Ce sont leurs compositions mêmes qui les instruisent ; c’est sur les matières mêmes qu’ils auront traitées que le maître leur apprendra à féconder, à développer, à ordonner un sujet, c’est par leurs propres trouvailles de pensée et de style, bonnes ou méchantes, qu’il éclairera leur jugement et redressera leur goût. […] Qu’on n’espère point y rencontrer de quoi se faciliter la besogne et se dispenser de l’effort, de merveilleuses recettes qui mettent toutes les ignorances et toutes les paresses à l’aise dans tous les sujets.
On aime aujourd’hui à défaire ses phrases, à ne plus les construire, à braver l’antique et régulière structure des propositions, à jeter les sujets sans verbes au milieu d’une mer d’épithètes et de compléments, à greffer d’étranges et singulières incidentes sur le tronc des phrases, à faire chevaucher les prépositions les unes sur les autres, à supprimer toutes les articulations des périodes, tous les mots qui liaient les termes expressifs, et les assemblaient selon les exigences de la syntaxe, pour ne laisser subsister que ces termes expressifs, dépositaires de l’impression et du sentiment, qu’on plaque les uns à côté des autres comme des couleurs sur la toile, sans rien qui les assemble ou les sépare, que les seules lois de l’accord et de l’opposition des tons. […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative.
J’étais obligé, toutefois, de m’en tenir à ce qui touchait immédiatement mon sujet, à ce qui en était, du moins, très rapproché, sans m’étendre à l’ensemble de la tradition comique de l’Italie. […] L’étude de la comédie italienne antérieurement à Molière est un sujet infiniment vaste : je n’ai pu, évidemment, que l’effleurer.
Il en avoit fait un lui-même sur le sujet de Niobé, qu’il étoit impatient de rendre public. […] Jacques I, roi d’Angleterre, surnommé le Pédant, fut méprisé de ses sujets.
Le Tasse, qui traitait un sujet chrétien, a fait ces vers charmants, d’après Platon et Lucrèce5 : Sai, che la torre in mondo, ove piu versi Di sue dolcezze il luzinghier Parnasso, etc. […] Si Voltaire eût été animé par la religion comme l’auteur d’Athalie ; s’il eût étudié comme lui les Pères et l’antiquité ; s’il n’eût pas voulu embrasser tous les genres et tous les sujets, sa poésie fût devenue plus nerveuse, et sa prose eût acquis une décence et une gravité qui lui manquent trop souvent.
En amour on se querelle sans sujet, on se raccommode sans raison. […] L’histoire fait foi qu’il est arrivé à plusieurs de ces messieurs pour un si digne sujet, les avantures qui arriverent à notre Huddibras quand il couroit les champs pour rétablir un chacun dans ses libertez et proprietez, même les ours qu’on menoit par force danser aux foires.
Il y aurait trop de choses à dire sur ce triste et glorieux sujet. […] Les entretiens du Vieillard et du jeune Homme sont plus explicites sur ce sujet.
On lira son Platon avec intérêt : mais je ne suis pas sûr que le sujet lui convint parfaitement. […] Le grand statuaire n’a pas entrepris de traiter méthodiquement son sujet. […] Dans l’Enfer, on est prévenu : le sujet l’exige. […] Il était noble et généreux, mais emporté et sujet à des accès d’humeur. […] Éloquents, ils le sont lorsqu’il le faut et que le sujet le comporte.
Il aurait dû, au lieu d’être épisodique, pénétrer dans les entrailles mêmes du sujet. […] Le sujet choisi par M. […] Ce dernier sujet ne serait peut-être pas le moins riche des trois. […] Le sujet choisi par le poète n’exigeait pas impérieusement la spécialité du paysage. […] Le sujet lui-même, indépendamment de l’exécution, est neuf et bien saisi.
Je connais sur ce sujet des essais très remarquables, comme ceux de M. […] le beau sujet ! […] Ce serait un sujet de thèse très agréable. […] Le sujet est amusant. […] Le sujet en est très joli.
Mais nous reviendrons plus loin sur ce sujet. […] L’importance caractéristique de ces organes dépend de leur plus grande constance dans des groupes entiers d’espèces ; et cette constance résulte justement de ce que ces organes ont généralement été sujets à moins de modifications, par suite de l’adaptation de ces diverses espèces à leurs différentes conditions de vie. […] Lamarck est le premier qui ait attiré l’attention sur ce sujet. […] Les Cirripèdes en offrent un frappant exemple : l’illustre Cuvier lui-même ne s’est pas aperçu qu’une Balane était en réalité un crustacé, bien qu’un seul coup d’œil jeté sur la larve ne puisse laisser aucun doute à ce sujet. […] Les organes rudimentaires, chez les individus de la même espèce, sont très sujets à varier dans leur degré de développement ou sous d’autres rapports.
