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1129. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

De là tant de productions presque aussitôt oubliées qu’applaudies ; tant d’autres ou inaperçues ou dédaignées qui reçoivent du temps, du progrès de l’esprit et de l’art, d’une attention plus rassise, le tribut qu’elles méritaient.

1130. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Cependant, s’il existe une science des sociétés, il faut bien s’attendre à ce qu’elle ne consiste pas dans une simple paraphrase des préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses autrement qu’elles n’apparaissent au vulgaire ; car l’objet de toute science est de faire des découvertes et toute découverte déconcerte plus ou moins les opinions reçues.

1131. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Il faut bien le dire, malgré la propagande électrique du mal, tout le temps qu’une société ne sera pas complètement déchristianisée et recevra le baptême, des hommes comme Hegel et Proudhon resteront plus ou moins monstrueux.

1132. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

On assemblait la famille ; les enfants venaient recevoir des leçons de vertu en entendant louer leur père ; le peuple s’y rendait en foule : le magistrat y présidait.

1133. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il a épousé par inclination peu de temps après une jeune personne de Madrid et lui a donné tout le bien qu’il a reçu de la Valencienne. […] Et pour qu’il s’y introduise, en effet, et s’y joigne, il suffira qu’il ait reçu de la vie l’éducation qui lui manque. […] Que serait-ce si l’on était reçu dès que l’on s’offrirait ? […] Il a consigné pour nous, dans la troisième partie des Mémoires d’un homme de qualité, les impressions qu’il reçut de ce premier séjour. […] On ne veut pas recevoir le témoignage de Rousseau dans sa propre cause, et, comme on disait, quand il fait pour lui ; pourquoi le reçoit-on quand il fait contre lui ?

1134. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il sentait vaguement que la société n’était que là, et qu’on ne pouvait passer pour un auteur vraiment français que quand on y avait reçu le baptême. […] C’est le repos sur un sentiment passé et non sur l’insensibilité, qui fait pour vous le charme de l’âge qui s’avance. » Mais ne nous attardons plus ; car, après bien des lenteurs, des dérangements et contre-temps dans ses projets, Sismondi enfin se met en route et arrive à ce Paris tant désiré ; il y est au commencement de janvier 1813, une date peu riante assurément ; il ne s’en aperçoit qu’à peine, et, dès le premier jour, il doit à l’amitié connue qui le lie à Mme de Staël d’être reçu et initié dans le meilleur monde, dans la plus fine société. […] Il s’y trouve tout à côté peut-être de quelque orthodoxe calviniste qui croit à la doctrine de la prédestination, ou de quelque socinien et rationaliste qui ne voit dans le christianisme que le travail successif des hommes les plus vertueux et les plus éclairés de tous les âges, et dans la morale que l’héritage et le perfectionnement des siècles : « Tous deux se disent chrétiens, et je le crois, écrivait-il à une amie digne de le comprendre, je les reçois comme frères, et j’ai du plaisir à m’associer à eux dans un hommage public de reconnaissance et d’amour à l’Être qui nous a donné l’existence et qui l’a douée de tant de biens. » Qu’on la partage ou non, cette façon d’entendre le christianisme, et qui se rapproche de celle d’Abauzit ou de Channing, est élevée et bien pure.

1135. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Transfuge était un mot alors tout nouveau, mais excellent et fort bien reçu. […] Ce n’était pas un adversaire de Vaugelas, c’était un approbateur sous forme badine et qui se masquait en diseur de contre-vérités, que l’évêque Godeau qui, après la lecture des Remarques, écrivait à l’auteur une lettre assez singulière qui débute de la sorte : « Monsieur, il y a longtemps que votre libéralité m’a fait un grand présent en m’envoyant le livre de vos Remarques sur notre langue ; mais il y a fort peu de jours que je l’ai reçu après une longue attente. […] On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.

