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437. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Donc le jeune homme désespéré, l’esprit ouvert à toutes les insanités, cherche à distraire sa douleur. […] Il ouvre la bouche comme un oiseau altéré, il veut absorber les rayons avec les lèvres comme avec les yeux. […] « Mazelin, voyant que l’armateur ne lui répond pas, ouvre la porte et sort. […] « Sans ouvrir la bouche, je le regardais ! […] Un jour, après avoir consulté Yvan sur les divers moyens de mettre fin à sa vie, il tira devant le médecin le sachet en question et l’ouvrit.

438. (1923) Nouvelles études et autres figures

Mais Molière a ouvert les portes de sa maison à la fantaisie. […] À peine avait-il ouvert ses portes que les passions se déchaînèrent. […] On leur criait d’ouvrir de par le Roi. Ils ouvrent. […] Il fallait en ouvrir les portes et les fenêtres aux idées générales.

439. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

Tes frères, ces martyrs égorgés à mes yeux, T’ouvrent leurs bras sanglants, tendus du haut des cieux.

440. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Cependant, nous ne pouvons ouvrir tout d’abord ces écrits des XIIe et XIIIe siècles, ces vigoureuses ébauches marquées d’une touche déjà puissante, sans nous être posé auparavant plus d’une question, sans nous demander d’où elles sortent, elles et la langue qui nous y semble parfois si heureusement balbutiée […] Les Alains et les Vandales ouvrirent la marche en passant sur le corps des Franks, qui avaient essayé de défendre la barrière de l’Empire en se protégeant eux-mêmes. […] Mais ce qu’a fait Raynouard d’essentiellement utile par l’ensemble de ses travaux, par sa Grammaire, par son Lexique, ç’a été d’ouvrir (sinon d’accomplir), pour son idiome favori, le cercle des études méthodiques qu’il ne s’agissait plus que d’appliquer parallèlement à l’idiome de l’autre côté de la Loire. […] Nous avons beau jeu, nous autres, pour grouper les mots par ordre de famille, de racine, d’analogie ; nous ouvrons le riche Lexique de la langue des Troubadours, et quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, nous y trouvons tout ce qu’il nous faut, dans le plus bel arrangement du monde. […] Fauriel, qui a rectifié Raynouard, qui l’a réfuté avec avantage sur plus d’un point, et qui était un esprit bien plus ouvert et plus philosophique (Raynouard était surtout doué d’une grande sagacité philologique pratique), a eu sa part de système aussi, ou du moins de prévention.

441. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle ouvre librement, largement, sans réserve, son esprit aux impressions du comique, son âme à celles de la beauté… La toile tombe ; elle s’est parfaitement divertie, sans se demander une seule fois si elle avait raison, et si l’Esthétique de M.  […] Il est vrai qu’elle s’y résigne, en considérant que les vérités les plus simples, comme les vérités les plus hautes, ne sont pas susceptibles d’une démonstration rationnelle, et que, pour prouver qu’il fait jour, comme pour prouver Dieu, il ne faut point raisonner, mais ouvrir les yeux et sentir. […] Elle ouvrirait Molière, elle lirait, et sans autre commentaire du texte que l’émotion de sa voix, elle en ferait sentir la beauté à cette âme simple. […] Uranie leur dira-t-elle : Vous êtes des aveugles qui me priez de vous montrer le soleil ; allez-vous faire ouvrir les yeux, et vous n’aurez pas besoin que je vous le montre ? […] Mais c’est une étrange entreprise que celle d’ouvrir les yeux à des malades qui croient voir mieux que leur médecin.

442. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le sonnet funéraire de Pétrarque, jeté par lui dans son cercueil et retrouvé quand ce cercueil fut ouvert, atteste ce droit d’Avignon à s’appeler la patrie natale de Laure. […] « Ô femme, quand je fus pris, et j’étais loin de m’en défendre, par ces beaux yeux qui m’enchaînèrent à jamais… l’amour me trouva tout à fait désarmé, et le chemin de mon cœur ouvert par ces yeux qui sont devenus le creux tari de mes larmes. » Et ailleurs, dans un sonnet commémoratoire, daté du 6 avril 1338 : « C’est aujourd’hui le onzième anniversaire du jour où je fus soumis à ce joug qui ne se brisera plus ! […] En un mot, ils m’ouvrent la porte de tous les arts et de toutes les sciences : je les trouve dans tous mes besoins. […] ce n’est pas sur moi qu’il faut pleurer, moi dont les jours en mourant se changèrent en jours éternels, et dont les yeux, quand je parus les fermer à ce monde, s’ouvrirent à l’éternelle lumière !  […] pourquoi cessa-t-elle de parler, et pourquoi sa main s’ouvrit-elle pour laisser retomber la mienne ?

443. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

On leur répondit rudement des fenêtres que l’heure était indue, qu’on n’ouvrait plus à de nouveaux hôtes, et que d’ailleurs le monastère était plein de visiteurs arrivés avant nous. […] IX Pendant que nous vaguions ainsi, à la froide rosée de la nuit, de châlet en châlet, sans qu’une porte voulût s’ouvrir à la voix des guides, les frissons qui sortaient des sapins et des cascades nous saisissaient ; la faim et le sommeil, après une journée de marche, faisaient transir et grelotter les femmes ; une nuit sans foyer, sans toit et sans nourriture, sur une couche d’herbe humide de neige, au sommet de l’Apennin, alarmait ma tendresse pour des santés chères et délicates. […] On aime à ouvrir ce qui est fermé ; le prince et la princesse lisaient seuls dans l’âme de Robert ; cette âme était un abîme de mystères du beau qui ne sortaient qu’un à un, non de ses lèvres, mais de ses pinceaux. […] La belle moissonneuse de Léopold Robert compte dix-neuf ans ; la délicatesse et la force de cette saison de la vie se marient, dans un harmonieux ensemble, sur ses traits ; elle regarde avec un demi-sourire de distraction et de raillerie les grotesques gambades des danseurs maladroits de l’Abruzze ; mais son œil large, ouvert et tendu par une arrière-pensée, lance au-dessus d’eux un regard chargé de rêverie vers le bel adolescent qui retient les buffles ; on voit qu’elle a l’espérance d’être bientôt la fiancée de cet Antinoüs rustique et de monter à son tour sur le char comme fille du maître du champ. […] Le prince Napoléon était dans une pénible perplexité d’esprit : d’un côté sa famille et lui devaient une généreuse hospitalité au pape ; reconnaître l’asile qu’ils avaient reçu par une participation aux insurrections contre leur hôte, c’était une ingratitude ; d’un autre côté, agrandir la révolution française, incomplète, selon eux, en France, où elle venait de couronner un autre Bourbon, la fomenter, la servir, la transformer en révolution générale en Italie, c’était ouvrir des perspectives à leur dynastie napoléonienne ici ou là ; c’était de plus acquérir des titres de popularité héroïque dans cette ancienne patrie de leur famille, redevenue la patrie de leur exil.

444. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Le dîner fut sobre, l’entretien à cœur ouvert, la soirée courte et causeuse, à la fraîcheur du soir et au gazouillement des merles, dans mon petit jardin grand comme le mouchoir de Mireille. […] Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] J’ouvris nonchalamment le volume, je vis des vers. […] XIV Le troisième chant s’ouvre par une description à la fois biblique, homérique et virgilienne d’une assemblée de matrones arlésiennes dans une magnanerie, occupées, tout en jasant, à faire monter les vers à soie réveillés sur les brindilles de mûriers pour y filer leurs berceaux transparents. […] Nous en reviendrons contente. » Cela dit, elle saute, légère, de son petit drap blanc ; elle ouvre, avec la clef luisante, la garde-robe qui recouvre son trousseau, meuble superbe de noyer, tout fleuri sous le ciselet.

445. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je crus devoir m’ouvrir à lui et raconter ce qui venait de se passer. […] On ouvrit dans ce moment la salle à manger, et on passa à table, ce qui rompit l’entretien. […] Le comte répondit qu’il le priait de lui permettre de déclarer qu’il rencontrait non de l’obstination dans le ministre du Souverain-Pontife, mais bien un sincère désir d’arranger les choses et un extrême regret de cette rupture, mais que, pour arriver à une conciliation, c’était au premier consul seul d’en ouvrir la voie. […] Enfin la porte s’ouvrit, et le défilé commença. […] Il nous dit donc en substance que nous avions commis un crime d’État, et que nous étions coupables de lèse-majesté ; que nous avions comploté contre l’Empereur, et qu’on en relevait la preuve dans le secret observé à son égard et à l’égard des autres cardinaux intervenus ; que nous devions cependant nous en ouvrir à lui, ministre des cultes, étant, en cette qualité, notre supérieur ; que le secret dont nous nous étions enveloppés prouvait aussi la malice de nos pensées et notre conspiration contre l’Empereur ; que nous n’avions pas voulu être éclairés sur la fausseté de notre opinion concernant le prétendu droit privatif du Pape dans les causes matrimoniales entre souverains, car si nous eussions agi de bonne foi, et si cette fausse idée eût été le véritable motif de notre conduite, nous aurions cherché à être mieux édifiés ; ce que lui et les autres auraient très facilement fait et avec succès, si nous nous étions entretenus de cela avec lui et avec eux ; que notre crime aurait de très graves conséquences pour la tranquillité publique, si l’Empereur, par sa force prépondérante, n’empêchait que cette tranquillité ne fût compromise ; qu’en agissant de la sorte, nous avions tenté de mettre en doute la légitimité de la succession au trône.

446. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Non moins que les précédents, il a contribué à porter le prestige intellectuel et moral de la France jusqu’aux extrêmes limites du monde civilisé… C’est aussi le siècle de la science, des plus grandes inventions et de la découverte du continent africain… Sans doute, le progrès ouvre bien des abîmes, comporte une énorme rançon, mais n’est-ce pas, comme le disait Jaurès, l’honneur de l’homme que de chercher à gravir les plus hautes cimes, au risque même d’y être foudroyé ? […] En somme un siècle intéressant, et même un grand siècle si l’on veut, pour la passion qu’il apporta à toutes choses, pour sa curiosité, son sens du rétrospectif et son goût de l’aventure tout à la fois, mais un siècle plus européen ou même planétaire que national, ce qui explique le crédit dont il jouit à l’étranger : nous y avons fait les affaires des autres — et très peu les nôtres ; nous y avons été Calédoniens, Allemands, Borusses, Samoyèdes, Papous, Iroquois — et très peu Français ; nous y avons ouvert tant de fenêtres sur le dehors que nous n’avons plus été chez nous. […] Aujourd’hui on est en droit d’exiger qu’un écrivain ait raison : d’abord parce que l’erreur coûte cher ; ensuite parce que l’œuvre d’art se sent toujours des bassesses du cœur et plus encore des vices de la pensée : il suffit d’ouvrir un recueil de Victor Hugo, un roman d’Émile Zola. […] Ce n’est pas aujourd’hui, c’est vers l’an 2022 qu’il sera opportun d’ouvrir une enquête sur cette question. […] S’il n’était question que d’une voix isolée, l’enquête des Marges aurait été sans objet : l’ouvrir eût été superflu.

447. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

» On ouvre la porte du cabinet de Thierry, fermé à double tour, et sans une minute de discussion, ni débat, sans un bruit de voix en notre faveur, nous entendons les boules tomber, et par une porte entr’ouverte sur le corridor, nous voyons tout le comité disparaître avec un bruit de pas qui se sauvent. […] En haut du boulevard Magenta, en un campement de baraques que loue aux plus misérables misères de Paris, le roi de la finance, — dans une chambre de ce baraquement aux planches disjointes, au plancher plein de trous, d’où jaillissent, à tous moments, des rats, des rats qui entrent encore, chaque fois, qu’on ouvre la porte, et les rats des pauvres, des rats effrontés, montant sur la table, emportant des michons de pain entiers, mordant parfois les pieds du sommeil en mangeant la couverture du lit ; là-dedans six enfants, les quatre plus grands dans un lit ; et sur leurs pieds qu’ils ne peuvent allonger, dans une caisse, les deux plus petits ; l’homme marchand des quatre saisons, ivre-mort pendant les douleurs de la femme, saoule comme son mari, sur une paillasse de paille. […] Edmond ouvre la porte, me tend une dépêche : « Accepté 48 000. […] Une lettre de Mme de Tourbet, que nous ouvrons ce matin, nous apprend que, pendant que la propriétaire nous vendait sa maison, elle était vendue par Girardin et Baroche à une autre personne. […] Des journaux de médecins jettent à la curiosité cynique de la postérité le placenta des reines, et l’on entre en le livre révélateur de notre ami Soulié, dans le vagin de Marie de Médicis, ouvert à deux battants par l’escapement de ses entrailles majestueuses, d’où roule Louis XIII, comme en une mise bas de Gargamelle, peinte par Rubens.