Les Lettres de Jean-Jacques sur ce sujet lui tombèrent un jour sous la main, et le remirent sur la trace d’un goût déjà ancien. […] C’est précisément le sujet que je traitais dans l’ouvrage sur la physique que j’ai commencé d’imprimer ; mais il faut le perfectionner, et confirmer ma théorie par de nouvelles expériences. » Cet ouvrage, interrompu comme le précédent, n’a jamais été achevé. […] L’Institut ou, après lui, les Académies étrangères proposaient de graves sujets d’analyse intellectuelle aux élèves, aux émules, s’il s’en trouvait, des Cabanis et des Tracy. […] Vous avez été ces jours-ci l’objet de toutes mes pensées, et voilà ce que je crois à votre sujet. […] L’Épître en vers que lui a adressée son fils à ce sujet, et le volume de l’Essai de classification qui a paru, sont du moins ici de publics et permanents témoignages.
Ainsi les quatre sens spéciaux sont quatre langues spéciales, chacune appropriée à un sujet différent, chacune admirable pour exprimer un ordre de faits et un seul ordre de faits. Au contraire, le toucher est une langue générale appropriée à tous les sujets, mais médiocre pour exprimer les nuances de chaque sujet. […] Ainsi, la sensation de douleur est sujette à une condition particulière ; pour qu’elle se produise, il faut que la circulation du sang, et partant les désassimilations et les assimilations moléculaires du nerf, se fassent avec un certain degré de vitesse. […] À ce sujet M. […] « L’ingestion de la santonine détermine une variété particulière de daltonisme en rendant la rétine insensible aux rayons violets… » Certains sujets « ne perçoivent pas le bleu ; cet état coïncide toujours avec l’insensibilité de la rétine aux rayons rouges.
Sur ces rives désolées, d’où la nature semblait avoir exilé la vie, Pierre assit sa capitale et se créa des sujets. […] Un philosophe sérieux devait-il, en sujet si grave, permettre à sa plume de telles facéties ? […] Quel sujet intarissable de profondes méditations philosophiques et religieuses ! […] Ainsi nous nous sommes entendus à ce sujet. […] Au milieu des plus solennelles discussions il lui échappe une saillie qui amuse, mais qui discorde avec le sujet.
Rienzi est une maladroite imitation des Muette de Portici ae ; le Hollandais Volant, supérieur à toutes les œuvres de Weber et de ses disciples, peut charmer qui se contente d’émotions moyennes grossies par de petits moyens : Tannhæuser, plus prétentieux, est la réalisation si grossière d’une si grossière conception, qu’il ne peut être agréé que des professeurs de rhétorique amoureux de plans très bien faits ; dans Lohengrin enfin, le sujet est si romanesquement chimérique et la musique si lourde de formules poncives, démodées et éternellement banales, qu’un ennui s’en dégage comparablement aux Rinaldo des Brahms. […] VI Ces considérations ne sont aucunement, on l’a jugé dès le début, une étude théorique sur l’art wagnérien ; j’ai négligé la suite méthodique et quelques entiers développements qu’eussent exigés une théorie ; encore ai-je voulu laissera l’écriture le ton d’une improvisation, avec les laisser-aller du style ici dans les familiarités du parler, là (quand m’y entraîne le sujet, et j’en demande pardon) dans les excessivités du lyrisme ; mes lecteurs m’excuseront — et peut-être me sauront gré — de n’avoir pas donné à ces trente-six pages les quatre ou cinq mois de labeur nécessaires à la correction de mes grammaticalités. […] L’anecdote du Parsifal étant en soi insignifiante, sera-t-elle donc admise comme symbole d’un drame humain — au même titre que le sujet d’un drame racinien est symbolique d’une action générale — et dans le Parsifal verra-t-on un drame, comme le Rheingold est un drame, comme Lohengrin, comme Fidelio, comme Alceste, un drame lyrique, un drame d’art complexe, un drame où des actions soient effectuées par des personnages imitant des types humains ? […] Sous la quelconque anecdote du sujet apparent du Parsifal, comprenons donc le véritable sujet et le dessein du Parsifal : cette évocation, par la musique, du désir d’accomplissement, essence de ce que nous sommes. […] L’aspiration universelle étant le sujet primitif du Parsifal, voyons, parmi l’infinité des extensions possibles, quelques figures de l’existence, sujets secondaires que vous pouvez supposer.
