Plus ils étaient nés avec des facultés sensibles, plus l’irritation qu’ils éprouvent est horrible ; il vaut mieux, en fait de crimes, avoir à faire à ces êtres corrompus, pour qui la moralité n’a jamais été rien, qu’à ceux qui ont eu besoin de se dépraver, de vaincre quelques qualités naturelles ; ils sont plus offensés du mépris, ils sont plus inquiets d’eux-mêmes, ils s’élancent plus loin pour mieux se séparer des combinaisons ordinaires, qui leur rappelleraient les anciennes traces de ce qu’ils ont senti et pensé. […] Mais, je m’aperçois qu’en parlant du crime, je n’ai pensé qu’à la cruauté ; la révolution de France concentre toutes les idées dans cette horrible dépravation : et, après tout, quel crime y a-t-il au monde, si ce n’est ce qui est cruel, c’est-à-dire, ce qui fait souffrir les autres ?
Sans y penser il nous achemine vers une révolution du langage : car il lui faut des mots propres, des mots techniques, les seuls équivalents à ses sensations et significatifs de leurs objets601. […] La Révolution lui enlève ses places et ses pensions : elle en fait un professeur à l’Ecole Normale.
Ainsi façonnée, pensait-il, une femme ne peut devenir coupable que par l’insouciance ou l’infidélité du mari. » Qu’en arrive-t-il ? […] Enfin, vous serez surpris — et charmé, je pense de la somme de vérité qu’ils contiennent.
N’y pensez plus. […] Qu’ils y pensent ceux qui les ont prises !
Ne prêtez qu’une oreille négligente aux conversations débordantes d’enthousiasme sur tel poète réputé mais défunt et généralement terminées par cette phrase : « C’est notre Précurseur à tous. » Ne protestez pas, gardez le silence, pensez à autre chose, faites mentalement quelques vers. […] D’autres te diront encore : “Moi, je pense qu’il ne faut pas dépasser douze syllabes ; vous êtes une exception à ne pas suivre ; le vers libre doit se limiter.”
« Mandez-moi tout ce qu’on dit, tout ce que vous pensez… Quel plaisir d’être enfermée89, pour les raisons que vous dites ! […] D’un autre côté, peut-on penser que l’accent de madame Scarron dans l’expression de son chagrin, cet accent qui alla au cœur du roi, ne sortît du cœur de la gouvernante dont la douleur n’était pas toute pour la perte de l’enfant et s’était accrue de la douleur du père ?
En méditant, en approfondissant un Modele, on acquerra, non l’habitude d’inventer, de penser, de procéder & de s’exprimer comme lui ; mais la force nécessaire pour inventer, penser, procéder & s’exprimer, à son tour, aussi bien que lui : Les Ouvrages des Grands Maîtres, d’après Longin, sont comme autant de sources sacrées, d’où il s’éleve des vapeurs heureuses qui se répandent dans l’ame de leurs Imitateurs & animent les esprits les moins échauffés *.
L’aperception empirique, dit Kant, donne l’unité au contenu des sensations, l’aperception transcendantale est une forme pure : c’est la conscience que toutes nos représentations, pour être pensées, doivent être en relation avec le je pense ; c’est la condition fondamentale de toute connaissance. […] Quant au je pense de Descartes et de Kant, ce n’est qu’une formule abstraite et ultérieure.
Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] Saint Marc, toutefois, était disciple de saint Pierre, et plusieurs ont pensé qu’il a écrit sous la dictée de ce prince des apôtres.
La liberté qu’a l’auteur de dire naturellement ce qu’il pense des ouvrages nouveaux, la critique piquante qui caractérise ses écrits, lui ont conservé la réputation que ses premiers essais en ce genre lui avoient acquise. […] L’auteur s’occupoit de tout ce qu’on fait dans les différens Collèges ou dans les pensions du Royaume.
Qu’il en soit de la classe des médecins ainsi que des autres classes de citoyens entre lesquelles les besoins établis sent le niveau, je ne le pense pas. […] J’ai quelquefois pensé que les charlatans qui habitent les faubourgs des grandes villes n’étaient pas si pernicieux qu’on le supposait.
