Et en effet, nous savons qu’elle est quelquefois décevante, que c’est un fantôme qui ne se montre à nous un instant que pour fuir sans cesse, qu’il faut la poursuivre plus loin et toujours plus loin, sans jamais pouvoir l’atteindre. Et cependant pour agir il faut s’arrêter, αναγκη στηναι, comme a dit je ne sais plus quel Grec, Aristote ou un autre. Nous savons aussi combien elle est souvent cruelle et nous nous demandons si l’illusion n’est pas non seulement plus consolante, mais plus fortifiante aussi ; car c’est elle qui nous donne la confiance. […] Mais pouvons-nous regretter ce paradis terrestre où l’homme, semblable à la brute, était vraiment immortel puisqu’il ne savait pas qu’on doit mourir ? […] Les lecteurs de mon petit livre sur la Science et l’Hypothèse savent déjà ce que j’en pense.
Madame, avant que de jeter les yeux sur votre plan d’éducation, j’ai voulu savoir quel serait le mien. […] Qu’importe que Thémistocle sache ou ne sache pas jouer de la lyre ? […] Si votre fils rougit en secret, ignorez sa honte ; accroissez-la en l’embrassant ; accablez-le d’un éloge, d’une caresse qu’il sait ne pas mériter. […] Je ne sais ce que c’est que l’éducation libérale, ou la voilà.
Mais la question de savoir si la nature du lien causal exclut toute contingence n’est pas tranchée pour cela. […] Or, si la sociologie ainsi conçue peut servir à illustrer de faits curieux une philosophie, elle ne saurait l’enrichir de vues nouvelles, puisqu’elle ne signale rien de nouveau dans l’objet qu’elle étudie. […] Par principe, elle ignorera ces théories auxquelles elle ne saurait reconnaître de valeur scientifique, puisqu’elles tendent directement, non à exprimer les faits, mais à les réformer. […] Mais, par cela même qu’ils ne se présentent à elle qu’à ce moment, que, par suite, ils se dégagent des faits et non des passions, on peut prévoir qu’ils doivent se poser pour le sociologue dans de tout autres termes que pour la foule, et que les solutions, d’ailleurs partielles, qu’il y peut apporter ne sauraient coïncider exactement avec aucune de celles auxquelles s’arrêtent les partis. […] Tout cet appareil de précautions peut sembler bien laborieux pour une science qui, jusqu’ici, ne réclamait guère, de ceux qui s’y consacraient, qu’une culture générale et philosophique ; et il est, en effet, certain que la mise en pratique d’une telle méthode ne saurait avoir pour effet de vulgariser la curiosité des choses sociologiques.
La Bruyère les a bien connus : « Il n’y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps [de l’esprit aussi, quoique moins] qui ne soient aperçus par les enfants ; ils les saisissent d’une première vue et ils savent les exprimer par des mots convenables : on ne nomme point plus heureusement. […] La catharsis est, comme on sait, l’art de se débarrasser sans danger d’un sentiment qui pourrait nuire, de s’en purger de telle sorte qu’il ne reste pas en nous pour nous torturer, ou qu’il ne s’exerce pas d’une manière mauvaise et funeste. […] Les acteurs savent qu’il faut avoir le trac, l’émotion paralysante, avant la représentation ou pendant la représentation, et ils disent : « Si on l’a avant, on ne l’a pas pendant ; on est purgé » ; et il est possible. […] En vérité, je ne sais. […] Je ne saurais pas le contraire de quoi il faut croire bon ; car il avait une infaillibilité à rebours qui donnait une idée de l’absolu.
