La foule n’y perdra rien, à tout bien considérer, puisqu’elle sera attirée et ennoblie par le voisinage de l’Élite, où chacun aura l’ambition de pénétrer, car la sélection ne sera pas selon le sang, mais selon l’intelligence.
Janin, qui intervient à chaque moment en tiers avec ses amoureux, relève ces riens par de jolis traits, par des fraîcheurs de plume comme il en a volontiers : un sang rose à la joue, une goutte de rosée au front, un rire étincelant, l’élan naturel et le découplé de la jeunesse.
Mme d’Angoulême, obéissant à l’impulsion du sang maternel, eut l’idée d’une résistance ; et, pour l’organiser, elle fit tout ce qu’on pouvait attendre d’un noble et viril caractère.
Tout en s’accommodant avec bonheur de cette condition bourgeoise, il y faisait entrer sans trop d’effort de hautes pensées, et sa modestie domestique prenait un caractère de grandeur morale : Mon père, dit-il quelque part, à propos de je ne sais quel détail de conduite, mon père, qui était un homme rare et digne du temps des Patriarches, le pratiquait ainsi ; et c’est lui qui, par son sang et ses exemples, a transmis à mon âme ses principaux traits et ses maîtresses formes.
Les hostilités s’allument, le sang a coulé ; il perd sa dernière étincelle d’affection pour l’antique patrie de ses pères : on ne voit plus dans tous ses actes et toutes ses pensées que l’homme et le citoyen du continent nouveau, de cet empire jeune, émancipé, immense, dont il est l’un des premiers à signer l’acte d’indépendance et à présager les grandeurs, sans plus vouloir regarder en arrière, ni reculer jamais.
Il est une jalousie qui se venge et tue, il existe une irritabilité qui, excitée, n’assouvit sa fureur que dans le sang, celui de l’offenseur ou de l’offensé.
La plaine gorgée de sang moutonna comme une mer de pourpre ; deux cent mille cadavres barrèrent la route, brisèrent l’élan de cette avalanche qui, divisée, tomba éclatant en coups de foudre sur l’Italie, où les villes exterminées flambèrent comme des meules ».
Les vainqueurs aux combats du ceste avaient des statues dans les places publiques et dans les temples, comme le guerrier qui avait versé son sang pour la patrie.
Innocente à la manière de la somnambule assassine, qui s’écrie au réveil : « C’est vous qui m’avez mis ce sang sur les mains !
Dans le Dernier Flagellant, ce sont les « Dames noires », la femme et la fille de ce Rouziac, de ce mauvais riche qui a sucé, par l’usure, le sang et la vie de toute une contrée, et qui, vouées à un deuil éternel et grandiose, tiennent, pour les restituer un jour, le livre des biens volés de Rouziac, à mesure qu’il les vole, et chantent à Dieu, quand l’émeute furieuse met le feu chez elles, un si bel hymne de délivrance devant leur château incendié !
D’Henri de Régnier, ils n’admettent que ses vers réguliers, alors que les pages des Roseaux de la Flûte, d’Aréthuse, de Tel qu’en songe, de la Corbeille des heures et des poèmes comme le Sang de Marsyas et Pan, parmi bien d’autres de la Cité des Eaux, contiennent des strophes dans lesquelles le défaut de rythme classique ne diminue pas un instant l’harmonie et l’inspiration.
Nulle conscience et nulle observation, nulle vérité ; nulle exactitude, tous les effets faciles et violens, tous ceux du vaudeville et ceux du mélodrame ; des scènes inouïes de brutalité ; toutes les plaisanteries qui passent à Grenelle ou du côté de Clignancourt pour des formes de l’esprit ; des images de débauche, des odeurs de sang et de musc mêlées à celles du vin ou du fumier, voilà La Terre ; et voilà, va-t-on dire, le dernier mot du naturalisme !
. — La Force du sang, et Théagène et Chariclée. — Prix des places aux théâtres. — Différents usages. — Entr’actes. — Chœurs. — Orchestre. — Droits d’auteur […] En 1612, il fit représenter une tragi-comédie intitulée la Force du sang, tirée d’une nouvelle de Cervantes ; or, voici la contexture de cette production curieuse. […] Quel sang épargne-t-on, ignoble ou glorieux, Quand on croit le verser pour la gloire des dieux ? […] J’ai donné tout mon sang à tes moindres alarmes ; Souffre qu’à tout mon sang je donne quelques larmes. […] Qu’as-tu fait de ton sang, Brutus ?
