Dimanche 15 mars Je trouve Flaubert assez philosophe à la surface, mais avec les coins de la bouche tombants, et sa voix, tonitruante, est basse, par moments, comme une voix qui parlerait dans la chambre d’un malade.
Le problème est des plus difficiles.Ce qui excuse le luxe aux yeux du philosophe, c’est ce que le luxe contient d’art.
Que ce soit là la doctrine finale des très hautes intelligences littéraires, comme des très grands philosophes — Spinoza, Hegel, H.
. — « La forme est chose plus absolue qu’on ne pense… Tout art qui veut vivre doit commencer par bien se poser à lui-même les questions de forme de langage et de style… Le style est la clef de l’avenir… Sans le style vous pouvez avoir le succès du moment, l’applaudissement, le bruit, la fanfare, les couronnes, l’acclamation enivrée des multitudes, vous n’aurez pas le vrai triomphe, la vraie gloire, la vraie conquête, le vrai laurier, comme dit Cicéron : insignia victoriæ, non victoriam 27. » Victor Cousin, le romantique de la philosophie, et Victor Hugo, le philosophe du romantisme, servirent à la bourgeoisie l’espèce de philosophie et de littérature qu’elle demandait.
Un jour que le poète Hafiz, ce Musset voluptueux mais philosophe de la Perse, était mollement couché sur son tapis à l’ombre des platanes, au bord des sources de Chiraz, et qu’il s’enivrait à la fois des parfums écumants de sa coupe, des chants des courtisanes, des pas des danseuses, et des scintillements des yeux de sa jeune épouse Leïla, ces lueurs du ciel de l’âme, un de ses amis s’avisa de lui dire : « Hafiz !
Ce dernier obtint à la fois la faveur publique et l’attention des philosophes, comme M.
J’en ai provision, et je ne puis me dispenser d’en répandre une portion bien méritée sur des gens ennemis des littérateurs et des philosophes dont ils dédaignent les jugements, et dont ils seroient longtems les écoliers dans l’art d’imiter la nature.
Nous ne voyons pas comment la mémoire se logerait dans la matière ; mais nous comprenons bien, — selon le mot profond d’un philosophe contemporain, — que « la matérialité mette en nous l’oubli 92 ».
Et ici ce n’est pas à lui que nous en ferons le reproche, c’est à elle pour l’avoir permis, pour avoir été philosophe et de son siècle au point d’oublier combien elle favorisait l’aridité de ce jeune cœur en se faisant la confidente de son libertinage d’esprit. […] Merlin, Bazire, Guadet, Chabot, Vergniaud, le philosophe Condorcet178, sont soudoyés pour avilir l’Assemblée, et les démarches incroyables dans lesquelles ils l’entraînent sont autant de pièges qu’ils lui tendent ; ils se déshonorent pour la déshonorer.
Et il semble au poète que ce loup, ce loup héroïque, ce loup philosophe a donné une leçon à l’homme. […] Voilà donc, dans Alfred de Vigny, un poète philosophe, un poète penseur, un poète qui met, comme vous le voyez, dans ses vers autre chose que son histoire à lui-même, qui y met ses réflexions sur l’ordre du monde, ses idées sur l’ensemble de notre destinée.
Devant un auditoire choisi, composé de colonels en retraite, traducteurs d’Horace, de diplomates ensevelis dans d’opulentes redingotes pareilles à des linceuls, de professeurs tournant le petit vers, de philosophes éclectiques, intimement liés avec Dieu, et de bas-bleus quinquagénaires rêvant tout bas, soit l’œillet de Clémence Isaure, soit l’opprobre d’un prix de vertu, un jeune homme pâle, amaigri et se boutonnant avec désespoir comme s’il eût collectionné dans sa poitrine tous les renards de Lacédémone, s’avançait hagard, s’adossait à la cheminée, et commençait d’une voix caverneuse la lecture d’un long poème où il était prouvé que le Ciel est une patrie et la terre un lieu d’exil, le tout en vers de douze ou quinze pieds ; ou bien encore, quelque vieillard chargé de crimes, usurier peut-être à ses heures, en tout cas ayant pignon sur rue, femme et maîtresse en ville, chantait les joies de la mansarde, les vingt ans, la misère heureuse, l’amour pur, le bouquet de violettes, le travail, Babet, Lisette, Frétillon, et finalement, tutoyait « le bon Dieu » et lui tapait sur le ventre dans des couplets genre Béranger. […] Louis Ménard, le poète et le philosophe, fut notre introducteur, — du jour où nous eûmes la joie de rencontrer, chez le maître, José-Maria de Heredia et Léon Dierx, d’y voir Armand Silvestre, d’y retrouver Sully Prudhomme, de ce jour-là date, à proprement parler, notre histoire qui cesse d’être une légende ; et c’est alors que notre adolescence s’affermit en virilité. […] Tandis que d’autres, politiques, philosophes, historiens, accompliront leur besogne sévère, ils seront le charme et la consolation.