Le fondateur des Dîners littéraires, à bon mot et à dix francs, n’est pas seulement un professeur d’hygiène intellectuelle aussi simple que cet ivrogne de Sheridan, qui disait : « Quand la pensée est lente à venir, un verre de bon vin la stimule, et quand elle est venue, un verre de vin la récompense », c’est un homme plus profond que cela : il connaît son temps et sait jouer du vice de son temps. C’est un homme d’esprit, qui sait ce qu’il veut faire et qui réussit. […] … La postérité n’eût rien su de ces repas friands et voilés, entre quelques grands et charmants esprits, si la main toute-puissante et indiscrète de la gloire n’avait écarté le discret rideau qu’ils avaient su tirer sur eux. […] Les dîners pour le réveil de l’esprit français seront-ils moins heureux que les dîners du Caveau, qui ne réveillèrent pas non plus la gaîté française, mais qui, du moins, produisirent par mois leur ration de chansons lugubres ; car nous ne savons rien de plus triste que ces flons-flons païens, bachiques et grivois, enfantés par des têtes maniaques dans l’ivresse.
Edmond Pilon est un poète qui sait ordonner un beau luxe et qui sait faire agir en peu de gestes ses personnages. […] Celui de son livre meut des attributs païens, néo-grecs, néo-alexandrins, si l’on veut, que Puvis de Chavannes a créés autour de certaines de ses figures silencieuses, cette atmosphère de bois sacré qu’il a su transcrire sans en effriter la brume religieuse. […] Et vous savez, Keats l’a dit : « La vérité c’est la beauté ».
En effet, Desportes sut bientôt se dégager du Pédantisme de Ronsard, qu’il avoit pris d’abord pour modele. […] Ce fut des Italiens qu’il apprit, dit-on, à répandre dans ses Vers un noble enjouement, tel qu’est celui qui regne dans ce Sonnet adressé à une Dame : Je vous entends fort bien, ce propos gracieux, Ces regards dérobés, cet aimable sourire, Sans me les déchiffrer, je sais qu’ils veulent dire, C’est qu’à mes ducatons vous faites les doux yeux. […] Il est le premier qui ait su répandre de l’agrément & de la délicatesse dans les Pieces érotiques ou de galanterie. On sait encore par cœur plusieurs couplets de ses Chansons.
Je ne saurais le dire. […] Elle m’emporte je ne sais où. […] Mais cette poésie de la vingtième année ne saurait lui suffire. […] Elle ne saurait être préméditée, composée à froid. […] Il ne sait par où commencer.
Il ne s’agit que de savoir s’il n’est pas nécessairement l’un et l’autre. […] Et de savoir justifier leur degoût, ou leur plaisir ? […] On ne sauroit me reprocher de m’être affranchi d’aucune des contraintes établies. […] Vous vous recriez d’abord qu’un peuple sensé ne sauroit ne pas être ami des regles. […] Je sais estimer le degré d’imagination qui en est la source : mais je sais aussi qu’il faut maîtriser cette imagination dominante, et l’assujettir toûjours à la raison et aux convenances.
Mais toi, bon ermite, tu saurais peut-être calmer ce malheureux ? […] Ce sont de pauvres hères plutôt souffrants qui ne savent pas s’adapter à la vie. […] Les hommes n’ont pas su admettre ces conditions primordiales. […] n’en doute pas… Et, qui sait ? […] L’Ermite, ahuri, ne sait que répondre.
Je ne sais pas ce que Don Ruggiero en fait. […] sait peut-être bien ce qu’elle fait. […] Je ne sais. […] Il doit savoir à quoi s’en tenir sur la beauté. […] Qu’en sait-on ?
On ne saurait donc tirer de cette différence une définition statique qui tranche automatiquement, dans n’importe quel cas, la question de savoir si l’on a affaire à une plante ou à un animal. […] On ne saurait le dire. […] Et tout se passe également comme si le Sitaris lui-même savait que sa larve saura toutes ces choses. […] Le Sphex à ailes jaunes, qui a choisi pour victime le Grillon, sait que le Grillon a trois centres nerveux qui animent ses trois paires de pattes, ou du moins il fait comme s’il le savait. […] On sait quels vastes territoires le langage occupe dans le cerveau humain.
Savoir n’a pas sa fin en soi. […] Savoir est pour vivre. […] Nous le savons. […] Nul ne sait jamais assez. […] On sait pourquoi.
