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354. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Phidias était entremetteur ; Socrate était apostat et voleur, décrocheur de manteaux ; Spinosa était renégat et cherchait à capter des testaments ; Dante était concussionnaire ; Michel-Ange recevait des coups de bâton de Jules II et s’en laissait apaiser par cinq cents écus ; d’Aubigné était un courtisan couchant dans la garde-robe du roi, de mauvaise humeur quand on ne le payait pas, et pour qui Henri IV était trop bon ; Diderot était libertin ; Voltaire était avare ; Milton était vénal ; il a reçu mille livres sterling pour son apologie en latin du régicide ; Defensio pro se, etc., etc., etc., — qui dit ces choses ? […] Un pourboire est doux après un service rendu ; les maîtres là-haut sourient ; on reçoit l’ordre agréable d’injurier qui l’on déteste ; on obéit abondamment ; liberté de mordre à bouche-que-veux-tu ; on s’en donne à cœur-joie ; c’est tout bénéfice, on hait, et l’on plaît. […] Ils vous reçoivent chez eux avec une fraternité d’archanges.

355. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Enfin, l’autre jour, après la clôture, de la souscription aux obligations trentenaires, je reçus un nouveau tribut d’éloges, et cette fois encore je le reçus fort mal. […] de recevoir les prisonniers à rançon. […] Jamais celle-ci n’a reçu de si rudes étrennes. […] Qu’aimerait-on mieux ne pas recevoir : un avertissement ou une condamnation ? […] Pelletan, consentir à recevoir ou plutôt à subir de pareilles attestations ?

356. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

. —  Naudé commence sa lettre par des compliments et des excuses à Peiresc et parle de diverses commissions ; puis il ajoute : « Je viens tout maintenant de recevoir lettre de Paris de M.  […] Au reste, je fusse toujours demeuré dans la promesse que je vous avois faite de mépriser les médisances qu’il vous avoit faites de moi, si trois ou quatre mois après je n’eusse reçu nouvel avis de Paris et de la part de M. de La Motte 254 que je vous nomme confidemment, et depuis encore par la bouche du Père Le Duc, minime, qu’il continuoit tous les jours à vomir son venin contre moi ; après quoi je vous avoue que la patience m’est échappée, mais non pas néanmoins que j’aie encore rien écrit contre ledit Père, sinon en général à ceux que je croyois le pouvoir remettre en bon chemin ; ce qui néanmoins n’a servi de rien jusqu’à cette heure, à cause de son orgueil insupportable : et Dieu veuille que vous ne soyez pas le quatrième de ses bienfaiteurs qui éprouviez son étrange ingratitude !

357. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Le professeur de droit naturel ne s’en tiendra pas à des éléments ; il portera l’enseignement beaucoup plus loin que les élèves ne l’ont reçu dans le cours de morale qui a précédé celui de leur entrée dans cette école. […] Les professeurs seront stipendiés par Sa Blajesté Impériale ; nul émolument à recevoir des étudiants ; l’indulgence sur ce point produirait nombre d’abus.

358. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Il connut Sainte-Beuve, il en reçut non pas un conseil, mais un mot de lettré, moins qu’un mot, un léger toucher qui entr’ouvrit son âme et fit jaillir cette grâce inépuisable où tous nous nous sommes délectés.‌ […] Ce n’était pas assez selon lui de plier son être sur l’idéal composé par nos aïeux ; il jugea qu’il était aussi de son devoir de restituer aux fils, en quelque mesure, les avantages qu’il avait reçus des pères.‌

359. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

C’est donc plutôt à ses grands parents paternels et maternels que Béranger se rattache directement, peut-être pour la ressemblance morale originelle (cela s’est vu maintes fois), à coup sûr pour l’impulsion et les principes qu’il en reçut. […] La jeunesse pourtant, cette  puissance d’illusion et de tendresse dont elle est douée, cette gaieté naturelle qui en formait alors le plus bel apanage et dont notre poëte avait reçu du ciel une si heureuse mesure, toutes ces ressources intérieures triomphèrent, et la période nécessiteuse qu’il traversait brilla bientôt à ses yeux de mille grâces. […] Reçu au Caveau en 1813, condamné à sa part d’écot en couplets, il ne put s’empêcher d’y porter sa curiosité et son imagination de style, sa science de versification, la richesse de son vocabulaire. […] Sa conversation est prompte, discursive, abondante, également nourrie sur tous les sujets, initiée aux mœurs des métiers différents, suppléant au manque de voyages par la pratique assidue de la grande ville ; on y reçoit mille traits qui pénètrent avant et se retiennent. […] On l’eût reçue de grand cœur, je crois, dans la compagnie des Quarante ; mais on se fût armé pour cette grave exception, devant le public, du précédent de M.

360. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Lâche, regarde-la sans changer de visage ; Songe que si c’est un outrage, C’est le dernier à recevoir ! […] Elle semblait leur dire, au milieu des fleurs qu’elle en recevait, comme à l’abbé de Lavau : Que vous donner donc en leur place ? […] Sous le consulat de Plancus, En Arles la belle Romaine, Devant la grâce souveraine, Les coups d’œil lancés et reçus De ces beautés au front de reine, Cher ami que ta jeune veine Range encor dans les invaincus, Qui pourtant comprendras ma peine, Ah ! […] Jay a écrit, dans des Observations sur elle et sur ses œuvres : « Supérieure sous tous les rapports à Mme Des Houlières, mais ne devant peut-être cette supériorité qu’à l’influence des grands spectacles dont elle fut témoin et dont elle reçut les impressions, elle a conquis une palme immortelle… » L’originalité poétique de Mme Dufrénoy (si on lui en trouve) n’est pas dans les chants consacrés à des événements publics, mais dans la simple expression de ses sentiments tendres. […] J’en ai reçu qui m’assurent des choses si effroyables, que je ne veux pas vous en rien mander que je n’en aie des preuves tout à fait assurées ; car ce sont des choses qu’il ne faut pas dire à demi, quand elles sont d’une personne importante.

361. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Cette pensée répandait l’amertume sur ses derniers jours ; et peu de temps avant sa mort, comme on le portait dans les appartements de son palais, au moment où il venait de recevoir la nouvelle de la mort de son fils, il s’écria avec un soupir : Cette maison est trop grande pour une famille si peu nombreuse ! […] « Il est assez difficile de savoir si les assiduités de Laurent et les prières de ses amis parvinrent, à la fin, à fléchir la fierté avec laquelle il y a lieu de croire que Lucretia reçut ses premiers hommages. […] Il n’usurpa rien ; il reçut tout et se prépara à conquérir davantage de l’estime de ses concitoyens. […] Il reçut au nom de la république et combla d’accueil et de fête Galéas Sforze, duc de Milan, et sa femme Bona ; il s’attacha les premiers poëtes et les savants éminents de ses États, tels que Pulci, mais surtout le jeune Politien, cet Ovide de la Toscane. […] Le peuple n’en recevait que des bienfaits ; la jeunesse et la beauté de Laurent et de Julien y ajoutaient le prestige de l’avenir, et la séduction de tous les cœurs.

362. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Elle recevait tout l’univers en son âme et le renvoyait en formes idéales : vraie antithèse du génie dur et pratique de Rome, dont le rôle est de façonner la réalité par l’épée et par la loi. […] Un sens profond du mystère et de la vie universelle, une large sympathie qui attache l’homme à tout ce qui est, et qui fait dégager des animaux, des arbres, de toute la nature l’intime frémissement d’une sensibilité humaine, l’inquiétude irréparable de l’au-delà, l’âpre curiosité du monde inconnu, effrayant et attirant, qui reçoit les fugitifs du monde des vivants, imprègnent toute cette poésie, et lui prêtent un inoubliable accent52. […] Les romans bretons vinrent à point nommé traduire la transformation de la société : on les voit dans les terrains que quelque rayon du Midi a échauffés : c’est au second mari d’Aliénor, c’est à Henri II d’Angleterre, que le plus ample recueil de lais qu’on possède, œuvre d’une femme, Marie de France, est dédié : c’est de la fille d’Aliénor et de son premier mari, Louis VII de France, c’est de la comtesse Marie de Champagne que le plus brillant versificateur de romans bretons, Chrétien de Troyes, a reçu le sujet de Lancelot. […] La femme, idole de la chevalerie mondaine, la femme qui donne et reçoit l’amour, est maudite et redoutée comme le moyen par où le péché est entré dans le monde : il ne lui sera pardonné qu’en faveur de la Vierge, mère de Dieu, si elle se garde pure comme elle. […] Plus particulièrement les reçus du cycle breton ont produit le roman idéaliste, qui nous construit un inonde conforme aux secrets sentiments de notre cœur, pour nous consoler de l’injurieuse et blessante réalité.

363. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Il a été reçu par mistress Clarkson, un des premiers sujets de la troupe, une étrangère en grande représentation galante à Paris, et c’est elle qui lui a présenté l’étrange gentilhomme dont il a fait le mari de sa fille. […] Madame de Septmonts, indignée, répond à ce cartel de sa plus belle encre. « Elle recevra mistress Clarkson qu’elle n’a pas l’honneur de connaître, si elle lui est présentée par un homme de sa société. » Il se fait un de ces silences que les Allemands expliquent par la présence d’un ange qui traverse le salon. […] Au second acte, le duc de Septmonts exige que sa femme rende à mistress Clarkson la visite qu’elle en a reçue. […] Mauriceau et le docteur Rémonin se soient éloignés, la duchesse le reçoit, comme une maîtresse affolée revoyant un amant qu’elle croyait perdu. […] Les apparences crient contre elle : dix-sept cent mille francs soldés pour une femme, cela se paye d’ordinaire en valeur reçue sur le marché de l’amour.

364. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

A quel moment précis ses convictions religieuses reçurent-elles modification et atteinte ? […] L’éducation qu’on y recevait n’avait pas cessé d’être excellente, et d’assez illustres témoins seraient encore là au besoin pour l’attester. […] Les projets les plus fortement conçus, spécialement celui de Sieyès, furent écartés sans examen, et la première injure que le peuple français reçut de ses mandataires, fut d’être regardé par eux comme incapable de recevoir une instruction solide et d’entendre le langage de la raison. […] Votre alphabet est le premier symbole de foi que les enfants reçoivent, et après lequel ils embrasseront tous les autres, car il n’y en aura point de plus absurde que celui-là. […] Une piqûre assez irritante qu’il reçut au sein de l’Académie des sciences morales et politiques, lorsque celle-ci, à sa renaissance, osa lui préférer M.

365. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Celui-ci répondit en rougissant que les ingénieurs du roi de France ne pouvaient recevoir de l’argent que d’un souverain. […] Cinq jours après il reçut son brevet, et le retour inopiné de M.  […] Reçu comme un aventurier à cause de l’oubli de M. de Breteuil, il se retire dans une métairie avec un seul nègre pour serviteur. […] Au milieu des attaques qu’elle recevait de toutes parts, il la respecta et la fit aimer. […] Les caresses qu’elles te font me sont plus sensibles que celles que j’en reçois.

366. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

La foule attentive le reçut, la tête découverte. […] « Hier, écrit son confident Varnhagen, hier Humboldt a parlé avec beaucoup d’enjouement des lettres qu’il a reçues ; un certain nombre de dames d’Elberfeld se sont engagées à travailler à sa conversion au moyen de lettres anonymes, et lui ont annoncé leur intention ; ces lettres arrivent de temps en temps. Il a reçu de Nebraska une lettre dans laquelle on lui demande où les hirondelles passent l’hiver. — “Cette question n’est-elle pas encore pendante ? […] Non content de conserver, en les numérotant, toutes les lettres qu’il recevait à sa propre louange et la plupart de ses propres billets, il écrivait plus confidentiellement à son ami Varnhagen, en le faisant dépositaire de ses sentiments secrets envers ses correspondants. […] Renouvelez cette opération des milliards de fois dans les cieux, ce sera toujours la même chose, et sa grandeur ou sa petitesse relative à nous n’atteint que deux forces : une force incréée qui donne, une force créée qui reçoit.

367. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je présente donc au public la lettre classique que je reçus deux jours après que le manifeste de M.  […] Est-ce ce pauvre Faliero, si outrageusement reçu aux Français, et traduit pourtant de lord Byron ? […] Excusez mon bavardage, et recevez l’expression de mes sentiments les plus distingués9. […] Vous vous verrez chez tous les libraires de l’Europe, et les négociants de Lyon qui vont à Genève recevront de vingt amis la commission de leur apporter votre comédie, comme ils reçoivent aujourd’hui la commission d’importer un Béranger25. […] Je reçois la feuille 4 de cette brochure toute barbouillée de la fatale encre rouge.

368. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Regardez une de ses thèses morales : il veut prouver que dans le monde il faut se conformer aux usages reçus, et transforme ce lieu commun en une anecdote orientale. […] Les yeux du Russe roulèrent effroyablement au moment où il la reçut. […] Notre admirable constitution (l’orgueil des Anglais et l’envie des nations voisines) m’oblige à vous recevoir comme mon sénateur, mon supérieur et mon tuteur. […] — Monsieur, dit le prince enflammé de fureur, suis-je venu ici pour recevoir des insultes ? […] Oui, je suis reconnaissant d’avoir reçu un cœur capable de connaître et d’apprécier la beauté et la gloire immense du don que Dieu m’a fait.

369. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Andrieux avait donc reçu en naissant un grain de notre sel attique, une goutte de miel de notre Hymette, et il les a mis sobrement à profit, il les a sagement ménagés jusqu’au bout. […] Andrieux avait reçu un don peu abondant, mais distingué et précieux ; il en a fait un sobre, un juste et long usage.

370. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Pendant que les destinées du pays, sa stabilité comme sa gloire, se trouvent plus que jamais remises en question par l’aveuglement d’une coterie triomphante ; pendant que les violences succèdent aux fautes, que les leçons de quarante années de révolution se perdent en un jour, et que les constitutions naissantes auxquelles on croyait quelque vie reçoivent, de la main de leurs auteurs, d’irréparables ébranlements ; pendant, en un mot, que la capitale de la France est en état de siège, et que les conseils de guerre prononcent peut-être quelque nouvelle condamnation à mort, aujourd’hui mardi, l’Académie française tenait sa séance solennelle, et M. Arnault recevait M. 

371. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté. […] Enfin l’esprit français, de siècle en siècle, revêt des formes ou reçoit des éléments nouveaux.

372. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

 » Toutefois il paraît que la facilité de madame de Sévigné était contraire à l’usage, puisque Bussy-Rabutin ajoute encore ce trait de satire : « Il n’y a guère que l’usage qui la pourrait contraindre ; mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes 29. » Il paraît que Voiture, après avoir reçu de Julie une leçon de réserve, se crut en droit d’en donner de semblables à d’autres. […] C’est que chez les Romains, les femmes ne vivaient pas en société avec les hommes ; que les dames romaines vivaient retirées ; que recevoir des hommes chez soi, c’était le honteux privilège des courtisanes et des femmes publiques.

373. (1922) Gustave Flaubert

Elle donnait à cette époque plus qu’elle ne recevait. […] Emma, qui ne pense que par idées reçues, a l’idée reçue de l’idée reçue, et c’est pourquoi elle a horreur de celles que Charles étale avec simplicité. […] Et les trois étages se suivent, comme dans une dialectique de l’idée reçue. […] Il dégorge ses idées reçues comme une machine, alors qu’Homais est campé comme quelqu’un qui reçoit ses idées et même les crée. […] Il vit avant sa mort Maxime Du Camp reçu à l’Académie française.

374. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Tout l’imaginaire que nous supposions en ces tableaux a reçu l’empreinte de la réalité. […] Qui ne conçoit nettement sous ces images la résistance qu’un grand fleuve oppose au passage des troupes, et la protection qu’en reçoivent celles qui le défendent. […] Un fait petit ou grand devient épique, s’il reçoit convenablement des fictions allégoriques et merveilleuses : c’est là le caractère distinctif du genre. […] « Des tributs des vergers leur coupe se couronne, « Et Cérès a reçu les présents de Pomone. […] « La terre me reçut, et dans mon sein plongée « Leur moisson homicide en arbres s’est changée.

375. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il concourut, il fut reçu d’emblée. […] Reçu oui, officiellement ; titre acquis. […] À la Comédie-Française il y a le « reçu à correction » et le « reçu avec des corrections ». Reçu à correction veut simplement dire refusé ; mais reçu avec des corrections veut bien dire reçu, à la condition que l’auteur fasse des corrections. C’est ainsi que Casimir Bonjour avait été reçu.

376. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il haïssait tous ces présents dont l’usage est universel en Orient pour obtenir les grâces et les emplois, et il ne manquait point de faire entrer dans les coffres du roi tous ceux qu’il apprenait que les ministres recevaient ou se faisaient donner à cette fin. […] Les gens qui ont reçu quelque grâce du roi vont la baiser en pompe et en cérémonie, en mettant pied à terre, et se tenant debout contre, ils prient Dieu à haute voix pour la prospérité du prince. […] Il est large et haut, fait en voûte, revêtu à dix pieds de terre de tables de marbre peint et doré, avec un perron tout autour, sur lequel les eunuques de garde se tiennent assis pour recevoir les messages des eunuques du dehors et les porter au dedans ; car les eunuques ne vont pas tous indifféremment dans l’intérieur du sérail. […] Car vous savez, dit-il, que les sacrées lois de l’élu de Dieu ne permettent pas qu’une personne à qui cette sorte de disgrâce est arrivée obtienne le souverain commandement sur nous ; après cela, nous serons contraints de recourir à Hamzeh-Mirza ; et de quelle grâce, je vous prie, recevra-t-il notre élection ? […] Prendra-t-il plaisir à recevoir de nos mains une couronne que nous aurions offerte à un autre ?

377. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

L’Italie commence à nous rendre ce qu’elle a reçu de nous : ses auteurs sont mis sur le pied des anciens, traduits et goûtés comme tels, Boccace après Pétrarque, et plus que lui, d’autant qu’il a de quoi charmer les courtisans avec les érudits. […] Il n’est pas jusqu’au grand Commynes sur qui n’agisse le charme de l’Italie : il n’a pas besoin de la subtilité d’outre-monts pour savoir traiter une affaire, mais à voir de quel ton, combien longuement il décrit Venise, lui qui est si peu descriptif de nature, on peut juger de l’impression qu’il en a reçue. […] Que sa maîtresse l’eût fait battre, il se peut ; mais il n’ajoute pas deux autres motifs qu’il a de voyager : la peur de la justice, et la mission qu’il avait reçue de sa bande d’étudier un coup à faire à Angers sur un vieux moine fourni d’argent comptant. […] Commynes, né serviteur et devenu favori du duc Charles, reçoit une pension de Louis XI : la position lui plaît ; il continuerait volontiers ce service en partie double, avec doubles honoraires, si le roi de France, qui a besoin d’un tel esprit, ne lui mettait le marché à la main. […] Il devient conseiller et chambellan du roi, avec une pension de 6000 livres ; il reçoit la principauté de Talmont (1472), acquiert la baronnie d’Argenton par son mariage avec Hélène de Chambes (1473), reçoit une part des dépouilles de Nemours.

378. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

La vie brahmanique, d’ailleurs, a sur la vie cénobitique et érémitique cette supériorité qu’elle est en même temps la vie humaine, c’est-à-dire la vie de famille, et qu’elle s’allie aux soins de la vie positive, sans prêter à ceux-ci une valeur qu’ils n’ont pas ; l’ascète chrétien reçoit sa nourriture d’un corbeau céleste ; le brahmane va lui-même couper du bois à la forêt ; il doit posséder une hache et un panier pour recueillir les fruits sauvages. Les fils de Pandou, pendant leur séjour à la forêt, vont à la chasse, et leur femme Draupadi offre aux étrangers qu’elle reçoit dans son ermitage du gibier que ses époux ont tué. […] La religion était reçue à cette époque comme une lettre close et cache-tée, qu’il ne fallait pas ouvrir, mais qu’on devait recevoir et transmettre, et pourtant, la vie humaine s’élargissant toujours, il était nécessaire que les besoins nouveaux forçassent tous les scrupules et que, ne pouvant se faire une place dans la religion, ils se constituassent vis-à-vis d’elle. […] I, p. 345  Comparez, dans le poème de saint Brandan, la peinture de cette île merveilleuse, où les moines ne vieillissent pas et reçoivent leur pain du ciel, où les lampes s’allument d’elles-mêmes pour les fêter ; vie de silence, de liberté, de calme, idéal de la vie monastique au milieu des flots. […] Le christianisme n’a reçu tout son développement qu’entre les mains des Grecs.

379. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

À l’effet de subvenir aux dépenses extraordinaires de la guerre, on a créé des offices triennaux qui se vendent : Rosny, pour en tirer au profit du roi le plus d’argent comptant possible, s’astreint jusqu’à faire lui-même l’office de greffier du Conseil, et de trésorier, comme on disait, des parties casuelles (c’est-à-dire des droits perçus pour le roi), vendant lui-même les offices, donnant de sa main à l’acheteur un billet adressé au trésorier, afin que celui-ci reçoive l’argent et délivre la quittance, « tellement que nul du Conseil n’y puisse gratifier son parent ni son ami ». […] Écrivant à ce dernier, l’exhortant à ne pas chercher à susciter derechef un État dans l’État et une Ligue sous forme nouvelle, il disait (1597) : « Recevez, je vous prie, de bonne part les conseils que je vous donne, puisque j’en suis par vous requis et par une bonne conscience, loyale à sa patrie. » Il confondait alors tous les intérêts de la patrie dans l’autorité pure et simple, dans le droit divin et humain de Henri IV, et il ne paraît jamais s’être beaucoup soucié des tempéraments ou restrictions qu’y pouvaient apporter les corps, parlements, assemblées de notables. […] Rosny se hâte d’arriver à Paris pour la recevoir « avec beau bruit d’artillerie ». […] Au commencement de 1606, rassuré sur ce chapitre des biens, il fut fait et reçu duc de Sully, et c’est sous ce nom que la postérité s’est accoutumée à le regarder.

380. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Recevez, etc. […] Indépendamment des connaissances spéciales dont il fait preuve et des améliorations positives qu’il proposait à sa dateb, j’y vois ce qui fait l’âme de ce noble métier de soldat, l’alliance de l’abnégation et d’une émulation glorieuse : « on y rend des services, dit-il ; l’on y endure des peines ; l’on y reçoit des éloges ». […] Celui que Mme Du Deffand et Grimm faisaient d’abord quelque difficulté d’admettre comme de la pure race des esprits français, l’était si naturellement devenu, qu’écrivant en 1807 de Tœplitz à son compatriote le prince d’Arenberg, l’ancien ami de Mirabeau, et lui parlant de M. de Talleyrand, qui venait d’arriver : « Jugez, disait-il, de son plaisir d’être reçu par moi, car il n’y a plus de Français au monde que lui, et vous et moi, qui ne le sommes pas. » Et il disait vrai en parlant ainsi. […] [NdA] Voici une lettre de ce fils du prince à son père, dans la guerre des Turcs, après la prise de Sabacz (avril 1788), où il venait d’être nommé lieutenant-colonel et de recevoir l’ordre de Marie-Thérèse ; elle contraste par le ton avec la correspondance du père et de l’aïeul : Nous avons Sabacz.

381. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il est reçu par Mme de Rênal, un peu étonnée d’abord que ce soit là le précepteur que son mari ait choisi pour ses enfants. […] Le défaut de Beyle comme romancier est de n’être venu à ce genre de composition que par la critique, et d’après certaines idées antérieures et préconçues ; il n’a point reçu de la nature ce talent large et fécond d’un récit dans lequel entrent à l’aise et se meuvent ensuite, selon le cours des choses, les personnages tels qu’on les a créés ; il forme ses personnages avec deux ou trois idées qu’il croit justes et surtout piquantes, et qu’il est occupé à tout moment à rappeler. […] Lorsque M. de Balzac fit sur Beyle, à propos de La Chartreuse, l’article inséré dans les Lettres parisiennes, Beyle, à la fin de sa réponse datée de Civitavecchia (octobre 1840), et après des remerciements confus pour cette bombe outrageuse d’éloges à laquelle il s’attendait si peu, lui disait : Cet article étonnant, tel que jamais écrivain ne le reçut d’un autre, je l’ai lu, j’ose maintenant vous l’avouer, en éclatant de rire. […] Il reçut pour cela la somme de 3 000 francs.

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