1136. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Enfin il reçoit, il a un salon qui est celui de la Compagnie même, un salon où l’on discute à l’avance les choix, où on les prépare, où l’on respire un air attiédi, tempéré, où les candidats prochains s’acclimatent, où les visages s’accoutument, où les aspérités non académiques s’émoussent ; et, pour peu que le secrétaire perpétuel ait de tact, de connaissance du monde et d’urbanité, il imprime insensiblement à tout ce cercle poli un mouvement dont il est l’âme. […] Auger l’a dit, je suis un sectaire. » Ayant à recevoir M.  […] Thiers, en s’honorant de recevoir le prix, fit incontinent donation des 20,000 francs à l’Académie pour être fondé un prix triennal de 3,000 francs à décerner à l’auteur d’un « ouvrage historique dont l’Académie aura proposé le sujet et dont elle croira devoir distinguer le mérite ».

1137. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Son silence redouté, sa tristesse profonde et morne, ses brusques emportements, et le rond de sa prunelle qui se détache comme une balle enflammée dans la colère, puis sa mise imposante et bizarre, la grandeur de ses manières, sa politesse seigneuriale avec ses hôtes quand il les reçoit tête nue, par la bise ou par la pluie, du haut de son perron, comme tout cela est marqué ! […] Sa plus jeune et mélancolique sœur, reçue chanoinesse, reste aussi à la campagne, en attendant de passer d’un chapitre dans un autre.  […] On voit çà et là, l’hiver, venir de rares hôtes à cheval avec le porte manteau en croupe ; ce sont ceux que le père reçoit tête nue sur le perron.

1138. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

On avait leur cime, on jouissait de leur ombre, on recevait les fruits tombés des altiers rameaux ; mais l’arbre sacré était de l’autre côté du mur, dans un verger plus ou moins inconnu, et dont la superstition pouvait faire un Éden privilégié. […] Ces explications, telles que Dumont les précise, n’atténuent aucunement le génie de l’orateur ni même la capacité du politique, et bien au contraire elles les font d’autant plus ressortir ; mais l’autorité morale, la conscience sérieuse et l’aplomb du caractère en reçoivent quelque atteinte. […] Sans doute il ne suivit aucun plan général dans ses attaques, et ne les gouverna souvent qu’au gré de ses passions ou même de ses besoins ; et c’est en ce sens surtout qu’il est vrai de dire que sa mémoire publique, sa mémoire de grand citoyen a reçu d’irréparables atteintes ; mais il eut de rares et lumineuses inspirations sur l’état social profond et l’avenir où l’on se précipitait.

1139. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Ceux qui, par une certaine disposition trop rare de l’esprit et du cœur, sont en état, comme il dit, de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage, ceux-là éprouvent une émotion, d’eux seuls concevable, en ouvrant la petite édition in-12, d’un seul volume, année 1688, de trois cent soixante pages, en fort gros caractères, desquelles Théophraste, avec le discours préliminaire, occupe cent quarante-neuf, et en songeant que, sauf les perfectionnements réels et nombreux que reçurent les éditions suivantes, tout La Bruyère est déjà là. […] Reçu à l’Académie le 15 juin 1693, époque où il y avait déjà eu en France sept éditions des Caractères, La Bruyère mourut subitement d’apoplexie en 1696 et disparut ainsi en pleine gloire, avant que les biographes et commentateurs eussent avisé encore à l’approcher, à le saisir dans sa condition modeste et à noter ses réponses145. […] Il fut reçu le même jour que l’abbé Bignon et par M. 

1140. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Or Chateaubriand, qui avait reçu de la nature tant de dons du talent, n’avait pas reçu ce complément de ces qualités qu’on appelle le don des vers. […] LXX Quant à la faculté d’écrire les vers, Chateaubriand ne l’avait pas reçue plus que Voltaire ; la poésie, dans sa vraie forme sérieuse (le vers), excepté la poésie badine, ne leur était pas naturelle.

1141. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Enquête sur la question du latin [Question] Ayant été reçu le 5 avril par M.  […] Enfin ne serait-il pas réellement démocratique, en rétablissant dans son intégrité l’enseignement du latin, de le rendre accessible à tous les enfants, quelle que soit leur condition, qui sont aptes à le recevoir ? […] Je ne veux même pas évaluer ici les autres pertes que supportent nos cadets pour être privés de la culture que nous reçûmes.

