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984. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

J’en parle par conjecture ; car ce monde m’est entièrement inconnu, et je pourrais plus facilement citer d’illustres exceptions que dire précisément ceux sur qui tombe ici mon reproche. […] Au contraire, ce nuage des petits intérêts étant tombé pour le passé, il nous apparaît grave, sévère, désintéressé.

985. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

La goutte d’eau qui tombe du rocher perce la montagne, pourquoi la goutte d’eau qui tombe d’un esprit ne percerait-elle pas les problèmes historiques ?

986. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

En voici une qui nous tombe sous la main : Bagne de Toulon. 1862. […] L’homme, à cette heure, tend à tomber dans l’intestin ; il faut replacer l’homme dans le cœur, il faut replacer l’homme dans le cerveau.

987. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Si nous circonscrivons dans l’ensemble des phénomènes matériels de l’univers cette portion limitée que nous appelons un corps, un cerveau, la pensée est-elle à ce cerveau ce que la forme ronde est à la sphère, ce que le mouvement est à la pierre qui tombe, ce que le droit ou le courbe est au mouvement ? […] Une même force peut donc se manifester sous deux formes différentes, et il n’y a pas de contradiction à supposer que les mouvements du cerveau se transforment en pensées. — Ceux qui se servent de ces comparaisons ne s’aperçoivent pas qu’ils tombent dans ce genre de sophisme qui consiste à prouver le même par le même (idem per idem) : c’est ce qu’il n’est pas difficile d’établir.

988. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Il l’a formé sur ce qu’il a senti en lisant, et l’on ne s’abuse point sur les veritez qui tombent sous le sentiment, comme on se trompe sur les veritez où l’on ne sçauroit aller que par voïe du raisonnement. […] Toutes les personnes qui entendent les poësies des anciens, tombent d’accord dans le nord comme dans le midi de l’Europe, dans les païs catholiques comme dans les protestans, qu’ils en sont plus touchez et plus épris que des poësies composées dans leur langue naturelle.

989. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Sandeau a réussi au théâtre ou si elle est tombée. […] La beauté dans les ouvrages d’esprit est un reflet de l’intelligence divine ; en quelque endroit qu’il plaise à Dieu de le faire tomber, nous lui devons au moins notre respect.

990. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

La pire destinée d’une œuvre est de tomber dans l’oubli. […] Eux-mêmes n’en usent pas autrement, et c’est ce qui m’ébahit, qu’après tant de discussions ils en viennent à tomber d’accord avec nous.

991. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

En effet le genre d’influence que la femme exerçait en France et en Europe, aux temps chevaleresques de leur double histoire, n’est plus, et toute trace en est effacée ; mais elle a été remplacée par une autre, moins généreuse et plus grossière, — et cette autre espèce d’influence tend à devenir un empire, — le Bas-Empire d’un temps où les Monarchies ne tombent plus en quenouille, mais les Mœurs, — si on peut dire de quelque chose « tomber en quenouille » alors que les femmes n’en veulent plus !

992. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

ni au temps des querelles et des déchirements du Sacerdoce et de l’Empire, ni quand Luther rompit avec Rome, ni, plus tard, quand la foi, ébranlée, ne pouvant pas tomber plus bas, chuta dans la philosophie. […] pas les rois débiles de ces monarchies qui les empêcheront d’y tomber.

993. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Trop de races royales s’y sont succédées, et toujours en vertu de la loi unique et irréfragable qui fait tomber les unes par leurs fautes et s’élever les autres par leurs vertus ! […] Dans cette histoire où se meuvent des personnages comme les Guise et comme Catherine de Médicis, le seul homme de cette famille des Valois, tombée en quenouille et terminée par cet énigmatique Henri III, l’hermaphrodite d’Agrippa d’Aubigné : Si bien qu’en le voyant, chacun était en peine S’il voyait un roi-femme ou bien un homme-reine !

994. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Malgré elle, la tentation de l’applaudissement l’y saisit, et elle y tombe promptement dans cette corruption, pire que l’esclavage sous un seul maître, et qu’on appelle la soif de cette popularité qui est l’esclavage sous plusieurs ! […] Ardent comme les Covenantaires des romans de Walter Scott, mais moins puritain, moins dur et moins farouche, ce dernier venu dans le protestantisme, qui a manqué son siècle et qui est tombé dans celui de l’athéisme et de la philosophie sans s’y briser, avait fait longtemps, dit-on, des missions protestantes, dans les montagnes et aux paysans de la Suisse, sous l’inspiration et sous la pression de son Saint-Esprit particulier.

995. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Lisez-les, ces lettres, et vous verrez si un froid étrange, le froid qui tombe des marbres, ne vous prendra pas en les lisant ! […] Mais c’est ici que je me sens un peu embarrassé, je l’avoue… Goethe, cet homme dont on a fait le plus grand poète et le plus grand inventeur de notre temps, ne m’a jamais, à moi, paru si grand que cela, et j’ai dit ailleurs24 la mesure exacte dans laquelle je reconnais son génie et admets sa sincérité… Or, c’est au milieu de ce travail que le livre de Paul de Saint-Victor m’est tombé sur la tête comme une tuile.

996. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Un poète individuel fonde une école parce que le succès ou l’admiration déduit une poétique de ses œuvres, parce que le chêne n’est pas responsable, après tout, des glands qui tombent autour de lui et qui poussent comme ils peuvent dans les mille hasards du terrain où s’enfoncent ses racines ; mais si un poète individuel fonde une école malgré lui, ou s’il accepte cet orgueilleux et dangereux titre de chef d’école, il s’y énerve, y expose et finit par y perdre l’originalité de son inspiration et le meilleur caractère de son génie. […] Nous indiquerons le grand morceau : Le triomphe de Bacchus à son retour des Indes, pris, sauf erreur, au vieux Baïf : Le chant de l’Orgie avec des cris au loin proclame Le beau Lyœus, le Dieu paré comme une femme, Qui, le thyrse en main, passe rêveur et triomphant, A demi couché sur le dos nu d’un éléphant, etc., etc, et, avec plus d’éloges encore, la pièce appelée Désespérance, où l’assonance la plus inattendue a presque sur l’esprit puissance de pensée, et dissout les nerfs dans la plus noble des mélancolies : Tombez dans mon cœur, souvenirs confus, Du haut des branches touffues !

997. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

En critique, Dumas n’aurait pas même sur ce livre le droit du mépris ; car le mépris doit tomber de haut. Il doit tomber toujours d’un principe, d’une idée, d’une vérité.

998. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Cet homme, qui voit comme un lynx dans l’âme ombrée de sa madame Bovary, et qui nous fait le compte des taches qui bleuissent ici, noircissent là, cette belle pêche tombée, aux velours menteurs, est un entomologiste de style qui décrirait des éléphants comme il décrirait des insectes. […] Salammbô, — pour laquelle les amis de l’auteur ont tiré tellement les cordes de toutes les grosses cloches qu’ils les ont cassées et qu’elles ne sonnent plus, — Salammbô est tombée définitivement dans le plus juste oubli.

999. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

C’est pour ne l’avoir pas fait que les associationnistes sont tombés dans des erreurs parfois grossières, essayant de reconstituer un état psychique par l’addition entre eux de faits de conscience distincts, et substituant le symbole du moi au moi lui-même. […] En présence de cet espace homogène nous avons placé le moi tel qu’une conscience attentive l’aperçoit, un moi vivant, dont les états à la fois indistincts et instables ne sauraient se dissocier sans changer de nature, ni se fixer ou s’exprimer sans tomber dans le domaine commun.

