Pour que ces sensations ne soient pas considérées comme produites par des objets réels, présents, que faut-il ?
Quelle bassesse a donc commis ce petit jeune homme pour qu’il le croie capable de tenir l’emploi d’un frère complaisant ?
Les émotions sont le retentissement affectif des états de conscience ; il faut que ces états se renouvellent pour que les émotions reparaissent ; et encore faut-il qu’ils se renouvellent avec les mêmes rapports.
Aussi nous paraît-il tout à fait erroné de rechercher aujourd’hui les causes de cette révolution dans tel ou tel abus ou dans tel ou tel vice de constitution, d’administration, de répartition d’impôt, de luxe de cour, de mesquines jalousies entre un clergé, une noblesse, des parlements, une bourgeoisie, un peuple demandant à la monarchie quelques réformes administratives ou quelques satisfactions de vanités réciproques au moyen desquelles tout ce grand mouvement des esprits et des âmes se serait apaisé comme une mauvaise humeur d’enfant qui brise un de ses hochets pour qu’on lui en donne un autre !
Apparemment qu’il n’y a plus en Europe de Petites-Maisons ; s’il en restait, mon avis serait d’y loger ces messieurs, pour qu’ils fussent les législateurs des fous leurs semblables.
Il suffit d’une première intuition pour qu’il aperçoive la nécessité logique de pareils rapports.
Cette figure mêlée de métonymie et de synecdoque, tertia messis erat, c’était la troisième moisson, fut, sans aucun doute, employée d’abord naturellement et par nécessité ; il fallait plus de mille ans pour que le terme astronomique année pût être inventé.
Il procédait aussi de son humeur misanthropique ; les hommes lui semblaient trop pervers pour qu’on pût vivre avec eux. […] Il prend un dégoût de la littérature, de l’étude, de la pensée, lorsque la vie est si pesante ; il prend un sentiment de mort universelle, et je voudrais dormir toujours pour m’ôter à la fin et aux nouvelles du jour et aux retours sur soi-même qu’une philosophie impuissante nous fait faire sans résultat. » A charge à lui-même, il éprouve une agitation fatigante qu’il ne peut apaiser qu’en s’oubliant pour d’autres. « Ce n’est que par ces affections, dit-il, le 30 juin 1810, que j’évite d’être ennuyé de moi-même, et encore Dieu sait si je l’évite entièrement ; il me semble que je tiens si peu de place, que j’ai si peu de motif pour vivre, qu’il faut me dire ou me faire croire que je suis nécessaire à un autre, pour que je sois nécessaire à moi-même, le découragement est sans cesse à la porte, et je n’ai plus assez de vie intérieure pour me passer un instant de celle que les autres me prêtent. » Une dernière citation montrera ce qu’il était encore deux ans plus tard : « Pescia, 4 novembre 1812. […] Et cependant il a besoin de connaître la vérité. « Si son cœur fatigué du rêve qui l’obsède » revient un instant à la réalité, il trouve « au fond des vains plaisirs un tel dégoût qu’il se sent mourir. » Toutes les voluptés ne peuvent endormir sa souffrance : « Malgré nous vers le ciel, il faut lever les yeux. » Il interroge donc la philosophie ; il passe en revue, le manichéisme, le théisme, Aristote, Platon, Pythagore, Leibnitz, Descartes, Pyrrhon, Zénon, Voltaire, Spinosa, Locke et Kant ; mais il trouve toutes leurs théories creuses et vides ; et alors se jetant à genoux, il prie ; il prie un peu au hasard, sans être certain « que quelqu’un l’entende », mais avec un profond désir d’être entendu et exaucé ; il chante le sentiment qu’il a de la divinité ; il la supplie de se dévoiler tout entière, pour que l’humanité sèche enfin ses larmes, qu’au bruit d’un concert de louanges s’élevant vers Dieu on voie s’enfuir « le doute et le blasphème », et que « la mort elle-même y joigne ses derniers accents. » Le même sentiment est présenté avec plus de concision et de force encore, dans le sonnet intitulé Tristesse (1840), où Musset fait un amer retour sur sa force, sa jeunesse, sa gaieté perdues, sur ses aspirations vers la vérité si vite trahies ; où il proclame cependant la nécessité de « répondre à Dieu qui nous parle » et trouve pour dernière consolation le souvenir des larmes qu’il a versées. […] Il a fait son René, son Werther, sans y mêler d’égoïsme, et en se métamorphosant tout entier dans une personnification qui reste idéale, même dans ce qu’elle a de monstrueux : il n’a pris la croupe du Centaure que pour qu’elle pût le porter plus vite et plus loin. » Il y a en effet, dans ce personnage solitaire, dans ce sage adonné au culte de la nature, comme une allégorie discrète des sentiments et des goûts que nourrissait l’auteur de cette fiction. […] Les deux romans ayant paru dans la même année, je ne saurais dire si l’un d’eux a eu cependant assez d’avance sur l’autre, pour que la première publication ait pu inspirer la seconde.
