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1122. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

(Ce sentiment de la lumière si limpide et si répandue dans les tableaux de Léopold Robert doit tenir aussi de ce rayonnement et de cette transparence particulière à l’atmosphère du plateau où il ouvrit les yeux.) […] Le cardinal Consalvi, qui avait été autrefois arrêté et mis à prix lui-même par un de ces chefs de bandits, ouvrit une véritable campagne militaire contre la ville de Sonnino, quartier général du brigandage ; les portes et les murs de ce repaire furent crénelés de têtes de bandits tués dans les combats ou dans les supplices au sein de ces montagnes. […] Nous allons retrouver son amour d’abord naissant, puis couvé, puis développé, dans ses ouvres.

1123. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

C’est dans de pareils moments qu’il versait tous les trésors de grandeur et de bonté que renfermait son âme, et ce sont de pareils moments qui font comprendre comment ses amis de jeunesse ont dit de lui que ses paroles étaient bien supérieures à ses écrits imprimés. » IX Les entretiens s’ouvrent par une forte maladie du vieillard, que la vigueur de sa constitution fait triompher de la mort. […] Il ouvrit la porte d’une pièce, sur le seuil de laquelle on lisait en passant le mot Salve, présage d’un accueil amical. […] « Ils y furent insérés et ouvrent maintenant dans ses œuvres la longue série de ses travaux comme journaliste. » 9.

1124. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Les Perses et les Mèdes ouvraient la marche, ceints de leurs tiares de feutre, le carquois à l’épaule, le poignard à la ceinture, couverts de cuirasses écaillées. […] Les Trézéniens ne se contentèrent pas d’ouvrir aux émigrants leurs foyers ; par une loi touchante comme une gâterie maternelle, ils permirent à leurs enfants de cueillir des fruits dans tous les vergers. […] Elles reculèrent d’abord devant l’immense armement ouvert en demi-cercle sur leur frêle escadre, comme une gueule béante aspirant sa proie.

1125. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

On ne devinerait pas que le mot de la fin vient d’une horrible histoire, qui nous était restée dans l’oreille de l’esprit, d’un refrain ordurier d’une petite rouleuse, qui rentrant au matin, après avoir fait la retape toute la nuit, criait, à travers la porte, à sa mère qui ne lui ouvrait pas : « M’man, m’man, ouvre-moi !  […] Le tribunal se lève et confère quelques secondes, puis le président lit encore à l’accusé, à mi-voix, les articles d’un code ouvert, et l’on entend vaguement la phrase : tête tranchée.

1126. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Quant à l’Inde, abîmée dans la pensée des misères et de la fragilité de cette vie, toute pénétrée de panthéisme et de fatalisme, pouvait-elle ouvrir son cœur à l’espérance du progrès social ? […] Montesquieu a ouvert la voie, Buckle a tenté d’aller plus loin, et l’on n’en est encore qu’aux premiers pas. […] «  Hérophile, ce médecin, ou plutôt ce boucher, qui ouvrit nombre de gens pour surprendre les secrets de la nature, qui se fit l’ennemi de l’homme pour le connaître ; et encore en connut-il bien toutes les parties intérieures ?

1127. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Tant et tant que quand Lome est revenu des fjords, il ne reconnaissait plus la maison de son ascendant, et restait bouche bée devant le huis, sans oser ouvrir ! […] Voici comment : Si l’on veut bien ouvrir À rebours, En rade, ou tout autre livre de M.  […] Pour retrouver Jean Hiroux120, il n’y a qu’à ouvrir les gazettes judiciaires. […] Jules Lemaître, actif, curieux, infatigable, ouvert à toutes les impressions. » Ses meilleurs romans sont un compromis entre le roman romanesque et le roman d’observation ; — M.  […] de grands coups d’aile appliqués contre le mur, comme avec un bélier ; puis un silence, il attendait qu’on lui ouvrît, et comme on n’avait garde, il se fâchait tout rouge.