1000. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

« Il y a eu, lui dit-il, des princes qui prenaient grand soin de leur chevelure, mais qui ne comptaient pour rien des villes entières tombées en ruine. […] La postérité ne voit que les ouvrages ; la poussière que la foule des mouvements contraires a élevée, s’abaisse et tombe, et la pyramide reste.

1001. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Soit, disait notre troublant consolateur ; mais, si nous sommes tombés si bas, c’est justement parce que nous ne sommes point des barbares. […] L’excès où pourrait tomber la passion des lettres, si elle se tournait ainsi en récréation perverse, apparut clairement à M.  […] Il est sujet à des accès d’inertie qui le font ressembler aux rois fainéants ; ou bien il tombe en des caprices enfantins qui l’inclinent à toutes les folies. […] vous, du moins, gardez qu’il n’en tombe une goutte ; Entretenez la flamme avec un soin jaloux, L’heure est proche où la terre aura besoin de vous. […] De ses mains sont tombées l’épée et la victoire.

1002. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Les affections qui nous tombent du ciel et y remontent sont bien fortes. […] M. de Colleville, qui veut, de quoi je ne le blâme point, qu’Eugénie de Guérin soit canonisée un jour, appelle cela « un premier miracle » sur la tombe. […] Encore ceci, qui, ma foi, est admirable « Près d’une tombe : C’est pour le mal qu’il vous a fait, ces fleurs ? […] Combien y en a-t-il qui, ainsi, par excès de prévoyance, tombent dans l’imprévoyance suprême, qui consiste à ne pas savoir cueillir l’heure ? […] Il est vrai qu’il est difficile d’avoir de l’esprit sans tomber un peu dans ce défaut-là.

1003. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Bientôt j’entends courir d’un bout du pont à l’autre et tomber des paquets de cordages. […] Les isoler systématiquement serait tomber dans l’excès contraire et les amoindrir. […] L’orgueil des années défend de trahir le secret et la tombe le continue. […] Heureux celui dont la vie est tombée en fleurs ! […] Un des dangers d’écrire est de « tomber ainsi dans l’hésitation ou dans le pastiche.

1004. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre IV. Effet pittoresque des ruines. — Ruines de Palmyre, d’Égypte, etc. »

À Palmyre, le dattier fend les têtes d’homme et de lion qui soutiennent les chapiteaux du temple du Soleil ; le palmier remplace par sa colonne la colonne tombée, et le pêcher que les anciens consacraient à Harpocrate, s’élève dans la demeure du silence.

1005. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

Les excès de passions où le poëte fait tomber son heros, tout ce qu’il lui fait dire afin de bien persuader les spectateurs que l’interieur de ce personnage est dans l’agitation la plus affreuse, ne sert qu’à le dégrader davantage.

1006. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Elle, le caporal, Nâna et trois autres vieilles ayant passé l’âge d’avoir des enfants sont partis vers 6 heures du soir au moment où la nuit tombe.

1007. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVI. Le dévouement de yamadou havé »

Il s’est battu vaillamment et n’est tombé qu’au moment où les Malinké prenaient la fuite.

1008. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

En dissipant la confusion, on faisait tomber le paradoxe.

1009. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

J’ai voulu inscrire son nom sur la première page de ce livre, auquel du fond de la tombe il a eu tant de part, afin que le travail du père ne fût pas oublié dans le travail du fils, et qu’une pieuse et juste reconnaissance rattachât l’œuvre du vivant à l’héritage du mort… » C’est ainsi que ce juste et ce sage à la manière de Confucius entend la reconnaissance filiale, et qu’il en motive le témoignage en le consacrant. […] C’est grâce à lui que les Italiens entendent couramment leur langue du quatorzième siècle ; nous qui n’avons pas eu de Dante, nous avons vu la nôtre, dont alors la culture était plus ancienne et plus étendue, tomber rapidement en désuétude, si bien qu’elle est reléguée aujourd’hui dans le domaine de l’érudition. […] Il tombe chaque jour quelques feuilles des rameaux du tronc vénérable, il en repousse d’autres ; mais, quoi qu’en ait dit Horace, celles qui sont tombées une fois ne reverdissent plus. […] Après le 9 thermidor, dans ce second moment de réaction, Johannot est incarcéré de nouveau, et peu après, sous prétexte de le transférer, on le livre en proie aux fureurs ennemies : il tombe dans la rue assassiné de dix-sept coups de poignard et de pistolet par les compagnies dites de Jésus et du Soleil.

