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949. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Il existait bien, il est vrai, un embryon de parti catholique avant qu’il en devînt le chef et le législateur. […] « Il laisse une école », disent en chœur les lavandières optimistes du parti. […] Mais cela, c’était le Veuillot de la simple nature et non plus le chef de parti. […] Il faudrait simplement tirer parti des décédés et industrialiser les cadavres. […] C’était quelque chose, cela, et le bon nègre avisé résolut aussitôt à en tirer parti.

950. (1903) Propos de théâtre. Première série

J’en ai très vite pris mon parti, et j’ai tenu l’ouvrage pour une conversation libre et discursive sur différentes questions de théâtre. […] Elle accuse violemment le contraste entre le parti des « spirituels » et le parti des gens de bon sens. […] Je doute qu’il ait pris parti. […] Tous ces personnages aiment le pouvoir, ou leur parti, ou leur autel. […] » (voilà le chef de parti s’adressant à l’orgueil et à l’intérêt d’une caste).

951. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

La Fontaine va nous rendre compte d’une de ces journées, nous faire souffrir tous les déplaisirs du mari, nous mettre de son parti. […] Mais vouloir au public immoler ce qu’on aime, S’attacher au combat contre un autre soi-même, Attaquer un parti qui prend pour défenseur Le frère d’une femme et l’amant d’une soeur, Et, rompant tous les noeuds, s’armer pour la patrie Contre un sang qu’on voudrait racheter de sa vie Une telle vertu n’était digne que d’eux. […] Il l’a mise du parti de son vice ; il a fini par croire aux vertus qu’il s’attribue ; l’habitude de la puissance a consacré l’habitude de l’injustice, et son hypocrisie est presque de la bonne foi.

952. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Ils adoptèrent M. de Maistre comme un auxiliaire envoyé d’en haut à leur parti. Sans cet esprit de parti, qui donne non pas la vie, mais le bruit, aux ouvrages des hommes, ce livre n’aurait été que le manifeste de la théocratie ; ils en firent dans leurs journaux le manifeste de l’Esprit-Saint. […] Ce n’est plus là l’arsenal de l’esprit de parti ; c’est le portefeuille d’un homme de bien, d’un homme de cœur, d’un homme d’esprit.

953. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Depuis ce temps, auquel nous touchons encore, la jalousie et la défiance populaires, ces seules vertus de la démocratie américaine, qui la rendent stupide quand elles ne la rendent pas féroce, n’ont pas permis à une seule grande nature de citoyen d’arriver à la présidence de la république américaine ; ils ont craint que leur premier magistrat n’eût des pensées plus élevées qu’eux ; ils n’ont pardonné qu’à une certaine médiocrité du parti bourgeoisement probe et intellectuellement incapable de prévaloir dans les élections et d’exercer pour la forme une autorité centrale sans pouvoir, un certain rôle de grand ressort neutre de leur anarchie réelle, ressort qui obéit au doigt de la constitution démagogique, mais qui n’imprime ni halte ni mouvement. […] Leurs journaux, innombrables parce qu’ils coûtent peu, ne sont que des recueils d’annonces, des charlatanismes recommandés par les Barnum de la presse, des recueils de calomnies et d’invectives jetées quotidiennement aux divers partis pour leur prêter des appellations odieuses ou des accusations triviales propres à se décréditer mutuellement les uns les autres, et s’arracher les abonnés. […] « Après avoir habité pendant plusieurs années le village d’Henderson, dans le Kentucky, sur les rives de l’Ohio, je partis pour Philadelphie.

954. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Tout en voulant fermement les conséquences civiles de la Révolution et sans pencher le moins du monde au royalisme, Roederer n’était donc point partisan du mouvement conventionnel prolongé ; et toutes les fois que ce parti redevint menaçant et offensif, même dans le Directoire et sous forme gouvernementale, il ne le trouva point dans les rangs de ses amis. […] Il suppose que son républicanisme prend à volonté toutes les formes : « Il a serpenté avec succès, dit-il, au travers des orages et des partis, se réservant toujours des expédients, quel que fût l’événement. » Rien ne paraît moins juste que cette assertion quand on a suivi, comme je viens de le faire, la ligne de Roederer jour par jour d’après ses écrits.

955. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Ce qui est rare, c’est que Mme de Motteville n’est de rien dans tout ce qu’elle raconte, et qu’elle n’a fait qu’écrire ce qu’elle a vu et entendu, au lieu que tous les faiseurs de Mémoires sont toujours de quelque parti. » C’est là un jugement net et accompli. […] Je me servis du droit que j’avais comme son plus ancien ami pour lui faire sentir le ridicule d’une conduite qui blessait les bienséances et dont le monde se moquait : comme je ne pus la raviser, je pris mon parti.

956. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Sa grâce n’étant pas venue à temps, dans les premières années, il se dit que ce ne serait plus une grâce, et il en prit son parti, il en fit son deuil une fois pour toutes. […] Un sceptique de cet ordre serait tenté d’être d’un parti, d’une cause philosophique.

957. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Newton, dit-il, a été aussi vertueux qu’il a été grand philosophe : tels sont pour la plupart ceux qui sont bien pénétrés de l’amour des sciences, qui n’en font point un indigne métier, et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l’esprit de parti. […] Dans ses écarts les plus condamnables on ne lui trouve point une grande envie de persuader, encore moins le ton de l’irritation ou de l’esprit de parti ; il nie moins qu’il ne doute ; il dit le pour et le contre ; souvent même il est plus disert pour la bonne cause que pour la mauvaise (comme dans l’article Leucippe de son Dictionnaire). » Principe générateur des Constitutions politiques, LXII. — Rappelons encore ce mot sur Bayle, qui a son application en divers sens : « Tout est dans Bayle, mais il faut l’en tirer. » (Ce mot n’est pas de M. de Maistre, comme M. 

958. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Mais, avant même que vous l’eussiez prononcé, plusieurs sénateurs, à l’occasion de cette parole de vous, que je réfutais et qui m’avait blessé, prenant hautement votre parti, se sont écriés : Il a bien fait ! […] Les recherches de l’auteur sont attentives ; ses jugements, intègres ; sa prédilection, ardente pour tout effort de justice et d’humanité, pour tout noble caractère, dans quelque parti qu’il se trouve.

959. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Pendant que les passions politiques et religieuses tournaient la poésie, l’éloquence, la science même et la philosophie en armes envenimées au service des partis, un homme anticipait la paix future, et offrait à ses concitoyens trop forcenés encore pour le suivre l’image de l’état moral où la force des choses devait finir par les amener eux-mêmes. […] Il joua un certain rôle pendant les troubles, d’abord pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa mairie, mais aussi pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa marie, mais aussi dans la politique générale comme négociateur, intermédiaire et confident : les chefs des partis le recherchaient pour sa modération, sa sûreté et sa pénétration.

960. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

La vanité, chez lui, entravait l’ambition ; la passion déconcertait les calculs de l’égoïsme ; l’intelligence faisait hésiter la volonté : il était irrésolu, inconstant ; il paraissait peu sûr à son parti, qui ne lui pardonnait point de le juger parfois, et de se juger lui-même en tant qu’il y coopérait, avec trop de clairvoyance. […] Un des premiers, et de cela encore son parti lui sut mauvais gré, le duc de la Rochefoucauld350 comprit que la royauté avait partie gagnée contre la noblesse, et se résigna à recevoir la compensation quelle offrait au lieu de l’influence politique annulée, la sécurité oisive de la vie mondaine, brillamment rehaussée de l’exercice désintéressé des forces intellectuelles.

961. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

La Bruyère la voit fondée sur la naissance, idolâtre de l’argent, dont il annonce le règne ; les femmes coquettes, menteuses, perfides, êtres d’instinct, meilleures ou pires que les hommes, dominant dans les salons, et y imposant l’esprit l’utile et banal, attirant autour d’elles l’essaim des fats et des ridicules ; les financiers, partis de bas, durs, sans scrupules comme sans pitié, méprisables absolument ; la ville, rentiers, marchands, magistrats, commençant à échanger les fortes vertus bourgeoises pour les airs et les vices de la cour ; la cour, abjection et superbe, férocité et politesse, où le mobile unique est l’intérêt ; les grands, extrait de la cour dont ils manifestent le vice dans sa plus pure et naturelle malice, sans âme, sans esprit, tout à l’orgueil et au plaisir, bien pires que le peuple ; le souverain — mais ici La Bruyère ne voit plus. […] Au moment où Fénelon dut écrire la lettre à l’Académie, la querelle des anciens et des modernes s’était réveillée : les deux partis en appelaient à lui ; il lui fallut bien en parler.

962. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Sarcey écrivait, dans sa causerie du Parti National : « Victor Hugo a plusieurs manières ; il s’est renouvelé lui-même quatre ou cinq fois. » Quatre ou cinq fois ! […] direz-vous, que font au public ces partis pris de cénacles et de chapelles ?

963. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il y a peut-être plus de mérite à défendre l’esprit de conservation ; car le présent paraissant plus fort que l’avenir, on risque, en prenant sa défense, de passer pour être du parti du plus fort, et l’appui même qu’on reçoit des choses établies compromet le défenseur plus qu’il ne le recommande. […] Il est vrai qu’il faudrait prendre son parti de ne plaire ni à l’un ni à l’autre.

964. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau. […] En arrivant à ces chapitres, d’ailleurs si piquants, son parti était pris.

965. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Verlaine en prend son parti. […] Camille Spiess, parti de l’histologie du tube digestif de la sangsue pour arriver à une conception biologique de l’âme, a suivi les leçons de Gobineau et de Nietzsche.

966. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Mille circonstances désolantes que je ne soupçonnais pas sont venues compliquer ma situation et me prouver que le parti que ma conscience me conseillait ouvrait devant moi un abîme de peines. […] Je ne suis pas, mon cher, de ceux qui prêchent sans cesse la tolérance aux orthodoxes ; c’est là, pour les esprits superficiels de l’un et de l’autre parti, la cause d’innombrables sophismes.

967. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Sans être du parti des solitaires, il se développe dans la même atmosphère morale que les fortes vertus des hommes de Port-Royal, que les volontés robustes et les âmes austères de ces puritains catholiques. […] Parfois tout un parti, toute une école, toute une secte crie son admiration pour une œuvre ou un écrivain ; quand des gens se proclament calvinistes, byroniens, stendhaliens, tolstoïstes, que sais-je encore, ils avertissent qu’on doit chercher sur eux l’empreinte d’un maître ; et de fait, dans leur conduite et leur pensée, si l’on connaît bien ce maître, on retrouve aisément les traces de l’ascendant qu’ils ont subi.

968. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mais son parti est pris, sa dernière pudeur est tombée. […] Et son père, qui intervient dans cette horrible querelle, prend insolemment son parti ; il se retourne avec fureur contre le gendre qu’il a choisi, il se rallie avec transport au prétendant qu’il a évincé !

969. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Mme de Pompadour avait eu de son mari une fille, Alexandrine, qu’elle éleva avec un soin extrême, et qu’elle destinait à un grand parti. […] Il n’en était pas ainsi des personnes qui avaient su gagner les bonnes grâces de Louis XIV… » Malgré tout, elle fut bien la maîtresse qui convenait à ce règne, la seule qui pût venir à bout d’en tirer parti dans le sens de l’opinion, la seule qui pût diminuer le désaccord criant entre le moins littéraire des rois et la plus littéraire des époques.

970. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Mon parti est pris cependant : si Brutus ne tue point les autres, il se tuera lui-même. […] Il a gardé de son premier métier de poète la faculté des images : seulement les siennes sont sobres, d’une nature sombre et forte ; on dirait qu’il les a trempées dans le Styx : « Pour vous, s’écrira-t-il, détruisez le parti rebelle, bronzez la liberté ! 

971. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Un choix n’est pas libre si, dans une délibération qui comporte vingt partis d’inégale valeur, on n’en laisse voir à l’intéressé que quatre ou cinq. […] Voici donc l’homme : rigoureusement déterminé quant à la qualité, quant au degré de sa force — physique, intellectuelle et morale — par des causes situées dans le passé et intangibles, façonné par des circonstances dont il n’est pas maître, qui surgissent ou ne surgissent pas, et qui décident quel parti sera tiré de l’élasticité rigoureusement limitée elle-même de ses instincts hérités, cet homme dont la faculté de s’efforcer, de réagir, de se résoudre, sort de l’inconnu, cet homme se croit libre.

972. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Depuis la Révolution, les passions se mêlaient sans cesse aux doctrines, et il était presque impossible de séparer les écoles des partis. […] Comme les écoles et les partis n’aiment guère plus que les gouvernements qu’on leur dise leurs vérités, les démocrates ont toujours tenu M. de Tocqueville en défiance et ne l’ont jamais considéré comme un des leurs.

973. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

L’apparent déshérité tirant parti de son maigre lot. — Cf. […] Par contre, il est des thèmes dont il ne semble pas que la littérature indigène ait tiré parti.

974. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Pour nommer les choses, et même les plus augustes, l’homme a deux mots différents, qui correspondent aux deux partis qu’en toute occasion il peut prendre et qui attestent sa liberté. […] Le coup parti, la fumée évanouie, le front pâle et doux reparut, toujours le même, aux yeux de l’enfant désespéré.

975. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Condamné sans cesse à l’humiliation d’une conversion nouvelle, j’ai pris un grand parti. […] Sans analyser ici le but qu’ils poursuivirent, sans en vérifier la légitimité, sans examiner s’ils ne l’ont pas outrepassé, constatons simplement qu’ils avaient un but, un grand but de réaction contre de trop vives et de trop aimables frivolités que je ne veux pas non plus apprécier ni caractériser ; — que ce but ils le visèrent avec persévérance, et qu’ils marchèrent à la lumière de leur soleil artificiel avec une franchise, une décision et un ensemble dignes de véritables hommes de parti.

976. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Le chevalier était fort incommodé d’une chute qui ne lui permettait pas d’être spadassin : il prit le parti de faire donner, en plein jour, des coups de bâton à Voltaire, lequel, au lieu de prendre la voie de la justice, estima la vengeance plus noble par les armes.

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