La division peut ne pas sembler très-rigoureuse. […] La forme de la critique se ressent des difficultés dont j’ai eu à triompher : je débute le plus souvent par la louange, par la pleine louange tellement que la critique proprement dite semble parfois bien près de disparaître.
J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un. […] Émile Faguet Sur quoi Aubanel, grand poète, mais ouvrier un peu maladroit, à ce qu’il me semble, a donné de tout son cœur sur le point désobligeant et périlleux, que la légende dérobait et lui épargnait, et s’y est attaché de tout son cœur, et en a fait le tout de son œuvre… Comme poème proprement dit, le Pain du péché est une belle œuvre.
D’après cela, que penser de cette éloquence prétendue légere, qui semble être l’unique but de nos Orateurs modernes, & principalement de ceux du Barreau ? […] Rollin disoit, que cette maxime qui ne donne des bornes à la science de l’Orateur que celles de l’Univers, lui avoit semblé fastueuse, jusqu’à ce qu’il eût connu le grand Cochin.
Son regard semble farouche ; L'écume sort de sa bouche ; Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement.
D’ailleurs, il faut toujours se souvenir que la naïade détruisait la poésie descriptive ; qu’un ruisseau, représenté dans son cours naturel, est plus agréable que dans sa peinture allégorique, et que nous gagnons d’un côté ce que nous semblons perdre de l’autre. […] Les puissances surnaturelles peuvent encore présider aux combats de l’Épopée ; mais il nous semble qu’elles ne doivent plus en venir aux mains, hors dans certains cas, qu’il n’appartient qu’au goût de déterminer : c’est ce que la raison supérieure de Virgile avait déjà senti il y a plus de dix-huit cents ans.
Pour nous, qui à la vérité ne sommes pas poète, il nous semble que ces enfants de la vision feraient d’assez beaux groupes sur les nuées : nous les peindrions avec une tête flamboyante ; une barbe argentée descendrait sur leur poitrine immortelle, et l’esprit divin éclaterait dans leurs regards. […] Déjà l’Océan se creuse pour engloutir les matelots ; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres ; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l’Étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue.
Il nous semble que cette assertion va directement contre les faits. […] Nous rendrons tout à l’heure justice à leur mérite, mais il nous semble qu’il serait injuste de nous les opposer, et de faire des objections qui ne détruiraient pas un fait général.
On découvre derriere la croix des spectateurs qui la font avancer, et qui semblent tellement enfoncez dans le tableau, qu’à peine ose-t’on croire que toutes ces figures soient placées sur une même superficie. […] Mais c’est le caractere propre de ces inventions sublimes que le genie seul fait trouver, que de paroître tellement liées avec le sujet, qu’il semble qu’elles aïent dû être les premieres idées qui se soient présentées aux artisans, qui ont traité ce sujet.
Aujourd’hui la plus complète civilisation semble répandue chez les peuples, soumis la plupart à un petit nombre de grands monarques. […] Celles du Nord, comme la Suède et le Danemark il y a un siècle et demi, et comme aujourd’hui encore la Pologne et l’Angleterre, semblent soumises à un gouvernement aristocratique ; mais si quelque obstacle extraordinaire n’arrête la marche naturelle des choses, elles deviendront des monarchies pures. — Cette partie du monde plus éclairée a aussi plus d’états populaires que nous n’en voyons dans les trois autres.
Ces heures joyeuses de leur vie d’enfance, il semble que, dans l’Œuvre, M. […] Les décors du Moyen Âge semblaient le complément de leurs attitudes. […] Il semble avoir été confirmé, vérifié par les récentes découvertes de la science moderne. […] Il semble qu’il y ait envisagé la nature avec les yeux mêmes de Rubens, derrière les bésicles de M. […] Zola, et vos conclusions ne me semblent guère découler des alinéas liminaires.
Il lui a semblé que si, en effet, on ne visite guère par plaisir les caves d’un édifice, on n’est pas fâché quelquefois d’en examiner les fondements. […] La foudre n’éclatait que dans les hautes régions, et, comme nous l’avons déjà indiqué, les événements semblaient se dérouler avec toute la solennité de l’épopée. […] Toutes ses créations puisent dans leur propre nature cet accent énergique et profond devant lequel il semble que l’antiquité ait parfois reculé. […] D’autres, ce nous semble, l’ont déjà dit : le drame est un miroir où se réfléchit la nature. […] Il nous semble que ce vers-là serait bien aussi beau que de la prose.
