/ 2160
394. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

C’est une tâche parfois ardue de démêler laquelle a dominé dans un moment donné et en quelle proportion les autres étaient alors représentées dans une société. […] Corneille nous représente fréquemment l’amour noble, élevé, austère, inspirateur des beaux sentiments et des grandes actions. […] Mlle de Scudéry traçant le portrait de Sapho, qui est le sien, la représente comme une ennemie déterminée du mariage. […] Elle est ici raillée, bafouée ; et, pour en achever la ruine, c’est au dénouement le fils qui représente la morale et voit le père trembler et rougir devant lui.

395. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Cette piéce qu’il appelle Fable bocagere, fut représentée avec beaucoup d’applaudissemens devant ce Prince. […] Le seul Dom Pedro Calderon de la Barca a imprimé neuf volumes de Comédies, & six de ses Drames saints que l’on représente en certains tems de l’année, & particuliérement à la Fête-Dieu. […] Comment n’être pas charmé des traits hardis avec lesquels est représenté le caractère rusé, intrépide & impitoyable de satan ? […] Les Payens & quelques enthousiastes féroces représentent Dieu comme un tyran cruel.

396. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

En somme, ni l’état primitif, ni l’état constant de l’intelligence ne sont bien représentés dans l’analyse qui précède. […] Je veux représenter une certaine disposition de l’esprit dans la recherche de la vérité ; habileté, curiosité, pénétration, finesse se présentent à moi ; la pensée qu’ils expriment n’est pas celle que je cherche, parce qu’elle ne s’accorde pas avec ce qui précède et avec ce qui doit suivre ; je les rejette. […] Tous les exemples peuvent être réduits à ceux-là, et je fais alors comme un peintre qui, voulant représenter la figure d’un ami absent, retouche son dessin jusqu’à ce qu’il ait trouvé l’expression du visage qu’il reconnaît aussitôt. » (Législation primitive, chap.  […] , v. 309 et v. 311, p. 218 : « Pour bien écrire, il faut du bon sens : là en est le principe, là en est la source » / « et, une fois l’idée devant tes yeux, les mots viendront la rejoindre sans se faire prier. »] provisa res représente les réflexions passées.

397. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Dans la vie journalière comme dans la vie politique, partout où nous la trouvons en face de nous, nous la combattons en lui disant ce qu’elle représente désormais pour nous : un hideux cauchemar, une odieuse tromperie de l’existence. […] Camille Lemonnier représente pour l’art et la pensée belges.‌ […] Le militarisme, que l’on voudrait nous représenter comme l’un des facteurs indispensables de la civilisation et comme le refuge presque exclusif de l’« honneur » humain, n’est en somme, qu’une conséquence logique de la barbarie relative où nous nous agitons. […] Ils représentent véritablement la seule force dirigeante.

398. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Représentons-nous alors la matière vivante sous sa forme élémentaire, telle qu’elle a pu s’offrir d’abord. […] La première marque en gros la direction du monde animal (je dis « en gros », parce que bien des espèces animales renoncent au mouvement, et par là sans doute à la conscience) ; la seconde représente en gros celle des végétaux (je dis encore une fois « en gros », car la mobilité, et probablement aussi la conscience, peuvent se réveiller à l’occasion chez la plante). […] Mais il ne faut pas croire qu’elle ait lancé la matière vivante dans une direction unique, ni que les diverses espèces représentent autant d’étapes le long d’une seule route, ni que le trajet se soit effectué sans encombre. […] Cette vie, je me la représente encore comme une vie de lutte et comme une exigence d’invention, comme une évolution créatrice : chacun de nous y viendrait, par le seul jeu des forces naturelles, prendre place sur celui des plans moraux où le haussaient déjà virtuellement ici-bas la qualité et la quantité de son effort, comme le ballon lâché de terre adopte le niveau que lui assignait sa densité.

399. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Un de ces drames représentait l’apothéose de la poésie elle-même, c’est-à-dire la vie d’Orphée, sa mort, ses restes dispersés par les Bacchantes, recueillis et ensevelis par les Muses. […] et si, dans la pensée du poëte, cette fiction était l’image des combats que soutient ici-bas la vérité contre la violence, si le Prométhée d’Eschyle représentait l’être supérieur qui se dévoue pour éclairer les hommes, qui d’abord en porte la peine, sous la torture des fers et de l’inaction, puis est délivré, reprend son œuvre et la voit accomplie ; si l’enseignement moral de cette gradation tragique paraissait tellement vraisemblable que plus d’un père de l’Église a cru pouvoir, sans profanation, reconnaître dans les souffrances de Prométhée un type précurseur de celles du Christ, quelle ne devait pas être l’illusion pathétique de ces trois drames humains, dans leur ensemble et leur péripétie dernière ! […] Cassandre représente à elle seule le chœur des captives. […] L’ode, avec sa magnificence, l’ode, planant sur Olympie, sur Cirrha, sur Cyrène, l’ode, chantée et représentée sous les portiques du temple de Delphes ou du palais de Syracuse n’était qu’un fragment du spectacle lyrique d’Athènes, un rayon de cette splendide lumière.

400. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Après des assemblées tenues à Soissons et à Compiègne, et où les principaux croisés n’avaient pu s’accorder ni sur la date du départ ni sur la route à suivre, il fut résolu que l’on s’en remettrait à six messagers ou députés, à qui l’on donnerait pleins pouvoirs par lettres afin de traiter des voies et moyens d’exécution, et de passer les marchés pour l’embarquement et le transport De ces députés, deux furent nommés par Thibaut, comte de Champagne, deux par Baudouin, comte de Flandre, et deux par Louis, comte de Blois ; c’est-à-dire que les commissaires choisis représentaient en nombre égal les trois seigneurs les plus qualifiés et les plus puissants d’entre les nouveaux croisés. […] En ce temps-là, le gouvernement de Venise n’était plus ce qu’il avait été autrefois ; le doge ne représentait plus cette espèce de monarque électif visant à l’hérédité, nommant les magistrats, décidant à peu près souverainement de la paix ou de la guerre, et qui, avec un peu d’art, faisait agréer à rassemblée générale du peuple ses résolutions à l’avance arrêtées. […] Quant à Villehardouin, toujours dévoué au bien commun et à l’union de l’armée qui lui semble le premier des devoirs, il représente à merveille ce composé de bon sens, d’honneur et de piété qui consiste à remplir religieusement les engagements de tout genre, même humains, une fois contractés ; en chaque occurrence, il tâche, entre les divers partis proposés, de se tenir au meilleur ; et, s’il y eut une sorte de moralité dans l’esprit et la suite de cette croisade si étrange par ses conséquences, c’est en lui et autour de lui qu’il faut la chercher.

401. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Le géomètre, qui a le génie des hautes sphères et l’imagination froidement sereine dans l’étendue, n’a pas été lui-même sans se représenter quelquefois Newton ou Lagrange dans la méditation d’un problème. […] Il alla au maréchal de Schomberg et lui représenta qu’il croyait l’instant favorable. […] À l’un de ses retours en France, le roi l’accueillit avec bonté et « lui fit l’honneur de lui dire qu’il l’avait toujours connu pour un très brave homme, mais qu’il ne l’avait pas cru si grand négociateur. » Mme de Maintenon lui fit aussi un accueil très obligeant ; le jour même de son arrivée, elle le mena à une comédie que l’on représentait à Saint-Cyr devant le roi ; et où il n’y avait que peu d’élus (1687), Enfin Villars fut des Marly.

402. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc était, de tous les professeurs nouvellement nommés, celui dont le Cours était le plus attendu parce que l’Histoire de l’Architecture qui en fait le sujet est d’un intérêt plus général, et que le professeur représente un esprit connu, un esprit nouveau dans l’enseignement. […] Viollet-Le-Duc qui ne sont pas trop spéciaux, j’ai pensé qu’il y avait lieu de profiter d’une circonstance qui le met tout d’un coup en vue et en contact avec le public pour expliquer à ceux qui le connaissent moins, quel il est, et l’ordre d’idées qu’il représente dans l’art, dans l’histoire et l’érudition littéraire. […] Le Panthéon d’Agrippa, le mieux conservé et le plus entier des édifices purement romains, même quand on se le représente dans la splendeur et la nouveauté de sa magnificence première, ne devait donner qu’une impression de gravité suprême et de majesté.

403. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

L’amour espagnol, la jalousie espagnole ont un tout autre caractère que les sentiments représentés dans les pièces italiennes ; il n’y a ni subtilité, ni fadeur dans leurs expressions ; ils ne représentent jamais ni la perfidie de la conduite, ni la dépravation des mœurs ; ils ont trop d’enflure dans le style ; mais tout en condamnant l’exagération de leurs paroles, l’on est convaincu de la vérité de leurs sentiments. […] Les Italiens ont de l’invention dans les sujets, et de l’éclat dans les expressions ; mais les personnages qu’ils peignent ne sont point caractérisés de manière à laisser de profondes traces, et les douleurs qu’ils représentent arrachent peu de larmes.

404. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Moheau, à qui Lavoisier s’en réfère dans son rapport de 1791, n’en sait pas davantage (Recherches sur la population de la France, 1778, 105) ; Lavoisier dit 83 000 individus, et le marquis de Bouillé (Mémoires, 50) 80 000 familles, tous deux sans aucune preuve  J’ai relevé, dans le Catalogue nominatif des gentilshommes en 1789, par Laroque et Barthélemy, le nombre des nobles qui ont voté, directement ou par procuration, aux élections de 1789, en Provence, Languedoc, Lyonnais, Forez, Beaujolais, Touraine, Normandie, Ile-de-France ; ce nombre est de 9 167  D’après le recensement de 1790 donné par Arthur Young dans ses Voyages en France, le nombre des habitants de ces provinces est de 7 757 000, ce qui, par proportion, donne un peu plus de 30 000 nobles votants parmi les 26 millions d’habitants de la France  En étudiant la loi, et en dépouillant les listes, on voit que chacun de ces nobles représente un peu moins d’une famille, puisque le fils d’un propriétaire de fief vote s’il a vingt-cinq ans ; je ne crois donc pas qu’on se trompe beaucoup en évaluant à 26 000 ou 28 000 le nombre des familles nobles, ce qui, à raison de 5 personnes par famille, donne 130 000 ou 140 000 nobles  La France en 1789 ayant 27 000 lieues carrées et 26 millions d’habitants, on peut compter une famille noble par lieue carrée et par 1 000 habitants. […] Les chiffres suivants sont extraits des procès-verbaux des assemblées provinciales (1778-1787) : Taille Accessoires de la Taille Capitation taillable Impôt des routes Total en multiples de la Taille Ile-de-France 4,296,040 2,207,826 2,689,287 519,989 2,23 Lyonnais 1,356,954 903,653 898,089 315,869 2,61 Généralité de Rouen 2,671,939 1,595,051 1,715,592 598,258804 2,46 Génér. de Caen 1,939,665 1,212,429 1,187,823 659,034 2,56 Berry 821,921 448,431 464,955 236,900 2,50 Poitou 2,309,681 1,113,766 1,403,402 520,000 2,30 Soissonnais 1,062,392 911,883 734,899 462,883 2,94 Orléanais 2,353,892 1,256,125 1,485,720 586,385 2,34 Champagne 1,783,850 1,459,780 1,377,371 807,280 3 Génér. d’Alençon 1,742,655 1,120,041 1,067,849 435,637 2,47 Auvergne 1,999,040 1,399,678 1,753,026 310,468 2,70 Génér. d’Auch 1,440,533 931,261 797,268 316,909805 2,35 Haute-Guyenne 2,131,314 1,267,619 1,268,855 308,993806 2,47 La taille en principal étant 1, les chiffres de la dernière colonne représentent, pour chaque province, le total des quatre impositions par rapport à la taille  La moyenne entre tous ces chiffres est 2,53. […] Il ne reste donc plus qu’à multiplier par 2,53 le chiffre qui représentera la part que la taille prélève sur le revenu net, pour savoir ce que les quatre impôts mis ensemble prélèvent sur ce revenu.

405. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il a représenté l’individu travaillant à se délivrer des nécessités intérieures que la naissance ou l’éducation ont créées en lui, ou de l’oppression extérieure que fait peser sur lui la société : ce qui est éminemment dramatique. […] Morice, dont le livre obscur, mais judicieux961, est fait, lorsqu’on l’a pénétré, pour rassurer un peu sur le sens du mouvement qu’il représente. […] Maurice Bouchor a fait représenter par ses marionnettes968.

406. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Certes, le jour où Rabelais faisait dans l’amphithéâtre de Lyon cette leçon publique d’anatomie, il devait avoir, comme Vésale, cet air vénérable de docteur et de maître dont quelques-uns de ses biographes ont parlé, et il représentait dignement en lui la majesté de la science. […] Le peu qu’on sait avec certitude de sa biographie positive et non légendaire a été très bien recueilli et exposé au tome XXXIIe des Mémoires de Niceron : si l’honnête biographe nous y représente Rabelais sous des traits un peu austères ou du moins très sérieux, et en toute sobriété, il a du moins cet avantage de ne rien dire de hasardé et d’être sans système. […] Nous avons dans ce cours d’éducation et d’étude à l’usage du jeune Gargantua le premier modèle de ce qu’ont représenté depuis plus au sérieux, mais non plus sensément, Montaigne, Charron, l’école de Port-Royal par endroits et parties, cette école chrétienne qui ne se savait pas si fort à cet égard dans la même voie que Rabelais, l’étrange précurseur !

407. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Le monde, pour elle, se présentait comme partagé nettement en deux, les bons et les méchants : les méchants, c’est-à-dire tout ce que l’imagination humaine, dans les heures de paix et de régularité sociale, ose à peine se représenter à nu, la brutalité dans toute sa grossièreté et sa bassesse, le vice et l’envie dans toute l’ivresse ignoble de leur triomphe et dans la cruauté de leurs raffinements ; les bons, c’est-à-dire quelques-uns, touchés, pleurant, timides, adoucissant le mal à la dérobée et se cachant. […] Un des commissaires chargés de visiter la jeune princesse au Temple l’a représentée dans son attitude digne, souffrante et appauvrie ; tricotant, assise près de la fenêtre et loin du feu (car elle ne voyait pas assez clair pour son travail près de la cheminée), les mains enflées par le froid et pleines d’engelures (car on ne lui donnait pas assez de bois pour la chauffer à cette distance). […] Lorsqu’aux jours de fête il lui arrivait de faire représenter des pièces pour son spectacle, elle ne choisissait pas les plus sérieuses.

408. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Aujourd’hui, un grand nombre de ces jeunes hommes d’alors, après avoir passé par le pouvoir et par le gouvernement à leur tour, se voyant déchus à l’improviste et dépossédés, vont recommencer, s’ils n’y prennent pas garde, le raisonnement des hommes d’autrefois ; ils vont vous démontrer point par point qu’ils représentent le droit, la justice, la légitimité sociale ; tout cela, à les entendre, est en eux seuls et non pas en d’autres : ils en gardent le dépôt, et ils vous en parleront avec autant de zèle et de componction qu’aurait pu faire un bon royaliste au lendemain de juillet 1830. […] Pascal, qui avait si bien pénétré l’homme dans sa grandeur et dans sa misère, et qui, en son âme ardente, s’était représenté plus d’une fois sans doute les vives images de l’ambition politique, a écrit, comme pour s’en dégoûter : Prenez-y garde ! […] Ce salon était tapissé de tableaux qui représentaient les batailles où le roi s’était trouvé en personne avec lui.

409. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

On m’a dit que sa pièce fut huée depuis un bout jusqu’à l’autre… Messieurs les gentilshommes de la Chambre avaient forcé les Comédiens à représenter cette rapsodie. […] Dans son Œdipe chez Admète, où il confond deux actions distinctes, deux tragédies, celle d’Alceste voulant mourir pour son époux, et celle d’Œdipe expirant entre les bras d’Antigone, Ducis a plus que des mots ; il a, au troisième acte et au cinquième, des tirades pathétiques, une touche large, comme lorsque Œdipe, s’adressant aux dieux, les remercie, jusque dans son abîme de calamités, de lui avoir laissé un cœur pur : C’est un de vos bienfaits que, né pour la douleur, Je n’aie au moins jamais profané mon malheur… On s’explique aussi très bien le succès de son Othello, représenté pour la première fois en 1792, et parlant comme un soldat parvenu qui sert avec désintéressement la République et n’a rien à envier aux grands : Ils n’ont pas, tous ces grands, manqué d’intelligence, En consacrant entre eux les droits de la naissance : Comme ils sont tout par elle, elle est tout à leurs yeux. […] La pièce d’Abufar, la seule tout à fait originale qu’il ait composée, fut représentée en avril 1795.

410. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Car ce qu’il importe de savoir, ce n’est pas la manière dont tel penseur individuellement se représente telle institution, mais la conception qu’en a le groupe ; seule, en effet, cette conception est socialement efficace. […] Pour comprendre la manière dont la société se représente elle-même et le monde qui l’entoure, c’est la nature de la société, et non celle des particuliers, qu’il faut considérer. […] Ne peut-on croire, par exemple, que la contiguïté et la ressemblance, les contrastes et les antagonismes logiques agissent de la même façon, quelles que soient les choses représentées ?

411. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Le plus actif, le plus nécessaire et le plus méritant des cinq membres, vers cette époque du 18 fructidor et durant les vingt mois qui suivirent, celui qui représente du gouvernement directorial toute la partie bonne et honnête, de même que Barras en représente toute la partie cupide et honteuse, est La Révellière, au nom duquel se rattache, comme un ridicule, le souvenir des théophilanthropes, et dont jusqu’ici on s’est plu à nous faire une espèce d’abbé de Saint-Pierre, tour à tour occupé de sa botanique et de ses hymnes à l’Être suprême.

412. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Tâchons de nous représenter cet état extraordinaire, et nous verrons naître peu à peu, mais très logiquement, ces conclusions plus extraordinaires encore. […] « Si la lésion porte sur le tiers postérieur de la capsule interne d’un pédoncule cérébral, la présence de l’hémianesthésie cérébrale sera pour ainsi dire chose fatale… Les faisceaux : qui composent ce tiers postérieur… sont un lieu de passage… un carrefour où les fibres centripètes… se trouvent toutes représentées avant de se diriger vers les parties superficielles du cerveau.

413. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Le Journal des Débats, créé en 1789, prit un grand développement à partir de 1799, où il passa aux mains des Bertin ; il fit une large place à la littérature, et là, comme en politique, il représenta surtout les opinions, le goût, les aspirations de la classe bourgeoise. […] Mais le talent original et personnel qui appartient uniquement au journalisme révolutionnaire et qui le représente dans la mémoire du public, c’est Camille Desmoulins625.

414. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

La cour & la ville ne se lassoient point de la voir représenter. […] « Avez-vous oublié, disoit-il à son ridicule contempteur, que le Cid a été représenté à l’hôtel de Richelieu & au louvre ?

415. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Ceci doit faire allusion à quelque petite pièce de société, représentée devant le roi dans son intérieur, où M. le duc du Maine avait sans doute bien joué le rôle d’amoureux. […] Je veux, dit le dieu de la guerre… Cette idée de représenter tous les dieux, ou tous les génies, ou toutes les fées qui se réunissent pour doter un prince de toutes les qualités possibles, est une vieille flatterie, déjà usée dès le temps de La Fontaine.

416. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Il n’y a que le cytise et le serpent qui manquent, car M. de Laprade, poète austère, manque profondément de l’agrément représenté par le cytise et de la fascination perfide, représentée par le serpent.

417. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Elle s’empara des masques, et ne leur permit de représenter que les vices bas et honteux, que les ridicules pernicieux à la société. […] Ne regardez pas tant ce qu’il est que ce qu’il représente. […] Leurs actions et leurs paroles représentèrent abstractivement les mœurs et les caractères : c’est, selon nous, la troisième espèce de comédie. […] c’est que tout concourt à représenter dans le drame de Molière les seules dégradations qu’entraîne l’avarice. […] Jourdain représenta la manie des bourgeois dans une pièce ; mais sa femme, sa servante, sa fille et son gendre y représentèrent l’honnêteté des mœurs de la bourgeoisie.

418. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Que signifient les plaintes que nous entendons faire tous les jours sur les irrégularités de notre alphabet, sur les emplois multipliés de la même lettre pour représenter divers élémens de la parole, sur l’abus contraire de donner à un même element plusieurs caracteres différens, sur celui de réunir plusieurs caracteres pour représenter un élément simple, &c ? […] L’office de la Lexicographie est de prescrire les regles convenables pour représenter le matériel des mots, avec les caracteres autorités par l’usage de chaque langue. […] L’office de la Logographie est de prescrire les regles convenables pour représenter la relation des mots à l’ensemble de chaque proposition. […] Les consonnes qui les représentent se partagent de même : de-là les labiales, les linguales, les gutturales, &c. […] On peut dire que cette lettre est propre à l’alphabet françois, puisque de toutes les langues anciennes que nous connoissons, aucune ne faisoit usage de l’articulation qu’elle représente ; & que parmi les langues modernes, si quelques-unes en font usage, elles la représentent d’une autre maniere.

419. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Un roman n’est pas de la vie représentée. […] Barbey y est représenté debout, la taille serrée dans sa redingote ajustée. […] Ce n’est plus uniquement représenter la vie, c’est la juger. […] Ces cinq cents pages, très serrées, d’un fort in-octavo représentent les lettres de trois années seulement. […] Le grand écrivain représentait le roi de France auprès du Saint-Siège, et le jeune M. d’Haussonville était un de ses attachés.

420. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

En somme, l’opposition ne représentait nullement un principe supérieur de moralité. […] Les dynasties ont des droits sur le pays qu’elles représentent historiquement ; mais le pays a aussi des droits sur elles, puisque les dynasties n’existent qu’en vue du pays. […] Une telle chambre pourra mal représenter la propriété, les intérêts, ce qu’on peut appeler les collèges moraux de la nation. […] Les cent vingt ou cent trente membres restants représenteraient les corps nationaux, les fonctions sociales. […] Cette chambre représenterait ainsi tout ce qui est une individualité dans l’État ; ce serait vraiment un corps conservateur de tous les droits et de toutes les libertés.

421. (1903) Le problème de l’avenir latin

De sorte que la Gaule se trouvait administrée, gouvernée, instruite, représentée par une poignée de rhéteurs. […] C’est elle qui, à cette heure, représente dans le monde la prééminence intellectuelle, en face de la jeune barbarie. […] Or que représente, en son essence, la tradition du romanisme ? […] Le monde vient communier chez nous, dans le plaisir comme dans le passé, que nous continuons de représenter. […] Elles représentent quelque chose d’autre, de meilleur et de plus vital.

/ 2160