Le temps montrera comment nous aurons su nous en acquitter. […] Politiquement, cette manière de faire ne saurait entrer dans l’esprit de ceux qui ne la sentent pas déjà par le cœur. […] — Vous savez comme moi tout ce qu’elle a été, tout ce qu’elle a fait pendant la Révolution. […] Béranger, dans son rôle de poète politique, l’a senti à point ; il a su se dérober pour se renouveler peut-être. […] Il aimait beaucoup et goûtait la musique, la métaphysique aussi, on le sait, et pas du tout le travail, à proprement parler.
Vous ne savez pas l’aimer, et votre punition est que vous ne pouvez pas la voir. […] Au moindre bruit, il fonce en avant, outrageusement, sans savoir pourquoi. […] Sus, sus, mon garçon, en avant sur elle ! […] Reste à savoir quelles idées l’ont rendu populaire. […] Ses vérités sont trop vraies ; nous savions d’avance ses préceptes par cœur.
— Encore moins ; il sait trop bien les sciences modernes. — Imite-t-il Condillac ? […] Quand j’examine de près ce que je sais d’elle, je trouve que je ne sais rien d’autre que les impressions qu’elle fait sur moi. […] J’en sais autant en le commençant qu’après l’avoir fini. […] Mais comment savez-vous cela ? […] Sans doute on peut savoir ainsi que deux droites ne sauraient enclore un espace, mais on peut le savoir encore d’une autre façon.
L’épicurien qui sait vivre calme dans des bornes vertueuses est un prodige ; le stoïcien qui sait religieusement souffrir en est un autre. […] Nous n’en savons rien. […] Nous n’en savons rien. […] Qui sait ? […] Que savez-vous si ce n’est pas le Christianisme lui-même qui se transfigure dans nos âmes ?
Mon idée en est si fort occupée que je ne sais rien en son absence qui m’en puisse divertir. […] Mais une distinction essentielle est à faire, et l’on ne saurait trop la méditer parce qu’elle touche au fond même du génie dramatique. […] Alceste serait le portrait de M. de Montausier, le Bourgeois Gentilhomme celui de Rohault, l’Avare celui du président de Bercy ; que sais-je ? […] non, dit-il, les bouillons de ma femme sont de vraie eau-forte pour moi ; vous savez tous les ingrédients qu’elle y fait mettre. […] Chaque homme de plus qui sait lire est un lecteur de plus pour Molière.
Il a su également traiter la critique d’une maniere intéressante, pleine de sel, d’agrémens, de politesse, & de modération ; ce qui le rend supérieur à ses Adversaires, du moins par la maniere de combattre, sur-tout à Madame Dacier, qui, dans la dispute sur les Anciens, employa quelquefois le ton du pédantisme & de l’âcreté. « On vit paroître dans la lice, dit M. de Fontenelle, d’un côté le Savoir, sous la figure d’une Dame illustre ; de l’autre, l’Esprit, je ne veux pas dire la Raison, car je ne prétends pas toucher au fond de la dispute, mais seulement à la maniere dont elle fut traitée. […] L’Esprit, au contraire, fut doux, modeste, même enjoué, toujours respectueux pour le vénérable Savoir, & plus encore pour celle qui le représentoit ». […] On ne sait pourquoi M.
Il sait que, lui, triomphera. […] Elle ramène toujours ce que l’on découvre à ce que l’on sait déjà. […] La beauté comme la vérité que nous pouvons connaître ne sauraient jamais être complètement définitives. […] On sait quelle fut la passion vraie ou factice du romantisme naissant pour le moyen âge. […] Mais cette intuition dans le romantisme demeura confuse, et l’on sait comment resta superficielle sa passion pour le moyen âge.
Sa jeunesse, on le sait, a été fort pénible. […] Ne sait-on pas que les mauvais corrompent les bons bien plus que les bons ne corrigent les mauvais ? […] On sait qu’il a l’épiderme aussi chatouilleux qu’il a le poing épais, et ses dédains sont des représailles. […] … Tu sais, maman, bonsoir, j’en ai assez ! […] Je sais tout, je sais sur quelle pente tu es !
