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908. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

C’est ridicule, cela.

909. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Ils ont aussi, eux sinon la faim et la soif, au moins le sentiment de la Justice, car on ne juge que pour faire justice, et tout moraliste est un juge ; mais pour la plupart, si ce n’est pour tous, l’arrêt une fois prononcé, le vice flétri, le faux démontré, la sottise livrée au ridicule, — son bourreau, — le moraliste, dans la mesure de son talent, a fait son œuvre.

910. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

C’est le même sentiment involontaire d’orgueilleuse et ridicule égalité.

911. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

À part le fond des choses, qui, selon nos ridicules et chers préjugés, déshonore une nation dont on ose les dire, nous ne voudrions pas, même pour la forme, du panégyrique de Bellegarrigue, fût-il une flatterie !

912. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

L’hôtel de Rambouillet, cette caserne du bel esprit que Molière fit crouler, Jéricho ridicule, sous le son vif de son sifflet, était de fondation féminine ; et la Fronde, cette bataille de dames, cette guerre où les femmes tiraient le canon comme on l’a vu tirer à des serins et à des colombes, était une guerre enrubannée et galante où les villes se prenaient pour les beaux yeux des belles, comme disait le maréchal d’Hocquincourt.

913. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Au bout de plus de quatre-vingts ans après cet étouffement, qu’on pouvait croire définitif, voici que la vivace légende remue une queue qui n’est pas celle du Diable, car celle du Diable est spirituelle, ni celle du scorpion, car elle est brûlante et empoisonnée, mais une queue de rat, — la ridicule queue d’un maigre rat de bibliothèque, à qui le coup d’épée d’Hamlet ferait certainement trop d’honneur !

914. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Auront-ils le courage contre le ridicule, ce grand courage qui n’est ni voltairien ni français, de vouloir défendre la moralité de Voltaire ?

915. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

V Et, cependant, vous pouvez nous en croire et nous sommes obligé de l’affirmer après tant et de si comiques citations, il y a du talent dans cet homme qui écrit des énormités de cette taille et qui réfute si complètement le mot de Mirabeau : « Le ridicule est tué dès qu’on n’en a plus peur. » Vacquerie fait les grimaces — puisque grimaces il y a ! 

916. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Humboldt a oublié « l’expression noble qui ne manque pas l’effet grandiose de la nature », et avec laquelle ici, s’il ne l’avait pas oubliée, il n’eût pas manqué le ridicule, est adressée à M. de Varnhagen Von Ense, le mari de la fameuse Rachel Varnhagen, la Madame de Staël blonde de l’Allemagne.

917. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir.

918. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Nous l’avons dit déjà, ce traité de Terre et Ciel, qui n’a de grave que le ton, agrandit vainement et cache mal sous le trompe-l’œil des détails scientifiques une théorie qui, réduite à ses plus simples termes, n’est que ridicule et… immorale, car voilà son côté sérieux !

919. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Humboldt a oublié « l’expression noble qui ne manque pas l’effet grandiose de la nature », et avec laquelle ici, s’il ne l’avait pas oubliée, il n’eût pas manqué le ridicule, est adressée à M. de Varnhagen Von Ense, le mari de la fameuse Rachel Varnhagen, la Mme de Staël blonde de l’Allemagne.

920. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Ils n’étaient pas ridicules, eux !

921. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Caro est un exercice éblouissant de révérences qui m’impatienterait, si je ne savais pas que son auteur est bien assez spirituel pour imaginer cette amusante manière de rendre ridicule un homme, qui consiste à le saluer trop… Sans cela, sans cette petite intention de politesse meurtrière, j’oserais dire que l’urbanité — l’urbanité à outrance — est le vice de ce livre, si brillant de clarté, où des hospitalités de roi sont faites à des faquins d’idées, et où l’auteur, l’ironique auteur, coiffe ces sots de bonnets d’âne, hauts de dix pieds, qui ressemblent à des mitres à longues oreilles, enrichies de diamants pour qu’on les voie mieux.

922. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Est-ce chair ou poisson, que ce gros livre d’un méli-mélo enragé qui veut faire la science poétique et la poésie scientifique, et qui ne parvient qu’à rendre le tout ridicule ?

923. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

je ne suis pas de ceux-là qui prétendent que la langue française commence aux Provinciales, — opinion ridicule de Villemain, cet eunuque littéraire opéré par le Goût, — quand, avant Pascal, on avait Rabelais d’abord, ce mastodonte, émergé radieusement du chaos dans le bleu d’un monde naissant, puis, après Rabelais, — qui suffisait seul, — Ronsard, Régnier, Racan et d’Aubigné lui-même.

924. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Quand on a, de par le fait de ses autres avantages, le droit d’être bizarre sans ridicule, cela est tout-puissant sur les femmes, parce que cela tourmente l’imagination par l’inexplicable, ce qui est la meilleure manière de la fixer.

925. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Il se moquait hautement de tous ces panégyriques de princes ; et pendant treize ans qu’il régna, il ne voulut jamais souffrir qu’on lui rendît un honneur qui lui paraissait plus ridicule encore que dangereux : mais dans ses moments de loisir, il célébrait lui-même les princes les plus vertueux qui avaient régné à Rome.

926. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Ce genre, qui n’est qu’une déclamation méprisable, quand l’objet en est vil, et une déclamation ridicule, quand l’orateur n’est pas éloquent, parut sous Louis XIV avec éclat.

927. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

On le juge sur quelques périphrases ridicules que la tradition lui attribue, sans vérifier si elles sont exactes et si elles sont de lui. […] La lecture suivie de Buffon produirait une impression de grandeur et de majesté fort peu semblable à l’idée que nous laissent de lui les morceaux ampoulés et ridicules, rédigés quelquefois par ses collaborateurs, que la tradition des chrestomathies conserve et répète religieusement. […] Nous admettons comme assez justes ou, du moins, comme trop irrévocables la plupart des jugements de la postérité, pour que la manie de tout remettre en question ne soit pas à nos yeux une fatuité insupportable et ridicule. […] Ô religion ridicule et niaise ! […] y a-t-il un spectacle plus ridicule et plus piteux ?

928. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Aussi y a-t-il toujours quelque ridicule à discuter avec un fidèle. […] Elle y jette aussi plus d’un ridicule. […] Comptez tous ces ridicules : trouvez-vous une place où la beauté puisse se loger ? […] Quel poids pour opprimer l’invention que cette obligation d’imiter et cette crainte du ridicule ! […] Le comble du ridicule ici serait de penser à Homère.

929. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

En réalité, les Précieuses Ridicules s’attaquaient à toutes les précieuses, de Paris ou de la province, les illustres comme les ridicules, à fond et indistinctement. […] Son inoubliable ridicule c’est de s’être attaqué, dans le temps de l’hôtel de Rambouillet, jusqu’aux syllabes même des mots. […] On ne fait pas d’ailleurs attention que nous avons contracté dans notre siècle égalitaire une ridicule susceptibilité d’amour-propre. […] En voici une autre, adressée par Malesherbes à Turgot, avec lequel il est intéressant de constater qu’il était en relations dès 1758, et où il s’agit de faire sentir à Marmontel le ridicule d’une de ses réclamations. […] « Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant », tel doit être le projet de tout honnête homme qui prend « la plume ou le pinceau ».

930. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il s’attaquait de préférence à l’abbé Lamourette, qui n’était pas seulement un évêque ridicule, mais qui, bien qu’humain et tolérant de sa personne, couvrait de son optimisme sentimental et de son silence des actes odieux, des insultes et des assauts livrés par la populace des clubs aux fidèles de la communion non assermentée. […] Cette partie finale de son Rapport fut celle à laquelle la malveillance s’arrêta pour tourner le tout en ridicule. […] Si je l’avais prévu, assurément j’aurais résisté à la générosité de Matthieu, comme j’ai résisté, mais inutilement, à celle de Juliette. — Je trouve ridicule d’imiter le baron de Voght, c’est-à-dire d’abandonner une amie pour des places ; mais quand il s’agirait de l’exil, on ne pourrait pas me causer une plus grande douleur que de le braver, et je me meurs à la lettre du malheur de mes amis, — Ma santé, qui était forte, est détruite, et il se pourrait très bien que je mourusse avant la traversée. […] Les vanités du rang et de la puissance rappellent le grand monde de Paris, mais sont bien plus ridicules parce qu’elles s’agitent dans un plus petit cercle et ne se lient à aucun intérêt politique. — Je ne crois pas qu’il y ait de pays où l’on tienne plus à la représentation ; les maisons sont des palais, et l’on y conserve l’ancien luxe d’avoir un grand nombre de domestiques ; mais quand on arrive sans être attendu, on est tout surpris, après avoir traversé des antichambres, des salons, des galeries, de trouver la maîtresse de la maison dans un cabinet écarté, éclairé par une seule chandelle. — En tout, il me paraît d’usage ici de se donner le superflu aux dépens du nécessaire. — Le prince mène la vie la plus retirée, excepté les heures de représentation.