Il ne faut chercher chez lui ni une psychologie profonde ni de vastes sujets ; il n’est ni un romancier de notre école réaliste ou idéaliste, ni même un romancier véritable, ni surtout ce que nous avons appris à considérer comme un artiste. […] Si, malgré qu’il s’ingénie, son sujet ne lui fournit rien, il recourt aux suppositions sur ce qu’il pourrait ou devrait suggérer. […] L’excellent, naïf et docte président du Pickwick-Club, ses honorables acolytes, sujets malheureusement à tant de faiblesses humaines, Tupman, Snowgrass Winkle, sont de merveilleuses créations comiques ; on ne cesse de sourire de leurs aventures, de celles qu’introduisent le postillon Weller et son célèbre fils, ou ce maigre et délié imposteur, M. […] Forster, contienne de nombreuses mais bien romanesques notes sur la prostitution (« la prostituée qui tente d’autres filles à partager sa honte ; la prostituée qui ne veut pas se laisser approcher d’un certain jeune homme, qui est celui précisément qu’elle aime »), jamais l’écrivain ne s’est risqué à aborder ce terrible sujet. […] Les sujets de romans qu’il a conçus n’ont presque jamais d’importance générale.
La seconde était une tragédie d’imagination imitée de Zaïre, et dont le sujet était pris dans les croisades. […] J’en ai pris le sujet dans la Bible. […] Il était d’ailleurs naturellement mélancolique, et s’entretenait plus longtemps des sujets capables de le chagriner que des sujets propres à le réjouir. […] Il s’était cependant persuadé que tout était changé pour lui, et n’eut, pour le croire, d’autre sujet que ce qu’on va lire. […] J’ai fait par votre ordre plus de trois mille vers sur des sujets de piété ; vous est-il jamais revenu qu’on y ait trouvé un seul vers qui sentît l’hérésie ?
Molière, alors peu difficile sur le choix de ses sujets, doit encore celui-ci à un canevas italien, intitulé La Creduta Maschio, ou, La Fille crue Garçon. […] Les scènes. — Pas un ouvrage de Molière qui en offre un plus grand nombre de belles, et le vice des autres tient à celui du sujet. […] La contexture. — Traînante, embarrassée, et cela parce que le sujet est vicieux. […] Les Espagnols et les Italiens avoient déjà traité le sujet du Prince jaloux. […] Le titre. — La pièce en a deux : le second est le véritable, il nous annonce le sujet ; à quoi sert le premier ?
Coulon s’abuse étrangement sur la variété des sujets. […] Nous arrivons à la seconde partie et au sujet. […] C’était avant tout la faute du sujet. […] En de tels sujets, ce n’est pas une garantie. […] À Florence, elle les étend aux sujets littéraires, qui surgissent en foule.
Quel est le sujet ? […] Et alors cette passion, qui devient comme étrangère au sujet, ne peut produire que de médiocres effets. […] J’étais père et sujet ; je suis amant et roi. […] Au lieu de faire exposer le sujet par un monologue de Jocaste, M. […] Le sujet des Femmes savantes est exactement celui de l’Ecornifleur de M.
, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ». […] On a entendu la plainte profonde du talent ; et lorsque ce talent réussit à se faire jour et à trouver des sujets tout préparés qui se détachent au milieu de ces exubérantes images, l’ivresse est complète, et il semble qu’il ne manque rien à la jouissance du promeneur. […] On y voit qu’il fit, au printemps de l’année suivante probablement (car les dates précises n’y sont point marquées), un voyage près de Coblentz pour s’y distraire, et qu’il y devint légèrement amoureux d’une des filles de Mme de La Hoche : « Rien n’est plus agréable, dit-il à ce sujet, que de sentir une nouvelle passion s’élever en nous lorsque la flamme dont on brûlait auparavant n’est pas tout à fait éteinte : ainsi à l’heure où le soleil se couche, nous voyons avec plaisir l’astre des nuits se lever du côté opposé de l’horizon : on jouit alors du double éclat des deux flambeaux célestes. » Cela nous apprend du moins que l’amour qu’il pouvait avoir gardé pour Charlotte n’avait rien de furieux ni d’égaré. […] J’ai encore d’autres sujets de joie que je ne puis pas dire (Ne serait-ce point l’idée de Werther qui déjà remue et qui veut sortir ?) […] Cependant la grande consolation intérieure, l’occupation poétique dure et augmente : il publie son Götz de Berlichingen ; il écrit des drames, des romans, dit-il, et autres choses de ce genre (juin 1773) ; et en septembre il commence sa confidence couverte de Werther aux jeunes époux désormais installés à Hanovre : « Je fais de ma situation le sujet d’un drame que j’écris en dépit de Dieu et des hommes.