1142. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il présidait la réunion et tenait si fort à cette prérogative, qu’un jour son valet ayant annoncé je ne sais quel président du parlement : « Il n’y a ici, dit-il, de président que moi. » Là, on discutait tous les perfectionnements que pouvait recevoir l’art d’écrire en vers ; on revisait les jugements de la mode et on préparait ceux de la postérité. […] Ce serait de l’orgueil ridicule, si l’on devait recevoir de la postérité un démenti. […] Qu’à l’un de ces moments-là Malherbe nous tombe sous la main, d’où vient que nous sommes si surpris de cette vivacité, de cette verdeur d’un sexagénaire, de ce grand sens de ces vérités qui ont reçu leur forme dernière, de ce style si précis, si noble, si frappant ?

1143. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

De même, s’il peut paraître trop fort que le cardinal de Pelvé se targue de la bassesse intéressée de son dévouement à la maison de Lorraine, quoi de plus vraisemblable qu’il loue Philippe II d’être prêt à donner une partie de ses royaumes, pour que tous les Français deviennent bons catholiques et reçoivent la sainte inquisition ? […] Il en paraît enfin une image dégagée de toutes les formes qu’elle reçoit dans chaque temps particulier, des religions et des sociétés diverses et composée de ces traits généraux et communs qui constituent l’unité de l’homme, si divers par le temps et le lieu. […] Seulement, ce qu’il y a de sérieux dans celui de Charron, et par là même d’inconséquent, est la cause de l’impression équivoque que nous recevons de la lecture de son traité.

1144. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Cette modification avait pour but — sans rien changer à l’esprit général et à l’organisation pratique de l’Association — de donner à l’Association un caractère légal qui lui permît d’établir ensuite une « Fondation-Wagner » et de recevoir des legs. […] Mort de Liszt Liszt était arrivé depuis quelques semaines à Bayreuth : il venait du château de Colpach en Luxembourg où l’avaient reçu M. et Madame de Munkacsy. Très affaibli et souffrant, il continua cependant à recevoir à Wahnfried et chez lui, dans la Siegfriedstrasse ; ce n’est que quelques jours avant de mourir qu’il dut garde le lit.

1145. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Notes et nouvelles La Valkyrie sera jouée à Bruxelles ; nous recevons une lettre de la direction de la Monnaie qui nous l’annonce pour « vers » le 25 février. […] La question Seghers Nous recevons la lettre suivante : Monsieur, Sous la rubrique : Le Wagnérisme à l’étranger, La Revue Wagnérienne du 15 décembre dernier a publié une lettre datée de Bruxelles et dont l’auteur, M.  […] Le Saint-Graal était une coupe remplie du sang sorti de la blessure que le Christ reçut sur sa croix.

1146. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il avait reçu de la nature, sous des formes agréables et jolies, une certaine énergie ardente qui constitue à un haut degré le tempérament littéraire et qui pousse au talent : Cette énergie, a-t-il remarqué, condamne d’ordinaire ceux qui la possèdent au malheur non pas d’être sans morale et de n’avoir pas de très beaux mouvements, mais de se livrer fréquemment à des écarts qui supposeraient l’absence de toute morale. […] Chamfort, quoique déjà sa fraîcheur première eût reçu des atteintes, et que sa santé altérée l’obligeât d’essayer des eaux, était en ces années fort à la mode parmi les belles dames et dans le plus grand monde ; il était bien près de s’y acclimater : M. de Chamfort est arrivé, écrivait Mlle de Lespinasse (octobre 1775) ; je l’ai vu, et nous lirons ces jours-ci son Éloge de La Fontaine. […] Tu écriras, tu feras des vers et de la prose pour lesquels tu recevras quelques éloges, beaucoup d’injures et quelques écus, en attendant que tu puisses attraper quelque pension de vingt-cinq louis ou de cinquante, qu’il faudra disputer à tes rivaux en te roulant dans la fange, comme le fait la populace aux distributions de monnaie qu’on lui jette dans les fêtes publiques.