Il faut seulement avoir soin de distinguer le personnel qui créait ou maintenait les habitudes (artistes, savants, philosophes, créateurs de la mode), et la masse qui les recevait. […] Les « philosophes » conçurent alors l’histoire comme l’étude, non plus des événements pour eux-mêmes, mais des habitudes des hommes. […] D’ailleurs ces professeurs contribuèrent à débrouiller l’idée générale, confuse, que les philosophes avaient de la « civilisation », car ils s’appliquèrent à organiser, en autant de branches d’études spéciales, l’histoire des langues, des littératures, des arts, des religions, du droit, de la vie économique, etc. — Ainsi, le terrain de l’histoire s’élargit beaucoup, et l’exposition scientifique, c’est-à-dire objective et simple, commença à faire concurrence aux formes à l’antique, oratoires ou sentencieuses, patriotiques ou philosophiques.
Max Leclerc, qui s’est fait libraire, et qui, je l’espère, continuera de faire des livres, me semble, comme disent les philosophes, représentatif d’un groupe intéressant. […] Alfred Rambaud historien de la Russie14 Je me promenais récemment, avec un philosophe optimiste, dans le parc d’un vieux manoir breton qui s’appelle la Villebague, vénérable logis dont le recueillement se prête aux longues rêveries et aux sages propos. […] Le philosophe arrêta mes réflexions chagrines. […] Alfred Rambaud, qui est chez nous l’historien en quelque sorte attitré — je ne veux pas dire officiel — de ce vaste empire. » J’écoutai mon philosophe et je pensai, avec lui, que c’était le moment de relire les ouvrages de M. […] Avant les philosophes, avant les orateurs, avant Phidias et Polyclète, la sagesse grecque a prononcé spontanément des paroles que l’humanité n’a pas oubliées.
Il serait naturel que Dorine — puisque Molière a fait d’elle un des deux philosophes de la pièce — montrât par un mot que, si elle méprise les simagrées de piété, elle a un fonds solide de religion populaire, et ce mot elle ne le dit nulle part. […] Si vous prenez un à un tous ces contraires des idées de Molière, vous apercevez que ce sont des idées qui s’éloignent des idées bourgeoises, que ce sont des idées d’hommes généreux, un peu chevaleresques, ou de philosophes spiritualistes, ou d’artistes ; que chacune d’elles vise un certain idéal ; que, fussent-elles de nature à prêter à quelque contestation, elles ne sont pas plates ; elles ne sont pas médiocres ; elles ont quelque chose, toutes, ou d’un peu élevé, ou d’un peu rare, ou d’un peu charitable, ou d’un peu indulgent et cordial ; qu’elles ne sont pas celles de la moyenne de l’humanité ; qu’elles ne sont pas celles des « bêtes du troupeau », comme disait Nietzsche, qu’elles appartiennent à la doctrine des forts ; et la preuve sera peut-être faite du bourgeoisisme de Molière. […] On a quelquefois, Ferdinand Brunetière surtout et avec un admirable talent, présenté Molière comme un philosophe de la nature, se rattachant à Rabelais d’une part et à Diderot, et un peu à Mousseau de l’autre, comme un homme qui croit à la bonté infaillible de la nature, qui fait de la nature notre vrai et sûr guide et qui veut ramener l’humanité à la nature et à obéir toujours à sa voix. […] Ajoutez encore ce que j’appellerai, si on me le permet, la détente du flegme : Philinte s’est fait un caractère de « flegme philosophe » qui ne s’étonne jamais de rien. […] Philaminte, grammairienne, littéraire, critique, philosophe, et je répète que Molière a voulu donner en elle le type de l’intellectuelle à peu près complet, est surtout scientifique et annonce les femmes de la fin du xviie siècle et du xviiie siècle.