931. (1902) Le critique mort jeune

La mollesse des esprits qu’elle pouvait réveiller en les rappelant à la notion du ridicule n’a fait, comme on dit, que croître et embellir. […] Voilà un mot ridicule, mais qui, pour les bons esprits, garde encore sa valeur. » En 1903, il ne laisse plus que : « Poésie ! ce mot garde encore pour les bons esprits sa valeur. » Ridicule : ce mot un peu dur, on regrette qu’il ait disparu. […] Il a d’ailleurs trouvé de bonnes raisons pour blâmer les programmes ridicules et prétentieux de ces nouveaux cours du soir. […] Et non seulement il se met dans des postures ridicules, mais encore les voluptés qu’il attend ne viennent jamais.

932. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Stendhal avait des manies ridicules, mais il n’est pas seulement psychologue, c’est un écrivain. […] Il cite de lui cette exclamation fort ridicule : « Je ne passe jamais devant les Variétés sans ressentir le frisson de la vie parisienne !  […] Et si cette folie comporte un peu de ridicule, elle n’en est pas moins une sauvegarde contre les déceptions et les dégoûts de la vie. […] Lessing avait composé des pièces fort ridicules, et il se flattait de refaire les tragédies de Corneille mieux que lui. […] Ce fut une grande angoisse, mais à la fin tout s’est expliqué : ce n’étaient que des feux de pêcheurs… Eh bien, voilà une scène plus touchante que ridicule.

933. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Aller dans le monde n’est pour un artiste qu’un enfantillage pardonnable, pourvu toutefois que le ridicule n’aille pas jusqu’au scandale et pourvu qu’on se retire à temps, avant de s’être laissé gagner par l’envahissante contagion de la futilité. […] Les bourgeois, peuple de bacheliers et de fonctionnaires, ne sont pas moins ridicules, et ils sont plus laids. […] Mais de retour en France, il lui arrive de s’affubler d’oripeaux, lui et les siens, et toute sa maison, sans cause, cela va sans dire, et aussi sans crainte du ridicule, uniquement parce que cela l’amuse. […] Or, comme la vertu tient dans le monde un assez pauvre état, et comme la bonté n’a pas cessé d’y être un peu ridicule, nous nous appliquons à cacher au plus profond de nous ce qu’il y a de meilleur en nous. […] Mais il est des pédants de toute robe ; et pour n’on point citer d’autres, ceux qui font tant d’affaire de leur parisianisme ne sont-ils pas des pédants à leur manière et du plus déplaisant et du plus ridicule des pédantismes ?

934. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Je citerai surtout les navires dont les proportions sont toujours ridicules par rapport aux personnages qui s’approchent d’eux. […] Le Bourgeois gentilhomme est là pour nous montrer combien était ridicule un bourgeois voulant trancher du grand seigneur. […] Toutefois, je reconnais qu’on a réussi à éviter le ridicule que n’eût pas manqué d’exciter une résurrection exacte des costumes de 1830. […] Or une marche de flanc est aussi dangereuse au théâtre qu’à la guerre, car le ridicule tue aussi bien et aussi sûrement qu’un boulet de canon. […] Moyennant ces quelques précautions, on évitera ce que jadis l’entrée de ces figurants avait toujours de ridicule.

935. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Rien n’échappe à M. de Caumartin des ridicules et de la morgue de ses dignes collègues, de même que rien n’échappe à Mme de Caumartin la jeune des différents travers et des airs guindés ou évaporés de ces dames, de celles même venues de Paris, et qui ne sont pas tout à fait de son monde. […] Marigny était une des créatures de Retz, à qui il s’était comme donné durant la Fronde, et qui l’employa plus d’une fois à jeter du ridicule sur ses adversaires.

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