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1312. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Elle attribue sa pleine valeur aux deux grandes choses de ce monde, l’intelligence (c’est-à-dire la science) et le courage.

1313. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

1314. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

L’individu recherche la volupté qui lui semble son but à elle-même, il veut augmenter son bien-être par la science ; qu’importe si son désir le trompe et exploite son effort, au profit d’autres buts, puisque aussi bien cette forme individuelle qui, sous ce nom de moi, désirait, s’est déjà dissipée pour faire place à un fantôme nouveau et aussi éphémère ?

1315. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ; Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages Des générations à vau-l’eau dans les âges ; Et devant mon regard se prolongeaient sans fin Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim, La superstition, la science, l’histoire, Comme à perte de vue une façade noire.

1316. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Il n’est point de sciences dans lesquelles il ne se prétendit versé.

1317. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Comment exprimer en latin les changemens arrivés par rapport à la religion, à la morale, aux coutumes, aux habillemens, aux commodités & aux besoins de la vie, aux sciences & aux arts ?

1318. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

La simplicité de l’Écriture est celle d’un antique prêtre qui, plein des sciences divines et humaines, dicte du fond du sanctuaire les oracles précis de la sagesse.

1319. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Votre tâche, moins agréable que la mienne, n’était guère moins difficile à remplir : elle exigeait une connaissance approfondie de la langue, des usages, des coutumes, des mœurs, de l’état des sciences et des arts au temps de Sénèque.

1320. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Tout l’art de Marcel se réduisait à la science d’un certain nombre d’évolutions de société ; il n’en savait pas assez pour former même un médiocre acteur ; et le plus insipide modèle qu’un artiste eût pu choisir, c’eût été son élève.

1321. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

Sous le regne d’Antiochus Epiphane, roi de Syrie, les arts et les sciences qui corrigent la ferocité de l’homme, et qui même quelquefois amolissent trop son courage, fleurissoient depuis long-tems dans tous les païs habitez par les grecs.

1322. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

On déclarait plus haut que la science ne « pouvait établir aucune théorie » ; mais on entreprend sérieusement toute une théorie scientifique du style, sur laquelle, d’ailleurs, nous aurons occasion de revenir.

1323. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

Elle obtient ainsi un symbolisme commode, nécessaire même peut-être à la science positive, mais non pas une vision directe de son objet.

1324. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Depuis que Tibérius Coruncanius eut commencé à Rome d’enseigner publiquement la science des lois, la jurisprudence jusqu’alors secrète échappa aux nobles, et leur puissance s’en trouva peu à peu affaiblie.

1325. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Essais de paléontologie philosophique Un savant dont le nom est grand dans le monde de la science, M.  […] Voilà pourtant où la science et l’abus de la chimie ont conduit ces demoiselles. […] » Qui sait ce que la science, l’art et le progrès ont perdu de forces cérébrales dans cette tragique hécatombe que tout un peuple acclame avec des fanfares ?  […] L’Académie des sciences organisa en l’honneur du grand-duc une séance solennelle. […] En réponse à ceux qui affirment qu’en art militaire la science tient lieu de tout, M. 

1326. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il le suppose parce que cela lui fait plaisir, et bien que la nature même des moyens de compression qu’il leur prête et le fait même de tourner la science en instrument de domination et de terreur soient peut-être contradictoires à l’idée de bonté. Mais supposons que, par un malheur, les « tyrans positivistes » de Renan ne soient pas bons ; et nous aurons tout justement les hommes-dieux savants et méchants (« science sans conscience est la ruine de l’âme ») conçus par Lamartine trente-cinq ans avant que les Dialogues philosophiques ne fussent écrits. […] Remarquez que cette vision monstrueuse de la ville de Balbeck, c’est tout simplement le tableau grossi de la suprême cité industrielle ; que les tyrans-dieux y sont comme des « patrons » qui auraient traversé avec succès la crise révolutionnaire et socialiste et qui, par la science, seraient venus à bout, une fois pour toutes, des prolétaires. […] Il serait tout à fait impossible de démontrer que les applications de la science aux commodités de la vie nous aient vraiment faits plus heureux. […] Ils ne feraient servir toute leur science qu’à la sensation égoïste.