1010. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Tout ange qu’elle est, Éloa est bien femme ; ce n’est qu’une nouvelle Ève créée par le Fils, comme la première l’avait été par le Père, et qui, comme Ève, tombe aussi, mais de plus haut et avec infiniment plus de charme. […] Mais elle manque l’instant propice ; le démon redevient plus démon que jamais, et c’est elle-même qui tombe, qui est entraînée par le ravisseur au fond de l’abîme, non repentante malgré tout, je le crains, et heureuse jusque dans sa faute de se perdre à jamais avec lui. […] Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant, Ma main laisse l’effroi sur la main qu’elle touche, L’orage est dans ma voix, l’éclair est sur ma bouche ; Aussi, loin de m’aimer, voilà qu’ils tremblent tous, Et quand j’ouvre les bras on tombe à mes genoux. […] L’illusion de sa part dura des années : on avait beau se dire dans ce monde des poètes que la passion explique tout, excuse tout, purifie tout, le contraste ici était trop frappant, et plus d’un ancien admirateur d’Éloa ne pouvait s’empêcher de murmurer dans son cœur : « Sur quel sein cette larme de Jésus-Christ est-elle allée tomber !  […] On n’entendra jamais piaffer sur une route Le pied vif du cheval sur les pavés en feu ; Adieu, voyages lents, bruits lointains qu’on écoute, Le rire du passant, les retards de l’essieu… Tout ce passage est charmant ; il y en a de très élevés : la nature parle et dit d’admirables choses dans son impassible dédain pour la fourmilière humaine : On me dit une mère, et je suis une tombe !

1011. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Patin, le rédacteur, de citer à la rencontre un ou deux vers de l’abbé Delille, il s’élève d’ordinaire, au seul nom du spirituel poëte tombé en disgrâce, une sorte de murmure défavorable ou même de clameur ; on chicane les vers cités, on en conteste la langue ; rarement on leur fait grâce. […] Au sortir de cette retraite janséniste, où il avait pris oracle du fils du grand Racine inclinant vers la tombe, il pouvait se redire avec le transport d’un amant des Muses : Temporis illius colui fovique poetas,      Quæque aderant vates, rebar adesse Deos. […] — à moins que quelqu’un pourtant, ouvrant les Trois Règnes qui étaient à côté, ne tombât sur le Jeu de raquette, ce qui en donnait l’idée et faisait diversion. […] Quant à nous, de bonne heure adversaire, et qui pourtant le comprenons, sur la tombe de ce talent brillant et spirituel que nous ne croyons pas avoir insulté ni dénigré aujourd’hui, près de l’autel renversé de ce poète qui régna et que nous venons de juger sans colère, en présence de celui50 qui règne après lui, et dont la faveur, si l’on veut, a aussi quelques illusions ; en face de cet autre51 qui ne règne ni ne se soumet, mais qui combat toujours, et nous souvenant de plusieurs encore que nous ne nommons pas, il nous semble hardiment que nous pouvons redire : « Non, dans la tentative qui s’est émue depuis lui, non, nous tous, nous n’avons pas tout à fait erré. […] Patin, le rédacteur, de citer à la rencontre un ou deux vers de l’abbé Delille, il s’élève d’ordinaire, au seul nom du spirituel poëte tombé en disgrâce, une sorte de murmure défavorable ou même de clameur ; on chicane les vers cités, on en conteste la langue ; rarement on leur fait grâce.

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