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577. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ? […] [NdA] Je retrouve dans ses Voyages au Mont-Perdu, publiés en 1801, un sentiment tout pareil, à l’occasion d’une chapelle de la Vierge qui se rencontre dans la partie la plus désolée de la vallée de Héas et qui y a créé un peu de civilisation et de vie.

578. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Il y revient en toute occasion, et toujours avec jubilation et délices ; il l’appelle en un endroit une « espèce de personnage en détrempe » : « C’était un grand homme, fort bien fait, devenu gros avec l’âge, ayant toujours le visage agréable, mais qui promettait ce qu’il tenait, une fadeur à faire vomir. » Lui reconnaissant des qualités mondaines, des manières, de la douceur, de la probité même et de l’honneur, il cite de nouveau et commente ce mot de Mme de Montespan sur lui, qu’on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ni de s’en moquer : Saint-Simon aimait donc assez Dangeau, mais quelle manière d’aimer ! […] Dangeau fut constamment l’organe et l’introducteur ou maître des cérémonies de l’Académie française auprès du roi ; il ne perdit aucune occasion de la servir et de lui montrer qu’il tenait à honneur d’en être.

579. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Molière, qui sait son Lucrèce, n’a guère eu le temps ni l’occasion, près de Gassendi, d’aller jusqu’à Homère. […] Fléchier, dans sa politesse ingénieuse, écrit toujours et en toute occasion comme quelqu’un qui ne l’a ni lu ni entrevu.

580. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Livet l’occasion de s’étendre sur son poète favori et celui qu’il a le plus particulièrement étudié. […] Mais, excepté cette occasion, il n’est pas possible de faire une description supportable de choses pour lesquelles on a naturellement de l’aversion.

581. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Sa réputation fut attaquée en deux occasions, d’abord au sujet du chevalier de Coigny, et ensuite du marquis de Lally-Tolendal. […] Percheron, qui a eu souvent occasion de la voir, dans cette appréciation d’elle-même elle allait un peu loin : elle était petite, avait une grosse tête et un nez de perroquet très prononcé ; cela ne constitue pas effectivement de la beauté !

582. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

C’est ainsi qu’il se montre d’une indulgence extrême pour tous ceux qu’il juge ou plutôt à l’occasion desquels il parle ; il est coulant à l’excès, même complaisant sur ce chapitre littéraire : nous-mêmes n’en avons-nous pas profité ? […] Son symbole parlementaire, en effet, son Credo politique, et qu’il expose en toute occasion, serait que la France fût régie à peu près comme l’Angleterre ; et dans le détail cependant, sur le chapitre de la presse, par exemple, qui est un article bien essentiel de ce Credo, il a lui-même établi et reconnu la différence profonde d’esprit des deux peuples.

583. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il me le disait encore tout récemment à l’occasion des Mémoires de M. de Candolles : il ne comprenait pas qu’on occupât ainsi le public de soi ; je ne donne pas cette opinion comme juste, mais comme sienne. […]  » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.

584. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

— Et en effet, pour quiconque, même sans trop de science, le considère et le contemple en lui-même et dans ce qui sort immédiatement et directement de lui, le Christ est et demeure celui en qui et à l’occasion duquel s’est offerte aux yeux des hommes la manifestation la plus parfaite du sentiment, divin uni à la pitié et à la componction humaine. […] — Je m’aperçois que j’ai très peu parlé du livre même qui a été l’occasion et le point de départ de cette digression sur l’Évangile.

585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Cervantes, en effet, n’y perd pas une occasion de remettre sur le tapis sa poétique. […] Je fais moi-même comme tous ceux qui ont raisonné à propos et hors de propos, à l’occasion du gai chef-d’œuvre : il me fait naître des idées que Cervantes sans doute n’a jamais eues.

586. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

On les avait même renouvelées à l’occasion de son Esther et de son Athalie, afin qu’il en traitât du moins avec les Comédiens qui lui en offraient une somme très-considérable, et il était demeuré ferme, et le roi avait toujours eu la bonté de ne point vouloir qu’ils les représentassent sans l’agrément de l’auteur, qu’il a toujours très-constamment refusé. […] Racine ne put jamais s’y décider ; il se donnait pour excuse de conscience qu’en restant sur ce terrain glissant il pouvait mieux servir à l’occasion les religieuses de Port-Royal ; mais au fond il ne pouvait se résoudre à se sevrer de ces douceurs enchanteresses : il était atteint de la même-faiblesse que Bossuet qui, lui aussi, se montra aussi longtemps qu’il put à Versailles et qui, même à la fin, et à bout de force, s’y traînait ; il était affecté de la même faiblesse encore que M. de Pomponne, le plus aimable des Arnauld, mais un Arnauld amolli, qui, tout octogénaire et tout pieux qu’il était, ne pouvait se décider à résigner le ministère et qui, apprenant la retraite chrétienne de M. 

587. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

À cette occasion, son père composa pour lui une Instruction détaillée que de bons juges considèrent comme un chef-d’œuvre en son genre et qui contient tous les préceptes militaires et moraux capables de former un parfait colonel. […] J’ai déjà parlé, et ici même, de cette guerre à l’occasion du comte de Clermont.

588. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Un chef de bataillon suisse, Keller, qui s’était fait remarquer pour très peu de chose à Ostende, lors de la tentative de débarquement des Anglais, ayant été appelé au poste de ministre de la guerre dans la nouvelle république helvétique, Jomini le vit à son passage à Paris, et, saisissant l’occasion au vol, il lui demanda de le faire son aide de camp ; ce fut même lui qui fournit la voiture et procura l’argent pour leur commun voyage. […] Ce Traité n’est, à le bien prendre, qu’une histoire critique et un examen des campagnes de Frédéric ; les principes s’y déduisent chemin faisant à l’occasion des faits.

589. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Mais l’auteur n’a pas pris ce point de vue, ou plutôt il n’en a pris aucun : toute la pièce reste aussi indécise que la nouvelle même qui en a été l’occasion. […] A l’occasion de la Popularité, j’écrivais dans la Revue des Deux Mondes (15 décembre 1838) l’article suivant : — La Comédie Française est en veine heureuse : un jeune talent lui rend ses anciens chefs-d’œuvre ; et son poëte moderne, qui l’a accoutumée à des succès légitimes et sûrs, vient d’en obtenir un nouveau.

590. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Alfred de Musset m’a adressé, à l’occasion de ce passage, de très-aimables vers auxquels j’ai répondu. […] Puisque j’ai eu occasion de nommer Parny et que probablement j’y reviendrai peu, qu’on me permette d’ajouter une note écrite sur lui en toute sincérité dans un livret de Pensées : « Le grand tort, le malheur de Parny est d’avoir fait son poëme de la Guerre des Dieux : il subit par là le sort de Piron à cause de son ode, de Laclos pour son roman, de Louvet jusque dans sa renommée politique pour son Faublas, le sort auquel Voltaire n’échappe, pour sa Pucelle, qu’à la faveur de ses cent autres volumes où elle se noie, le sort qu’un immortel chansonnier encourrait pour sa part, s’il avait multiplié le nombre de certains couplets sans aveu.

591. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

On dit, qu’en s’abandonnant à la pitié, les individus et les gouvernements peuvent être injustes ; d’abord les individus d’une condition privée ne sont presque jamais dans une situation qui commande de résister à la bonté ; les rapports avec les autres sont si peu étendus, les événements qui offrent quelque bien à faire, sont dépendants d’un si petit nombre de chances, qu’en se rendant difficiles sur les occasions qu’on peut saisir, on condamne sa vie à l’inutile insensibilité. […] Les hommes, pour lesquels il n’existe que des unités, des moments, des occasions, doivent rarement se refuser aux biens partiels qu’ils peuvent répandre.

592. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

C’est à l’occasion de ce recueil du prince Labanoff que M.  […] Elle s’en pénètre et le substitue dès le premier instant à tous ses anciens sentiments personnels, qui peu à peu expirent et qui s’apaisent en elle avec les occasions fugitives qui les avaient soulevés.

593. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Ils n’y doivent même entrer dans les occasions où l’on peut les introduire, que comme l’écu des armes ou les attributs des personnages principaux qui sont des personnages historiques. […] Le prince qui avoit conçu une idée si noble, eut en cette occasion un excès de complaisance, et déferant trop à l’art, il permit au peintre d’alterer l’élegance et la simplicité de sa pensée par des figures qui rendent le tableau plus composé, mais qui ne lui font rien dire de plus que ce qu’il disoit déja d’une maniere si sublime.