1128. (1921) Esquisses critiques. Première série

Vous m’avez ouvert votre revue, le seul endroit du monde où je crois qu’il m’était possible de parler comme il me convient de le faire. […] Jusqu’au dénouement, on croit que les portes vont s’ouvrir sous la poussée d’événements ou de personnages imprévus. […] Mallarmé se plaît dans une demi-obscurité qui ouvre un champ indéfini à la rêverie, Heredia la limite étroitement dans l’aveuglante clarté où il se meut. […] Il va jusqu’à citer par son enseigne le restaurant dans lequel s’ouvre telle des aventures qu’il présente, et par son nom la gare dans laquelle elle se dénoue. […] Tout paysage qu’il trace, soit d’un trait, soit à loisir, ouvre au songe une fenêtre où parmi les roses pendantes le matin se parfume .

1129. (1932) Les idées politiques de la France

Quand un parti a réalisé le meilleur de son programme d’idées, il retombe et s’enlise dans des intérêts, une crise s’ouvre pour lui, et son triomphe matériel est, comme la santé pour le médecin, un état précaire qui ne présage rien de bon. […] Catholicisme social, c’est-à-dire influence du catholicisme sur la société, pénétration de la société par le catholicisme, voilà qui, pour un républicain vigilant, cousine de bien près avec le cléricalisme, ouvre le bon œil du militant. […] Herriot, promu dans l’élite par la bourse et l’École normale, et qui milite pour ouvrir largement au peuple la porte qui fut entrebâillée pour lui. […] « Je vois très nettement se dessiner à mes yeux ce que devra être, ce que sera, j’espère, le jeune Français de demain, le citoyen de notre République aux premiers jours du siècle qui va s’ouvrir. […] Jaurès a légué aux peuples un mythe qui peut entrer aussi dans les allégories d’une Énéide ou plutôt d’une Henriade : la guerre, pour ouvrir ses charniers, doit tuer d’abord le tribun socialiste.

1130. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Il nous tracera bien le bonheur d’une famille unie, si son cœur ouvert à tous les purs sentiments fut toujours filial et paternel. […] Je ne présume pas toutefois qu’il soit possible de pousser la recherche des limites de l’art jusqu’à circonscrire la carrière que s’ouvrent les éminents génies. […] Qu’on ouvre ses livres, on en sera convaincu. […] On n’a pas oublié l’époque où l’amour des sciences, le zèle naissant pour les découvertes, l’intérêt des belles-lettres, inspirèrent le louable dessein d’ouvrir cet asile à l’instruction et aux arts. […] Or, puisqu’en effet la porte n’est jamais fermée au mauvais goût, comment craint-on de la lui ouvrir, en accueillant un genre intermédiaire, plus facile à traiter pour les talents ordinaires, ou qui s’y sentent portés ?

1131. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Les jambes noircies des soldats ouvrent et ferment une longue avenue, en se croisant comme les ciseaux d’une jeune fille qui découpe d’ingénieux ouvrages. […] « La Charité ouvre sans effort le rideau de l’éternité. […] Comme Cymodocée, toujours pressée dans le sein de son époux, ouvrait sur lui des yeux pleins d’amour et de frayeur, elle aperçoit la tête sanglante du tigre auprès de la tête d’Eudore. […] Mais le vieux Ségenax soulève les Gaulois contre Eudore qui a déshonoré, dit-il, la prêtresse ; et, au milieu d’une scène de tumulte et de carnage, Velléda reparaît et s’ouvre la gorge de sa faucille d’or. […] IV, p. 57), une porte s’ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. 