Je vous dirai même entre nous que le Périple d’Hannon m’est complètement odieux pour l’avoir lu et relu avec les quatre dissertations de Bougainville (dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions), sans compter mainte thèse de doctorat, — le Périple d’Hannon étant un sujet de thèse. […] Mais dans un sujet militaire, où est le mal ? […] Il était trop plein de soi et de ses sujets pour l’admettre. […] Un de mes derniers lecteurs, avant Février 1848, fut mon ami le poete Lacaussade, que je forçai bien souvent, en lui imposant la lecture à haute voix de gros livres, à entrer dans de durs sujets qui devaient l’ennuyer un peu, mais dont, à la longue, son esprit progressif a profité. […] Plein de cilations et d’à-propos sur certains sujets, ses remarques les plus profitables m’arrivaient presque toujours dans une saillie heureuse.
Le xvie siècle, même chez les poëles en renom, est trop habituellement sujet à ces accidents fâcheux qui gâtent et, pour ainsi dire, salissent les intentions les meilleures ; mais là encore il y a des degrés, et les vers de François restent trop souvent hors de toutes limites. […] Il m’a toujours semblé que ce serait le sujet intéressant d’un petit mémoire que d’examiner à part le groupe des poëtes rois et princes au xvie siècle : François Ier et sa sœur Marguerite, les deux autres Marguerite, Jeanne d’Albret, Marie Stuart, Charles IX, Henri IV enfin ; car tous ont fait des vers, au moins des chansons. […] On conçoit donc qu’il y aurait dans ce sujet matière à une discussion délicate, et qu’on en pourrait faire un piquant chapitre qui traverserait l’histoire littéraire du xvie . […] Mais, dira-t-on, c’est surtout l’école érudite, celle de la seconde moitié du xvie siècle, qui procède ainsi ; la génération antérieure, qui se rattache à Marot et à l’époque de François Ier, est moins sujette à cette préoccupation constante et à cet artifice. […] On s’est fort occupé de Marguerite dans ces derniers temps, et les publications réitérées dont elle a fourni le sujet l’ont de plus en plus mise en lumière.
Enfermée d’abord dans le réservoir aristocratique, la doctrine a filtré par tous les interstices comme une eau glissante, et se répand insensiblement dans tout l’étage inférieur Déjà en 1727, Barbier, qui est un bourgeois de l’ancienne roche et ne connaît guère que de nom la philosophie et les philosophes, écrit dans son journal : « On retranche à cent pauvres familles des rentes viagères qui les faisaient subsister, acquises avec des effets dont le roi était débiteur et dont le fonds est éteint ; on donne cinquante-six mille livres de pension à des gens qui ont été dans les grands postes où ils ont amassé des biens considérables, toujours aux dépens du peuple, et cela pour se reposer et ne rien faire578 » Une à une, les idées de réforme pénètrent dans son cabinet d’avocat consultant ; il a suffi de la conversation pour les propager, et le gros sens commun n’a pas besoin de philosophie pour les admettre. « La taxe des impositions sur les biens, dit-il en 1750, doit être proportionnelle et répartie également sur tous les sujets du roi et membres de l’État, à proportion des biens que chacun possède réellement dans le royaume ; en Angleterre, les terres de la noblesse, du clergé et du Tiers-état payent également sans distinction ; rien n’est plus juste. » — Dans les dix années qui suivent, le flot grossit ; on parle en mal du gouvernement dans les cafés, aux promenades, et la police n’ose arrêter les frondeurs, « parce qu’il faudrait arrêter tout le monde ». […] Quand on se sent citoyen, on s’irrite d’être traité en sujet, et nul n’accepte d’être l’inférieur de celui dont il se croit l’égal. […] Quand le cœur est révolté, tout est pour lui sujet de ressentiment. […] Affranchi du despotisme réel, le Tiers s’indigne contre le despotisme possible, et il croirait être esclave s’il consentait à rester sujet. […] Par suite, à l’unanimité, il exige que les députés votent, « non par ordre, mais par tête et conjointement » « Dans le cas où les députés du clergé et de la noblesse refuseraient d’opiner en commun et par tête, les députés du Tiers, qui représentent 24 millions d’hommes, pouvant et devant toujours se dire l’Assemblée nationale malgré la scission des représentants de 400 000 individus, offriront au roi, de concert avec ceux du clergé et de la noblesse qui voudront se joindre à eux, leur secours à l’effet de subvenir aux besoins de l’État, et les impôts ainsi consentis seront répartis entre tous les sujets du roi indistinctement600. » — « Le Tiers, disent d’autres cahiers, étant les 99 pour 100 de la nation, n’est pas un ordre.