448. (1894) Textes critiques

Chacune dans sa tour de diamant percée d’une fenêtre ou meurtrière unique, les Ames (conservons ce mot de Cohen plus philosophiquement explicatif et précisant que traduisant, malgré le titre du drame édité chez Fischer : Einsame Menschen) dorment solitairement centrales aux hamacs arachnéens, se croyant ouvert le domaine des vérités parce que le transparent dur les encercle imperçu ; leurs grands yeux glauques de fœtus ouverts sur le piano où tout dans les accords d’Anna Mahr se résume : « Zum Tode gequält durch Gefangenschaft, bist Du jung gestorben. […] La grosse chouette noire griffue sur les rails a ricané le départ d’Anna Mahr ; et Johannes, frappant pour l’avertir d’ouvrir son linceul le plat tambour de l’eau, la tête plongeante de graine flottante qui crèverait vers le nadir sa collerette horizontale, se perd dans un cercle — toujours — mais grandissant de diamètre jusqu’à l’infini, avec les bornes de sa Solitude.‌ […] Grasset a exposé à la Plume ses très belles œuvres déjà connues, affiches, vitraux, illustrations livresques ; Roussel des dessins à la Revue Blanche ; — l’exposition de Toulouse-Lautrec vient de s’ouvrir : Chez Durand-Ruel Odilon Redon, pastels scarabées, monères de velours lithographique, dessins dont il ne faut louer aucun tous saillant également, et, faute de comparaison immédiate éblouissant moins réunis. […] Dans ces conditions, toute partie de décor dont on aura un besoin spécial, fenêtre qu’on ouvre, porte qu’on enfonce, est un accessoire et peut être apportée comme une table ou un flambeau. […] Première et unique mention de l’ami Vollard dont la galerie venait à peine de s’ouvrir (NdE) 5.

449. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Vacquerie en déclarant que dans l’exil, Hugo avait toujours marché derrière le drapeau rouge toutes les fois qu’on portait en terre une des victimes du coup d’État, et la presse radicale en réclamant le droit à la rue pour l’étendard de la Commune et en rappelant qu’en 1871 le proscrit de l’Empire avait ouvert sa maison de Bruxelles aux vaincus de Paris, tous semblaient à l’envie convier les révolutionnaires à s’assembler autour du cercueil de Victor Hugo, comme centre de ralliement des partis républicains. […] Il ouvrit alors au romantisme une carrière qu’il fut seul à parcourir ; ses compagnons littéraires de 1832, plus timides que les bourgeois dont ils s’étaient moqués, n’osèrent pas suivre celui qu’ils appelaient leur maître. […] Et cela parce qu’il avait ouvert sa maison de Bruxelles aux réfugiés de la Commune. […] Thiers et Favre, les ministres de la reine Victoria et du roi Amédée n’ont pas ouvert leurs pays, l’Angleterre et l’Espagne, à ces vaincus, qu’ils n’ont jamais insultés ainsi que Victor Hugo. […] En Suisse, en Belgique, en Angleterre, partout enfin, des bourgeois, tout ce qu’il y a de plus bourgeois, n’ont-ils pas ouvert leurs bourses, pour secourir les proscrits sans pain et sans travail, ce que n’a jamais fait Victor Hugo, l’ex-proscrit millionnaire ?

450. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Une intelligence juste, vive et fine, un cœur ouvert, large et bienveillant sont les deux conditions nécessaires à un peuple ou à un homme pour avoir ce qu’on appelle de l’esprit. […] Dont Corneille en bronchant sut ouvrir la carrière. […] C’est contre ces faux grands hommes que Boileau osa ouvrir une campagne de critique âpre, mais courageuse, qui n’était ni sans danger ni sans gloire dans un jeune homme qui n’avait d’autre appui que sa passion pour le vrai. […] — À peine le soleil fait ouvrir les boutiques. […] ……………………………………………………… À ce triste discours, qu’un long soupir achève, La Mollesse en pleurant sur un bras se relève, Ouvre un œil languissant, et d’une faible voix Laisse tomber ces mots, qu’elle interrompt vingt fois.