1327. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Désormais il n’en existera plus qu’une, celle que la science et l’instruction mettront entre les ignorants et les savants. […] Heyne, conservateur de ce dépôt où il amassait les trésors de sciences qui devaient en faire le premier philologue de son temps, étonné du nombre et de la variété des livres que demandait un jeune savant, lecteur assidu de la bibliothèque, voulut savoir qui était cet homme, si ardent pour la science ; or, c’était Winckelmann. […] Milizia, ardent amateur des arts et écrivain érudit, se faisait connaître à la même époque, comme l’un de ceux qui devaient, par leurs écrits, servir et accroître la science nouvelle. […] Sous son règne, toutes les pensées, toutes les actions se rapportent à la patrie : mourir pour elle, c’est acquérir l’immortalité ; les sciences et les arts sont encouragés. […] Les progrès extraordinaires des sciences semblaient ouvrir une carrière nouvelle à l’homme.

1328. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

C’était un pastiche du style de Molière, fait avec une science profonde de la langue, du style et des allures de style du dix-septième siècle si profondément ignoré des classiques modernes qui ne jurent que par lui. […] Quelle merveilleuse science architectonique ! […] Les cosmogonies et les théogonies, la symbolique des sciences occultes, occupèrent son cerveau plus qu’il ne l’aurait fallu, et souvent les esprits les plus compréhensifs ne purent le suivre au faite des Babels qu’il escaladait, ou descendre avec lui dans les syringes à plusieurs étages où il s’enfonçait. […] Son dernier tableau, les Filles d’Ève, ne fait pas soupçonner que le pinceau allait échapper à la main qui peignait ces jeunes femmes coquettement costumées et mordant à belles dents aux pommes de l’arbre de science. […] Rien de plus faux : les novateurs ont tous possédé une science technique profonde.

1329. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Ils pensent que les sciences dessèchent le cœur, désenchantent la vie, mènent les esprits faibles à l’athéisme, et de l’athéisme à tous les crimes. […] Buffon avait un souverain mépris pour les classifications, qu’il appelait des échafaudages pour arriver à la science, et non pas la science elle-même 26. Indépendamment des autres dangers qu’entraîne l’étude exclusive des sciences, comme elles ont un rapport immédiat avec le vice originel de l’homme, elles nourrissent beaucoup plus l’orgueil que les lettres. […] Rollin était un homme rare qui avait presque du génie à force de science, de candeur et de bonté. […] « Peut-être en est-il de ces derniers qui visitent quelquefois ces asiles de la science dont ils ont été exilés.

1330. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

qui ont la passion avec la réflexion, la conscience avec la science ! […] la science et l’industrie ne créent que des difformités, des monstres ! […] la critique aussi est une science, et peut-être faut-il, pour être bon critique, avoir disséqué au moins un homme. […] Moreau, de Tours, l’atteste avec l’autorité de la science, « les hypocondriaques sont loin d’être rares parmi les hommes d’un génie véritable. […] C’est sans doute parce que cet état relève de la science médicale, et parce que d’ailleurs l’état maladif se manifeste d’une façon plus frappante que l’état normal et sain.

1331. (1913) Poètes et critiques

Au rebours de Victor Hugo, qui se défiait de la science — rappelons-nous l’Âne, rappelons-nous la satire contre Darwin, — Richepin la vénère, et comme il n’en craint pas les conclusions, il a tenu à honneur d’en exprimer, à sa façon, les résultats. […] Ce siècle et le suivant ramèneront la poésie à ses origines scientifiques : Empédocle, Pythagore, les philosophes primitifs de la Grèce antique enfermaient la science d’alors dans la formule immortelle du vers. […] Van Tieghem a bien raison — est à noter chez lui plus que chez d’autres, car il a fait du mot de Science un usage presque immodéré, et il n’était pas le Savant. […] Il s’est attaché, de préférence, aux sciences naturelles. […] Nous voyons briller cet espoir, si vivace et si exclusif, dans l’avenir de la science, dans la puissance illimitée de l’intelligence humaine, pour qui « tout mystère » doit finir par se dissiper.

1332. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt savent, décrivent, exposent tout cela avec science et verve. […] Elle avait moins d’instruction que d’esprit, et que de science du monde.