Despreaux en daigna parler, et notre scene a même conservé quelques vestiges ou quelques restes de cette declamation qu’on auroit pû écrire si l’on avoit eu des caracteres propres à le faire, tant il est vrai que le bon se fait remarquer sans peine dans toutes les productions dont on peut juger par sentiment, et qu’on ne l’oublie pas, quoiqu’on n’ait point pensé à le retenir. […] Quintilien répond à ceux qui prétendoient que l’orateur qui ne suivoit que sa vivacité et son enthousiasme en déclamant, devoit être plus touchant qu’un orateur qui regloit son action et ses gestes prémeditez sur les préceptes de l’art ; que c’est blâmer tout genre d’étude que de penser ainsi ; et que la culture embellit toujours le naturel le plus heureux.
Il ne pensa jamais à être de pied en cap un historien… Il est mort même sans avoir publié ces notules historiques, qu’il avait peut-être préparées pour d’autres plumes que la sienne, tout en se contentant d’initier les autres, de les renseigner, de les instruire, de venir en aide à quelque bon travail futur, et, par ce côté-là encore, éternellement professeur ! […] Il ne nous raconte pas ses impressions et sa vie, et ses manières, longuement déduites, de penser, et ses excuses pour avoir agi.
La vérité que tout le monde oublie devient si piquante dès que quelqu’un y a pensé ! […] Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons.
Le Journal des Débats, qui est un journal grave, un vieux bohème de la grande espèce, plein de jours et de profondeur, a pensé que ses légers confrères de la petite ne mettaient pas assez au jeu contre nous en n’y mettant que la monnaie de singe de leurs grimaces, et lui, qui a des théories à revendre, s’est cavé contre nous d’une théorie. […] Et que sont aussi tous ceux-là qui, en toutes choses, n’épousent ni les manières de dire, ni les manières de penser du Journal des Débats ?
Pierre Dupont, qui a peut-être pensé à se saisir en temps utile de la succession de Béranger expirant, aura pris le bruit des contemporains pour la vraie gloire. La vraie gloire de Béranger, dans la postérité, sera quelques romances, d’un sentiment éternel, auxquelles personne ne pense que les âmes tendres qu’elles font rêver et qui, pour cette raison, n’en parlent pas.
Nous trouvons cependant un historien à Rome, qui a prodigué, avec la plus grande pompe, les plus lâches éloges à Tibère : c’est Velleius Paterculus, auteur qui a de la rapidité et de la force, qui quelquefois pense et s’exprime comme Montesquieu, et peint les grands hommes par de grands traits, mais qui n’en a pas moins gâté son ouvrage, par le ton qui y règne. […] Humain et bienfaisant envers tous les hommes, je ne doute point qu’il n’ait déjà employé les plus fortes consolations pour guérir votre blessure et charmer vos douleurs : mais quand il n’en aurait rien fait, voir Claude, ou penser seulement à lui, c’est déjà une consolation bien douce.
Si, comme il arrive presque toujours et comme il doit arriver en effet, si votre élève attache quelque caractère de sagesse et de vérité naturelle à ce que vous lui enseignez, votre élève n’apprend à lire qu’en désapprenant à penser ; et certes il a trop à perdre dans cet échange. […] Nous convenons que Robespierre n’a été ni un philosophe, ni un législateur, ni un éloquent écrivain, ni même un orateur supportable : il avait infiniment peu de connaissances, et il était d’ailleurs trop occupé à haïr pour avoir le temps de penser. […] Magnin, qui pense que, même en sa plus libre et sa plus énergique allure, le Daunou d’alors était très-près de ressembler à celui que nous savons. […] Daunou, sans doute, étudiait, lisait toujours des pages nouvelles, des détails nouveaux, mais il les faisait rentrer dans la même idée. — Toutes lés fois que certains sujets revenaient, il redisait invariablement les mêmes choses (solebat dicere) ; il ne croyait pas qu’il y eût, sur aucun point connu, deux manières de bien dire et de bien penser. […] A la mort de M. de Tracy, on avait naturellement pensé à lui, et quelques journaux en avaient parlé : il en fut presque effrayé, et se hâta d’écrire une lettre de deux lignes pour démentir sèchement.