Les philosophes nous disent que toute beauté est l’expression d’une force. […] Il y a là Courbet, avec ses éternelles théories sur l’art, un peu confuses ce jour-ci, parce qu’il a oublié « d’amener son Castagnary » ; il y a là Morvieux — nom sous lequel l’auteur cache quelqu’un que je crois reconnaître, mais que je ne nommerai point de peur de me tromper — Morvieux, l’omnicontempteur et l’envieux universel, ennemi juré de quiconque a du génie, du talent ou seulement de la facilité ; Pelloquet, le penseur, qui n’a jamais écrit une ligne ni dit un mot et qui s’est acquis ainsi une immense réputation de philosophe ; et l’inventeur, et le critique et le parasite de grand homme, autrement dit le pariétaire ; et le simple idiot mangeur de haschich, etc., etc. […] Archis et Daméta — accompagnés de leur vieil âne, qui est le philosophe de l’affaire et qui est parfaitement indifférent à la fontaine de Jouvence et qui ne se doute même pas, n’étant pas au courant de la science de 1906, qu’il est lui-même une fontaine de Jouvence sur quatre pattes — Archis et Daméta apprennent qu’ils sont auprès de la fontaine rajeunissante. […] Est-ce qu’elle est un philosophe ? […] Michel Aubier est catholique < de naissance », comme nous disons, philosophe, ou se croyant tel, d’humeur, et littérateur de profession.
Je pourrais vous dire aussi qu’ayant étudié Jean-Jacques Rousseau l’an dernier, j’ai cherché un effet de contraste : Racine, traditionaliste ; Rousseau, révolutionnaire ; Racine, catholique français, monarchiste ; Rousseau, protestant genevois, républicain ; Racine, artiste pur ; Rousseau, philosophe et promoteur d’idées… Mais ce parallèle, suggéré par un hasard, serait fort artificiel, et j’aime mieux vous avouer qu’il y a peu de rapports, sinon antithétiques, et encore pas sur tous les points, entre les deux personnages (quoiqu’il y en ait peut-être entre la Nouvelle Héloïse et le théâtre de Racine, père indirect du roman passionnel). […] Mais, au bout du compte, si les philosophes et les critiques nous retiennent, c’est moins par la somme assez petite de vérité qu’ils ont atteinte que par les jeux — quelquefois ignorés d’eux-mêmes — de leur sensibilité et de leur imagination et par le caractère de beauté de leurs ouvrages. […] Après nous avoir conté une fort ridicule entrée en scène de Molière, dans une farce, sur un âne récalcitrant : Quand on fait réflexion, ajoute Grimarest, au caractère d’esprit de Molière, à la gravité de sa conduite et de sa conversation, il est risible que ce philosophe fût exposé à de pareilles aventures et prît sur lui les personnages les plus comiques. […] D’autre part, je ne vous le donne pas pour un philosophe humanitaire, mais c’est réellement un conquérant civilisateur.
Philosophes ou poètes, historiens ou romanciers, chacun recevra son compte. […] Aussi, trouvons-nous illogique la division, établie par l’auteur, de son ouvrage en philosophes et écrivains religieux — et historiens politiques et littéraires. […] Je n’ai pas mis de philosophe sous mes châtaigniers ? […] De là, en ces temps de dilettantes, où les philosophes même étaient souvent des dilettantes, où l’éloquence était musicale et s’adressait à l’oreille autant qu’à l’esprit, un Art fait surtout pour le plaisir des yeux ; et, par suite, la prédominance de la sculpture et de la statuaire qui, inférieures à la peinture quand il s’agit de rendre l’expression morale du visage, la physionomie, l’emportent quand il faut rendre la beauté des formes.