Chez eux, il y a du bon partout ; le général s’y mêle toujours au particulier, il faut savoir l’en tirer et le laisser venir ; il y a depuis un certain temps assez d’écrivains politiques qui ne procèdent que par axiomes généraux, par considérations abstraites, pour que le défaut contraire ait son prix et constitue une espèce d’originalité. […] La vérité est que M. de Martignac et la Chambre de 1828 n’ont su ni ce qu’ils faisaient, ni ce qu’ils devaient faire. […] C’eût été se faire siffler par le peuple dont l’instinct sûr sait pourquoi il a combattu, beaucoup mieux que ceux qui ne se croient pas peuple. […] Ils commandaient, non parce qu’ils en avaient la capacité, on ne le savait pas encore, mais parce qu’on pouvait toujours les reconnaître au milieu de la foule et partout où ils se portaient. « A l’époque de la vie où on n’est plus un enfant, où on ne sait pas encore positivement si on est un homme, le plus grand bonheur qu’on puisse éprouver est de rencontrer une occasion de tâter son courage.
Qui sait celui qui aura le dernier mot auprès de nos neveux indifférents. […] Après les jeux de la passion que devenait cette enfance, elle-même pourtant, elle vint, la passion en personne : nous le savons ; elle éclaira un moment ce génie si bien fait pour elle, elle le ravagea… Il a dû à ces heures d’orage et de douloureuse agonie de laisser échapper en quelques nuits immortelles des accents qui ont fait vibrer les cœurs, et que rien n’abolira. […] Hippolyte Taine Nous le savons tous par cœur. […] C’est dans la jeunesse qu’on sent très vivement et c’est dans l’âge mûr qu’on sait son métier de poète. […] Il a su faire de beaux vers de très bonne heure ; et, encore adolescent de cœur assez avant dans la vie, il a eu toute l’ardeur de la passion quand il avait tout le talent pour la peindre.
Tout le monde sait par cœur l’éloge qu’il y fait du vrai ; tout le monde est intéressé à en adopter les idées & à en pratiquer les leçons. […] Enfin l’Art poétique d’Horace est un magasin d’excellens Tableaux, jetés au hasard les uns les autres ; celui de Despréaux, une galerie de peintures rangées avec ordre & symétrie, d’où résulte un tout, une histoire qui plaît & intéresse par les nuances & les gradations que le Poëte y a su ménager. […] Je ne sais si c’est mauvais goût ou mauvaise foi ; mais il me semble nécessaire que l’un ou l’autre ait enfanté cette opinion. […] Finissons cet article, en déclarant encore à tous les Aristarques du nouveau Monde Littéraire, que, malgré leurs efforts, leurs Dissertations, leurs Sentences, leurs Satires, Despréaux n’en sera pas moins celui de tous nos Poëtes dont on a retenu & dont on citera toujours le plus de vers ; celui qui, le premier, a déployé les richesses de notre Langue, & qui l’a portée, par ses Ouvrages, au degré d’estime où elle est parvenue depuis ; celui qui a fait le plus régner le bon goût, & a le plus fortement attaqué le mauvais ; celui qui a su le mieux réunir l’exactitude de la méthode & la vivacité de l’imagination ; le sel de la bonne plaisanterie, & le respect dû à la Religion & aux mœurs ; l’art de lancer le ridicule, & celui de louer avec délicatesse ; le talent d’imiter, en paroissant original ; la distinction unique d’être tout à la fois Législateur & Modele ; &, pour tout dire enfin, il ajoutera à tous ces genres de gloire, ce qui donne le plus de droit aux hommages de la vertu, les qualités du cœur. […] Le Philosophe marié est d’un autre genre de mérite : il prouve combien Destouches avoit de ressource dans l’imagination : conduire pendant cinq actes, sans langueur & sans inutilité, un sujet qui paroît capable de fournir tout au plus deux ou trois scènes, ne sauroit être l’Ouvrage que d’un esprit qui connoissoit les secrets du cœur & savoir tout ramener à l’action théatrale.