Il semble lire en chuchotant les épitaphes des morts. […] Il semblera planer au-dessus du monde, dans la région des idées pures, au sein de la vérité. […] Il me semble véritablement, en de tels instants, que j’accomplis une fonction publique. — Quand j’ai remonté cette montre intérieure, si je puis employer une telle expression, dit M. […] Un enfant privé de ces affections et de ce bien-être semblera privé de l’air qu’on respire, et le romancier n’aura pas trop d’un volume pour expliquer son malheur. […] Personne n’a autant de compassion pour ces pauvres êtres déformés et infirmes qu’ils mettent si souvent au monde, et qui ne semblent naître que pour mourir.
… Et vous, pères conscrits, écoutez avec attention, et gravez dans votre mémoire la réponse que je crois devoir faire à des plaintes qui semblent, je l’avoue, avoir quelque justice. […] Ainsi donc, quand je considère, ô Crassus, l’éclat de ta vie et l’époque de ta mort, il me semble que la providence des dieux a veillé sur l’une et sur l’autre. […] Le zéphyr lui-même semble nous murmurer qu’il est temps de rentrer dans nos barques. […] Il me semble que je le vois (car ses traits me sont bien connus) ; il me semble même que sa chaire, demeurée pour ainsi dire veuve d’un si grand génie, regrette à toute heure de ne plus l’entendre. […] Au moins, il me semble que vous écoutez avec beaucoup d’intérêt les leçons d’Antiochus
Elles apparaissent alors, en fait, à notre conscience, alors qu’elles sembleraient devoir, en droit, rester couvertes par l’état présent. […] Ainsi l’observation psychologique et les faits cliniques semblent s’accorder. […] Toutefois des cas se présentent où il semble bien que ce soient des groupes de représentations déterminées qui se sont effacés de la mémoire. Nous avons passé en revue un grand nombre de ces faits, et il nous a semblé qu’on pouvait les répartir en deux catégories absolument tranchées. […] Voici maintenant, nous semble-t-il, la différence interne.
Celles qu’on a citées sont d’ailleurs fort bien, mais la précédente, ce me semble, est unique. […] Voici une pièce, par exemple (omise encore, je ne sais pourquoi, dans notre recueil), qui me semble exquise et parfaite à tous égards, et qui unit composition, grâce, malice. […] Nous tous qui portons des fardeaux, n’est-il pas naturel que le poids (fût-il le même) nous semble plus léger, si ce sont des roses ?
Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas vrai non plus de la façon dont il nous semble. […] XVIII Je pense sur la critique deux choses qui semblent contradictoires et qui ne le sont pas : 1° Le critique n’est qu’un homme qui sait lire, et qui apprend à lire aux autres ; 2° La critique, telle que je l’entends et telle que je voudrais la pratiquer, est une invention, une création perpétuelle. […] Notre xixe siècle, à la différence du xviiie , n’est pas dogmatique ; il semble éviter de se prononcer, il n’est pas pressé de conclure ; il y a même de petites réactions superficielles qu’il a l’air de favoriser en craignant de les combattre.
Jouffroy nous semble, en se plaçant sur ce terrain, avoir abjuré la philosophie de son maître. […] Mais il nous semble que de tout cela on devrait conclure, au contraire, ou qu’il est trop tard pour chercher, et que l’humanité est perdue, ou bien que la solution dont dépend le bonheur de l’humanité est trouvée, et existe quelque part. […] Il nous semble qu’au moins la haute impartialité de l’éclectisme devrait s’arrêter quelque temps devant cette solution nouvelle, quelle qu’elle fût, et ne la déclarer insuffisante ou inopportune qu’après un examen raisonné.
Calvin179 doit sans doute à sa ville natale, à sa propre famille les premiers germes de son indépendance religieuse ; il semble qu’Olivetan surtout l’ait détaché de cette église catholique, qui lui portait dès la première jeunesse ses dignités et ses revenus. […] On voit aisément dans l’Institution 180 et dans toute la suite de l’œuvre de Calvin, comment cette réforme française qui semble s’opposer à la Renaissance, qui du moins la contient, en sort cependant, et en est le produit. […] Il peut sembler qu’il y ait contradiction entre sa théologie et sa morale : n’est-ce pas la liberté qui fonde la bonne vie et rend la vertu possible ?
On se reporte, en le lisant, à l’exclamation d’Ovide : quidquid scribere conabar versus erat , tant il semble que le simple délice d’écrire et la facilité inconsciente à modeler les courbes de la Parole ont suffi, dans une âme attirée vers le songe, pour tracer ces strophes aux lignes justes. […] René Doumic Celui-ci semble bien entre ses compagnons d’âge être le plus richement doué. […] J’ai dit, lorsqu’à paru pour la première fois ce livre, qu’il me semblait une défaillance parmi, les œuvres de ce poète.
