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288. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Tant de rois et de princes m’ont honoré de leur estime, amitié, et même confiance, que je pourrais relever ma petitesse sur les échasses de leur grandeur. […] Bonneval, hors de lui, pris dans son tort, ou tout au moins provoqué dans son défaut intime, fit cette réponse d’une suprême et magnifique insolence, mais qui portait plus haut que Chamillart et qui atteignait le prince même et la patrie : Monsieur, j’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire, où vous me mandez que je crains les gens de plume parce qu’ils savent trop bien compter. […] Bonneval justifia cette confiance et devint l’un des premiers lieutenants du prince dans ses diverses entreprises militaires en Italie, en Dauphiné, en Flandre. […] Voilà bien le second et le lieutenant du prince Eugène.

289. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Il est prince et démagogue, sagace et extravagant, profond et frivole, homme et neutre. […] Quand il plaisait au prince de n’avoir pas eu de témoin, il y allait de la tête à tout ignorer. […] C’est l’aparté d’un esprit plus encore que l’escarpement d’un prince. […] Hamlet, prince, oui ; roi, jamais.

290. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Il est prince, dites-vous ; il est bien autre chose, il est amant, & il tue Zaïre. […] Un grand prince souhaitoit à Corneille un parterre composé de ministres, & Corneille en demandoit un composé de marchands de la rue saint Denis. […] En effet, si l’utile & le merveilleux font la gloire, quoi de plus glorieux pour un prince, que la decouverte & le choix d’un si digne ami ? […] ) les grands : on nomme ainsi en général ceux qui occupent les premieres places de l’état, soit dans le gouvernement, soit auprès du prince. […] Si le principe du gouvernement est corrompu dans les grands, il faudra bien de la vertu & dans le prince & dans le peuple pour maintenir dans un juste équilibre l’autorité protectrice de

291. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Les émigrés royalistes avaient suivi les princes fugitifs à l’étranger. […] La fidélité méritoire à ses princes, l’esprit d’aventure, le caractère assoupli aux fortunes diverses de l’exil, et l’intarissable conversation qu’on y puise. […] Bellone, au front d’arhain, ravage nos provinces ; France est en proye aux dents des léoparts : Banny par ses subjects, le plus noble des princes Erre, et proscript en ses propres remparts, De chastels en chastels et de villes en villes, Contrainct de fuyr lieux où devoit régner, Pendant qu’hommes félons, clercs et tourbes serviles L’ozent, ô crime ! […] Mars qui me l’a ravy Le faict errer en lointaines provinces : L’auroit Amour soubz sa chaisne asservy Pour n’espouzer que les desbatz des princes ? […] Nul prince, tant fust-il preulx et franc paladin, Rose ne pust cœillir en si noble jardin : Jà tretous se lassoient d’inutiles hommages ; Falloit, se disoient-ils, qu’aymast, car aultrement, Tant ne la charmeroient amoureuses images… Se pasmoit, rossignolz, quand oyoit vos ramages ; Maiz pour qui ?

292. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il commençait ce rôle de conseiller écouté, et non suivi, qu’il tiendra durant bien des années auprès de ce prince. […] Tous les conseils qui lui arrivaient étaient dans ce sens de représailles qui pouvaient sembler légitimes ; le torrent s’enflait à chaque pas, et, au moment où le prince entra dans Paris salué des acclamations d’une multitude ivre de joie et fanatique de colère, il n’y avait plus à songer à le ramener et à le modérer. […] Jeannin se hâte d’en informer Villeroi ; et les voilà encore à attendre une heure plus favorable, « se disant, selon l’expression de l’un d’eux, qu’il y avait plusieurs heures au jour, et que les cœurs et les volontés des princes étaient aussi sujets au changement comme les occasions s’en présentaient ».

293. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Déjà renommé à Paris pour sa traduction des Lettres de Coxe, accueilli par le meilleur monde, devenu le guide de toute cette belle société qui se prenait d’amour pour la nature de Suisse et pour les glaciers, il attira nécessairement l’attention du cardinal prince de Rohan, évêque de Strasbourg, qui fut flatté de trouver dans un jeune Alsacien de si grands talents, et qui se fit un honneur de l’attacher à sa personne. […] Une femme intrigante et criminelle, Mme de La Motte, se mit, vers le même temps, à exercer sur le cardinal son ascendant funeste et vraiment fabuleux, qui conduisit ce malheureux prince à acheter des joailliers de la reine le fameux Collier, en croyant n’obéir qu’à un ordre de sa souveraine. Ramond, secrétaire du prince et son confident, ne put manquer d’être initié à la connaissance de cette longue et tortueuse négociation.

294. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Montluc, dès l’enfance, dut chercher fortune et à se frayer sa voie : « Encore que je sois gentilhomme, si suis-je néanmoins parvenu degré par degré, comme le plus pauvre soldat qui ait été de longtemps en ce royaume. » Nourri en la maison du duc Antoine de Lorraine, au sortir de page il fut pourvu d’une place d’archer dans la compagnie de ce prince sous le chevalier Bayard, qui en était le lieutenant. […] Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur. […] M. de Barbezieux, qui commandait à Marseille, lorsque le roi bientôt après y arriva, s’attribua devant ce prince tout l’honneur et l’invention de l’entreprise : « M. de Lautrec n’eût pas fait cela, dit Montluc.

295. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

  Tiberio Fiurelli, qui s’incarna dans ce caractère, était déjà venu en France en 1639 et en 1640 ; il lui arriva à cette époque l’heureuse aventure que voici : « Un jour qu’il était avec Aurelia (Brigida Bianchi) dans la chambre du dauphin qui fut depuis Louis XIV, le prince, qui avait alors deux ans, fut de si mauvaise humeur que rien ne pouvait apaiser sa colère et ses cris. […] Ce qui fit dire à un grand prince qui le voyait jouer à Rome : “Scaramuccia non parla e dice gran cose, Scaramouche ne parle point, et il dit les plus belles choses du monde.” […] Il a toujours été les délices de tous les princes qui l’ont connu, et notre invincible monarque ne s’est jamais lassé de lui faire quelque grâce. » Fiurelli donna une extension considérable à son emploi : « En Italie, dit Riccoboni, ce personnage n’avait jamais fait d’autre caractère que celui du capitan ; mais en France il fut tellement goûté qu’on le mit à toutes sauces30. » 17. — Scaramouche.

296. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

C’est ainsi qu’il s’en explique dans la lettre qu’il écrit au nom de Théodoric roi des ostrogots, à Simmaque préfet de Rome, pour lui ordonner de faire réparer le théatre de Pompée aux depens de ce prince. […] Lucien raconte encore qu’un roi des environs du Pont Euxin, qui se trouvoit à Rome sous le regne de Neron, demandoit à ce prince avec beaucoup d’empressement un pantomime qu’il avoit vû joüer, pour en faire son interprete en toutes langues. […] Il plaisoit beaucoup à ce prince, et Bathylle enchantoit Mecenas.

297. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

A-t-il pû donner à ce prince le caractere connu du comte de Dunois ? […] Le faire planter à grands frais, c’est, si l’on veut, le mérite du prince.

298. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

L’histoire romaine est encore remplie de faits qui prouvent la passion démesurée du peuple pour les spectacles, et que les princes et les particuliers faisoient des frais immenses pour la contenter. […] Pline rapporte que ce prince fut l’auteur d’une nouvelle méthode pour se fortifier la voix.

299. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Ce sont là jeux de prince. […] et il lui dit par qui ; et Madona Lucrezia, fille du pape et femme du prince, se trouvant alors dans la chambre de son père, tomba évanouie1. » Cette fois, le pape s’indigna, et il fit garder à vue le jeune prince par seize de ses gens. […] Son ignorance était celle d’un prince musulman relégué dans un donjon des Sept-Tours. […] très cher prince, — criait le peuple de Paris, — jamais nous n’en aurons un si bon ! […] Il faut un culte à cette mythologie monarchique qui fait du prince un dieu matériel.

300. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

J’ai entendu des personnes instruites citer ce passage comme de Bossuet exprimant ses propres sentiments, et cédant à un moment de colère contre les princes persécuteurs. […] Dans toute la partie politique de la discussion avec Jurieu, où Bossuet invente à la fois les doctrines et la langue, il ne s’occupe que du principal, c’est-à-dire des rapports entre les sujets et le souverain, que le souverain soit peuple, prince ou aristocratie. […] Est-ce donc un superstitieux de la monarchie absolue qui trace des préceptes de gouvernement tels que ceux-ci : « Il y a des lois fondamentales qu’on ne peut changer ; il est même très dangereux de changer sans nécessité celles qui ne le sont pas… Le prince n’est pas né pour lui-même, mais pour le public… Le vrai caractère du prince est de pourvoir aux besoins du peuple. Le prince inutile au bien du peuple est puni aussi bien que le méchant qui le tyrannise… Le prince ne doit rien donner à son ressentiment et à son humeur… Le prince doit commencer par soi-même à commander avec fermeté, et se rendre maître de ses passions… Le prince doit savoir la loi et les affaires ; connaître les hommes et se connaître lui-même ; aimer la vérité et déclarer qu’il la veut savoir ; être attentif et considéré ; écouter et s’informer ; prendre garde à qui il croit et punir les faux rapports ; éviter les mauvaises finesses ; savoir se résoudre par soi-même133 », etc… Changez le nom du souverain, prince ou peuple, sénat ou président de république, pouvoir pondéré ou absolu, à quelle forme de gouvernement l’esprit de liberté le plus jaloux peut-il faire des conditions plus sévères que celles que fait Bossuet à la monarchie absolue ? […] Une royauté formée de tout ce que la tradition sacrée a signalé de qualités dans les bons princes, pure des vices notés dans les mauvais, voilà la royauté de Bossuet.

301. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais que M. de Talleyrand ait suggéré l’enlèvement, contre le droit des nations, d’un prince de la maison de Bourbon, dont il ne connaissait pas même le nom et l’existence à Ettenheim ; qu’il ait fait plus, qu’il ait conseillé au premier consul le meurtre, sans phrase et sans sursis, de cette victime de la précipitation et de l’ambition : voilà la calomnie. […] Où était l’intérêt de M. de Talleyrand au meurtre d’un prince de la maison de Bourbon, contre laquelle il n’avait ni ressentiment ni haine ? […] Napoléon tira de cette opposition une puérile vengeance, en ordonnant à M. de Talleyrand de recevoir les princes espagnols prisonniers dans son château de Valencay, changé en prison royale, comme pour compromettre par là son ministre dans la mesure qu’il avait le plus réprouvée, en donnant à ce ministre l’apparence du rôle de geôlier de la dynastie des Bourbons. […] Ce prince, d’une habileté très inférieure à celle du ministre, était l’héritier présomptif des fautes ou des malheurs de la Restauration : héritier très légitime, s’il avait su attendre et recevoir de l’avenir ce que la nature des choses lui promettait ; héritier très équivoque, si sa dynastie prématurée expulsait du trône deux générations de sa famille et un enfant innocent de ses calamités. […] me dit un jour M. de Talleyrand. — Non, mon prince, répondis-je ; vous savez que je ne veux pas servir deux maîtres, et que je ne vais point à la cour du nouveau roi tout en faisant des vœux pour que son gouvernement résiste à cet entraînement posthume qui porte le parti napoléonien aux champs de bataille. — Eh bien, reprit-il, priez la Providence de conserver M. 

302. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Dîné chez le prince avec Soret et Meyer. […] Pendant cette vie tout éthérée en apparence, Goethe a eu le bonheur d’inspirer une amitié très ardente et constante jusqu’à la mort au prince régnant de Weimar et à la souveraine digne de lui. Le prince le choisit pour son ministre intime et pour son conseiller principal ; il lui donna une maison à la ville, et une retraite paisible à la campagne. […] Son prince et son ami paraît favoriser ces instincts d’une liberté régénératrice. […] Cette entrevue flatteuse caresse et enivre le poète ; son impartiale philosophie cède quelque chose à l’enthousiasme vrai ou politique pour le conquérant, protecteur de son prince et de son pays.

303. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Il y a huit jours que cela dure.” » XV L’avènement du nouveau roi au trône ne changea rien à la situation culminante de Humboldt : les princes regardaient ce vieillard comme une pierre précieuse dont ils ornaient leur trône. « Nous avons parlé plus haut de sa promotion au conseil privé du roi, avec le titre d’excellence, et nous ajoutions que non-seulement en général toutes les Académies célèbres des sciences et des arts, ainsi que toutes les sociétés éminentes du monde, recherchaient comme un grand honneur de compter Humboldt parmi leurs membres, mais que les princes de tous les pays s’empressaient de lui payer le tribut de leur considération, ce qui était en même temps un hommage rendu à la science, en lui conférant leurs ordres les plus élevés. […] Dans les derniers temps, il éprouva de nombreuses indispositions, surtout des refroidissements, qui prirent chez lui le caractère de la grippe, et, toutes les fois que la nouvelle de sa maladie se répandait, tout le monde savant y prenait la part la plus affectueuse, les journaux en donnaient des bulletins, et les princes et les princesses s’informaient, ou par le télégraphe ou en personne, de l’état de sa santé. […] Après son retour d’Amérique, il accompagna le prince de Prusse, envoyé à Paris après la paix de Tilsitt pour tâcher de fléchir Bonaparte, et de le disposer, à force de caresses, à se désister de ses rigueurs envers la malheureuse cour de Berlin ; il aida vainement le prince diplomate par l’intercession de ses illustres amis, il n’obtint que des politesses. […] En 1814 il suivit son roi à Londres ; en 1830 ses liaisons avec la famille d’Orléans le firent envoyer à Paris, pour féliciter ce prince de son avènement.

304. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il détestait d’instinct les grands, la noblesse, les princes du sang même : il les raille, il les méprise, il les appelle anthropophages ; il a, en s’exprimant, de ces hyperboles à la Juvénal et à la d’Aubigné, et qui font rire. […] Il a contre la Cour et tout ce qu’elle renferme une horreur de classe et de race ; il distingue peu entre prince et prince, entre le Grand Condé ou le duc de Beaufort, sinon qu’il a peut-être un faible pour ce dernier. […] Dans cette visite à Saint-Denis, Gui Patin, en même temps qu’il laisse voir des restes de simplicité, maintient à ses propres yeux sa supériorité d’homme et de mari, en souriant de sa femme qui écoute et croit tout ce qu’on lui raconte de particularités et de bagatelles sur les derniers princes ensevelis.

305. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il ne s’est pas contenté de me mettre aux arrêts, il m’a fait mettre à l’ordre de l’armée comme remplissant mal mes fondions ; et, pour donner plus de solennité à cette punition, il me l’envoie par un courrier du cabinet, honneur ordinairement réservé aux princes et aux ambassadeurs, et que je serai obligé de payer à mes frais. […] Quatre jours après son arrivée au quartier général des souverains alliés, Jomini se trouvant à table, en face du roi de Prusse, ce prince lui demanda quelle était la force du corps de Ney. […] Jomini, dans l’après-midi du 28 (août), ayant jugé nécessaire de faire quelque mouvement de troupes et en ayant parlé à l’empereur Alexandre qui l’approuva, fut chargé d’en porter l’avis au prince généralissime. […] Monnard, « l’opinion de ce prince s’était fortifiée encore dans des entretiens avec un Vaudois, toujours patriote loin de sa patrie, son aide de camp, le baron de Jomini dont il appréciait non seulement le génie militaire, mais aussi la haute intelligence politique et le franc-parler. » — Nous avons eu, de ce franc-parler, assez de preuves en toute rencontre pour n’en pas douter.

306. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

son humeur se serait-elle affirmée dans son livre par une si originale amertume, s’il ne se fût éprouvé au contact de ces princes ? […] Cependant il reste auprès des princes, où il a tant souffert de la moquerie, et plus encore de l’indifférence. […] Aussi, tout naturellement, les princes que Fénelon voulut rendre odieux au duc de Bourgogne, pour le détourner de les imiter, eurent-ils tous quelques traits du grand roi : les ennemis intérieurs et extérieurs de Louis XIV eurent raison d’en être frappés. […] Nommé archevêque de Cambrai grâce au silence des commissaires d’Issy sur ses doctrines, qu’il paraissait avoir rétractées, sacré par Bossuet, le souple abbé, devenu prélat et prince de l’empire, se redresse ; il travaille à regagner le terrain perdu, à rattraper ses désaveux : dans ses lettres, il incrimine Bossuet, il se montre persécuté, offensé par lui ; et, le gagnant de vitesse, il fait paraître son Explication des Maximes des Saints avant les États d’Oraison.

307. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

On a eu raison de soutenir, et c’est l’honneur de l’école doctrinaire, que le seul souverain légitime, le seul souverain absolu, ce n’est pas le prince, ce n’est pas le sénat, ce n’est pas la multitude, mais la justice et la raison, non pas la raison de tel ou tel homme, mais la raison en elle-même, telle qu’elle prononcerait si elle parlait et se manifestait tout à coup parmi les hommes. Le pouvoir arbitraire n’est pas plus légitime dans le peuple que dans le prince, et au-dessus de la volonté du maître, quel qu’il soit, principe de la tyrannie, il faut placer la raison et le droit, principes de la liberté. […] Le quidquid principi placuit était leur règle, que le prince d’ailleurs fût le monarque ou le peuple : despotisme de part et d’autre. […] Je ne suis plus protégé contre le pouvoir public à titre de prince du sang, de seigneur, de parlementaire, de bourgeois, comme possédant tel nom, ayant acheté telle charge, jouissant de telle immunité, ayant été gratifié de telle charte.

308. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Le nouveau prince que l’homme de lettres doit servir est un singulier mélange de qualités et de travers. […] Dévoilez sans pitié ses vices et ses travers : le public est bon prince. […] Appuyée sur la science, servie par le commerce et les institutions de crédit, elle a ses princes qu’elle couronne d’un diadème d’or ; grands propriétaires, puissants banquiers, suzerains d’ateliers et de comptoirs, plus riches que des rois et plus indépendants. […] J’ouvre après coup mon Mémorial de Sainte-Hélène, et je trouve que l’Empereur voulait faire de Corneille, non pas un ministre, mais un prince ; ce qui, au point de vue du travail imposé, n’est pas du tout la même chose.

309. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Manon s’amusant gaiement à coiffer de ses mains le chevalier, et choisissant ce singulier moment pour recevoir le prince italien qu’elle veut berner et à qui elle montre le miroir en disant : « Voyez, regardez-vous bien, faites la comparaison vous-même… » ; cette tendre et folâtre espièglerie n’était pas dans le premier récit, et c’est un petit épisode que Prévost a voulu ajouter après coup, un souvenir sans doute qui lui sera revenu. […] Après un long exil de sept ans, rentré en France en 1735, retiré quelque temps, pour la forme, à l’abbaye de La Croix-Saint-Leufroy au diocèse d’Évreux, chez l’abbé de Machault, où il voyait bonne compagnie, et d’où il correspondait avec Thieriot et avec l’abbé Le Blanc, qui lui donnaient des nouvelles littéraires ; ayant achevé sa courte pénitence spirituelle à Gaillon ; puis devenu l’hôte et l’aumônier commode et tout honoraire du prince de Conti, l’abbé Prévost, quoique souvent aux expédients jusque sous le toit d’un prince, vivait toutefois d’une existence relativement heureuse au prix de son ancienne vie errante, lorsqu’au commencement de 1741, un service de correction de feuilles, qu’il rendit imprudemment à un nouvelliste satirique, l’obligea de quitter de nouveau Paris et le royaume. […] Mgr le prince de Conti, prieur et seigneur temporel et spirituel de Gesne au Bas-Maine, diocèse du Mans, demeurant depuis quelques années dans la paroisse de Saint-Firmin, chez dame Catherine Robin, veuve du sieur Claude-David de Genty, avocat en Parlement ; lequel, ayant expiré dans notre maison presbytérale, a été le lendemain vingt-six dudit mois visité par les officiers de la Justice de Chantilly, d’où cette paroisse dépend ; il a été constaté par ladite visite que ledit Dom Prévost était mort d’une apoplexie… Que s’est-il passé durant les premiers moments dans la maison presbytérale ?

310. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Il est presque plaisant aujourd’hui d’assister aux étonnements de De Maistre, d’entendre ses exclamations d’homme scandalisé, ses cris d’effroi comme si tout l’ordre politique était bouleversé, quand il voit en 1812 le prince royal de Suède acquérir auprès des souverains des droits dont il lui sera tenu compte. […] Suivent des vivat pour tous les princes de la famille des Bourbons, pour tous ces rois légitimes plus ou moins dépossédés, et pour le roi de Sardaigne aussi. […] Il a fait des nobles, il a fait des princes, il a fait des rois, tout cela subsiste.

311. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Le poëte a beau se démener, se commander l’enthousiasme, se provoquer au délire, il en est pour ses frais, et l’on rit de l’entendre, à la mort du prince de Conti, s’écrier dans le pindarisme de ses regrets : Peuples, dont la douleur aux larmes obstinée, De ce prince chéri déplore le trépas, Approchez, et voyez quelle est la destinée Des grandeurs d’ici-bas. […] De simples naissances, de simples morts de princes et de rois ont été d’éclatantes leçons, de merveilleux compléments de fortune, des chutes ou des résurrections d’antiques dynasties, de magnifiques symboles des destinées sociales. […] Il est juste pourtant de noter, dans l’ode aux princes chrétiens au sujet de cet armement, un écho retentissant et harmonieux des Croisades : ……………………………….

312. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Ils n’avaient plus d’autres impulsions vers le bonheur que celles que leurs princes voulaient leur donner, si leurs Princes alors avaient été capables d’en avoir. […] Il raconte qu’un jour le duc d’Orléans, régent, au sortir de l’Opéra, causant avec lui, s’était mis à lui faire un grand éloge de Rabelais : « Je le pris pour un prince de mauvaise compagnie, dit-il, qui avait le goût gâté.

313. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il fut de la cabale du duc de Bourgogne, et put fonder de hautes espérances de fortune sur le prochain règne : la mort du prince le fit désespérer du bonheur public et du sien. Mais le duc d’Orléans l’aimait et l’estimait : Saint-Simon fut appelé au conseil de Régence ; son rôle n’y fut important que dans les circonstances où ses rancunes servaient les idées ou les intérêts du gouvernement, dans la substitution des conseils aux ministres, dans la déchéance des princes légitimés.

314. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Au contraire nous établissons avec les philosophes politiques, dont le prince est le divin Platon, que c’est la providence qui règle les choses humaines. […] Enfin, lorsque la marche des sociétés s’arrêta dans la monarchie, elle devint comme le rempart, comme le bouclier des princes.

315. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le prince était allé dans la journée assister à la distribution des prix du grand concours. […] L’Empereur est enfin arrivé avec le prince et on a passé dans la galerie. […] Le prince de même, mais l’Impératrice était visiblement préoccupée et très silencieuse. […] S’il n’eût pas été prince, il eût marché tout uniment dans la voie ouverte par Lamoricière, Bugeaud et Changarnier. […] Il était dit que la politique poursuivrait ce vaillant prince jusque dans son cercueil.

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