La musique la plus secrète d’une langue, celle qui se traduit par la poésie, ne se révèle que par celui qui appartient à cette langue tout entier et qui plonge en elle chacune de ses plus profondes racines.
Ce serait infiniment douloureux si ce n’était si comique ; nul, en effet, ne le détrompa ; il parvint à faire croire qu’il était né pour découvrir les plus secrètes délicatesses d’une âme féminine ; et après le livre ridicule de la Fille Élisa parurent ces œuvres extravagantes, La Faustin, Chérie, où quelques bécasses prétendirent se reconnaître, subissant la suggestion d’une enfant devant son maître d’école.
Repoussée, désespérée, la pauvre fille dépérissait, son œil s’égara, mais elle s’observait ; au fond personne ne voyait son secret, elle se rongeait intérieurement. « Quoi !
Mais la fille du roi de la Petite-Bretagne, qui a surpris le secret des amours de son mari, veut se venger ; elle lui fait accroire que la reine de Cornouailles refusa de se rendre à ses vœux et Tristan meurt de chagrin ; Iseult, arrivée trop tard, meurt à son tour auprès de son amant.
La descente de Woran vers Erda pour lui arracher ses secrets (voir la Walkure, acte II) n’est pas sans analogie avec celle de Faust vers les Mères.
L’observation la plus patiente des astres ne révélera pas plus le secret de leurs mouvements, que l’observation la plus attentive des états de conscience ne découvrira leurs lois.
* * * — Marchal le peintre, déjeunant le matin, en son habit de soirée, à la crémerie, avec les domestiques de la maison où il avait été invité au bal, connaissait les secrets de tous les riches intérieurs de Paris.
Il est parlé ensuite de Pasteur, et du mystère de ses procédés, qui lui donne quelque chose du côté secret d’un hermétique du xve siècle.
Le secret y allait jusqu’à l’abstrait… Dans son impassibilité peut-être seulement apparente, étaient empreintes les deux pétrifications, la pétrification du cœur propre au bourreau, et la pétrification du cerveau propre au mandarin.
Il y a entre l’homme et les murs qu’il a longtemps habités mille secrètes intimités à se dire, qui ne permettent jamais de se revoir, après de longues absences, sans qu’une conversation qui semble véritablement animée et réciproque ne s’établisse aussitôt entre eux.
Afin d’éviter le sort qui m’était préparé, et sur l’avis secret du ministre de l’intérieur, qui prenait à moi beaucoup d’intérêt, je passai promptement à l’étranger, où une année d’exil me punit beaucoup trop du tort d’avoir fait un ouvrage moral, intéressant, et qui, selon toutes les probabilités, en faisant la fortune du théâtre, devait augmenter la mienne.
Lorsque l’amour s’empare de deux cœurs, Pour rompre leur commerce et vaincre leurs ardeurs, Employez les secrets de l’art et la nature, Faites faire une tour d’une épaisse structure, Rendez les fondements voisins des sombres lieux, Elevez son sommet jusqu’aux voûtes des cieux, Enfermez l’un des deux dans le plus haut étage, Qu’à l’autre le plus bas devienne le partage, Dans l’espace entre deux, par différents détours, Disposez plus d’Argus qu’un siècle n’a de jours, Empruntez des ressorts les plus cachés obstacles ; Plus grands sont les revers, plus grands sont les miracles : L’un, pour descendre en bas osera tout tenter, L’autre aiguillonnera ses esprits pour monter.
Il croit, avec juste raison, que le règne se passe de ceux-là qui, depuis trente ans, débitaient de la rhétorique sur toutes choses, et qu’après la tribune qu’on leur a brisée sous le pied on pourrait bien descendre, au moins d’un degré, la chaire qui leur reste… et voilà le secret de ces plaintes de Josse en déconfiture, que l’on nous soupire aujourd’hui sur le chalumeau d’une fausse nationalité.
Il fallait peindre le paradis de l’adultère, ce paradis qui est un enfer ; et, pour qu’on en comprît mieux la secrète horreur, les transes et les ignominies, il fallait choisir des créatures d’élection, l’une comme force et l’autre comme pureté, et les rouler dans cet enfer jusqu’à perte de conscience humaine, afin que ceux qui rêvent à la poésie des amours illégitimes et des intimités qui tremblent sussent une fois pour toutes ce qui en est !!