1132. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il s’arrête un moment aux projets les plus sinistres et les envisage sans effroi : Terre, où va s’engloutir ma dépouille fragile, Terre, qui l’entretiens de la cendre des morts, Ô ma mère, à ton fils daigne ouvrir un asile, ! […] Des sentiers moins battus s’ouvrent devant nos pas110 Mais nul poëte depuis n’a tenté ces hauts sentiers, et les descriptifs moins que les autres. […] Il ne tarda pourtant pas à vouloir éclaircir sa situation, et il adressa au Consul la lettre suivante, dont la noblesse, la vivacité et, pour ainsi dire, l’attitude s’accordent bien avec la lettre de 1797, et qui ouvre dignement les relations directes de Fontanes avec le grand personnage. […] Cette noble harangue de bienvenue, qui ouvrait, pour ainsi dire, le siècle sous des auspices auxquels il allait sitôt mentir, ouvrait définitivement la seconde moitié de la carrière de M. de Fontanes. […] Or, une fois par semaine, le dimanche, M. de Fontanes avait à dîner l’Université, recteurs, conseillers, professeurs, et il faisait admirer sa vue, il ouvrait sans façon le pudique boudoir.

1133. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

De sorte que le vieux précepte du critique, si dur qu’il parût à son ambitieux disciple, pourrait contenir une vérité des plus fondamentales, applicable à nous tous et dans beaucoup de choses autres que la littérature : « Toutes les fois que vous avez écrit quelque phrase qui paraît particulièrement excellente, prenez garde de l’effacer. » Avec Thomas Carlyle, nous croyons à la valeur de cette spontanéité, jour ouvert sur une âme mise à nu. […] J’ouvrirai grands mes yeux d’abîme dans tes yeux, Pour que leur regard noir reste dans ta pensée, Ainsi qu’une clarté vive longtemps fixée Inscrit dans notre vue un halo lumineux. […] Il n’est que d’avoir éprouvé les difficultés des débuts dans la vie littéraire, l’énergie farouche dont les aînés s’entendent à bloquer toutes les avenues, pour comprendre le bénéfice irremplaçable de voir, sur un simple signe, les barrières s’ouvrir devant vous. […] Et c’est d’abord l’enchantement des premières initiations, tout le côté mystique et tendre, exclusivement tendre, d’une âme vierge qui pour la première fois s’ouvre à l’amour. […] Je détache ce simple passage — mais on en pourrait joindre dix autres d’identique réalisation : « Il rentrait au pavillon, ouvrait la fenêtre, et, penché sur le balustre, contemplait le précipice noir, les yeux errants dans la profondeur, une grande étoile immobile et scintillant à l’horizon.

1134. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Quant à la ruine universelle, il la ressentit avec grandeur, non pas en partisan de tel ou tel régime, mais en homme des anciens jours, ouvert cependant à tous les souffles généreux et prêt à lever les bras au Ciel pour le triomphe de toutes les grandes causes. […] Lorsqu’il cause avec vous, on voit qu’il vous ouvre toute son âme : aussi n’y a-t-il pas de conversation aussi nourrissante que la sienne… (25 floréal an IX, 15 mai 1801).

1135. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

« En arrivant, j’ai trouvé, comme vous me l’aviez dit, une lettre de vous datée du 9, mon cher Delaroche ; quoique vous ayant vu depuis, j’y réponds par la raison toute simple qu’elle traite des questions graves qu’il m’importe à mon tour de traiter de vous à moi ; car je veux et je dois vous ouvrir mon cœur tout entier, au risque de vous déplaire sous certains rapports, et peut-être de voir nos relations se refroidir de nouveau ; mais il est des circonstances où ce serait un crime de se taire, puisqu’il y va de votre bonheur à venir et de vous préserver du plus affreux de tous les malheurs, de cette douleur sans compensation de rester seul sur la terre ! […] vous avez bien des années de moins que moi, vous êtes dans la force de l’âge ; les succès vous abondent ; l’air qui nourrit l’imagination n’est pas dans un fromage, au fond d’une cave : c’est à ciel ouvert, et parmi les hommes, qu’on respire.