1147. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

La révision des connaissances ou la vérification des leçons reçues ne se fait plus dans les générations éduquées, si leur malheur a permis que ces signes postiches s’opposassent à cette opération, la montrassent comme périlleuse, ou même comme impossible. […] On sait qu’à ceux qui lui demandaient ce qu’il avait fait durant ces mois terribles de la Terreur, il répondait : « J’ai vécu. » Je lis dans une page de lui une traduction indirecte, plus expressive et plus émue, de la même pensée : Maucroix, dit-il par une sorte d’allusion à cette situation menacée et précaire, et où nul ne pouvait se promettre un lendemain ; Maucroix, mort en 1708, fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans ces vers charmants : Chaque jour est un bien que du ciel je reçois ; Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne : Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne. […] L’un creuse des puits dans le rocher neuf : l’autre fait des tableaux et des fresques sur toutes les murailles et sous toutes les coupoles connues. — Je ne sais pas d’esprits qui soient plus à l’opposite et aux antipodes que Bossuet, le panégyriste et l’apologiste magnifique de toutes les choses établies, de toutes les doctrines reçues et dominantes, — un esprit qui n’a jamais eu un doute !

1148. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

À part quelques martyrs, quelques nobles têtes comme Morus et Fisher, que le Tibère théologique jeta au bourreau, les hautes classes qui alors menaient la nation reçurent, dans le silence de la conscience anéantie, une religion toute faite des mains de ce cuistre sanglant qui osait inventer contre Dieu… Jamais, dans les annales du genre humain, si magnifiques en lâchetés, on n’avait eu le spectacle d’une chose si lâche… Et cependant, disons-le pour être juste, de toutes les hérésies dont le Protestantisme de Luther fut la semence, celle de Henri VIII, de ce révolté de la débauche, est la moins funeste dans ses conséquences définitives. […] Contre un tel mépris de la justice, une protestation parut dans le British Magazine, et une adresse de deux cent trente membres de l’Université non résidants à Oxford fut envoyée au vice-chancelier, qui refusa de la recevoir comme il avait refusé d’entendre Pusey. […] Si nous ne nous trompons, c’est Newman qui a reçu dans ses mains, récemment bénies, l’abjuration d’Oakeley.

1149. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

le volume n’avait pas paru depuis quinze jours, que je recevais d’un Espagnol ce petit billet : « Monsieur, vous commettez une erreur en parlant de “don” Christophe Colomb. […] Ce sont des hommes qui ont parfois gagné leur fortune au lieu de la recevoir, mais ils la dépensent à peu près de même. […] Enfin, comme l’héroïne principale, entourée de compagnes moins élégantes et moins affinées, n’en serait que plus exceptionnelle, comme il fallait rappeler constamment et cruellement son origine, sa parenté, son monde d’où sans cesse elle s’évade en esprit, elle a un frère, l’ouvrier dont l’exemplaire vit sous nos yeux, l’homme que les mots corrompent autant que les passions, et qui se venge, par la haine universelle, de l’offense qu’il a reçue d’un seul.

1150. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

En résumé donc, à côté du corps qui est confiné au moment présent dans le temps et limité à la place qu’il occupe dans l’espace, qui se conduit en automate et réagit mécaniquement aux influences extérieures, nous saisissons quelque chose qui s’étend beaucoup plus loin que le corps dans l’espace et qui dure à travers le temps, quelque chose qui demande ou impose au corps des mouvements non plus automatiques et prévus, mais imprévisibles et libres : cette chose, qui déborde le corps de tous côtés et qui crée des actes en se créant à nouveau elle-même, c’est le « moi », c’est l’« âme », c’est l’esprit — l’esprit étant précisément une force qui peut tirer d’elle-même plus qu’elle ne contient, rendre plus qu’elle ne reçoit, donner plus qu’elle n’a. […] Notre corps, inséré dans le monde matériel, reçoit des excitations auxquelles il doit répondre par des mouvements appropriés ; le cerveau, et d’ailleurs le système cérébro-spinal en général, préparent ces mouvements ; mais la perception est tout autre chose 5. […] Nous essayons de toutes les lettres de l’alphabet l’une après l’autre ; nous les prononçons intérieurement d’abord ; puis, si cela ne suffit pas, nous les articulons tout haut ; nous nous plaçons donc, tour à tour, dans toutes les diverses dispositions motrices entre lesquelles il faudra choisir ; une fois que l’attitude voulue est trouvée, le son du mot cherché s’y glisse comme dans un cadre préparé à le recevoir.