Mais, pour que l’une et l’autre poussent, il faut un terreau préalablement façonné saturé de ferments qui se développent sous des influences que la science pourra déterminer. […] Il faut que décidément la société soit bien immonde, pour que Dieu n’ait plus le droit de se montrer difficile, pour qu’il en soit réduit à se contenter, pour les ramener à lui, des gens comme moi ! […] Mais c’est là un défaut trop rare pour que l’on puisse s’en irriter sans remords.
Le règne de celui-ci est trop présent au souvenir de tous pour que j’entreprenne d’en tracer ici le dessin. […] Lièvre, est trop connu des érudits pour que j’entreprenne l’énumération des travaux par lesquels il se recommande à l’estime du monde savant. […] « Jean, avait dit le vieux prêtre, cassé par l’âge et déjà moribond, Jean, si tu veux entrer au Lieu saint pour que j’impose à ton front la couronne, si tu veux régner véritablement sur cet immense empire, il faut avant tout sacrifier l’épouse infâme par qui ton bras fut armé d’un couteau. […] Belle et pleine d’amour à tes derniers moments, Pour que ceux qui liront ces paroles écrites En aiment mieux la vie et soient doux aux amants. […] Les messieurs de Port-Royal, excellents jardiniers de Racines grecques, avaient été façonnés par des disciplines trop rigides et trop moroses, pour que leur gravité ne fût pas troublée par la libre joie et la pure lumière (φαὸς ἁγνόν) de l’Hellade.
Le meilleur Ecrivain est toujours celui qui se fait une objection secrette à lui-même sur ce qu’il écrit ; qui l’écoute, qui la pèse & qui ne continue à écrire qu’après y avoir répondu d’une maniere assez satisfaisante pour qu’il n’ait point à craindre de n’y avoir point fait assez d’attention. […] … pour qu’on les pardonnât, il faudroit qu’ils se rapprochassent de la prose, c’est-à-dire, qu’ils fussent doux, simples, faciles & naturels ; si l’on en a de tels, à la bonne heure, je les écouterai(45) : mais le Poète se sera toujours donné beaucoup de peine pour n’opérer que ce que la prose fait tout aussi bien, & peut-être mieux encore. […] L’empire de l’opinion n’est-il pas assez vaste pour que chacun puisse y habiter en repos (55).
Et Jésus dit : « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles Quelques uns des Pharisiens qui étaient avec lui, entendant cela, lui dirent : Sommes nous aveugles, nous aussi Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles vous n’auriez point de péché. […] Au point de vue moral, il n’y a aucune raison pour qu’ils soient autres que nous.
Ceux qui applaudissaient avaient même la précaution de n’avoir point d’anneaux ni de bagues aux doigts pour que rien n’amortît le son. […] Mithridate est trop grand dans la pièce par son courage, par ses projets, par sa haine implacable contre les Romains, pour que sa dissimulation, puisse être regardée comme une bassesse : ce n’est qu’une ombre au tableau. […] L’anecdote est-elle donc assez brillante pour qu’on la reproduise en deux endroits ? […] L’orgueil les aveugle, la flatterie les corrompt ; ils se plaisent trop à eux-mêmes, ils plaisent trop à leurs amis, pour qu’ils puissent plaire au public.
Remarquez d’ailleurs que vers 1800, et l’originalité dans l’imitation, qui distingue les grands artistes du xviie siècle, était trop loin dans le passé pour que le secret n’en fût pas perdu ; et le champ nouveau, celui des travaux politiques et philosophiques, trop décrié, au moins pour un temps, par la faute des révolutionnaires, pour qu’on ne s’en écartât point ; d’où suit qu’il ne restait rien, rien que l’art d’imiter les imitateurs, c’est-à-dire le vide. […] De tels hommes n’aiment que leurs rêves et l’écho de leurs rêves dans le cœur des autres, et ne répandent leur âme dans celle d’autrui que pour qu’on la leur rende, ce qui n’est qu’une manière raffinée de s’aimer encore. […] Quant à l’harmonie proprement dite, celle qui consiste à suggérer aux lecteurs l’état d’esprit où le mettrait un tableau ou un concert de la nature, nous avons assez cité pour que l’on sache déjà à quel point Chateaubriand est l’enchanteur, comme disait Joubert, ou le magicien, comme dit Horace, qui nous transporte où il veut, et nous fait entendre à son gré toutes les voix charmantes ou terribles de l’univers. […] Elle doit aimer Satan (comme elle faisait au début), non pas quoique, mais parce que, l’aimer comme les saintes folles du dévouement embrassent le lépreux, à cause de sa lèpre ; dire : Le crime c’est l’infini du malheur ; le ciel c’est l’infini de la miséricorde ; l’enfer doit disparaître dans un embrassement la grâce ; je me jette à l’abîme pour le combler, comme Jésus s’est fait homme pour que l’homme fût à jamais purifié ; et tous les deux nous y réussirons, quand les temps seront révolus, par la vertu de notre sacrifice. […] Il a aimé ses enfants, les a chantés en jolis verts (A des oiseaux envolés — Lorsque l’enfant paraît…) ; puis, quand il les a perdus, il a été tout franchement déchiré, comme un brave homme, secoué d’une rude douleur de plébéien, terrassé comme un homme robuste par un gros chagrin qui s’abat sur lui ; puis enfin, ce moment revenu de demi sérénité, qui est le temps propice pour que le sentiment devienne matière d’art, de sa douleur il a fait des œuvres incomparables, qui n’ont plus rien d’analogue ni avec ses chansonnettes d’amour, ni avec ses imprécations de proscrit, qui sont au rang de tout ce qu’un sentiment profond a inspiré jamais à un grand artiste : Pauca meæ 63.