1136. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

—  « Un jour, il entendit frapper vivement à sa fenêtre et l’ouvrit. […] En reprenant les lettres par elle écrites à son frère de Douai à la date où je les ai laissées, nous retrouvons les gênes obscures, les humbles misères consolées, et tout d’abord cette modique pension qu’elle touchait auparavant avec une sorte de pudeur, mais qu’elle appelle maintenant comme un bienfait : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse.

1137. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Étant directeur en 1824 et présidant en cette qualité la réunion publique des quatre Académies le 24 avril, il ouvrit la séance par un discours qui fut une véritable déclaration de guerre et une dénonciation formelle du Romantisme ; « Un nouveau schisme littéraire, disait-il, se manifeste aujourd’hui. […] Amédée Pommier, ouvre la liste des lauréats.

1138. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Dès l’abord, avouons-le, si, au sortir de la lecture de l’Illustration, nous ouvrons le petit volume de Poésies qu’il se hâta de publier dans le même temps, nous tombons de haut. […] Le poète a ouvert la bouche et a poussé un beau son, mais les mots gaulois, le français de son temps, sont trop minces pour cette gravité latine et cette plénitude continue qu’il y faudrait.

1139. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Ma porte s’ouvre toujours au besoin qui s’adresse à moi, il me trouve la même affabilité ; je l’écoute, je le conseille, je le plains. […] A la manière dont Diderot sentait la nature extérieure, la nature pour ainsi dire naturelle, celle que les expériences des savants n’ont pas encore torturée et falsifiée, les bois, les eaux, la douceur des champs, l’harmonie du ciel et les impressions qui en arrivent au cœur, il devait être profondément religieux par organisation, car nul n’était plus sympathique et plus ouvert à la vie universelle.

1140. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

On avait commencé par ouvrir la fenêtre, par l’ouvrir toute grande ; mais, aussitôt après, on s’est mis à y poser des barreaux et des grilles, et si serrées, si étroites, qu’à peine si on peut respirer l’air à travers.

1141. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

. — Il insiste sur un entretien ; j’arrive à Paris, je cause à cœur ouvert avec lui, il est moins sincère avec moi qu’avec M. de Marcellus, il nie imperturbablement la pensée du coup d’État. […] « À ma prière, il s’arrêta et me suivit sous un ébène voisin de la route : là, j’ouvris un de ses cahiers, où je trouvai copiés des passages d’Homère, des fables d’Ésope, et sur une feuille détachée, parmi les distiques modernes, cette chanson populaire, les Voleurs, qu’il récita en riant lui-même des plaintes du pauvre berger.

1142. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Un jour, cependant, on me l’annonça de bonne heure, et, avant d’ouvrir la bouche pour m’entretenir du motif de sa visite extraordinaire, il me dit qu’il mourait de faim et qu’il me priait de lui faire servir un morceau de pain et un verre de vin pour reprendre des forces. […] Tout le monde sent les vices de la société, il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour les voir et les montrer, et un cœur pour les sentir.

1143. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Qu’on se rappelle la mort de la jeune Napolitaine dans les Harmonies (le Premier Regret) : Mon image en son cœur se grava la première, Comme dans l’œil qui s’ouvre au matin la lumière ; Elle ne regarda plus rien après ce jour ; De l’heure qu’elle aima, l’univers fut amour ! […] Il débarque, il voit, avec le regard du génie qui embrasse tout d’un coup d’œil, l’ébauche des États-Unis ; il méprise tout et passe ; il prétend, mais rien n’est plus douteux, qu’il a vu Washington, leur seul grand homme, pauvre, accusé, abandonné par ces démocrates rois de l’ingratitude, et qu’une servante lui a ouvert son parloir.

1144. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne. […] Ouvrons cet admirable sixième livre : « Plusieurs fois, pendant les longues nuits de l’automne, je me suis trouvé seul, placé en sentinelle, comme un simple soldat, aux avant-postes de l’armée.