Dolet en fit le sujet d’une petite pièce de vers latins, dans laquelle un pendu se félicite d’être disséqué par le célèbre médecin Rabelais. […] Rabelais fit la Chronique Gargantuine, dont il dit au prologue de Pantagruel, « qu’il s’en est plus vendu en deux mois qu’il ne se vendra de Bibles en dix ans. » L’anecdote est vraisemblable de tous points ; elle l’est de l’éditeur, qui se plaint de ne pas trouver son compte aux livres sérieux : elle l’est du public, qui en achète fort peu en tout temps : elle l’est de Rabelais, qui, au milieu des plus graves sujets d’étude, s’interrompait pour composer une bouffonnerie. […] Les anecdotes de son séjour dans cette ville ; cette plaisanterie sur la mule du pape ; la demande qu’il fait à Clément VII d’être excommunié, parce que les fagots excommuniés ne brûlent pas ; puis, à son retour à Paris, ces prétendus poisons pour le roi et la reine qu’il laisse saisir sur lui afin de faire sans frais la route de Lyon à Paris, tout cela fait partie de ce que j’ai appelé la légende de Rabelais ; et il faut lui faire honneur de ce qu’il y a d’ingénieux dans les inventions dont il est le sujet. […] Il n’est guère de sujet dans lequel il n’ait vu ou indiqué la vérité qui était à dire ; mais comme si ce peu de sagesse le fatiguait, à peine sa raison commence-t-elle à s’intéresser à son objet, qu’il l’en détourne brusquement et, soit par une malice délibérée, soit par cet emportement qui lui est propre, il étouffe cette lueur sous un amas de folles imaginations. […] Elle est adressée à Pierre Amy, au sujet des vexations dont tous venaient d’être l’objet.
Il y ajouta alors une note, pour dire qu’il ne niait pas « que le tableau historique des peuples ne pût fournir d’utiles sujets de méditation ». […] J’y trouve l’abbé Sieyès ; il disserte avec beaucoup de suffisance sur la science du gouvernement, méprisant tout ce qui a été dit sur ce sujet avant lui. […] Ce ne sont pas ses amis seulement qui pensent de la sorte à son sujet, ce sont ses adversaires. […] Et si, dans quelque séance pareille, il suppose cette question qui revient si souvent à son sujet : « Vous vous taisez ? […] Ce doit être un sujet de peine pour tous les amis de la science et de la pensée que cet ajournement indéfini et, peut-être, cet ensevelissement définitif de l’œuvre promise et un moment entrevue de Sieyès.
Quelque sujet dont il parle, il n’a jamais qu’un but, qu’une pensée. […] D’un côté, elle s’attache surtout à la peinture du vice, à la laideur morale, à la maladie répugnante à voir du corps ou de l’âme ; de l’autre, elle emprunte de préférence les sujets de ses peintures aux classes inférieures de la société. […] Ce sont les êtres auxquels leur éducation et leurs loisirs permettent le mieux de se regarder vivre et de s’analyser eux-mêmes qui seront toujours, en thèse générale, les mieux faits pour offrir des sujets d’étude aux romanciers comme aux auteurs dramatiques. […] Edmond de Goncourt s’est même du coup frappé quelque peu la poitrine : il est convenu que si son frère et lui avaient donné le mauvais exemple qu’on avait trop suivi et commencé par écrire Germinie Lacerteux, c’est qu’ils avaient succombé à la tentation de traiter d’abord les « sujets faciles ». « Sujets faciles » est bien dit.
Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres. […] Selon les défiances de la politique vénitienne, aucun de ces sujets de la république n’avait de commandement maritime ni de grade militaire ; mais ils combattirent avec courage sous ce drapeau, que teignirent de leur sang quinze capitaines vénitiens et leur premier amiral. […] Ce fut même ce prince, sujet de la Porte, qui vint rassurer, ou épouvanter Constantinople, et montrer à Sélim, comme un dernier secours, les seuls vaisseaux ottomans échappés à la ruine commune. […] « Mais pourquoi mon esprit va-t-il chercher au loin un nouveau sujet de tristesse ? […] Cependant, comme on l’a remarqué finement de nos jours, ce faux grand poëte, ce malheureux parodiste de Pindare et même de Callimaque, était capable de naïveté, de grâce et de douceur dans les petits sujets, et à son insu peut-être.