Le philosophe Ravaisson a dit que la véritable œuvre d’art n’est pas une forme, mais la cause profonde d’où procèdent les formes. […] Rosny aîné était l’un des plus grands philosophes scientifiques de notre temps. « Ah ! […] Drieu la Rochelle, qui devient, en restant conteur et romancier, après avoir été poète, un philosophe politique distingué — “corps perdu”, dans M.
Les quatre personnages qui discutent dans ce curieux morceau, Kalon, Sophon, Kosmon et Christian, représentent, comme leurs noms l’indiquent, les divers points de vue auxquels se placent, pour juger les œuvres d’art, le pur artiste, le philosophe, le savant et le chrétien. […] Dégagée des motifs d’expérience invoqués par Lessing, Herder et Schiller, la conception de la synthèse des arts — surtout celle de l’union de la poésie et de la musique, qui constituent ensemble l’art subjectif opposé à l’art objectif (architecture, sculpture et peinture) — est toute hégélienne, et, chez le philosophe comme chez le musicien, en tenant compte, bien entendu, des modifications qui doivent résulter de la mise en pratique réalisée par Wagner, elle aboutit à la suprématie de la forme dramatique24. […] M. de Amicis n’est point un philosophe, tant s’en faut : toute sa nature répugne au trop grand effort intellectuel ; il est un dilettante aimable, qui se promène à travers le monde en curieux, avec le parti pris de le trouver très bon, et qui, toujours content, fait quelquefois partager sa satisfaction à ses lecteurs.
Cette petite Joséphine, dans sa naïveté, sa générosité et son vice, ne laisse pas que d’être un embarrassant philosophe.
V Il n’a pas été au-delà ; il n’était pas philosophe comme Molière, capable de saisir et de mettre en scène les principaux moments de la vie humaine, l’éducation, le mariage, la maladie, les principaux caractères de son pays et de son siècle, le courtisan, le bourgeois, l’hypocrite, l’homme du monde158.
Il cita un passage du Lysias de Platon, d’où, il résulte que ce philosophe, loin de blâmer un poète qui se loue lui-même, l’exhorte au contraire à ne pas s’estimer moins qu’il ne vaut.
Mon père, qui était philosophe, lui répondit : Je prends avec plaisir ce que le ciel m’envoie ; et, ayant soulevé le linge, il vit un fils qu’il n’attendait pas en effet.
Il sortit son fusil à la main ; mais il tournait à peine l’angle de l’hôtel de Nantes, maison isolée et pyramidale qui existait seule sur le Carrousel, qu’un coup de feu de hasard vint l’atteindre en pleine poitrine ; il tomba philosophe, on le releva héros.
La littérature nationale, cela n’a plus aujourd’hui grand sens ; le temps de la littérature universelle est venu, et chacun doit aujourd’hui travailler à hâter ce temps. » — Quel est le plus grand philosophe de tous ?
Kant, le plus penseur et le plus sublime des philosophes, a scruté le monde et y a retrouvé Dieu dans la raison pure ; comme un Brahmane des derniers temps, Wieland, a rajeuni les traditions obscures et mêlé aux dogmes des Indes les légendes de la Grèce ; Schiller a tenté au théâtre et dans l’histoire de renouveler à Weymar les triomphes d’Athènes ; Gœthe enfin, génie plus fort, plus haut, plus complet, a retrempé Faust à la fois dans l’observation et dans le surnaturel, il a expliqué le monde des vivants par le monde des morts ; il a été le Volkêr des temps modernes, le Ménestrel des grands combats de notre ère, il a laissé en mourant l’Allemagne éblouie et vide comme si rien d’aussi grand ne pouvait naître de longtemps pour le remplacer.
C’est la parole du poète ou du philosophe, cette langue de feu qui défie sa foudre et qui saura détruire ce qu’elle a créé.
D’autres philosophes ont fait reposer l’induction sur le principe des causes finales, selon lequel nous serions assurés de voir se reproduire dans la nature le retour des mêmes formes, des mêmes espèces minérales, végétales, animales, conséquemment des mêmes antécédents108.