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622. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

On n’attend pas que je puisse, en quelques pages, donner une idée complète de la valeur d’Alfred Giard et de ses travaux très variés. […] Il se mit au travail et en 1809 il pouvait faire imprimer à Leipzig son ouvrage capital, la Théorie des quatre mouvements. […] Tout travail est choisi : celui-là jardine, dont c’est le goût ; cet autre laboure, cet autre est charpentier, ou peintre, ou musicien. […] Et quant à sa laborieuse méthode de travail elle témoigne de la difficulté qu’il éprouvait à coordonner ses idées et à trouver l’expression définitive. […] Le travail engendre des besoins qui corrompent la santé.

623. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Ce sera là, si on le veut bien, l’objet d’un nouveau travail. […] et jusqu’aux travaux assez précis de la poésie. l’art est toujours précis : la précision la plus savante et rigide, au service de l’imprécis. […] Mais je ne puis que renvoyer aux solides travaux de M.  […] Tant que ce travail est profond, comment serait-il véritablement conscient ? […] Personne ne peut se passer du travail manuel, et la logique est d’autant plus forte que le sentiment en est le conducteur.

624. (1909) De la poésie scientifique

Ce que je loue avant tout, c’est cette tentative de poser dès le début de la vie la première assise d’un travail dont l’architecture est sue dès aujourd’hui de vous, et de ne point produire au hasard… Il y a lieu de s’intéresser énormément à votre effort d’orchestration écrite. »14 Cette révolutionnaire Introduction démontrait donc la nécessité pour la poésie de partir désormais des données de la Science, et de s’émouvoir des idées modernes. […] Je donnai entrée dès lors dans le domaine poétique « à la poésie des milieux modernes, des, villes, des champs », aux activités ouvrières, les usines, les trains par les horizons, les travaux aux âmes mécaniques, l’œuvre des champs et les Banques et l’Or ! […] Il apporte la théorie de nouvelle technique poétique, « l’Instrumentation verbale », dont l’édition de 1887 précisait, de notes et d’un appendice, les données desquelles la partie intuitive s’avérait : les travaux de Helmholtz et de Kratzenstein, sur les harmoniques, dont il était ainsi parlé en Poésie, pour la première fois. […] Les travaux de Helmholtz et de Krazenstein sur les harmoniques ont démontré que les Voyelles doivent être considérées comme des timbres-vocaux. […] Et surtout, n’est-ce point de là que vient en reprise des travaux de Helmholtz et d’autres, l’étude de plus en plus suivie de la graphophonie où se distinguent actuellement, en France, MM. 

625. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

À côté de lui est un grand gaillard brun et grave, un homme de la Bourse, toqué d’Égypte, et qui, sous le bras, un plâtre d’un Chéops quelconque, expose en phrases solennelles son système de travail : se coucher à huit heures du soir, se lever à trois heures, prendre deux tasses de café noir, et aller en travaillant jusqu’à onze heures. […] Et dans le fouillis des branches de ce triple arbre une infinie musique emplissant l’oreille, du bruit d’un monde ailé en travail, d’un murmure heureux, d’un susurrement comme grisé de millions de petites chansons balancées aux millions des feuilles ; l’hymne de cent ruches d’abeilles butinant dans la flore de ce morceau de forêt, et l’emplissant de je ne sais quelle vie dodonienne. […] Il y a dans ce travail de l’amabilité une énervante dépense physique du soi-même. […] Un curieux travail sur ce petit diable de Loudun que le champagne transvase dans la femme, sur cette petite bête hystérique qu’il déchaîne, qu’il lâche en elle et qui court jusqu’au bout de ses doigts, soudain frémissants et prêts à pincer, de ce rien de gaz qui met en folie sa matrice et sa cervelle, apporte un frétillement agressif à ses nerfs, un glapissement à sa voix. […] La femme du peintre qui était en relation avec la Revue des Deux Mondes, la confiait à Planche qui la remaniait avec beaucoup de travail et de soin.

626. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Cela tenait à des maux d’estomac, et ceux-ci venaient du nombre de choses diverses que je faisais, des travaux et des études multiples du professorat… Edwards, qui me soignait, disait à ma première femme : « Il se pourrait qu’il devînt fou ou qu’il mourût. » Un séjour de six semaines en Italie n’amenait aucun mieux. […] * * * — Tous ces jours-ci, à propos de notre livre, tristesse, ennui, angoisse sourde, inquiétude, disposition à voir noir, supputation des mauvaises chances, travail d’écureuil de l’esprit dans le même cercle de pensées de doute, de défaillance, de désespérance. […] Et les vides que nous laisse cette existence, toute aux lettres, les entractes de notre travail, nous les comblons, oui, bien incomplètement, par cette froide et bonhomme distraction : la collection. […] Savez-vous si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de son prodigieux effort, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, — de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?  […] Il semble qu’en sortant de la chambre de son amant, elle y laisse son sexe comme un outil de travail.

627. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Les traits caractéristiques de la littérature des détraqués se retrouvent dans celle des criminels et des fous, que nous ont fait récemment connaître les travaux de Lombroso, de Lacassagne et des criminalistes italiens302. […] C’est précisément pour faire illusion sur la stérilité du fond que les décadents poussent au dernier degré le travail de la forme : ils croient suppléer au génie par le talent qui imite les procédés du génie. […] Un travail sans but exaspère : de là le spleen de ceux qui n’ont pas besoin de travailler pour vivre, de là aussi l’ennui qu’éprouvent et qu’inspirent les formistes purs en littérature. […] Je ne sais pas de travail plus noble ni d’une application plus large. » Nous voilà revenus aux espérances de l’époque romantique : réformer les mœurs et inspirer les lois. […] Tout objet de luxe représente une quantité quelquefois considérable de travail social improductif.

628. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Les enfants blancs qui résisteraient au régime des coups de fouet et de travail forcé des planteurs, recevraient au bout de 15 ans, une dot de 5 à 6 cents francs. La philanthropie bourgeoise qui a inventé la prison cellulaire, le travail forcé des femmes et des enfants dans les ateliers, qui valse et minaude dans les bals de charité pour apaiser la faim des affamés, devrait reprendre le projet du général Hugo et en faire le complément de la loi des récidivistes16. […] Le travail, l’industrie, l’art, c’est-à-dire la pauvreté. […] En Suisse, en Belgique, en Angleterre, partout enfin, des bourgeois, tout ce qu’il y a de plus bourgeois, n’ont-ils pas ouvert leurs bourses, pour secourir les proscrits sans pain et sans travail, ce que n’a jamais fait Victor Hugo, l’ex-proscrit millionnaire ? […] Et nous ajoutons : il n’y a pas de travail plus utile.

629. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Pour pouvoir écrire l’œuvre d’art pure, il fallait pouvoir l’expliquer dans des travaux latéraux. […] Pigeon ayant appris par la voie du Figaro qu’un petit héritage lui incombait, voulait incontinent retrouver ses loisirs et ses travaux de critique d’art. […] Donc le branle est donné autour d’une idée vicieuse, et, comme des cercles concentriques, toutes les classes gravitent autour de cette ambition : échapper à la loi du travail. […] Savoir si consacrer une partie de la journée à un travail physique entraverait l’art et la science en leur développement chez un cerveau, peut se résoudre en un sens favorable aux idées de Tolstoï ; si vous remplacez le mot travail, qui implique fabrication ou soins réguliers et toujours les mêmes apportés à une profession, par le mot exercice, vous découvrirez que l’opinion est vraie. […] Pour ces professeurs et savants, le travail manuel ou l’exercice, l’hygiène par quel moyen que ce soit serait plus profitable à l’espèce et à eux-mêmes que ce qu’ils font.

630. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

On dirait que l’Anglais met dans le travail des mains la délicatesse que nous mettons dans celui de l’esprit. […] Du travail naît la santé ; de la santé la paix, source de toute joie. […] Sa Muse, encore enfant, ignorait l’art du poète, fruit du travail et du temps. […] Grâce aux travaux de M.  […] En rendant compte des travaux de M. 

631. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Trois équipes de maçons sont au travail et s’interpellent du haut de leurs échafaudages. […] La division du travail fonctionne ici fort bien. […] La maladie du scrupule qui refuse de se plier aux nécessités du travail accéléré sous prétexte que c’est du travail hâtif, à celles du travail utile sous prétexte que ce n’est pas du travail définitif, a rendu stériles bien des vies laborieuses. […] Et nous tirons notre chapeau devant un homme qui a accompli, dans cet ordre, le grand, le puissant travail que Brunetière nous a légué. […] C’est cela le travail.

632. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Delacroix s’est livré aux immenses travaux, et il n’a pas désarmé l’opinion. […] Rousseau a le travail compliqué, plein de ruses et de repentirs. […] Sa gloire naissante et ses travaux ont été soudainement interrompus. […] Apollon et les Muses, fantômes impérieux, dont les formes divines éclatent dans la pénombre, surveillent vos pensées, assistent à vos travaux, et vous encouragent au sublime. […] On dirait que souvent, dans son ardeur précipitée de travail, il oublie des muscles et néglige le mouvement si précieux du modelé.

633. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Avant de passer moi-même à l’étude de La Boétie et de profiter du travail de mes guides et de mes devanciers, de M.  […] Après cette justice rendue à des efforts et à des travaux qui me semblent si bien concourir et s’accorder, j’en viens à mon sujet même. […] Dezeimeris a retrouvé là un La Boétie primitif, antérieur, philologue et tout à fait neuf, un La Boétie admiré de Scaliger avant de l’être de Montaigne. — Ces humbles travaux d’histoire littéraire seraient sans cesse à retoucher et à remettre au courant : la vie n’y suffit pas. […] Je laisse ce point à discuter à M. le docteur Payen, dans un travail supplémentaire que je sais qu’il prépare.

634. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Plus récemment, dans un travail philosophique non moins intéressant et des plus complets, où il a puisé aux meilleures sources biographiques, M.  […] Ce sont ses mémoires à bâtons rompus, ses confessions : Je ne me suis laissé aller, dit-il, à composer de pièces et d’idées détachées ce recueil historique, moral et philosophique, que pour ne pas perdre les petits traits épars de mon existence ; ils n’auraient pas mérité la peine d’en faire un ouvrage en règle, et je ne donne à ce petit travail que des minutes très rares et très passagères, croyant devoir mon temps à des occupations plus importantes. […] Il aurait pu y mettre en épigraphe cette pensée de lui : « J’ai vu, au sujet des vérités si importantes pour l’homme, qu’il n’y avait rien de si commun que les envies, et rien de si rare que le désir. » Quand on songe que ce dernier ouvrage, L’Homme de désir, paraissait en regard des Ruines de Volney, on sent que le siècle, à ce moment extrême, était en travail, et qu’en même temps qu’il donnait son dernier mot comme négateur et destructeur, il lui échappait une étincelle de vie qui, toute vague qu’elle était, disait que l’idée religieuse ne pouvait mourir. […] Ce travail n’avait rien d’ingrat pour lui.

635. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Une des plus singulières aberrations de Saint-Martin était de croire que ce Crocodile, avec un peu plus de travail et moins de négligence, et, comme il dit, avec une lessive de plus, aurait pu devenir un bijou. […] Cela n’empêche pas qu’il me venait quelquefois sur le terrain, pendant mon travail, quelques réflexions par rapport au blut (c’est-à-dire, sans doute, la séparation de la pure farine d’avec le mauvais mélange). […] — La douleur, dans l’homme et hors de l’homme, lui paraissait le cri universel, et il eût dit volontiers avec l’Apôtre : « Toutes les créatures soupirent et sont comme dans le travail de l’enfantement, attendant avec grand désir la manifestation des enfants de Dieu. » Il se rapprochait et se séparait de Rousseau par bien des points. […] Tous nos profits, tous nos revenus, devraient être le fruit de notre travail et de nos talents ; et ce renversement des fortunes opéré par notre Révolution nous rapproche de cet état naturel et vrai, en forçant tant de monde à mettre en activité leur savoir-faire et leur industrie.

636. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Je voudrais que vous voulussiez bien examiner avec soin ces travaux de jeunesse, pour me dire ce que vous en pensez ; je désire savoir s’ils méritent d’entrer dans la prochaine édition de mes Œuvres. […] Il conserve sa manière de voir pure et droite, et il augmente tous les jours ses connaissances ; sa pénétration, l’étendue de sa vue s’agrandissent ; l’excitation qu’il me donne par la part qu’il prend à mes travaux me le rend inappréciable 49. » Et c’est ainsi que se complète autour du grand esprit de Weimar ce ministère général de l’intelligence dont il est le régulateur et le président ; ou, si l’on aime mieux, on y peut voir un petit système planétaire très bien monté, très bien entendu, dont il est le soleil. […] Si l’on s’est trompé dans le dessein de l’ensemble, te travail entier est perdu ; si dans un vaste sujet on ne se trouve pas toujours pleinement maître des idées que l’on vient à traiter, alors de place en place se voit une tache, et l’on reçoit des blâmes. […] J’emprunte pour ces parties si bien traduites à un travail inédit d’un jeune admirateur de Gœthe, M. 

637. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y faut tant de préparation en effet, que je me dis quelquefois qu’au milieu de cette vie pressée, affairée, bourrée de travaux et d’études, où chacun en a assez de sa veine à suivre et de sa pointe à pousser, ceux même qui sont du même métier et du même bord n’auront pas toujours le temps, l’espace, la liberté et l’élasticité d’impressions nécessaires pour être justes envers leurs devanciers. […] Villemain excita en lui jusqu’à l’exaltation tout ce qu’il avait d’inclination littéraire ; il eut au plus haut degré le sentiment de sa vocation en ce genre ; il eut comme une vision de tout l’avenir qui lui était réservé s’il eût cultivé exclusivement les Lettres ; il lut page à page toute cette histoire de travaux, d’émotions, de succès, d’influence, qui aurait pu être la sienne aussi, et que son dévouement à des devoirs religieux avait tout entière annulée ; il vit à la fois tout ce qu’il avait sacrifié, et fut tenté (car c’est bien ainsi qu’il voyait la chose) d’un amer et indicible regret. […] Je ne m’en étonne pas14, mais je n’en apprécie que mieux l’humeur ouverte et plus sereine, l’inaltérable bienveillance, le travail littéraire tout désintéressé, et presque riant dans ses choix, du jeune réfugié de 1852. […] J’ai vu l’abeille au travail ; son miel ne m’en est pas moins doux, et il m’en paraît plus savant

638. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Ces Annexes, que le présent biographe n’a pas dédaigné de joindre à son travail d’archives, sont curieuses ; je dirai presque qu’elles sont dignes de ce temps-ci où l’on n’oublie rien et où l’on attache une importance, parfois bien disproportionnée, à de pures vétilles, pourvu qu’elles commencent à vieillir. […] Ce qu’il y a de plus fatigant encore, ce sont toutes ces présentations qui ne finissent pas ; et elle veut retenir tous les noms, ce qui est un travail d’esprit terrible ; sans cesse occupée d’ailleurs de plaire et d’attentions. […] Le roi cependant aimait sa belle-fille ; il l’aimait « autant et plus peut-être que ses propres enfants » ; il l’appelait familièrement de son petit nom de Pépa ; à ses premières couches, il se montra le père le plus affectueux et le plus tendre : « Le roi lui a constamment tenu la main pendant le travail, et l’on peut dire qu’elle est accouchée entre ses bras ; aussi en suait-il à grosses gouttes. » Mais que de difficultés et d’intrigues dans cette Cour partagée et divisée : la reine, Mesdames, Mme de Pompadour, et alentour, et au-dessous, des tourbillons d’ambitions sans nombre, tous se jalousant, se haïssant, et cherchant à s’emparer de cette puissance nouvelle qui entrait en scène ! […] Un des plus consciencieux écrivains du maréchal, dans son estimable travail, s’en est trop remis de confiance à l’auteur de cette Notice, Dumolard, écho de la famille, et qui a fait de Mme Favart un modèle de vertu des plus touchants, dont le maréchal n’aurait eu raison qu’après des années.

639. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Sa fréquentation devait me révéler la misère en redingote de ces éducateurs de la jeunesse, instruits, intelligents pour la plupart, insuffisamment rémunérés et que je voyais descendre, en dehors de leur service, à des travaux bas et vulgaires, pour gagner de quoi équilibrer leur maigre budget. […] Il s’était consacré, paraît-il, sur la fin, à des travaux de pure érudition. […] « C’est alors que Baju vint, et, en vue de congréger “les forces éparses en un faisceau unique”, pour me servir de ses propres expressions rapportées au commencement de ce travail, fonda le Décadent, au milieu de quelles difficultés, avec combien de bravoure et de furie, ce n’est rien que de le dire. […] Le travail n’a pas de sexe, et plus les femmes en font, moins il en reste pour les hommes.

640. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Madame Gros a rassemblé, dans un travail qui nous a été communiqué, les souvenirs les plus originaux de ses chers petits sauvages, comme elle les appelle, leurs bons mots, leurs hauts faits et surtout leurs progrès dans le bien. […] Il est profondément religieux et n’a d’autres délassements que la lecture et le travail des champs. […] Après la mort de leur bienfaitrice, Francilie nourrit sa mère de ses petits travaux de couture. […] Céline Landrin à Saint-Denis, île de la Réunion, a soutenu, de son travail, pendant plus de quinze ans, une vieille demoiselle délaissée par sa famille ; elle a soigné un noir atteint de la lèpre ; sa vie est un perpétuel exercice de suave pitié.

641. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais son organisation, même dans sa fougue, ne se laissa jamais détourner du travail opiniâtre qui devait le conduire au but : Cet auteur est une preuve, a dit La Harpe (son rival), de ce que peut le travail obstiné et la force des organes… Il était né avec de l’esprit, et, se levant tous les jours à cinq heures du matin, étudiant jusqu’au soir, il avait acquis des connaissances littéraires. […] C’est autant de peine de moins et de loisir de plus pour composer, au lieu de me donner une peine inutile en me dévouant à un simple travail de mémoire. […] L’auteur, en se remettant à cet estimable travail, s’est évidemment ressouvenu des heures appliquées de sa jeunesse, et il les a recommencées avec charme et avec fruit.

642. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

François Barrière, qui, dans le Journal des Débats les a payés de deux années de veilles, et qui a bien voulu donner à leur travail historique l’autorité d’une critique compétente et presque d’un témoignage contemporain. […] Le public et la critique ont bien voulu nous tenir compte de notre travail : nous les en remercions. […] Il faut courir les bibliothèques, acheter, obtenir communication, rassembler, par mille moyens et par mille fatigues, les éléments uniques et dispersés du travail. […] Cette histoire qui demande ces travaux, ces recherches, cette assimilation et cette intuition, nous l’avons tentée.

643. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Ce qui entre par l’oeil, au contraire, ne peut sortir par les lèvres qu’après un travail original de transposition ; raconter ce qu’on a vu, c’est analyser une image, opération complexe et laborieuse ; dire ce que l’on a entendu, c’est répéter des sons, peut-être comme un mur. […] Certains devraient se donner cette fonction d’annuler, par une critique impitoyable, le travail des imitateurs, grattage et lavage. […] Le nombre des combinaisons possibles (il y a peut-être cent mille clichés dans Goyer-Linguet) touche à l’infini dans l’absolu ; elles sont toutes mauvaises, et le jeu est dangereux qui habitue l’esprit à recevoir, sans travail et sans lutte, la becquée. […] Pour comprendre Balzac, il faut 1° le considérer comme un historien, soucieux avant tout d’être exact, et de bien expliquer la vie ; 2° en référer à sa méthode de travail : « En travaillant trois jours et trois nuits, j’ai fait un volume in-18 intitulé : Le Médecin de Campagne.

644. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Les fonctions, même les plus importantes, la respiration, la digestion, la sécrétion, sont en grande partie des actions chimiques, et Hegel a pu définir avec justesse la vie « un travail chimique qui dure ». […] Lorsque le philosophe prend d’un côté un morceau de marbre, et de l’autre une grande pensée, un grand sentiment, un acte de vertu, il n’a pas de peine à démontrer que ces phénomènes répugnent à la nature du marbre ; mais, lorsque d’intermédiaire en intermédiaire il s’est élevé du minéral au végétal, du végétal à l’animal, de l’animal à l’homme, lorsqu’il passe du travail chimique au travail vital, de là au travail psychologique, — lorsque enfin il vient à remarquer que de la vie consciente à la vie inconsciente, et réciproquement, il y a un va-et-vient perpétuel et un passage insensible et continu, il ne peut s’empêcher de demander en quoi consiste ce moyen terme entre l’âme pensante et la matière brute, qui lie l’une à l’autre, et qui, sans pouvoir se séparer de la seconde, est ici-bas la condition indispensable de la première.

645. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Son travail est commencé ; de nouvelles tendances se manifestent ; des réputations s’esquissent qui grandiront à leur tour. […] Je sais que seul un juste ouvrage peut posséder l’éternité Je m’applique à ce dur travail obstinément. » Ce style singulier et immodeste, ce panthéisme cessèrent rapidement d’être à la mode. […] Une partie du public en est venue à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité. […] dans la poussière d’or, si tu sais méditer, t’enseignera des métaphysiques, etc. — »… Même ceux qui n’ont jamais mis les pieds hors de Paris, mais qui ont lu Mme de Sévigné (Lettre à M. de Coulanges. 1671, 22 juillet), n’ignorent pas que les faneuses sont des ouvrières qui tournent et retournent les foins fauchés pour en activer le dessèchement et empêcher la fermentation qui les aigrit et parfois les enflamme brusquement ; ce travail n’a rien de commun avec la moisson, qui est la récolte des blés et des orges et des seigles.

646. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Le travail l’abrège et l’adoucit par la bonne méthode ; cherchons-la. […] Voilà donc le fruit de sept à huit années d’un pénible travail et d’une prison continue. […] Si le plan général est au-dessus des ressources du moment, attendre d’un avenir plus favorable son entière et parfaite exécution, mais ne rien abandonner au caprice de l’avenir ; en user avec une maison d’éducation publique comme en use un architecte intelligent avec un propriétaire borné dans ses moyens ; si celui-ci n’a point de quoi fournir subitement aux frais de tout l’édifice, l’autre creuse des fondements, pose les premières pierres, élève une aile, et cette aile est celle qu’il fallait d’abord élever ; et lorsqu’il est forcé de suspendre son travail, il laissé à la partie construite des pierres d’attente qui se remarquent, et entre les mains du propriétaire un plan général auquel, à la reprise du bâtiment, on se conformera sous peine de ne retirer de la dépense qu’on a faite et de celle qu’on fera qu’un amas confus de pièces belles ou laides, mais contradictoires entre elles et ne formant qu’un mauvais ensemble. […] Ou il rapportera toute la connaissance humaine aux principales facultés de notre entendement, comme nous l’avons pratiqué dans l’Encyclopédie, rangeant tous les faits sous la mémoire ; toutes les sciences sous la raison ; tous les arts d’imitation sous l’imagination ; tous les arts mécaniques sous nos besoins ou sous nos plaisirs ; mais cette vue qui est vaste et grande, excellente dans une exposition générale de nos travaux, serait insensée si on l’appliquait aux leçons d’une école, où tout se réduirait à quatre professeurs et à quatre classes : un maître d’histoire, un maître de raison, une classe d’imitation, une autre de besoin.

647. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Il faut voir le tourment, l’inquiétude, le chagrin, le travail du poëte lorsque cette harmonie se refuse. […] Au bout de cinq à six mois de son installation dans la place de fermier général, lorsqu’il vit l’énorme masse d’argent qui lui revenait, il témoigna le peu de rapport qu’il y avait entre son mince travail et une aussi prodigieuse récompense ; il regarda cette richesse si subitement acquise comme un vol, et s’en expliqua sur ce ton à ses confrères, qui en haussèrent les épaules, ce qui ne l’empêcha pas de renoncer à sa place. […] Mais on le compare malheureusement avec un Vernet qui en alourdit le ciel, qui fait sortir l’embarras et le travail de la fabrique, qui accuse les eaux de fausseté, et qui rend sensible aux moins connaisseurs la différence d’une figure faite avec grâce, facilité, légèreté, esprit, mollesse, et d’une figure qui a du dessin et de la couleur, mais qui n’a que cela ; la différence d’un pinceau vigoureux, mais âpre et dur et d’une harmonie de nature ; d’un original et d’une belle imitation ; de Virgile et de Lucain. […] Beau dessin, crayon large, grands animaux, économie de travail merveilleuse.

648. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Or moins l’imagination du poete est gênée par le travail mécanique, mieux cette imagination prend l’essort. […] quadrupetante putrem sonitu quatit ungula campum. ce vers contient dix-sept syllabes, mais il ne dure pas plus long-temps dans la prononciation, que le vers suivant qui n’en renferme que treize, et que Virgile a fait pour décrire le travail des cyclopes, qui lévent leurs bras armez de marteaux pour battre sur l’enclume ; effet que décrit le vers qui le suit immédiatement. […] On peut juger de la difficulté de ce travail en faisant réflexion que l’inversion des mots n’est pas permise à nos poëtes dans la vingtiéme partie des occasions où elle étoit permise aux poëtes latins. […] Peut-on d’ailleurs ne point regarder le travail bizarre de rimer comme la plus basse des fonctions de la mécanique de la poësie ?

649. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Des raisons de différent ordre peuvent expliquer cette fécondation de l’individu par lui-même, par exemple de graves imperfections physiques du sujet, l’influence d’un milieu puritain ou idéaliste, l’habitude de travaux spécialement intellectuels pervertissant la vie corporelle. […] C’est à ce travail qu’il consume peu à peu son existence en précieuses voluptés intellectuelles dont témoignent les rides prématurées d’un visage que n’éclaira jamais aucun rayon de saine joie.‌ […] Puisque vous n’atteignez dans vos œuvres aucun sens général et positif de la vie, que ses richesses et ses couleurs, ses millions de formes et ses ardeurs, ses printemps et ses hivers, vous sont inconnus et même odieux, je ne vois pas que le travail accompli par le plus simple ouvrier de fabrique soit inférieur à vos précieux produits. […] Mes sens fleurissent d’une flamme vive, Mon âme chante des psaumes allégresse, Mon sang projette des hymnes, Mes membres se gonflent de force pour tout travail.

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