Nous voyons, nous touchons, nous possédons la vérité sur nos facultés et nos capacités, sur la spontanéité réelle de notre volonté, sur le secret mécanisme de notre vie morale, sur la nature même de notre être.
C’est le secret de demain. […] L’occultisme vrai c’est le secret, l’âme des choses, le divin, l’esprit, la pureté. […] Tout ce qu’on peut lui proposer est inférieur à sa conception et à son travail secret. […] On dirait qu’il a trouvé le secret de polichinelle, et qu’il en joue ! […] Les symbolistes ont également cette prétention, qui n’est pas injustifiée, mais quant à dévoiler la secrète signification de ce vocable, je ne le saurais.
Il l’épousa par devoir, mais en secret, et à la condition qu’elle ne serait sa femme que de nom. […] Ce profond traité contient tout le secret de la métempsychose, et développe l’histoire de l’âme à travers tous ses états. — Whittington et son chat est une œuvre de ce mystérieux Rabbi Jehuda Hannasi, contenant une défense de la Gémara de la Misna Hiérosolymitaine, et les raisons qui doivent la faire préférer à celle de Babylone, contrairement à l’opinion reçue. » Lui-même avertit qu’il va publier « une histoire générale des oreilles, un panégyrique du nombre trois, une humble défense des procédés de la canaille dans tous les siècles, un essai critique sur l’art de brailler cagotement, considéré aux points de vue philosophique, physique et musical », et il engage les lecteurs à lui arracher par les sollicitations ces inestimables traités qui vont changer la face du monde ; puis, se tournant contre les savants et les critiques éplucheurs de textes, il leur prouve à leur façon que les anciens ont parlé d’eux.
Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380. […] There appeared the voluptuous charms of her to whom the heir of the throne had in secret plighted his faith.
Le roi se considérerait comme le successeur de ses aïeux, le maître légitime de son peuple ; les nobles se pavaneraient de leur noblesse, et seraient privilégiés ouvertement ou en secret ; les prêtres entretiendraient la nation dans l’ignorance ; un pacte s’établirait entre tous ces vieux débris de l’ancien régime et l’aristocratie de la richesse ; et cependant le peuple, le peuple immense, travaillerait pour nourrir l’oisiveté, livré lui-même héréditairement à l’immoralité, à l’abrutissement, à la misère. […] Apprends donc mon secret, qui est le tien : cet amant existe, le plus grand, le plus beau, le plus divin de tous ; et il veut que tu souffres pour lui.
Un mot profond : « pour en être », c’est-à-dire avoir sa main dans toutes les choses secrètes et ténébreuses de la vie parisienne. […] Toutes les modes actuelles, avec leur tapage, me semblent habiller la femme de scandale : le cachemire me paraît envelopper le mystère et le secret de la femme du monde qui sort de chez son mari, — pour aller à son premier rendez-vous.
Le secret de cette petite comédie, s’il y en a un, n’aurait pu être dévoilé que par le président des primitifs, devenu le spirituel académicien que tout le monde connaît ; mais à défaut de renseignements à ce sujet, longtemps mais vainement promis à Étienne par Charles Nodier, voici l’extrait d’une brochure curieuse que cet écrivain publia en l’an XII de la république (1804), sous le titre d’Essais d’un jeune barde. […] « Son regard était si solennel que ceux sur lesquels il tombait se sentaient saisis d’un respect religieux ; mais il était si doux qu’il avait un charme secret pour assoupir les chagrins du pauvre. […] On aime les coups de théâtre, et quand on ne peint pas les passions violentes, quand on ne pousse pas l’expression en peinture jusqu’à la grimace, on risque de n’être ni compris ni goûté. » Étienne écoutait toujours en silence ; David examina de nouveau la composition de son élève : « Il y a vraiment de très-bonnes idées, reprit-il en désignant quelques figures ; mais, mon cher Étienne, il faut que je vous dise le secret de notre métier. […] Vers cette même époque, il suivit Bassal, envoyé secret en Suisse, et là, tout en s’occupant de son art, il prit goût aux intrigailleries politiques. […] Ils ont été mis au secret et de là on les a conduits à l’inquisition.