Ce peintre choisit mal ou son sujet ou son instant, il ne sait pas même être voluptueux. […] Je sais que celui qui supprime un mauvais livre ou qui détruit une statue voluptueuse, ressemble à un idiot qui craindrait de pisser dans un fleuve, de peur qu’un homme ne s’y noyât. […] Ceux qui peuplent nos jardins publics des images de la prostitution ne savent guère ce qu’ils font. […] Tout à fait à gauche, devant une petite table, un jeune talon rouge, vu par le dos, serrant la main qu’on lui a tendue, la tête penchée sur son autre main ou renversée en arrière, je ne sais lequel des deux, et dans l’attitude du désespoir. […] Il n’entend rien à la convenance, il ne sait pas qu’il faut que tout tienne ; il ignore ce que les autres savent sans l’avoir appris, et pratiquent de jugement naturel et d’instinct.
Laïs, Phryné, Ninon de Lenclos, Henriette Wilson, lady Hamilton, toutes les célèbres courtisanes qui ont fait boire les grands hommes ou les sots de leur temps dans cet abreuvoir de bêtes à cornes qu’on appelle la coupe de Circé, peuvent donc venir individuellement et tour à tour se ranger sous un regard grave, mais à la condition que ce regard, après s’être abaissé sur elles, saura se relever ! […] Or, voilà tout ce que nous savons à peine de Laïs ; voilà l’énorme découverte dont, avec l’ombre de son manuscrit grec, l’ingénieux Debay se sert pour nous ouvrir cette vie, jusque-là fermée et impénétrable, pour nous éclairer cette domination d’une femme sans mœurs qui a régné sur son époque, et qui n’a pas dit son secret ! […] Le mot méprisant d’Oxenstiern : « On ne sait pas combien il faut peu de génie pour gouverner les hommes… » est bien plus vrai quand il s’agit de ces dominations inférieures que les femmes exercent sur nous. […] Nous savons donc ce qu’intellectuellement était Ninon, et, si nous la désenveloppons des adorations de son siècle, nous ne voyons rien dans cette femme qui justifie le bruit qu’elle a fait. […] Ninon, pour qui sait observer, est une figure de la Renaissance attardée.
Au xviiie siècle, qu’est-ce que l’on savait de la Perse ? […] je sais bon gré à Francis Wey des pointes d’anglais qu’il a mêlées à son omelette française, à ce livre de causerie et d’observation sur la France, pour en relever le goût et en augmenter la saveur. […] — dans son Dick Moon, n’a pas été son voisin, il a été lui-même, et savez-vous ce que c’est que lui ? […] C’est un moraliste aussi, je le sais, et je le montrerai ; mais c’est un moraliste qui, si je ne me trompe pas, a commencé d’étudier son latin de moraliste à l’École des Chartes. […] III Eh bien, voilà, selon moi, le meilleur de Francis Wey et de son Dick Moon à Paris, c’est-à-dire en province, car il faut s’entendre avec ce narquois de Wey, qui sait pourtant, d’ordinaire, dire très bien la chose comme elle est !
Et pour tous ceux qui savent s’élever au-dessus des rubriques des partis et de leurs hypocrites langages, la vraie et la seule grandeur n’est-elle pas ici du côté de la vérité de l’Histoire ? […] Assurément, un souffle qui n’est pas celui de la bouche d’un homme a passé dans le livre des Prisons, sur cette giroflée jaune du mur d’un captif que toute l’Europe a respirée, les yeux en larmes ; mais ce souffle ne s’est purifié, il n’est devenu complètement pur que dans cette Correspondance, très infime de tout : de vue, de pensée, de passion, d’éloquence et même d’événements, et que cependant il faut lire pour savoir quelle saine et adorable chose le Christianisme peut faire… avec rien ! II Nous le savions, nous, et cependant nous l’avons appris là encore. […] « Il me semble voir par la plus récente des lettres de M. de Haller — écrit Silvio à la comtesse Masino di Mombello — qu’en voulant un peu me justifier vous avez, sans le savoir, dépassé les termes exacts de la vérité. […] L’Ange prisonnier de la poésie, la sainte Hostie du Spielberg, toutes ces vignettes idolâtres, tous ces romanesques culs-de-lampe qui font rêver les cœurs candides, n’existeront plus, et qui sait ?