Ce panégyriste zélé d’un modèle sur lequel il semble avoir voulu se former lui même, ainsi que d’après Lamotte, prétend que Fontenelle ne ressemble à personne ; qu’il n’est ni coupé, ni haché dans sa prose comme Séneque, ni diffus dans ses vers comme Ovide ; qu’il est ingénieux & naturel, solide & agréable, profond, clair & souvent enjoué ; qu’il joint enfin au raisonnable & au simple des auteurs du siècle d’Auguste, l’ingénieux & le piquant des écrivains du siècle suivant . […] Il semble qu’on ait moins exposé les causes de la corruption du stile, que les effets de cette corruption même. […] Il semble prévoir avec douleur qu’il en sera tôt ou tard des auteurs du siècle de Louis XIV, comme de ceux du siècle d’Auguste, qui, par la suite, ne furent connus que des personnes qui se piquoient d’érudition.
Cependant il y en a quelques-unes ou elle me semble manquer de réserve et de modestie ; je ne voudrais pas décider si elle a tort de penser et de sentir avec autant de chaleur, mais il est contre la décence qu’elle se permette de l’exprimer. […] Les notes, ce me semble, sont encore pires ; il n’y en a qu’une seule, la dernière, qui m’a paru bonne ; et je ne l’ai trouvée telle, que parce qu’elle m’a rendu clairement raison du plaisir que m’avait fait le roman. […] Ce trait, pour parler le langage de Montaigne, me semble bas de poil, pour une âme de votre trempe.
C’est le procédé que semble avoir employé M. […] Nous sommes peu exposés, il est vrai, à gâter présentement des Corneille, et nous semblons en avoir fini avec ce vieux brimborion de la Guirlande de Julie, mais il n’en faut pas moins toujours mettre le pied sur ces affectations sociales, parce que, sous une forme ou sous une autre, elles repoussent toujours. […] Jacques Demogeot nous semble fait pour mieux que pour exécuter, dans un petit panneau de boiserie historique, des petits médaillons littéraires.
Seulement, il savait bien cette magnifique langue du seizième siècle, qui semble avoir été creusée et arrondie comme une coupe pour y recevoir le génie grec, épanché de l’amphore maternelle, et il y reçut celui d’Hérodote, qui, lui aussi, était le génie grec avec une date, — une date après laquelle il n’y a rien de cette force de chêne en pleine terre, de cette grâce fruste et de cette naïveté ! […] » Hérodote a sur son front païen quelque chose du rayon des prophètes, et Pierre Saliat a le mérite critique de l’avoir vu… Il a, comme un de nous, raffinés modernes qui cherchons partout des analogies, saisi ce caractère majestueux, théocratique et patriarcal qui donne à Hérodote un si grand air, auprès duquel Thucydide lui-même semble petit et mince, un maigre historien d’époque philosophique, quelque chose comme un Thiers d’Athènes. Ce grand caractère religieux qu’a senti Saliat jusqu’à l’outrance, et qui plaisait dans Hérodote à Joseph de Maistre, ce caractère que n’aurait pas pu traduire Courier s’il avait continué sa traduction d’Hérodote, vibre au contraire dans toute sa portée en la traduction de Pierre Saliat, et ce n’est pas là une des moins fortes originalités de cette traduction, qui semblait perdue pour nous et que M.
Au regard de ceux qui vont au fond de cette femme, peut-être plus profonde qu’on ne croit, Marie-Antoinette, cette reine de Trianon avant d’être la reine de France et la reine du Temple, Marie-Antoinette, qui fut un instant si frivole d’apparence avant d’être si sublime de réalité, ne semblait-elle pas avoir un côté historique bien tentant pour les statuaires en pâte tendre ? […] Dans la Marie-Antoinette d’avant l’échafaud, d’avant la prison, et même d’avant la calomnie ; dans la Marie-Antoinette de la jeunesse et du bonheur, dans celle-là que Prudhon aurait peinte, que Goujon et Canova auraient sculptée ; dans cette idéale reine aux cheveux d’or, pour qui non-seulement un diadème pesait trop, mais une simple guirlande ; dans celle-là, enfin, la Marie-Antoinette à la robe de linon qui semblait ressortir plus particulièrement de leur art, à ces historiens de la Vie, il y avait une femme qu’ils ont oubliée, un génie de femme qu’ils auraient dû dégager et qu’ils n’ont pas vu, comme s’il était dans le destin de la divine Malheureuse d’être méconnue par l’Histoire autant qu’elle avait été calomniée. […] Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire, dans son style magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier.