1333. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

cela a peu duré, chez moi du moins ; — car toi, en acquérant la science de l’homme, tu as su garder la candeur de l’enfant. — Le germe de corruption qui était en moi s’est développé bien vite… » La seconde édition des Poésies (1833), qui portait pour titre : Albertus ou l’Ame et le Péché, légende théologique, du nom de la pièce principale, et qui avait au frontispice une eau-forte de Célestin Nanteuil, marquait un pas de plus. […] Faust dit : « Aimez, vous ferez bien mieux que d’étudier. » Don Juan dit : « Interrogez la science, apprenez, apprenez, vous avez plus de chance de ce côté que du mien. » Le grand Empereur enfin, après avoir pressé dans sa main le globe, trouve qu’il sonne creux, et se prend à envier l’idylle du chevrier de son île natale à travers les halliers.

1334. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

C’est une flatterie à l’homme de croire que du moins tous les résultats positifs restent, et que dans la science on n’oublie pas. […] Cette toile de Pénélope, dans la science et la philosophie, amuse les amants de l’humanité, qui s’imaginent toujours que le soleil ne s’est jamais levé si beau que ce matin-là, et que ce sera pour ce soir à coup sûr le triomphe de leur rêve.

1335. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Le jugement, la critique, la recherche des documents et le contrôle des témoignages y font trop défaut : ce ne sont pas des œuvres de science. […] Son originalité, sa caractéristique, c’est une curiosité toujours éveillée, toujours active, d’autant qu’à son esprit vierge de toute science solide et positive, tout est nouveau.

1336. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

La science, elle-même, quand elle pénètre dans les salons, cache son austérité sous un voile de dentelle ; elle sourit, s’adoucit, se défait de son parler rude et de sa physionomie sévère ; elle a peur d’être ennuyeuse, ce qui en pareil endroit est le pire des défauts ; elle s’efforce d’être piquante et même amusante autant que savante. C’est là que pourrait bien avoir pris naissance un art encore très français, celui de séculariser la philosophie et de populariser la science, j’entends le talent de mettre à la portée des intelligences à demi cultivées les mystères réservés d’abord aux initiés.

1337. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Au théâtre, des tirades contre la fourberie et la cruauté des prêtres ; Notre crédulité fait toute leur science, disait déjà, dans l’Œdipe de Voltaire débutant, un personnage qui n’est visiblement que le porte-parole de l’auteur. […] La littérature, sans être aussi redoutable pour les dogmes que la science l’a toujours été par sa ferme volonté de ne rien admettre qui ne soit prouvé, est devenue, elle aussi, dangereuse pour eux, à mesure qu’elle a été pénétrée de l’esprit scientifique ; l’histoire, la philologie, la philosophie, armées de méthodes sévères, ont critiqué les faits, les textes, les conceptions qui s’offraient à leurs regards aigus dans les livres dits sacrés, et nul n’ignore l’abatis qui s’en est suivi de légendes et d’erreurs données comme des vérités révélées.

1338. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Mais une formule est, de sa nature, sèche et rigide comme la science ; et l’histoire, surtout l’histoire d’une littérature, ne peut pas être seulement scientifique ; elle doit être en sus. quelque chose de souple, de vivant, de littéraire. […] Je reviens donc à ce qui est encore matière à science dans le vaste domaine que je suis bien près d’avoir achevé de parcourir.

1339. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Basset, saisira très bien, tout à côté, et nous rendra d’une manière charmante l’art et l’esprit habile des Jésuites qui, à peine débarqués dans un endroit, au cap de Bonne-Espérance ou à Batavia, chez les Hollandais protestants, se hâtent d’établir leur observatoire et de se faire bien venir en mettant du premier jour leur science, leurs lunettes astronomiques, au service de la curiosité populaire : « Ils vont dresser leurs machines, dit Choisy, pour au moins payer leur hôte avec un peu de Jupiter et de Mercure. » Et il ajoute comme moralité : « C’est une bonne chose, par tout pays, que l’esprit. » Pourtant, cette nature fine et mobile de Choisy a bien saisi, par éclairs, le vrai sentiment de l’inspiration apostolique. […] Une application infinie et un désir insatiable d’apprendre lui tenaient lieu de science ; plus il était ignorant, plus il affectait de paraître savant, citant quelquefois hors de propos des passages latins qu’il avait appris par cœur, et que ses docteurs à gages lui avaient expliqués.

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