1145. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Tel est l’excellent et charmant morceau par lequel s’ouvre le livre lyrique de M.  […] À la tête de ses voluptueuses, de ses satyres, de ses bohèmes, de ses rois extatiques, de ses moines hallucinés, Mendès est lui-même le Christ de cet assaut qui crie aux troupes : « Frappez et on vous ouvrira ».

1146. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Un poëte des premières années du xviie  siècle, Desyveteaux115, lequel avait été à la fois témoin du retour du goût qui se marque en Desportes et en Bertaut, et de la réforme opérée par Malherbe, parle ainsi de Desportes, comparé aux poètes de l’école de Ronsard Lorsque du plus haut ciel les Muses descendues N’avoient qu’en peu d’esprits leurs flammes épandues, De leurs chastes amours les premiers inspirés Ouvrirent des trésors de la France admirés ; Mais rien n’étant jamais parfait de sa naissance, Ils ne purent trouver parmi tant d’ignorance Ce qu’avecque plus d’art les autres ont cherché Voyant par les premiers le terrain défriché. […] J’imagine que c’est pour des vers comme ceux qui suivent que Malherbe s’adoucissait118 ; il s’agit de la justice de saint Louis : Lui voyant ces abus ouvrir ainsi la porte Aux lamentables maux que l’injustice apporte Le bon droit ne servir, le tort ne nuire en rien.

1147. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Outre le plaisir qu’elle fait à tous les esprits délicats, il l’aimait à cause du dix-septième siècle dont on a dit qu’il était le dernier représentant et dont ces lettres sont remplies ; il l’aimait pour son aimable langue qu’il pratiquait, et pour son esprit dont il avait le tour, étant lui-même, aux yeux des gens auxquels il s’ouvrait, rare sans être extraordinaire, et donnant du prix à ce qu’on pensait en commun avec lui. […] Quel tableau que celui de ces espérances détruites par la mort du prince ; de ce règne dévoré d’avance ; de ces dettes contractées sur une succession qui ne doit pas s’ouvrir ; de ce deuil extérieur de tous, qui cache tant de pensées diverses et la profonde joie de quelques-uns ; de ce vieux roi qui pleure à la porte de son fils !

1148. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Il ouvre, cet incontestable portique, en des temps de jubilé qui ne le sont pour aucun peuple, une hospitalité contre l’insuffisance de soi et la médiocrité des patries : il exalte des fervents jusqu’à la certitude : pour eux ce n’est pas l’étape la plus grande jamais ordonnée par un signe humain, qu’ils parcourent, avec toi pour conducteur, mais comme le voyage fini de l’humanité vers un Idéal. […] Or, il avait créé le Drame, complet et vrai : complet, par la cohésion des trois dernières et essentielles formes expressives, littéraire, plastique et musicale ; vrai, par la réaliste description d’une action idéale, par la description naturelle et exacte d’une humaine action, abstraite en un mythe ; aux Œuvres il avait donné un Théâtre de représentation ; ce Théâtre était lieu de création artistique, non d’amusement : le Théâtre est éloigné et isolé ; la salle est annulée ; la représentation scénique, seule, est considérable ; les Œuvres étaient des Révélations, et le Théâtre était un Temple : les Œuvres, —Tristan, la Tétralogie, et Parsifal, — tout réalistes en leur forme, — ont un sens idéal, une signifiance profonde, et, en leurs peintures simples, tenacement conformes, et crûment vraies, elles sont, aussi, des symboles de cette Religion de la Compassion, le Mittleîd de ce Néo-Christianisme ; — et le Théâtre est pour cette révélation : à de rares époques fériées, solennellement, le Théâtre est ouvert, et, dans un ordonnement implicite et absolu de piété, se dévoile la splendeur du rite.

1149. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

La scène d’exposition qui ouvre Lohengrin rappelle, par son ampleur, les drames historiques de Shakespeare. […] C’est une évolution qui commence, une période nouvelle qui s’ouvre : elle sera grande et féconde pour l’art français.

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