Les fougues de la cervelle rongent les entrailles, dessèchent le sang, attaquent la moelle, secouent l’homme comme un orage, et la charpente humaine telle que la civilisation nous l’a faite n’est plus assez solide pour y résister longtemps. […] D’Aubigné, blessé de plusieurs coups d’épée, croyant mourir, se fit attacher sur son cheval afin de revoir encore une fois sa maîtresse, fit ainsi plusieurs lieues, perdant son sang, et arriva évanoui. […] Nous sentons que ses personnages ne sont point de chair et de sang, et que tous ces fantômes brillants ne sont que des fantômes. […] Une puce avait mordu Donne et sa maîtresse : voilà que cette puce, ayant réuni leur sang, se trouve être « leur lit de mariage et leur temple de mariage345. […] À la vue du sang ou du lait qui caille, il cherche s’il n’y a point là quelque chose d’analogue à la formation de l’oiseau dans l’œuf, ou à cette coagulation du chaos qui a enfanté notre monde.
dans Atrée, reconnois-tu ce sang ? […] Rien n’est plus insipide qu’un desespoir de sang froid. […] Il refusa le jour au festin de Thieste, Et répand sur Pharsale une clarte funeste ; Pharsale ou les parens, ardens a s’egorger, Freres, peres, enfans, dans leur sang vont nager. […] Il plut du sang ; cette image lui paroît encore foible. […] La perfidie est un abus de la confiance, fondée sur des garans inevitables, tels que l’humanité, la bonne-foi, l’autorité des lois, la reconnoissance, l’amitié, les droits du sang, &c.
Ces hommes, que leur sang trop chargé de sève pousse au rire bruyant et à la grosse bonne humeur, ils sentiront à leur grand étonnement une larme mouiller leur paupière. […] Les préjugés de l’Espagnol, l’orgueil du sang et de la race pèsent sur lui d’un poids plus lourd que ne l’exigerait le patriotisme. Croirait-on qu’il partage pour tout ce qui n’est pas de pur sang de vieux chrétien, et spécialement pour les Morisques, l’aversion générale de ses contemporains ? […] Mais si c’est là une donnée abstraite, comme elle est recouverte de couleurs brillantes, comme elle est bien cachée sous le sang et la chair ! […] Quant à Werther, nous l’avons connu, celui-là ; il est du même sang que nous, il appartient à la même classe sociale.
Vous reprochez aux poètes dramatiques le sang qu’ils répandent ; aimez-vous mieux le poison que Crébillon prodigue ? […] que vous êtes content d’y être, et que vous adoucirez bien là votre sang ! […] Le Satiricon de Pétrone a été écrit dans un bain d’eau chaude et de sang. […] La presse française, à défaut d’autres victimes, a déversé sur elle-même la bave et l’injure, l’outrage et le sang. […] Le journal n’est plus à cette heure qu’une immense mêlée où les vaincus de la veille regardent avec une incroyable joie couler, par tant de blessures qu’ils se sont faites entre eux, le sang et la bonne renommée de leurs vainqueurs.
Et, il me semble le voir, en sa jeune prédestination, entreprendre de raconter cette patrie qu’il aimait terrestrement et spirituellement et dont coulait en ses veines le sang héroïque, généreux et maternel. […] Il lui voit un corps, des membres, un visage, une échine montagneuse, un sang fluvial, une chevelure forestière. […] L’haleine léonine de Danton se mêle à l’aigre souffle de Robespierre ; l’écume de Mirabeau à la bave de Marat, la bile au sang, le pus au caillot. […] L’offrande à la Déesse eut lieu et elle accueillit bien ces narcisses parfumés, ces fragiles anémones, ces safrans et ces jonquilles, toute la flore de l’anthologie, et ce roseau rompu et ces roses plus rouges d’être teintes de sang. […] Son sang coule trop vite dans ses veines pour qu’il le ménage.
de quelle catastrophe n’étiez-vous point témoin, vous qui auprès du bourreau vous couvriez du sang des misérables, et qui étiez leur dernier ami ! […] L’une a pour ministre un homme de sang, l’autre un homme de paix ; l’une condamne, l’autre absout. […] Pendant qu’avec un air assuré il s’avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque : leur effroyable décharge met les nôtres en furie : on ne voit plus que carnage ; le sang enivre le soldat, jusqu’à ce que le vainqueur, qui ne put voir égorger ces lions comme de timides brebis, calma les courages émus, et joignit au plaisir de vaincre celui de pardonner… Le prince fléchit le genou, et, dans le champ de bataille, il rend au Dieu des armées la gloire qu’il lui envoyait. » Je sais que ce morceau était autrefois cité dans toutes les rhétoriques à l’usage des jeunes gens. […] C’était l’heure où l’autel fumait d’un pur encens, Il entre : et de respect tout a frappé ses sens : Ces murs religieux, leur vénérable enceinte, Ces vieux soldats épars sous cette voûte sainte, Les uns levant au ciel leurs fronts cicatrisés, D’autres flétris par l’âge et de sang épuisés, Sur leurs genoux tremblants pliant un corps débile ; Ceux-ci courbant un front saintement immobile, Tandis qu’avec respect, sur le marbre, inclinés, Et plus près de l’autel quelques-uns prosternés, Touchaient l’humble pavé de leur tête guerrière, Et leurs cheveux blanchis roulaient sur la poussière. […] je connais des rois qui, fiers d’un tel honneur, « Paieraient de tout leur sang ce suprême bonheur.