On travaille actuellement à une seconde édition de cet ouvrage, et je serais bien aise de communiquer mes remarques à M. de Buffon pour qu’il en fît l’usage qu’il jugerait à propos. […] J’ai eu trop de peine à vous voir partir, pour que vous croyiez que votre retour me soit indifférent ; mais je veux d’abord votre satisfaction. […] Pour qu’elle jugeât elle-même de son talent, il m’a permis de mettre sous ses yeux les premiers cahiers d’un ouvrage auquel il a été conduit par les études de la profession d’avocat. […] Veuillez faire tout le possible vôtre, pour que nous soyons dispensés de la susdite ruineuse bordure, et allions en gros drap, peluche, camelot, et autres étoffes de commun aloi, sans qu’on en glose ou qu’on nous prenne pour des je ne sais qui, en disant que ressemblons à je ne sais quoi. […] Il s’est rendu auprès de l’impératrice de Russie, qui a donné des ordres pour qu’il fût défrayé dans toute sa route.
Dans la longue maladie qui précéda sa fin, elle dut prier beaucoup, mais elle observa le silence au dehors, se recueillit absolument en elle-même et ne voulut appeler personne : elle avait toujours été pour qu’on respectât la paix des mourants.
. — Jeune, riche, il fit semblant d’être malheureux, ruiné, exilé, afin de mieux jouer près d’elle son rôle d’étranger ému, attendri, reconnaissant, et pour que Mme d’Houdetot pût avoir prétexte à se dire dans sa candeur : « Pauvre jeune homme !
Il n’y aurait qu’à retrancher et à resserrer un peu pour que l’étude sur Marie-Joseph Chénier devînt un morceau de critique biographique achevé de forme autant qu’il est complet de fond.
Les savants critiques qui ont essayé de frayer un sentier et de tracer une voie dans la presse des détestables rimeurs et rhétoriqueurs qui encombrent la fin du XVe siècle ont bien du mérite, et il ne faut pas moins que leur autorité pour que je me sente la force de les y suivre.
Tous les jours, elle allait chez sa grand’mère, qui lui donnait une pastille ; elle sait très bien reconnaître la boîte, insister en la montrant du doigt pour qu’on l’ouvre.
Le moindre bruit extraordinaire suffit pour qu’ils se précipitent et se serrent les uns contre les autres, et cette crainte est accompagnée de la plus grande stupidité, car ils ne savent pas fuir le danger.
Enfin, Agrippine et Néron appartiennent à une civilisation que nous n’avons aucune peine à nous représenter et qui différait assez peu de la nôtre pour que Racine ait pu leur prêter le langage et les manières de son temps sans commettre un trop grave contresens.
Marceline n’eut le courage ni de renoncer à ce qu’elle pouvait encore attendre de bonheur, ni de désespérer un brave garçon par l’inutile confession d’un passé dont les traces étaient totalement abolies… S’arrangea-t-elle pour qu’il crût l’avoir intacte ?
Tandis qu’il faudrait, pour qu’un sentiment se forme, au moins des mois.
Notre goût a réduit la terreur tragique à ce qu’elle doit être pour que les nerfs n’y aient pas plus de part que l’esprit.
Pour qu’il y ait exercice de l’esprit, il faut de la superficie, il faut du variable, du divers, autrement on se noie dans l’Un infini.
Des cinq filles de madame de Rambouillet, trois étaient religieuses, la quatrième était madame de Montausier, la cinquième et la plus jeune était mariée depuis un an au comte de Grignan, il faut même que le mot de madame soit rétabli, pour que Ménage ait pu dire ensuite que tout l’hôtel de Rambouillet était présent ; car madame de Rambouillet était une grande partie de ce tout.
Il faut, pour qu’il obtienne un éclat passager, Que son fleuve orgueilleux daigne le ravager.