451. (1926) L’esprit contre la raison

L’essai s’ouvre par une critique de La Crise de l’esprit de Paul Valéry, un texte publié en revue en 1919, qui vient de reparaître en volume en 1924 et qui apparaît ici comme le brillant symptôme d’une posture néo-classique autorisant le catastrophisme délétère sur fond de nostalgie. […] Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et, ayant enfin bouleversé la réalité, l’homme n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. »az Une fois pour toutes, condamnés en bloc les cadres agréables, divertissements et plaisirs destinés à celer ce que l’intelligence risquerait de découvrir de plus ou moins contraire à l’individu, si nous nous refusons à user, en vue de profit individuel, des faits ou dispositions favorables, il est dès lors non moins injuste d’aller chercher dans une apparence néfaste des raisons contre l’esprit. […] Se suicident ceux-là qui n’ont point la quasi universelle lâcheté de lutter contre certaine sensation d’âme si intense qu’il la faut bien prendre, jusqu’à nouvel ordre, pour une sensation de vérité. […]/ J’ai voulu ouvrir la porte et n’ai pas osé. […] Le numéro 17 de Littérature en décembre 1920 s’ouvrait sur cette question : « Y a-t-il encore des gens qui s’amusent dans la vie ?  […] Les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l’homme, s’étant enfin accordé à la réalité, qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. » Éluard procède d’une façon proche de Crevel, reprenant les mêmes éléments, citations, notes de lecture qu’il cite parfois de mémoire, recycle et ajuste en des contextes différents, avec des variantes.

452. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le « monde scientifique s’ouvrait devant lui ». […] Au milieu du hécal, le Candélabre ouvre, en éventail, ses sept branches d’or. […] Il laissa les grimoires où il avait usé sa vue, ouvrit sa fenêtre, et regarda. […] Heureusement, il y a un refuge toujours ouvert à nos satiétés et à nos lassitudes : l’Art. […] La recommandation d’un vénérable prêtre lui a ouvert les portes d’une Trappe.

453. (1925) La fin de l’art

On étouffe dans les cervelles : ouvrez la porte et renouvelez l’air. […] Qui n’est pas décidé à l’indulgence ne devrait en ouvrir aucun. […] Quand on soulève de ces tristes questions, on devrait en tenir la solution dans sa main fermée et l’ouvrir au bon moment, pour en faire jaillir la surprise. […] Une ère nouvelle vraiment s’ouvrait pour les hommes ! […] Tout ce que l’on doit demander aux opérateurs, c’est de ne pas faire souffrir inutilement, bêtement les animaux qu’ils soumettent à leurs expériences, et je déteste, autant que les rédacteurs même de la revue, les amateurs imbéciles qui ouvrent un animal vivant pour voir ce qu’il y a dedans.

454. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Adolphe Brisson Un jour, il s’avise d’ouvrir les comédies de Shakespeare.

455. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

Voici, dirent les Auteurs du Journal des Savans, en annonçant la premiere édition du Santoliana, « voici un de ces Livres où l’on n’apprend rien, & que l’on n’ouvre guere deux fois.

456. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Renaud amoureux malgré lui, et parce qu’il est subjugué par les enchantemens d’Armide, m’interesse vivement à sa situation : je suis même touché de sa passion quand il ouvre la scene en disant à sa maîtresse qui le quitte pour un moment : Armide vous m’allez quitter, et lorsqu’il ne lui replique, après qu’elle lui a dit le motif important qui l’oblige à s’éloigner de lui, que les mêmes paroles qu’il lui avoit déja dites : Armide vous m’allez quitter, Renaud me paroît alors un homme livré tout entier à l’amour.

457. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Mercredi 7 mars La princesse disait, ce soir, du prince de Galles, avec lequel elle a dîné, ces jours-ci : « Il est ouvert, il parle, il dit ce qu’il a sur le cœur ; il n’est pas comme les autres princes, qui ont toujours l’air d’avoir quelque chose à cacher !  […] Vous voyez cet acteur qui s’ouvre le ventre. […] Au moment de débuter, on lui reproche sa mauvaise foi, et dans la première représentation qu’il donne, et où il avait à représenter un hara kiri, il s’ouvre tout de bon le ventre. » À déjeuner, Hayashi cause nourriture japonaise, et me cite, comme un mets délicieux : une salade de poireaux et d’huîtres. […] Dimanche 24 juin Ce matin, il est long, très long, Daudet, à ouvrir la porte du parc ! […] Jeudi 18 octobre Ce soir, Rosny s’ouvre sur sa famille, parle de ses frères et de ses sœurs, nous entretient de sa petite fille, incomplètement allaitée par sa jeune femme de seize ans, et qu’il a été au moment de perdre.

458. (1886) Le naturalisme

Quoique le public protestât et se cabrât tout d’abord, il devait finir par leur ouvrir les bras. […] Pour ma part, je crois que ces portes ne s’ouvriront jamais pour toutes les œuvres de Zola, quand bien même il enverrait devant lui cent Daudet pour franchir les obstacles. […] En entendant le bruissement de ses ailes, Alfred de Musset allumait des bougies, ouvrait les fenêtres de part en part pour que la Muse entrât. […] Comme lui, il ouvre peu à peu le sol et on voit l’effort, de son opiniâtreté quand il remue profondément la terre en arrachant les pierres et les obstacles. […] C’est que plus le savant sévère les trouve indéterminées et conjecturales, plus elles ouvrent un champ large à l’imagination du romancier.

459. (1864) Études sur Shakespeare

La poésie est devenue le but de son existence ; but aussi important qu’aucun autre, carrière où il peut rencontrer la fortune aussi bien que la gloire, et qui peut s’ouvrir aux idées sérieuses de son avenir comme aux capricieuses saillies de sa jeunesse. […] La salle du baron s’ouvrait toute grande au vassal, au tenancier, au serf, à tous. […] Ce double aspect de l’homme et du monde a ouvert à la poésie dramatique deux carrières naturellement distinctes ; mais en se divisant pour les parcourir, l’art ne s’est point séparé des réalités, n’a point cessé de les observer et de les reproduire. […] La première période, comme on voit, appartient plutôt aux pièces historiques ; la seconde à la tragédie proprement dite, à celle dont les sujets, pris hors de l’histoire positive de l’Angleterre, ouvraient au poëte un champ plus libre et lui permettaient de se déployer dans toute l’originalité de sa nature. […] Dramatique dans la peinture des jeux d’une mère avec son enfant, simple dans la terrible apparition qui ouvre la scène de Hamlet, le poëte ne manquera jamais aux réalités qu’il doit nous peindre, ni l’homme aux émotions dont il veut nous pénétrer.

460. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

461. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Depuis ses premiers recueils, il a marché à pas de géant ; maintenant son vers, précis et correct, a toujours le ton juste, le mot décisif qui ouvre un monde d’idées et de rêves, et la netteté d’expression qui est le signe et comme la marque du bon ouvrier.

462. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Avec quelle élegance Virgile auroit-il dépeint les vertus en robes de fêtes qui, conduites par la clémence, seroient venues ouvrir à ce bon roi les portes de sa ville de Paris ?

463. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Montrez-moi patte noire, ou je n’ouvre pas. Et justement, c’est là sa condamnation, comme critique, de ne pas ouvrir. […] Style distingué d’ailleurs, délicat, énergique au besoin, et qui ouvrirait à M.  […] Anatole Baju ouvre la bouche, soyons tout oreilles. […] Il vient, en effet ; mais, avant qu’il ait ouvert la bouche, M. 

464. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

» demanda Bruant devant la porte de son salon, qui s’ouvrait sur le jardin. « Encore cinq minutes ! […] Ouvre la grille extérieure, demande le nom de ces Messieurs, et annonce !  […] » Bruant indiqua de la main la perspective qui s’ouvrait devant nous. […] L… ouvrit de nouveau son carnet. […] Et il s’amuse toujours en marchant sur la grande ou la petite route que le destin lui ouvre.

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