Je cite : « Les organes musculaires et nerveux entretiennent l’activité des organes qui préparent le sang ; mais le sang à son tour nourrit les organes qui le produisent. […] La langue classique se mourait d’anémie ; les romantiques sont venus lui donner du sang par la mise en circulation d’un vocabulaire inconnu ou dédaigné, par l’emploi de tout un monde d’images éclatantes, par une façon plus large et plus vivante de sentir et de rendre. […] Nous reprochera-t-on nos charniers horribles, le sang que nous faisons couler, les sanglots que nous n’épargnons pas aux lecteurs ? […] Tout le répertoire romantique se roule ainsi dans la boue et dans le sang, sans avoir l’excuse de vouloir tirer un seul document vrai de ces cadavres étalés. […] Voilà un écrivain qui a écrit avec son sang et sa bile, et qui a laissé des pages inoubliables d’intensité et de vie.
Mais toi, ô Lune, luis de ton bel éclat, car c’est à toi que j’adresserai tout doucement mes chants, ô déité, et aussi à la terrestre Hécate, devant qui les chiens mêmes tremblent de terreur lorsqu’elle arrive à travers les tombes et dans le sang noir des morts. […] odieux Amour, pourquoi, te collant à moi comme une sangsue de marais, as-tu bu tout le sang noir de mon corps ?
Sous l’ancien régime, l’Académie était l’unique endroit du royaume où un poète crotté fût l’égal d’un duc et pair ou même d’un prince du sang. […] Le vrai critique, qui a la critique dans le sang, ne peut pas faire l’éloge d’un sot livre.
J’en prends une au hasard, un duel entre deux princes du sang, le comte d’Artois et le duc de Bourbon ; celui-ci étant l’offensé, l’autre, son supérieur, était tenu de lui offrir une rencontre269. « Dès que M. le comte d’Artois l’a vu, il a sauté à terre, et, allant droit à lui, il lui a dit d’un air souriant : — Monsieur, le public prétend que nous nous cherchons. […] Le quartier des dames est pourvu de tout ce qu’il faut pour la toilette ; rien ne leur manque, et l’on dit même qu’aucune d’elles n’a besoin d’amener son officier Je citerais vingt prélats non moins galants, le second cardinal de Rohan, héros du collier, M. de Jarente, évêque d’Orléans, qui tient la feuille des bénéfices, le jeune M. de Grimaldi, évêque du Mans, M. de Breteuil, évêque de Montauban, M. de Cicé, archevêque de Bordeaux, le cardinal de Montmorency, grand aumônier, M. de Talleyrand, évêque d’Autun, M. de Conzié, évêque d’Arras284, au premier rang l’abbé de Saint-Germain des Prés, comte de Clermont, prince du sang, qui, ayant trois cent soixante-dix mille livres de rente, trouve moyen de se ruiner deux fois, joue la comédie chez lui à la ville et à la campagne, écrit à Collé en style de parade, et, dans sa maison abbatiale de Berny, installe une danseuse, Mlle Leduc, pour faire les honneurs de sa table. — Nulle hypocrisie : chez M.
. — Car la longue, la longue gangrène de la paix est ôtée et lavée, — et à présent, le long des abîmes de la Baltique et de la Crimée, — sous la gueule grimaçante des mortelles forteresses, on voit flamboyer — la fleur de la guerre, rouge de sang avec un cœur de feu1527. » Cette explosion de sentiment a été la seule ; Tennyson n’a pas recommencé. […] » Avec quelle fougue a-t-il lancé et entre-choqué l’amour, la jalousie, la soif du plaisir, toutes les impétueuses passions qui montent avec les ondées d’un sang vierge du plus profond d’un jeune cœur !
Elle fit une victime sans préméditation ; pas une goutte de ce sang ne doit rejaillir sur sa mémoire. […] Et si vous doutez de son talent, regardez sa vie et regardez sa mort ; il a vécu de ses rêves, il a peint du sang de son cœur, il est mort de son génie.
Tel est le livre, nul comme prophétie, violent comme philosophie, désordonné comme politique (relisez le chapitre sur la glorieuse fatalité et sur la vertu divine de la guerre ; cela est pensé par un esprit exterminateur et écrit avec du sang). […] Cet édifice fameux, construit avec du sang et de la boue, de la fausse monnaie et des feuilles de brochures, a croulé en un clin d’œil, et c’en est fait pour toujours !
C’est la joyeuse ironie lyrique d’un grand poète qui s’adresse aux heureux sycophantes de son pays et de son temps ; qui leur peint en traits de Tacite et de Juvénal les angoisses d’un poète agonisant, qui s’épuise de travail, et qui, ne se trouvant pas assez de sang dans les veines pour désaltérer ses créanciers, entreprend de vendre ses vers pour un peu d’argent, et ne trouve pas assez d’acheteurs pour payer sa vie et pour racheter son honneur avant de mourir. […] Mais, méconnu par la foule, il laissait ici-bas ce qui console de vivre, une famille du sang, et des amis, famille de cœur.
Ce fut alors que la cour de France, lasse de l’oublier totalement, songea à réveiller dans ce sang des Stuarts une rivalité toujours possible au sang ennemi des Stuarts en donnant des héritiers à Charles-Édouard.