594. (1887) La banqueroute du naturalisme

Et on y apprend aussi, par occasion, des choses qu’en effet on ignorait, jusqu’à M.  […] Mais ce que je tiens à dire, parce que je n’en aurai jamais, je crois, de meilleure occasion que La Terre, c’est que ce comique involontaire s’obtient précisément grâce à l’insuffisance de l’observation.

595. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Pelletier composa, à cette occasion, des vers où il dit que son heur le conduisit un jour à Lyon. […] Elle eut un enfant de Desportes, et l’on a rapporté des propos fort piquants qu’elle avait tenus à cette occasion, pendant un bal, au Louvre. […] Ces vers sont beaux ; mais Desportes ne tendait l’arc de l’iambe qu’à l’occasion. […] Avant cet heureux retour, il avait été mêlé dans une aventure où il avait eu l’occasion de montrer sa modération et son goût. […] Et j’ajouterai : Admettons une pointe de mauvais goût capable de relever à l’occasion le beau immuable.

596. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

J’ai toujours paru ne me préoccuper d’art qu’incidemment ; j’en ai rarement écrit, bien persuadé que, pour être tout à fait compétent en ces matières, il faut y passer sa vie ; mais je n’ai cessé tant que j’ai pu de voir et de regarder, et je n’ai pas laissé l’occasion de dire mon mot et de donner mon coup de collier à ma manière.

597. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Longchamp pour la servir au bain, comment elle oublia l’heure du souper, une fois, avec le mathématicien Clairaut, l’autre fois avec le poète Saint-Lambert, et ce que vit ou crut voir à cette dernière occasion M. de Voltaire, etc., le reste, c’est-à-dire la grande partie du livre, n’est à beaucoup près ni de cette force ni de cet intérêt.

598. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Le prince Henri avait de grandes vertus ; ses lumières, son humanité, sa justice l’avaient popularisé en Europe, et, auprès de la gloire de Frédéric, la sienne, moins brillante, semblait incomparablement plus pure : et ce même prince, sans songer à mal, invente la plus odieuse des iniquités politiques ; à l’occasion, il en cause avec Catherine, il en cause avec son frère ; la partie s’arrange, il s’en félicite, et, dans sa retraite de philosophe, s’en berce comme d’un doux et beau souvenir !

599. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Boisrobert lui dit que le cardinal la priait en amie de lui donner avis de ceux qui parlaient de lui dans les assemblées qui se tenaient chez elle : elle répondit qu’ils étaient si follement persuadés de la considération et de l’amitié qu’elle avait pour son éminence, qu’il n’y en avait pas un seul qui eut la hardiesse de parler mal de lui en sa présence, et ainsi qu’elle n’avait jamais occasion de lui donner de semblables avis.

600. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Le moi n’entre en rapport avec eux et ne réussit à les distinguer que dans l’émotion qu’il ressent à leur occasion ; c’est de l’unique substance de cette émotion qu’il tire la représentation qu’il s’en forme ; c’est cette émotion même dont une part plus ou moins grande se transforme en connaissance.

601. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Guarini, se trouvant à Turin dans le temps des nôces de Charles, duc de Savoie, avec la princesse Catherine, sœur de Philippe III, avoit profité de cette occasion pour la faire représenter.

602. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Il semble que l’âme de La Fontaine n’attend que les occasions de s’ouvrir à tout ce qui peut être intéressant.

603. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Les sçavans sont tous convaincus que ce poëte fait souvent allusion dans ces comedies à differens évenemens arrivez dans cette guerre, ou à des avantures dont elle avoit été l’occasion.

604. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Le xviiie  siècle a si souvent été décrit, vanté, retourné par les écrivains ennuyés du xixe qui voulaient s’amuser un peu, et qui, dans leur maussade époque, n’en avaient jamais l’occasion, que l’imagination s’est blasée et qu’il est bien difficile de faire renaître un intérêt quelconque pour une société dans les entrailles de laquelle tous les chiffonniers de la littérature contemporaine, ces chercheurs souvent sans lanterne, ont donné leur coup de crochet.

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