J’ai dit tout récemment ce que j’en pensais. […] On ne corrige pas ce qui ne pense pas [ni ce qui pense : on ne corrige pas ceux qui ne pensent point, et ceux qui pensent ne se corrigent que par eux-mêmes]. […] Que pensez-vous qu’a fait Gourd ? […] vous n’y pensez pas ! […] Pensez donc !
D’ordinaire les penseurs sont tentés de ne point voir ; et les voyants pensent peu. Il a tenté de voir le monde et de le penser. […] Un Loti, doué de la faculté de penser. […] Cet aède pensa peut-être à devenir député et fut, en tous cas, un anticlérical fougueux. […] Nous ne pensons pas même qu’il les eut compris.
Et l’homme pense avec satisfaction que c’est l’été de la vie, plein de vigueur et de sécurité. […] Je ne sais pas ce que j’aurais pensé des cyprès de la Palestine ; je n’aime pas l’Orient. […] pensais-je, nous sommes en pleine diablerie ! […] — C’est plus important, qu’on ne pense, fait-il. […] J’y pense !
Je le dis comme je le pense ; je préférerais avoir un vêtement mauvais, une redingote cochonnée plutôt qu’un caleçon faible ou banal. […] Enfin voilà un homme qui ne cache pas ce qu’il pense ! […] » pensait-elle. […] monsieur, me dit-il, quel malheur et qu’il est étrange de penser que ce sont des fous, des fous véritables qui ont amené ceci ! […] Il pensait à Socrate qu’il allait voir.
Que penserais-je de Molière si je le découvrais ? […] Inconscience, penserez-vous. […] On pensa qu’elle était morte d’avoir trop aimé son beau-frère. […] Je pensais au roman ironique de M. […] Je ne pense pas, comme le fait M.
» je pense que ce prestige existe surtout chez les demi-lettrés de chez nous. […] Nous pensons, nous, qu’il a embrouillé la serrure. […] Je pense que ce type est devenu extrêmement fréquent. […] Ce sera (tout donne à le penser) une des découvertes de demain. […] Les plats sont devenus moins savoureux parce que la cuisinière est moins bonne. » Je ne le pense pas.
Il faut la recommencer dès qu’on pense par soi-même. […] L’Ecclésiaste le pensait bien avant lui : « Rien de nouveau sous le Soleil ». […] On arrive presque à penser comme lui. […] Le prétendant va boire et ne pense point à la mort. […] Les Allemands, en effet, ont eu la liberté de penser tout comme nous.
Nullement ; elle reprend son sabre et coupe un bras à Hototogisu. — Vous pensez que c’est fini ? […] Ce ne sont point là, pensez-vous, de grands sujets de gaieté. […] Vous pensez bien que M. […] Mais, comme vous pensez bien, ce n’est point de celui-là que j’ai voulu parler. […] J’ai pensé : — « Tiens !
D’après ce que j’ai entendu dire, je ne pense pas qu’on puisse voir dans les romantiques les saints de la décence et de la dignité. […] D’autres pensent faire connaître l’homme en disant : il était gras, ou maigre, ou petit, ou jaune, etc. […] Sa naïveté intéresse, le lecteur s’attache à lui et pense souvent « pauvre Gérard ! […] un peintre expose un matin vingt grands dessins avec cette enseigne : « Ici l’on pense ! […] On était tellement habitué à penser que les peintres ne pensaient pas et à ne pas s’en préoccuper, qu’on a examiné ce nouveau venu faisant seul profession de penser et on l’a jugé sérieusement comme penseur.
C’est aussi que Claudel pense avec des images, avec ses sens. […] Il ne faut donc pas qu’il oublie sa « précarité » et pense pouvoir se suffire. […] Je pense aux gravures sur bois des maîtres allemands : c’est bien le même calvaire, naïf et féroce, tout en oppositions. […] Je ne pense pas seulement à la rythmique pesanteur et aux soubresauts maladroits du balai dont l’Apprenti sorcier déchaîne la danse. […] C’est pourquoi je pense que certains goûteront, à lire cette étude, le plaisir, d’autant plus délicat que moins avoué, d’une vengeance.