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422. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Jusqu’à présent on ignorait que les pompons, les étoffes de Lyon à fleurs d’argent, les sirsaccas, fussent en usage chez les grecs : où est le costume et la sévérité de l’art ?

423. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Avant-propos » pp. 1-5

Le dessein de leur être utile, est même un des motifs qui m’engagent à publier ces reflexions que je donne comme les répresentations d’un simple citoïen qui fait usage des exemples tirez des tems passez, dans le dessein de porter sa republique à pourvoir encore mieux à l’avenir.

424. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Racine, certes, la sentait tout entière, mais il ne la rendait pas également, et il l’accommodait plus ou moins à l’usage de son temps, selon ce qu’on en pouvait porter autour de lui. […] Il est arrivé ainsi, au grand regret et déplaisir déjà de Fénelon en son temps, que la langue française poétique s’est vue graduellement appauvrir, dessécher et gêner à l’excès, qu’elle n’a jamais osé procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire 118, que tout ce qui est droit, licence et gaieté concédée aux autres poésies, a été interdit à la nôtre, et qu’on n’a fait presque nul usage, en cette voie, des conformités naturelles premières qu’on se trouvait avoir par un singulier bonheur avec la plus belle et la plus riche des langues, conformités que, deux siècles et demi après Henri Estienne, Joseph de Maistre retrouvait, proclamait hautement à son tour119, et qui tiennent en bien des points à la conformité même du caractère et du génie social des deux nations. […] » — Une autre fois, s’adressant suivant l’usage à la lampe, il la suppliait de s’éteindre plutôt que de favoriser de sa clarté les plaisirs d’un autre, et il souhaitait de plus que cet autre tombât tout d’un coup accablé de sommeil, comme ce beau dormeur Endymion, lequel, on le sait, ne sentait pas son bonheur. […] Tu souffres ce que tu as mérité, brûlée que tu es d’un miel cuisant. » Les Anciens faisaient grand usage de miel ; ils le combinaient avec le vin, ils le faisaient cuire au feu ; les poëtes érotiques sont pleins d’images empruntées à ces mélanges.

425. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Les sens sont à l’usage de chaque individu, abstraction faite de ses rapports avec la société ; mais chaque individu a été doué d’un sens intellectuel, que j’appellerai le sens social : c’est la parole. […] Au reste, sans entrer dans un tel ordre de recherches qui ne laisserait pas assez de prise à la discussion, je puis m’arrêter quelques instants sur les traces incontestables d’usages antiques. […] Rousseau s’était servi de ces mots si souvent cités depuis : La parole paraît avoir été fort nécessaire pour établir l’usage de la parole. […] On s’en tirera par un choix de phrases prises dans des ouvrages consacrés, et où l’on retrouvera le mot employé dans tous les sens qui lui ont été imposés soit par l’usage, soit par le génie particulier des auteurs.

426. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

le public, l’usage ! […] Il y a des usages très respectables qu’il est non seulement injuste, mais très dangereux de mépriser : le sage est modeste, il se défie de ses lumières ; il ne croit pas avoir plus de sens et d’expérience que les anciens ; il est porté à croire qu’un usage même dont il n’aperçoit pas l’utilité, n’a cependant pas été établi sans de bonnes raisons. […] Il est étonnant que nos poètes tragiques n’aient pas fait un plus fréquent usage des mœurs, des usages et du caractère des chevaliers. […] En s’accommodant à un usage qu’ils méprisaient, ils n’étaient pas pour cela contraints de violer leurs devoirs les plus essentiels. […] voulez-vous m’ôter l’usage de mon cœur, Et des liens du sang me faire des entraves ?

427. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Lorsque l’Académie française existait, cette société recueillait toutes les années les mots que l’usage ou les bons écrivains avaient introduits, et déclarait quels étaient ceux que l’usage avait proscrits.

428. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

. — Sous toutes ces formes et dans tous ces usages, elle apparaît comme une puissance régulatrice et organisatrice des instincts, des sentiments et des idées, comme le principe directeur de la vie, le guide de la conduite, comme la manifestation la plus haute de la personnalité. […] Tout homme a son mensonge vital ; beaucoup vivent de celui auquel leur race et leur milieu social les a adaptés dès l’enfance ; d’autres choisissent parmi les mensonges collectifs qu’ils trouvent préparés d’avance par les dogmes religieux ou laïques ; d’autres enfin se forgent, pour leur usage personnel, et avec leur tempérament propre, le mensonge vital qui leur convient.

429. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Aux yeux du réalisme, un homme à genoux devant l’invisible ressemble fort à un nigaud, et, si les libations antiques étaient encore d’usage 51, bien des gens diraient comme les apôtres : Utquid perditio haec ? […] La libation est de tous les usages de l’antiquité celui qui me semble le plus religieux et le plus poétique : sacrifice !

430. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Je sais bien que, suivant l’usage, on a poussé jusqu’à l’excès des investigations qui avaient le mérite de la nouveauté. […] Comme pour un criminel, on recourt à l’exacte et méticuleuse anthropométrie en usage dans les prisons.

431. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Est-ce faire connaître un palais, de n’en montrer que les portions consacrées aux usages les plus rebutans ? […] Nous avons, contre l’usage, adopté le sentiment de l’académie pour l’orthographe de ce mot, appuyés aussi sur son origine, eremus, désert.

432. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Je ne parle point ici de ces idées fugitives et délicates qui tiennent seulement aux usages du monde, à une élégance convenue : ces idées, tout en nuances, sont, par leur nature même, mobiles et passagères. […] Rien ne peut faire que le diamant ne contînt de la lumière avant d’entrer dans le creuset mortel ; rien ne peut faire non plus que les idées qui ont cessé d’être à notre usage n’aient longtemps éclairé le monde.

433. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

En effet, on en est venu à repousser l’autorité des siècles, l’autorité des usages, l’autorité des traditions. […] La liberté est nécessaire pour établir la moralité des actions ; et nul être n’est libre, s’il ne peut faire un mauvais usage de ses facultés.

434. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

On l’eût traité de fantasque ou d’indiscipliné, qui refusait de s’astreindre au commun usage, et, avec tous les « honnêtes gens », de travailler à l’œuvre commune. […] Mais pour apprendre à penser, comme il fallait convenir du pouvoir ou de la valeur des mots, en en fixant le sens et en en limitant l’usage, il fallait, pareillement, qu’après en avoir éprouvé le titre et l’aloi, on convînt de la valeur et du pouvoir des idées. […] Ne puis-je pas ajouter que, lorsque l’on trouve, dans une bibliothèque, comme dans la sienne, jusqu’à dix-neuf éditions de la Bible — hébraïques et grecques, latines et françaises, anglaises et allemandes, — c’est que le possesseur en a sans doute l’usage ? […] Cela, dira-t-on, est nécessaire, parce que les hommes, abusant de leur prospérité, en deviennent si insolents qu’il faut qui leur chute soit la punition du mauvais usage qu’ils ont fait des faveurs du ciel, la consolation des malheureux, et une leçon pour ceux à qui Dieu fera des grâces à l’avenir. […] Les présidents à mortier font des observations sur « l’usage des glandes rénales », à moins qu’ils ne dissertent sur « les causes de la transparence des corps ».

435. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Elle en a banni, la premiere, un héroïsme chimérique, & en a réduit la fiction à la peinture des mœurs, des caracteres & des usages de la Société.

436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

Un tel usage du pouvoir est si contraire à l’idée du Gouvernement, que ce fut pour enchaîner ce pouvoir aveugle & féroce, que le Gouvernement fut institué : c’étoit pour que les hommes fussent libres, qu’il étoit nécessaire qu’ils fussent gouvernés : car le caractere de la multitude est de se laisser entraîner par la fougue des passions ; & ce fut pour nous soustraire à la tyrannie de la foule, que les Rois nous furent donnés.

437. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Le si vis me flere, dolendum est, d’Horace, n’est jamais si heureusement mis en usage, que quand il l’est avec modération.

438. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Malgré l’austérité de sa vie, les Ecrits qu’il composa dans sa retraite, ont la teinture d’un esprit poli par l’usage du grand monde, & cultivé par l’étude de la bonne Littérature ; ce qui donnera toujours un nouveau prix aux Ouvrages de piété.

439. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

En donnant de nouvelles bases à la morale, l’Évangile a modifié le caractère des nations, et créé en Europe des hommes tout différents des anciens par les opinions, les gouvernements, les coutumes, les usages, les sciences et les arts.

440. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Les Loix Ecclésiastiques de France dans leur ordre naturel, & une analyse des livres de droit canonique, conferés avec les usages de l’Eglise Gallicane, in-fol. 1756. par M. d’Hericourt.

441. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 10, objection tirée des tableaux pour montrer que l’art de l’imitation interesse plus que le sujet même de l’imitation » pp. 67-70

Un peintre peut donc passer pour un grand artisan, en qualité de dessinateur élegant, ou de coloriste rival de la nature, quand même il ne sçauroit pas faire usage de ses talens pour répresenter des objets touchans, et pour mettre dans ses tableaux l’ame et la vraisemblance qui se font sentir dans ceux de Raphaël et du Poussin.

442. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

L’usage de ce qui se passe dans le monde et l’experience de nos amis au défaut de la nôtre, nous apprennent qu’une passion contente s’use tellement en douze années, qu’elle devient une simple habitude.

443. (1926) L’esprit contre la raison

Crevel reprend le leitmotiv surréaliste : « les usages littéraires ne seront jamais que des simagrées » ; mais la dénonciation de la rhétorique passe par une surenchère ironique, aux limites du pastiche de discours de remise des prix jusqu’à ce que déraille la métaphore filée. […] Ayons pitié des hommes qui n’ont compris que l’usage littéraire qu’ils pouvaient en faire et qui se vantent par là de préparer la renaissance artistique qu’appelle et qu’ébauche la renaissance sociale de demain. »am Et certes, en dépit des cadres de brutalité qu’on pourrait leur combiner, les usages littéraires ne seront jamais que des simagrées. […] Sous couleur de civilisation, sous prétexte de progrès, on est parvenu à bannir de l’esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère, à proscrire tout mode de recherche de la vérité qui n’est pas conforme à l’usage. […] Où l’on traite de la Nature de l’Esprit de l’homme, & de l’usage qu’il en doit faire pour éviter l’erreur dans les Sciences (1674-75).

444. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Conséquent dans ses doctrines, il a réclamé pour tous l’usage et la protection des lois ; il entendait que chacun pût librement exprimer son amour ou sa haine, et que la faction même qui avait voulu anéantir la presse s’en servit pour sa défense.

445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Peu d’Ecrivains, sans se faire un objet capital de l’étude des Belles-Lettres & des Sciences, ont acquis plus d’érudition, & ont su en faire un usage aussi estimable & aussi utile.

446. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

, elle pourrait atténuer, non la médiocrité, mais l’incohérence des discours et des écritures auxquels l’usage nous contraint de prêter quelque attention.

447. (1923) Paul Valéry

Les différentes réalités matérielles, personnelles, idéales, logiques, dit-il dans l’Introduction « peuvent se considérer comme des portions finies d’espace ou de temps contenant diverses variations, qui sont parfois des objets caractérisés et connus, mais dont la signification et l’usage ordinaire sont négligés pour que n’en subsiste que l’ordre et les réactions mutuelles. […] Les images se fondent, s’évanouissent. » Tantôt un monde de rapports mathématiques, de symétries, de modules, d’échelles (et de leurs ruptures savantes) réalise dans l’espace un or pur, désintéressé, dont les autres techniques figurent le billon et l’usage commercial. […] Il les plie à un usage social. […] Y a-t-il un usage pur des mots, des mots proprement dits, et des grands mots (vers, poème), analogue à cet usage pur de la raison, exposé et imposé par Spinoza dans l’ordre de la raison théorique, par Kant dans l’ordre de la raison pratique, — une poésie pure comme il y a une physique pure et une mathématique pure ? Non plus que l’usage logique, ni cet usage plastique vers lequel a incliné le Parnasse, ni cet usage musical vers lequel a penché le symbolisme, mais un usage uniquement et techniquement poétique.

448. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Car, enfin, ce n’est pas l’usage de prendre, sans y être autorisé, la signature d’un écrivain, cet écrivain fût-il un oncle.

449. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Les hommes toujours avides de demêler le ridicule d’autrui, et naturellement desireux d’acquerir toutes les lumieres qui peuvent les autoriser à moins estimer les autres, devroient donc trouver mieux leur compte avec Thalie qu’avec Melpoméne : Thalie est encore plus fertile que Melpoméne en leçons à notre usage.

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