1724. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Les historiens donc ont voulu, chez les anciens comme chez les modernes, faire briller leurs talents, au lieu de faire briller la vérité. […] Dès lors on a pu exiger d’eux l’impartialité ; ils avaient donné ce droit ; mais les poètes, qui furent les premiers historiens, n’avaient pas besoin de chercher l’impartialité ; ils avaient plus que cela ; ils avaient la vérité vue de haut, vue dans l’ensemble des choses.

1725. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Qu’on plonge dans le bain musical, pour la faire passer à la vérité et à la vie, cette notation juste de M.  […] Camille Mauclair sont presque des lieux communs des prédicateurs chrétiens (voyez le sermon sur la haine de la vérité et bien d’autres de Bossuet), lorsqu’ils veulent marquer la place de la société spirituelle de l’Église, dans le monde qui la déteste et l’assaille.

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