Au regard de ceux qui vont au fond de cette femme, peut-être plus profonde qu’on ne croit, Marie-Antoinette, cette reine de Trianon, avant d’être la reine de France et la reine du Temple, Marie-Antoinette, qui fut un instant si frivole d’apparence, avant d’être si sublime de réalité, ne semblait-elle pas avoir un côté historique bien tentant pour les statuaires en pâte tendre ? […] Dans la Marie-Antoinette d’avant l’échafaud, d’avant la prison, et même d’avant la calomnie ; dans la Marie-Antoinette de la jeunesse et du bonheur, dans celle-là que Prudhon aurait peinte, que Goujon et Canova auraient sculptée ; dans cette idéale reine aux cheveux d’or, pour qui non seulement un diadème pesait trop, mais une simple guirlande ; dans celle-là, enfin, la Marie-Antoinette à la robe de linon, qui semblait ressortir plus particulièrement de leur art, à ces historiens de la Vie, il y avait une femme qu’ils ont oubliée, un génie de femme, qu’ils auraient dû dégager, et qu’ils n’ont pas vu, comme s’il était dans le destin de la divine Malheureuse d’être méconnue par l’histoire, autant qu’elle avait été calomniée ! […] Plus fine que tous ces Français, cette Allemande, qui semblait naïve quand elle faisait dire à ce vieux campagnard de génie, Mirabeau l’Ancien, père de Mirabeau le Superbe, quand elle lui faisait dire dans son style, magnifiquement bourru : « Je me suis dit que Louis XIV serait un peu étonné, s’il voyait la femme de son arrière-successeur en habit de paysanne et tablier, sans suite, ni page, ni personne, courant le palais et les terrasses, demandant au premier polisson de lui donner la main, que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier.
Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] Dans les deux premiers volumes, qui vont jusqu’à la mort de Henri IV, l’auteur, qui semble n’avoir en vue que des résultats généraux, n’en recherche et n’en dégage qu’un seul, dont, à ses yeux, l’importance prime celle de tous les autres, et c’est la question de l’État, comme on dit en Prusse. […] Voilà pourtant ce qu’est devenu un homme qui pensait, observait et remuait des faits autrefois, et qui semblait organisé pour autre chose que pour pêcher à la ligne, dans l’Histoire, une idée qu’il avait commencé par y mettre — comme on met du poisson dans un étang — pour l’y retrouver.
… Même ceux-là qui auraient trouvé leur compte à une histoire de Louis-Philippe, ont semblé s’être donné le mot pour n’en pas parler, et l’on a pu croire à cette vieille tactique qui s’appelle la conspiration du silence et qui n’est peut-être que celle de la peur. […] Quoiqu’au premier abord, et en s’en tenant aux surfaces, il semble qu’il ne doit y avoir rien de commun entre ce Sardanapale de Régent, qui régnait pour souper et mourut ivre sur les genoux de la duchesse de Phalaris, et son descendant au chapeau gris économiquement brossé et aux vertus domestiques, l’air de famille est certainement entre eux, et je le retrouve dans cette lâche ambition de Macbeth sans sa femme, caractéristique des d’Orléans, et qui justifierait, pour les trois dont il est ici question, le mot ignoblement méprisant que Mirabeau disait de l’un d’eux. — Cette ambition qui voudrait, qui convoite et qui n’ose… le Régent l’avait entre ses ivresses. […] Mais, si nous le pouvions, il nous serait facile de faire voir partout, dans le livre de Crétineau, cette ambition qui semblait, chez Louis-Philippe, avoir peur d’elle-même, et qui fut la cause de tant de désaveux, d’empêchements et de reculades sous ce roi quasi-roi, quasi-conscience, quasi-caractère, quasi-tout, puisqu’on avait inventé ce mot bouffon : quasi, pour sa fausse légitimité.
La légèreté de la conversation des femmes, l’agilité de leurs fines articulations intellectuelles, étonnaient et charmaient, comme Miranda charme Caliban, ces esprits d’érudits, massifs et lourds, chargés de notions, et qui semblent faits pour le monde comme les éléphants pour marcher sur le tapis d’un salon. […] … Les lettres, cette causerie par écrit, l’écho prolongé et soutenu de cette autre causerie de vive voix dont il ne reste plus rien quand elle est finie ; les lettres, cette immortalité de la causerie, sont d’ordinaire le triomphe des femmes, et même des femmes les moins faites, à ce qu’il semble, pour triompher… Presque toutes — c’est affaire de sexe et d’organisation sans doute — montrent dans leurs correspondances des grâces d’esprit, humbles ou fières, des aisances, des spontanéités, des finesses, des manières de dire ou de sous-entendre, que sur place bien souvent elles n’ont pas dans la conversation. […] D’ailleurs, il peut admirer de bonne foi et trouver très beau et très intéressant ce qui me semble, à, moi, parfaitement indigne du talent et de la renommée de Madame de Staël.