Mabilleau a surpris le secret du génie de Victor Hugo ? […] Un soir qu’il était gris, il aurait révélé ce plan machiavélique à la table de la belle Sainte-Amaranthe, et, le lendemain, il aurait fait guillotiner la célèbre courtisane pour enterrer le secret avec elle. […] Qui arrachera le secret de notre destinée au sphinx implacable qui continue à dévorer les générations, sans leur laisser rien entrevoir que des lambeaux irritants de la vérité ? […] — Mais, une fois qu’il s’est bien prouvé l’utilité de son entreprise, il s’en donne à cœur joie ; il nous introduit dans les alcôves les plus secrètes et tant pis si les révélations ne tournent pas à l’honneur du héros ! […] Mais on a surpris le secret du maître et aussitôt c’est une noble émulation pour le servir.
Le despote de l’avenir, celui sur lequel il compte pour conduire l’humanité dans les voies de la sagesse grâce au secret d’un puissant explosif qui lui permettrait de la tenir en crainte, consacrera ses loisirs à fonder une académie sur le modèle de celle de Laurent le Magnifique. […] Que ce Dieu, s’il existe, garde son secret, qu’il se cache dans son éternité, derrière son ciel impénétrable ; quant à nous, tirons le meilleur parti possible de ce domaine terrestre qu’il ne peut pas nous reprendre et qu’il nous a fait payer si cher… » L’humanité poursuit son raisonnement, et les corollaires qu’elle en tire inquiètent M. […] Il le poursuit, le Moi, avec cette ironie âpre, impitoyable, dont il a le secret : « Quand nous ouvrirons un livre, sera-ce pour y apprendre, comme si nous étions, nous, des enfants trouvés, que l’auteur a eu un père, des frères, une famille, ou l’âge auquel il fit ses dents, combien de temps dura sa coqueluche, les maîtres qu’il eut au collège, et comment il passa son baccalauréat ? […] b) Ayant réalisé toutes ses ambitions, il n’est cependant pas heureux : il renonce alors à poursuivre plus longtemps des mirages qui s’évanouissent dès qu’il les touche, il ne s’applique plus qu’à la recherche de ce « quelque chose », dont il a toujours eu l’obscure divination et qu’il veut atteindre ; il ne s’occupe plus que de sa conscience qu’il fouille jusque dans ses replis les plus secrets ; cette recherche lui donne enfin les certitudes auxquelles il aspirait (Ma confession, Ma religion). […] C’est là le secret de demain et c’est sur cette question que nous nous-arrêterons.
Entendez qu’on peut bien composer une « élégie » pour soi-même, et une « satire », au besoin ; on peut écrire un roman et l’enfermer sous une triple clef ; on peut être l’annaliste secret des hommes et des choses de son temps, mais on n’a jamais eu l’idée de préparer un « discours », ni de faire, pour soi tout seul, une tragédie en cinq actes, et en vers. […] Un autre homme ne s’y est pas trompé : c’est Richelieu que je veux dire, et là même est le secret motif de ce qu’on le voit faire pour et contre Corneille. […] Utiliser le pouvoir de l’esprit et s’en faire un instrument de règne, ou, si l’on veut, intéresser les gens de lettres à la réalisation de ses plans ambitieux, sans leur en livrer le secret, il lui sembla que ce serait sans doute une grande chose, et que ce qu’il voyait autour de lui lui en offrait les moyens. […] Car tandis qu’il semblait qu’on livrât ainsi « le secret du sanctuaire » [Cf. […] « Il me semble avec vous, cher Sacy, écrit Mme de Lambert à un de ses amis, qu’en citant du latin je franchis les bornes de la pudeur, et que je vous fais part de mes débauches secrètes. » Encore au moins la comprend-on !
Doris sera cette amante et cette seconde épouse, Doris à la fois belle et sage, également chère à Pallas et aux muses, mais qui ne veut avec celles-ci qu’un commerce secret.
Par je ne sais quel secret défaut de l’imagination ou du cœur, il nous laisse froids, même là où il a le mieux réussi.
Le secret du génie d’un grand homme est le plus souvent dans son cœur.
Tout le secret du mépris où les meilleures œuvres du moyen âge tombèrent injustement, est là : le moyen âge lui-même ne les a pas respectées.