1151. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Recevez le baptême et vous serez sauvés. […] Leur œil est fait de telle façon, leur sensibilité est exercée de telle sorte qu’ils voient uniquement certains faits, qu’ils reçoivent uniquement certaines impressions, et j’accorderai volontiers qu’ils sont parfaitement sincères et qu’il ne dépend pas d’eux de considérer autrement et le monde, et la vie ; ils imaginent de la meilleure foi possible que la nature est exactement telle qu’elle leur apparaît et que rien n’existe en dehors de ce qu’ils aperçoivent. […] C’est de ces maîtres qu’il a reçu son impulsion ; c’est d’eux qu’il tient ses curiosités et ses méthodes d’observation.

1152. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Les vainqueurs donnerent quelques loix aux vaincus, & reçurent d’eux, en échange, quelques usages, quelques vices même, toujours plus prompts à s’accréditer que les loix les mieux affermies. […] Il fait plus, il reçoit dans sa maison cet ancien amant de sa femme ; il s’absente même & les laisse tous deux exposés à des combats qui pouvoient finir par une défaite. […] C’est par des aliments légers qu’on dispose l’estomac à recevoir des mets plus solides.

1153. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Apollon, si ce chœur chante à son gré, le comblera d’honneurs : il en a le pouvoir, car il est assis à la droite de Jupiter148. » Mais on peut remarquer aussi que cette forme judaïque et devenue chrétienne avait reçu des applications plus anciennes. Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père149. » Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper. […] Les temples des dieux en reçoivent une grande part.

1154. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Il le voulait libre, aussi bien que florissant par les arts ; et il ne déshonora d’aucune lâche faiblesse cette couronne de poëte qu’il reçut au Capitole. […] « Ô toi », disait-il en beaux vers223 à l’évêque de Lombez, « heureuse et belle âme espérée dans les cieux, qui marches revêtue et non appesantie de notre humanité, pour que les chemins te soient plus faciles, servante fidèle et bien-aimée de Dieu, voici que ta barque, déjà détournée de ce monde aveugle vers un meilleur port, reçoit le souffle d’un vent occidental, qui, par cette sombre vallée où nous pleurons nos fautes et celles d’autrui, la conduira dégagée des écueils antiques à cet Orient où elle aspire. » Rien de plus animé que ces images, dans la langue du poëte ; rien de plus guerrier que son espérance et son appel : « Tout homme », s’écrie-t-il, « entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les flots de la mer, suit le drapeau chrétien. […] À Nicosie, les Turcs, entrés par capitulation, avaient massacré la garnison entière ; à Famagouste, le pacha, reçu également à conditions, sur des ruines, devant une garnison exténuée de misère et de faim, avait, dans un transport de colère, violé toute promesse, fait égorger les nobles vénitiens et écorcher vif l’héroïque gouverneur de la place.

1155. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il se résigne d’avance à recevoir chaque matin les témoignages d’une gratitude si bien méritée. […] Tout lui est bon pour punir l’injure qu’il a reçue. […] Au moment où Arthur reçoit les félicitations de ses amis sur la décoration qu’il vient de recevoir avec le titre de conseiller d’état, Delaunay raille à haute voix sa promotion et l’amène enfin à la nécessité de se battre. […] Comment reçoit-elle, en présence de sa famille et de ses amis, une femme assez effrontée pour changer d’amant et de nom comme de robe ? […] Est-il naturel de penser qu’une femme du sang des Borgia se confie à d’autres mains que les siennes pour laver l’injure qu’elle a reçue ?

1156. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Gérard et Pétrus se portèrent mes garants, et je reçus un de ces billets rouges marqués avec une griffe de la fière devise espagnole hierro (fer). […] Son salon était, d’ailleurs, le refuge de l’aristocratie non ralliée ; tous les illustres mécontents, tous les glorieux boudeurs, y étaient courageusement reçus, quoiqu’il y eût alors quelque péril à cela. […] L’étonnement de la famille fut grand lorsqu’elle vit l’enfant maigre et chétif que le collège lui renvoyait à la place du chérubin qu’il avait reçu, et la grand mère d’Honoré en fit la douloureuse remarque. […] La seconde a-t-elle reçu son accomplissement ? […] Ce fut M. de Laberge père qui me reçut, car son fils était fort malade déjà et ne pouvait descendre.

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